TENUE † Posté devant la jeune fille, les mains dans les poches de son manteau, Arthit affichait une mine mi-figue mi-raisin. Avait-il vraiment le droit ? Ne cherchait-il pas, plutôt, à jouer au surveillant "cool" devant l’une de ses élèves préférés ? Il n’arrivait pas à le savoir. Mais qu’importe, il lui avait déjà donné son accord, le reprendre était hors de question. « Allons-y. Je suis décidée. Et puis une femme est plus jolie avec les oreilles percées. Vous ne trouvez pas ? » Un petit sourire sarcastique aux lèvres, il suivit Moe en direction de l’arrêt de bus. « Attends… Ne me dis pas que tu fais ça dans le but de me plaire quand même. C’est beaucoup trop pour ma simple personne. » Même si il plaisantait avec légèreté, il n’en restait pas moins vigilant. Le regard aux aguets, il surveillait les rues avec attention pour voir si des Royaliens s’y trouvaient ou pas. Pour tout dire, il était inquiet à l’idée qu’ils soient vu ensemble. Les ragots couraient bien plus vite qu’on ne le pensait et il ne voulait surtout pas faire de mauvaise pub à son élève ou la compromettre dans une quelconque relation ambiguë avec lui. Son bien lui importait bien plus que le sien et si il était amené à devoir s’éloigner d’elle pour la protéger, alors il le ferait sur le champ.

« Vous pensez que ça fait mal ? » Moe coupa court aux inquiétudes du surveillant avec une innocente question. Cela lui tira un doux sourire tandis qu’il l’observait se tenir les oreilles, réfléchissant sûrement à quelques scénarios insolites et improbables. « Ne t’inquiète pas, tu ne sentiras la douleur que pendant quelques secondes. Mais je serai là. » De ses longs doigts, il vint caresser ses cheveux en un geste rassurant. Lui-même ne s’était jamais percé les oreilles mais ceux qui l’avaient fait lui avait expliqué comment cela se passait. Dans tous les cas, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, c’était généralement fini aussi vite que ça avait commencé. Soudain, interrompant leur échange, le bus pour la ville la plus proche fit son apparition et s’arrêta devant eux pour leur ouvrir la porte. Il était temps d’y aller.

Après avoir rapidement échanger deux tickets avec un billet, le trentenaire s’enfonça dans l’allée jusqu’à trouver deux sièges libres vers le milieu. Là, d’un geste galant, il laissa à la lycéenne le soin de s’asseoir à côté de la fenêtre avant de faire de même. Se laissant aller dans le dossier peu confortable de son siège, il soupira et tourna la tête vers celle qui l’accompagnait. « Dis, j’ai remarqué que tu dessinais beaucoup… Tu aimes ça ? » Parfois, quand il la voyait griffonner avec passion, il se remémorait lui à son âge, des rêves plein la tête. Désormais, même si ses ambitions restaient là, l’entrain de l’époque l’avait quitté. Alors il était heureux de la voir faire ce qu’elle aimait et espérait sincèrement qu’elle puisse le faire jusqu’au bout. Qu’elle puisse réussir là où lui continuait d’échouer.

TENUE † « Attends… Ne me dis pas que tu fais ça dans le but de me plaire quand même. C’est beaucoup trop pour ma simple personne. » Je manquais de m’étrangler. Littéralement, avec ma propre salive. Il n’était pas sérieux quand même ? Il devait encore se foutre de moi. Ce n’est pas possible, il le faisait exprès ma parole… Je fronçais les sourcils en secouant la tête. « Franchement, sensei, si pour draguer un homme, il faut se faire percer les oreilles, je crois que le monde part en sucette complet. » Je trouvais ça mignon les boucles d’oreilles, et au final, je ne peux même pas en porter, car je n’ai pas de trou… Donc autant me faire trouer les oreilles. Rapidement, je me demandais si ça faisait mal. Bien sûr que ça devait piquer. On va me percer la peau de part en part. D’un bout de l’oreille à l’autre bout… Même si le trou n’était pas plus épais d’un millimètre ou deux… ça devait piquer… « Ne t’inquiète pas, tu ne sentiras la douleur que pendant quelques secondes. Mais je serai là. » Je le laissais me caresser les cheveux. Parce que j’aimais bien ce geste. Rassurant et … Fraternel ? Ou de compassion ? Je ne sais pas trop lequel poser. Mais soit. Le bus me coupa dans mes pensées. J’allais pour payer, mais je vis que sensei achetait deux tickets. Je le remerciais d’un sourire, parce qu’il n’avait pas à faire ça… Franchement… En plus il me laissait me placer coté fenêtre. Je m’asseyais sans rien dire. « Dis, j’ai remarqué que tu dessinais beaucoup… Tu aimes ça ? » Relevant la tête, je le regardais, un peu surprise de sa question, avant d’hocher la tête. « Oui, je veux devenir mangaka. J’aime bien dessiner. Ça permet aussi d’extérioriser certaines choses. » Mon passé, mon présent… Mes journées… tout dépendait du facteur de mes émotions. « Vous dessinez aussi ? » J’étais curieuse. Peut-être qu’il savait dessiner et qu’il faisait certaines choses.

TENUE † Le bus était reparti dès qu’ils s’étaient assis et s’engageait désormais sur les routes régulièrement déneigées de la montagne. Par la fenêtre, le paysage qui défilait restait le même et ce malgré les nombreux virages. En y pensant, ils semblaient vraiment perdu en plein milieu de nul part. Il ne manquait plus qu’un hôtel à l’abandon et le scénario de Shining pourrait se répéter. Mais heureusement pour tous, l’imagination débordante d’Arthit fut coupée court par la réponse de Moe. « Oui, je veux devenir mangaka. J’aime bien dessiner. Ça permet aussi d’extérioriser certaines choses. » Reprenant un peu ses esprits, il cligna des yeux plusieurs fois et adressa une mine étonnée à la jeune fille. Mangaka ? Il ne s’y attendait pas du tout. À vrai dire, c’était rarement un métier que les gens avaient envie de faire à cause de la précarité qui s’accompagnait. Jamais il n’aurait penser que sa passion du dessin était aussi poussée. Mais ça restait une agréable surprise en y pensant. Cela leur faisait un point commun.

Un petit sourire aux lèvres, il la dévisagea, se demandant quel genre de mangaka voulait-elle devenir. Après tout, ce n’était pas parce qu’on était une fille qu’on dessinait que des shôjos et inversement. Lui même était justement en train de songer à faire une jolie histoire d’amour pour la présenter à Margaret. « Vous dessinez aussi ? »  Même si elle semblait couler de source, il ne s’attendait pas à cette question. Alors, Arthit se passa une main gênée dans les cheveux sans vraiment répondre. C’était embarrassant d’avouer à une de ses élèves que lui aussi rêvait d’être mangaka sans jamais réussir. Si quelque part elle avait eu de l’estime pour lui, il allait tout détruire. « Moui… Un peu… »

Cependant, ils partageaient le même rêve alors ce serait peut-être bénéfique pour eux qu’ils s’encouragent mutuellement. Il pourrait lui donner quelques conseils sur comment fonctionne les maisons d’éditions et, en échange, elle pourrait lui donner son avis sur son travail. Avec un profond soupir, il lui adressa un petit sourire timide et baissa la tête, l’air mal à l’aise. « Pour être honnête, moi aussi je veux devenir mangaka… Mais le succès n’est pas vraiment au rendez-vous… » Le rire qui suivit sa réponse laissait percevoir toute sa gêne mais il continua tout de même. « Je n’abandonne pas pour autant. Qui sait, un jour je réussirai peut-être à avoir une série ! » Il restait optimiste même si parfois c’était dur. Il avait tout de même quitter son pays pour arriver au Japon sans même connaître la langue, fait toutes sortes de petits boulots pour survivre et poursuivre son rêve. Si il abandonnait maintenant, alors il aurait simplement gâcher 10 ans de sa vie.

Ne voulant pas trop plomber l’ambiance, le surveillant releva la tête, sourire aux lèvres, et s’adressa à Moe. « Tu aimes quel genre d’histoire dis-moi ? À lire autant qu’à dessiner. » Maintenant qu’il connaissait son rêve, il était curieux sur ce qu’elle faisait. Il n’avait jamais vraiment pu voir avant – vu qu’il ne jetait qu’un rapide coup d’œil de loin – et il espérait un jour pouvoir le faire. « Aurais-je le droit, un jour, d’admirer ton travail ? » Posant la question sur un ton complice il lui envoya un clin d’œil pour lui signaler que si elle ne voulait pas, il ne lui en tiendrait pas rigueur. Après tout, c’était assez gênant de montrer ce que l’on fait à son professeur.

TENUE † « Moui… Un peu… » Je le regardais, du coin de l’œil. Bizarrement, ça ne m’étonnait pas. Ce sensei était plein de surprise… Mais ce n’était pas désagréable. Malgré que notre rencontre ait mal débuté, par cette chute… Au moins, on venait de se trouver un pont en commun. « Pour être honnête, moi aussi je veux devenir mangaka… Mais le succès n’est pas vraiment au rendez-vous… Je n’abandonne pas pour autant. Qui sait, un jour je réussirai peut-être à avoir une série ! » C’est vrai que ce métier n’était pas facile. Parce qu’on avait beau dessiner et faire des mangas, l’argent ne coulait pas à flot, c’est l’agence qui prenait tout... A moins de faire des séries à succès comme Dragon Bal, One Piece, Bleach et j’en passe, les rentes ne sont pas des plus importantes… Mangaka est avant tout une passion, et non un métier pour en vivre tranquillement… « Vous avez essayé de poster sur le net pour vous faire connaître des lecteurs ? » Demandais-je curieuse. De nos jours c’est ce qui rapporte le plus… C’est ce que je faisais d’ailleurs. Pour l’instant ça ne mordait pas trop, mais j’avais quelques lecteurs fidèles et puis la cagnotte me permettait de payer de quoi dessiner. Ce qui est une bonne chose. « Tu aimes quel genre d’histoire dis-moi ? À lire autant qu’à dessiner. » « Je lis de tout. Je pense que du moment où l’on veut devenir mangaka, on se doit de lire tous les styles et genre pour s’inspirer et voir ce qui se fait. En ce moment, j’aime bien lire des shojo mature. Et vous ? » Il faut dire que je grandis, donc mon style aussi, j’aimais bien découvrir les shojos mature, je me surprenais à aimer les dessins un peu osé. Peut-être car le sexe me rendait tout autant curieuse… « Aurais-je le droit, un jour, d’admirer ton travail ? » Sortant mon téléphone, je filais sur le site pour aller sur mon compte. Je lui tendais le téléphone pour qu’il regarde. « Voilà. C’est pas bien joli, mais je m’améliore. Je suis des tutos sur le net etc. Quand j’aurais assez d’argent de côté, je suivrais des cours privés de dessin. Et vous ? Je peux voir ? Ou vous faites des dessins trop olé ? » Je lâchais un bref rire, avant de tousser. Le souvenir de son membre contre ma main me fit rougir.

TENUE † Pour tout dire, Arthit était un peu gêné du tour que prenait la conversation. C’était toujours ainsi lorsqu’il se dévoilait sur son rêve et son échec constant. En même temps, qui aurait envie d’avouer qu’à bientôt 32 ans, il était toujours à fond sur un délire d’enfant et ne réussissait pas. Peut-être n’avait-il juste pas de talent. Mais alors, pourquoi persévérer ? « Vous avez essayé de poster sur le net pour vous faire connaître des lecteurs ? » Relevant un sourcil, il secoua négativement la tête. Il n’y avait jamais songé, trop attaché au Jump qu’il était. Ce n’était pas vraiment de sa génération mais maintenant qu’il y réfléchissait, le trentenaire se disait que ce pourrait être une bonne idée. La prochaine fois qu’il aurait une histoire en tête, il demanderait une tablette graphique à ses parents et la posterait en ligne. Qui sait, cela lui rapporterait quelques fans supplémentaires.

« Je lis de tout. Je pense que du moment où l’on veut devenir mangaka, on se doit de lire tous les styles et genre pour s’inspirer et voir ce qui se fait. En ce moment, j’aime bien lire des shojo mature. Et vous ? » Il n’y avait pas à dire, Moe était intelligente et presque toujours sur la même longueur d’onde que la sienne. Avec un large sourire, Arthit approuva fièrement ses dires avant de se tapoter le menton pour réfléchir à ses goûts personnels. Lui aussi lisait un peu de tout mais il avait des genres prédominants. « Je suis un peu comme toi, mais j’aime bien le policier, la SF ou les "tranches de vie" un peu adultes. » Oui, ça lui arrivait de lire des mangas ayant des passages sexuels mais c’était normal à son âge, non ? Les shojos tout mignon avec juste une main effleurée et un bisou, ça allait 5 minutes.

Après avoir demandé à admirer son travail, le surveillant laissa Moe sortir son téléphone pour accéder à ses dessins. Avec un doux sourire, il accepta l’appareil qu’elle lui tendait et commença à faire défiler l’histoire. « Voilà. C’est pas bien joli, mais je m’améliore. Je suis des tutos sur le net etc. Quand j’aurais assez d’argent de côté, je suivrais des cours privés de dessin. » Elle avait beau penser le contraire, lui trouvait ça très bien. À son âge, il faisait bien pire et dessinait depuis tout petit. En voyant tout ce travail, il avait envie de la serrer dans ses bras et la féliciter avec ferveur. « Et vous ? Je peux voir ? Ou vous faites des dessins trop olé ? » Riant avec elle de la question, Arthit secoua doucement la tête avant de lui rendre son téléphone. « C’est très bien Moe ! Et non, ça va, mes dessins sont suffisamment softs pour que tu les vois. » Il avait déjà dessiné des scènes érotiques mais ce n’était pas vraiment sa prédilection et il évitait de les garder dans son portable.

Sortant à son tour son téléphone, le thaïlandais alla chercher quelques photos dans sa galerie avant de les montrer à la lycéenne. Pareil pour lui, le dessin n’était pas des plus fameux mais il s’améliorait petit à petit, à son rythme. Et alors qu’elle était concentrée sur ce qu’il venait de lui proposer, Arthit remarqua à l’extérieur, dans le paysage, un jeune chamois. Tout excité par sa découverte, il tapota l’épaule de Moe et se pencha vers la vitre pour lui désigner l’animal du doigt. « Regarde Moe, un chamois ! » Ce ne fut qu’après quelques instants, qu’il se surprit bien plus proche que nécessaire. Sans même s’en rendre compte il s’était trop avancé et le voilà qui pouvait presque sentir son souffle contre sa joue alors que son bras encadrait son visage. Rougissant jusqu’à en devenir cramoisi, il s’excusa timidement avant de se rasseoir dans son siège et regarder ailleurs. Qu’est-ce qu’il lui avait prit de s’approcher autant ? Et pourquoi était-il si mal à l’aide ? Etait-ce dû à l’ambiguïté de leur conversation de tout à l’heure ? Oui, c’était sûrement ça. Ce devait être ça. Toujours était-il que le village avait intérêt à arriver vite car il n’osait plus dire un mot, bien trop gêné de la situation.

TENUE † « Je suis un peu comme toi, mais j’aime bien le policier, la SF ou les "tranches de vie" un peu adultes. » Tout ce que je retenais là-dedans, c’était les tranches de vie un peu adulte. C’était un peu comme pour moi, avec les shojos matures. Le pire dans tout ça, c’est que là, dans ma tête de simple petite adolescente, j’étais en train d’imaginer des trucs, que je ne devrais pas. Ok, il est vrai que depuis cet incident avec lui, j’avais des idées tordues et il m’arrivait de penser un peu trop, à cette chose, que j’avais touché de mes mains… Mais là… Là, c’était bien plus loin. Tellement loin, que j’avais honte de penser à ça. Mon corps bouillait sur place. Je n’étais pas le genre à penser sexe. Mais je me retrouvais à constater que je pouvais vraiment… Imaginer des choses perverses avec sensei. « C’est bien les tranches de vie. J’aime bien aussi. » Je me pinçais les lèvres, l’air de rien. Fallait pas croire que j’étais innocente. J’étais dans la fleur de l’âge, le sexe devenait une curiosité pour moi. Et lire des mangas avec des scènes osées, m’émoustillaient. Je n’allais pas le cacher… Rapidement, je lui montrais mes dessins, je n’avais rien à cacher de toute façon, puis je n’avais pas encore réellement fait de webtoon olé… Peut-être un prochain, histoire de voir si ça plaît, mais en général les histoires de fesses, ça plaît toujours… « C’est très bien Moe ! Et non, ça va, mes dessins sont suffisamment softs pour que tu les vois. » J’étais curieuse de savoir ce qu’il faisait. Bien rapidement, je me retrouvais avec son téléphone entre les mains. Je zyeutais un peu ses dessins sans trop me soucier du reste avant de l’entendre me parler de Chamois et de sentir son souffle sur mon visage. Je clignais des yeux en le voyant de très près. Mon cœur s’emballait. Je me raidissais sur le siège alors que dans ma tête, une tonne de choses étaient en train de se produire. Le souvenir de ma main placée sur son entre jambe revint, à nouveau. Ce n’était pas une bonne chose que de rester à côté de lui. C’était en train de me rendre folle. Je détournais le regard pour voir le Chamois au loin. J’essayais de contrôler mes émotions en me demandant ce qu’il se passait. Je n’avais jamais été comme ça, je n’avais jamais au point d’imaginer des choses avec lui. Est-ce que c’est cet incident qui me rendait folle ? Ou en venais-je à le désirer ? ça ne m’était jamais arrivée… Passant une main dans ma nuque, je restais silencieuse le reste du trajet. Quittant le bus une fois arrivée, je regardais un peu autour de nous pour trouver la boutique. Sans un mot, je m’y dirigeais, suivis de Sensei. Entrant dans la boutique, je demandais à me faire percer les oreilles. Rien de bien compliqué, ni de folichon. Je fis un signe de la main à Sensei quand je l’abandonnais pour aller dans la salle spéciale. En même pas trois minutes, mes oreilles étaient en feu, et ornées de boucles d’oreilles basique faites pour le perçage d’oreille. Je rejoignis sensei avant de payer le monsieur. Une fois à nouveau dehors, je grimaçais. « Je crois que ce soir, je vais mal dormir avec les oreilles en feu. » Et pas que les oreilles. Mais ça je me gardais de le lui dire.

TENUE † Bien assis dans son siège, Arthit ne savait plus quoi dire ou faire. Leur simple virée touristique de l’après-midi semblait tourner au shojô à deux balles et la situation actuelle le rendait très mal à l’aise. Même son rythme cardiaque s’accélérait face à la pression. Quant à ses joues, elles refusaient de quitter cette petite teinte rosée, preuve gênante qu’il songeait à quelques ébats imaginaires avec une certaine personne assise à ses côtés. Il fallait qu’il se calme. Moe n’était qu’une petite lycéenne et lui un adulte responsable. Un simple souffle sur sa joue – ajouté à toutes les choses passées – ne devrait pas le rendre aussi sensible. Il n’était plus un simple adolescent découvrant les premiers émois.

Secouant la tête, le thaïlandais chassa ses images interdites de son esprit et se concentra sur tout ce qui se trouvait autour de lui. Au moins, cela l’occupa tout le reste du trajet. Une fois arrivés au petit village, ils descendirent à leur arrêt et Arthit suivit la demoiselle en silence. De quoi pouvaient-ils parler après ce qu’il s’était passé ? À coup sûr, il sortirait encore une bêtise qui les rendrait tous les deux mal à l’aise. Mieux valait qu’il se taise. Dans la bijouterie, il prit place sur un siège en attendant et resta les yeux rivés sur son téléphone. Il avait cette sourde impression qu’on le dévisageait avec des regards accusateurs, que les passants connaissaient en détails toutes les pensées coupables qu’il avait eu sur son élève. C’en était pesant.

Après ce qu’il lui parut une éternité, Moe réapparut, les oreilles fraîchement percées. Elle était mignonne. Arthit remercia le bijoutier et paya la facture avant de sortir dehors avec la jeune fille. Là, dans le froid, elle lui lança un : « Je crois que ce soir, je vais mal dormir avec les oreilles en feu. » auquel il répondit avec un simple « Hum. ». De nouveau, ses joues se coloraient, tandis qu’il réfléchissait au fait qu’il ne dormirait pas du tout de la nuit. Comment le pourrait-il, dans sa chambre ? Leur chambre. Non, il en profiterait pour faire des rondes jusqu’à l’aube et surveiller que personne ne fasse de bêtises. Cela lui évitera de passer encore plus de temps dans cette étrange atmosphère.