reon & nai

En avant il faut foncer droit au but. Deux mi-temps et quatre-vingt dix minutes. C'est assez pour rassembler nos espoirs et pour forcer la victoire la victoire. Quand on a le ballon au bout du pied. Quand on a trouvé le bon équipier. Une passe un crochet et on a marqué.

TENUE ••• Ma journée de cours venait de se terminer, comme chaque jour depuis quelques semaines, mes élèves ne m'embêtent plus autant qu'avant. Il a fallut que je fasse preuve d'acharnement et user de ma voix, pour qu'ils m'écoutent enfin. Je ne suis pas là pour les décourager ou les regarder m'humilier, mais bien pour leur apprendre à jouer et leur permettre de le faire à grande échelle. Après mon discours sur l'importance d'un professeur, aucun d'eux n'a essayé de recommencer à me pourrir mes cours ou ma journée. Aujourd'hui tout allait bien, il n'y a pas eu de dispute entre étudiant, aucune chamaillerie idiote sur le terrain. Au contraire le match amical entre les deux équipes de la même classe s'est très bien déroulé. Quand ils sont tous parti, je me suis retrouvé seul sur le terrain de foot, assis sur le ballon. Mon portable à la main, je réponds à quelques messages ou commentaires sur instagram, avant de laisser pendre mes bras dans le vide, mes coudes appuyés sur mes genoux. Peu à peu, le soleil commence à décliner, teintant le ciel d'une couleur orangé. C'est très joli, mais je suis seulement d'humeur à l'admirer de ma place. Jusqu'à quand vais-je garder cette place d'enseignant ? Tôt ou tard, ma maladie prendra le dessus et je devrais laisser ma place à un autre. Que je le veuille ou non, ça sera comme ça. Cette pensée m'arrache un soupir, tandis que je laisse ma tête tomber mollement, le cou tendu et le dos courbé vers l'avant.

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TENUE ••• Ce voyage d’été fut assez amusant, même si je sais que cela n’a pas du tout réjoui Gareki, je crois même qu’il a eu envie de me tuer à plusieurs reprises et peut-être même que cela est encore le cas ! Sauf que je ne suis pas quelqu’un qui se prends la tête, c’est plus simple quand on voit les choses avec légèreté et clairvoyance. Bien entendu, j’ai énormément souffert et je souffre encore, paraître si décontracté, souriant, enjoué, ne fait que masquer mes blessures et le manque, parce que je ne laisserais pas cette peine changer mon humeur face aux autres, je suis bien plus « pudique » sur les choses sérieuses qu’on ne pourrait le croire. Après une journée de cours habituel, un match d’entrainement qui s’est parfaitement déroulé, je suis allé me doucher dans les vestiaires et me changer. En sortant je remarque une présence sur le terrain et me rapproche naturellement de lui, un sourire sur les lèvres. « Qu’est-ce qui t’arrive ? » dis-je en me laissant tomber sur l’herbe à côté de lui. « Le soleil va bientôt se coucher, tu ne rentres pas ? »

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TENUE ••• Ce n'est pas évident d'être professeur de sport avec une telle maladie, ça ne le serait pas non plus en étant professeur d'une autre matière ou en étant dans un autre métier. Je sais à quoi m'attendre de mon avenir et parfois, ça me fait peur. J'ai beau songer à profiter, à vivre pleinement ma jeunesse, dès que je pense au futur, je suis terrorisé. Ma santé va se détériorer avec le temps, je vais devenir de plus en plus faible, jusqu'à être dépendant de quelqu'un. J'ai le temps, je ne devrais pas me miner le moral maintenant, mais c'est plus fort que moi ... Je suis un esprit faible et vulnérable. Le fil de ma pensée s'arrête subitement au son de cette voix, relevant ma tête pour observer le jeune homme assis à côté de moi dans l'herbe. Nai. « Je réfléchi. » Répondis-je simplement, lui offrant un sourire. « Qu'est-ce que je ferais chez moi ? » ça sera ennuyeux, de toute évidence. à moins d'embêter Sasuke, mais je le fais bien assez. « Et toi ? Tu allais rentrer ? » Autant discuter avec lui, c'est milles fois mieux que prendre le chemin de retour chez soi. « Tu vas bien ? » Ma question englobe à peu près tout, si ça va avec les cours, les entraînements, sa vie privée, etc. Juste une question générale pour savoir où il en est dans la vie.

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TENUE ••• Reon est un professeur, un jeune professeur qui a mon âge, donc forcément on a lié une relation amicale depuis le temps et je n’ai aucune hésitation à aller le voir pour lui parler normalement, l’interroger comme j’interrogerais n’importe quel ami. M’installant à côté de lui, je hausse les épaules avec un sourire. « Qu’est-ce que tu fais ici. » Je ne sais pas ce qu’il pourrait faire chez lui, mais c’est pareil sur ce terrain non ? À part admirer l’herbe ou le soleil se coucher. « Mais c’est vrai que pour réfléchir c’est un bon endroit. » J’ai souvent fait comme lui après la mort de Moe ou quand je vivais des moments difficiles, je ne voulais impliquer personne alors je me suis toujours débrouillé seul en cachant ma peine derrière des sourires et une joie de vivre qui n’était qu’un masque voulant dissimuler mon cœur brisé. « C’était mon intention, mon chien doit m’attendre. » Dis-je sur un ton amusé, même si je suis sérieux, Teddy passe déjà la journée sans moi, donc je profite le soir pour rester avec lui, surtout quand je le vois me sauter dessus et m’accueillir à mon retour. « Ça va, comme d’habitude et toi ? » Retournais-je sa question, s’il réfléchit c’est peut-être qu’il a des soucis et s’il veut en parler je suis là.

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TENUE ••• Qu'est-ce que je fais ici. Bonne question. Ici ou là-bas, c'est pareil pour moi. Mon appartement est petit, chaleureux, mais vide. Je pourrais retourner chez mes parents pour avoir une présence, ou demander à Sasuke de venir, d'aller chez lui. Pourtant je reste là, sur le terrain. Nai comprend plutôt rapidement. Ici, je peux réfléchir sans être déranger. Enfin, façon de parler. ça me fait plaisir qu'il soit là à côté de moi. Quant à lui, je me demande ce qu'il fait encore ici. Il pourrait rentrer, tout comme moi. Son chien ? Je souris, trouvant cela adorable. Je n'ai pas d'animaux chez moi pour m'attendre ou m'accueillir, mais je devrais y songer. « Ton chien a de la chance. » D'avoir un maître comme lui, qui s'occupe bien de son compagnon. En dehors de ça, je le questionne sur sa journée. « ça va. » Je ne sais pas trop si c'est vrai ou non. « à dire vrai, je ne sais pas trop où j'en suis. » Avouais-je, lâchant un soupir. « Je me demande simplement ce que je pourrais faire quand je ne serais plus en mesure d'enseigner le sport. » Et pour tout le reste aussi. Quand je serais infirme, quand mon corps va lâcher. J'évite de m'interroger, parce que ce n'est pas pour demain, mais ... Un jour ou l'autre, ça va empirer et j'ai peur. Peur de voir la différence entre aujourd'hui et demain, entre mon corps saint et mon corps malade.

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TENUE ••• J’aime énormément Teddy, c’est un animal fidèle qui m’a donné une présence dans cette maison vide et calme. Avant quand je rentrais chez moi je ne pouvais pas m’empêcher de sentir la solitude, c’était ma maison et celle de Moe, mais elle est morte avant d’en profiter vraiment, puis je me suis rapproché de Gareki et j’ai trouvé un ami sur qui compter et un compagnon pour égayer mes journées. Avec ces deux-là j’ai trouvé un nouvel équilibre, je ne pleure plus quand je suis seul, même si c’est parfois difficile, mais je dois vivre avec cette réalité et accepter que Moe ne revienne jamais. Teddy apporte de la vie là où je ressentais la mort. « C’est moi qui en ai. » Dis-je avec un nouveau sourire sincère, je suis plutôt expressif et quelqu’un de gentil, qui est aussi une bonne écoute et c’est pour cela que je reste ici, pensant que peut-être Reon voudrait parler de ce qui semble le tracasser en silence. « On passe tous par là. » Le fait de ne pas savoir où nous en sommes, c’est une question existentielle en quelque sorte qui revient quand on doit gérer des choses importantes, des situations compliquées. « Pourquoi tu te poses ce genre de question ? Je ne sais pas vraiment ce qui t’inquiète, mais pour l’instant tu en es capable non ? » Je le regarde toujours avec cette esquisse sincère et amicale. « Demain est un autre jour, j’ai appris à mes dépends qu’il fallait avancer pas à pas. On ne sait pas ce qui peut arriver après tout. » Je suis bien placé pour parler de ce sujet. Les yeux levés au ciel, ma vie a été chamboulé par un jour comme aujourd’hui, si on pense être maitre de son destin c’est une erreur.

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TENUE ••• Je ne sais plus où j'en suis. Que ce soit avec Sasuke, dans mon métier, ou avec ma maladie. Je suis perdu sur l'avenir, sur ce qu'il me réserve. Et j'ai peur, très peur. Je ne sais à qui en parler de cette crainte de voir ma santé se détériorer et de tout perdre. C'est difficile de tout garder pour soi et d'espérer, surtout quand il n'y a pas d'échappatoire possible. La fin est la même pour tous ceux de mon genre, contaminé. Pour l'instant ? Oui, c'est sûr, je peux encore exercer et jouer. Ce n'est pas aujourd'hui qui m'inquiète, c'est plutôt demain. Comment pourrait-il comprendre sans savoir la vérité ? Parce que, en dehors de ma famille et de Sasuke, personne ne le sait. Nai n'est pas prise de tête, j'ignore si il est ainsi dans son quotidien, mais ça ne doit pas être toujours simple. « Je n'aurai peut-être pas le temps d'avancer pas à pas, justement. » Pour moi, c'est une question de temps. Un rien peut faire pencher la balance. Le docteur m'a assuré que pour l'instant c'était stable, mais que je n'étais pas à l'abri pour autant. « Je sais déjà ce qu'il va m'arriver. Le médecin m'a plus ou moins expliquer. » Dévoilais-je, les yeux toujours rivés vers le ciel. J'inspire, prenant le temps de mieux formuler ma phrase. « Je ne pourrais pas garder ce poste dès l'instant où ma maladie m'empêchera de marcher ou de courir, ou même de faire des gestes cohérents. » Ramenant mon regard sur lui, je souris doucement. « Tu ne voudrais pas devenir professeur ? ça me rassurerait de te savoir à ma place. » Plaisantais-je, même si dans un sens, c'est la vérité.

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TENUE ••• Je ne suis pas devin, je n’ai aucune idée de ce dont souffre Reon ni même de ce qui le tracasse autant. Pourtant, à l’écoute il y a bien un truc qui ne va pas et qui le tourmente. Rien que de l’entendre dire qu’il ne peut avancer pas à pas annonce la couleur. Tout comme lorsqu’il parle de médecin en réalité, je déteste les hôpitaux, mais le fait qu’il soit si mystérieux et qu’il parle comme s’il était condamné ne me plaît pas. « Quelle maladie ? » Je préfère demander plutôt que de tourner autour du pot, s’il veut m’en parler je l’écouterais, s’il préfère garder le secret alors je ne lui en tiendrais pas rigueur. Depuis la mort de Moe je ne supporte pas ce genre de sujet sérieux, j’ai dû apprendre à vivre sans elle de manière si brutale, elle a eu un accident et est partie si vite, mais mourir de maladie est tout aussi cruel, ça ne fait que faire souffrir les proches qui n’abandonnent jamais, sauf que de mon côté je n’ai pas eu d’autres choix que d’abandonner celle que j’aimais, je n’ai rien pu faire pour elle, mais elle, elle a pu sauver des vies et c’est pourquoi je suis capable de tenir debout aujourd’hui. « Non merci, j’aime beaucoup entrainer les petits, mais avec les adultes je préfères jouer ! » J’ai besoin d’être sur le terrain, je ne peux pas me retrouver sur la touche, pour moi ce serait comme être condamné. Je revis sur la pelouse, je m’évade et j’en ai vraiment besoin.

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TENUE ••• C'est toujours aussi compliqué de parler de ma maladie. je ne peux pas juste dire aux gens que j'ai ça ou ça, comme si ce n'était rien. En vérité, j'ai peur que l'on me considère comme un paria, une sorte de parasite contagieux ou que l'on me rejette sous prétexte que je suis séropositif. La société est si peu habitué à traîter ce genre de chose. Alors quand Nai me pose clairement la question sur ma maladie, je prends quelques secondes, voire une bonne minute, avant de répondre. « Je suis séropositif. » Je pense que c'est le mieux à dire, sans entrer dans des gros détails ennuyeux. Ce n'est pas encore le sida, mais malheureusement je ne peux pas guérir pour autant. Un jour, ça évoluera, ça changera et là, je pourrais dire que j'ai vraiment ce truc immonde. Pourtant, que je sois touché ou non, ce n'est pas une raison pour abandonner et lâcher prise. J'ai voulu le faire trop de fois, avant de trouver les bonnes personnes pour me soutenir. Quant au poste de professeur, je plaisantais. Je me doute que Nai préfère jouer, se sentir libre et ne pas être là pour regarder. « Je comprends, et c'est un but louable. » Franchement, je suis fier de mes élèves. Si ils pouvaient tous être comme lui, je m'embêterai moins à leur courir après. « Tu penses aller jusqu'à où dans ce domaine ? Joueur professionnel dans l'équipe nationale du Japon ? » Il y a des bonnes équipes dans notre pays, mais jouer la coupe du monde face à tant d'autres pointures, ça doit être le rêve, l'éclate.

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TENUE ••• Je ne suis pas un garçon qui hésite à poser les questions ni à tourner autour du pot, je suis quelqu’un de simple et de direct, je n’ai pas de filtre et j’aime assez quand les autres sont pareils avec moi. C’est aussi pour ça que je m’entends avec les gens et puis je ne montre pas mes faiblesses, quand je suis triste je souris, quand j’ai mal, je continue de courir, c’est une façon pour moi de rester fort et toujours d’aller de l’avant, même quand c’est difficile ou que je dois faire face à des évènements qui pourraient me clouer au sol. Apprendre que mon ami et professeur est séropositif ne m’enchante pas, pas parce que je vais le craindre ou des conneries du genre, ce n’est pas mon genre de juger les gens, juste que pour lui ce ne doit pas être facile tous les jours et pourtant il ne le montre pas. Récemment il y a eu cette histoire comme quoi il était gay et il ne l’a pas démenti, au contraire, je pense qu’il a bien fait d’accepter de mettre un terme aux rumeurs en étant honnête, mais pour sa maladie c’est différent. « Ça fait longtemps ? » Je le regarde en attendant sa réponse, puis reprends. « Tu es fort, je suis sûr que ça va aller. » Je lui souris en l’encourageant dans cette épreuve, je suis certain qu’il la combattra jusqu’au bout sans capituler. « Qui sait ? Si je peux être dans l’équipe du Japon ce serait déjà une bonne chose non ? » Je ris, mais je me donne les moyens pour arriver à grimper, j’aime le foot et au fond j’ai l’impression de ne savoir faire que ça, alors autant que je continue sur cette voie et que je regarde où elle me mène.

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TENUE ••• Être gay et être malade sont deux choses différentes, j'ai pu avouer pour mon orientation et me défaire de ces stupides rumeurs, mais pour ce qui est de parler de ma maladie ... C'est autre chose. Je ne peux pas dévoiler à l'école, à mes élèves ou à mon entourage que je suis séropositif. Je le fais avec Nai parce que j'ai confiance et que je sais qu'il n'ira pas répéter, ni se moquer ou me considérer comme une sorte de virus sur patte. ça fait du bien de discuter avec des gens de confiance comme lui, je me sens soulager de vider mon sac. « ça doit faire quatre ans déjà. » Que cela est arrivé et que je suis au courant. Fort ? Pour le moment, oui. Tant que mon corps ne montre aucun signe de faiblesse, tout va bien, mais je ne suis pas sûr d'en mener large dès le moment où ça va empirer. « Je veux bien le croire. » Et j'aimerai vraiment le croire jusqu'au bout. Douter est affreux, avoir peur de soi-même est terrible. « C'est sûrement la meilleure place ? Tu pourrais jouer contre la France, le Brésil, contre tous les pays du monde. » Et ça, ça serait fabuleux. Un rêve ! Je l'encourage vivement à persévérer et à tenter sa chance. « En plus de vivre de ta passion, tu pourrais te faire une belle cagnotte. » Plaisantais-je, faisant le geste de l'argent en frottant mes doigts. Concilier travail, plaisir et argent, c'est la belle vie non ? C'est ce que je fais tous les jours, même si je ne gagne pas des millions et que les débuts ont été difficile pour moi. « Je vais ranger le ballon. » Dis-je, comme pour l'inviter à me suivre.

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TENUE ••• Je n’ai rien contre les gays, je pense que chacun a le droit de mener sa propre vie et d’aimer qui il veut, à mes yeux l’amour n’a pas de sexe. Il n’y a pas de féminin, pas masculin, juste des sentiments. Je n’ai aimé qu’une personne durant toute ma vie actuelle, jusqu’à maintenant Moe a été la seule et je sais qu’une part d’elle me suivra éternellement, mais tomber amoureux ne se commande pas… Je pourrais aimer une fille, un homme, je ne peux lire l’avenir, je ne peux me projeter, mais c’est ainsi que les choses devraient être et que les gens devraient voir les relations humaines, malheureusement ils sont fermés et aveugle au bonheur des autres, préférant les préjuger et les normes, ne sachant pas comment évoluer. Quant à sa maladie je ne le savais pas et je l’interroge pour avoir plus de détails. Quatre ans… Moe était encore en vie à l’époque. « Même quand ce ne sera pas facile tu devras t’accrocher. » Ajoutais-je en levant le poing pour l’encourager. « Tu ne dois jamais abandonner ok ? » Je ne suis pas à sa place, mais je l’apprécie beaucoup et je ne veux pas qu’il laisse cette maladie lui gâcher la vie. Quant au futur je vise haut. « C’est ça ! Je partirais à la conquête du monde. » Riais-je en levant les bras en l’air. L’argent j’en ai assez pour vivre actuellement, mais aux vues d’une carrière sportive je pourrais en effet gagner ma vie aisément et vivre avec plus qu’il ne m’en faudra. Étant plutôt quelqu’un avec des gouts modestes je ne suis pas là à faire des achats en permanence ou des folies. « La belle vie quoi~ » Je souris en lui faisant un petit jeu de sourcil amusé. Me relevant pour l’accompagner ranger le ballon. « Tu aurais surement pu faire carrière toi aussi, tu as abandonné à cause de ta maladie ? » Demandais-je en le suivant.

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TENUE ••• Être gay et séropositif n'est pas toujours facile dans cette société où nous vivons. Il y a trop de préjugé, d'esprit fermé et de mauvaise langue. Je ne sais pas toujours comment réagir avec les gens, et ceux-ci ne sont pas courant pour ma maladie. La plus part ont apprit pour mon orientation sexuelle, mais je m'en contre fiche aujourd'hui. J'ai réussi à passer au-dessus de ça, comme un énorme pas en avant. Je suis bien dans ma peau depuis que j'ai su avancer sans regarder derrière moi. J'aime continuer ainsi, ne plus avoir peur de moi-même ou des autres, ne jamais cesser de progresser. M'accrocher, c'est déjà ce que je fais tous les jours, depuis ma naissance. « Je le sais. Je le fais déjà depuis si longtemps. » Sauf que là, j'ai un poids énorme sur les épaules et que je ne dois pas céder à celui-ci. Abandonner ? Je ne peux pas. Je lui souris, levant aussi mon poing. « Jamais. » Je suis prêt à tout pour m'en sortir, pour vivre. Nai est ambitieux, mais si il croit en lui-même, il parviendra à tout. « Je sais que tu vas y arriver. » Dis-je, souriant à son geste enthousiaste. Une carrière dans ce domaine ouvre tellement de porte, ça n'amène pas seulement de l'argent ou de la popularité. Puis, je me doute que Nai fait ça pour son plaisir, parce qu'il est passionné par le foot. Le reste, c'est secondaire, c'est matériel ou superficiel. Approuvant ses paroles, je souris en hochant ma tête. Quittant mon siège improvisé, je ramasse le ballon dans l'intention de le ranger et de quitter le terrain. Il serait temps, il se fait tard. Moi ? « Non, j'ai abandonné parce que j'avais peur. » Une peur généralisée, des autres, du succès, des flashs, des attentes, de moi-même. Ma peur m'a freiné et dissuadé, mais je ne regrette pas ce chemin que j'ai pris. « Je ne suis pas déçu d'être professeur, je peux apprendre à mes élèves à contrôler cette peur contre laquelle je n'ai pas su me battre plus jeune. » C'est mon ambition à moi, tout comme lui vise l'équipe nationale.

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TENUE ••• Je me doute bien que Reon doit se battre que ce soit en silence ou avec ses proches, il doit juste continuer de le faire et ne pas abandonner. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, que ce soit positif ou non, autant avancer autant qu’on le peu en faisant abstraction de la peur. « Merci. » Pour ses encouragements, le fait qu’il me dise que je vais y arriver me donne encore plus d’espoir dans mon projet, je veux viser haut, par passion avant tout, tant que mon corps est capable de suivre le rythme et que mon esprit aussi reste focalisé sur mon rêve, rien ne devrait pouvoir me freiner dans ce chemin loin d’être facile, mais qui me rend fier et dans lequel je trouve de l’excitation au quotidien. Je l’interroge pendant qu’on quitte le terrain allant ranger le ballon, voulant savoir pourquoi il n’a pas tenté l’expérience alors qu’il est doué. Peur ? J’imagine que face à ça on ne peut rien faire, si la crainte domine alors c’est compliqué de faire un pas en avant, je trouve que c’est dommage, mais comme il le dit il a pu apprendre sa passion à d’autres en étant enseignant et il le fait ensemble, c’est noble et enrichissant. « Tu es un bon prof, au moins tu es resté dans le domaine du sport. » Il aurait pu tout abandonner, mais il a trouvé sa place et c’est une bonne chose, certain mette des années pour savoir quoi faire ou ne trouve jamais l’endroit qui leur est destiné. Je souris en l’accompagnant vers la sortie, il est temps de nous séparer. « Je vais rentrer, prends soin de toi. » Dis-je toujours avec une expression amicale, on se verra plus tard de toute façon et je suis content qu’il m’ait parlé de sa maladie, je pourrais être un soutien aussi. En tant qu’amis.