Peut-être que c’était le fait de ne pas avoir dormi ? Je ne savais pas trop, mais tout à coup je pétais la forme. Si au départ je frôlais limite le coma et surtout l’inconscience avec tout ce que j’avais bu, le fait d’avoir parlé du ce fameux prof que je devais relooker bizarrement ma motivation était à son comble. Il m’en fallait peu n’est-ce pas ? Mais ça m’intriguait de savoir comment il était et je n’arrêtais pas d’y penser tout le long de ma longue matinée. J’avais même l’impression que le temps passait lentement, mais finalement l’heure de la pause était arrivée. Enfin pour moi, mais peut-être que lui avait cours entre midi et deux. Mais j’en doutais, il fallait bien avoir une pause. Soupirant, j’allais dans la salle des professeurs de sa section avant de jeter un regard dedans. Est-ce que j’allais le trouver. Bien sûr que je le trouvais et même rapidement. Je comprenais mieux le fameux pari. Comment on pouvait s’habiller de la sorte sérieusement ? Il devrait aller draguer l’autre folle là. Comment elle s’appelait déjà celle qui se faisait deux couettes et s’habillait de façon aussi bizarre que lui. Rei. Je crois. Oui voilà. Peut-être que je devrais les présenter, à moins qu’ils ne se connaissent déjà ? Ça ne m’étonnerait même pas tiens. Haussant un sourcil, je manquais de m’étouffer de rire à cette idée avant de reprendre mon sérieux. Je n’étais pas là pour me foutre de lui, mais pour arranger la chose. Oui on pouvait dire ça comme ça. M’avançant, je me présentais et lui tendis la main pour le voir… Oui, tomber par terre. Je croyais qu’on ne voyait ça que dans les films et séries. Mais faut croire qu’en vrai aussi ça existe, ce genre de personne qui tombe quand on leur parle. Très bizarre. Baissant un peu plus ma main, comme pour l’inciter à s’aider de celle-ci pour se relever, c’est ce qu’il fit sur le coup. Souriant faiblement, je baissais rapidement mon regard sur son corps pour l’observer entièrement. « M…merci…. Sun….Cho-Yun…. Pr…pro…fes..seur d’as…t..ttronomie et…biooo…lo..gie !!!! » Oula… En plus d’un souci de fringue, il avait la maladie de bègue ? Il bégayait comme pas permis… Déglutissant longuement, j’essayais de garder mon sérieux. Ça serait con que j’éclate de rire devant sa face quand même… Et puis c’était surtout mal poli et je n’étais pas non plus ce genre de personne à la base. Sun Cho-Yun donc. Bon, je n’oublierai pas ce prénom. « B..oi…re un…verre en… ma … c…om…pagnie n’est… pas… un coup monté hein ?...... V…ous… êtes… ss…sure que … c’est… avec… moir que… vous voulez…. Y… aller ?.... Pas… un… autre… enseignant ? » Un coup monté ? Bien sûr que non. Enfin, si… Mais ce n’était pas à mal. Au contraire c’était même pour l’aider à s’améliorer alors est-ce qu’on pouvait clairement dire que c’était un coup monté ? Non, pas du tout. Et puis je n’allais pas non plus lui dire que je l’avais accosté sous un pari à la con. « Un coup monté ? Absolument pas. Pourquoi ? D’autres l’ont déjà fait ? »[/color] Demandai-je en regardant autour de nous. Une des professeurs présente nous regardait avant de tourner le regard. Il avait des amis ce mec au moins ? Ou même pas ? « On s’ennuie coin mode, alors je suis venu à la découverte des autres professeurs et c’est sur vous que mon regard c’est porté. Si j’accoste la femme là-bas, elle va vouloir me sauter dessus et finir la soirée au lit. Avec vous je ne crains rien. N’est-ce pas ? À moins que vous soyez gay. » Dis-je en hochant la tête de façon positive. « Enfin, j’ai rien contre les gays, j’ai pleins d’amis gay, mais ce soir avec vous je ne crains rien. Sauf de finir bourré. Et puis j’ai trop de femme dans ma vie. Un peu de testostérone ne me fera pas de mal. Des amis du même sexe, c’est bien aussi. » Dis-je en lui tapant l’épaule de façon amicale. De toute façon, je finissais toujours bourré alors. Ça n’allait pas changer grand-chose. « Vous finissez à quelle heure ce soir ? Je passerai vous prendre si vous êtes d’accord. » Oui, parce que s’il ne voulait pas je n’allais pas le forcer non plus. J’étais pas un tyran.

Faire des paris et tout ça, c’était un quotidien pour moi. J’aimais bien les défis. C’était amusant, et surtout divertissant. J’étais de nature hyperactif, j’aimais clairement sortir, et ne pas rester chez moi à glander. Rare était ce genre de moment. En même temps s’ennuyer c’était tout de même… Ennuyant quoi. Et c’est bien pour ça que j’avais accepté ce petit défi, même si je me demandais si j’allais réussir vraiment ou pas. Quand je voyais ce prof, c’était à se demander tout de même. Mais j’avais confiance en moi. « A..ah Oook ! » Si seulement il pouvait déjà faire l’effort de ne pas bégayer autant, ça serait déjà une bonne chose. C’était un truc de naissance ? Il était peut-être bègue, ça ne se soignait pas complètement, mais ça pouvait s’arranger avec de l’effort et de la volonté. « AAAAAAAAAAAAAAAAH !! NO NO NO NO NO NO NO NO NO NO !! J…Je.. SUIS HETERO !! » Manquant de sursauter, je le regardais comme s’il était fou. Pourquoi il avait crié ? Il aurait pu le dire normalement. Pas besoin d’alerter toute l’université, sur sa sexualité. Enfin, il n’était pas gay, ça maintenant, tout le monde le savait. Enfin, dans tous les cas, même sans le connaitre, il n’avait pas une gueule de gay. Même s’il était plutôt androgyne comme type. Mais ça, ce n’était pas le seul. La moitié des asiatiques l’étaient. « No souci, mais je crois que tout le monde est au courant maintenant. » Dis-je en riant faiblement. Pas pour me foutre de lui, bien au contraire. C’était pour détendre un peu l’atmosphère, il était bien trop coincé, bien trop timide. Enfin, je n’arrivais pas trop à déterminer son réel problème, si c’était de la timidité, ou un manque de confiance. Je ne savais pas trop mais pour agir de la sorte, il y avait surement un problème, non ? « J….Je… fi…nis… a… 19 h… C’est… tr…trop ta..tard ? Et… On… bo…ira…qu’..un ve..verr..verre ? » Soupirant faiblement, je tapotais son épaule en lui souriant franchement. « Non ce n’est pas trop tard. Et on boira… Ce qu’on boira. Vous ne tenez pas l’alcool ? » Demandais-je alors curieux. C’était peut-être le cas. Enfin, ce n’était pas un souci, pas besoin d’alcool pour bavarder, même si l’alcool pouvait très bien rapprocher les gens. Ce n’était pas nouveau ça. « Et mais regardez-ça… Notre ami Tarlouze va sortir ! Hé Si Hyun pourquoi lui ? Je suis de meilleure compagnie que lui et puis.. Nous pourrions y aller tous ensemble que pensez-vous Sakurai San et Oshio san ? » Tournant un regard vers les autres professeurs, je les regardais de haut en bas avant de froncer un peu plus les sourcils. C’était quoi ces professeurs ? Il est clair qu’avec ce genre de personne je ne pourrais jamais bosser ou même sortir. Et puis quoi encore. « J… Je… va…vais…y..aller… » N’ayant pas le temps de dire quoi que ce soit, il ramassa ses affaires de son bureau pour tomber le tout par terre. Si les autres se mirent à rire, ce ne fut pas mon cas. Et bien avant que je ne puisse l’aider à ramasser ses affaires par terre, il s’y activa au point de tomber en mode carpette sur le sol. Soupirant, je me penchais. « Ça va ? Pas trop mal ? » Demandai-je alors qu’il se relevait et partait déjà. Il vivait ça tous les jours ? Je me sentais un peu mal à l’aise tout à coup. « Bon débaras, sérieusement Jung Sensei qu’est-ce que vous faites avec lui ? Vous n’avez rien à voir. Venez avec nous ce soir, on s’amusera.. » Soupirant, je me tournais vers eux. « Au moins lui, il ne passe pas son temps à critiquer les autres dans leurs dos. C’est quelqu’un de franc. Contrairement à vous. Vous n’avez pas autre chose à foutre qu’à le critiquer ? Vous n’avez pas cours ? Et puis toi là. Va te brosser les dents, tu pues de la gueule. Et toi… T’as vu ta tenue ? Accorde un peu les couleurs avant de te permettre de critiquer. Comme si j’allais trainer avec vous. » Dis-je d’un ton sec avant de faire demi-tour pour quitter le bureau des sciences. Retournant dans ma salle de professeur, je posais mes fesses sur ma chaise avant de soupirer. Je me sentais un peu stupide. J’avais fait un pari sur ce type qui devait surement subir ces atrocités tous les jours. J’étais joueur, mais je n’étais pas un connard pour autant. Me frottant le visage, je me mis à bosser avant de filer donner mes cours. Une fois fini, je regardais l’heure, me dépêchant d’aller ranger mes affaires pour partir en direction de la salle des professeurs de Sun Cho-Yun. Arrivant cinq minutes avant la fin de son cours, je me calais contre le mur, attendant qu’il arrive. Bras croisé sur mon torse, je tournais la tête vers les salles de cours en espérant le voir arriver. Sentant des regards sur moi, je vis deux jeunes étudiantes me fixer. Leur souriant, je pus voir l’une d’elle rougir et glousser avant de faire demi-tour. Si innocente. La porte s’ouvrant, je vis alors une des professeurs que j’avais rembarré tout à l’heure. Nos regards se croisant, je lui fis un sourire assez faux tout en la foudroyant alors du regard. Si j’étais un gars cool avec qui il était rare d’être en mauvais terme, lorsque ça arrivait, il était clair qu’il ne valait mieux pas me titiller trop longtemps. Je pouvais être un vrai enfoiré. Au loin, je vis celui que j’attendais arriver. Me redressant, je levais le bras pour lui faire signer. « Oh Cho-Yun-Ah ! Je t’attendais. » Dis-je en lui souriant.

Plus je réfléchissais et plus je me disais que cette histoire ne valait rien qui vaille. Enfin, j’étais de nature joueur et ça ce n’était pas nouveau. Mais, je ne saurais dire pourquoi, je trouvais cette situation bizarre. Est-ce que quelqu’un pouvait être réellement comme ça ? Tous les professeurs de sa section contre lui, comme s’il avait le virus Ebola. Ce n’était clairement pas mon genre en plus de trainer avec ce genre de personne, mais soit un pari était un pari, et puis il n’avait pas l’air méchant. J’osais juste espérer qu’une fois seuls, une fois dans un bar juste lui et moi assis autour d’une table, il se sentirait mieux. Ce n’était pas comme ça qu’il allait ramener une fille dans son plumard. Oh mon dieu. Est-ce qu’il avait déjà ramené une fille dans son lit au moins ? La question planait dans ma tête et l’instant d’une seconde je me disais de lui demander. Mais… Franchement. Ça ferait tout de même un peu méchant de demander ce genre de chose. Donc il était clair que je n’allais pas le lui demander. Attendant devant la salle des professeurs, alors que c’était l’heure, j’osais espérer qu’il viendrait, surtout s’il avait entendu ce que les autres avaient dit. Ça ne devait pas être facile à vivre quand même d’entendre tout ça constamment. Mais bien vite je le vis arriver. « Vo..vous… Etes….. Bien LL.. Là ? » Bien sûr que j’étais là. Il me prenait pour qui ? Je ne disais pas de parole en l’air moi. J’étais fiable comme mec. C’était la base de la base en quelque sorte. « Euh…. Al… Alors…. Ce…. N’était…. Pas…. Une.. Bl .. Bla… gue ?? Vo..Vous… éti.. étiez… Sér… Sérieux…. ? » ben… « Pourquoi je ferais ce genre de blague ? J’suis cool comme gars, déstressez l’ami. » Ouais, il devait sérieusement déstresser. Ou péter un coup. Je ne sais pas, mais faire quelque chose pour qu’il puisse enfin, vivre en paix. C’est que ça devait lui bouffer la vie ce genre de réaction. Puis tout à coup, je ne sais pas comment, ni pourquoi, il se retrouva… à genoux, là, devant moi. What ? « D… Mian…hee » Puis il s’écrasa la tête sur le sol. Il était sérieux là ? « M…Mer…ci… pour…. Te…nir…. Votre…. Pro….prom…me..messe ! » Rouge de honte je clignais des yeux avant de regarder autour de nous. Mais qu’est-ce qu’il foutait bon dieu. Il n’avait donc pas de fierté ? J’avais honte et surtout pitié pour le coup. Et en plus il continuait à s’écraser la tête sur sol. Il allait s’exploser le crâne ouais. « Mais… Je… Je … Vraim… ment… dés..olé… pour….to..tout… à… l’heure….. A…av..avec … les.. autres… en..ensei…gnants.. » Passant une main sur mon visage, je raclais ma gorge en essayant de garder mon calme. J’avais juste envie de fuir pour le coup. Mais bon je n’allais pas le laisser là, tout seul comme un abruti au sol. M’approchant de lui, je me penchais pour attraper son bras et le tirer vers le haut. « Levez-vous. Allez. Pas de ça avec moi. Plus jamais. » dis-je en le tirant un peu plus. « Vous vous êtes cru au siècle dernier ou quoi ? Je ne suis pas un roi ou dieu sait quoi. Vous n’avez pas à faire ça devant moi et encore moins devant les autres. Surtout pour ce genre de chose. » ajoutai-je en raclant un peu plus ma gorge. Ce type était fou mon dieu. S’agenouiller de la sorte et s’écraser la tête au sol. C’était quelque chose que je n’avais jamais fait de ma vie et qu’on n’avait jamais fait devant moi. Y’avait un début à tout faut croire. « Bon hormis ça. On y va ? on ne va pas rester ici et polémiquer pendant cent ans. Allons boire. Ça va nous décontracter. » J’espérais surtout que ça allait le décontracter lui.