TENUE ••• Le retour à la maison c’était fait dans le calme, mais mes parents étaient remontés contre nous de leur avoir caché tant de choses importantes et grave. Ils ont eu peur, mon père a abandonné son boulot pour venir à l’hôpital, inquiet. En apprenant tout ce qu’il c’était passé autant dire que je me suis pris un savon pour avoir gardé le secret, mais je ne leur en veux pas, c’est normal. Nous protéger c’est leurs devoirs et ils ont laissé Nora en compagnie de cet homme sans se douter de quoi que ce soit, ils s’en veulent assurément. J’ai ma main bandée, ayant eu des points de suture j’ai était obligé de déposer un arrêt de travail le temps que ça guérisse. L’horreur. Quand je ne bosse pas je suis complètement perdu, j’ai besoin de travailler, de cuisiner, c’est horrible, terrible, un véritable enfer. Dans ma chambre je me suis changé après avoir pris une douche qui ne fut pas de tout repos avec ma main, j’ai l’impression d’être un handicapé et au ralenti, c’est pas cool du tout. À défaut de cuisiné j’ai lu quelques livres avec diverses recettes pour m’inspirer, même si j’avais déjà beaucoup d’imagination sans cela. Après quelques heures à tourner en rond, j’ai commencé à avoir faim, mes parents sont partie travaillé, Nora est surement dans sa chambre donc j’en ai profité pour aller dans la cuisine et pris par cette impulsion et ce désir de me trouver derrière les fourneaux, j’ai commencé à sortir des ingrédients, de quoi faire un bon plat pour mon cadet et moi. Ce ne sera pas de la pâtisserie cette fois, mais plus consistant, je m’occuperais du désert après. Pendant que je m’occupe de couper les légumes, quelqu’un sonne à la porte et je regarde l’heure, cherchant à savoir qui cela pourrait être. Attrapant un torchon pour m’essuyer je vais jusqu’à la porte d’entrée et tombe sur la petite amie de mon petit frère... Autant dire que c’est la dernière personne que j’avais envie de voir, je ne suis pas revenu ici pour devoir supporter cette relation et pourtant je n’ai pas le choix, je n’ai pas mon mot à dire... Mon cœur saigne depuis assez longtemps pour que je paraisse naturel même quand ça m’est douloureux. « Mayumi-Chan, qu’est-ce que tu fais là ? » Je sais ce qu’elle est venu faire, mais est-ce le bon moment ? « Je suis venu voir Nora » Dit-elle un peu timide, surement qu’elle n’a pas oublié notre dernière rencontre. Je souffle et reprends. « Je ne pense pas que ce soit le bon Mo... » Moment, mais Nora arrive et je le regarde en l’invitant à prendre le relais, c’est sa copine, s’il veut la voir ou non finalement, c’est à lui de décider. Je m’éloigne sans un mot vers la cuisine pour reprendre ce que je faisais avant d’être interrompu.

TENUE ••• Les parents de Suoh étaient fou de rage et d'inquiétude en apprenant pour nous et mon oncle. Je m'en veux de l'avoir caché et surtout d'avoir forcé Suoh à le cacher à son tour... Mais le pire, c'est que je me sens coupable d'avoir été aussi stupide pour tenter de parler à cet homme. Il m'a bien eu, et si mon frère n'était pas intervenir à temps, je ne serais plus de ce monde. Malheureusement, il a été blessé et désormais il est obligé de prendre des congés... J'ai tout fait foirer. Que ce soit avec lui ou nos parents, je ne suis qu'un gamin qui ne comprend rien. Mon oncle a laissé sa marque sur moi. Je ne parle pas seulement de ses doigts autour de mon cou ou des quelques blessures dû à ma chute, mais plutôt mentalement. J'ai du mal à m'endormir la nuit en songeant à tout ça, parfois il me poursuit dans mes rêves et cela devient un véritable cauchemar. Mes parents adoptifs m'ont conseillé d'aller voir un psy, de parler, de prendre quelque chose pour dormir, mais j'ai refusé. Je veux m'en sortir seul, par mes moyens. Je n'ai pas besoin d'un inconnu pour me vider la tête, ni de médicament pour m'assoupir. C'est peut-être dure au début, mais je sais qu'un jour ça ira mieux. Autant pour moi que pour Suoh. Celui-ci est occupé à faire je ne sais quoi, tandis que je suis dans ma chambre à étudier ou lire. Si ce n'est pas mes manuels de cours qui m'occupe l'esprit, c'est mon téléphone portable, mon appareil photo ou les clichés de mon polaroid. D'ailleurs, je tombe sur une photo que je trouve très belle et me décide à la montrer à mon aîné. C'est un couché de soleil sur le mont fuji, teinté d'une couleur rose orangé. Mon petit bout de plastique entre les doigts, je descends les marches deux par deux, tout en cherchant mon frère. Je le trouve dans l'entrée ... Avec ma copine. Que fait-elle ici ? Oh, je ne l'ai pas prévenu. Je n'ai pas parlé de mon oncle avec Mayura. Il n'y a que Suoh et nos parents au courant. « Mayura, que fais-tu ici ? » Demandais-je à mon tour, alors qu'elle me répond la même chose qu'à Suoh. « Ah ... Je suis désolé. On pourrait se voir plus tard ? » Elle me lance l'un de ses regards de biche, comme pour me faire craquer mais je vois déjà mon frère partir... Dans la cuisine ? Que fait-il alors qu'il est blessé à la main ? « Vraiment désolé, je dois aider Suoh. » Fis-je, la larguant un peu paumé devant notre porte d'entrée. Mayura doit halluciner, c'est bien la première fois que je lui fous un tel vent et cours après mon frère. « Qu'est-ce que tu fais ? Je croyais que tu devais te ménager avec ta main. »

TENUE ••• Je ne m’attendais pas une seconde à voir la copine de mon frère ici, d’ailleurs lorsque Nora arrive et voit sa petite amie je me sens un peu de trop et je réalise même que je ne l’ai pas appelé par son prénom, tant pis... Mayumi, Mayura, ce n’est pas bien différent et faut avouer que même si elle a son influence dans mon état d’esprit actuel, mon quotidien, celui qui m’importe c’est mon petit frère et seulement lui. Les laissant ensemble j’ai décidé de retourner à mes occupations dans la cuisine, je pense que si Nora doit parler à la jeune fille je n’ai pas besoin d’être au milieu. J’ignore ce qu’elle sait de l’histoire ou même du passé de Nora, mais je ne peux pas m’immiscer entre eux, même si l’idée m’a souvent traversé l’esprit... Je suis incapable de faire ça. Le temps d’arriver dans la cuisine et de reprendre mon plat, Nora arrive rapidement, me surprenant un peu. « Qu’est-ce que tu fais ? Il y a ta copine à l’entrée. » J’évite sa question en lui retournant une interrogation. Il n’est pas censé être là, puis aussi vite ? Pour ma main j’ai conscience que je ne devrais pas forcer, mais je suis incapable de passer une journée entière sans faire quelque chose, puis je peux me débrouiller même avec un bandage, je suis quand même assez doué pour cuisiner en faisant abstraction de la douleur ou de mon manque de mobilité au niveau de la blessure. « J’espère que tu as faim. » Nous ne sommes que tous les deux et me connaissant je fais créer un festin remplissant la table de petits plats divers et variés. « Comment tu te sens ? » Je dois bien le demander, j’imagine que ce n'est pas le top pour lui, mais j’espère vraiment qu’il va surmonter ça et que je puisse le revoir sourire comme avant. Ce sourire que j’aime temps, cette innocence qu’il dégage, ça me manque désormais.

TENUE ••• Comme Suoh, je ne m'attendais pas à voir ma copine débarquer chez moi. Faut dire qu'avec les derniers événements, je n'ai pas pensé à elle ... J'ai frôlé la mort à deux reprises, je crois que Mayura peut bien passer après ça et l'état de santé de mon frère qui m'a sauvé. Alors quand je la vois, je me sens gêné pour elle. La pauvre, elle a dû faire le chemin jusque là juste pour moi, et moi, moi je lui demande de rentrer chez elle. à voir sa tête, j'abuse un peu. Autant que Suoh qui s'est trompé sur son prénom. Mayura est gentille, elle n'est pas du genre à piquer une crise pour si peu, mais j'avoue que j'en demande trop. En vérité, Mayura n'est pas au courant pour mon passé, ni pour cette histoire. Nous sommes en couple, mais c'est vraiment trop récent pour déballer entièrement ma vie. Je gardais cela pour plus tard. Abandonnant celle-ci dans l'entrée, je file à la suite de Suoh, m'inquiétant pour sa main blessée. Je m'en doutais, il cuisine ! Mon frère n'écoute rien ! « Je lui ai demandé de rentrer. » Chez elle, pas chez nous. Enfin, je me comprends. Mayura n'est pas mon inquiétude principale, puisque j'ai mon frère sous mes yeux. Il continue de faire ce qu'on lui déconseille, utiliser sa main. Si il n'écoute pas le médecin, il ne m'écoute pas moi non plus. Quelle tête de mule. « Euh ... Hm, oui. » Répondis-je, pris de court. Je ne sais pas encore si j'ai vraiment faim, mais l'odeur égaye mes papilles. Quand ce n'est pas de la pâtisserie, ce sont des plats digne d'un festin de mariage. « Je me sens bien. Et toi ? Tu n'as pas mal à ta main ? » Physiquement, je m'en sors plutôt bien. Je n'ai pas envie de parler du reste, des cauchemars, tout ça. C'est trop tôt pour passer à autre chose, j'ai l'impression que mon oncle m'a poussé dans le vide hier. « Tu as préparé tout ça... Seulement pour nous deux ? » Je suppose que j'ai intérêt à avoir la dalle, au moins pour terminer une moitié.

TENUE ••• Je n’ai rien contre cette fille, bien sûr je l’envie de pouvoir dire ouvertement et librement qu’elle aime mon petit frère, mais elle n’a rien fait de mal et je ne compte pas lui mener la vie dure pour une chose qui est « normale » aimer un homme quand on est une femme c’est nature, ce qui ne l’est pas ce sont mes sentiments. Je dois souhaiter leur bonheur, s’ils leur futur est lié ensemble alors je serais bien forcé d’accepter cette situation. Seulement je suis venue ici, à la maison pour soutenir mon cadet, pour être à ses côtés dans l’épreuve qu’on doit surmonter, qu’il doit surmonter. Je ne suis pas prêt à les voir roucouler ensemble ou ce genre de chose, donc je file dans la cuisine en les laissant seuls, mais je ne m’attendais pas à ce que Nora revienne si vite à ma suite. « Pourquoi ? » C’est sa petite amie donc ça m’étonne forcément qu’il agisse de cette façon et ne prenne pas le temps de s’appuyer sur sa copine, c’est mieux que de rester avec son frère non ? J’ai par la même occasion évincée sa remarque sur le fait que je ne devrais pas cuisiner et ménager ma main. « tant mieux. » S’il n’avait pas faim j’aurai cuisiné pour rien, enfin, pas vraiment vu que c’est un plaisir à mes yeux plus qu’autre chose. « Même si j’ai mal ça ne m’empêche pas de cuisiner. » Je souris en terminant de cuire un plat sans négliger l’accompagnement. Il trouve qu’il y a trop de choses ? Surement que je me suis légèrement laissé emporta, mais j’y peux rien, j’ai toujours trente-six miles enviés une fois que je commence et j’ai du mal à m’arrêter. « Je ne suis pas un dingue des fourneaux pour rien. » Je me moque un peu de mon addiction à la cuisine, plats, pâtisseries, je ne me lasse jamais. « Tu veux que je prépare un désert en particulier ? » Peu importe ce qui lui fait envie je le ferais, le sucre, les bonnes choses, ça aide pour le moral.

TENUE ••• Mayura est importante pour moi, c'est ma copine et la fille que j'aime, mais dans l'immédiat je m'inquiète pour Suoh. Mayura pourra comprendre le jour où j'en parlerai et c'est bien pour cela que je m'excuse auprès d'elle. Que peut-elle bien faire quand son petit ami lui demande de rentrer ? Ce n'est pas cool, mais elle m'écoute. Je l'appellerai plus tard, pour m'excuser à nouveau et me faire pardonner. Pour le moment, je suis mon frère vers la cuisine, où je ne cesse de l'interroger. Pourquoi ? Je fais la moue, réfléchissant à cette question. « Parce que tu es là. » C'est devenu tellement rare ces derniers mois de le voir à la maison que je commence à croire que je dois profiter à fond de cette journée. Qui sait où il partira après. Je me contente de cette réponse, sans en dire plus. Sa main m'inquiète. Il continue de cuisiner malgré les conseils du docteur. Pourtant, Suoh évite le sujet. Pourquoi ? Parce qu'il n'écoutera pas malgré tout ? Je ne peux pas le forcer à s'arrêter, puis il le fait pour moi. Je goûterai tout les plats qu'il a préparé, même ceux dont je ne suis pas forcément friant. Parce que c'est mon frère et qu'il se donne cette peine, pour m'aider, pour me changer les idées. Je le sais, il a toujours été attentionné avec moi. « Tu es têtu. » Fis-je, mais c'est tout. Il y a beaucoup à manger. Tant mieux ! Si Suoh se plait à faire tout ça, je ne vais pas râler. C'est juste que c'est beaucoup pour deux personnes. Un dingue des fourneaux, ça lui va bien. Je souris à cette remarque, me permettant de piquer un morceau dans l'une des assiettes. « Une forêt noire ! Avec beaucoup de chantilly ! » Faut pas qu'il me demande, sinon j'abuse de sa gentillesse pour combler mon envie soudaine de chantilly. Le jour où je subis une peine de coeur, je crois que je viderais des tonnes de litre de glace. « Tu veux de l'aide ? » Pour le dessert. Il semble avoir presque terminé pour le salé, mais je peux me proposer pour le sucré. Me connaissant, je vais en profiter pour prendre des photos et inonder mon instagram, sans oublier de mentionner mon génie de frangin et son don pour la cuisine !

TENUE ••• Même si je suis là il n’a pas à virer sa petite amie pour moi, en fait il ne devrait pas. J’étouffe mes sentiments profondément pour ne rien laisser paraître, mais ses actions me font plaisir en silence, je suis désolé pour Mayura, mais je ne peux pas dire que le fait qu’il me « préfère » à elle aujourd’hui ne me satisfait pas un minimum. Têtu ? C’est le moins qu’on puisse dire, je ne m’arrêterais pas même si ma main est blessée, cette faiblesse je la transforme en force en ne me focalisant pas sur elle, je peux cuisiner librement en faisant abstraction de la douleur. Le repas est bientôt terminé, je n'ai vraiment pas lésiné sur le choix des plats, il aura le loisir de pouvoir gouter tout ce qu’il souhaite et s’il en reste et bien je le mettrais au frais pour ce soir, ce n’est pas perdu. En attendant que certaines choses terminent de cuire je lui demande ce qu’il souhaite en dessert. Il a le droit de choisir tout ce qu’il veut, que ce soit aux fruits, au chocolat, à la crème. Je souris quand il me demande une forêt noire avec beaucoup de chantilly. « Si je suis têtu, toi tu es gourmand. » ça ne date pas d’hier, mais ça fait plaisir de voir qu’il a l’appétit et qu’il peut sourire malgré la situation, je me sens rassuré et plus léger, préférant le voir ainsi et tenter de lui remonter le moral qu'isoler dans sa chambre à broyer du noir. « ça va aller, je peux bien faire ça pour toi~ » Je laisse une esquisse se dessiner en levant le regard vers lui. « Mais tu ne dois pas quitter cette pièce. » C’est ma seule condition pendant que je m’occupe du dessert, de toute manière je suis rapide et je sais parfaitement gérer mon espace, la seule chose que je ne contrôle pas c’est la cuisson, dans le sens où à par attendre je ne peux rien faire d’autre, mais pour le reste, je maitrise. « Tu peux mettre la table aussi » je vais pouvoir dresser tous les plats d’ici une ou deux minutes.

TENUE ••• Je m'excuserai plus tard au près de ma copine, pour l'instant j'ai choisi mon frère. Il a vécu des choses affreuses à cause de moi, j'ai besoin d'être à ses côtés après tout ça, pas seulement par culpabilité, mais par envie. Je me sens beaucoup plus proche de lui depuis des mois où il m'a ignoré et fuit sans donner de raison. Peut-être que je le saurai jamais, peut-être qu'il gardera ça pour lui, pour toujours. En tout cas, je suis content qu'il soit là et que, malgré la blessure à sa main, il prépare de quoi nous nourrir. Il ne s'arrête jamais, je devrais prendre exemple sur lui. Suoh est vraiment un modèle à suivre, peu importe les obstacles, il continue. Je l'observe cuisiner, comme un enfant. Mon frère me demande ce que je voudrais comme dessert, et il m'en faut pas plus pour répondre à la hâte. une forêt noire avec beaucoup de chantilly, mon plaisir incontesté. « Faut bien que quelqu'un mange tes plats. » Et ma gourmandise, mon appétit, sont d'accord avec moi. D'ailleurs, mon ventre grogne son appréciation et je souris à mon frère, levant mon pouce. Nous sommes sur la même longueur d'onde, lui et moi. Au moins, je parviens à oublier ce pour quoi je n'étais pas dans mon assiette. ça n'empêche que je m'inquiète toujours autant pour sa blessure, mais ça ne semble pas le déranger outre mesure. Tant mieux. « Eh, pourquoi ? Je ne peux même pas aller au toilette ? » Fis-je avec une moue enfantine, boudeuse. Je ne compte pas partir, si c'est ce qui l'inquiète. Hochant ma tête, j'acquiesce et m'éloigne de lui pour prendre de quoi dresser la table pour deux. Les parents ne sont pas à la maison, sûrement occupé quelque part. « Tu vas bientôt repartir ? » Demandais-je, alors que je m'occupe de déposer les assiettes et les couverts sur la table. Il a dit qu'il restait tant que je n'étais pas bien, mais ... Si tout s'arrange pour moi, Suoh va repartir. C'est embêtant. Je ne veux pas qu'il s'en aille et en même temps, je ne veux pas qu'il s'en fasse pour moi. Je veux aller bien pour lui, mais je veux qu'il reste aussi. « C'est difficile d'être seul ici. » Avant il était là, il faisait attention à moi et je pouvais le voir quand je souhaitais. Ici ou à son boulot, avant ou après les cours. Sauf qu'avec son départ, tout devient si compliqué, si chiant.

TENUE ••• Cuisiner me fait toujours du bien, c’est le seul moment où je me sens bien, dans le sens où, cela fait partie de moi. Je vis pour créer ses plats, ses desserts. Je suis heureux de voir chacune de mes pâtisseries terminées, aimées par ma famille, mon frère, Yulia ou tous les clients. Quoique demande Nora je lui ferais, j’ai tout ce qu’il me faut niveau ingrédients donc il a le choix, je suis prêt à mettre la main à la pâte pour lui préparer. Mon cadet est un gourmand. « Il y aura toujours quelqu’un pour les manger. » Bah quoi ? Je peux cuisiner seul, mais j’impose une condition, il ne peut pas sortir d’ici, c’est tout ce que je demande. « Non, tu ne peux pas. » Je souris en gardant mes yeux sur le plan de travail où je prépare le gâteau. Pendant ce temps il peut mettre la table, on va pouvoir commencer à manger bientôt et au moins il ne reste pas les bras croisés à me regarder faire. Ma main s’arrête à sa question, tournant la tête vers lui. « Pourquoi, ça t'inquiète ? » Que je reparte. « Je ne sais pas encore, mais tout le monde quitte la maison un jour ou l’autre pas vrai ? » Je suis assez grand pour ça désormais, c’est une bonne excuse non ? « Tu n’es pas seul. » Je reprends ma préparation, j’ai dit que je resterais tant qu’il aura besoin de moi et qu’il ne se sera pas remis de cette histoire, donc je ne vais pas partir aujourd’hui. « Je suis sûr que je n’ai pas le temps de te manquer, tu dois avoir pas mal de chose à faire. » Avec les cours, sa copine, il doit vivre sa vie sans se retourner sur mes actions ou mon absence. Je lui ai prouvé que même si on ne vit pas sous le même toit je serais là pour lui, toujours. N’est-ce pas suffisant ?

TENUE ••• Oui mais je ne suis pas simplement ce « quelqu'un » dont il désigne. Je suis son frère, le seul et l'unique, celui qui adore tout ce qu'il fait. Suoh m'ordonne de rester dans la cuisine, tant pis pour la pause pipi. Je n'ai pas envie d'aller au toilette, de toute façon, mais c'est amusant comment il me retient ici sans me laisser le choix. « Et si je sors d'ici, tu vas faire quoi ? » Demandais-je avec malice, sans le lâcher des yeux pendant qu'il prépare le dessert. Ma forêt noire dont je raffole. Finalement, je me détache de mon observation pour mettre la table, m'occupant ainsi les mains et la tête. ça ne me cloue pas le bec par contre, puisque je l'interroge à nouveau. Si ça m'inquiète ? « évidement. » ça ne me plait pas beaucoup, mais ai-je le choix ? Je ne peux pas décider pour lui. « Pourquoi si tôt et tout d'un coup ? » Il a ses raisons, je le sais. Il n'a pas voulu s'en aller sur un coup de tête, mais parce que quelque chose l'a dérangé... Et étrangement, je sens que c'est lié à moi. Quand je dis être seul, c'est ici, dans cette maison. Les parents ne sont pas toujours là, je n'invite pas ma copine ici et Suoh a déménagé... Du coup, je suis seul la plus part du temps. « Je n'ai pas besoin d'avoir du temps libre pour que tu me manques. » Cette sensation de solitude, de regret, de manque ou de vide, intervient à n'importe quel moment. Quand je songe à un truc, quand je fais quelque chose, quand je parle avec quelqu'un. Il y a toujours une partie de moi qui revient à lui, comme un cercle vicieux. « Est-ce que je pourrais venir te voir de temps en temps ? » Même si c'est chez un ami, je peux toujours lui rendre physique. S'il répond négativement, je comprendrais que son soucis vient de moi. Il m'évite, en dehors du fait que j'aille pas si bien que je voudrais le faire croire. Dès que je me sentirai mieux, Suoh va redevenir le gars distant d'il y a quelques jours.

TENUE ••• S’il sort de la pièce . Je le regarde et souris. « Je mangerai tout ce que j’ai fait tout seul, même le dessert. » C’est cruel non ? Mais s’il veut être malicieux je peux l’être moi aussi. Pendant que je lui dis de mettre la table et qu’il se met à exécution, Nora m’interroge sur mes projets, je ne veux pas lui mentir, mais je ne peux pas non plus aller trop loin dans les explications et les raisons de mon comportement, du coup je reste assez évasif, reposant des questions sur ses interrogations. « J’ai eu le déclic, parfois on a besoin de prendre l’air, un jour tu comprendras aussi. » Je m’arrête deux secondes pour l’observer et reprendre. « C’est comme cette histoire, tu cherchais quelque chose, tu n’as pas tenu compte de mes avertissements et tu as agi selon tes envies parce que tu courrais après la vérité, mais au fond n’étais-je pas pour combler un vide dans ton cœur ? » Je le fixe avant d’esquisser un léger sourire. « C’est pareil pour moi, ici il y a des choses qui me font étouffer et ça me consume. » Je ne peux pas en dire davantage, mais j’espère qu’il comprendra mes choix avec ça. « Je ne suis pas mort, même si je quitte cette maison je ne suis pas si loin. » Je voulais surtout lui dire que même si je lui manque, un jour ce ne sera plus le cas, je ne veux pas qu’il s’habitue à mon absence, mais au fond je sais que les choses changent... mes sentiments ne vont pas disparaîtront facilement, j’ai déjà tenté de rencontrer d'autres personnes, des filles, des exs, j’ai tout essayé, mais au fond je me sens juste coupable de ce que je ressens. « Pour l’instant je suis là, tu me vois non ? » Je ne peux pas le laisser venir chez Yulia alors que j’essaie de faire le vide dans mon cœur, de plus je pense à prendre un appartement pour vivre seul bientôt, j’imagine que ce serait la meilleure solution. Je ne veux pas en parler pour l’instant, je ne vais pas partir de suite, Nora a encore besoin de moi et je préfère souffrir d’être à ses côtés que le laisser affronter cette situation seul.

TENUE ••• Suoh me prend par les sentiments. « D'accord, je ne bouge pas. » Dis-je, convaincu. Il ne pourra pas tout manger si je suis là, et je tiens trop à ma forêt noire pour tenter le diable. Le temps de mettre la table, je l'interroge sur ses projets futurs, à savoir s'il va rester ou repartir. La réponse est évidente, mais je ne peux pas m'empêcher d'espérer qu'il ne retourne jamais là-bas. Là où il vit désormais. Le déclic ? Quel déclic ? Celui de quitter la maison ? Je fais la moue, insatisfait de sa réponse. « Je n'ai plus 8 ans, Su'. » Répondis-je à son « un jour tu comprendras ». On dirait une réplique du roi lion. « Tu m'en veux de ne pas t'avoir écouté ? » Ou alors il veut dire autre chose que je n'ai pas saisi. Peut-être a-t-il raison, je ne comprends pas encore. Des choses qui l'étouffent ... Mais il ne m'en parle pas. Si il ne le fait pas, c'est bien parce qu'il n'en a pas envie. Je capitule, dans un souffle résigné. « ça ne sert à rien de te demande pourquoi. » Il ne répondra pas, de toute façon. à l'évocation de la mort, je grimace et détourne mon regard. « Mais si tu refuse ma présence, c'est tout comme pour moi... » Certes, il est avec moi dans l'immédiat, mais demain ? Et après demain ? ça sera toujours le même scénario, Suoh va partir et je n'aurai plus beaucoup de temps pour le voir. Relevant ma tête pour l'observer, je lui souris faiblement. Oui, il est là. Pour l'instant. « C'est prêt quand ? » Demandais-je pour détourner le sujet et parler d'autre chose. Ce n'est pas pour arranger mon moral de savoir qu'il va repartir bientôt. « Tu veux de l'aide ? J'ai fini de mettre la table. » Pendant que l'on discute, je n'ai cessé d'accomplir ma tâche. La table est prête, mais pas le dessert. Je pourrais l'aider avec le gâteau, ayant déjà quelques bases avec mes cupcakes. « Je peux mettre les cerises dans le gâteau ? » C'est une mission assez simpliste, même un enfant peut le faire.

TENUE ••• Je me doutais bien qu’avec cette « menace » Nora ne s’en ira pas de la pièce, rien qu’à l’entendre me répondre ainsi je souris comme une victoire acquise sur mon petit frère, fier d’avoir cette petite influence envers lui. « C’est bien, faut toujours écouter son ainé » Je le taquine en tirant la langue légèrement. Le sujet qu’il aborde est plus sensible, je tente de lui faire comprendre, mais ce n’est pas simple, Nora n’est pas à ma place. Je soupire et secoue lentement la tête, je ne sais plus trop quoi ajouter à ce que j’ai déjà dit, en même temps je ne pourrais surement jamais être honnête sur mes sentiments, sauf si un jour j’arrive à les faire disparaitre et en rire, je pourrais peut-être lui dire, mais je doute malheureusement que cela arrive... Mes tentatives me montrent que ce ne sont pas des émotions passagères et que je suis vachement épris de mon cadet, un peu trop pour m’en sortir. « Je n’ai pas dit que je refusais ta présence, je viendrais te voir. » Il n’a pas à s’en faire, de toute façon ça ne sert à rien d’en parler maintenant alors que je suis ici avec lui, pourquoi penser à demain quand on a une journée ensemble ? « ça te laissera le temps de te faire pardonner auprès de ta copine » Je veux pas qu’il pense que je hais Mayura, certes je ne peux pas vraiment l’aimer dans ma situation, mais elle deviendra peut-être ma belle-sœur un jour, qui sait. Je ne veux pas que mon frère ait à choisir entre elle et moi, de toute façon le choix serait surement vite fait... « C’est prêt, il ne reste qu’à terminer le dessert. » De l’aide ? Je le regarde avec une nouvelle esquisse. « En fait tu veux juste gouter avant l’heure hein ? » Je viens lui mettre du chocolat sur le bout du nez avec la cuillère. « Laisse-moi faire, c’est moi le pâtissier non ? J’ai bientôt fini. » Ma main me lance un peu, mais comme toujours je fais comme si ce n’était rien, bien que je sois un peu ralenti à cause de cette blessure. « Mais si tu tiens à faire ça, vas-y. » Je ne veux pas le rejeter s’il veut mettre les cerises, après tout c’est bien aussi de le faire à deux. « N’en profite pas pour toutes les manger. » Je le taquine encore, mais si aujourd’hui je peux au moins faire preuve de légèreté et donner de bons souvenirs à mon cadet, alors je le fais.

TENUE ••• J'ai bien compris que c'était difficile de me mettre à la place de mon aîné, voire impossible dans son cas. Je ne sais pas ce qu'il ressent, ni ce qu'il pense. Il refuse de m'en parler et plus j'insiste, plus il va se fermer. Autant abandonner, tôt ou tard, je le saurais. Si ce n'est pas aujourd'hui, ça sera demain, et ainsi de suite jusqu'au jugement dernier. Dans l'immédiat, je lui laisse de l'air et la paix. ça ne sert à rien d'insister, même si je m'inquiète beaucoup pour lui. Il n'est pas du genre à se murer dans son silence et à m'ignorer quand je lui fais signe ... Faut croire que tout change, un jour ou l'autre. Suoh a d'autres priorités qu'un petit frère, il va faire sa vie de son côté et me laisser avancer du mien. C'est comme ça, je devrais l'accepter et arrêter de lui courir après comme un gamin. « Tant que tu penses à moi et que tu ne m'oublie pas. » Au moins ça, qu'il ne fasse pas comme si je n'existais pas, sinon je me la joue à la Bella de Twilight et me met en danger pour l'attirer. ça semble bien fonctionné, jusqu'à présent il a été là pour me sauver la mise. Ma copine ? Ah oui, Mayura ... Je l'ai faite partir sans remord. « Tu as raison, j'irai lui acheter des fleurs demain ! » Pour me faire pardonner mon comportement d'aujourd'hui. Pour le moment, je suis avec Suoh et il a raison, vaut mieux profiter de l'instant présent que penser à ceux d'après. Revenant à notre sujet principal, je lui propose mon aide, mais mon frère n'est pas décidé à m'accepter dans ses pattes. Je fais la moue, jouant l'enfant. « Mais naon ! Je ne mettrais rien dans ma bouche, promis. » Surjouais-je, gesticulant mes épaules de façon à paraître plus mignon et adorable. Finalement, c'est lui qui me fout du chocolat sur la figure. Je souris, m'essuyant le nez de mon index, que je porte à mes lèvres par gourmandise. « Très bien, je vais te regarder dans ce cas. » Le mec qui ne lâche pas l'affaire. Ah ! Il m'accorde quand même la tâche des cerises ! J'en jubile, hochant vivement ma tête. Prenant la boîte de cerise, je l'ouvre et attend le bon moment pour les placer sur la crème chantilly. « J'ai promis de ne rien manger. » Pendant qu'il prépare le gâteau, du moins. Même si c'est tentant dans un sens, j'aime bien les cerises. Au moins, grâce à Suoh, je parviens à oublier mon oncle et les cauchemars qu'il me fait vivre au quotidien.

TENUE ••• L’oublier ? Penser à lui ? S’il savait seulement que je ne faisais que ça... Je ne peux pas faire autrement, mon cœur bat pour lui et je suis incapable de le stopper, incapable de l’oublier, la seule solution c’est de rester loin de lui pour ne pas franchir des lignes, ses limites que je rêve de dépasser chaque nuit, non... Je ne le ferais pas et rester son grand frère, loin, mais protecteur. Je garderais sans cesse un œil sur lui, je ne peux pas lui tourner entièrement le dos, tant que lui vit heureux je peux l’accepter... Je parle même de sa copine alors que je voudrais ne pas le pousser dans ses bras, mais que pourrais-je faire d’autre ? Des fleurs ? « Bonne idée. » Après il fait ce qu’il veut, c’est sa petite amie après tout, je sais que mon petit frère gère bien tout seul sans que je n’ai besoin de m’en mêler. Le repas est prêt, mais je dois encore terminer le dessert. Il veut m’aider, mais je « refuse » en l’imaginant déjà manger tout avant l’heure. « vraiment ? » Je le taquine, puis lui mets du chocolat sur le nez. « Tu vois, tu as mis quelque chose dans ta bouche ! » Je ris, alors qu’il vient de manger le chocolat sur son index. Pourtant j’accepte qu’il s’occupe des cerises, c’est rapide et simple à faire, du moment qu’il ne les dévore pas en route. Après plusieurs minutes à tout terminé, il y a plus qu’à le mettre au frigo et sortir les autres plats. « Aller il est temps de manger ! » Ramenant tout sur la table, je l’invite à s’installer, le laissant se servir ce qu’il souhaite, de toute façon j’en ai fait pas mal, il a le choix. J’espère que tout ça aura au moins permis de lui donner du répit, il a l’air beaucoup plus détendu en tout cas, je suis fier de moi.