TENUE ••• Un anniversaire, ça se fête. C'est ce qu'a dit le patron du salon de coiffure où je travaille comme apprentis. C'est surtout qu'il semble aimer faire la fête et toute occasion est bonne. Cet homme est sympa, il n'est pas prise de tête et m'aide beaucoup à apprendre le métier de coiffeur. Au début j'avais des réticences quant à mes choix mais désormais je sais que c'est la bonne voie. Ça me plait d'avoir les mains dans les cheveux des gens, de les coiffer et de leur donner le sourire. Pour me remercier de mon sérieux et parce que c'est mon anniversaire, mon patron a préparé une petite soirée dans le bar du quartier. Soirée anniversaire, qu'il a dit. Avec les coiffeurs et les coiffeuses du salon, ainsi que quelques amis. J'ai demandé à London de venir, pour s'amuser un peu. Puis, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu, toujours occupé des deux côtés. Il a son copain, j'ai dako. Ce n'est pas la même chose et pourtant ça revient quasiment au même. C'est du temps à prendre pour quelqu'un d'autre et au final, les mois passent sans qu'on le remarque. Pour ce soir, je me suis vêtu plutôt classe, pas pour aguicher qui que ce soit, mais juste par envie. Mon patron m'a taquiné en disant que j'allais me faire offrir des verres et j'ai rétorqué que je comptais sur lui pour ça. Finalement, je m'entends bien avec lui et les autres. Ce début de fête s'annonçait bien, buvant doucement en plaisantant et en se racontant un peu n'importe quoi, ce qui nous passait par la tête. J'ai apprécié parlé de moi en gros, sans entrer dans les détails, mais surtout écouter les autres discuter. Après une ou deux heures dans une ambiance rythmé et une pièce chauffée, l'alcool a commencé à me monter a la tête, si bien que j'ai commencé à rire pour rien. À un moment, je me suis levé pour aller aux toilettes, mais je ne sais pas trop ce qu'il est passé là-bas. Un gars déjà dans la petite salle m'a abordé comme si c'était banal de converser devant un urinoir. Je voyais surtout qu'il jetait des coups d'oeil trop bas. Je n'ai rien dit sur le coup, répondant à ses questions, un coup dans le nez. Quand il s'est rapproché de moi, la encore, j'ai tenu ma langue... Puis il a commencé à être vraiment collant et quand il a mit sa main sur mes fesses, j'ai réagit de la seule façon intelligente ... Un coup de poing dans le visage. Le gars a grogné, juré, m'insultant de petite pute et mon poing n'a pas hésité à repartir dans sa face de rat. De là, la bagarre a débuté et si un employé du salon ne s'était pas interposé a temps, je l'aurai noyé dans la cuvette des chiottes. Oui, avec mon corps de gringalet. Après cette altercation, mon patron m'a renvoyé chez moi, voyant que j'étais blessé. Bourré et amoché, comment gérer sa fête d'anniversaire. Je n'ai pas protesté, surtout qu'il m'a poussé dans un taxi sans me laisser le choix. Le chauffeur a eu du mal à trouver l'adresse mais je l'ai arrêté au plus proche du bâtiment de dakota, faisant le reste a pied. À ce niveau-là, mon cerveau ne voulait plus coopérer et j'ai du m'assoupir sur la sonnette, laissant le bruit résonner dans tout l'appartement jusqu'à qu'il daigne m'ouvrir la porte... alors que j'ai mes clés sur moi, dans la poche de ma veste.

TENUE ••• Il semblerait que ce soir je sois seul chez moi, Raylai a un truc de prévu avec ses collègues, c’est ce que j’ai cru comprendre même si j’ai faits comme si cela ne m’avait pas vraiment intéressé. J’avais commandé de quoi grignoter en regardant un truc à la télé, même si j’étais plus dans mon ordinateur à traiter quelques trucs sur mon passe-temps illégal bien entendu. Je classe ceux qui pourraient encore m’être utile contre ceux qui sont devenu bien trop inintéressants, mais que je garde sous la main avec mes chantages justes pour éviter que cela ne me retombe dessus. Je suis un homme prudent qui ne fait rien sans être sur de pouvoir gérer. Seulement quand je regarde la liste... Je n’ai que des « anciens », depuis plusieurs mois je n’ai pris aucune autre victime en charge, en réalité ça peut sembler fou, inhabituel de ma part, mais je ne ressens simplement pas le besoin d’augmenter mes petits pions. Raylai est à mes côtés et je me demande si ce n’est pas lui qui me rend ainsi moins démoniaque dans mes activités. Soupirant, je bloque tout ça avec mon mot de passe, puis me lève pour aller prendre une bouteille dans le frigo, buvant plusieurs gorgées avec la porte du réfrigérateur ouvert, manquant de m’étouffer en était surpris par la sonnette, reposant la bouteille, je ferme le frigo et me dirige vers l’entrée, regardant l’heure... Qui ça peut être si tard. J’ouvre avec Devil à mes pieds, tombant sur Raylai, j’arque un sourcil... « Bordel de merde. Qu’est-ce que tu fous ? » Il a l’air déchiré, mais rien que de le voir ainsi m’agace déjà. Puis il semble débraillé et ne pas avoir les idées claires non plus... « tu n'as que ça à foutre que sonner comme un taré ? » Je ferme derrière lui quand il est entré, soupira d’agacement.

TENUE ••• Cette soirée n'était peut-être pas la meilleure des idées, ou est-ce boire qui n'était pas une bonne idée ? Je me suis laissé emporter par le mouvement, l'euphorie, l'ambiance en général. Après tout, c'était mon anniversaire. Pourquoi n'aurais-je pas le droit d'en profiter comme il se doit ? Sauf que, je n'avais pas prévu de me faire draguer par un type, un inconnu. Celui-ci n'ayant pas eu ce qu'il voulait m'a rendu mon coup de poing, s'enchaînant une petite bagarre qui a terminé par les deux dehors. Suite à cette altercation, j'ai dû rentrer. Seul. à pied. Ce n'est pas plus mal, j'ai pu prendre l'air avant d'arriver chez Dakota, où je me suis légèrement assoupi sur sa sonnette. Elle résonne depuis quelques secondes, quelques minutes sûrement. Je ne sais pas trop, le temps me semble différent quand je suis saoul. ça n'arrive pas souvent, voire jamais. Je ne suis pas un fan de l'alcool, une simple exception. La porte s'ouvre et je me décroche de la sonnette comme par miracle, lançant un regard à mon bourreau. Un sourire fleurit sur mes lèvres, légèrement abimé à la commissure. J'assume mes blessures, elles sont mérités. Ou alors, je suis trop bourré pour avoir honte. « Je rentre. » C'est évident, non ? Je ne vais que revenir au bercail. Sonner comme un taré, genre ça ne fait que deux secondes que je sonne... Enfin, d'après moi. « Je n'trouvais plus mes clés. » Qui sont tout bonnement dans la poche de ma veste, bien au chaud. D'ailleurs, je vire cette dite veste pour me mettre en chemise, déjà bien défaite par la bagarre avec l'autre enfoiré. « Je me suis battu. » Si je l'ai dit sur un air sérieux, un son proche d'un léger rire m'échappe. Je ne suis pas du tout déçu de moi-même, au contraire. Je me suis bien défendu pour quelqu'un d'aussi mince et peu compétitif que moi. Une bonne droite, un crochet, bref. Digne un vrai boxeur.

TENUE ••• Le fait que cet abruti soit resté appuyé sur la sonnette à suffit pour me mettre en rogne, je suis aisément irritable et encore plus quand on semble tout faire pour m’emmerder. Lorsque j’ouvre la porte et remarque qu’il est saoul ça m’agace encore plus... Il semble avoir touché le gros lot pour que je sois aigri cette nuit, franchement quelle idée de se mettre dans un état pareil, il aurait mieux fait de ne pas rentrer... Soupirant lourdement, j’ignore ses réponses, ça ne m’apporte rien. Retournant jusqu’au canapé, je le laisse vivre sa vie, il trouvera surement un coin où dormir pour décuver sans avoir besoin de mon aide, raah, c’est frustrant. Battu ? Je l’observe en silence une fois qu’il a retiré sa veste, comme j’avais déjà remarqué il est totalement débraillé. « Vraiment ? » Je me penche pour attraper ma tasse et me lever pour aller la remplir. « J’aurais pu croire autre chose avec tes vêtements dans cet état » de toute façon il est bourré, parler avec Raylai ne m’apportera rien, il ne se souviendra de rien dès qu’il aura passé une bonne nuit de sommeil. « Je dois demander pourquoi ? » Sait-on jamais qu’il aurait envie de m’en parler, même si je parais totalement désintéressé je pourrais avoir envie de savoir ce qui l’a poussé à frapper quelqu’un ou inversement à être frappé. Raylai n’est pas un gamin calme, docile ou avec la langue dans sa poche, donc je suppose qu’il n’est pas innocent dans cette altercation, mais après tout... Autant lui laisser le bénéfice du doute, il se pourrait qu’il soit victime. « Tu devrais te laver et aller dormir, tu pus. » L’alcool déjà et surement la transpiration et tout ce qu’il a pu trouver dans son bar de fête. Bref, c’est la merde.

TENUE ••• Ce n'était pas mon intention de le foutre en rogne. à la base, je voulais être raisonnable et me contenter d'un verre, pas plus... Mais faut croire que ma résolution n'a pas duré une éternité, puisque je suis complètement saoul. Le coup de la sonnette n'était pas voulu non plus, manque de pot, j'ai déjà brisé ma première condition pour respecter la seconde. Qui est d'être chiant à mourir et inconscient de l'être. Au moins quand je suis bourré, je remarque moins le côté désagréable de ce démon. ça me passe presque par dessus la tête, tandis que je fourni les réponses à ses questions. Dans mon monde, j'explique à Dako que je me suis battu. Genre, c'est ma grande fierté de la soirée. Il s'en fiche, j'en suis sûr mais ça me fait plaisir d'en discuter. Juste comme ça. « Hm ! Je ne me suis pas laissé faire ! » Répliquais-je en donnant un coup de poing dans le vide, comme si je revivais la scène dans les toilettes du club. Et bim ! Dans ta tête ! Sauf que la mienne tourne brusquement et que je manque de perdre l'équilibre. « Oh ! Il a bien essayé. » Repris-je en tirant sur ma chemise à moitié défaite, ma veste balancée dans un coin. Il a essayé, mais il n'a pas réussi. Héhé. Pourquoi ? « évidement ! Tu devrais t'inquiéter pour moi ! » Genre. Ce n'est pas du tout le style de Dako. Me laver et dormir ? J'évite ce sujet pour revenir à celui d'avant. « Si j'avais bu un verre de trop, qui sait où je serais. Peut-être dans le lit de ce gars ? » Ou pas. Je dis cela pour plaisanter, jamais je n'aurai voulu le suivre ou accepter ses avances. « Peut-être que je suis trop beau ? Ha Ha. » Je pars dans mon délire. « Tu ne m'as même pas souhaité mon anniversaire. » Qui date un peu désormais, mais nous sommes toujours dans le bon mois pour le faire remarquer. Bourré, j'ai tendance à croire que j'ai plus d'importance à ses yeux que les jours où je suis sobre. Quelle andouille. « Lave-toi avec moi ~ » Petite parenthèse. Il dit que je pue, autant qu'il me lave.

TENUE ••• Raylai m’annonce qu’il s’est battu et honnêtement je ne sais pas trop ce qu’il veut que je dise, ce n’est pas que je m’en fiche, mais... un peu ? Dison qu’il fait ce qu’il veut, de toute façon il est bourré et c’est bien le genre de chose qui m’agace. Chaque phrase qu’il prononce me donne mal au crâne, rien que de le regarder me fait chier, je voudrais qu’il disparaisse de ma vue le temps de décuver, mais il ne semble pas du même avis. Ses commentaires sortent de nulle part, d’où je suis censé m’inquiéter pour lui ? Mon regard est noir, presque assassin quand il me parle de cette façon. « Cool, au moins tu ne me ferais pas chié. » Crachais-je sans délicatesse. S'il avait fini dans le lit d’un gars pour de bon peut-être que j’aurais réagi autrement et que j’aurais était moins « clément » mais il ne s’est rien passé donc je ne vois pas ce qui devrait m’inquiéter. Que Raylai soit attirant ? Que des mecs lui courent après ? Il est le fautif, sortir et boire à se saouler la gueule, c’est comme si c’est ce qu’il recherchait. « T’avais surement tes torts » aucun doute même. Anniversaire ? Je me masse le cou, sa voix me semble insupportable ce soir, c’est étrange. « Va te faire. » Je n'ai pas la tête à me laver avec lui ou autres. « Tu as su rentrer seul, tu peux te laver seul, oublie-moi un peu. » Je m’allonge sur le canapé laissant bien comprendre que je ne compte pas bouger de là et qu’il peut se casser et faire sa vie dans la salle de bain ou dans son lit, peu importe. La prochaine fois peut-être que le voir saoul ne m’attire pas, bien au contraire, ça me répugne. Il parle trop.

TENUE ••• Avec Dakota, tout est compliqué. Ou alors, j'en fais trop. Dans mon état, je ne pourrais dire si c'est l'un ou l'autre, en tout cas il n'est pas d'humeur à me supporter. Si j'étais un minimum moins bourré, j'en prendrais conscience. Malheureusement pour lui, ce n'est pas le cas. Il est froid, toujours avec regard tranchant. ça ne change de beaucoup de fois en vérité. Rien à faire, il s'en fiche. J'hausse les épaules, n'ayant rien de plus à dire ou à vanter. Dako n'a aucune compassion pour son petit protégé, il ne fait que me nourrir et me loger, comme un chien. Mes torts ? « Ah oui ? Lesquels ? » Parce que je suis en tort d'être attirant ou beau ? De boire et de m'amuser ? D'être un adolescent comme un autre, finalement. Je ne comprends pas trop et je ne veux pas comprendre pour le monde. Mon cerveau semble au abonné absent. Il n'a même pas pensé à mon anniversaire, ce qui est blessant. Et quand je lui rappel, il s'en moque. Il refuse même de se laver avec moi... Je tourne en rond, bientôt je vais me mordre la queue. « D'accord. » Lâchais-je brusquement, de manière neutre. S'il ne veut pas, c'est tant pis pour lui. Je ne cherche pas le conflit, il est le seul à me repousser. Son humeur est toujours aussi exécrable que d'habitude, un vrai plaisir. Un dernier regard dans sa direction pour comprendre qu'il ne bougera pas ses fesses et je tourne les talons vers la salle de bain, retirant mes vêtements à peine entré dans la pièce. ça me frustre tellement. L'alcool doit me rendre aigri maintenant, parce que je râle dans mon coin. Pendant que la baignoire se remplit, je reste assis sur le rebord, nu. Même sans boire, il ne fait pas attention à moi. Qu'est-ce que je dois faire pour qu'il me considère comme quelque chose. Enfin, quelqu'un. Je n'sais plus. Il me rend confus, à croire qu'il est forcé de me garder sous son toit... Je m'accroche, mais c'est à un fil si fin qu'il pourrait craquer. Finalement, j'entre dans la baignoire et me laisse glisser dans l'eau, toujours occupé à réfléchir alors que mon cerveau n'est pas apte à le faire. Je tourne vraiment en rond, même dans le fil de mes réflexions.

TENUE ••• Je suis en colère, bien sûr que je le suis. Raylai m’agace, son comportement, ses mots, il est débraillé et bourré, alors non, je ne suis pas d’humeur à parler avec ce gosse. Peut-être que si je suis aussi exécrable c’est justement parce que je ne voulais pas le voir ainsi. Je n'en sais rien. Finalement je l’envoie se faire foutre et il abandonne enfin, me laissant en paix sur mon canapé. J’entends la porte de la salle de bain et au fond je sais qu’il est déçu, même l’alcool ne l’a pas fait insister, je devrais le remercier de ne pas m’avoir cassé les oreilles plus longtemps, mais en fait je me retrouve à ne pas être concentré sur quoi que ce soit d’autre que ce gosse. Soupir après soupir, je me gratte les cheveux, me masse le cou, fait craquer mes doigts, mais au final je finis par me lever pour aller dans le couloir, ouvrant la porte où il est, allongé dans sa baignoire. Croissant les bras dans l’encadrement de la porte, je le fixe et soupir encore. « Qu’est-ce qu’il a fait ? » Cet homme, il m’a dit qu’il a essayé, je veux savoir ce qu’il a fait, au fond je pense que je pourrais m’en prendre à ce gars pour avoir touché Raylai ou même tenté. J’ai beau être le pire des enfoirés avec lui ou donné l’illusion de m’en foutre royalement, Raylai m’appartient, c’est le cas depuis le début et ça ne changera jamais. J’entre et claque la porte derrière moi. « Tu étais obligé de te bourrer la gueule ? » Je hais quand il est ainsi, il n’a pas compris depuis le temps ? Posant ma main sur sa tête je le « noie » dans l’eau et le relâche, juste histoire de lui rafraichir les idées.

TENUE ••• D'habitude j'insiste, mais je ne suis pas dans mon état habituel. Je n'ai pas envie de faire chier Dakota en parlant davantage ou en essayant de le dérider. J'abandonne, dans l'intention de réfléchir plus posément une fois dans la salle de bain. L'eau coule, comme le fil de ma pensée qui s'égare. Je me perds dans la contemplation du bassin qui se rempli progressivement, alors que je suis à poil. Je n'ai rien de mieux à faire que songer à comment faire avec mon bourreau de colocataire, mais rien ne me vient en tête. Tant pis. Je viens m'asseoir dans la baignoire, l'eau couvrant la moitié de mon corps. Attrapant un bouteille de savon, je vide une partie dans la flotte pour faire mousser, me fichant si ça déborde ou coule à côté. Les minutes s'écoulent, pendant lesquelles je profite de mon bain, allongé dans la bassin. Je ne fais même pas attention à l'arrivée de Dako, les paupières closes et ma tête appuyée sur le rebord, là où il n'y a pas des robinets. Quoi ? Sa voix me force à ouvrir les yeux, les posant sur lui. « Il m'a touché les fesses. » Lâchais-je, un sourire amusé au coin des lippes. C'est tout, il n'a rien de plus avant que je le cogne. Ce n'est pas parce que je suis bourré ou ivre, que je vais me laisser faire. La porte claque et mon sourire s'élargit, finalement je n'ai rien eu à faire pour qu'il rapplique et s'agace. C'est presque une victoire. « Je ne voulais pas. » Ce n'était pas prévu, vraiment. Pourquoi je me justifie ? Mon humeur chiante de tout à l'heure à laisser place à une expression plus posée, plus douce, mais toujours aussi moqueuse. Expression qui se retrouve noyée, plongé dans la baignoire après qu'il est appuyé sur ma tête. Je me redresse presque aussitôt, toussant et dégageant mon visage, ainsi que mes cheveux. « Tu étais obligé d'faire ça ? » Râlais-je, de la mousse plein les mèches. « Je n'ai pas fauté cette fois. Tu ne peux pas m'en vouloir. » Après tout, il n'a eu que le temps de me foutre sa main aux fesses, pas plus. J'ai bien compris que je n'étais qu'à lui et je ne veux être qu'à lui. « Dois-je faire un serment sur l'alcool ? Comme quoi je ne boirais plus de toute ma vie ? » Je suis prêt à le faire, sortant ma main de l'eau pour la déposer sur mon coeur, une esquisse malicieuse sur le visage.

TENUE ••• J’aurais pu juste le laisser, ne pas le calculer, oublier. Non, je n’avais pas envie au fond, c’est pourquoi je suis allé le retrouver dans la salle de bain, le regardant allongé dans la baignoire pénard. Ma question le sort de sa détente solitaire, touché les fesses hein ? « Tu aurais dû lui couper la main. » C’est ce que j’aurais fait pour ce geste déplacé envers une « chose » qui m’appartient, Raylai est à moi, le toucher c’est me toucher, ce mec a de la chance que je sois absent de cette soirée. Il ne voulait pas ? Je souffle et m’approche pour lui mettre la tête sous l’eau pour la peine ! J’avais envie c’est tout, faut pas chercher. « Ouais, il le fallait. » Je souris comme pour dire que c’est bien fait pour lui. « Tu penses vraiment que tout est clean, ce mec te touche, tu te bats, tu rentres bourré, ça semble une soirée normale en effet. » Je soupire en croisant les bras, le voyant prendre l’attitude pour faire le serment. « Tu peux boire. » Commençais-je avant de mettre ma main dans l’eau et l’asperger. « Mais seulement avec moi. » Je suis sérieux, mon regard est franc, aucun signe d’une plaisanterie quelconque. « Si tu rentres encore bourré comme ce soir, je ne t’ouvrirais pas la porte. Je déteste les gens qui boivent comme des troues et font chier leurs entourages en mettant ça sur le fait qu’ils sont saouls. » Je me redresse. « Est-ce que c’est clair ? » À lui de voir s’il est prêt à m’obéir ou non, mais c’est une condition que j’impose sans possibilités de parlementer là-dessus. Je parle déjà bien assez avec lui là, surtout qu’au fond je compter le laisser moisir seul dans son bain, mais ça n’aurais servi à rien. « Tu veux toujours que je prenne mon bain avec toi ? »

TENUE ••• Lui couper la main ? Il en a de bonne lui. « Je ne suis pas comme toi. » Je ne coupe pas des mains. Je peux frapper, me défendre, mais je ne me balade pas avec un couteau de boucher dans les poches ou dans le froc. Pour ce qui est de boire, je ne voulais pas vraiment me bourrer la gueule, ça c'est fait comme ça dans le feu de l'action. Incité par les autres, par faiblesse. Je ne m'en suis rendu compte qu'une fois saoul, donc autant dire que je ne l'ai pas capté du tout. Dakota me fout la tête sous l'eau et je la ressors en râlant. Je n'ai pas mérité ça ! « ça arrive ! Beaucoup se battent durant des soirées ! Pourquoi pas moi ? » Ce n'est pas comme si je voulais me battre non plus. Il m'a fait chier, j'ai répondu. Bref, ce n'était rien de très grave. Au final je suis quand même rentré sain et sauf à la maison. Je peux lui promettre de ne pas boire, mais que dois-je faire quand on me cherche ? Prendre les coups et attendre ? Ah, maintenant je peux boire. J'allais souffle, quand il m'asperge. Seulement avec lui. C'est le monde à l'envers, je ne sais sur quel pied danser avec Dako. « Tu déteste les ivrognes mais tu me propose de boire avec toi seulement ? Faut savoir ce que tu veux. » Il m'aurait dit de ne pas boire du tout, ça aurait été la même. « Très clair ~ » Je ne boirais plus en soirée, uniquement avec lui. J'espère m'en souvenir d'ici que je sois de nouveau sobre, sinon ça ne vaut pas le coup de s'emmerder à discuter. La question du démon me surprend... L'a-t-il seulement posé ? « Tu me demandes à moi ? Normalement tu le fais sans mon accord. » Pas que pour le bain, pour à peu près tout. « Viens. » Fis-je en attrapant un morceau de son haut, pour qu'il le retire, pour qu'il enlève tout et me rejoigne dans l'eau. Un bain, ça fait du bien.

TENUE ••• Contrairement à ce qu’il pense je ne coupe pas des mains non plus, je ne tue pas les gens, je les piège seulement pour les rendre misérables, mais je ne fais jamais preuve de violence physique, sauf lorsqu’on m’attaque personnellement, moi ou ceux qui me sont proches. Raylai devrait s’en souvenir, j’ai encore les cicatrices des balles reçues pour lui sauver la peau. « Ce n’est pas parce que des abrutis se battent que tu dois faire la même chose, tu es un mouton ? » Franchement, ce gosse m’exaspère. J’aurais en effet puis lui dire de ne plus boire, mais si c’est avec moi je pourrais le surveiller, je ne me saoule pas la gueule et je ne le laisserais pas en venir là non plus, donc tout le monde est gagnant. « Parce que je sais me contrôler et te contrôler, voilà pourquoi. » Il devrait le saisir seul à ma façon de le regarder ou de lui parler, il y a des choses qui ne changeront jamais. Tant que c’est clair tout va bien, mais je ne serais pas aussi clément la prochaine fois, si je suis ainsi c’est parce que le démon a tout de même gagné une âme à cause cet idiot de sale gosse, la preuve, je peux faire le premier pas vers lui et non attendre qu’il déprime pour aller le voir. « Réponds simplement. » Pas la peine de soulever chaque chose inhabituelle que je peux faire. Un sourire discret se dessine sur mes lèvres alors que je retire mon haut, puis le reste de mes vêtements pour entrer dans la baignoire et m’asseoir en face de lui. « Si tu n’avais pas préféré ces gens à moi, on aurait surement passé la soirée autrement. » J’aurais même pu lui faire un cadeau pour son anniversaire, mais tant pis, je vais me contente de me prélasser dans ce bain allongeant mes jambes autour de Raylai, il est fin donc j’ai la place.

TENUE ••• « C'est mignon un mouton. » Ne trouvais-je qu'à répondre pour ma seule défense. Je sais bien que Dakota est un manipulateur, un fin stratège et que si il doit faire quelque chose contre quelqu'un, ça ne sera pas de ses propres mains. C'était une façon de parler, pour dire que je n'ai pas son pouvoir ou le bras aussi long que lui. Il ne devrait pas écouter la parole d'un mec bourré, ça ne vaut rien. Et puis, quel mal y a-t-il à se battre une fois de temps en temps ? J'ai le droit de me défendre quand on me cherche. Interdiction de boire, sauf avec lui. Pourquoi ? Je ne comprends pas où il veut en venir, l'interrogeant sur cette simple condition. Ah ? Mais je ne suis pas un ivrogne pour autant ! Ok, j'ai abusé ce soir, je me suis laissé tenté par le  mouvement de masse, mais généralement je ne bois pas. Donc même si je le fais avec lui, ça sera à petite dose. « Je ne suis pas un alcoolique. » Ajoutais-je, avec une légère moue. Dako s'invite dans mon bain, me demandant la permission avant. C'est gentil, on dirait presque un enfant qui réclame un bonbon. Sauf qu'il est loin d'être mignon, ce démon. Il peut venir, y a aucune raison de le rejeter. Il n'en faut pas plus à monsieur pour se dévêtir et entrer dans l'eau, face à moi. Mes yeux ne l'ont pas lâché, l'observant dans ses mouvements. « Hm, et comment ? » Je demande, mon coude appuyé sur le rebord de la baignoire et ma tête soutenu contre ma main. « Si tu m'avais empêché de sortir ce soir, j'aurai été avec toi. » Les cadeaux, je m'en fou. Je n'ai rien demandé à Dako, mais j'avoue que passer la soirée avec lui aurait été tout autre chose. Je regrette cette invitation de mes collègues du salon de coiffure. Ses jambes de chaque côté de mon corps, je laisse l'une de mes mains remonter sur l'une d'elle et caresser son mollet d'un air distrait. « On peut toujours rattraper ça. »

TENUE ••• La question n’est pas de savoir s’il est alcoolique ou non, mais il n'a pas l’air de réalisé que c’est vraiment chiant de devoir faire face à quelqu’un de bourrer. « Tu es revenu plusieurs fois dans cet état et c’était toujours la merde pour moi. » S’il continue ainsi c’est qu’il cherche vraiment à m’énerver, en tout cas je ne supporterais pas une fois de plus. Je l’ai prévenu, maintenant s’il décide d’en faire qu’a sa tête ou non, les conséquences viendront avec. Je m’incruste dans son bain, bien que je lui aie demandé avant, c’est peut-être inhabituel, mais bon, ce n’est qu’un détail. Virant tous mes vêtements, j’entre dans ma baignoire, face à Raylai, je peux facilement allonger mes jambes avec lui, il est fin donc ce n’est pas un problème. « Tu ne le sauras jamais vu que tu n’es pas resté. » Pas la peine de poser la question, ça ne changera pas le fait qu’il est sorti avec ses « potes » et a décidé de se blinder la gueule. « T’aurais voulu que je t’en empêche ? » Après il viendra me dire que je ne lui laisse aucune liberté ou truc de ce genre, mais si j’avais su que cela se terminerait ainsi, je l’en aurais empêché c’est certain, malheureusement je ne suis pas devin, ça n’entre pas encore dans mes cordes. Complètement calé, je laisse Raylai faire mumuse avec mes jambes, je ne suis pas contre des caresses après tout, callant mes mains derrière ma tête. « Non, on ne peut pas. » Dis-je sans bouger de ma place. « Tant que tu n’as pas décuvé, ne compte pas sur moi. » Je n’ai aucune envie de jouer à ce jeu avec un mec qui n’a pas toute sa tête, ce n’est pas intéressant. « Après si tu veux essayer de me faire changer d’avis tu peux toujours tenter. » J’aborde un léger sourire, comme si je lui lance le défi de me faire craquer.

TENUE ••• à ce point-là ? J'en ai jamais conscience. En même temps, qui aurait conscience qu'il boit et qu'il est chiant dans ces moments-là ? C'est idiot, autant que la personne. Je ne peux rien dire à cela, il a certainement raison et ouvrir la bouche n'est pas une bonne idée. Je laisse passer, lui donnant totalement raison. Je devrais juste arrêter de boire, mais même si je dis ça maintenant, je risque de ne pas m'en souvenir plus tard. Je doute que Dako se répète, c'est à moi de m'en rappeler. Dakota s'incruste dans la baignoire, après m'avoir demandé. Il n'a pas à le faire, j'aurai dit oui de toute façon. Il peut faire ce qu'il veut, ce n'est pas comme si j'avais le choix de refuser. Ou l'envie de le faire. Tss, enfoiré. Je soupire en roulant des yeux, l'air faussement agacé. Très bien, très bien. Qu'il continue à être têtu. « Qui sait ? J'aurai râlé un peu mais ça me serait passé. » Comme toujours, parce que j'aime l'ouvrir et me plaindre, pour mieux me taire ensuite. Si jamais je me tais, évidement. Mes mains se font taquines, jouant avec sa jambe, un peu ailleurs. On ne peut pas ? Très bien. Je ne dis rien, continuant de glisser mes doigts sur mon mollet en pinçant mes lèvres. Il va continuer à me rejeter jusqu'à ce que je comprenne la leçon. Décuvé ? La bonne blague ! Comment pourrais-je faire pour retirer cet alcool de mon sang ? Boire de l'eau et du sel pour me faire vomir ? Une douche froide ? Je risque de le toucher et il ne sera pas content. « Tu ne vas pas encore me recaler ? » Il est bon pour ça, faut croire. Je n'attends rien de cette entrevue, surtout pas qu'il me comble d'une quelconque façon, mais il me laisse agir à ma guise... J'attrape le flacon de shampoing et me redresse sur mes genoux, m'approchant de lui en restant caler entre ses jambes. Une noisette dans la main, je pose la bouteille et viens doucement humidifier ses cheveux à l'aide de ma main libre, avant de frotter celle avec le produit pour les faire mousser. « Je veux juste passer du temps avec toi. » Soufflais-je, pendant que je masse sa tête et savonne ses mèches blondes. Rien de plus, juste être comme ça.

TENUE ••• Je ne me suis jamais rendu saoul au point de véritablement agir comme lui agit, il me faut toujours avoir les idées claires, même quand je bois je tiens assez l’alcool pour garder la maitrise et surtout être maitre de la situation. Je ne supporte pas les abrutis qui se laisser emporter et finisse par devenir un poids pour les autres, comme Raylai peut le devenir pour moi quand il fait un peu trop la fête. Lui il s’en fiche, il ne se souvient de rien, mais moi ? ça me dégoute littéralement, me foutant en rogne et au final je me mets à le détester alors que tout aurait pu être plus simple s’il n’avait pas déconné. Soupirant, installé dans le bain avec lui, je lui fais comprendre que je ne ferais rien, pas ce soir, je ne suis pas d’humeur à ce qu’on se rattrape d’une quelconque façon. « Qui sait ? » Il ne peut pas savoir sans essayer non ? Le regardant attraper le shampoing, je l’observe en silence, jusqu’à ce qu’il vienne me mouiller les cheveux pour me les mousser. Je souris discrètement à ces mots, fermant les yeux en le laissant faire, je ne vais pas le repousser s’il veut simplement agir de cette façon, je ne suis pas habitué à ce genre d’attention, personne ne m’a jamais lavé les cheveux avant lui, même petit ma mère n’avait pas ce genre d’attention envers moi, je me suis toujours débrouillé seul et je continue de le faire. Seulement je ne suis plus seul justement, parce que Raylai est toujours à mes côtés et s’il n’est pas là, c’est comme si un vide se creuser, un manque s’imposer, je ne suis pas capable de l’expliquer ou de lui dire avec des mots, je ne suis même pas capable de vraiment comprendre moi-même, mais si c’est lui, ça me va. C’est aussi simple que ça.

TENUE ••• Je ne suis pas comme Dakota qui contrôle tout, qui doit avoir les idées claires ou une main maîtresse sur la situation qui se déroule sous ses yeux, autour de lui. Ce n'est pas mon genre, comme si ce corps ou cette âme n'était pas vraiment les miens. Dakota veut toujours tout maîtriser, il sait retomber sur ses pattes et éviter le danger... Mais ce n'est pas mon cas. Je ne suis qu'un enfant qui se laisse emporté par les vagues et qui se rend compte qu'il se noie une fois qu'il boit la tasse. Heureusement j'ai réussi à garder la tête hors de l'eau, jusqu'à revenir sur le bord. ça ne change pas l'état dans lequel je suis, dans lequel je me suis mis. Et Dakota en fait les frais, comme trop souvent à son goût. à chaque fois qu'un truc ne va pas, c'est lui qui doit le supporter. Je ne réalise pas à quel point je suis un gamin chiant et envahissant pour un adulte comme lui ... Mais si c'était réellement un problème, il ne me garderait pas, non ? Il me mettrait tout simplement à la porte. à moins qu'il ait déjà essayé ... Je ne sais plus. Dako n'est pas d'humeur à faire quoi que ce soit, mais il ne me repousse pas non plus. Autant rester calme, prenant le shampoing, j'en déverse dans ma main et vient frotter délicatement ses cheveux. Je n'ai pas besoin de grand chose pour me sentir bien, c'est ce que je tente de lui faire comprendre à travers cette simple attention. Mes doigts glissent entre ses mèches, les ramenant vers l'arrière à chaque nouveau passage. Quand il y a suffisamment de mousse sur son crâne, j'attrape le jet d'eau et laisse couler un fin filet pour lui rincer les cheveux. Appuyant doucement ma paume sur son front, je lui fais pencher la tête en arrière pour ne pas que le savon coule vers ses yeux. Une fois le shampoing disparut, je le laisse redresser sa tête et arrête l'eau. « C'est mieux comme ça. » Soufflais-je, venant ébouriffer sa tignasse avec un léger rire. Peu à peu, l'alcool semble faire son chemin et s'évaporer, laissant une soudaine trace de fatigue sur sa route.