would you be my friend ?

Tenue ๑ Il essayait d'échapper au diable. Il se planquait dans les couloirs. Il longeait les murs. Tel était son quotidien des dernières semaines. Du coup, il souriait de moins en moins. Ce sale type l'effrayait depuis l'autre fois. Il s'évertuait juste à éviter son chemin. Bien sur, on le cognait encore de temps en temps. À la fin d'un cours ou quand il ne se faisait pas assez discret. Il les trouvait même de plus en plus violent. Est-ce qu'ils prenaient exemple sur Li Shen ? En tout cas, cette partie de cache à cache s'éternisait. Si bien qu'il n'avait pas croisé une seule fois Tsubasa depuis leur rencontre. Pourtant, cela lui aurait fait du bien, il en était persuadé. Peut être que son sauveur aurait fait fuir les vilains. Peut être qu'il pourrait lui apprendre à se battre ? Minoru gardait cette petite idée dans un coin de sa tête et comptait bien lui demander aujourd'hui. Parce que c'était le grand jour. Celui qu'il attendait tant. Le soir du dîner. D'ailleurs, c'est ce qui l'aidait à tenir. Il se disait qu'il ne fallait surtout pas décevoir Tsubasa, qu'il se montre fort et normal surtout. Pas question de le planter à cause d'une crise d'angoisse ou autre. Il voulait manger avec lui et désirait plus tout apprendre à le connaître, tisser un lien quoi. Devenir son ami, en fait.

Plus tôt dans la semaine, il l'avait donc appelé pour lui proposer de choisir une soirée puis, grâce à l'aide de Ji Hyuk, avait pu réserver dans un restaurant traditionnel pas très grand et plutôt familial. Mais il n'avait pas non plus oublié son idée de base qui était de lui préparer quelque chose à manger. Alors aux côtés de sa mère, en prétextant l'envie d'apprendre à cuisiner, il s'était attelé à la tâche.

Ainsi, il se trouvait assis à la table du fameux restaurant avec une petite boîte en carton noué par un ruban rouge devant lui. Il avait une belle demi-heure d'avance et pour être honnête s'était décidé à rentrer après avoir fait les cents pas pendant dix bonnes minutes devant la porte. L'air de rien, il stressait. Et s'il ne venait pas ? Et s'il n'aimait pas l'endroit ? Mais surtout, qu'est-ce qu'il allait dire en le voyant ? Minoru était plutôt amoché, comme d'habitude pourrait-on dire, mais cette fois, c'était assez impressionnant. On apercevait les restes d'un coquard. Par chance, ça avait commencé à désenflé et ne demeurait que la couleur bleutée autour de son œil. Au niveau de son sourcil, un petit pansement qui dissimulait des points de suture. Sans parler de sa lèvre inférieur, légèrement ouverte sur le côté droit. Mais c'était du passé pour lui. Il s'en fichait. Il espérait du coup ne pas avoir à répondre à trop de questions.

Quand le tintement de la porte d'entrée raisonna, il se redressa sur sa chaise. Bingo ! C'était lui. Un large sourire envahit aussitôt son visage et il agita ses bras pour lui signaler sa présence. Mais stop, il fallait vraiment qu'il calme les battements de son cœur et qu'il dissimule toute cette excitation. Il n'avait pas envie de le faire fuir. Lorsque Tsubasa prit place face à lui, Minoru souffla simplement : « Tu es vraiment venu. » Encore un peu surpris d'être là avec lui. Il ne s'imaginait pas avoir le droit lui aussi à ce genre de sortie banale pour des étudiants. Ça le réchauffait de l'intérieur et soudaine tout le reste ne comptait plus. Comme dans ses souvenirs, une aura singulière se dégageait de Tsubasa et l'aidait à se sentir à l'aise. Il poussa alors le petit paquet vers lui en l'invitant d'un signe de tête à l'ouvrir. « C'est pour toi. Pour te remercier. » Il contenait deux cupcakes préparés avec le cœur. Ils n'étaient pas parfaits et, en vérité, ne ressemblaient pas à grand chose, mais ça se mangeait. C'était le plus important, non ?

Le serveur s'approcha de leur table pour déposer les cartes et Minoru déplia la sienne dans la seconde pour cacher son visage abîmé derrière. Il tentait de gagner du temps mais surtout d'éviter le regard de Tsubasa. « Qu'est-ce que tu vas manger ? » Il passait tous les plats en revue et tournait les pages avec une main un peu tremblotante, à la fois gêné et excité. « Est-ce qu'on prend du vin ? C'est bon de manger avec du vin, non ? Peut être que le serveur ne me demandera pas mon âge. » Un petit rire nerveux lui échappa et il toussota pour l'étouffer, se cachant encore plus derrière sa carte. Et si Tsubasa était venu parce qu'il se sentait obligé et non parce qu'il en avait envie ? Et s'il avait pitié de lui ?

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TENUE ๑ Les jours sont passés depuis ce soir-là où je me suis retrouvé face à celui devant qui j’espérais ne jamais me montrer, par parce que je n’en avais pas envie, mais parce que je me sentais toujours coupable c’était indéniable, aujourd’hui encore j’ai l’impression de le trahir en acceptant de le revoir, de lui parler et même de lui sourire si naturellement. Je suis un monstre, c’est ce que le monde a pensé de moi pour partager le sang de cet enfoiré, mais Minoru est un gosse innocent, victime de ce monde qui tourne pas ronde. Je n’ai pas pu veiller sur lui aussi longtemps ses jours-ci que j’en avais pris l’habitude, j’ai pu arrêter quelques abrutis, mais j’avais bien remarqué ses marques et je maudissais celui ou ceux qui avaient osé le toucher. J’étais occupé avec mes cours et d’autres « rendez-vous » du coup je n'avais pas pu le protéger et je m’en voulais, je ne comprenais pas cet élan de méchanceté qu’ils avaient contre lui, pourquoi le blessé, ils ignoraient tout de son passé, mais il s’amusait à le frapper juste pour éprouver un sentiment de supériorité ? C’est d’une bassesse que je ne peux pas comprendre, une lâcheté dont ils devraient avoir honte, s’en prendre au faible équivaut à mes yeux à être « faible » soi-même, mais les gens sont souvent des idiots, des gamins puérils et bornés qui vont répondre avec des phrases tellement bien tournées. « ferme ta gueule où je te nique » clap-clap, la belle mentalité.

Enfin on n'est pas là pour parler de ses enfoirés, je m’étais préparé vite fait pour quitter le dortoir le ventre vide, je me réserve pour le diner, j’avoue que j’ai trainé des pieds sur le chemin, je réfléchissais et j’ai même hésité à m’y rendre, mais j’ai promis et malgré tout je veux le voir, il semble heureux en ma compagnie et bien que je le « trompe » et ne comprenne pas comment ça peut être le cas, je passerai cette soirée avec lui et tenter de ne rien dévoiler encore une fois, ce qui est assez pesant; heureusement j’ai pris l’habitude avec les années à faire semblant, cependant je n’avais jamais imaginé me retrouver assis avec lui pour manger, il y a quelques jours de ça, cela m’aurait juste paru impossible. Les portes du restaurant passé, l’endroit était comme je l’imaginais, convivial et pas trop chic, de quoi échanger dans une bonne ambiance sans prise de tête et avec légèreté. Il me remarque et le sourire qu’il affile me fit sourire doucement, ce gosse m’intrigue, mais il a une certaine aisance malgré tout à afficher ce qu’il ressent, je peux comprendre sans mal sa joie de me voir, je ne veux pas le décevoir et le rejoignant en prenant place, je lui réponds en le regardant.

« Tu en doutais ? Je te l’ai promis et je meurs de faim~ » J’avais décidé d’être plus « moi » et ouvert ce soir, je voulais qu’il passe une bonne soirée et mine de rien je me sens emporter par sa bonne humeur et sa façon d’être, il m’attire dans son monde et je m’y sens bien, j’ai toujours les pieds sur terre, mais disons que je lève doucement le talon. Voyant le paquet qu’il pousse vers moi, je le regarde et passé de ses yeux au paquet et du paquet à ses yeux avant de sourire simplement pour l’ouvrir lentement. Voyant les deux cupcakes mes lippes affichent une nouvelle esquisse reconnaissante et un « merci, c’est toi qui les as préparé ? » Je referme, mais je comptais bien les gouter plus tard après le diner. Je l’observe regarder la carte alors que je jette un œil au serveur qui vient de venir à notre table, j’avais déjà mon idée sur la question.

« Je vais prendre un goramen avec un tempura udon et un supplément de tranche de porc~ » oui j’ai faim, je l’ai prévenu hein et encore je verrai après si mon estomac sera assez rassasié. Je devrais pas en profiter parce qu’il offre, mais en même temps si je ne prenais pas grand-chose il serait triste aussi, alors autant ne pas faire de chichi comme on dit.

« Tu as choisi ? » Pour sa question sur le vin je souris en me rapprochant pour pas que le serveur puisse entendre. « Je pense que le meilleur c’est le saké, mais tu n’en as jamais bu je parie ? Tu veux tenter ? » Je me remets à ma place. Après la commande de Minoru on se retrouve de nouveau seuls et je lui demande. « Je vais te le demander qu’une fois, mais les blessures sur ton visage, est-ce que ce sont encore les types de l’autre fois ? » Je voulais essayer de savoir qui ça pouvait bien être et je savais qu’il était bizuté, donc... Je ne voulais pas le mettre mal à l’aise, mais j’étais obligé de lui demander et il devait s’en douter.

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Tenue ๑ Devrait-il avoir peur ? Devrait-il se méfier ? Minoru ne réfléchissait plus. Dès que son regard capta celui de son sauveur, son visage s'illumina d'un sourire sincère et chaleureux. Même ses parents ne posséderaient pas l'immense privilège d'un tel accueil. Même s'il superposait ses souvenirs à son visage, Minoru ne réussissait pas à se méfier de lui. La surprise et la crainte avaient très vite fait place à un tout autre sentiment. Parce qu'il l'avait protégé, soigné puis raccompagné chez lui, il lui accordait déjà une confiance aveugle. Pourtant, il ne le connaissait pas. Il ignorait tout de l'histoire de ce garçon. Mais l'aura qui se dégageait de Tsubasa le rassurait. Et il ne s'était pas senti autant en sécurité depuis des années, depuis son retour dans le monde réel en fait. Avant, enfermé entre quatre murs, à l'abri des gens que son ravisseur lui décrivait comme terrifiants, il croyait qu'il n'aurait jamais à souffrir. Aux côtés de cet homme, malgré une fin violente, il s'imaginait intouchable. Bizarrement, c'était ce qu'il ressentait aussi en compagnie de Tsubasa. Il se réjouissait de ce moment privilégié qu'il lui accordait. Il fallait à tout prix qu'il devienne son ami. Cela s'imposait comme une évidence. Il l'intriguait autant qu'il le fascinait. Il avait besoin de rester à ses côtés. Il craignait néanmoins de ne pas être à la hauteur. Il ne savait pas comment il devait s'y prendre. Peut-être aurait-il dû demander quelques conseils à Ji Hyuk ? Trop tard. Il ne lui restait plus qu'à paraître le moins bizarre possible afin d'éviter de le faire fuir comme tous les autres.

« C'est que... tu as sûrement mieux à faire que de traîner avec moi. » Minoru haussa les épaules. Quand il voyait Tsubasa, il se représentait un mec entouré. Des amis, des filles. Peut être pas un de ces frimeurs trop populaires mais un chic type avec une bonne bande de copains. Il préférerait sûrement boire un verre avec eux que de manger au restaurant avec un extraterrestre. « Merci d'être venu. » Chuchota-t-il en baissant les yeux.

Il avait passé du temps à préparer ces cupcakes. Il espérait qu'ils étaient bons et que cela allait lui plaire. D'ailleurs, il noua ses doigts -comme s'il priait- pendant que Tsubasa découvrait sa petite offrande. À sa question, il hocha vivement la tête avant de s'arrêter d'un coup et de grimacer un peu. Il ne pouvait pas lui mentir. « Enfin, avec ma mère. Pardon. » Il mentait à tout le monde mais pas à lui. Il n'y arrivait pas. Il ne comprenait même pas pourquoi. Puis il prit un air de chien battu. Peut être qu'il n'en voudrait pas maintenant qu'il savait qu'il ne les avait pas préparés tout seul. Il se mordit la lèvre et se mit à gigoter nerveusement sur sa chaise. Minoru, c'était l'innocence même. Dans son comportement, il ne ressemblait pas à un jeune homme de dix neuf ans mais bien à un gosse un peu paumé. Pourtant, il cachait un caractère plus mature que les autres personnes de son âge.

Minoru s'empressa d'attraper la carte pour s'abriter du regard de son invité. Il voulait éviter les questions le plus longtemps possible et pour le moment Tsubasa ne lui paraissait pas tellement intrigué par ses blessures. Enchanté de voir qu'il ne se privait pas, un sourire revint étirer les lèvres de l'étudiant en littérature. « Je vais prendre des yakitori avec du riz. » Pour une fois, il avait légèrement faim lui aussi. Un peu plus décontracté qu'à l'ordinaire, le stress ne l'empêcherait pas de manger.

Du saké ? Minoru connaissait le nom de cet alcool mais n'en avait naturellement jamais consommé. Il en ignorait même la couleur. Est-ce que c'était fort ? Rah, il ne pouvait pas jouer l'ignorant. Tsubasa le trouverait vraiment trop bizarre sinon. Peut être qu'un peu de comédie serait le bienvenue finalement. « Ah mais oui le saké. J'en ai déjà bu une fois. Alors oui, demande du saké. » Tellement crédible. La voix qui tremble, le regard fuyant. Et en plus, il avait déjà avoué à Tsubasa qu'il n'avait bu qu'une seule fois de l'alcool. Même s'il ne voulait pas lui mentir, il s’emmêlait quand même dans ses histoires. Le serveur nota leur commande et reprit avec lui les cartes. Plus question de se cacher, il allait passer à la casserole, il en était sur.

« Non. » Répondit-il simplement. Il ne lui mentait même pas pour le coup. Ce n'était pas les mêmes types. De toute manière, il y en avait tellement qui aimaient le voir souffrir. Il soupira et baissa d'ailleurs les yeux sur la paume de sa main. Là où Li Shen avait écrasé sa cigarette quelques jours plus tôt. Il s'empressa de cacher cette marque en la passant sous la table. « Tu sais, c'est pas très grave. » Il haussa les épaules. Dans le fond, il s'en fichait. Il avait beau pleurer à chaque fois. Il encaissait très bien. Il se disait que ça faisait juste très mal sur le coup. Mais tout cela le fatiguait. Avoir besoin des autres pour s'en sortir l'ennuyait. Qu'il s'agisse de Tsubasa ou de Ji Hyuk. Il en avait marre qu'on prenne des coups à sa place. « Tu pourrais m'apprendre à me défendre, non ? T-tu as l'air fort. » Il avait soufflé ces derniers mots, comme impressionné. Mais cela le travaillait depuis quelques temps. Et s'il apprenait à se battre ? Plus de larmes, plus de blessures, plus de mensonges à servir à ses parents tous les jours. Ses frères n'auraient peut être plus honte de lui. « Mes frères disent que j'ai aucune volonté, que je suis faible. Tu crois que c'est vrai ? » Ses prunelles cherchèrent à s'ancrer aux siennes. On lisait un appel à l'aide si fort qu'il n'était pas possible d'y rester insensible. Contrairement à ce que les médias disaient, Minoru n'avait pas regagné la surface. Il continuait de couler.

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TENUE ๑ Minoru est naïf ou alors il se rattache à mon image, celle qui ressemble tant à cet homme qu’il a fréquenté durant des années, celui même qui partage mon sang. Il me superpose malgré lui à un passé qui a mes yeux devrait être douloureux et pourtant à le voir j’ai l’impression qu’il y avait pris gout, qu’il y était vraiment attaché, à mon frère son bourreau, l’aimait-il vraiment ou est-ce une façon de s’échapper de la réalité ? Je ne comprends pas et j’avoue ne pas avoir envie de comprendre, quand je vois ses yeux brillant et joyeux se poser sur moi j’ai l’impression que ce n’est pas moi qu’il regarde, en tout cas si je n’avais pas ce physique, cette voix, Minoru aurait-il été aussi emporté et troublé ? Bien sûr que non, c’est ça le pire dans l’histoire, je fuis mon frère alors que lui, il lui court après. Où est la logique dans cette histoire. Je sais ce qu’il doit penser et ses paroles me le confirment, il doute beaucoup surement parce qu’on semble ne rien avoir en commun et c’est vrai, nous sommes opposés sur bien des points. Pourtant nous sommes aussi bien plus liés qu’il ne le pense, ça je suis le seul à le savoir et je dois le rester, du coup je me contente de sourire pour le rassurer.

« Je n’avais rien de prévu à part notre « rendez-vous » donc déstresse, si je ne voulais pas être ici, je ne le serais pas. » Si la situation me le permettait je pouvais le protéger sans me cacher et le soutenir, sachant qu’il se sent bien à mes côtés, je le vois sur son visage et je ne peux pas faire comme si je ne voyais rien, il montre ce qu’il ressent comme un livre ouvert, c’est comme parler à un enfant super-expressif, mais il ne doit surement pas s’en rendre compte. Je suis ici parce que j’ai promis et bien que je sais pertinemment que je ne devrais pas l’être pour éviter toutes révélations que je dois garder scellé, mais je suis content de passer du temps avec lui, il est le petit gars que j’ai envie de couver en virant tout le mal qui tourne autour de lui et malgré ses souffrances passées, il a se sourire et cette innocence, je ne peux pas lui tourner le dos, c’est impossible.

« Ne me remercie pas, tu es celui qui invite donc le seul qui doit dire merci c’est moi. » Je garde une esquisse amicale, je ne suis pas venu pour qu’il se prenne la tête avec des détails, actuellement je suis là et je n’ai pas envie d’être ailleurs c’est simple. Il m’offre alors un paquet avec deux cupcakes dedans et je le question pour savoir s’il les a fait tout seul, ils ont l’air délicieux en tout cas, je suis plutôt gourmand donc je les mangerai sans doute après le repas en les dégustant tranquillement. « Pourquoi tu t’excuses, c’est gentil d’avoir pris la peine de les faire, même en ayant été aidé, merci. Je ne serais pas capable d’en faire autant tu sais~ » Je souris, mais cela cache aussi un certain désarroi, si sa mère savait seulement pour qui elle a pris la peine de cuisiner... j’ose pas imaginer sa réaction, je me sens minable de faire subir ce genre de choses à cette famille, mais que puis-je faire ? Moi aussi je n’ai pas réponse à tout et je fais des erreurs, pour l’instant tout ce que je peux faire c’est les accepter et les remercier, tout simplement.

Je n’étais pas aveugle j’avais bien vu les blessures qui trôné sur le visage de Minoru et cela dès l’instant où je suis rentré, mais je ne comptais pas lui sauter dessus avec ce genre de détails qui devait déjà lui laisser des séquelles encore et encore, décidément je ne comprends toujours pas comment un gars comme lui peut avoir aussi peu de chance, séquestré, violé et bizuter, c’est le monde à l’envers, si seulement les gens n’étaient pas tout aussi cons....  Du coup je commande tranquillement de bons plats sans me retenir montrant bien ma faim et surtout faisant ainsi plaisir à Minoru, je ne voudrai pas qu’il pense que je me retiens parce qu’il offre à manger, je devrai... Mais si les rôles étaient inversés je voudrais qu’il fasse de même. Commande passée il me parle de vin et je lui parle de saké, à sa réponse je l’observe avant de sourire peu convaincu, mais rentrant dans son jeu. « Oh c’est vrai ? Tu vas le supporter alors ~ » Je l’embête à ma manière avec un léger sourire, il n’a pas besoin de se forcer avec moi, sauf que ça il ne doit pas en avoir conscience... Pour moi Minoru est une partie intégrante de mon passé et de ma vie, une pièce du puzzle, celle qui a tout chamboulé, mais ce n’est pas lui que je tiens pour responsable alors même si quand je l’ai rencontré ce fut une période « noire » pour moi et ma famille, lui n’a rien à se reprocher et j’use de ce que je sais sur lui depuis toutes ses années pour tisser le lien, peut-être qu’inconsciemment je veux réellement m’en rapprocher et non le veiller à distance comme je le fais.

Profitant d’être à nouveau seul je le questionne sur ses blessures, je suis intrigué et bien que ça risque surement de casser un peu l’ambiance je ne peux pas passer à côté et taire cette envie d’en savoir plus sur la situation. « Qui tu veux convaincre avec ça ? » Je n’aime pas l’entendre se dévaloriser en pensant que ce n’est rien de grave, à quel point pense-t-il méritait ce traitement au juste ? À sa demande je le fixe en silence, il est sérieux . « Tu as envie de te défendre ? Je ne sais pas si tu es faible ou non, pour moi la faiblesse c’est lorsqu’on capitule, si tu as déjà abandonné et acceptes de prendre des coups, alors tu es faible. » Je ne mâche pas mes mots, mais je parle avec franchise, bien que j’ai appris à mentir pour protéger mon passé, en dehors de ce « sujet-là », je suis toujours « moi ».

« Je ne pense pas que tu aies besoin de devenir fort physiquement, mais plutôt de réalisé que personne ne doit être le punching-ball de quelqu’un, pleurer ou fuir n’est pas une faiblesse, c’est une autre forme de courage et de force d’après moi. » Je l’observe souvent, je peux donc voir ses larmes ou sa façon de fuir la réalité, longeant les murs pour passer inaperçu, il tente de se « sauver » à sa manière, mais il ne sait simplement pas comment s’y prendre autrement. « Désolé je m’emporte, mais on a tous notre manière d’être fort, il faut simplement la trouver. »

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Tenue ๑ Est-ce qu'il disait la vérité ? Minoru plissa les yeux l'air de chercher à le démasquer. Pour lui, cela paraissait surréaliste que quelqu'un accepte de passer du temps en sa compagnie alors forcément il essayait de s'assurer de sa sincérité. On le disait trop naïf et il espérait éviter de tomber encore une fois dans les filets d'un type malhonnête. Puis il se remémora le sauvetage, l'infirmerie, le pansement et la façon dont il s'était adressé à son petite frère. Il n'y avait aucune raison de douter de Tsubasa. Il ne lui mentait pas. Il ne ressemblait pas à un menteur. Mais surtout, il mourrait d'envie de lui faire confiance. Il n'existait pas d'autre moyen de devenir son ami, non ? Il avait lu dans les livres que l'amitié se fondait sur ça. S'il ne croyait pas en Tsubasa dès le début, ils ne deviendraient jamais des amis. Les traits du visage du plus jeune se détendirent donc, et tout doucement un sourire revint l'illuminer. Il se redressa aussi sur sa chaise en prenant une position plus détendue. Il affichait à présent un air serein. Il ressemblait presque aux autres jeunes hommes de son âge. Presque seulement. Car il ne dégageait manifestement pas la même assurance et on détectait encore dans la lueur de ses yeux un appel à l'aide déchirant.

« Alors est-ce qu'on fera d'autres choses ensemble ? » Minoru ne s'imaginait pas qu'il mettait les pieds dans le plat. Il cherchait juste à se créer une petite place aux côtés de son nouveau super héros. Comment pourrait-il deviner tout ce qu'il lui cachait ? L'étudiant en littérature ne demandait qu'un peu d'affection. Il ignorait qu'il l'attendait de la mauvaise personne ou en tout cas que Tsubasa estimait ne pas avoir le droit de lui en offrir. Mais si son innocence agaçait beaucoup de monde, elle séduisait quelques cas exceptionnels sans qu'il n'en soit véritablement conscient. Il se dégageait de sa fragilité une délicatesse aussi exquise qu'ensorcelante. En fait, il ressemblait à un petit oiseau tombé de son nid dont on désirerait sauver la vie. Il voulait réapprendre à voler, gommer ses différences et rattraper son retard. Ainsi, aller au restaurant était un premier pas. Et il souhaitait effectuer les prochains avec lui. Ça serait peut être moins effrayant.

Lui dire merci ? Minoru ouvrit grands les yeux et secoua vivement ses petites mains devant Tsubasa. Qu'est-ce qu'il racontait ? « N-non, tu m'as aidé. J'aurais pu passer la nuit dans ce placard s-si... » Il ne termina pas sa phrase et à la place se courba en avant en baissant le plus possible la tête à plusieurs reprises. Il s'inclinait devant son sauveur. « Merci. » Il répéta ce petit mot plusieurs fois. Tsubasa devait comprendre combien il lui était reconnaissant. Cette nuit aurait pu se terminer en véritable cauchemar s'il n'était pas intervenu. Alors il poussa le petit paquet vers lui. Un cadeau minuscule mais qui venait du plus profond de son cœur. Même si maintenant qu'il y pensait, ça n'était pas très personnel. Il ne les avait pas cuisiné seul ces cupcakes. Il s'excusa donc. Minoru s'excusait tout le temps et pour tout. Heureusement, Tsubasa réussit une nouvelle fois à trouver les bonnes paroles pour le rassurer et le mettre à l'aise. Minoru se mordit doucement la lèvre avant d'oser lui répondre comme si ce qu'il allait dire ne devait pas être révélé. « Ma mère était contente de m'aider à les préparer. Cela voulait dire que j'avais quelqu'un à qui les donner et ça lui a fait très plaisir. Je suis sur qu'elle t'apprécierait beaucoup. » Et encore une fois, il était à mille lieux de se douter qu'en vérité elle détesterait savoir son fils en compagnie de Tsubasa. Pourtant, il se dévoilait sans mal à ce garçon. Il ne se cachait pas. Il ne fuyait pas. Il parlait sans avoir peur. C'était si rare.

Minoru se souvenait encore très bien de premier et dernière cuite. La seule et l'unique. Entre la bagarre, le sauvetage grâce à Ji Hyuk puis il avait vomis aussi avant de craquer chez son ami. Sacré soirée. Il s'était promis de ne plus jamais toucher à une seule goûte d'alcool. Mais il voulait avoir l'air cool devant Tsubasa pour lui donner envie de rester avec lui. « T-très bien, mieux que toi j'en suis sur. » Enfin, il ne prendrait pas les paris là-dessus en toute honnêteté. Qui espérait-il convaincre de toute manière ? Y avait qu'à le regarder pour comprendre qu'il n'avait pas l'habitude de boire.

Même s'il ne lui avait pas menti, sa réponse n'avait pas eu l'air de le satisfaire. Il baragouina quelque chose d'incompréhensible dans sa barbe, un peu comme un gamin qu'on serait en train d'engueuler. Il finit par soupirer. « Et alors ? Tu as une baguette magique pour effacer ça peut être ? » Il pointa du doigt son visage marqué par les coups de ses tortionnaires. Il ne se montrait jamais insolent et ne répondait jamais de la sorte. « J'ai l'habitude. » Et encore une fois, il haussa les épaules, comme agacé par cette discussion. Il n'était pas venu pour se faire plaindre ou encore pour dénoncer les coupables en espérant qu'ils se feraient ensuite tabassés par Tsubasa. Par contre, il avait envie de se défendre. Envie d'apprendre. D'arrêter de fuir. Les paroles de Li Shen résonnaient encore dans sa tête. Il n'arrivait pas à les oublier. Mais il ne s'attendait pas à ce que Tsubasa le bouscule de la sorte. Il l'écouta attentivement sans pour autant oser le regarder. Il fixait ses mains, enfin, la paume de sa main, celle où l'autre avait écrasé sa cigarette. Avait-il abandonné ? Était-il vraiment faible comme les autres semblaient le penser ? Il s'était fait à ce rôle de punching-ball. Si bien qu'il se demandait ce que ça ferait de ne plus en être et s'il en était seulement capable.

« Je n'ai pas de force. Je crois que tu te trompes. » Murmura-t-il avec une voix tremblotante. Minoru connaissait ses faiblesses. Il n'avait aucun moyen de compenser. Après quelques longues minutes de silence, durant lesquelles il s'oblige a à retenir et ravaler ses larmes, il releva enfin la tête. « Oublie ce que je t'ai demandé, tu veux ? » Ce repas ne se passait pas comme il l'avait prévu. Ils n'étaient pas en train de rire. Il ne lui posait pas plein de questions pour apprendre à le connaître. Le serveur revint avec leurs plats ainsi que le saké. Minoru fixa du coin de l’œil la bouteille. Il n'avait pas aimé la cuite mais il se souvenait encore du sentiment d'euphorie qui l'avait précédé. Il agita son verre sous le nez de Tsubasa en se forçant à sourire à nouveau. « Sers-moi s'il te plait. »

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TENUE ๑ Pourquoi fallait-il que Minoru frappe là où le sujet devient sensible ? Les questions qu’il me pose avec tant d’innocence pourraient me rendre faible, mais je garde la tête froide, bien que je sois chaleureux avec le plus jeune et plutôt ouvert, je n’oublie pas ce qui nous lie, comment lui promettre de partager d’autre chose alors que j’ignore comment finira cette soirée ? Puis je me sens coupable d’accepter de trainer avec lui, ce n’est pas parce que je ne le veux pas, mais parce que je ne sais pas... Je ne sais pas si j’en ai le droit, j’ai l’impression de le trahir en gardant mon identité secrète, mais je ne compte pas non plus la lui révéler, alors que suis-je censé faire ? Je me contente de sourire sans réellement donner de réponse, j’aurais pu mentir ou promettre de nouvelles sorties, de nouvelles rencontres, mais puis-je le faire ? Je ne sais pas, je suis peut-être devenu un bon menteur en temps normal, ça ne change toujours pas le fait que je ne veuille pas user de ce stratagème lâche avec Minoru. Je dissimule la vérité c’est vrai, mais je mens pas face à ses questions, pas encore en tout cas. Puis il m’a invité, me remercier d’être venue n’est pas logique, je suis le seul à être là pour profiter du repas et de sa présence, il n’y a donc aucun remerciement à avoir, mais connaissant le plus jeune c’est trop lui demander de ne pas s’excuser ou montrer sa gratitude, en tout cas envers moi il ne lésine pas et je trouve ça adorable bien qu’un peu naïf sur les bords, me faire confiance... Il ne devrait pas, vraiment pas.

« Pas de si~ » dis-je simplement, pas la peine de repenser à ça, je l’ai aidé c’est vrai et cela sans même savoir qui il était au début, enfermé dans ce placard, des idiots il y en a partout et des victimes aussi malheureusement. À son merci je souris en secouant doucement la tête pour dire « de rien » de manière gestuel. Minoru ne pouvait pas se douter de l’état psychologique dans lequel je pouvais me trouver, entendre que sa mère avait cuisiné avec lui pour me préparer ses deux gâteaux me faisait plaisir, mais d’un autre côté je me sentais toujours aussi coupable, si elle savait que c’était pour moi, le frère cadet de l’homme qui lui a enlevé son fils, séquestré et violé son petit bébé... Je mériterai surement des tartes pour ainsi jouer avec cette famille, je suis « innocent » et coupable à la fois, il n’y a pas pire comme situation. Minoru mettait vraiment les pieds dans le plat avec ses pensées innocentes, sa mère ne m’apprécierait pas, ce ne sera jamais le cas, comment le pourrait-elle... Mais je ne voulais pas briser ses espoirs, c’est surement pour ça aussi que je ne peux pas trainer avec lui, si ses parents me voient en sa compagnie, tout serait gâché et le plus jeune me regarderait avec son regard déçu, j’ai été victime de temps de choses après cette histoire, mais je me suis toujours relevé.

Parlant alcool je ris simplement sur cette agréable provocation émise par Minoru, le regardant avec ce petit air de défi. « Je vois, tu vas surement me montrer ça alors. » Je devrai être raisonnable et l’empêcher de boire, mais pourtant je n’en fais rien et je le regretterai peut-être plus tard qui sait. Je ne l’engueulais pas en parlant de ses blessures, il semble l’avoir mal pris, mais tant pis. Je ne reviens pas sur mes paroles, l’observant simplement. « Je ne suis pas un magicien. » Avoir l’habitude était pire que tout, mais que pouvais-je dire face à ça ? Je soupire simplement sans rien rajouter de plus, avant de lui étaler mon point de vue.

La force est une chose qui diffère d'une personne a l'autre, Minoru me voit surement comme une personne forte, comme un héros, mais je ne suis rien de tout ça. Moi aussi j’ai été à sa place, j’ai été victime des coups de mes camarades d’ijime, de maltraitance, c’est cette période qui m’a donné l’envie de me relever et de me battre, si je devais être un « monstre » alors je devais en avoir la carrure et la force. Minoru n’a pas conscience de tout ça, il ne doit même pas comprendre mes paroles et ma façon de voir les choses, pourtant elles sont claires... Mais il a été une victime trop longtemps et malheureusement cela ne va pas changer, parce qu’il ne veut surement pas prendre conscience que tout ça n’est pas normal, cette habitude qu’il a prise ou qu’il continue de prendre n’est pas normale...

Je souffle devant sa réponse et sa demande pour dire simplement. « Comme tu voudras. » Sans insister, ça serait une occasion de trainer ensemble de toute façon et je préférais éviter, même si pour « ça » j’aurai surement fait une exception. Les plats commandés déposé sur la table, je hume la bonne odeur qui s’en dégage alors que je vois le plus jeune me tendre son verre. Attrapant la carafe pour lui servir la boisson j’en fis de même dans ma petite tasse exprès avant de la reposer.

« Essaie de ne pas oublier comment marcher quand même~ » un petit sourire, je ne pourrais pas le ramener chez lui, du moins pas plus loin que l’endroit où je l’ai abandonné la dernière fois... Il faut donc qu’il reste assez conscient pour se souvenir de qui il est et où il va.

would you be my friend ?

Tenue ๑ Minoru sentait le malaise s'installer. Il n'aimait pas la tournure que prenait cette discussion. Il n'appréciait pas non plus le message que Tsubasa essayait de lui envoyer. Psychologiquement, il ne disposait pas encore du recul nécessaire qui lui permettrait de prendre conscience que non, ce n'était pas normal qu'il laisse les autres le malmener ainsi. Il n'était pas prêt à ouvrir les yeux. Il ne voulait pas se rendre compte de la gravité de sa situation. Il pensait sincèrement le mériter. Les gens se comportaient ainsi avec lui parce qu'ils le trouvaient bizarre, parce qu'ils refusaient de lui créer une place parmi eux. Pour lui, toutes ces différentes réactions se justifiaient par le simple fait qu'il n'existait pas dans ce monde un petit peu d'espace pour quelqu'un de son genre. Il n'avait pas grandi comme tout le monde. Il ignorait encore trop de choses. Il ne réussissait pas à s'adapter. Ou peut être que dans le fond, il ne le souhaitait pas. Il refusait de vivre aux côtés des vivants. Il se croyait incapable de vivre. Il poussa un long soupir alors que Tsubasa décidait de ne pas insister, de ne pas creuser. Il avait raison. Minoru n'était qu'une bombe à retardement. Il n'aimerait pas que tout lui éclate au visage. Le plus jeune pinça ses lèvres. Le silence qui dominait désormais le gênait. C'était de sa faute. Il venait de plomber l'ambiance avec sa demande totalement ridicule. « Pardon. » Il s'excusait parce que c'était encore ce qu'il faisait de mieux. Il s'excusait tout le temps et pour tout. Il s'excusait presque de respirer, d'exister. Il s'excusait d'avoir été ce gosse que Tsubasa avait dû sauver d'une bande d'abrutis. Il avait sans doute mieux à faire ce soir là que de jouer le justicier.

Le serveur déposa les plats sur la table. Minoru le gratifia d'un petit signe de tête avant d'observer toutes les bonnes choses qui trônaient devant eux. Le regard rempli d'étoiles et un timide sourire se glissa sur ses lèvres. Heureux de partager ce moment avec Tsubasa. Il se souvint alors du saké et lui présenta immédiatement son verre. Un peu d'alcool pour l'aider à se détendre. La dernière fois ça lui avait plutôt bien délié la langue. Il espérait néanmoins ne pas en arriver à ce point. Il avait juste envie d'être un peu moins anxieux. Il fronça le bout de son nez alors que son sauveur le taquinait. « Eeeh ~ je suis pas un bébé quand même. » Ah oui ? Et pourtant il avait peur du noir, et pourtant il pleurait tout le temps. Mais ça, Tsubasa n'avait pas besoin de le savoir, pas vrai ?

Il leva son verre avec ses deux mains pour trinquer avec Tsubasa. « Kanpaaaai ~ » Cela lui procura instantanément la sensation d'être un garçon comme les autres. Ce sentiment ravivait toujours l'éclat de son sourire qui s'étira presque jusqu'à ses oreilles. Il avala tout le contenu presque d'un seul coup. Ça lui brûla la gorge mais la sensation ne lui déplut pas tant que ça. Il grimaça néanmoins juste après. Pas top ce goût, songea-t-il. Et il essuya ses lèvres d'un revers de manche. « C'est pas très bon quand même. » Sa petite voix, son air dégoûté, Minoru était un éternel enfant. Peut être parce qu'il n'avait pas eu d'enfance ?

Minoru joignit ensuite ses mains et baissa tout doucement sa tête. « Itadakimasu ! » Ils pouvaient commencer à manger. Il s'arma de ses baguettes pour attaquer son repas. Un repas qu'il n'était probablement pas prêt d'oublier. Ils avaient beau se trouver dans un petit restaurant, Minoru avait l'impression de goûter à de la gastronomie. Peut être pare qu'un repas partagé avec une personne que l'on apprécie n'avait tout simplement pas le même goût. Il demeura un moment silencieux savourant son plat. À un moment, il interrompit sa dégustation pour observer Tsubasa et posa la pointe de ses baguettes sur ses lèvres, songeur. Il se perdit entièrement dans sa contemplation. Le brun mangeait calmement, l'air serein mais la seule chose à laquelle Minoru pouvait penser c'était qu'il lui ressemblait beaucoup trop. Même dans sa manière de se tenir. Il se demandait comment s'était possible. À chaque fois qu'il s'attardait trop sur ce phénomène étrange, il laissait ses pensées vagabonder. À tel point, qu'en voulant poser son coude sur la table il manqua sa cible. Il se sentit tout de suite absolument ridicule et ses joues ne tardèrent pas à emprunter une couleur rosée. « T-tu... » Il avait dit qu'il n'avait pas de frère mais enfin une telle ressemblance ça ne pouvait tout de même pas être le fruit du hasard, si ? Les histoires de double ça n'existait que dans les livres non ? « J-je... hum. » Cela ne servait à rien de lui reposer la question. Pourquoi est-ce que Tsubasa lui aurait menti en plus ? Mais maintenant, il fallait qu'il trouve quelque chose à dire. Son regard balaya toute la table à la recherche de quelque chose pour se rattraper. « T-tu es de Tokyo ? » Oui bon, c'était bidon, mais en même temps ils ne se connaissaient pas. Il pouvait bien lui demander les basiques, non ? « J-je suis de Kobe. Mes parents sont venus ici pour... c'est compliqué. Mais c'était mieux pour mes études et celles de mes frères. » En vérité, la famille Sasaki avait déménagé pour fuir leurs vieux démons et prendre un nouveau départ. Mais il ne se voyait pas l'expliquer à Tsubasa. Il avait eu tant de mal à se confier à Ji Hyuk. Il ignorait s'il serait un jour capable de reparler de tout ça à quelqu'un d'autre.

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TENUE ๑ Je ne cherche pas à avoir des excuses de Minoru, je ne veux pas non plus que le malaise s’installe, mon but n’est pas d’être une épine dans sa vie ou de lui faire prendre conscience de certaines choses vitale et importante auxquelles il ne semble pas disposé à ouvrir les portes. Je ne peux pas me mettre à la place de ce gosse, je ne le pourrai surement jamais vu que nous sommes deux personnes différentes avec deux personnalités différentes, mais aussi deux vécus différents. Nos vies sont étroitement liées sans pour autant se ressembler, j’ai connu cette place qu’il a aujourd’hui en tant que victime, mais je ne me suis pas laissé manger par la méchanceté des autres, j’ai au contraire reprit les choses en mains, ce que Minoru ne comprend pas, c’est que les choses qu’on lui fait subir ne sont pas normales, mais encore une fois je ne peux rien dire, rien faire de plus que ce que je fais déjà. Hochant simplement la tête pour dire « ce n’est rien » je n’ai pas envie de lui sortir de belles phrases comme « ne t’excuse pas » il doit entendre ça à répétition, s’il veut s’excuser qu’il le fasse, si cela le fait se sentir mieux, pour ma part ce ne sont certes pas les mots que j’attends de sa part, surtout que je devrais être le seul à demander pardon, mais même ça, je ne peux pas.

Servant un verre de saké au plus jeune, j’espère juste qu’il soit encore en un seul morceau une fois la soirée terminée, j’y veillerai de toute façon, mais je n’avais pas la possibilité de m’en occuper comme je le voudrais donc là il faut qu’il fasse attention... Pas un bébé ? Je souris avec cet air peu convaincu, un peu taquin aussi, forcément. Levant mon verre en même temps que le sien je tapote pour répondre à son kanpai ! Il semble motivé et rapidement l’ambiance redevient plus légère, malgré ce petit instant assez pesant et lourd qui s’était imposé à nous.

« Non, mais je croyais que tu en avais déjà bu ? » Genre il ne connaissait pas le gout . Je lui souris de nouveau, je savais déjà qu’il n’avait surement jamais touché à cet alcool, en même temps Minoru me donne continuellement la sensation d’être un enfant en pleine découverte et c’est surement parce que c’est le cas. Commençant à manger, les plats étaient appétissants et je garder le silence en mangeant tellement je me goinfre et apprécier chaque bouchée, bien entendu je jeté des regards au plus jeune pour regarder s’il se régale aussi, moi en tout cas mon ventre aimé ce genre de repas, pas besoin de chichi, je n’avais aucun besoin de haute gastronomie pour me casser l’estomac en six. Quand les mots de Minoru se firent entendre sans que je ne puisse comprendre ce qu’il voulait dire, je levèrent simplement les yeux en attendant qu’il reprenne. Pourquoi hésitait-il à ce point, je le sentais mal, bien que je ne montrai rien, puis finalement j’ai l’impression que toute l’inquiétude redescend, pour finalement remonter d’un coup. Est-ce par curiosité qu’il me demande ça ou parce qu’il commence à avoir des doutes ? Je l’ignore et honnêtement c’est un peu flippant.

« Non je ne suis pas de Tokyo. » Un simple sourire, j’avais répondu à sa question, bien que je ne mentisse pas, je ne comptais pas lui dire que je venais du même endroit que lui et s’il insistait alors je mentirai, quitte a ce qu’un jour mes mensonges se retournent contre moi.

« Tu es mieux ici ? » Je demande sans vraiment grande conviction, mais je suppose que ce changement était nécessaire après les évènements par lesquels il est passé. Je finis par reprendre en tapant lentement mes baguettes contre l’assiette.

« Je suis aussi venu à Tokyo pour des raisons personnelles, si tes parents on choisit de déménager il doit y avoir une bonne raison. » Un doux sourire et je reprends mon repas.

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Tenue ๑ Cramé. Mais pourquoi ne réfléchissait-il jamais avant de parler ? Le rouge lui monta instantanément aux joues. Même s'ils n'avaient pas l'âge, les jeunes goûtaient à l'alcool par désir de braver l'interdit et de jouer aux grands. Minoru n'échappait pas tellement à cette règle. Par curiosité, et pour ne pas avoir l'air ridicule, il venait d'avaler en une fois la totalité du verre que Tsubasa lui avait servi. Ainsi, il pensait se donner l'attitude d'un garçon normal. Sauf qu'il suffisait de chasser le naturel pour qu'il revienne au galop. Sa petite moue dégoûtée ainsi que sa remarque l'avaient démasqué. Qu'est-ce que Tsubasa pensait de lui maintenant ? Gêné par la situation, Minoru baissa un peu la tête et enfonça ses dents dans sa lèvre inférieur. Il avait voulu lui mentir pour paraître plus cool et cela se retournait contre lui, comme d'habitude. « S-si, je m'en souvenais plus. C'est tout. » Bien sur, qui croyait-il berner avec son petit air de chien battu et sa voix vacillante. Pour servir une preuve suffisamment convaincante, il se servit lui-même un second verre. Il trempa à nouveau ses lèvres dans ce liquide qui le réchauffa de l'intérieur. Il se demandait pour quelles raisons les gens consommaient de l'alcool. Était-ce pour les effets ou la saveur ? En fait, ça n'était pas si mauvais.

Le repas se déroula dans le silence pendant quelques minutes. Minoru picorait dans son assiette et levait parfois les yeux vers Tsubasa pour vérifier qu'il appréciait la nourriture. Après tout, il l'invitait pour le remercier, il y avait plutôt intérêt à ce que cela lui plaise. Ça avait l'air en tout cas. Rassuré, Minoru se permit de déguster son plat avec le cœur léger. Jusqu'à ce petit moment d'absence. Un regard plus long, plus insistant. Il le dévisageait presque. Il superposait l'image de cet homme à Tsubasa. Il analysait ses gestes. Il cherchait des similitudes. Et plus il s'y attardait, plus il en trouvait. Cela le perturbait tant. Une partie de lui craignait Tsubasa et désirait s'en éloigner alors que l'autre s’intéressait à lui et se sentait irrévocablement attiré. Il ne saurait mettre des mots sur ce dernier sentiment. Ce trouble étrange qui lui coupait la parole et le bouleversait. Il avait posé sa question sans aucune arrière-pensée mais juste pour éviter de l'interroger une nouvelle fois sur la possible existence d'un frère. Alors comme ça, il n'était pas d'ici lui non plus. Minoru ne put s'empêcher de sourire un peu en découvrant ce point commun, bien loin de s'imaginer tout ce qu'ils partageaient en vérité. « Tu habitais où avant ? Tu es aussi venu pour tes études ? » Un peu plus détendu, il avala de nouvelles gorgées du breuvage alcoolisé et se lécha les lèvres cette fois. Ça lui plaisait bien finalement.

« Ici ou ailleurs, moi je pense que ça change rien. » Il haussa les épaules. Il parlait doucement, chuchotait presque. Il s'en fichait de vivre à Tokyo ou à Kobe. Dans tous les cas, il n'avait pas sa place. Ou du moins, il ne la trouvait pas. « C'était presque mieux avant. » Tsubasa ne comprendrait peut être pas. Il ne verrait sans doute pas où il voulait en venir ni ce que cela signifiait. Mais il regrettait parfois ses années d'enfermement ou on apportait des réponses à toutes ses questions. Des réponses pour le manipuler, des réponses bien éloignées de la réalité, mais des réponses quand même. Il ne se sentait pas perdu à ce moment là. Et puis, il comptait vraiment.

Nouveau haussement d'épaules accompagné d'une petite moue. Tsubasa avait sûrement raison. Ses parents ne voulaient sans doute que son bien. Il attrapa avec ses baguettes un grain de riz solitaire et le passa entre ses lèvres. « Ils te manquent pas trop tes parents ? Comme tu n'as pas de frère, tu dois être proche d'eux non ? » Ils étaient la seule famille de Tsubasa après tout. Est-ce qu'ils ressemblaient eux aussi à son ravisseur ? Minoru ne pouvait pas s'empêcher de se poser la question. C'était plus fort que lui.

« Oh ! Attends. » D'un coup, Minoru se dressa et en prenant appui avec sa main sur la table, il se pencha vers Tsubasa. Il passa son doigt sur sa joue, frotta un peu pour effacer une tâche de soupe, avant de sourire amusé et de se rasseoir. « T'avais pas l'air très malin ~ » Il n'aurait jamais osé toucher quelqu'un d'autre. Il n'arrivait à se comporter ainsi que parce qu'il s'agissait de Tsubasa, que parce qu'il lui ressemblait.

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TENUE ๑ Que Minoru veuille paraître comme tout le monde ne me dérangeait pas, je veux dire il peut bien me mentir pour ne pas être dépassé par les évènements, je le fais aussi, mes mensonges sont peut-être une nécessité ils sont présents, à côté ceux du plus jeune sont adorables et touchants. Je savais qu’il avait perdu des années de sa vie et par conséquences il devait rattraper tout le retard qu’il avait accumulé autant dans le quotidien que socialement, une partie de moi aimerait vraiment voir à quoi aurait ressemblé un Sasaki Minoru sans tous ses évènements, sans cet enlèvement, cette violence, cette séquestration, comment serait-il maintenant ? Enfin pour l’instant je me contente de sourire, bien qu’il force un peu en voulant prouver qu’il était assez « fort » pour supporter l’alcool, je le regarde s’en servir un autre verre, espérant que cela ne lui fasse pas de mal, continuant de manger en silence, c’était bon et j’avais la dalle donc ça remplissait mon estomac. Puis vinrent alors les questions, bien que sur le coup je fus surpris par son hésitation, espérant qu’il ne demande pas quelque chose de trop personnel de peur de me faire prendre à mon propre jeu je pense. Ou j’habitais . Je posai mes baguettes pour aborder une action pendant qu’un mensonge se former dans mon esprit, il m’est impossible de répondre avec honnêteté à cette question. Je pris donc la décision de répondre d’abord à sa seconde question.

« C’est exact, j’ai reçu une bourse pour mes études du coup j’ai tout lâché pour venir habiter à Tokyo. Je vivais dans une petite ville proche d’Osaka, dans la préfecture de Hyōgo. » Une vérité dans un mensonge. Kobe se trouvant proche de cette ville et dans le même préfecture, la différence est que ce n’est pas une petite ville, mais la plus grande. Enfin je ne voulais pas m’attarder sur les détails, ce n'était pas un sujet qui me mettait à l’aise, bien que je ne laissais rien paraître en apparence bien entendu.

« Je vois. » Attrapant mes baguettes pour piocher dans mon assiette je m’arrêtai net en entendant ses nouveaux mots... « Mieux avant ? » Mieux avant quand ? Je lève le regard vers lui, est-ce que c’est ce que je crois ? Je ne comprends décidément pas sa façon de penser, il me rend dingue, perdu. Pourquoi suis-je venu ici au fond ? Est-ce mon frère qui l’a traumatisé ou est-ce le monde qui le rend mal à l’aise ? Je ne sais pas vraiment où me placer. Un léger soupire, je ne dois pas l’interroger, je suis ignorant de toute cette histoire, en tout cas c’est ce qu’il doit croire.

« Non, je peux les voir pendant les vacances, je suis un grand garçon~ » un sourire je repris. « C’est surtout moi qui dois leur manquer. » Suis-je assez convaincant ? Mon frère est invisible dans ce tableau de famille. Un air interrogation alors que je l’entends s’exclamer en se redressant pour pencher vers moi et essuyer ma joue. Je suis un peu gêné, mais c’est une expression amusée qui domine mon visage. « Quel idiot, je ne sais pas manger~ merci. » Un remerciement et un sourire sincère.

« Tu me rappelles parfois ma ni... » Je ne m'arrête net devant cette énorme bêtise que j’allais dire, non mais je me donne des tartes mentalement. Vite je dois rebondir ! « bref, tu es quand même un petit gars spontané~ » Je le taquine un peu. « Qu’est-ce que tu penses du repas ? » Est-ce qu’il mange aussi bien que moi ?

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Tenue ๑ Minoru posait beaucoup de questions. Principalement pour réussir à comprendre le fonctionnement de ce monde dont il découvrait sans cesse de nouvelles facettes. On lui accordait à peine le temps d'intégrer un principe qu'on attendait de lui qu'il en déduise les règles. Il ne fonctionnait pas de cette manière. Le blondinet avait besoin de temps. Du coup, cela réclamait une patience hors-norme de la part des personnes qui l'entouraient. Cela développait aussi sa curiosité. Il s'intéressait à Tsubasa. Il désirait construire un pont entre eux et pouvoir le rencontrer au milieu. Il mourrait d'envie de devenir son ami. À un point où il ne réussissait même pas à lui mentir. La petite histoire sur le sujet de l'alcool ne comptait. Il essayait juste de se donner une certaine contenance par là et d'avoir l'air normal surtout. Il ne voulait pas que Tsubasa le trouve étrange et puisse refuser ensuite de le revoir. Tout en l'écoutant, Minoru hochait frénétiquement la tête. Il buvait ses paroles. Sa bouche formait un petit rond et il ressemblait à un enfant émerveillé. À l'entente de noms qu'il connaissait bien, l'étudiant en littérature se mit à trépigner et gigoter, impatient de parler à son tour pour révéler à Tsubasa un détail qui les rapprochait.

« Je viens de Kobe ! » S'écria-t-il joyeusement. « Tu habitais dans quelle ville ? Peut être que je connais. » Il ne se rendait pas compte que Tsubasa tentait d'éviter de lui divulguer cette information. Il se demandait plutôt pourquoi ils n'en avaient pas discuté avant. D'un coup, il se sentait encore plus proche de lui. Cela lui plaisait. « Hé, si ça se trouve on s'est déjà croisé. » Il ignorait à quel point il frôlait la vérité. Ils s'étaient même déjà retrouvés dans la même pièce, dans les mêmes couloirs, ceux du tribunal. Pire encore, ils avaient tous les deux entretenu une relation presque fusionnelle avec la même personne.

L'air un peu plus distrait, il baladait ses baguettes dans son plat en créant des formes bizarres. « C'est compliqué. » Est-ce que l'alcool agissait déjà ? Il avait un peu chaud. Il se toucha les joues qui devenaient rouges non pas par gêne mais à cause de sa température corporelle qui augmentait grâce à la boisson. Il ravala sa salive, ses doigts ne suffisaient pas à le rafraîchir. « Avant d'être avec mes parents, je vivais chez quelqu'un d'autre. » Et c'était ça, son 'mieux avant'. Il ignorait que Tsubasa savait exactement de quoi il lui parlait. Il était à mille lieux de se l'imaginer. « Il était gentil. » Comme toi, se retint-il d'ajouter. À la place, il se pinça les lèvres et baissa les yeux sur son plat pour reprendre un peu de riz.

Ses parents aimeraient sûrement un fils comme Tsubasa. Un homme, un vrai. Pas une petite chose fragile et apeurée. Un garçon beau et intelligent. Mature, calme et posé. Tellement d'adjectifs lui venaient à l'esprit lorsqu'il l'observait. Sous n'importe quel angle, il lui paraissait parfait. Il ne lui trouvait aucun défaut, absolument aucun. « Je suis sur que tu leur manques beaucoup. Ils doivent être fiers de toi, n'est-ce pas ? » Lui en revanche ne risquait pas de contribuer à la fierté de sa famille. Ils idolâtraient surtout ses aînés, en particulier celui qui marchait dans leurs pas en suivant des études scientifiques. Il soupira et dissimula sa tristesse face à sa propre situation derrière un petit sourire. Serait-il différent s'il n'avait pas été kidnappé ? Qu'est ce qui aurait fini par lui arriver si on ne l'avait jamais retrouvé ? Sa famille vivrait-elle mieux sans lui ? Il fallait qu'il chasse ces vilaines pensées, et tout de suite. Il n'existait pas meilleur remède que l'alcool pour ça. Il l'apprenait aujourd'hui. Cela lui brûlait la gorge mais le remplissait d'un sentiment euphorique incontrôlable, chaleureux et fort agréable. Ça allégeait son cœur.

Qui rata un battement face au sourire si débordant de sincérité de Tsubasa. On ne lui souriait jamais comme ça. Perturbé, sa bouche s'ouvrit et se referma plusieurs fois de suite sans produire le moindre son. Quand enfin les rouages de son cerveau se remirent correctement en marche, c'est une question qui fusa. « Tu passes une bonne soirée ? » Après tout, il s'était peut être senti obligé d'accepter pour ne pas le blesser.

« Qui ? Je te rappelle qui ? » Curieux, il ne comptait pas le laisser s'en tirer. Il avait commencé une phrase et Minoru tenait maintenant à ce qu'il la termine. Et puis, il se demandait à qui il pouvait bien le comparer. Un peu guilleret, Minoru secoua ses épaules suite à la réflexion de Tsubasa. Un petit gars spontané hein ? « C'est super bon ~ et toi ? Tu aimes ? J'ai bien choisi ? Tu trouves ça bon ? Si tu aimes pas tu peux le dire hein ! Mais je voulais te faire plaisir alors j'epsère que tu aimes. Tu aimes hein ? » Questionna-t-il un peu inquiet. Parce que le plus important, c'était que ça plaise à Tsubasa. D'ailleurs, il n'avait presque rien bu. En s'en rendant compte, Minoru fronça les sourcils et décida lui-même de remplir le verre de Tsubasa. « Portons un toast ! » Il serra le petit récipient entre ses dix doigts et le leva au-dessus de leurs plats. « A notre rencontre ~ » Lança-t-il joyeusement et avec un sourire étincelant.

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TENUE ๑ Je me doutais que Minoru ne lirait pas entre les lignes, ce n’est pas lui qui comprendrait que je ne veux pas aborder certains sujets, de plus pour quelle raison voudrais lui cacher ? Ça paraissait tout de suite étrange, j’espérais qu’il se contente de mes réponses évasives, mais cela ne semblait pas être au programme du plus jeune qui se retrouva totalement emballé et excité par mon aveu, j’aurais peut-être dû mentir finalement, après tout je suis doué pour ça, alors pourquoi je me tue à essayer de le faire un minimum avec ce gosse... Je réfléchis très rapidement alors que j’écoutais ses paroles, puis je souris discrètement en prenant une expression amicale face à cette joie qui se lit sur son visage, il est trop.

« J’habite vers Amagasaki, ça te dit quelque chose ? » Mensonge, mais là je n’avais pas le choix, lui dire que je venais également de Kobe était totalement impossible, c’était une des choses que je ne pouvais assurément pas lui communiquer, puis sa nouvelle remarque fit battre mon cœur, une fois fortement sous le coup de la surprise. Je laisse mes yeux vaguer sur lui avant de hocher négativement la tête. « J’en doute, je m’en serais souvenu, tu n’es pas de ceux qu’on peut oublier~ » un clin d’œil, je noie le poisson, mais je n’ai pas le choix. Mais toute notre conversation n’était en aucun cas une bonne idée, lui ne se doutait de rien, mais moi je savais. Les questions, les réponses, je ne voulais pas entrer dans ce genre de débat pourtant j’avais l’impression d’y mettre les deux pieds dans le plat, pourquoi est-ce que je le questionne, je pourrais tout aussi bien être une personne pas curieuse et laisser tomber tout ça, mais il faut croire que je peux moi-même être un idiot en jouant avec le feu.

Je le fixe encore, tenant mes baguettes je ne peux détourner le regard alors qu’il parlait de cette période chez mon frère, je sais parfaitement qui était « cette personne » il était gentil hein ? Moi aussi je le trouvais gentil, c’était mon modèle après tout, je l’identifiais à un ange et pourtant c’était juste un démon dissimulé... Je n’arrive toujours pas à comprendre et je pense que je n’y arriverai jamais... Comment pouvait-il parler de lui ainsi, le trouvait même gentil ? Je soupire malgré moi, comme pousser par cette situation blasant et incomprise. Mais je ne réponds qu’une seule chose à ça. « Ok. » Je préférais ne pas élargir dans cette voie au risque de dépasser les limites. Parlant de ma famille, mes parents, je souris aux mots lancés par le plus jeune en regardant mon assiette.

« Je pense, j’espère en tout cas. » Mes géniteurs n’ont pas la vie facile depuis cette histoire et je ne peux qu’essayer de hausser le niveau face à cette douloureuse chute qu’ils ont faite, qu’on a tous faite. Un sourire et une question posée, je hoche positivement la tête pour y répondre honnêtement, quoique ce ne soit pas une situation aisée pour moi, cette soirée est quand même agréable.

« Une petite fille que j’aime beaucoup. » Un autre sourire, ma nièce me manque un peu, je la vois par caméra et Visio quand je l’appelle, mais malgré les choses horribles que mon frère a faite, elle est Innocente à tout ça et je veux la protéger comme je veux protéger Minoru je pense... Le monde est cruel, si un jour on apprend ce que son père a fait, elle en pâtira surement, c’est là l’égoïsme des criminels qui ne pense qu’à eux...

« Ne t’inquiète pas ! J’aime ça, c’est super bon. » Je le rassure, mon ventre est content, y a pas de soucis à se faire pour lui. Le voyant servir mon verre, je le regarde faire en l’attrapant entre mes doigts. « Merci, ok ~ » J’accepte donc de porter un toast en levant mon verre vers lui dans un « tchin ». « À notre rencontre alors. » Ça me paraissant étrange de dire ça, j’avais même eu un instant d’hésitation, il faut dire que dans ma position tout le monde serait troublée et déboussolée devant ce passé commun qu’on partage, mais que je suis le seul à savoir. Je dois simplement prendre sur moi.

« Tu commences à être rouge, ne bois pas trop. Tu n’as pas trop chaud ? » Dis-je après une rapide gorgée, posant ma boisson sur la table.

would you be my friend ?

Tenue ๑ Déçu, le jeune étudiant secoua la tête en affichant une petite moue de chiot égaré. « Non, je ne connais pas. » Il n'avait pas passé beaucoup de temps à Kobe depuis son retour. Quelques mois, tout au plus. Ses parents avaient rapidement décidé de déménager à Tokyo pour se rapprocher de leurs fils qui étudiaient là-bas et puis surtout afin de garder un œil sur Minoru. Mais Tsubasa parvint en quelques mots à rallumer les étoiles dans ses yeux. Il retrouva le sourire, charmé par son timbre rauque et flatté. Mais cela ne dura qu'un instant. Il doutait de sa sincérité pour le coup. Peut être qu'il lui mentait. Après tout, il avait accepté ce restaurant juste pour éviter de le vexer, non ? Il ne tenait pas tellement à le connaître ou à devenir son ami. Le seul qui cherchait ça, c'était lui. Est-ce qu'il se moquait de lui dans ce cas ? Son sourire diminua. Il ne savait pas ce que Tsubasa pensait de lui, s'il était une personne honnête ou pas du tout. « Te sens pas obligé de mentir, je sais que je suis pas intéressant. » Il haussa les épaules. Dans une autre vie, sans tout ça, est-ce qu'ils auraient été amis ? Minoru soupira. Il avait l'impression de ne pas posséder le droit de se tenir là, avec lui. Comme s'il y avait un tâche dans ce tableau.

Pourquoi le fixait-il de la sorte ? Mal à l'aise, il s'obligeait à soutenir son regard mais mourrait d'envie de se cacher au fond d'un trou. Qu'avait-il dit ? D'où venait ce froid entre eux, cette distance ? Minoru se sentait rejeté. Tsubasa plaçait des barrières entre eux. Il ne les percevait pas au début mais il commençait à comprendre. Qu'est-ce qui le dérangeait ? Est-ce qu'il avait peur qu'on se moque de lui si on découvrait qu'il avait passé du temps avec une bête de foire ? Il valait mieux changer de sujet.

« J'en suis certain. T'es trop cool, toi. T'es pas comme moi quoi. » Il laissa échapper un rire nerveux. Il se forçait à garder le sourire. Mais l'alcool allait l'aider à tenir pas vrai ? Ça rendait euphorique ce truc, il s'en souvenait. Ça anesthésiait aussi un peu. Le truc, c'est qu'il fallait juste qu'il évite de trop en boire comme la dernière fois. Il n'avait pas envie de vomir devant Tsubasa. Puis bon, puisqu'il n'avait pas l'habitude de boire, cela lui montait rapidement à la tête. Ses joues en témoignaient. Elles étaient toutes rouges. Pas parce qu'il était embarassé ou quoi, mais bien parce qu'il crevait de chaud. Il fronça les sourcils lorsque Tsubasa lui avoua qu'il ressemblait à une petite fille. « Eeeh ! Je sais pas comment je dois le prendre. Tu trouves que j'ai l'air d'une fille ? » Il se pencha en avant vers lui et pointa son visage rougie du doigt. Qu'il regarde d'un peu plus près, ce n'était pas le visage d'une fille ça. Celle d'un gamin peut être, mais il ne pensait pas avoir des traits féminins ou même des manières de fillette.

Hic. Il cacha sa bouche avec ses doigts. Voilà qu'il avait le hoquet maintenant. Mais au moins, Tsubasa passait une bonne soirée et aimait le restaurant qu'il avait choisi. Ça valait bien un toast. Il remplit leurs verres puis leva le sien. Il trempa d'abord ses lèvres dans l'alcool avant de boire deux petites gorgées. Il comprenait pourquoi les gens aimaient boire. Ça détend, ça rend joyeux, que du bon.

« Siiiiiii ~ j'ai super chaud ! Mais j'peux pas enlever ma chemise, si ? J'ai quoi en-dessus ? » Pour répondre à sa propre question, il tira sur son col pour y jeter un œil. Il est moche ce t-shirt, pensa-t-il en fronçant les sourcils. Tant pis, il avait plus qu'à garder la chemise. « Je crois que j'ai bu plus que toi, allez ! » Avec son index, il poussa un peu le verre de Tsubasa vers lui, l'incitant à boire. Qui aurait cru que Minoru était capable d'être aussi jovial ? Il avait l'air d'un garçon parfaitement banal et qui aurait juste consommé un peu plus d'alcool qu'il ne pouvait en supporter. Il encadra son visage avec ses mains pour vérifier encore sa température. Est-ce qu'ils avaient le chauffage à fond ici ou bien n'était-ce qu'à cause du saké ? Un peu brusquement, sans prévenir -et sûrement que le pauvre Tsubasa ne l'avait pas vu venir celle-la-, il lui attrapa la main et la plaqua contre sa joue si brûlante l'air perplexe. « Tu crois que c'est normal ? » En contraste, ses doigts étaient froids. D'ailleurs, ça lui faisait du bien. Il commençait à être joyeux. C'est ainsi que l'on décrivait les gens pompettes, non ? Il ne s'imaginait pas qu'il perturbait les plans de son sauveur et qu'il escaladait ses barrières qu'il plaçait avec tant de soin pour le tenir éloigné.

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TENUE ๑ J’ai réussi à me sortir de cette histoire en donnant le nom d’une ville proche d'Osaka, mais sans l’être assez pour que Minoru ait pu en entendre parler ce qui me rassure car si jamais il en était venu à me poser des questions sur cet endroit tout n’aurait été que mensonge, n’y ayant jamais mis les pieds... Mentir, pourquoi est-ce devenu si facile, je ne me sens pas forcément mieux à le baratiner avec des phrases inventées, des excuses trouvées en urgence, où est donc ce petit bonhomme que j’étais si honnête et croyant. Mon frère m’a arraché toutes ses choses qui faisait de moi quelqu’un de fier, je n’avais pas l’impression d’être un démon, pas l’impression d’être sale ou un traitre, pourtant sans n'avoir rien fait de mal ce sont des sentiments qui me sont devenu banals, cette différence entre le jeune Tsubasa et celui que je suis est si grande que je pourrais ne pas reconnaitre mon passé si je le croisais. Façon de dire que ma vie fut entièrement chamboulée par cette affaire, par ses crimes... Je suis une victime de mon frère, mais un accusé de la société, n’est-ce pas la pire place que je puisse posséder ? Je ne veux pas blesser Minoru, je ne veux pas non plus le couver, être trop gentil ne lui apportera rien, je ne veux pas lui faire des promesses que je ne pourrais tenir, si je lui mens c’est pour qu’il puisse continuer à grandir, s’épanouir, sans retomber dans ce cauchemar qui au fur et à mesure me semble parfois lui avoir semblait le paradis. Quel est donc son véritable ressenti ? Je ne sais pas, supposition, fausse déclaration, se voile-t-il la face ? Je n’arrive pas à savoir, dois-je le croire ? Peut-il me croire ? Je ne sais pas non plus. Mais il m’intrigue, depuis des années, depuis le procès, j’ai toujours voulu le soutenir, le protéger, être à ses côtés, malgré mon identité je le peux aujourd’hui, ne devrais-je pas en profiter malgré les risques élevés qu’il découvre qui je suis en réalité ? Je déteste qu’il pense que je me sente obligé d’être là, s'il savait. Pour moi c’est la place qui me convient le mieux, celle où je peux garder mes yeux posés sur lui, agir en bouclier comme en reboost, j’aimerais qu’il comprenne, qu’il murisse, qu’il arrive à dépasser ses pensées négatives qui le font accepter ses coups qu’il prend quand j’ai le dos tourné, qu’il arrête de se rabaisser en pensant que c’est normal ou pire, qu’il n’a aucun intérêt. Ce sont ses pensées qui bloquent l’entrée, par les autres.

« Tu me traites de menteur ? » Je souris en le regardant avant de reprendre. « C’est vrai, je suis surement un menteur, comme la majorité du monde, mais je ne mens pas, arrête de penser que tu n’es pas intéressant, je te trouve fascinant et intriguant. Ton innocence éveille ma curiosité, tu es un gosse qui veut faire plaisir, tu te sens surement de trop et tu ne trouves pas ta place, il y a des choses qu’on ne peut pas comprendre, des situations qu’on ne peut pas changer, des secrets qu’on ne peut pas divulguer, des mensonges qu’on est parfois obligés de raconter. Mais tu n’es pas sans intérêt. Tu devrais ouvrir les portes et essayer de faire confiance et de croire un peu en toi Minoru. » Je me rends compte que je viens de monopoliser la parole et je me gratte la tempe devant cet excès de paroles que j’aurais peut-être dû retenir. Mais tant pis, maintenant que c’est dit, je ne vais pas revenir dessus, c’était sincère, il ne peut pas me le reprocher au moins.

Je ne comprenais pas Minoru, sa façon de pensée, ce qu’il ressentait vis-à-vis de son passé, parfois je me surprenais à simplement le fixer pour tenter d’obtenir des réponses sans succès et puis ses barrières que j’avais hissé pour qu'il ne puisse pas les traverser de peur qu’il en découvre trop ou du moins que ses doutes puissent être éveillés, car bien qu'il ressemble à un enfant Minoru était un ado et je suis certain qu’il peut penser comme tel... Il n’est pas idiot, mais tout simplement une victime... Mon index se pose sur mes lèvres comme pour lui dire de se taire en continuant. « Arrête de te dévaloriser où va falloir que je te force à travailler avec moi pour te faire répéter des centaines de fois certaines phrases ! » Je souris doucement et sincèrement, si je peux l’aider à au moins prendre confiance en lui, alors je ne refuserai pas cette « mission ». Quand je le regarde je me dis que malgré tout je dois tenter de l’aider, autre que le protéger, je dois lui « rendre » ce que son isolement lui a pris.

Son visage rapproché devant sa légère protestation, je me mets à rire. « Pardon, je ne voulais pas te vexer, mais je l’aime beaucoup cette petite fille tu sais. » Un petit clin d’œil amical, comme si ça pouvait changer quelque chose. Je remarque assez vite que l’alcool semble monter au cerveau du plus jeune, je l’observe alors qu’il me parle de retirer sa chemise. « Hey, commence pas ! » Oh, je crois que c’est terminer pour le saké en tout cas où je risque de me retrouver au porter et le déposer devant chez lui dans l’incapacité due rentre directement à sa famille... histoire compliquée. Prenant mon verre qu’il pousse vers moi je souris pour le terminer d’une traite. « Moi je tiens l’alcool~ » Je l’embête un peu. Mais je fus piégé par la spontanéité de Minoru qui attrapa ma main pour la plaquer contre sa joue, le fixant alors qu’il était brulant sous la fraicheur de mes doigts. Mes yeux dans les siens, je reprends contenance en souriant. « Tu as bu, c’est normal. » J’avais assez de maitrise pour garder le contrôle, mais Minoru me mettait pas mal à l’épreuve malgré tout sur beaucoup de plan, quand je veux garder mes distances il se rapproche de moi et j’ai simplement l’impression d’être déjà tombé dans ses filets quoi que je fasse.

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Tenue ๑ Il ne comprenait pas. Comment le pourrait-il ? On passait son temps à le rabaisser. On le trouvait bizarre. On le repoussait. On l'évitait. On le négligeait. Personne ne le voyait. Les autres préféraient l'ignorer. Il avait fini par se faire une raison. Il n'intéressait pas les gens et au mieux, il les effrayait. Avec ses histoires à dormir debout, il avait l'habitude maintenant qu'on le prenne pour un fou. Ses mots sonnaient d'une façon à la fois étrangère et particulière. Ils se cognaient à lui. Ça le secouait et lui provoquait la chair de poule. Il se frotta même les bras, comme s'il avait froid, pour calmer ces frissons qu'il ressentait pour la première fois. Tsubasa ne lui mentait pas. Il le trouvait même fascinant, intriguant. Il se demandait comment il réussissait à le regarder avec ces yeux là. À la fin, Minoru baissa la tête. Ouvrir les portes ? Il passa son doigt sur la blessure au creux de sa paume. Elle cicatrisait. Est-ce que son âme pouvait faire ça aussi ? Existait-il un moyen de refermer toutes ses plaies ? Mal à l'aise, le blondinet se mord la lèvre. Il souhaiterait se cacher dans un trou de souris. Il ignorait ce qu'il devait répondre à tout ça. Le remercier encore ? Il n'arrêtait pas de le faire mais en même temps, cela lui semblait si juste.

« Merci. » Alors encore une fois. Il s'inclina même légèrement pour marquer le respect qu'il lui portait. « Tu es trop gentil avec moi. J'en mérite pas autant. » Il ne réussissait pas à ouvrir les portes plus que ça, malgré tout ce qu'il venait d'entendre. Il n'existait personne d'assez patient pour l'aider dans cette tâche. Après tant d'années passées enfermé, la lumière de jour ne suffisait pas à le ramener parmi le monde des vivants. Cela nécessitait qu'on lui tende la main et qu'il parvienne à la prendre surtout.

« Me faire répéter des centaines de fois certaines phrases ? » Minoru inclina légèrement sa tête sur le côté, sceptique. Et qu'est-ce que cela changerait ? Il doutait que cela suffirait à le tirer de ces profondeurs ou à lui rendre ce que cet homme lui avait pris. « Quoi comme phrases ? » L'interrogea-t-il par curiosité. Il se demandait ce que cette méthode pourrait bien lui apporter. Mais si cela lui permettait de passer plus de temps avec Tsubasa, il la suivrait avec grand plaisir.

Le jeune garçon fit la moue devant la comparaison de son aîné. Il avait l'air d'une fille à ses yeux ? Parce qu'il était fragile et qu'il ne savait pas se défendre peut être ? En tout cas, aucune homme sur terre n'apprécierait. Mais il cessa de bouder face à l'aveu de Tsubasa. « C'est qui pour toi ? Est-ce que tu as une photo ? » Maintenant, cette histoire l'intriguait. Il avait envie d'en apprendre plus sur lui mais aussi de s'assurer qu'il ne ressemblait pas vraiment à cette gamine. Il ne put s'empêcher de penser qu'elle avait de la chance d'avoir quelqu'un comme lui pour veiller sur elle et la protéger. Cela plairait à Minoru de pouvoir compter sur Tsubasa. Même si, en même temps, il n'avait pas envie de l'embêter, d'être un poids pour lui ou de lui devoir quelque chose. Puis il ne désirait sans doute pas s'occuper de lui, ils se connaissaient à peine.

Il invita Tsubasa à boire un peu plus, sentant cette gaîté si spéciale à l'ivresse l'envahir de plus en plus. Il souriait de bon cœur. Il se sentait léger, aussi léger qu'une plume. Il ne réfléchissait plus à ce qu'il disait, encore moins à ce qu'il faisait. Alors il sortit sa langue et tira en même temps la peau sous son coquard dans une grimace puérile. « C'est que t'as l'habitude d'en boire, ivrooogne ~ » Puis il se mit à rire. Il se moquait de lui, ouvertement. Cela n'avait rien de méchant. Bien au contraire, il le taquinait. Il se comportait comme les autres, comme un garçon normal. Jusqu'à ce qu'il lui prenne la main pour la poser contre sa joue. Il voulait qu'il vérifie de lui-même la température de son corps. Il mourrait de chaud. Il se doutait bien que cela avait à voir avec l'alcool mais il tenait quand même à ce que Tsubasa le rassure. Il semblait en tout cas qu'il n'avait aucun mal à le toucher. Est-ce qu'il devait ce manque de méfiance à sa ressemblance avec cet homme ? Sans doute. En tout cas, le contact de ses doigts froids sur sa peau lui fit un bien fou. « C'est froid, ça fait du bien. » Il ferma les yeux de bien-être. Il avait l'air d'un chaton dans l'attente de caresses.

« Je vais les réchauffer, attends. » Sans lui demander son avis, il prit sa deuxième main et les rapprocha de sa bouche. Il souffla d'abord dessus plusieurs fois avec l'air très concentré et très dévoué à cette mission. Il les plaça ensuite entre ses mains et les frictionna. « ça va mieux ? » Demanda-t-il en levant les yeux mais sans lâcher ses mains.

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TENUE ๑ Je ne pouvais pas être plus honnête que ce que je venais de dire, enfin si vu que je garde toujours un secret impossible à avouer sous la manche, mais ça il est hors de question que je l’énonce, Minoru ne devra jamais le savoir quitte à mentir, à m’inventer une vie, à jouer avec la vérité je la manipulerai au mieux mais il ne doit pas découvrir qui je suis, pour le reste je peux encore l’aider à avancer, c’est un mince lot de consolation devant les choses qu’il a vécues entre les mains de mon frère, bien que cela ne semble pas plus le choqué vu que ce gosse ne déteste pas mon ainé, moi qui le maudis et lui qui semble rechercher à le retrouver, je suis perdu sous mon expression calme. Je souris quand il me remercie, il n’arrête pas et je me sens « gêné » de cette gratitude qu’il éprouve a mon égard, je ne le mérite pas. L’entendre encore se dévaloriser en pensant ne pas mériter ça ou ça ce n'est pas quelque chose que j’approuve, grimaçant, il doit arrêter de penser à ce genre de chose, ce n'est pas en se rabaissant qu’il pourra avancer, mais je ne dis rien, de toute façon il lui fallait du temps et je ne comptais pas le forcer à sauter les étapes, petit à petit Minoru arrivera surement à trouver sa place et à avancer sans regarder derrière, malgré tout ce qu’il a pu vivre. « Qui sait ? » Il était encore trop tôt, je ne pouvais pas risque de « comprendre » son état, puis je ne sais même pas si ça peut marcher, je suis juste là à réfléchir à plusieurs façons de lui faire prendre conscience qu’il ne doit pas rester enfermé sur son expérience, qu’il n’est pas en tort, que ce qui lui arrivé n’est pas de sa faute et qu’il ne peut pas vivre en acceptant d’être un souffre-douleur, n'est pas possible.

Une photo de la petite ? Je souris en m’apprêtant à sortir mon portable, mais je m’arrête net. Il a vécu dans la maison de mon frère, il l’a surement déjà vu d’une façon ou d’un autre quand il a quitté les lieux, ou sur des photos, je ne peux pas... Je hoche négativement la tête. « Non, elle est un peu comme ma fille. » Ça paraît étrange, mais je ne peux pas la considérer comme une petite sœur et pas comme une nièce, alors... Puis on a une grande complicité tous les deux, malgré notre différence d’âge conséquente c’est ma choupette, mon petit bébé. Un sourire chaleureux se dessine sur mes lèvres quand je pense à elle, ça ne doit pas être facile pour eux non plus... Mais bon pour l’instant on passe une soirée tranquille donc je laisse de côté les « soucis » familiaux et mes inquiétudes pour boire mon verre, riant a la grimace du plus jeune. « C’est ça, c’est ça, je suis un ivrogne, mais je ne suis pas tout rouge moi ! » Je me moque de lui emporter par sa gaité, ma main prise pour se poser sur la joue du blond, je le regarde et ressens la chaleur due à la boisson, ses rougeurs toujours présentes. « Tu en profite bien hein. » Je ris doucement en remontant ma main dans ses cheveux et les ébouriffant doucement. Mais le froid de mes mains fut une bonne excuse pour Minoru qui rapprochant mes paumes pour souffler dessus, je mentirai si je disais que son comportement innocent me trouble un peu, mais je souris tout de même en libérant mes mains de son emprise et les posant sur chacune de ses joues en le regardant dans les yeux. « Qu’est-ce que tu en pense ? Elles sont plus chaudes ? » Notre comportement peut être troublant pour le coup, mais tant pis, ce soir j’oublie cette distance que je veux mettre entre nous, juste ce soir.

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Tenue ๑ Tout semblait plus simple avec Tsubasa. Sourire, rire, exister, profiter. Pour la première fois, il mourrait d'envie de découvrir le monde et de croquer la vie à pleines dents. L'euphorie qui le gagnait ne devait pas tout à l'alcool. Il sentait aussi que Tsubasa baissait un peu sa garde. Minoru ne pouvait pas s'empêcher alors de se dire qu'il passait lui aussi un bon moment et qu'ils partageaient malgré tout quelque chose. Minoru sauta sur l'occasion pour en apprendre plus sur son nouveau sauveur. Il était curieux maintenant qu'il lui avait dit qu'il lui ressemblait. Mais Tsubasa confessa ne pas avoir de photo à lui montrer. Minoru fit la moue, déçu et pencha sa tête sur le côté en écoutant son explication. Il ne comprenait pas quel lien l'attachait à cette petite. Est-ce qu'un lien de sang les unissait ou pas du tout ? Il n'avait pas l'air de vouloir lui en dévoiler plus que ça. « J'espère que ça veut pas dire que tu me considères comme ton fils. » Il accompagne sa réflexion qui se voulait taquine d'une petite grimace. Ça aussi, il se l'autorisait pour la première fois. Plaisanter avec quelqu'un. Être lui-même, ne pas avoir peur. Il ne craignait pas Tsubasa. Il était à son aise et même se sentait à sa place. Il n'était pas de trop.

Il riait. Tsubasa riait de bon cœur. Le visage du plus jeune s'illumina aussitôt d'un large sourire. Il ne l'avait pas encore entendu rire comme ça. Il avait même l'impression que Tsubasa se retenait devant lui, qu'il cherchait à garder un certain contrôle. Sans doute pour préserver les barrières qu'il mettait entre eux. Il préférait ces moments où le brun lâchait prise et se laissait aller à son tour. Minoru fronça le bout de son nez dans une mimique adorable pour singer sa frustration. « Ce n'est pas de ma faute si je suis rouge ! » Puis il lui tira la langue, une énième fois avant de légèrement se mettre à rire à son tour. Lorsqu'il se calma et qu'il croisa à nouveau le regard de Tsubasa, il décida qu'il pouvait lui dire ce qui lui était passé par la tête quelques secondes plus tôt. « J'aime bien quand tu ris, Tsubasa. » Minoru oubliait de se protéger. Il laissait ses émotions le guider et ne pensait plus au reste. Il n'y avait pas de danger. Il ne pouvait rien lui arriver. Tsubasa ne lui voulait pas de mal. Et c'était rare qu'il place autant de confiance en quelqu'un. Sa main contre sa joue, il ferma les yeux. Apaisé par ce contact frais avec sa peau. Il hocha positivement la tête. « Est-ce que c'est grave ? » Devrait-il arrêter de profiter de la situation comme ça ? Il n'autorisait personne à le toucher. Il fuyait tous les contacts. Parfois, il se mettait même dans des états pas possibles juste parce qu'on le frôlait. Il angoissait face aux autres. Mais pas face à lui. Il rit à son tour quand il lui ébouriffa les cheveux. « Hey ! » Se plaint-il en lui rattrapant la main pour l'empêcher de continuer. Il s'activa ensuite leur transmettre un peu de sa chaleur. D'abord en soufflant dessus puis en les frottant énergiquement. Et quand Tsubasa les posa sur ses joues, encadrant son visage, il esquissa d'abord un mouvement de recul, comme un réflexe, avant de le laisser faire. Il glissa même ses mains par-dessus les siennes. « Je ne sais pas, tu as moins froid aux mains ? » Il le regardait droit dans les yeux, incapable de s'en détacher. Hypnotisé, en quelque sorte.

Jusqu'à ce que le serveur vienne les interrompre. « Vous désirez un dessert ? Un café ? Du thé ? » Aussitôt, Minoru recula et bredouilla une réponse négative tout en baissant les yeux. S'il était déjà rouge avant, maintenant c'était encore pire. Il mourrait de chaud. Il tenta de se soulager en posant le dos de ses mains sur ses joues mais elles n'étaient pas aussi fraîches que celle de Tsubasa.

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TENUE ๑ Je baisse mes barrières en effet, j’ignore pourquoi ni si c’est une bonne idée, mais passer du temps avec Minoru me permet de m’ouvrir plus que ce que je l’avais prévu. Lui rire, lui sourire, comme à n’importe quel ami est troublant, je sais ce lien qui nous relit et ai-je le droit d’un tel comportement ? Je ne pense pas, pourtant je suis emporté par son innocence, j’aborde des sujets que je ne devrais pas, je propose des choses que je devrais pas, mais les minutes s’écoulent et peu à peu je deviens « moi » riant, le taquinant, jouant avec lui, je suis méfiant, distant avec les sentiments, quel qu’ils soient parce que j’ai été trahis par de nombreuses personnes auxquelles je croyais, mais j’étais comme Minoru à l’époque. Aussi innocent, vivant, curieux... Ces moments-là me manquent parfois, tout me semblait si simple, si facile, si « normal », mais quand ma vie à basculer je me suis forgé une personnalité plus forte, plus mature, plus lucide. Aujourd’hui je veux que le plus jeune profite, mais demain je ne sais pas si je serais encore le même, aurais-je repris mes esprits . Qui sait. En tout cas pour l’instant je souris à sa remarque en hochant la tête. « Non quand même pas, tu es un peu trop vieux pour ça je te rassure. » Mon fils hein ? Mais il aurait pu être celui de mon frère... Enfin passons, après tout je ne suis pas censé en avoir de toute façon. Ça je ne l’oublie pas.

Rire fait du bien, même en ayant vécu l’enfer il ne faut pas oublier de le faire, mais cet instant était assez amusant, il est mignon quand il boudine, le fixant en bougeant légèrement la tête de droite à gauche sans le lâcher du regard. Mais son affirmation comme quoi il aimait me voir rire me surpris un peu, est-ce encore parce qu’il voyait mon frère à travers ? Je ne sais pas quoi penser dans ce genre d’échange, il semble s’accrocher à son bourreau, mais étant très ressemblant avec lui je commence à comprendre que ce n’est pas moi qu’il voit, mais « lui ». Peut-être que je me fourvoie, mais depuis qu’on s’est « rencontrés » ce rapprochement qu’il « impose » est rempli par la sécurité que je peux surement lui apporter parce que je suis le portrait cracher de celui avec qui il a vécu durant des années. Mais je garde cette déduction pour moi, une intuition ne guidera jamais mes pas ou mes actes, je ne suis pas assez idiot pour cela, souriant à nouveau en croisant les bras sur la table.

« Merci. J’aime bien quand tu boudes. » Je lui renvoie l’ascenseur de manière taquine, un petit clin d’œil, mais son côté enfantin était mignon. Et cette honnêteté qui l’habité était adorable, il fut un temps où moi aussi je n’usais d’aucun mensonge et parler avec une franchise déconcertante... Mais c’est terminé. « Non, tu peux en profiter ça me dérange pas. » J’étais sincère, bien que 'était pas le genre de geste qu’on devrait échanger, pour ce soir il pouvait faire ce qu’il voulait. Lui ébouriffant les cheveux, Minoru m’arrête en attrapant de nouveau ma main, soufflant dessus, les frottant pour les réchauffer j’encadre son visage pour lui demander si elles sont plus chaudes en souriant sincèrement. Je ne fus pas surpris par son geste de recul, connaissant son expérience ça semblait même normal, mais il revient et pose ses mains sur les miennes, ça semble allé, hochant simplement la tête en guise de réponse. Nos regards se heurtant on fut interrompue par le serveur.

« Non ça ira. Merci. » Il s’éloignant et je remarque la gêne de Minoru, le fixant avec un petit sourire explicite. « Tu es embarrassé ? Tu ressembles a une tomates, c'est mignon. » Je l’embête beaucoup le pauvre. « Tu veux mes mains ? » Je les tends devant lui, riant de nouveau, mais je pense qu’il est temps qu’on rentre, la soirée était cool, mais l’heure tourne. « On y va, je te raccompagne. » Pas jusque chez lui cela va de soi, mais de toute façon je ne laisserai pas rentrer chez lui tout seul et pas seulement parce qu’il a bu.

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Tenue ๑ Il aimait son rire, sincèrement. Il le trouvait chaleureux. Ça réchauffait son cœur. Minoru ne s'attardait pas tant sur l'écho que ça lui provoquait. Il connaissait cette personne qui riait comme Tsubasa mais pour la première fois, il voulait mettre de côté cette ressemblance. Il observait et souriait à Tsubasa, pas au souvenir qu'il associait normalement à son visage. Et puis, quelque chose lui disait qu'il ne riait que peu souvent de bon cœur. Il le sentait parce que lui aussi cacher des cicatrices. Il était devenu doué pour reconnaître les gens qui partageaient cette caractéristique. Sans hésiter une seule seconde, il lui avoua ce qu'il en pensait.

Et le retour le surprit. Il fronça les sourcils. Il complimentait son rire et Tsubasa lui répondait qu'il aimait quand il faisait la tête ? Il réagit en gonflant ses joues, tel un gamin prêt à piquer sa petite colère. « T'es bizarre. » Il pencha la tête sur le côté. Minoru essayait de comprendre ce qu'il aimait quand il le voyait bouder et c'est donc tout aussi naturellement qu'il lui posa la question. « Pourquoi ? C'est pas drôle quand je boude. » Alors qu'un rire, un rire c'est merveilleux. C'est la joie, l'expression du bonheur. Qu'est-ce que Tsubasa pouvait bien apprécier à sa tête de sale môme qui boude ?

Minoru appréciait ce contact. Lui qui avait plutôt tendance à les fuir, il profitait de cette chaleur. Encore un peu, et il frotterait presque sa joue contre sa paume en ronronnant. Il avait l'air d'un chaton en manque d'affection. Dans le fond, c'était le cas. Il redécouvrait les bienfaits des gestes tendres. Lorsque ses iris s'accrochèrent à ceux de Tsubasa, il sentit un frisson particulier. Une connexion étrange. Il se sentait si proche de lui mais se savait si loin encore. Quelque chose l'empêchait de franchir la ligne que le brun avait tracé entre eux. Même si cette voix qui s'évertuait à le mettre en garde s'effaçait de plus en plus. Minoru décida de mettre ça sur le compte de l'ivresse. Et quand le serveur les interrompit, il s'écarta immédiatement, gêné. Il enfonça sa tête dans ses épaules, comme une tortue, et baissa les yeux. Pourquoi se sentait-il mal à l'aise d'ailleurs ?

Une tomate ? « Arrête de te moquer ! » Il étendit son bras pour le punir en le poussant gentiment. Mais mignon. Il avait dit qu'il trouvait ça mignon. Voilà qui ne l'aidait pas à se calmer. Il plaqua ses mains sur ses joues pour essayer de se refroidir et se mordit la lèvre, nerveux. « Je les veux plus tes mains, tu fais que te moquer de moi. » Il secoua la tête. D'abord il lui disait qu'il aimait quand il boudait puis qu'il ressemblait à une tomate.

Minoru poussa un long soupir, Tsubasa avait raison. Il se faisait tard. Pourtant, il n'avait vraiment pas envie de rentrer chez lui. Il aimerait rester encore avec lui, aussi longtemps que possible. Il enfila sa veste et se leva pour régler leur repas avant de sortir avec lui. Dehors, ça s'était rafraîchis et cela lui fit un bien fou. Même si ses joues restaient rouges. Il se planta devant lui. « Tsubasa, est-ce tu as passé une bonne soirée ? Ne mens pas, s'il te plait. » Il se posait vraiment la question. Ça le travaillait depuis le début de la soirée. Ça, et autre chose. « Est-ce que... tu vas arrêter de me parler après ? » Il voulait une raison à cette barrière qu'il sentait entre eux, mais quelque chose lui disait que Tsubasa n'allait pas la lui donner. Malgré cet élan de courage sans doute provoquer par l'alcool.

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TENUE ๑ Bizarre hein ? Je souris devant sa remarque, il n’a pas tort, mais c’était une taquinerie supplémentaire, puis si je dois vraiment lui donner une réponse, alors je vais simplement le faire sans mentir cette fois. « Tu es mignon, ton expression quand tu boudines et adorable, mais je te taquinais surtout, je préfère quand tu souris cela va de soi. » Je ne suis pas dans la tête de Minoru, même si je sais ce qu’il a vécu j’ignore aujourd’hui ce qu’il vit, en dehors des choses visibles je veux dire, mais ses émotions, ses sentiments, comment son quotidien se définit-t-il au final ? Je ne peux surement pas comprendre, nous avons vécu des choses difficiles l’un comme l’autre, mais à des degrés différents, sa souffrance, la mienne, le plus dur de mon côté est surement de vivre en me sentant responsable de celle de Minoru. Suite à nos échanges le plus jeune s’est retrouvé avec le visage rougi par l’embarras a l’arrivée du serveur et je ne pus m’empêcher de le lui faire remarquer, je l’avoue, je profite de cette légèreté que je suis capable d’aborder avec lui ce soir pour ne pas me priver, j’ignore si demain j’en serai de nouveau capable, surement que l’ambiance m’aide à passer outre tous les soucis et notre « relation » pour n’être que des « amis ».

« Qui a dit que je me moque~ » ce gosse peut avoir vraiment un comportement amusant, c’est face à ce genre d’expression, de réaction que je me rends compte qu’il peut et est surement un adolescent comme les autres, il peut avancer. Bien que ce soit plus dur pour lui, il peut vraiment le faire et je souris face à cette constatation qui m’apparaît alors comme une évidence. Le regardant simplement dans le silence avant de me lever, il est temps de rentrer, il faut que je le ramène. Quittant les lieux mes pas s’arrête quand Minoru s’ancre devant moi, mes iris plongé dans les siennes, je le regarde d’abord avec sérieux, mes lèvres s’étirant ensuite pour faire apparaitre une esquisse. « La meilleure depuis longtemps. » J’avais pu rire sincèrement et le voir aussi s’amuser, Minoru n’a surement pas conscience que mes yeux sont posés sur lui plus souvent qu’il ne croit, veillant sur le bonhomme comme son ombre, il ignore seulement qu’il fait partie de mon quotidien, mais c’est le cas. Depuis des années maintenant il est l'un ou l'autre ou la plus grande de mes préoccupations, bien que j’aie ma vie, mes intérêts, mes amis, mes passions, mes propres envies, mes désirs et j’en passe. Il en fait partie lui aussi.

« Tu veux que j’arrête de te parler ? » Je ne pouvais dire la vérité, je ne pouvais lui donner aucune raison ni même de réponse honnête, mais je ne comptais pas lui dire non plus que ce ne serait pas le cas. « Aller vient, on y va. » Dis-je en lui pinçant doucement la joue, abordant les pas dans la direction de sa maison, j’ignore jusqu’à quand mon identité peut rester secrète et j’espère qu’elle ne sera jamais dévoilée, mais si je le fréquente il ne mettra pas longtemps à le découvrir, si ce n’est pas lui ce sera sa famille ou... quelqu’un d’autre? Je n’ai pas envie de voir cet instant arrivé, dois-je le fuir pour l’éviter ? Ou prendre le risque malgré tout d’être rejeté . Je ne sais pas, qui sait ce qui peut bien se passer.

would you be my friend ?

Tenue ๑ Mignon ? Adorable ? Minoru ne savait plus où se mettre. Il piqua un fard et enfonça sa tête entre ses épaules à la manière d'un bébé tortue des plus adorables. On ne le complimentait jamais comme ça. Il entendait ces remarques pour la toute première fois et cela le perturbait grandement. Il se demandait s'il ne se moquait pas de lui. Il trouvait étrange qu'on se montre aussi gentil avec lui mais en même temps cela lui plaisait. Ça le touchait parce que ça venait de la bouche de Tsubasa et qu'il avait vraiment envie de croire qu'il était honnête. Mais qu'est-ce qu'il faisait chaud ! Il plaqua ses mains sur ses joues pour dissimuler ses rougeurs. Il se sentait bête de réagir de cette manière. Surtout que Tsubasa ne faisait rien pour arranger la situation et n'hésita pas à souligner son embarras. À cet instant, Minoru se comportait comme n'importe quel autre jeune homme de son âge. Il découvrait de nouvelles sensations et explorait des sentiments nouveaux. Il ne songeait plus au reste. Il vivait au présent. Même quand il entendait le brun rire, il ne pensait plus au passé. Il ne le voyait plus. En face de lui se tenait Tsubasa et personne d'autre.

Encore un peu boudeur, Minoru se mordit l'intérieur de sa joue. Il ne se moquait pas de lui ? « Tu ne peux pas me trouver mignon. » Décréta-t-il comme s'il s'agissait d'une loi universelle. L'esprit embrouillé par l'alcool, il avait oublié qu'ils n'étaient pas seuls. Il jeta un regard autour d'eux mais personne ne semblait prêter attention. Une bande de filles souriaient en les regardant mais Minoru ne percevait aucune animosité. Il se fondait dans la masse. On ne le menaçait pas. On ne lui voulait pas de mal non plus. Il finit par se lever et s'efforça de marcher droit pour aller payer l'addition, après quoi il suivit Tsubasa à l'extérieur. Le petit vent froid contribua à atténuer le rouge de ses joues.

Mais avant de commencer à rentrer, de devoir retrouver le monde réel, il voulait s'assurer d'une chose. Il se planta donc devant Tsubasa pour l'arrêter et leva les yeux. Il rencontra son regard. Il s'efforça d'y décoder quelque chose. Non, il n'avait aucune raison de se méfier de Tsubasa. Il pouvait lui faire confiance. Il lui ressemblait mais il n'était pas lui. Quand il lui confessa avoir passer la meilleure soirée depuis longtemps, un timide sourire étira les lèvres du blond. Touché en plein cœur par ce simple aveu. Il était heureux. « Je t'ai remercié comme il faut alors ? » Il avait besoin d'être sur et certain. Bien loin d'imaginer que Tsubasa lui avait en vérité sauver la mise plus d'une fois. Il ne l'avait jamais vu avant cette fameuse nuit dans le placard mais il était tout le temps là. Il ne sentait pourtant pas sa présence. Tout comme il ne se doutait pas de leur passé commun.

Minoru écarquilla les yeux et secoua vivement la tête de gauche à droite. Ses cheveux décolorés virevoltèrent dans tous les sens. « Non ! Surtout pas ! » Cela venait du cœur. Un peu trop peut être ? Lui-même surpris par cet élan d'honnêteté et d'assurance, il détourna le regard. Puis grimaça quand il lui pinça la joue. Il le prenait vraiment pour un gosse. Mais il préférait ça. Il ne se comportait pas comme s'il avait un fou devant lui ou un attardé, et pour ça, Minoru lui en était reconnaissant. Il espérait pouvoir passer d'autres moments privilégiés comme ça avec lui.

Il quitta son monde pour revenir à la réalité. Tsubasa avait pris un peu d'avance. Et c'est le cœur battant qu'il se dépêcha de le rattraper mais au lieu de venir à ses côtés, il passa ses bras autour de lui, l'arrêtant pour l'enlacer. Sa joue se colla contre son dos et il ferma les yeux. « Me laisse pas tout seul Tsubasa. » Ou plutôt, laisse-moi prendre une place dans ta vie. Il voulait encore le voir sourire, encore l'entendre rire. Il avait envie de tout savoir de lui. Il souhaitait devenir son ami, apprendre ce que représente ce sentiment et l'apprivoiser. Puis, il tenait déjà à Tsubasa. Comment on dit ? Ah oui, il s'était attaché à lui. Entiché même, inconsciemment.

would you be my friend ?

TENUE ๑ Il était mignon, je me souviens encore de la première fois que je l’ai vu, les circonstances étaient loin d’être bonne a cette époque, mais ce gosse semblait si fragile, je n’avais qu’une envie c’était de le rassurer, de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout irait bien, que tout était terminé... Mais au fond je me rassurait a travers des pensées que je savais totalement faussé, rien n’allais, rien n’irait. Les choses se sont effondré une à une après ça, mais je savais que Minoru souffrait surement encore de la captivité imposé par mon frère, je me relever en me disant que je n’avais pas le droit de flancher, je ne pouvais simplement pas abandonner, devenir fort était ma condition et j’y suis arrivé, mais j’avais aussi une règle, je ne voulais pas m’approcher de cet enfant, je ne voulais pas qu’il me voit, pas qu’il s’arrache a l’image que je projette, pas qu’il aime ma voix, je ne voulais pas qu’il me superpose au monstre du passé.  Le surveiller a distance étant ce que j’avais décidé et pourtant qu’est-ce que je faisais là, à manger avec lui, à rire et lui faire des compliment ? Pourrais-je faire de même demain, pourrais-je le saluer ? Ou aurais-je repris mes esprit et mes distances ? Je l’ignore. J’ai passé une soirée super, riant de bon cœur et voyant des facette de Minoru que je pensais ne jamais être capable de visualiser, mais dois-je le laisser se rapprocher, il ne peux pas s’attacher à moi, je ne suis pas mon frère et je ne le serais jamais.  Il doit chasser cette idée, cette ressemblance, je ne sais pas quoi répondre a sa question, l’entendre s’exprimer avec autant d’entrain pour refuser, pour ne pas que j’arrête de lui parler me surprends et je le trouve mignon, j’ignore ce qu’il se passe dans sa tête, j’ignore qui il voit en me fixant comme ça, j’ai besoin de réfléchir et de remettre les choses en places, me décidé sur ce que je ferais... Mentir me sera obligé, je ne pourrais jamais être moi-même, je devrais faire attention a mes faits et gestes, à mes paroles pour ne pas laisser échapper le moindre indice et ça me fatigue déjà. Pour l’instant je propose simplement qu’on rentre, on aura surement le temps de reparler de tout ça. Peut-être.

Marchant en m’éloignant du restaurant, mes pas durent stoppés par des bras s’entourant autour de moi, surpris, je baisse le regard pour voir ses mains qui s’agrippe solidement, je l’entends, posant mes mains sur les siennes, je les retire pour me tourner face a lui et le regarder, puis un sourire rassurant je hoche seulement la tête, avant de passer ma main dans ses cheveux les caressant gentiment. Je ne peux rien promettre, mais seul il ne le sera jamais, même quand il ne me voit pas je suis là, quelque part à le regarder, l’observer, le protéger.

Je me suis dévoilé avec liberté et aisance au cours de la soirée, j’ai été à la fois honnête et sincère, bien que je sois obligé de dissimuler beaucoup de vérité, surtout avec Minoru,  j’ai baissé les barrières, ouvert des portes pour le laisser entrevoir un peu de mon âme, mais je ne dois pas aller trop vite, je ne veux prendre aucun risque, amitié et confiance, ce sont des choses que j’ai perdu il y quelques années. Passant mon bras autour de lui  j’avance a ses côtés pour le ramené, il fait frais et je ne voudrais pas qu’il tombe malade par ma faute. Demain est un autre jour, qui sait ce qui se passera,