TENUE ••• Ce sourire a toujours été collé sur ses fines lèvres, rendant son expression sereine et heureuse à la fois. Un sourire que j'ai toujours vu depuis le plus lointain de mes souvenirs. Un sourire qui a marqué mon esprit et qui continue de le marquer aujourd'hui. Un sourire qui s'est élargit depuis quelques temps, depuis que ma mère a trouvé quelqu'un. Ce quelqu'un que je redoutais au début, par peur de ne plus être elle et moi, la mère et le fils, mais je ne peux pas l'empêcher d'aimer. Un jour, je quitterai le nid et ce jour-là, elle sera seule. Je ne veux pas la laisser dans cet endroit pourri, à parcourir une pièce et l'autre en deux enjambées, deux grands pas. Secrètement, j'espère la sortir de ce trou à rat, de lui donner une belle maison, mais jamais je n'ai songé à un homme. Un autre homme dans sa vie que moi, son fils. Ma mère ne m'a pas de suite parlé de lui, craignant que je ne l'accepte. Que devrais-je dire ? C'est encore sa vie. Même si je suis son enfant, la chaire de sa chaire, je ne peux pas la retenir dans une cage à voir les gens à travers des barreaux. Jamais de la vie je ne pourrais faire de la peine à ma mère, parce que je l'aime plus que quiconque au monde. Quand elle m'a parlé de lui, quand son nom et son existence sont apparut dans l'une de nos conversations, je n'ai rien su dire d'intelligent. Juste un « ok » qui voulait tout dire, mais sûrement rien de ce qu'elle attendait. Il m'a fallut un peu de temps pour le comprendre, l'analyser et l'accepter. Ma mère n'est pas juste une mère, qui devrait s'occuper de son gosse, surtout quand celui-ci à l'âge de partir vivre où il le souhaite. J'avais peur de l'abandonner, mais je vois qu'elle sait se retourner. Ma mère m'a dit qu'elle me le présenterait quand je serais prêt à le rencontrer, pourtant je l'ai croisé à quelques mètres de chez nous. Un homme grand, plutôt musclé et fort. Un sourire colgate, une coupe moderne pour son âge. Bref, certainement l'homme parfait pour ma mère. Pourtant je ne le sens pas. Ce n'est pas le genre d'homme que j'apprécie, à cause de quelque chose d'étrange dans le regard, quand il pose ses yeux sur moi. Je l'ai salué vaguement, avant de filer.

Après les cours, j'ai proposé à Phoenix de se caler dans un café, pour discuter avec lui. J'ai beau être grand, fort d'esprit, tenace, tout ça tout ça, cette histoire de « compagnon » me préoccupe. à la fin de la journée, j'ai rejoins mon copain sur la place centrale du campus. « Phoenix. » M'interpellais-je avec un signe de main pour qu'il me remarque. à ma hauteur, je lui souris. « Tu vas bien ? Et tes cours ? Ta journée ? » Je veux tout savoir, même si nous ne sommes pas encore installé autour d'une boisson chaude.

TENUE ••• Cela faisait plusieurs semaines déjà que je n’étais pas retourné voir ma mère, je la voyais pas tous les jours avec son boulot je savais qu’elle n’en avait pas le temps et puis mon beau-père, l’homme qui partage sa vie était chez eux, généralement je vais la voir quand il n’y est pas... C’est rare que je ne m’entende pas avec quelqu’un, mais je suis un gosse et étant attaché à mon ancien beau-père j’ai assez mal vécu cette rencontre et je n’ai jamais su comment rectifier le tir avec lui, je ne suis pas assez mature pour penser à ses choses d’adulte. Pourtant, aujourd’hui j’y suis allé, je voulais savoir comment elle allait et cet homme était là. Je l’ai salué avant de déposer quelques brioches que j’ai achetées sur le chemin, ma mère était occupée comme toujours, mais son compagnon m’a proposé de boire un chocolat, j’imagine qu’il me prend vraiment pour un enfant et le pire c’est que ça m’a fait plaisir, donc j’ai accepté, m’installant en silence dans la cuisine, encore quelque chose de rare chez moi... Le silence. Au bout de plusieurs minutes il a commencé à me poser des questions, il m’a demandé comme ça allait, comment se passer les cours, il sait que je dessine aussi, surement par ma mère donc ça l’a rendu curieux. On a parlé du job de mangaka, des contraintes et du peu de temps que je passais auprès de ma génitrice, mais je le vis plutôt bien. J’ai Berry maintenant et je suis heureux sans avoir à être couvé par mes « parents ». Au cours de la conversation, l’homme m’a parlé d’un futur déménagement. Je n’étais pas au courant, ma mère ne m’en a pas parlé, apparemment c’est à cause de son boulot, ma mère aurait accepté de le suivre d’ici temps.  J’avoue que je suis resté un peu surpris, par moments j’ai l’impression que ma mère m’oublie vraiment, je ne suis pas du genre à être facilement blessé, rancunier ou autres, donc j’ai gardé le sourire en me disant que ce n’était pas intentionnel, mais au mois je sais désormais les projets futurs de celle-ci. Ayant cours dans une heure j’ai filé sans la voir, elle n’avait pas le temps, mais au moins j’aurais pu discuter avec cet homme que j’avais jugé trop vite ou alors suis-je trop naïf pour me laisser berner par sa soudaine gentillesse ? Qui sait.

Après plusieurs heures en salle de dessin c’est finalement la fin des cours, je dois rejoindre Berry pour qu’on aille boire un verre ensemble, ça m’arrange je n’avais pas envie de rentrer aux dortoirs. Mes affaires dans mon sac, je quittais la classe et sors dehors, rejoignant la place centrale où j’entends la voix de mon petit ami. « Ah ! » Un large sourire se dessine sur mes lèvres, toujours heureux de le voir, c’est fou ce sentiment, dès qu’il est là j’ai juste la sensation que toutes mes pensées disparaissent et je me sens aussi léger qu’une plume. « ça va ! Et toi ? » Il a l’air déjà plus en forme depuis qu’il s’est occupé de cette bourse et a libéré un peu de son temps. « Je n'ai pas l’impression d’être déjà en troisième année, ça passe vite. » Quand j’ai connu Berry j’étais encore lycéen, c’est fou. « Tu te sens moins fatiguée ? » Je suis toujours inquiet pour lui, c’est normal en tant que copain non ?

TENUE ••• Retrouver Phoenix après les cours est la meilleure chose au monde, surtout quand j'ai un peu de temps. Ayant arrêté mon boulot au café, je peux me permettre de traîner dehors après les cours ou de repousser un peu mes devoirs. Ce n'est pas ma semaine à l'hôpital, donc ça m'arrange grandement. Tout est fait pour que je passe du temps avec mon petit ami en paix, sans me prendre la tête avec un planning, des heures à respecter, etc. J'ai suffisamment étudié pour aujourd'hui, de toute évidence. Phoenix me retrouve sur la place centrale, le meilleur endroit pour se rejoindre quand nous ne sommes pas dans le même cursus. Il étudie le dessin, tandis que je bosse la médecine. Un artiste avec un docteur, la belle paire. Je suis content de le voir, d'entendre sa voix et même de pouvoir le toucher après une journée entière sans faire tout ça. Si je pouvais, je l'embrasserais devant l'école toute entière, mais je me contient et garde un minimum de bonne tenue en société. Les autres n'ont pas envie de voir ce genre de spectacle, et je respecte cela. « Très bien ! J'ai du temps pour moi et pour nous, alors tout va bien ! » Je m'en réjouis beaucoup, surtout après notre dernière conversation sur comment organiser mon temps et mon argent. J'ai passé un examen pour être boursier, puisque je ne gagne plus autant de revenu qu'auparavant. J'ai l'argent de mon statut d'externe, juste de quoi aider ma mère pour payer les courses. Cette bourse me permet de continuer mes études sans me prendre la tête avec des revenues, et cie. « à qui le dis-tu ! Bientôt je pourrais être interne. » Bien sûr, ce ne sera pas évident d'être interne et amoureux. Si j'entre à l'hôpital, je dirais adieu aux dortoirs pour dormir sur place. Mes heures de cours seront réduites aussi, puisque je devrais bosser là-bas la plus part du temps. Encore une nouvelle épreuve fatigante pour nous et notre couple. « ça va beaucoup mieux depuis que je peux dormir une nuit complète. » Je lui souris, prenant discrètement sa main dissimulée dans ma manche pour avancer vers la sortie, et rejoindre la rue.

TENUE ••• Les cours se passent bien et j’arrive parfaitement à suivre même quand les projets deviennent plus ambitieux et difficiles. Maintenant que j’ai atteint la troisième année à l’université je me dis que je ne suis plus un novice, même si j’ai encore beaucoup à apprendre je suis un senpai pour la plupart des nouveaux étudiants et je trouve ça amusant. En tout cas je suis content de retrouver Berry à la fin des cours, je n’ai pas besoin de l’attendre dans sa chambre qu’il termine, c’est beaucoup mieux ainsi. Le voir me rend heureux et dessine ce sourire sur mes lèvres alors qu’il semble en bonne santé et moins fatigué qu’au cours du mois dernier. « J’avoue que ça fait du bien ! » Je ne vais pas cracher sur ce temps qu’on peut partager ensemble. Cette bourse qu’il a reçue pour ses études est une bénédiction pour nous deux, il n’a plus à se tuer à la tâche, même si j’ai conscience qu’il a encore du boulot et que je dois faire avec vue son cursus, le mien est beaucoup moins intransigeant. « On se verra beaucoup moins quand tu travailleras à l’hôpital non ? » Je ne suis pas idiot, mais je continuerai de l’encourager dans ses projets, après tout c’est le rôle d’un petit ami, je ne suis pas chiant, j’impose rien et je ne fais aucune crise, je suis un gars simple qui ne se prend pas la tête donc même si on se voit peu ça ne changera rien.  « Le sommeil est important, je suis content de te voir comme ça. » Dis-je avec ce sourire éclatant sur les lèvres, sa main attrapant la mienne, je passe mes doigts entre les siens, il a les manches longues pour « cacher » notre geste, même si de mon côté je ne réfléchis pas aux autres et pourrais agir librement en me disant simplement que je ne fais rien de mal. C’est le cas pas vrai ? Quittant l’école on s’éloigne de celle-ci pour arriver dans une rue, ce ne sont pas les cafés qui manquent dans le coin, mais je laisse Berry choisir le lieu, une fois fait je m’installe sur la terrasse, il fait bon aujourd’hui ! « J’ai l’impression qu’on n'est pas sorti depuis une éternité. »

TENUE ••• Tout va mieux que la dernière fois, avec ce coup de fatigue. Mise à part pour ma mère et son copain. Ce type ne me plait pas, je pourrais lui dire en face, mais je ne veux pas blesser ma mère à cause d'un désaccord. Elle n'a jamais été contre mes fréquentations, surtout parce qu'elle ne savait pas avec qui je traînais en dehors de Jirô, mon meilleur ami. Le plus important maintenant, c'est que je suis avec Phoenix et qu'il fait beau. Cette chaleur me réchauffe, autant physiquement que moralement. Je me sens bien, agréablement bien. Phoenix approuve, en même temps qu'est-ce qu'il n'approuverait pas. Je lui souris, ravi. Malgré l'obtention de ma bourse qui m'allège dans mon planning, j'ai toujours autant de boulot à venir. Peut-être pas cette année, parce que je reste externe à l'hôpital et continue mes cours sérieusement, mais d'ici l'année prochaine je serais plus à l'hôpital qu'à l'école. Cela voudra dire que j'aurai moins de temps pour mon petit ami, mais peu importe, je trouverais un moyen de se voir le plus souvent possible. « Sûrement ... Mais ne te casse pas quelque chose pour faire un séjour là-bas. » Je le connais, il pourrait être assez fou et inconscient pour se jeter dans les escaliers, se casser une jambe ou un bras, et venir quelques jours à l'hôpital. « Enfin, pour me voir, faudrait que tu sois mort. » Plaisantais-je, puisque je serais dans le service de la morgue, si tout se passe bien dans ma recommandation. De toute évidence, je sais que Phoenix n'est pas prise de tête et qu'il pourrait venir me voir durant une pause. « T'es mignon à t'inquiéter pour moi. » Fis-je, prenant sa main dans la mienne, les cachant dans mes manches longues. Je me fiche du regard des autres, mais je préfère avoir la paix et éviter les embrouilles. Même si quelqu'un nous voit ainsi, je n'irai pas me justifier sur mon geste. Quittant le campus, je marche un peu dans le quartier sans lâcher sa main, jusqu'à trouver une enseigne qui m'attire. Lindt. ça donne envie, rien qu'à voir le nom inscrit en gros au-dessus des portes automatiques. Regardant l'intérieur, la décoration est plaisante, avec les tablettes de chocolat entreposé vers le comptoir. Phoenix s'installe dehors, mais je lui fais signe de me suivre deux minutes. « C'est vrai, mais on pourra le faire plus souvent cette année. » C'est une certitude. « Viens, on va commander à l'intérieur d'abord. » D'après les tables voisines, ils font des milkshakes et autres variétés avec le chocolat de la marque Lindt. « Tu veux quoi ? Je vais me prendre un café et une glace chocolat lait. » Pour plus de gourmandise.

TENUE ••• Il en faut peu pour être heureux, je pense que cette phrase me correspond très bien, je ne suis pas du genre à me prendre la tête et le moindre petit truc peux me faire sourire. Je me contente de choses simples et vois le bonheur même dans les situations difficiles. Être avec Berry est ma joie quotidienne, j’aime simplement ces moments qu’on partage ensemble. Même si je ne pourrais pas le voir tous les jours lorsqu’il travaillera à l’hôpital l’année prochaine, je suis sûr qu’on trouvera un moyen lui et moi pour surmonter ça et je pourrais toujours aller le voir durant ses pauses. « Oh, j’y avais pas pensé, mais ce serait une idée ! » Je ris, bien sûr que non je n’irais pas jusque-là quand même, je l’inquièterai plus qu’autre chose au final. « Si je suis mort, tu seras le seul à me voir. » Moi je ne verrais plus rien, c’est triste non ? Bien sûr, je m’inquiète pour lui, souriant en tenant sa main, même dissimulé sous sa manche. « Tu es mon petit ami, c’est normal. » Je garde mon esquisse marchant hors du campus pour arriver jusqu’à un café, une enseigne qui semble attirée Berry, je le suis volontiers, voulant m’installer dehors avec ce temps agréable. « Yep ! » Je suis impatient rien que d’y penser, on a encore un an pour organisés pleins de sortie et rattraper ces quelques mois compliqués où il devait enchainer trop de chose à la fois pour en avoir l’occasion. « Ok ! » Je le suis à l’intérieur et regarde les différentes choses qu’ils font. « Un milkshake chocolat caramel et une glace au chocolat noir ! » l’odeur est alléchante en tout cas. « C’est la première fois que je viens ici. » c’est cool de découvrir différents endroits même après plusieurs années a passé dans ces rues.

TENUE ••• Ma vie serait bien triste sans la rencontre avec Phoenix. Il m'apporte ce rayon de soleil que même mon meilleur ami ne pouvait m'offrir. Ma relation avec Jirô est différente de celle avec mon petit ami. Il m'a toujours soulagé d'un poids, je me suis toujours senti bien avec lui et si il n'était pas là, je ne sais pas ce que je serais devenu ... Mais Phoenix est celui qui prend la relève et me tire davantage vers le haut. L'année prochaine sera plus difficile encore que celle-ci, mais je ne me décourage pas. Autant voir le bon côté des choses, nous serons toujours ensemble. J'aurai des pauses, des congés, des vacances, etc. J'aurai toujours du temps pour lui, même si ce serait moins qu'aujourd'hui. Une idée ? Je lui donne une petite tape dans le bras en lâchant un son désapprobateur et consterné. « Même si c'est tentant, je préfère te garder en vie. » Pas qu'il soit mort, mais que je sois le seul à le voir. Je le vois déjà bien assez de son vivant et ça me va parfaitement comme ça. Phoenix est vraiment adorable, au premier coup d'oeil il passe pour un idiot, mais quand on le connait, c'est juste qu'il est mignon et enfantin. Quittant le campus, nous nous dirigeons en ville où je trouve un coin agréable, qui attire l'oeil. Une marque de chocolat en guise d'enseigne pour un café ou salon de thé. Avant que Phoenix ne s'installe à une table, je lui fais signe de me suivre à l'intérieur pour commander. Ce sera plus simple de voir ce qu'ils proposent directement sur place, plutôt qu'attendre dehors. Ainsi, nous pouvons nous mettre d'accord sur notre commande et la donner à l'un des vendeurs/serveurs. « Moi aussi. » Ce n'est peut-être pas un endroit où nous pensons à venir. Il y a tellement d'enseigne et de commerce dans ce quartier que je n'aurai pas assez d'une vie pour tous les essayer. « Je trouvais le nom attirant. » Plaisantais-je. Notre commande passée, je la règle de suite pour pouvoir partir quand nous aurons fini, puis je fais signe à Phoenix d'aller choisir sa table. « Pas trop au soleil. » C'est ma seule condition, avec ma peau blanche, je risque de morfler. Et lui aussi, d'ailleurs.

TENUE ••• Tentant ? Je ris en me disant qu’on doit être les seuls à plaisanter ainsi sur la mort, avec le futur métier de Berry j’imagine que ce sera un peu dans le quotidien de notre couple. Je préfère la vie bien entendu, mais je n’ai peur de rien si ce n’est de le perdre, donc bon, rien ne me dérange. « Tant que c’est ce que tu préfères, me voilà rassuré. » Je le taquine, mais on peut faire beaucoup plus de chose avec moi étant en vie que mort, il faut bien l’avouer non ? Finalement Berry tombe sur une enseigne qui est plutôt attirante, je ne suis jamais allé à l’intérieur donc c’est l’occasion de gouter ! Je commande avec lui, le laissant payé en partant à l’extérieur pour aller prendre nos places, il fait bon et il n’y a pas beaucoup de monde donc on a l’embarra du choix ! Je le quitte quelques instants justes pour partir le premier, regardant les emplacements. Il ne veut pas trop au soleil, donc je prends une table au coin, ça semble assez lumineux, mais de toute façon le soleil ne tape pas assez fort aujourd’hui et ce n’est pas la place la plus exposée. Assis je fais signe à Berry lorsqu’il sort pour qu’il vienne s’asseoir avec moi, forcément. On doit attendre que notre commande arrive maintenant. « J’ai hâte de gouter ! » Je veux trop manger ma glace et boire mon milkshake, rien que le visuel donnait incroyablement envie. « Alors, tu n’as rien à me raconter ? » Je demande simplement comme ça, par curiosité, nous avons le temps de discuter. « Je suis aller voir ma mère tout a l’heure, mais je ne l’ai pas vu. Elle travaillait. » Franchement, elle est toujours occupée, je me déplace souvent pour rien, enfin je suis tombé sur son petit ami et j’ai appris des choses.

TENUE ••• Ce n'est pas parce que la mort me fascine, qu'il doit passer par là pour avoir du temps avec moi. Effectivement, nous sommes les seuls à plaisanter ainsi sur un sujet aussi sensible et tabou dans le monde entier. Pourquoi craindre la mort ? Ceux qui s'en vont ne reviennent pas, alors peut-être que c'est bien là-bas ? Peu importe les questions que l'on se pose sur l'au-delà, le paradis, la vie après la mort, jamais nous aurons les réponses. L'idiotie de mon petit ami me contamine, trouvant sa plaisanterie amusante. Tombant sur un coin sympa, j'amène mon copain vers le café et l'incite à rentrer pour commander. Cela fait, nous pouvons ressortir et choisir une table. Je laisse Phoenix faire son choix, tant que ce n'est pas en plein soleil. Je crame très vite, autant m'éviter de finir en écrevisse. La place est idéal, ni trop à l'ombre, ni trop au soleil, juste ce qu'il faut pour être tranquille et profiter du bon temps. L'estomac de Phoenix parle pour lui, on dirait. Je souris et approuve, ayant aussi hâte de goûter. « Si, évidement. » J'ai toujours quelque chose à lui raconter, je suppose que c'est pareil pour lui. La preuve, il me parle de sa mère. « C'est dommage ... » Qu'elle soit toujours occupé, jamais présente pour son fils. Ma mère n'est pas comme ça, elle pense beaucoup trop à moi et à mon bonheur, quitte à se sacrifier. « En parlant de mère, la mienne a trouvé quelqu'un. » Dis-je, lâchant un soupir. Je devrais me réjouir pour elle, être heureux que ma mère puisse enfin profiter .... Mais ce gars, je ne l'apprécie pas vraiment. J'aimerai le faire partir, le chasser, mais ça rendrait ma mère malheureuse. Je ne sais pas quoi faire dans ces moments-là. « Comment tu t'es senti en apprenant que ta mère voyait un homme ? » Il doit le savoir, puisqu'il a vécu cela à plusieurs reprises. Ce n'est pas mon cas. Ma mère a aimé un seul homme dans sa vie, du moins depuis ma naissance elle n'a pas revu quelqu'un. C'est la première fois qu'elle s'autorise ce genre de chose, maintenant que je suis en âge de comprendre, de l'accepter ... Et qu'elle peut me laisser partir vivre ma vie comme je l'entends.

TENUE ••• Ce n’est pas la première fois que ma mère est occupée et ne m’accorde pas de temps, je suis habitué depuis le temps. Même si je trouvais ça « normal » par le passé, voir cette complicité entre Berry et sa mère ou même Jiro avec la sienne me donne parfois ce sentiment d’être à l’écart, j’aimerais aussi passer du temps avec elle et qu’elle me demande comment se passent mes journées ou même qu’elle me pose des questions sur Berry, mes amis, mon quotidien... Je n’ai pas ce genre de chose et même si je ne lui en veux pas ou n’est pas avide de ce genre de situation, ça ferait simplement plaisir, je crois. Quand mon petit ami m’avoue que sa mère a trouvé quelqu’un je suis surpris, mais agréablement. « C’est cool ! » Je trouve que c’est super pour sa mère. « Enfin, je suppose ? » J’ai l’impression que Berry le voit autrement. « Tu as peur qu’on te prenne ta mère ? » Je le taquine, mais c’est un sentiment normal en même temps. Je jette des coups d’œil à travers la vitrine pour voir si notre commande arrive, un peu trop impatiente, puis repose mes iris sur Berry à sa question, haussant les épaules. « Normal ? » Je ne sais pas, ma mère a eu pas mal de compagnon et j’aimais surtout mon ancien beau-père. « Même quand ma mère n’avait personne elle était tout le temps occupé et quand elle avait un copain, j’espérais juste qu’il m’accepterait et qu’on aurait des moments tous ensemble. » Je suis quelqu’un de simple, je ne suis pas gourmand non plus. « Tant qu’elle est heureuse ça me va. » Je pense que même une maman a le droit de connaitre l’amour et de ne pas vivre seulement pour son ou ses enfants. « Tu l’as rencontré ? » L’homme en question. « Ta mère doit savoir que tu es entre de bonnes mains désormais. » Je montre mes mains pour accentuer mes paroles, plaisantant un peu avec la banane sur le visage.

TENUE ••• Ma mère a toujours été très proche de moi, parce qu'on a vécu sans un homme à la maison, sans père, ni mari. Je me suis toujours attaché à elle comme l'unique membre de ma famille. Elle n'était pas proche de la sienne, de ce fait, je n'ai pas connu d'autres personnes de mon sang. Quant à mon père, je sais que c'est un enfoiré, qu'il a déjà des gosses et qu'il n'a eu aucune gêne à engrosser d'autres femmes... Comme la mère de Phoenix. Ce lien que nous partageons est étrange, mais unique. Au fil du temps, je l'oublie parce que ça ne compte pas vraiment à mes yeux de savoir qu'il est mon demi-frère. Ma mère a le droit au bonheur elle aussi, j'ai trouvé ma moitié, pourquoi pas elle ? Sauf que ... Ce type ne m'inspire rien de bien. C'est possible de juger quelqu'un sur une première impression ? Je pourrais me tromper et pourrir la vie de ma génitrice. Cool ? à voir ma tête, on croirait l'inverse. « Ce n'est pas ça. » Répondis-je, n'ayant pas capté sa plaisanterie. « Je ne veux que son bonheur. Si elle est heureuse, je le suis aussi. » Malheureusement, il y a un  « mais ». Le temps que notre commande arrive, je l'interroge sur son ressenti par rapport à sa mère. Après tout, il en a connu des beaux-pères. Normal ? « C'est tout ? » C'est presque banal et sans intérêt. Que sa mère soit en couple ou pas, ça revenait au même pour lui. à part pour son beau-père, toujours plus présent que sa mère. « Et tu t'entends bien avec le dernier en date ? » Je suppose. Phoenix pense comme moi, tant qu'elle est heureuse, ça nous convient. C'est tout ce que nous souhaitons à nos mères. Or, si je pressens que ce n'est pas bon pour elle, comme pourrais-je accepter son bonheur ? « Une fois ou deux, vite-fait. Il vient chercher ma mère à l'appartement de temps en temps. » Je l'ai juste croisé, mais je sens à son regard qu'il est une menace pour moi. Pour nous. « Idiot. Tu pourrais me protéger contre une armée de gorille qui ont la rage ? » Plaisantais-je, venant taper dans ses mains comme un high five. Notre commande arrive deux secondes plus tard, quand je me rassois correctement sur mon siège. Remerciant la serveuse, j'attrape ma cuillère et joue avec. « Et si c'est ma mère qui n'est pas entre de bonnes mains ? Que dois-je faire ? » à une époque je n'aurai pas réfléchi, ce type ne l'approcherait même pas.

TENUE ••• J’aurais aimé avoir une relation avec ma mère comme celle que Berry a avec sa mère ou même que Jiro a avec la sienne. Seulement je n’ai pas cette chance ! Je ne suis pas à plaindre, ma maman est en bonne santé et elle fait ce qu’elle aime plus que tout, mais avoir par moments l’impression d’être oublié aurait surement été pesant pour d'autres que moi. Je suis trop simplet pour faire une crise de ce genre, j’accepte et je vis simplement avec ce qu’on me donne. Pour quelqu’un qui n’a eu que sa mère toute sa vie, sans homme, c’est normal qu’il s’interroge. De mon coté j’ai eu plusieurs beaux-pères donc je suis un peu rodé de ce côté. Je souris quand il dit qu’il est heureux si sa mère l’est aussi, je pense que c’est la meilleure pensée à avoir. À sa question je réponds aussi simplement que je le suis, ça peut étonner, mais je doute que ce soit le cas de Berry, alors je hoche la tête pour dire que oui, c’est tout. Par contre la question qui tombe sur mon beau-père me fait changer d’expression, un peu moins souriant. « Pas vraiment. En fait j’étais très proche de mon ancien beau-père. » C’est avec lui que j’avais appris à jouer de la guitare, c’est à ses côtés que je me sentais bien, comme avec un véritable père. Puis j’ai surtout l’impression de gêner l’actuel comme s’il me trouvait bizarre ou encombrant. « Et quelle a été ton impression ? » On peut se faire une idée dès la première rencontre normalement. C’est souvent la bonne. Je plaisante en disant que sa mère sait qu’il est entre de bonnes mains, mais en même temps je suis sérieux ! « Je pourrais ! Assurément ! » Je ris de bon cœur en paraissant plus sincère que jamais, parce que quoiqu’il arrive je serais là. Notre commande arrive et j’attrape ma glace qui semble tellement appétissante que j’en baverais presque ! Prenant ma cuillère pour manger une première bouchée dans un son exclamatif. « Tu penses que cet homme lui veux du mal ? Je pense que si ta mère tiens a cette personne elle serait triste que tu le juges ainsi, mais elle t’écouterait surement. » Je pense. Berry doit être sur de lui avant d’en parler avec elle si vraiment il pense qu’elle va en souffrir, mais après... c’est les risque aussi je pense, tomber amoureux n’a aucune garantie, même si moi je ne suis pas du genre à voir aussi loin ou à me poser des questions.

TENUE ••• Phoenix doit savoir ce que cela fait d'avoir des beaux-pères, mais ce n'est pas mon cas. Ma mère a toujours pensé à moi avant elle, quitte à être seule. Elle ne l'était pas grâce à ma présence, mais je parle d'un soutien plus... Viril ? Sentimental ? Je ne sais comment décrire cela, mais disons qu'elle a le droit d'aimer à nouveau un homme. Je ne dis pas que je le considèrerai comme un père, c'est presque impossible pour moi, mais je peux l'accepter comme celui que ma mère aura choisi. C'est déjà un bon point, non ? Sauf que cet homme-là, il ne m'inspire rien. Rien de bon. Ni pour elle, ni pour moi. Le seul qui peut me conseiller, c'est bien mon copain. Je l'interroge sur son dernier beau-père, sachant qu'il a déjà vu plusieurs hommes aux côtés de sa génitrice. Le dernier n'est pas le meilleur, selon lui. Je peux le comprendre, puis ce n'est pas évident de changer à chaque fois pour un nouvel inconnu. « Et tu n'as pas gardé contact avec lui ? » Celui d'avant, je veux dire. Phoenix n'est pas obligé de se plier en quatre pour cet homme, si celui-ci ne l'accepte pas, alors tant pis. C'est ce que je pense pour moi. Si l'autre policier est capable d'aimer ma mère et de la rendre heureuse, ça me va. Il peut me considérer comme une nuisance ou ne pas m'apprécier à ma juste valeur, je m'en moque. Ma première impression ? « Qu'il me cherche des noises. » Je le dis franchement, sa façon de m'observer me laisse croire qu'il va m'embarquer d'une minute à l'autre. Il est flic, ça peut se comprendre avec mon passé, mais ... Si ma mère n'est pas au courant, comme ce gars pourrait-il ? Ma mère sait que je suis bien avec Phoenix, elle est contente pour moi. ça ne m'empêche pas de le réprimander tel un gosse. « J'aimerai bien voir ça. » Le moineau contre une armée de gorille. ça me fait sourire, surtout quand il rit de bon coeur. Y a rien de plus satisfaisant que de l'entendre s'esclaffer. Notre commande arrive et je récupère mon pot, cuillère à la main. « Hmmm ... Peut-être que je suis simplement parano ? Tu sais, à force de traîner avec ce gang. » Fis-je en agitant un doigt au niveau de ma tempe, comme pour dire que je suis un peu cinglé sur les bords. Je vois le mal partout, comme une sorte de mauvaise habitude dû à mes années de mafia et de trafique. « Je ne compte pas déballer cela à ma mère. Je ne veux pas qu'elle soit malheureuse en apprenant pour moi ou pour ce type, si jamais j'ai raison. » Je trouverai une solution pour l'avoir, sans que ça touche directement ma mère.

TENUE ••• Supporter le métier de ma mère n’est pas facile pour ses compagnons, pourtant elle reste rarement seule. J’ai mal vécu sa séparation avec mon beau-père parce qu’il était sympa avec moi, j’avais enfin l’impression d’avoir trouvé quelqu’un qui s’intéresser à ce que j’étais sans me juger sur mon comportement ou ma façon d’être qui étaient différentes des autres. La guitare c’était génial, on en jouait ensemble et j’adorais cette complicité, ça me manque vraiment. « Bien sûr ! » Même si c’est un peu difficile je peux le joindre sur internet et tout ça, je ne lui parle pas autant que je le voudrais, mais je compte garder ce contact. « C’est lui qui m’a appris à jouer de la guitare ! » Je ne sais même pas si Berry sait que j’en joue, je n’ai pas eu l’occasion de lui montrer mes talents, mais un jour. Le plus important c’est ce qui se déroule dans sa vie à lui, avec cet homme. « À ce point ? » Je ne l’ai pas rencontré donc je ne peux pas savoir, mais je ne pense pas que Berry soit du genre à se faire des idées bêtement. « Peut-être ! Tu es bien tombé amoureux de moi, fallait être un peu timbré non ? » Je ris à nouveau, mangeant ma glace. « Attends de voir comment ça se passe, si vraiment tu vois que cela ne va pas, tu aviseras ? » C’est surement le mieux qu’il puisse faire. « Et on lui enverra une armée de gorille dessus ! » Levant le poing en me fichant des regards, je suis naturel, faut m’accepter comme je suis ou ne pas m’approcher, ce n'est pas plus compliqué. L’avenir seul nous dira comment ça évoluera, tout comme pour moi... Ma mère et son copain vont partir, que vais-je faire de mon côté ?

TENUE ••• Phoenix a connu des trucs formidables avec son ex-beau père que je ne pourrais jamais vivre avec le nouveau compagnon de ma mère. Pourquoi ? Parce que je sens que le courant ne passe pas entre lui et moi. Je me sens plus en danger qu'en sécurité en sa présence. J'aime bien quand Phoenix me raconte des anecdotes sur lui et l'ex de sa mère, c'est toujours agréable d'en savoir plus à son sujet. S'il sait jouer de la guitare, c'est grâce à cet homme. « Tu me feras écouter. » Je n'ai pas souvenir qu'il m'ait montré quoi que ce soit par rapport à de la guitare, ou alors ma superbe mémoire me joue des tours. ça me changerait sûrement les idées de me focaliser sur autre chose que ma petite personne. Pour l'instant ce n'est pas trop ça, je parle surtout de moi, de mon futur beau-père -si je ne fais rien avant- et de l'impression qu'il me donne. C'est à ce point, oui. Je ne l'aime pas des masses, il ne m'inspire rien. Ou alors, je deviens complètement barge. « ça n'a rien à voir. » Être tombé amoureux d'un gosse et craindre un adulte. « Toi aussi tu as ta part de débilité pour être attiré par un mec dans mon genre. » Rien qu'à savoir dans quelles études je me dirige et mes passions étranges ou morbide. Des deux, je me demande lequel est le plus timbré. Attendre ? C'est déjà ce que je fais. Hochant ma tête, je me contente de cette réponse simple. Attendre et aviser. « Tu as de l'espoir, je peux te faire confiance ? » Ironisais-je, profitant qu'il soit dans son délire pour venir étaler un peu de glace sur sa joue et me pincer les lèvres, pour me retenir de rire. Je suis content qu'il soit là à mes côtés, vraiment. Je ne sais pas ce que je ferais si j'étais seul face à cet homme et au bonheur de ma mère. Il y a Jirô, mais il a autre chose à penser qu'à mes problèmes... Puis, je ne veux pas l'impliquer plus qu'il ne l'a déjà été jusqu'à maintenant. Il a droit de vivre sa vie sans ombre, et je fais partie de ce côté obscure, bien que je cherche à préserver Phoenix en voulant le garder avec moi.