■elle n'a jamais connu son père, juste son nom ■ rina avait une relation fusionnelle avec sa mère. ■ depuis toujours, elle a une véritable addiction pour tout ce qui est sucrée et se promène toujours avec quelque chose à manger ■ c'est une grande fan de rap us et de streetart  ■ sa mère rêvait de la voit intégrer une grande école comme rps, c'est pour ça qu'elle avait décidé de s'y inscrire. ■ elle a vécu dans un foyer jusqu'à ses seize avant de demander son émancipation et de fuir avec son petit-ami. ■ elle a une peur bleue de mickey mouse. et de dingo. ■ sa saison préféré est l'hiver, elle a beaucoup trop chaud en été.  ■un jour, elle compte venger sa mère, peu importe ce que ça lui coûtera ■ rina sait dire bonjour en swalli (y'a beaucoup d'anecdotes, je fais ce que je peux quoi) ■ malgré son petit gabarie, elle mange comme cinq. ■ pour l'instant, elle est incapable de se projeter dans le futur ■ elle passe son temps à sourire ■ un peu trop fasciné par l'au-delà, elle voudrait pouvoir entrer en contacte avec sa mère. ■ passionnée d'écriture, elle a des carnets remplis chez elle.

La musique l’assourdissait, autant que les voix l’entourant. Rina cherchait des réponses qui ne lui venaient pas. Pourquoi ? Comment ? Sa vie avait été motivée par une vengeance. Une vengeance juste et méritée, comme elle se l’était toujours assurée. Jamais ses aspirations n’avaient frôlé une ampleur démesurée. Fille de l’ombre, fille oubliée, une part d’ombre de cette société qui oublie ses enfants n’ayant jamais eu la chance de tomber dans la richesse, ou juste dans un milieu de vie qu’on qualifie de « moyen ». Sa naissance était une erreur de jeunesse. Une mère célibataire, pas de père. Des railleries, des regards de travers, elle qui évoluait dans une société où le modèle familial est encore ecrée. Des parents mariés avec un père qui travail, de préférence dans des bureaux. Jeune et insouciante, elle ne voyait pas les difficultés de sa mère, la situation étrange dans laquelle elles se trouvaient. Un appartement de bonne dans une maison trop grande, des domestiques que la petite prenait pour sa famille, un autre enfant un peu plus âgé qu’elle à qui elle aimait voler des jouets et poursuivre pour qu’il accepte de s’amuser avec elle.

Une voix l’appelait, mais c’était comme si elle ne l’entendait pas. Elle avait perdu toute notion de la réalité, revoyait ces valises être refermées, voyait sa mère lui prendre la main et quitter leur gigantesque maison pour une bien plus petite à Tokyo. Une seule chambre pour elles deux. Plus de chien, plus d’ami, plus de domestique autour d’elle. Une vie en solitaire. Sa mère ne souriait plus vraiment, passant ses journées à chercher un emploi, à « sortir la tête de l’eau ». Elle parlait peu de tout cela, sa fille n’avait que neuf ans, elle ne pouvait pas encore comprendre. Elle n’avait pas à comprendre de toute manière. Tout comme elle ne comprit pas, ce jour-là, quand elle vit sa mère écroulée sur cette chaise qu’elle occupait la plupart du temps, remplissant des papiers, préparant des lettres de motivation. Un hurlement, des pleurs, elle la secoua, tenta de la réveiller comme elle pouvait mais rien, absolument aucune réaction. Une voisine, alertée par les cris, la retrouva, fit le nécessaire pour la mettre en sécurité chez elle après avoir appelé les secours. On la traîna pendant quelques jours, on chercha une solution. Ses grands-parents refusèrent de la prendre en charge, ils étaient sa seule famille. Son père, aucune nouvelle, aucune réponse. Il ne l’avait jamais reconnu.

A neuf ans, on retrouvait difficilement une famille. Des familles d’accueil, au mieux, qu’elle ne parvint jamais à supporter. Trop classique, trop stricte, elle retourna rapidement d’où elle venait jusqu’à finalement le rencontrer. Elle avait quinze ans, des années de galère derrière elle, plus habituée à la présence d’adolescent en crise que d’adolescent indépendant, qui avait déjà son propre argent, sa propre liberté. Takayuki était le stéréotype du type populaire du lycée. En dernière année, grand et beau, rebelle mais juste. Révolutionnaire, qui réfutait les règles et défendaient les plus faibles. Depuis des années, elle sentait à nouveau un peu de vie l’animer. Il lui montrait ce que c’était de vivre, de ne pas simplement s’apitoyer sur son triste sort. Takayuki était différent, il était unique. Pour la première fois, elle tombait amoureuse de celui qu’elle voyait comme un héros. Un an plus tard, elle accédait à une certaine émancipation et partait vivre près de lui, découvrant un quotidien plus sombre que ce qu’elle avait pu imaginer.

Une idiote, voilà ce qu’elle avait été. Essuyant un verre, la Rina de 2018 repensait à cette époque en s’insultant mentalement, en insultant la gamine stupide qu’elle avait pu être il y a quelques années. Son côté justicier était trop marqué. Un réseau de tueur à gage, rien de bien inquiétant. Il l’avait assuré, de son sourire fier. De son sourire un peu trop fier. Elle revoyait plutôt bien sa réaction au début. Son excitation de gamine, puis l’inquiétude qui grimpait. Jusqu’à ce jour. De nouveaux cris. Une personne qu’elle ne connaissait pas. Une dispute. Il allait tuer Takayuki ! Un geste malheureux, elle avait agi sans réfléchir, utilisant l’arme posé près d’elle. Le corps tomba au sol. Et aussi simplement que ça, elle réalisa. Rina prit conscience qu’ôter la vie de quelqu’un était terriblement simple. Un coup de feu, quelques secondes, pas plus. Et c’en était terminé.

Dans son esprit, elle repensa à sa mère. Ishida Nanami, morte d’épuisement, morte de tristesse, morte de n’avoir pu gérer une vie qu’elle n’avait pas choisi, laissé à l’abandon avec sa fille de neuf ans. Pourquoi ? Pour les désirs d’un homme cruel, abjecte, qui pensait qu’élever son fils comme un enfant était un tort. Une montée d’adrénaline et de haine, elle écoutait à peine Takayuki. La police allait arriver, il allait se dénoncer. Inutile de fuir, on les retrouverait de toute façon, ils étaient déjà dans l’immeuble, quelqu’un les avait appelés, alerté par les cris, sans doute. Et comme promis, il avoua le crime, on les emmena, elle pour l’interroger. Elle fit mine de ne pas avoir compris ce qui s’était passé, expliquant que cet homme avait voulu le tuer. Mais bien vite, on remonta sur les autres meurtres de son petit-ami. La condamnation tomba, la peine de mort. Sur internet, Rina avait pu lire qu’il avait fait appel de cette décision une nouvelle fois, qu’on allait lui octroyer un nouveau procès.

Libre, une fois lavée de tout soupçon, elle décida de reprendre sa vie en main, s’inscrivant à la Royal Private School. Doucement, l’idée d’éliminer celui qui avait détruit sa vie devenait plus forte. Et pour cela, elle devait pouvoir l’approcher. Hashimoto Yuto, un bel homme, elle n’aurait pas parié sur une si belle évolution. Il ne devait plus la connaître, à force, les hommes comme lui oubliait vite. Elle monta son plan, se trouva une nouvelle identité. Tanaka Ayumu, ordinaire, banale. Elle trouva les archives, la mort de sa mère à lui, l’attendait au cimetière le jour-J, espérant le voir arriver. Quelques mots échangés, et petit à petit, elle parvint à pénétrer dans cette maison, à s’y faire une petite place, à analyser les lieux, à planifier la mort de ce monstre. Le monstre en question prit les devants, l’amenant jusqu’à la case prison pour un meurtre qu’elle n’avait pas commis. Son innocence fut prouvée deux mois plus tard, mais elle avait manqué sa chance. Il était déjà mort. Quelqu’un lui avait ôté ce plaisir.

Probablement que ce séjour l’aida à lui ramener les pieds sur terre. Elle retenta de nouvelles études, elle retrouva finalement celui qui ne devait être qu’un portier. Yuto, un souvenir d’enfance, probablement plus que ça. Sans doute que ces quelques semaines qu’elle avait pu vivre chez lui, avec lui et Meow Zedong furent les plus heureuses de toute sa vie. Insouciante, douce, tendre. Ce qu’elle n’avait jamais connu. Des rires, des petites histoires, quelques baisers. Beaucoup d’amour ? Rina ne lui avait sans doute jamais dit clairement mais oui, elle l’aimait. Qu’est-ce qu’elle l’aimait !

Son regard était un peu vague, brouillé par des larmes qu’elle ne contrôlait pas. Sa collègue lui secoua le bras. Des clients attendaient. Yuto avait disparu, depuis quelques mois déjà. Sans laisser de trace, sans lui dire où il allait, sans répondre lorsqu’elle l’appelait. Elle avait dû quitter la maison, ne souhaitant de toute façon pas y rester. Une maison partagée avec une dizaine de personne, son chat près d’elle, qu’elle surveillait en permanence. On les avait abandonnés, une fois encore. On l’avait abandonné elle, surtout et la réalité la blessait, lui faisait tourner la tête. Elle était seule, comme elle l’avait toujours été.