■ un regard de glace sauf s’il fait un effort, il en faut du courage pour le soutenir  ■ “qu’est-ce que tu aimes dans la vie ?” tout. rien. il ne considère pas avoir le temps pour la majorité des hobbies, ne trouve aucun intérêt dans le fait de regarder des séries, des films, de jouer de la guitare ou de sortir le soir. il passe la majorité de son temps dans les bouquins de médecine, au moins ça lui sert à quelque chose  ■ n’a jamais appris à gérer ses sentiments, merci parents d’un mutisme même pire que le sien, et se débrouille en les ignorant sans culpabilité  ■ lorsqu’il se laisse aller, son visage ne bouge pratiquement pas. il doit faire des efforts pour paraître un minimum humain, et l’effort il ne le fait que dans deux situations : lors de son travail, et avec les personnes qui lui sont proches.  ■ malgré l’air suffisant qui semble l’habiter, il ne se sent pas particulièrement supérieur aux autres ou en tout cas, n’a pas un ego surdimensionné. il se complaît dans sa vérité : il voit les choses comme elles sont, rien de plus, rien de moins  ■ curieusement, il se nourrit principalement de sucreries en toutes circonstances. sûrement car il n’avait pas le droit dans sa jeunesse. heureusement, il s’oblige à faire du sport pour que ça n’atteigne pas son poids.  ■ oublie régulièrement de dormir, de manger, de faire tout ce qui permet à un humain de rester en vie  ■ il est charmant avec ses patients (il est très populaire à l’hôpital), froid et presque désagréable avec les inconnus, et totalement dévoué à ses proches : impossible au final de savoir s’il aime les gens ou pas. sûrement qu’il sélectionne, minutieusement.  ■ son intellect est pas mal supérieur à la moyenne, mais il ne s’en vante pas : il est né avec, il n’a rien fait pour. depuis toujours, il fait de son mieux cependant pour améliorer les performances et le contenu de sa boîte crânienne  ■ il sait qu’il est beau, on lui a déjà dit, mais cela n’a pas valeur de compliment à ses yeux : pourquoi devrait-il dire merci de quelque chose qu’il n’a pas choisi ? il préfère qu’on le complimente sur son travail, sur ses efforts, sur ce sur quoi il peut avoir du mérite  ■ il n’avait eu qu’une relation dans toute sa vie, et sa petite amie est morte dans un accident de voiture il y a six mois. il est à présent en couple avec sa voisine, ce qui est assez compliqué ■ allez savoir pourquoi, on lui donne une réputation de “couche avec tout le monde” : peut-être que ça nourrit les fantasmes, même si ça n’a pas un poil de vérité  ■ il a été modèle pour une campagne de prévention menée par l’hôpital où il travaille : ainsi, son visage est placardé à l’intérieur de l’établissement et également sur des panneaux dans les rues de Tokyo  ■ il est peu maniaque, et obsédé par l’hygiène corporelle, ce qui au final, est plus que bien lorsqu’on veut passer sa vie dans les salles d’opération  ■ il a toujours voulu faire de la neurochirurgie, passionné par le cerveau, son fonctionnement et ses subtilités  ■ il dit détester les animaux, mais en vérité, il n’en sait rien, il n’a jamais vraiment été en contact avec un dans sa vie  ■ il ne parle plus à ses parents. il revient chez eux une fois par an mais l’ambiance est lourde  ■ enfant unique, il n’a pourtant jamais souffert consciemment de la solitude  ■ il planifie tout ,et possède plusieurs agendas chacun dédié à un aspect de sa vie. il regroupe tout dans un autre agenda pour lui permettre d’avoir une vue globale de son emploi du temps même si, honnêtement, il passe de toute façon la plupart de son temps à l’hôpital  ■ il n’a aucune envie de voyager, bien trop ancré dans ses petites habitudes pour oser envisager l’inconnu  ■ il possède certaines caractéristiques qui peuvent être identifiées sur le spectrum autistique mais n’a jamais été diagnostiqué comme tel  ■ il ne supporte pas la musique rapide, entraînante, et préfère les pièces douces et qui stimulent sa concentration. il a un faible pour les morceaux à la contrebasse  ■ il sait parler parfaitement anglais et peut entretenir des conversations courantes en coréen  ■ il a des dettes à cause de ses études et doit se contenter d’un mode de vie très frugal  ■ il a du mal à comprendre les sous entendus, le second degré, le sarcasme, mais il est parfaitement capable d’en produire  ■ il fait attention à son apparence et semble toujours avoir mis de l’attention dans chaque partie de sa tenue et de sa coiffure

Au final il n’y a pas tant à dire, Ichiro n’est pas quelqu’un de très loquace. C’est sûrement génétique. Il paraît que sa mère n’a même pas crié pendant l’accouchement, mais ça ne peut être qu’une histoire que son père raconte pour avoir quelque chose à dire. La famille ennuyeuse, chiante à souhait. Une maison où on entend passer les mouches, parce que personne ne crie, personne ne se parle, personne ne vit. Chacun dans son coin. Et il s’y est habitué, très vite, à trouver des moyens de se stimuler sans aucune aide de la part de ses parents. A peine quelques jouets dont il se laissait vite, il les a tanné pour qu’on lui apprenne à lire le plus vite possible et s’échapper dans le monde des mots. Ce qui l’intéressait, c’était les trucs qui expliquaient la vie. Dans sa bouche, toujours des “Mais pourquoi ?” “Comment ça marche ?” mais sa mère était plus prompte à lui dire de se taire et de cesser d’être malpoli que de lui répondre. Il a très vite compris que ses réponses, il les trouverait toute seule, et il vit par ce motto depuis son plus jeune âge. Plus indépendant qu’un homme qui déménage de chez ses parents à sa majorité, il va et revient à l’école tout seul, achète sa propre nourriture avec l’argent qu’on lui donne tous les mois, n’attend rien de sa famille autre que de signer quelques papiers pour l’école. Excellent à l’école. Moins dans la cour de récré. Pas tellement sociable, et puis son regard donne froid dans le dos. On l’appelle bizarre, on est sûr qu’il va finir sur les télés accusés de dizaines de meurtres. Il s’en fiche. Les quelques amis qu’il se fait au cours de sa scolarité lui sont assez, il méprise presque les liens superficiels qu’il voit naître tous les jours, seulement pour s’évanouir avec de futiles conflits. Il n’est pas méchant. Il n’est pas gentil non plus. Il tente d’être droit, d’être le meilleur possible, parfois en oubliant comme on vit, comment le monde tourne. Tant pis. Il fonce, la tête baissée. Une jeune fille semble apprécier ça : Anko. Elle l’aime. Il l’aime. Ils sortent du lycée tous les deux sans aucun doute sur leur futur mariage, sur la vie qui s’étend devant eux, alors même qu’Ichiro entre dans la galère financière pour pouvoir étudier la médecine à l’université et atteindre son rêve depuis tout petit. Cela lui semble acquis. Il n’a besoin de personne d’autre qu’elle. Elle est la seule personne avec qui il se sent chez lui, la seule avec qui il ose ouvrir la bouche et parler un peu plus qu’il ne devrait, ou un peu plus que ce qui avait toujours été accepté de lui. Et elle ne le juge pas. Ne lui en veut pas. Il a peur qu’elle parte. Qu’on lui arrache. Peur fondée.

“Je suis désolé, elle n’a pas survécu” Un coup en plein coeur. Il perd la seule personne qui compte à ses yeux, presque le sens de sa vie, pour être tout à fait niais. Il se plonge dans son travail un peu plus, en oublie de dormir, de manger, sans personne pour s’attarder et vérifier qu’il s’occupe de lui même. Dépression. Il plonge. Ses pensées le tourmentent, et il peine à remarquer la lumière qui s’invite chez lui et le force à ne pas mourir sur place. Rio. La voisine. La voisine, juste la voisine. Pendant un temps. Puis plus vraiment. Celle qui redonne un peu de chaleur à son corps qu’il pensait pétrifié, celle qui le force à grimper à nouveau et à ne pas renoncer. C’est terriblement niais. C’est terriblement vrai. Il n’a qu’elle, à présent. Et il se jette corps et âme dans cette relation qui comble un vide, sans savoir si elle est là pour prendre la place d’une défunte, ou pour lui laisser l’occasion de tourner la page. Curieuse situation dont il peine à démêler une seule vérité. Ses sentiments l’étouffent. Il n’a qu’à se laisser aller. Quitte à se noyer.