Combien de jour s'était écoulé depuis notre dernière rencontre ? Plusieurs, suffisamment pour que ma classe est une sortie de programmé, mais sûrement pas assez pour que mes cicatrices se soient cicatrisés. J'en garde des marques, mais aussi une sensation douloureuse au touché. Quand je m'assois en plaquant mon dos contre le dossier de la chaise, quand les autres élèves me donne des tapes dessus, quand on me bouscule contre un mur ou mon casier, quand on m'embête ou me pousse. Il n'y a pas un instant où le mal s'estompe et où je peux respirer en paix. Je le déteste vraiment, lui et son sadisme. Qui aurait l'idée de fouetter quelqu'un avec pour seule raison cinq minutes de retard ? Personne, bien sûr que non! Sauf ce fou-furieux psychopathe de Dakota. J'entends encore son soupir faussement ennuyé dans mes cauchemars, son sourire démoniaque, son regard noir, sa voix flippante. Je n'en dors que très peu depuis quelques jours, comme si je ne pouvais lui échapper où que je sois. C'est complètement débile, puisque je suis à l'abri chez moi. Cette famille d'accueil ne serait pas assez folle pour faire entrer le diable sous son toit. Quoi que, s'il prétend être un ami, peut-être qu'ils le laisseront entrer ? ça me fait encore plus peur et je frissonne sur ma chaise tandis que le professeur impose un petit règlement.

La sortie fonctionnera par groupe, personne ne doit s'éloigner du reste de la classe sous peine d'être sanctionné. Il est formellement interdit de toucher à quoi que ce soit, de faire du boucan, etc, etc. Personnellement, ce genre de sortie éducative ne m'intéresse pas du tout, alors j'attendrais la fin en restant dans les rangs. Son monologue terminé, le professeur nous autorise à nous lever et à suivre jusqu'à dehors, où un bus nous attends. Bus de riche, super grand, super luxueux. Ce n'est qu'un Musée, pas le palais de la reine d’Angleterre. Qu'importe, je m'installe au centre du véhicule, loin des emmerdeurs du fond mais pas trop proche des intellos de devant. Un juste milieu que j'affectionne et qui ne me demande aucune soucis jusqu'à l'arrêt de l'autocar. Celui-ci se vide lentement et j'attends d'être l'un des derniers pour en sortir, l'air discret pour me faufiler dans la masse d'étudiant. Il ne manque personne à l'appel, la visite peut enfin commencer.

Les musées, c'est barbant. Nous sommes dans un coin où ils exposent des accessoires sur la guerre, tel que des casques, des documents officiels et même des médailles, des grades, des armes. C'est intéressant, je n'en doute pas, mais je n'aime pas la guerre. Peut-être que certains m'ont qualifié de « vulgaire », « impulsif » et « violent », mais ce n'est pas pour autant que j'apprécie ce genre de truc sanglant et morbide. Une question d'honneur ? Une connerie, oui. Le professeur s'attarde là-dessus, imposant son point de vue, ses idées, etc. Quant à moi, je regarde à droite, puis à gauche et j'ose m'éloigner légèrement de la bande pour observer une exposition d'arme de torture. Aah, ça me rappel quelqu'un. Heureusement qu'il n'est pas là! Je suis sûr qu'il pourrait utiliser ces trucs pour me faire chialer. Pff, il peut toujours tenter n'importe quoi, je ne verserais pas une larme. J'ai pu supporter ses coups de fouet sans me plaindre, et même après, je n'ai pas gémis face à la douleur. D'ailleurs, à part prendre une douche pour nettoyer les traces, je n'ai même pas pensé à me soigner... Seul, c'est compliqué et je ne peux le dévoiler à qui que ce soit.

TENUE ⎐ « Sale peti... »  Mon regard stoppa cette la phrase, l'homme étant sur le point de m’insulter était tombé dans mon piège, j’avais un dossier entre mes mains, des informations qui pourrait le faire tomber et perdre tout ses biens. Cet endroit, ce musée. Pourquoi m’étais-je attaqué au directeur d’un lieu culturel ? Pourquoi pas ? Cet homme fait des sourires en longueur de journées devant ses visiteurs, mais c’est juste un homme avides identiques a mes nombreuses victimes, ses erreurs étaient de ne pas être assez discret dans ses magouilles, même les hommes les plus respectables s’avérer être souvent les plus détestable, si on me sort du lot bien évidement. M’approchant de son bureau je prends un cadre entre mes doigts, une photo de famille ?  Non je suis loin d’être nostalgique devant cette image heureuse juste bonne à donner des illusion sur une vie joyeuse. Encore un qui ne risquera pas de perdre son rang social ou familiale, une proie facile qui croit au début a un jeu se rendant finalement compte qu’il est désormais privé d’une vie en paix et de liberté. Quittant le bureau avec un premier chèques dans la poche, le silence vaut de l’or et l’argent est la seule valeur sûr dans ce monde. Ces type je les menaces simplement, je leur fait du chantage et vole leur bien, leur richesse, mais je ne les touche pas...  Sauf si il me manque de respect ou désobéisse a mes règles, mais  ce ne sont en rien des jouet corporel pour moi, contrairement a une autre de mes victimes qui lui est leur opposé. Un fin sourire se pose sur mes lèvres tandis que je me rends compte de cette comparaison.

Descendant les marches pour me retrouver au rez-de-chaussée, là où la principale exposition se trouve, il y a du monde et finalement je m’assoie sur les marches en hauteur pour observer, me mélanger a la foule pour regarder des soit disant œuvres d’art est d’un ennuie...  Mais cette vue d’ensemble  me permet de remarquer quelqu’un, une personne que j’étais loin de penser rencontrer ici, le destin semble de mon côté, comme quoi les bonnes actions ne sont pas les seules a être récompenser.  Mon sourire s’élargit, loin d’être innocent, je remets bien ma veste sur mes épaule et me fraye un chemin jusqu’à ses objets de torture qu’il est entrain de regarder, intéressant n’est-ce pas ? Délicatement je me rapproche en silence, a quelques centimètres derrière lui, je frôle mes doigts sur son dos où se trouve les blessures que je lui ai infligé. Peut être que cette journée ne sera pas aussi barbante que je le pensais.  Sans lui laisser le temps de se retourner pour me regarder, je viens discrètement chuchoter a son oreille, évitant les regards curieux.

« Aimerais-tu que je teste toutes ses choses sur toi ? » Je parle des armes de tortures exposé bien sûr. Ricanant doucement, n’oubliant pas que j’ai une collection d’accessoires impressionnantes, appuyant plus fort sur son dos. « On dirait que tu vas plutôt bien, c’est rassurant ! » Faux sourire, je savais très bien m’adapter a la situation et manipuler la foule pour qu’elle croit ce que je veux qu’elle voit.

Toutes ces choses autour de moi me donnait le tournis. Les gens qui s'accumulent autour d'une vitrine pour l'examiner, la scruter, la commenter... ça me rendait fou. Puis les objets exposés ne me rendait ni nostalgique d'une époque inconnue, ni même curieux de l'ancien monde de mes « grand-parents », surtout en sachant qu'ils sont aussi mort que mes parents. Cet endroit ne m'inspire rien, ni curiosité, ni envie, simplement un ennui profond. Les autres élèves font genre de s'intéresser, mais dès que le professeur à le dos tourné, ils ricanent, font les singes et reprennent aussi leur visage angélique quand l'adulte repose ses yeux sur eux. ça m'agace. Le trois quart de cette classe me sidère et ne me donne aucune envie d'être sociable. Ils sont moqueurs, provocants et pour la plus part, idiots. Qui voudrait discuter avec des hommes préhistoriques de la sorte ? Sérieux, ils pourraient avoir leur place dans un musée, celui sur l'époque des dinosaures. Rapidement lassé par leurs imbécillités, je me suis aussitôt détourné du groupe pour faire ma petite observation. N'empêche, les objets présent dans les vitrines datent tellement que j'ignore si la couleur est exacte. Soit c'est rouillé, soit moisi, ou même en morceau ou presque. Qu'y a-t-il de bien intéressant là-dedans ? Rien, de mon point de vue.

L'énième vitrine où je m'attarde est celle des instruments de torture utilisés pendant la guerre. Sans mentir ? ça fait peur. Une lame fine est présenté avec une légende en dessous, expliquant qu'ils glissait la pointe sous l'ongle pour le faire sauter. Je suis à deux doigt de rendre mon petit-déjeune, préférant regarder un autre objet. Ils ne sont pas mieux les uns que les autres, encore moins quand ça a une forme de pince, de couteau, d'aiguille ou que sais-je encore. étrangement, c'est le genre de technique et d'ustensiles qui me font penser à cet enfoiré de psychopathe. Il pourrait très bien s'en servir et prendre plaisir à le faire en plus. Mon imagination n'est pas au bout de ses peines. Je croyais juste imaginer Dakota en possession de ces « merveilles » mais quel fut ma réaction en sentant une main s'appuyer dans mon dos ? D'abord, j'ai sursauté en retenant un couinement de douleur, serrant fortement les dents. Qui peut-bien... Ma question n'a pas le temps de se formuler que sa voix envahit ma tête et me fait frissonner. Pourquoi quand je pense à lui, il apparaît ? Je devrais arrêter, sinon je ne donne pas cher de ma peau.

Aucune réponse. Il devrait s'en douter. Je ne répond pas à sa question, gardant mes yeux ancrés sur la vitrine et ses objets. Qu'il s'en aille. Pourquoi n'a-t-il pas quelque chose de mieux à faire que me pourrir la vie ? Je prend difficilement sur moi, serrant les dents à m'en briser la mâchoire. La douleur remonte dans ma colonne, piquant ma nuque d'un électrochoc glacial. « Aussi bien que la dernière fois. » Marmonnais-je entre mes dents que je desserre à peine. Les gens autours penseront que nous sommes des amis, des connaissances, des gens normaux... Mais c'est faux. Nous ne sommes en rien banal et ordinaire, surtout pas quand on voit mes yeux s'emplirent de colère et de haine. « Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'as pas la tête pour traîner dans un musée. » Je parle. Je m'autorise à l'ouvrir plus que prévu, plus que je ne devrais me le permettre. Il n'a pas intérêt à toucher à ce collier, surtout pas en publique et devant mes camarades d'école.

TENUE ⎐ Le musée est quand même un endroit étrange pour y faire des rencontres, je pense que je suis trop intelligent pour perdre du temps à observer des œuvres des heures durant qui ne m’apprendraient rien de plus que ce que je sais déjà, voir des accessoires utilisés des centaines d’années auparavant ? À quoi bon ? Tout le monde devrait savoir vivre avec son époque et arrêter de faire semblant de s’intéresser aux autres. Les gens morts du passé, qui s’en souci vraiment à part les idiots crédules et innocents ? Pourtant encore une fois cet endroit est rempli par des gens de tout âge, comme s’il était judicieux d’ouvrir une exposition d’armes de torture ou de choses assez choquantes à des enfants, on se demande comment naissent les tueurs en série après ça. Mon chantage opéré avec le directeur je pensais simplement à quitter les lieux pour m’en aller vers le suivant, ce n’est pas comme si je manquais d’occupation et je dois encore encaisser les chèques que je viens de gagner, pleins de zéros supplémentaires à rajouter, un sourire sur mes lèvres qui finit par s’élargir quand mes yeux se posent sur ma proie du moment, je ne l’ai pas appelé, mais maintenant qu’il se trouve sur ma route, autant en profiter. Je n’ai aucune pitié à lui rappeler ses douleurs en appuyant fortement dessus en guise de bonjour, de quoi le tourmenter en secret, ici crier où me rejeter en faisant une scène serait mal vu pour lui et il sait ce qui pourrait lui arriver s’il me désobéissait, pourtant je suis surpris qu’il regarde ses accessoires de tortures, est-il attiré par ce genre de chose finalement ? Peut-être que je devrai lui montrer ma collection, ça lui plairait surement, qui sait.

Mais en public tout comme lorsque je suis avec ma bande je sais me tenir, maitre du jeu, maitre de soi, je maitrise en toutes circonstances et si je dois jouer un ami de Raylai pour passer notre relation dans la discrétion, je n’ai aucun mal à le faire. Être manipulateur c’est aussi réussi à tromper n’importe quelle foule et pas seulement une personne isolée, c’est là toute la différence entre moi et les arnaqueurs qui font pitiés... Raylai me questionne, je crois que je n’avais pas entendu autant sa voix d'affilée depuis cette nuit sur le terrain de basket, je ne lui ordonnerais ni de parler, ni de se taire, je vais profiter de cet instant pour m’amuser un peu, si je quitte les lieux maintenant il en serait trop content et mon but n’est pas de le rendre heureux, mais bel et bien dépendant.

« Une récolte de fonds ? Ça marche plutôt bien en ce moment. » Une réponse sans artifices, franche et direct, il peut surement lire entre les lignes sans que je ne détails d’avantage, mais je n’ai pas besoin de lui retourner la question, un adulte éloigné, un groupe d’adolescents, une sortie scolaire ?

« Quel ennui... » Dis-je pour moi-même. Les écoles n’ont décidément aucune originalité, comme si les lieux culturels de la sorte pouvaient les intéresser, pourquoi les gens ferment toujours les yeux agissant comme si ce qu’il faisait de leur journée avait un sens... Ils sont tous aussi naïfs et lamentables les uns que les autres. Rapidement ma main se resserre encore plus dans son dos, mon regard se pose sur son collier avec un fin sourire satisfait, les camarades de classe du blond semblent s’éloigner, mais je retiens Raylai par son haut pour l’empêcher de bouger.

« Laisse tomber tes amis, je ramènerai le chien perdu à la fin de la visite. » Avais-je chuchoté en prenant une expression innocente. Si on ne me connait pas, on pourrait surement y croire.

Ces choses-là ne m'attirent pas, je ne comprends même pas comment les gens puissent s'en servir et aimer cela. à bien observer, ils ressemblent à des ustensiles que les adultes se servent un peu tous les jours. Pince à épiler, couteau, etc. ça ne me fait que plus frissonner, à la limite de déguerpir d'ici sans me poser davantage de question. Les autres s'élèvent ne s'intéressent pas non plus à tout cela, sauf pour s'imaginer à cette époque et embêter les autres à faire les petits soldats armés. Il me désespère, mais comparé à ce qu'il risque d'arriver, ils sont bien gentils et mignons. Quand sa main appuie sur mon dos, c'est une tornade de douleur et de haine qui s'abat sur moi. Je ne pensais pas le trouver dans un lieu aussi barbant et inutile, encore moins sans qu'il ne me contacte avant. Hasard ou destin ? L'un comme l'autre, je les déteste. Ils me mettent un énergumène ingérable sur la route et même en serrant des dents, je ne me sens toujours pas calmé. Qu'il ne pense pas que ces trucs-là m'attirent, il est loin du compte. ça me répugne, me dégoûte, tout autant que lui. Tiens, Dakota devant finir dans une vitrine avec pour légende « psychopathe du XXI ème siècle ». Empaillé, je suis sûr qu'il est mieux supportable.

Je n'aime pas parler généralement, encore moins avec ce vautour, mais je me demande bien la raison de sa présence. Un musée historique sur la guerre, qui est-ce que ça intéresserait ? En première lieu, sûrement pas Dakota. Il n'a pas une tête pour traîner dans un endroit pareil, comme je ne peux le voir dans une bibliothèque, une église, ou d'autres lieux dans le même style. Je stéréotype rapidement mon aîné, mais en même temps, difficile de l'imaginer autrement quand on est une telle raclure. Dans tout les cas, ça ne réponds pas à ma question. Q'est-ce qu'il fout ici ? Pour une fois qu'il ne m'empêche pas de parler, qu'il n'est pas mauvais non plus en tirant brusquement sur mon collier... à croire qu'il me laisse discuter, même si je n'en ai aucune envie avec lui. Récolte de fonds ? Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il peut bien venir récolter ici ? Ma tête penchée sur le côté, je fronce doucement mes sourcils en prenant une mine douteuse. Ce gars est tellement fourbe et mauvais qu'il pourrait pousser ce musée à faire faillit, j'en suis convaincu.

Ennui, c'est le bon moment pour décrire la situation. Il m'ennuie, ce musée m'ennuie, mes camarades m'ennuies. Bref, c'est nul à souhait. Quand cessera-t-il de s'appuyer sur mes blessures ? Je respire lentement pour ne pas céder à la colère, ni à impulsivité qui m'habite. Je sais à quoi m'en tenir s'il s'énerve, s'il décide d'aggraver mon cas... Alors je prend encore et toujours sur moi. Pour une fois, j'aurai préféré que ma classe ne s'éloigne pas, pire encore, qu'ils viennent me chercher. Quelques garçons ne m'aiment pas et s'amusent de ma situation, mais j'aurai largement préféré qu'ils viennent m'enquiquiner et m'arracher de ce fou. Manque de pot, ils semblent être indifférent à mon sort, aujourd'hui.

Amis ? Ils se gourent, ce ne sont pas des amis. Chien perdu ? Je retiens ma respiration, calmant le battement de mon coeur. Qu'est-ce qu'il a en tête, hein ? Je ferme deux secondes les paupières, avant de me reculer pour lui faire face, retirant ainsi sa main de mon vêtement. « Qu'est-ce que tu veux ? Si tu tentes quoi que ce soit ici, je hurle. » J'ai l'air très convainquant, n'est-ce pas ? Je ne tiens pas à sortir de ce musée avec d'autres plaies et sans énergie. S'il tente encore un geste indélicat envers moi, j'ameute le bâtiment entier. Je ne me fais pas chier à supporter ma classe pour au final tomber sur mon pire ennemi, c'est abusé. « Fous-moi la paix. » Marmonnais-je entre mes dents en m'éloignant un peu de lui, faisant mine de rejoindre ma classe. Je ne veux pas rester avec lui, ni même devoir parler avec un démon pareil.

TENUE ⎐ J’étais attiré par les tortures, toutes les formes de tortures, j’ai lu des tas et des tas de bouquins là-dessus. Non pas pour me donner des idées quand mon cerveau les créer a la filée, mais je trouve intéressant de voir comment faisaient les gens pour détruire leurs victimes, différents pays, différentes méthodes, c’était toujours plaisant de lire dans leur mentalité a chaque témoignage que mes yeux parcouraient. Mais cet endroit, ce musée était à mes yeux seulement un mensonge, un énorme ramassis de conneries pour attirer les abrutis et se remplir leurs poches. Mais derrière tout ça, il y avait quand même un avantage en plus du chèque récolté dans ma poche, c’était d’avoir le petit Raylai à disposition, de quoi profiter de l’occasion. Je ne crois pas au destin, c’est des conneries stupides, un gros baratin, mais le hasard fait parfois bien les choses, du coup je n’allais pas passer à côté de cette opportunité qu’on venait de me donner.

Bien entendu ce serait mal me connaitre que de croire que je pourrais être gratuitement sympathique, je lui rappelai donc très vite ce que je lui avais fait quelques jours auparavant, ses marques sur son dos, celles qui restaient ancrées dans sa peau sans qu’il ne puisse les oublier, je ne faisais pas dans la douceur et j’aimais simplement lire la douleur sur son visage, sentir son corps trembler et frémir sous mes doigts resserrant ses endroits blessés. Dans un lieu pareil je n’avais pas vraiment beaucoup de choix d’action, mais il fallait bien trouver une occupation, donc déjà le garder à distance de ses petits camarades me semblait judicieux surtout si c’était pour faire semblant de s’intéresser à ce genre de choses ennuyeux. Lorsqu’il se décide à bouger, forçant ainsi ma main à quitter son emprise sans pour autant attirer l’attention. Je l’observe, l’écoute, mais ne réponds rien. Seules mes mains firent le trajet jusqu’à mes poches montrant l’indifférence de ses paroles, alors que mes paupières se fermaient quant un sourire avait décidé de s’afficher, un de ce qu’il était difficile à décrire, ne pouvant encore une fois pas y lire mes pensées. À ,sa demande lorsque ses pas se mirent à s’éloigner, je fis un mouvement vers lui attrapant son bras pour qu’il se mette face à moi, rapprochant mon visage du sien, je me fiche que l’on se demande ce qu’on fait ou même qu’on nous regarde. À cette distance je souffle contre sa peau. « Ferme-la. » Lieu public ? Lieu privé ? Lui avais-je ordonné de me laisser ? Mon regard posé dans le sien assez explicite, mes mains tenant ses poignets, je continuai de parler dans cette position qui pouvait être embarrassante pour un innocent pudique, mais pas pour moi.

« Je ne vais rien te faire ici, cependant... Si je dis que tu restes avec moi, tu me suis au pas. Tu peux gueuler, mais celui qui perdra tout ce n’est pas moi, compris ? » Je n’avais pas l’intention de le torturer alors que cette rencontre était dû au hasard. Mais je ne comptais pas non plus le laisser filer, même sans le frapper ou le faire pleurer, je peux y trouver mon compte pas vrai ?

Il m'horripile. Ce gars ne m'inspire aucune confiance, aucune envie. Il est insupportable, intolérable et le regarder plus de deux secondes me donne envie de le taper aussitôt. Ce sourire sur son visage, cette main dans mon dos, ce regard malsain. Tout chez lui me répugne, mais je ne peux pas fuir pour le moment. Qu'importe si la douleur secoue à nouveau mon corps, ou que mes jambes se mettent dangereusement à trembler. Il est là, proche de moi, à répandre son venin dans mes veines. Quelle vipère, un anaconda qui risque bientôt de me dévorer. Aux yeux des autres, nous ne sommes sûrement pas extraordinaire, ni hors du lot... Pourtant, notre relation est flamboyante, électrisante, parfois même impressionnante. Personne ne s'en doute, c'est sûrement mieux ainsi. Je ne voudrais pas m'afficher comme étant son toutou, son esclave, sa poupée. J'en ai déjà suffisamment sur la conscience avec les zébrures dans mon dos, pour en rajouter une couche avec le regard des autres. Au final, je cherche simplement à me dégager de son emprise, à creuser la distance entre nous comme j'aurai pu creuser une tranchée pour m'y cacher.

Ma voix est sec, glaciale. Je n'espère pas un miracle, ni qu'il me laisse tranquille, mais j'aurai tenté ma chance en essayant de partir rapidement de ce piège. L'étau se referme autour de mon bras et je sens mon coeur lâcher, pire encore que ce moment où il resserre mon collier. Il me retient, me tire vers lui et je ne peux faire autrement qu'être en face à face, nos visages proches l'un de l'autre. Ma respiration est lente, presque inexistante. à quoi il peut bien jouer, hein ? Je me sens bloqué, ridicule, observé... Mes lèvres se pincent à son ordre, mon coeur s'affole bruyamment et je sens mon dos prendre subitement feu. Ferme-la. ça résonne dans ma tête comme un écho, tandis que mes barrières se referment lentement. S'il tape, je suis bien. Il est trop près, en plus de retenir mes poignets entre ses doigts. Qu'est-ce que les gens pourraient penser de nous ? Je m'en fou, et pourtant.

Est-ce que cela devrait me rassurer ? Il ne compte rien me faire, mais en même temps, il ne veut pas me laisser tranquille. Gueuler, mais à quel prix. Je me sens encore dans un piège, perdant des couleurs. Même pendant une visite scolaire, faut que ça dégénère de la sorte. Ma classe s'est déjà éloigné sans même m'attendre ou m'appeler, mon professeur ne fait pas attention à moi et les débiles non plus. Je suis seul face au diable, ravalant difficilement ma salive. « Qu'est-ce que tu me veux cette fois-ci, Dakota ? » Que l'on soit fixé une bonne fois pour toute. à la fin de la visite, je devrais retourner avec les autres élèves, alors qu'il ne perde pas son temps à blablater. Quoi que, mieux vaut qu'il le perde à ça, plutôt qu'à autre chose. Son sadisme ne me plait pas, et cela ne plaira jamais.

TENUE ⎐ Je me souviens de mes sorties scolaires, celles où je préféré grimper sur les toits avec des amis, m’évadant le temps que ce soit terminé, je ne me suis jamais forcé à faire une chose que je ne voulais pas, il est hors de question pour moi de jouer les intéressés quand la seule chose que souhaite c’est me barrer. Les professeurs l’ont bien compris, tout comme mes camarades ou mes amis, depuis le jour où j’ai fui le pays de ceux qui m’ont donné la vie, me retrouvant à ma seule merci, j’étais déjà comme ça. Imposant mes choix, imposant mes règles, imposant mes désirs. Je ne laisse pas vraiment de liberté aux gens, la seule que je leur donne est de m’obéir pour ceux qui font partie de mon harem de victime et les autres de rester tranquille pour ne pas le devenir. Zéro pitié, zéro compassion, peu de solutions. Il est plus facile d’être un démon que de jouer les gentils, mais encore faut-il l’être réellement. Des petites tapes qui se la jouent gros dur, ceux qui agissent en bande pour impressionner et soumettre grâce à la supériorité numérique ou encore ceux qui restent à l'écart en agissant comme une racaille solitaire alors qu’il n’espère qu’être accepté par les autres. Il y a toutes sortes de « méchant » les vrais, les faux, les idiots. Mais je sors du lot, mon passé, mes convictions, mes pensées et mes actions, je ne suis en rien une imitation.

Raylai tente de m’échapper, une erreur de sa part d’avoir un instant imaginé pouvoir y arriver, j’ai décidé qu’il me tiendrait compagnie et encore une fois je ne lui laisse pas vraiment le choix. Il mériterait une punition pour simplement osé me répondre de cette façon, que ce soit un endroit bondé de monde ça n’est pas mon problème, mon geste le prouve par lui-même, créant cette fine proximité attirant les regards remplis de curiosité, mais il semble oublier à qui il appartient, à qui il obéit. Si c’est pour dire des âneries qu’il la ferme simplement, je déteste le bruit inutile et les paroles futiles. Une question, mon prénom. Ce gamin ne semble avoir peur de rien, naïf et innocent ou stupide et agaçant, mon cœur balance. Lâchant ses poignets je reste à distance rapprocher pour pouvoir communiquer en paix.

« Tu n’as aucune question à poser Raylai. Je fais ce que je veux de toi, ne l’oublie pas, garde donc tes interrogations stupides et suis-moi. » Je ne lui laisse par le choix encore une fois, ouvrant le pas vers les escaliers, les mains dans les poches je commence à grimper, lançant un regard glacial au blond, je ne lui ferai pas de mal, pas aujourd’hui. Mais je me rendais simplement compte que le dresser totalement allait être plus long que je le pensais, bien que je ne doute pas y arriver, après tout je n’ai encore rien fait... Pour totalement le briser. Un étage de montée, un second, on arrive à la sortie menant au toit. La porte fermée je sors les clefs, cet endroit est un vrai moulin pour moi, vu que je tiens le patron entre mes mains. Une bouffée d’air frais c’est mieux que d’être enfermé, m’avançant jusqu’au rebord, m’appuyant dessus, je souris en me retournant vers le petit.

« Si je te dis de sauter, qu’est-ce que tu fais ? » Deux, trois étages ce n'est pas très haut, mais cette fois je n’ai rien ordonné, juste demandé.

Trop d'année se sont écoulés à vouloir échapper à l'ordre et à la justice. J'ai trop souvent craché dessus, méprisé les adultes, ignoré les autres. Ce n'est qu'aujourd'hui que je rentre au pas, que je me force à m'habituer à ce moule sans tenter d'en déborder. Je me suis rangé, remis en question, cherchant à gagner une simple place dans cette société. Même si je déteste les gens, même si je préfère être seul, même si je ne suis pas domestique, ni apprivoisé. Dakota le sait, il le test chaque jour, il se confronte à cette part insouciante de moi. à quel moment vais-je réaliser que je ne fais totalement pas le poids contre lui. Je suis faible, sans force, il ne me faudrait qu'un geste pour m'écarter du chemin. Une fois encore, il le sait. Ce n'est pas difficile pour lui de reprendre le dessus, de me dégager de sa route sans prendre en compte ma rébellion. Il me retient, m'empêche de fuir, me tient à bonne distance. Je ne peux que courber l'échine, retenir mon souffle, fermer mes portes pour ne pas qu'il s'infiltre trop loin dans ma conscience.

Les paroles de trop, le prénom qu'il ne faut pas prononcer. Dakota est ce genre de personnage méchant et tellement terrifiant qu'il faudrait un surnom pour que personne ne sache de qui on parle. Là encore, il me rembarre quand je cherche à savoir ses intentions. ça devient rapidement une habitude, et je me renfrogne à sa façon de me répondre. ça m'agace de l'entendre dire. Je fais ce que je veux de toi, et puis quoi encore ? Il m'insupporte de plus en plus, mais je ferme ma bouche et abandonne toute tentative de fuir, de protester. Il ne me laisse pas le choix, ouvrant la marche vers les escaliers. où compte-t-il m'amener ? Je m'éloigne de plus en plus du seul endroit où je ne risquais rien, et mon coeur se serre. Là où on va, les témoins n'existeront plus. Comment être calme dans ce genre de situation ? Comment ne pas céder à la panique quand il a tout les droits, toutes les portes ouvertes ? Même celle du toit.

Je le regarde avancé vers le bord, restant proche de la porte. Peur ? Insécurité ? Ce serait un mélange de plusieurs sentiments brisant la confiance en moi. Il pourrait me pousser, me jeter du toit... Je deviens parano, complètement timbré. Sauter ? Je le regarde un moment, déglutissant lentement en cherchant une réponse. Devrais-je le faire ?  « Non. Je ne le ferais pas. » C'est impossible, je ne me suis pas accroché jusque-là pour tenter un geste aussi désespéré. Est-il psychopathe au point de me l'ordonner ? Mon regard ne quitte plus sa silhouette, mon corps désireux de reprendre la porte pour fuir dans les escaliers. Je ne veux pas l'affronter sur ce terrain, ni à ce petit jeu. Aucune question, aucune échappatoire. Je me tais et attends, sentant ce sentiment angoissant grandir en moi. Plus je suis loin du bord, mieux je me porte. Loin du vide, loin de lui.

TENUE ⎐ Je suis habitué à la foule, mon métier me force à la fréquenter quotidiennement, si je n’étais pas aussi différent je pourrais surement me contenter de danser comme je le fais sans jamais m’arrêter, profitant de ses applaudissements devant mes prouesses et mon talent. Mais je ne pourrais jamais m’arrêter à cette vie-là, ce n’est qu’une forme de couverture, ma vie légale pour vivre dans l’ombre de mes jouets. Tout comme je déteste lorsqu’on m’appelle alors que je ne l’ai pas demandé, je déteste aussi quand on me pose des questions. Ce que je compte faire ? Est-ce une réponse qu’il attend ou juste d’être rassuré que rien ne va lui arriver ? Je le laisse se torturer l’esprit lui rappelant qu’ici ou ailleurs, il a juste à m’obéir, rien ne changera tant que je ne l’aurais pas décidé, si cela ne lui convient pas, il peut retourner au trou, mais même enfermé je pourrai le briser. Des chiens obéissant j’en ai partout, il me suffit simplement de siffler ou de creuser pour en trouver de nouveaux, Raylai ne peut pas m’échapper, il ne le pourra jamais.

Finalement je préfère tout de même m’éloigner de ce monde regroupé autour de nous, tantôt posant leur regard sur les objets exposés et parfois sur nous pour observer, peut-être qu’il trouve là un sujet plus intéressant que cet endroit ennuyant. Mais la scène est finie et c’est deux étages au-dessus que la suite va reprendre, seuls sur le toit, c’est le genre d’endroit que je préfère, autant pour le bon air s’écrasant sur nous me donnant l’impression d’être revigoré, que la hauteur. Le danger m’attire, j’aime le vide, les sensations fortes, flotter au-dessus d’une mort assurée. Prendre les commandes de ma vie comme je l’ai toujours fait et agir comme je le désir, c’est ça la vraie liberté. Proche du rebord je me retourne pour poser une question au blond, cette réponse qui avant même que ses mots filtrent ses lèvres j’en connaissais le contenu. Le fixant d’un regard impassible je ris simplement en me penchant, balançant.

« Je m’en doutais. » En même temps, même si j’en connais qui le feraient pour protéger leur secret, je ne demanderai pas une chose pareille, ça impose une peur et une panique sur l’instant, mais le vide apporte avec lui le risque d’être tué et je ne deviendrai pas un meurtrier. Je pourrai l’ordonner pour leur faire peur, pour voir leur visage en pleurs, mais j’ai d’autre moyen beaucoup plus amusant pour en arriver là.

« Rassure-toi, je t’ai dit que je ne te ferai rien aujourd’hui. Je ne vais pas te demander de sauter, tu n’es pas obligé de rester aussi éloigné, on dirait que tu veux encore t’échapper. » Sachant très bien que j’ai mis le doigt en plein dans le mile ayant fait exprès de l’énoncer, je souris en m’approchant de lui le faisant reculer jusqu’au mur près de la porte, la refermant avec une main tandis que j’appuie autre contre le béton à côté du visage du blond. Mon regard se refroidit et redevient sérieux, s’ancrant dans le sien pour demander.

« Tu ne penses pas pouvoir t’enfuir, pas vrai ? » Jouant avec les mots, je voulais entendre sa réponse, la lire sur son visage, je suis le seul dominant la situation, si je relâche la pression ce n’est que pour mieux l’imposer le moment venu, lui donner l’illusion que je peux être « gentil » pour mieux revenir le détruire.

Ce n'est que maintenant que je réalise vraiment que je suis pris au piège et qu'il m'est impossible de lui échapper. Il m'a eut, voilà tout. Dans ce lieu publique, à la vue de tous, il n'a aucun soucis à agir comme si nous n'étions que tout les deux. ça me déphase, me déboussole et je ne peux compter sur personne dans ma classe. Si seulement London pouvait être là, j'aurai un soutiens moral... Quoi que, j'aurai trop peur que Dakota s'en prenne aussi à lui. Mieux vaut que je sois seul, sans ami. Il est suffisamment fou pour briser mon entourage et je ne tiens pas à causer du tord à qui que ce soit, surtout pas aux gens que j'apprécie et aime. En gros, je subis quand même sa pression, sans avoir le droit de me plaindre. Je le suis à sa bonne volonté, grimpant les escaliers pour faire face à un doux cauchemar, la hauteur. Il m'entraîne sur le toit, là où personne ne pourrait me sauver si sa folie déborde. Un geste malencontreux, un ordre sans détour, une envie soudaine. Qu'importe, je ne suis à l'abri de rien à ce niveau-là, dans cet endroit-là. à contrario, lui non pus. à force de se pencher au bord, pas étonnant si un accident arrive. Aah, Raylai, à quoi penses-tu ? Je me sens aussi taré que lui à avoir ce genre de songe malsain, je ne suis pas un meurtrier.

Sauter ? Jamais je ne le ferais. Il s'en douter, c'est normal. à part être suicidaire, qui voudrait se jeter dans le vide ? Qu'importe la hauteur ou les chances de survie, je ne pourrais décidément pas le faire. évidement qu'il s'en doute, sinon ce ne serait pas normal. Passerait-il à autre chose ? Il ne m'ordonne pas d'essayer, ni même de me rapprocher ? Je me sens rassuré, parce qu'il est hors de question que je joue sur le rebord. Au moins, il ne me fera aucun mal aujourd'hui, même s'il a raison. J'ai toujours envie de m'échapper, s'en rend-t-il seulement compte ? Pas juste maintenant, ni aujourd'hui, mais tout le temps. C'est stupide, tellement stupide. Automatiquement, mon corps recule quand le siens s'approche et bientôt, je ne peux plus faire aucun mouvement en touchant le mur. Il s'amuse de la distance, et ça me perturbe aussitôt.

Les yeux dans les yeux, je peux l'affronter en silence, les lèvres closes. M'enfuir ? Il me fait rire. Il croit que je vais me mettre à trembler ou à pleurer devant sa question ? Il en faudrait plus pour me terrorriser, comme l'autre fois avec son fouet. « Il n'y a pas un jour où je pense à m'enfuir ou à t'échapper. » Je confirme sans le lâcher des yeux, l'affrontant une nouvelle fois sans oser détourner mes orbes. « J'attends seulement le jour où tu te lasseras et trouveras un autre jouet à emmerder. » Ma voix est légèrement hargneuse et cinglante, comme si je reprenais du poil de la bête. Je suis sérieux, qu'il ne pense pas le contraire sous un coup de rébellion. Tous les jours, j'attends juste qu'il me lâche comme un déchet.

« Tu ne passeras pas ta vie après moi, ce serait beaucoup trop long pour toi. » Je tente plus de m'en persuader que de faire mouche. J'espère que d'ici là, j'aurai déjà changé de pays et d'identité. Ce serait trop beau. En tout cas, je ne bouge pas, dardant mes pupilles sur son visage, attendant une simple réaction. Un rire, un geste, une parole, qu'importe. Il ne se laissera pas faire aussi facilement, je le sais d'avance... Il risque même de me prouver le contraire, mais je n'attends que cela. « Frappe-moi si je t'agace, mais je ne capitulerai pas. » Les dés sont lancés, il n'y a plus qu'à attendre sur quoi ils vont tomber, quel sort ils me réservent. Je m'en fiche, la vie est trop courte et injuste pour continuer à courber l'échine sans arrêt. Tant pis, j'ai le droit d'être humain.

TENUE ⎐ Si j’étais une de mes victimes est-ce que j’obéirais comme ils le font ? Je ne pense pas, je ne suis pas assez raisonnable pour ça et pourtant les gens finissent par s’habituer à cette situation, ils n’y prendront certes jamais gout, mais certains de mes jouets n’ont plus la force de résister et sont devenue de vraies poupées, depuis des années que je les menace pour certain, les choses ont évolué et je suis le seul à décider quand le jeu est terminé. Alors oui j’ai emmené Raylai sur le toit, je cherche une réponse et voir s'il est devenu plus obéissant, même hésitant, mais ce que je vois dans son regard c’est juste la haine qu’il me porte et son envie de s’en aller, de m’échapper. Sauf qu’il va devoir se faire à l’idée que cela n’arrivera pas car encore une fois, je choisis quand le contrat est fini. Il peut me maudire, vouloir me tuer ou m’insulter par la pensée, parce qu’en effet je ne le laisserai pas me manquer de respect sans riposter. Mais je ne l'autoriserai pas s’en aller, il est un jouet que j’aimerais polir surement pendant des années et ça il va bien finir par le remarquer. Il n’a pas peur, soit il n’a pas compris que cela ne fera qu’attiser mon envie de le détruire ? Un fin sourire alors que je le bloque contre le mur, le fixant, ses mots je les entends, mais je reste silencieux le laissant se lâcher, profiter de ce répits de paroles que je lui accorde. Je ricane de plus en plus, il a bon espoir... Mais il se trompe. Mes iris sont ancrés froidement dans les siens en contraste avec mon expression et je lui dis simplement.

« Accroche-toi fort à cette illusion, bientôt tu comprendras. » Reculant de mon emprise, je mets mes mains dans mes poches pour me rapprocher du bord, tournant simplement la tête vers lui pour reprendre.

« Tu es bouché ? Je t’ai dit que je ne te ferai rien aujourd’hui. Je suis peut-être un enfoiré, mais je tiens mes engagements. Cependant... » Je lui tourne le dos pour regarder le vide avant de lancer sur un ton glacial. « Ce ne sera pas le cas la prochaine fois, prépares-toi. » Un sourire sadique, je lui lance un dernier regard. « Â très bientôt petit caniche. » Je saute du toit, disparaissant de son champ de vision, courant sur le mur puis sur celui d’en face pour passer de toit en toit, je mords ma lèvre, il m’a provoqué et en toute honnêteté Je suis impatient de notre prochaine rencontre, car cette fois, je le jure... Je vais le briser.

J'aurai mieux fait de sauter du toit quand il me l'a demandé, plutôt que parlementer avec lui. Quoi que, c'est impossible de tenir une discussion avec le diable. Il m'écoute, puis me coupe et brise mes espoirs. Je m'en fiche. Il peut faire ce qu'il veut, je ne céderai pas. Si je dois mourir, je mourrai en homme fier. C'est un peu gros, surtout qu'il ne compte pas commettre de meurtre, d'après lui. J'ai toujours un doute sur le fait qu'il peut pousser ses victimes au suicide, par contre. En attendant, je ne me gêne pas pour reprendre le dessus sur moi-même et prouver à mon assaillant que je ne serais pas aussi faible qu'il le croit. Un jour, il se lassera de moi. D'ici quelques mois, quelques années. Je n'aurai plus aucune valeur et il trouvera bien un autre jouet à martyriser. J'y crois, qu'il me laisse croire. Son regard met ma foi en miette, mon courage à la poubelle.  Il est trop sérieux, trop froid. Aurais-je tord ? Jusqu'à où est-il prêt à aller pour me détruire ? Pourquoi, d'ailleurs ? Que lui ai-je fait de base pour que ça l'amuse autant ? Qui a-t-il seulement de marrant à faire ça ? Je ne comprends pas ce gars, et je ne pourrais sûrement jamais le comprendre. Comprendre quoi ? Je me pince les lèvres en ravalant ma salive, ne sachant que répondre à ses paroles. Il me laisse tranquille, apparemment. Enfin, façon de parler, parce qu'il ne me foutra jamais la paix. Ce serait trop beau, qu'il disparaisse comme par magie.

C'est cool qu'il ne fasse rien aujourd'hui, même si son "cependant" me coupe l'herbe sous le pied et que j'ai l'impression de faire une chute libre dans le vide. C'était trop beau, bah ouais. La prochaine fois... Je voudrais qu'elle n'arrive jamais. Qu'est-ce qu'il compte faire à la prochaine rencontre ? M'attacher la tête à l'envers ? C'est trop difficile d'entrer dans son esprit pour l'imaginer. Hein ? Comment ça à très bien- Je rêve! Il vient bien de sauter du toit ? Abasourdi, je me précipite vers le bord pour m'assurer qu'il soit bel et bien tombé dans le vide. Serait-il suicidaire ? Non, évidement. Dakota s'est juste enfui de la meilleure façon qu'il soit, par les toits. Ce mec est taré, y a plus aucun doute.

« Si tu pouvais te louper et tomber, tss. » Marmonnais-je pour moi-même en m'éloignant du bord, reprenant la porte puis les escaliers pour rejoindre ma classe. Ils n'ont pas remarqué mon absence, rien de rien. Je me sens soulagé, au moins j'évite la colle. La suite de la suite est nulle, comme prévue, mais je suis trop occupé à penser à l'autre timbré. La prochaine fois... Et si je fuyais vraiment le pays pour ne plus jamais le revoir ? C'est stupide. Je ne peux pas partir comme ça, même si rien ne me rattache réellement à cette ville, à cet endroit. Une famille ? J'en ai pas. Des amis ? Seulement pour London. Je ne sais pas, je suis réellement perdu.