TENUE † Ça faisait plusieurs jours que ça durait. Ces maux de ventre, les nausées. J’étais malade à en crever, mais surtout que durant une période de la journée. Si au début, je ne m’étais pas fait de souci, après plusieurs jours de réflexion, je finis par aller voir un médecin. Et il avait été formel. J’étais enceinte. J’avais encore ses mots qui résonnaient dans ma tête. Enceinte. Ce n’était pas possible. Je prenais la pilule. Je ne l’avais jamais oublié… J’étais un peu perdue et perplexe. Je n’étais pas prête à être mère. Je ne me voyais même pas avoir d’enfant. Je trouvais ça trop encombrant en fait… Le pire dans tout ça, c’est que j’en étais venue à me dire « mais comment je suis enceinte ? » C’est tellement con… Mais on ne s’était pas protégé dernièrement avec Hoseok. La folie de notre week-end pour mon anniversaire… On ne peut pas dire qu’on avait chômé… Au contraire. Sexuellement, on s’était plus que retrouvés… Rien que d’y pensait, ça me donnait l’eau à la bouche. Mais il fallait que je le lui dise, qu’on en parle… ça faisait un mois… J’étais enceinte d’un mois. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est le début d’une aventure. L’image de l’échographie dans les mains, j’essayais de ne pas paniquer. Et si Hoseok n’en voulait pas ? Est-ce que ça allait m’arranger ? Est-ce que j’avorterai ? Je me posais tout un tas de questions, sans avoir de réelle réponse. J’étais stressée au possible. Dans mon ventre, se trouvait un alien. Ok. Bon, ne paniquons pas. Il était déjà tard, et je venais chez lui à l’improviste. Le mois de mai venait de commencer, la chaleur s’installait doucement sur la péninsule japonaise. J’avais mis un débardeur ample. C’est con. Mais depuis que je savais être enceinte, je ne cessais de regarder mon ventre. Avait-il grossi ? C’était arrondi ? Je n’en sais trop rien. Mais je faisais une fixette dessus. Sonnant à la porte de Hoseok, j’attendais qu’il m’ouvre avant de lui sourire. « Je ne te dérange pas ? Je viens un peu à l’improviste… » Je me penchais sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser. Son odeur m’avait manqué. Sa présence aussi. Je le serrais contre moi, dans un signe de besoin de réconfort.

TENUE † « C’est pas grave ne t’en fait pas. Je devrais commencer à te donner un double, tu sais. » Je ne pus m’empêcher de lâcher un bref rire. S’il me donnait les doubles des clés, j’allais constamment, être dans le coin, il pouvait en être sûr. Mais bon, c’est aussi, ça les relations amoureuses. On échange des clés, puis on finit par aménager ensemble. Je présume. Non ? Mon cœur battait la chamade. J’étais incapable de parler, ou de dire quoi que ce soit. Marcher était déjà bien. Plus le moment fatidique arrivait et plus je me sentais oppressée. Devenir maman, ce n’était pas dans mes projets. J’étais jeune, étudiante… Et sans budget pour ce genre de chose. « Rukia tu es toute pâle, tout va bien ? » J’hochais la tête en le regardant partir. Il me ramenait bien vite, un verre d’eau. J’en bus une toute petite gorgée. Ma gorge était tellement nouée, qu’il m’était impossible d’avaler plus que ça. « Tu m’inquiète, qu’est ce qu’il se passe ? » « Rien, rien. » C’était sorti machinalement. Toussant un peu, je reposais le verre avant de m’enfoncer un peu plus dans le canapé. Comment j’allais lui annoncer ça ? Silencieuse, dans ma tête, je me faisais des scènes à vive allure. De toute façon, il fallait que je le lui annonce, d’une façon ou d’une autre… « Je suis désolée… tout est de ma faute. » Je ne le regardais pas, j’avais trop peur de ne pas pouvoir continue. Qui aurait cru qu’avouer à son petit ami que j’étais enceinte de lui, serait aussi difficile ? Si encore on en avait parlé de faire un bébé, et que ça avait été dans nos plans… Je ne dis pas. Mais ce n’était pas le cas. Ça ne faisait qu’un an qu’on était ensemble… Je passais une main dans ma nuque avant de lui tendre l’enveloppe ou se trouvait l’échographie de notre « fœtus ». « Je… Je suis enceinte. »

TENUE † « Quoi ? » En même temps, il n’aurait pas pu dire autre chose. Le choc était tout aussi grand que pour moi. Je suis sûre que sa vie défile dans sa tête là. C’est ce qu’il s’est passé pour moi aussi. C’est quand même un sacré choc de ce dire que j’ai un truc dans mon ventre qui est en train de grossir et de prendre de la place. Le fruit de notre union. De nos ébats assez mouvementé lors de ce week-end. Parce que vu le temps c’était forcément de ces jours-là. « Mais attend… Je… Je pensais que tu prenais la pilule ? » Je fronçais les sourcils. Ça allait être ma faute. « Bah c’est le cas et je la prenais encore… » ça craint mine de rien. Comme quoi tout n’est pas fiable à cent pour cent. Je le regardais faire les cents pas. Il était tout aussi stressé que moi. Je comprenais, je pouvais comprendre. Ce n’était pas joyeux pour nous. Pas dans cette situation. « Qu’est ce qu’on va faire ? » Je clignais des yeux avant de sourire brièvement. « C’est exactement ce que je comptais te demander en venant te l’annoncer. » Oui, car moi non plus je n’en savais rien… Pour ma part, je restais assise, tranquillement dans le canapé. Je préférais ne pas tourner en rond. D’ailleurs il me donnait le tournis. « Déjà comment tu songes à gérer la situation ? » Je fermais brièvement les yeux. « Déjà arrête de tourner en rond, j’ai la nausée là. » Je soupirais longuement en massant mon ventre. « J’en sais rien, oppa. Je suis venue ici pour que tu m’éclaires mais je crois qu’on ne s’aide pas trop là… » Je finis par me lever pour m’approcher de lui. Attrapant ses mains je soupirais longuement. « Je regrette rien, c’est impossible, parce que je tiens à toi. Mais je… être maman, ça me fait peur. C’est quelque chose d’inconnu pour moi… Et puis on ne vit pas ensemble, ni rien… On n’est pas marié, on n’est… » j’arrêtais de parler avant de soupirer. « Malgré tout ça, avorter reste difficile pour moi. Je… J’ai entendu son cœur battre lors de l’écho… Cette petite chose pas plus grande qu’un haricot… Est vivant. »