Be under my umbrellaTENUE - Comme tous les soirs, elle est là, à fixer la Lune. Sans m’en rendre compte, je me suis mis, moi aussi à la fixer. Je me demande ce qu’elle pense en regardant cet astre. Tous les soirs, après mon travail, donc assez tôt dans la matinée, je la vois, assise dans ce parc. Elle est seule dans l’obscurité. Heureusement que ce quartier ne craint pas mais je ne suis pas totalement serein non plus. Une personne isolée dans la nuit est la cible idéale pour tout acte malveillant. Malgré ma curiosité, je n’ai jamais osé allé la voir. Aucune règle interdisait de sortir en soirée pour observer la lune. Si elle était là, c’était qu’il y avait une raison. Et ce soir, comme tous les soirs, je n’obtiens pas de réponse à cette question.
La Lune disparait au travers les nuages, enlevant la lumière naturelle de la nuit. Mon regard se pose sur elle. Est-ce qu’elle va partir maintenant que l’objet de contemplation est caché ? Non. Elle a simplement baissé la tête mais n’a pas l’air de partir. Je sens une goutte, puis une deuxième. Il pleut. J’ouvre le parapluie que j’avais dans la main. En partant, un de mes collègues m’a dit qu’il allait surement pleuvoir et me l’a prêté. Je ne l’avais pas cru mais il avait raison. Le silence de la nuit laisse place aux bruits des gouttes qui tapent sur le sol. Mais elle est toujours là. Elle n’a pas bougé.
(Outfit.) Dans la douceur du soir je regarde, comme à mon habitude, la boule qui illumine la nuit noire. Je pense à tout et à rien, à la journée d'aujourd'hui et d'hier, je me détends et vide mon esprit. Quand les nuages cachent la seule source de lumière qui m'éclairer, je baisse la tête et regarde le cours d'eau qui passe plus bas, le bruit de l'eau me rassure et m'endors, je commence à fermer mes yeux quand je sens une goutte, puis deux, puis l'averse. Au même moment je ferme les yeux complètement et lève la tête au ciel en respirant un bon coup comme si je n'avais plus aucun problème. « ça rafraichit ! ».
Après quelques minutes comme ça je ne sens plus aucune goutte... J'ouvre les yeux et aperçois un parapluie et son propriétaire « Je ne tomberais pas malade j'ai un bon système immunitaire » dis-je froidement, cet "est pas son problème si je tombe malade ou non ! Je commençai à marcher en direction des dortoirs quand il m'interpella à nouveau « J'habite un peu loin oui, si tu n'as rien de mieux à faire et bien mettons-nous en route ! » Si ça l'inquiète tant que ça autant et bien faisons un bout de chemin ensemble, il n'a pas l'air d'un pervers ou autres. Je prends quand même une certaine distance et ne me met pas son parapluie mais profite plutôt de la pluie dont les gouttes ruissellent doucement sur ma peau et claque contre le sol froid. Cette journée était fatigante et jusqu'à maintenant je n'ai eu aucune pause pour moi.
Plus ont avancé, plus je sentais la fatigue montée. Mon corps devenait soudainement lourd et mes jambes incapables de supporter le poids me lâchèrent. En deux secondes me voilà à terre inconsciente....
Be under my umbrellaTENUE - La pluie ne la dérangeait pas. Elle se laissait mouillée par les gouttes du ciel. Elle avait rejeté mon parapluie mais pas mon intention de l’accompagner. C’est une fille étrange. C’est aussi bizarre de marcher à côté d’une personne sans parapluie alors que j’en ai un. Je ne comptais pas non plus la raccompagner jusqu’à devant chez elle. J’avais compris qu’elle ne voulait pas trop qu’on s’immisce dans son moment de calme. Le bruit de la pluie comble le silence entre nous. Je ne connais rien de cette fille si ce n’est que son habitude d’aller voir la lune en pleine nuit et qu’elle aime se faire arroser par la pluie.
Je comptais la laisser à l’enfourchement de la rue plus loin. D’ailleurs, je m’apprêtais à lui dire au revoir quand soudain elle tombe raide par terre. Je m’accroupis avant de l’interpeller à plusieurs reprises. Elle ne répond toujours pas. Inquiet, je sors mon téléphone portable pour appeler les urgences. Je ne peux l’y emmener sur mon scooter. J’ai donné le point de rendez vous devant chez moi car je ne pouvais la laisser inconsciente par terre alors qu’il pleut. Je lache mon parapluie avant de lui prendre le bras pour la soulever. Je passe un bras sur son dos et l’autre derrière ses genoux.
L’ambulance arrive rapidement devant chez moi. Me sentant obligé de l’accompagner, je monte dans le véhicule avec elle. On arrive rapidement à l’hôpital du quartier. Un médecin prend en charge d’elle et je le laisse faire. Je me contente de l’attendre dans la zone d’accueil. Une infirmière me demande des informations la concernant mais je suis incapable de répondre. Je ne connais ni son prénom, ni ses antécédents. Je me suis senti bête à rester bouche béat face à l’infirmière. Mais en même temps, je ne la connaissais pas. On s’est parlé pour la première fois tout à l’heure. L’infirmière me dévisage avant de partir.
Un docteur vient me voir pour me donner des nouvelles. Apparemment ce n’était que de la fatigue et du stress. Elle devrait se réveiller après une bonne nuit de repos. Je remercie le professionnel puis pars rejoindre l’admiratrice de la lune. Je ne pouvais rien faire de plus que les docteurs. Ma présence ne servirait à rien. Ça ne m’enchante pas de la laisser ici ni de ne pas savoir si elle va mieux mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Peut être que je devrais lui rendre visite au matin pour prendre de ses nouvelles ? Mais quelle que soit ma décision, j’espérais partir que lorsque je serais sur qu’elle n’ait rien.
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