get a closer look + Son loft ne ressemblait plus à rien. Il recevait à sa manière. Loin des grands galas de son père. Les gens, affalés sur le canapé et les fauteuils, fumaient ou buvaient. Les cadavres de bouteilles trônaient un peu partout dans la pièce. Whisky, champagne, vodka, bières. Les cendriers débordaient, de la cendre s'étalait sur sa table basse. À sa droite, un mec fumait un rail de cocaïne entre les seins d'une poupée gonflable. Sur sa gauche, un autre en plaquait une contre un mur et  fourrait sa main dans la culotte. Et juste devant lui, entre ses jambes, une divine créature se frotter lascivement à lui. Il passa sa langue sur ses lèvres puis posa sa main sur ses fesses. Pas trop mal. L'heureuse élue de la nuit ? Il hésitait encore. Il tira sur son joint, laissa sa tête tomber en arrière sur le dossier pour observer la fumée voler vers le plafond. « Beckford ! Hé Beckford ! » Ethan grogna et se redressa pour mieux voir celui qui l’interpellait. Le type secoua sous son nez la dernière pilule qui leur restait. L'information monta sans trop de mal au cerveau de l'anglais qui se pencha en avant pour saisir son cellulaire. Il savait qui il pouvait appeler à cette heure si tardive. Il n'était pas question qu'il se déplace et il ne connaissait qu'un seul dealer en ville suffisamment idiot pour jouer au livreur. Pendant qu'il l'appelait, la demoiselle qui semblait très intéressé par lui se hissa sur ses cuisses et s'y installa sans pudeur. Elle entreprit de déboutonner les derniers boutons de sa chemise. Cela tombait bien, il mourrait de chaud. « Ramène ta fraise, Berry. » Mauvais jeu de mot. « J'espère que t'as ce qu'il faut. T'inquiètes pas. Un très bon prix, le double de c'que j'te donne d'habitude si tu veux. » Il raccrocha sur ces dernières bonnes paroles, quel dealer refuserait une telle proposition ? Surtout venant d'un client comme Ethan. Il le payait toujours très bien, vraiment très bien.

Dans la cuisine, on jouait à un jeu d'alcool malsain et proposait des gages toujours plus sales. Ethan les observait du coin de l’œil pendant que la nana au-dessus de le caresser d'une main habile sous son pantalon. Quand la sonnette résonna à ses oreilles, il n'hésita pas à la bousculer la refilant à son voisin. Ethan slaloma, ivre, jusqu'à la porte d'entrée. Il ouvrit à Berry, une canette de bière à la main, une cigarette dans l'autre et colla sa joue à l'encadrement. « T'en as mis du temps. » Il était loin le Ethan classe et élégant. Sa chemise ouverte, tâchée de rouge à lèvre et de fond de teint, dévoilait son torse. Il suffisait d'un regard plus bas pour remarquer qu'il avait la trique. Charmant. Il se poussa pour le laisser pénétrer dans son logement enfumé et bruyant. « Si t'as soif, sers-toi. J'reviens. » Il l'abandonna pour se rendre dans son dressing où derrière une rangée de costume se trouvait son coffre-fort. Il réapparut avec une liasse de billets impressionnante qu'il glissa dans une enveloppe sous le nez de Berry. Il suffisait de regarder Ethan pour comprendre qu'il était plus que déconnecté de la réalité. Son état était lamentable. Il tenait à peine debout. Si bien que lorsque la même jeune femme revint à la charge en se collant à son dos et en empoignant ses parties génitales, il se laissa légèrement tomber en avant et écrasa son front dégoulinant de sueur contre l'épaule du plus petit aux cheveux colorés. « Tu peux rester si t'en as envie, on s'amuse bien. » Souffla-t-il dans son cou. Ethan planait. Le mot était presque trop faible d'ailleurs. Il se souciait guère de ce qu'on pouvait penser de lui ou de l'image qu'il renvoyait à cet instant. Il tournait même dangereusement de l'oeil. Mais Berry avait peut être envie de s'éclater avec eux ?  

Code by Silver Lungs

get a closer look + La nuit n'était pas très chaude en ce mois d'octobre. Les clients semblaient se faire plus tard ou choisir les endroits plus réchauffés qu'une simple ruelle étroite et sombre. Pourquoi je dois toujours prendre des cachettes débiles dans ce genre-là. Un soupir et j'attrape mon portable dans ma poche pour regarder mon écran deux secondes. Un message de Phoenix... Je ne l'ouvre même pas, client sur quitter pour observer les icônes qui envahit mon fond d'écran. Il y a des jeux, des réseaux sociaux, et tout un tas de truc impossible à virer d'un portable. D'un geste las, j'appuie sur celui d'un jeu, lançant la petite musique amusante et entraînante, puis je reprends au niveau où je m'étais arrêté précédemment. C'est une question de relier les jellys de la même couleur pour faire des combos, gagner des points et avoir des étoiles. Parce que je déteste quand je n'ai pas les trois étoiles et le meilleur score de mes contacts. ça m'occupe le temps qu'un imbécile pointe le bout de son nez, ou qu'une autre sorte de personne tente de me joindre, coupant mon jeu avec une sonnerie sortant d'un film culte; requiem for a dream. Ramène ta fraise, berry. Quel humour surprenant, cette saleté de drogué! Je pourrais presque rire, s'il ne me demandait pas de venir chez lui avec la marchandise. Il a de la chance, je n'ai encore rien vendu pour le moment et mes poches sont carrément pleines. Si je veux ? C'est comme demander à un gamin s'il désire une sucette, absurde. De toute façon, il a déjà raccroché sans attendre de réponse. J'abandonne ma partie pour ranger mon cellulaire dans ma poche et quitter ma ruelle déserte, prenant le chemin vers son loft, marcher me donnera chaud.

Tout en prenant un peu mon temps, j'arrive devant la résidence d'Ethan où je rejoins sa porte pour appuyer sur la sonnette, patientant quelques secondes jusqu'à qu'il ne daigne m'ouvrir la porte. « J'ai fait aussi vite que j'ai pu. » Dis-je avec un sourire narquois, l'air amusé par son état bien avancé. Ce mec est grave, à quoi joue-t-il pour bander à ce point ? Je préfère même pas savoir, rentrant dans son logement ou plutôt dans un nuage de fumée qui me pique les yeux et les narines. Je suis dealer, mais je ne consomme rien dans ce genre. « Ouais, merci. » Le temps qu'il disparaisse, je me prend un verre pleins pour en boire quelques gorgées, sans savoir à qui il peut être. Tant qu'il n'y a pas de drogue dedans, ça ira. Ethan réapparut pas longtemps après, avec une belle somme entre les doigts, qu'il glisse dans une enveloppe sous mon regard intéressé. ça va me faire des bons points auprès de mon boss, peut-être même que je pourrais garder les billets en trop. Je plaisante, Jae risque de capter de suite. La seconde suivante, le front d’Ethan était collé à mon épaule, lâchant une phrase qui me fit doucement rire. « Tu m'as payé ma soirée avec ça. » Gloussais-je en récupérant l'enveloppe épaisse de sa main. Un regard vers la demoiselle et cette lueur dans mon regard dû l'effrayer, puisqu'elle déglutit. « Tu vas finir par crever dans cet état, et je ne suis pas fan des plans à trois. » Moi aussi, j'ai de l'humour. Mes doigts sur son biceps, je serre doucement sa peau pour tirer sur son bras, le décollant de sa conquête qui tire la tronche. Elle doit bien comprendre que sa présence me dérange, surtout quand je force Ethan à me suivre jusqu'au canapé, où je le pousse dessus en restant debout devant lui. « Tu vas te droguer encore ? C'est pitoyable de ta part, Ethan. » Il sait que j'aime bien lui rappeler la réalité, le narguer sur son condition sans pour autant l'empêcher d'agir. C'est son soucis, je me permet seulement des conseils ou des commentaires, pour qu'il ne tombe pas plus bas qu'il ne l'est déjà.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Il se fichait de dépenser l'équivalent d'un salaire moyen pour obtenir de la drogue. Ses comptes aux multiples zéro ne souffraient pas de ces dépenses insensées. Ethan se disait qu'il s'agissait du prix à payer pour pouvoir s'évader et oublier. Il reprenait ses mauvaises habitudes. Il empruntait à nouveau cet escalier qui descendait vers les profondeurs d'un abysse sans nom. C'était tellement plus simple comme ça. Il lui suffisait de glisser quelques billets dans une enveloppe et ses soucis disparaissaient les uns après les autres. Il en oubliait presque son prénom. Ça lui plaisait alors de ne plus être Ethan Beckford, de ne plus être tout court. Il ne tenait plus. Son corps supportait difficilement ce qu'il lui infligeait. Avachi sur Berry, il pouffa à sa remarque sur les plans à trois. Ça ne dérangeait pas l'anglais. Il aimait bien d'ailleurs. Mais qu'est-ce qu'il n'avait pas expérimenté au lit en même temps ? « Tu ne sais pas ce que tu rates. » Il se mordit la lèvre. L’érection que son jogging dissimulait à peine était presque douloureuse. Il geint lorsque le dealer l'obligea à se poser sur le canapé, loin des mains câlines de la poupée gonflable. Il se laissa tomber lourdement. Ce mec avait quelque chose d'agaçant. Il ne lui donnait pas juste la marchandise, il se permettait aussi de le juger. Cela le dérangeait. Il l'ennuyait avec ses remontrances qui ne valaient rien. Alors Ethan tendit simplement la main. « File-moi ce que je t'ai demandé. » Après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'il se foute en l'air ? Ils ne se connaissaient pas. Il étaient encore moins amis.

Nonchalant, il saisit le paquet de cigarettes qui trônait sur la table basse. Il se fichait de savoir s'il lui appartenait ou non. Il en tira une, l'alluma entre ses lèvres et expulsa la famille tout en rejetant la tête en arrière. Il reporta son attention sur le plus petit. « Je suis l'un de tes meilleurs clients, non ? Tu devrais être content. » Il lui offrait des sommes exorbitantes pour ce qu'il lui apportait. Sa manière de s'assurer que Berry était prêt à se pointer chez lui à n'importe quel moment de la journée. La preuve, un simple coup de fil et le voici. Tous les dealers ne se déplaçaient pas comme ça. Il tapota l'espace à côté de lui pour l'inviter à s'installer. « Installe-toi, profite de la soirée. » Et il écarta les bras pour l'inviter à admirer le tableau décadent qu'était devenu son appartement. Ethan n'était pas sur de connaître toutes les personnes présentes. Il ne s'en souciait pas. Si l'un ou l'autre décidait de dévoiler ça à la presse, il disposait d'assez d'influence et surtout de très bon contacts pour étouffer tout ça. Autrefois, il se fichait de fasciner les journalistes. Oh, regardez, le fils du célèbre Beckford n'est qu'un pauvre drogué. Il avait à présent une image à garder, à préserver et au moindre faux pas, il risquait gros. Il ne donnait pas cher de sa peau s'il venait à foirer. Son père ne lui pardonnerait pas une seconde fois. Il plaçait tant d'espoir en lui. Il ne devrait pas. À le voir comme ça, totalement défoncé, il n'y avait rien à en tirer dans le fond.  

Code by Silver Lungs

get a closer look + Ethan est le genre client facile, qui donne beaucoup trop pour une dose normale. Normal que je rapplique au premier coup de file pour me pointer chez lui dix minutes plus tard. Les gens diront que je suis un crevard pour quelque billets en plus, mais sincèrement, je les emmerde. C'est mon boulot, alors si on me file un pourcentage en plus de ma vente, j'accepte sans protester. S'il veut se détruire à double prix, c'est son soucis. J'ai déjà donné avec Zander, l'un de mes anciens clients, qui m'a toujours rejeté la faute dessus. Tant pis pour les drogués, faut y réfléchir avant de commencer. Ethan, lui, ne semble pas dérangé par le fait de se mettre à mal pour des pilules à la con. Je me délecte souvent de ce spectacle, parfois pour en rire, parfois pour m'en moquer, mais rarement pour raisonner. Un dealer qui veut empêcher sa clientèle d'acheter, ce serait mal vu dans le monde de la mafia.  Les plans à trois, ce n'est pas mon kiff. « Tu m'en diras tant. » Fis-je avec un simple sourire, loin d'être emballé par son délire. J'ai bien vu qu'il était dans un état pitoyable et c'est limite s'il ne me faisait pas pitié à bander de la sorte pour une pouffiasse teintée de maquillage. D'ailleurs, je l'éloigne de miss pot de peinture pour le tirer vers son canapé où je le force à savoir, enchaînant une remarque bien désopilante. Il n'aime pas ça, mais je m'en fiche. Vu la tronche qu'il tire, je pourrais très bien prendre ses sous et me barrer sans donner la marchandise. Il peine presque à tenir debout, sûrement à dix milles lieux d'ici. Minable, je l'ai déjà dit ? Bon d'accord, je ne suis pas un profiter. Un sourire en coin, je lui tends le petit sachet et le laisse tomber entre ses jambes, après qu'il est récupéré un paquet de cigarette sur la table basse. Qu'il en fasse bon usage, je ne vais pas continuer à jouer les saintes pour le prévenir du danger sur la santé. Qu'il se foute en l'air, ce n'est pas moi qui serait dans la merde demain.

« Je n'ai jamais dit le contraire, je suis content. » Content d'avoir un client si généreux, mais un peu trop nul sur les bords. Il pourrait juste payer la somme réglementaire, mais non, monsieur fait le fier fortuné. Si je m'assois sur ce canapé, je suis condamné à passer la soirée ici, et ce n'est pas vraiment mon plan. Il m'invite sans crainte, sachant que je suis un mafieux dans l'âme malgré tout. Plutôt que de m'asseoir à côté de lui sur le canapé, je fais exprès de m'installer à califourchon sur ses cuisses, ignorant totalement son érection pour venir déposer mes mains au niveau de ses épaules, mes pouces appuyés de part et d'autre de sa carotide. Ce sont des points vitaux, si j'appuie dessus il risque d'avoir mal. « Tu es peut-être le meilleur de mes clients, mais je ne suis pas ton chien. » Mon ton n'est pas menaçant mais mon regard en dit long sur ce que je serais capable de faire avec seulement mes pouces. Je frôle légèrement ses clavicules sans bouger mes mains, toujours prêt à agir avec fourberie. J'en connais pas mal sur l'attaque, même si d'ordinaire je suis le pacifiste, celui qui observe de loin sans se battre. Faut juste qu'il comprenne un truc avec moi, je suis le dealer, pas le clébard qui rapplique pour un supplément pâtée.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Ethan connaissait les effets néfastes de la drogue. Après tout, il sortait d'une cure. Mais la rechute se voulait plus violente que le reste. Sûrement que la mort le guettait de loin depuis qu'il consommait à nouveau. Elle le menaçait, discrètement. Comme beaucoup de camés, il avait connu l'overdose. Plusieurs fois même, mais ça n'avait pas suffit à l'arrêter à l'époque et ça ne l'empêchera certainement pas de continuer à présent. Il se fichait de mettre sa vie en jeu. Au contraire, il trouvait ça jouissif. Il se droguait pour se mettre en danger et se sentir vivant. C'était déjà ça avant. Franchir les limites, se brûler mais rester debout. C'était sa manière à lui d'exister, sa façon de s'échapper et d'échapper aux autres. Les mises en garde n'avaient pour ainsi dire aucun effet sur lui. Les gens ne semblaient pas comprendre qu'il ne tenait pas assez à sa vie pour vouloir s'en sortir. Il trouvait d'autant plus ridicule qu'un dealer se permette de le juger. Surtout un dealer aux cheveux roses. Un sourire satisfait collé aux lèvres, il agita le petit sachet. « Kétamine ? » Demanda-t-il en levant les yeux vers Berry. Il l'espérait. C'était ce qu'il préférait. Cette sensation de quitter son propre corps, il adorait ça. Sans attendre plus longtemps, après tout il avait payé, il crée une ligne blanche parfaite sur la table basse. À l'aide de son petit doigt, il en harmonisa la forme avant d'approcher sa narine et d'aspirer en un grand coup la poudre. Il se frotta le nez plusieurs fois avant de s'avachir à nouveau dans son canapé et de tirer une nouvelle fois sur sa cigarette.

L'anglais fronça les sourcils en sentant le plus petit prendre place sur ses jambes. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Il n'avait rien contre les relations charnelles entre hommes mais il ne lui semblait pas l'avoir invité à rester pour ce genre de chose. Attentif, il accueillit sa menace avec nonchalance et se permit d'afficher un petit sourire en coin. Qu'est-ce qu'il pourrait bien lui faire ? Ethan se redressa un peu pour approcher son visage du sien et lui souffler sa fumée. « Détends-toi, t'as l'air sur les nerfs. » Il connaissait bien des manières de l'apaiser mais il doutait que ce soit véritablement ce que le dealer attendait. Il n'attendit pas qu'il bouge de lui-même et dans un mouvement brusque se leva pour l'envoyer valser sur le canapé en même temps. Il attrapa au passage une canette de bière qu'il vida d'une seule traite. « aaah ~ » Il s'essuya la bouche d'un revers de manche et baissa les yeux vers Berry. « T'inquiètes, je sais que le chien dans cette pièce c'est moi. » Car d'une certaine manière, les drogués dépendaient de leur fournisseur, ils remuaient la queue devant eux et mettaient la main au porte monnaie sans hésiter, comme pour entretenir une pute de luxe. Il prit une canette, fermée cette fois, et la lança à Berry. « Mais tu devrais vraiment songer à relâcher la pression. » Ethan semblait avoir du mal à comprendre que tout le monde n'utilisait pas la même méthode que lui pour décompresser.  

Code by Silver Lungs

get a closer look + Je ne pourrais jamais comprendre ce genre de personne, ceux qui se droguent pour une quelconque raison. Je suis peut-être un dealer, mais je reste quelqu'un de clean en toute circonstance, même l'alcool ne m'attire pas. Je me fiche d'être une tâche dans ce décor dépravé, je n'ai pas envie de rentrer dans ce foutu moule pour faire comme tout le monde. Les jeunes aiment boire, fumer ou se défoncer, pas moi. Moi, je les regarde juste se perdre dans les méandres de l'inconscience. Ethan n'échappe pas à la règle, il s'enfonce et je l'observe partir dans un gouffre sans fin. Un jour, une tierce personne va le retrouver étaler au sol ou noyé dans sa baignoire après une dose de trop, comme les célébrités au bout du rouleau.  Je devrais me taire et le laisser faire, qu'est-ce qui m'importe de toute façon ? S'il meurt, ce ne sera pas de ma faute. Il l'aura voulu et cherché, point. Quand il demande, j'hausse les épaules. Kétamine ou non, quelle importance. ça ne changera rien à son délire, puis je m'en fiche. J'ai pris ce que j'avais sur moi, à lui de deviner si cela est vraiment de la kétamine ou pas. Ce con se droguait sous mes yeux, traçant sa ligne blanche pour l'aspirer rapidement par la narine. C'est répugnant, et pourtant c'est mon boulot. Je ne les pousse pas à se détruire, mais des fois je me pose des questions sur mes réelles intentions. Est-ce que je n'aurai pas ma part de responsabilité dans leurs soucis ? Peut-être que je ne les cause pas, mais je les aggrave avec cette merde qu'ils pensent bénéfiques. Le diable les guette et ils ne remarquent vraiment rien.

J'ignore quelle mouche m'a piqué, mais je ne perds pas de temps pour venir squatter les jambes de mon client plutôt que le canapé, la menace au bord des lèvres. Je ne suis pas si facile, même s'il le croit d'après mon apparence. Il parle trop comme s'il m'était supérieur, et je n'aime pas du tout cela. Qu'il soit mon meilleur client ou le pire, cela revient au même à mes yeux. Peut-être qu'il en donne trop, peut-être qu'il en fait trop, mais ça m'importe peu. Il est et restera, qu'un client qui ne doit pas prendre le dessus sur son dealer. Ma réplique ne semble pas l'effrayer, au vu de son sourire en coin. Je déteste quand ils font ça avec leur fumée, plissant le nez de dégoût. Sur les nerfs ? « Pas du tout. » Soufflais-je doucement et calmement, montrant bien que je suis parfaitement serein. La seconde suivante, il me jette à moitié sur le canapé pour me virer et je râle en me redressant pour mieux m'asseoir. Drogué et alcoolo, la paire. Bon, il sait au moins où est sa place, c'est bien. Je ne peux m'empêcher de sourire à sa remarque, fier de l'entendre dire. Sans moi, il n'aurait rien. Ou il devrait se déplacer pour l'avoir, plutôt. Ethan me lance une canette de bière et je l'attrape habilement sans l'ouvrir de suite. « Je ne suis pas sous pression, qu'es-ce qui te fait dire cela ? » Je voulais juste qu'il arrête de me traiter comme il le faisait, et qu'il sache que ce n'était pas moi le clébard. Sinon, je ne suis ni sur les nerfs, ni sous pression. « Tu n'as pas plutôt un truc avec de la fraise ? » Demandais-je sans gêne en gardant la canette à la main. L'alcool, la bière, ce n'est pas mon délire. Je préfère le sucre, la douceur, la fraise. Bref, un cas à part dans un monde différent. Je peux paraître « fou » mais je n'en reste pas moins « mignon », c'est déconcertant quand on me connait franchement.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Cela ne le dérangeait pas de se retrouver sous Berry. Il avait beau être petit, il n'était pas désagréable à regarder. De même que ça n'étonnait personne aux alentours de voir un homme surplomber Ethan. Faut dire que sexuellement parlant, il s'épanouissant tant avec les femmes que les hommes. Mais quelque chose lui disait que Berry ne cherchait pas vraiment à le chauffer. Mais ses fesses calées sur sa trique, Ethan peinait un peu à garder son esprit au clair. Il le trouvait un peu à cran le nain et bien loin de l'esprit de la fête. Un sentiment qu'Ethan ne connaissait plus. Ces derniers temps, il se défonçait bien trop souvent et oubliait la pression. Ça le soulageait. Pas du tout ? Ethan l'interrogea en secouant le menton. « J'peux savoir ce que tu fous alors ? Sauf si c'est pour me soulager, vaut mieux que tu descendes. » Et il le propulsa plus loin sur ces belles paroles. Histoire de se rafraîchir, il vida d'une traite une canette de bière. Entre son érection proéminente et la chaleur que dégageait les gens autour de lui, ça commençait doucement à tourner là-haut. À moins que ça ne soit à cause de l'alcool, la drogue et tout le reste d'ailleurs. Il transpirait, avait les pupilles dilatées, les yeux injectés de sang et les joues d'un rouge flamboyant. « Tu t'énerves pour rien. » Voilà pourquoi il le trouvait sous pression. Pas besoin de le remettre en place, Ethan connaissait sa place. Surtout maintenant qu'il replongeait, il se sentait encore plus misérable qu'auparavant. Il n'aimait pas tellement qu'on le lui rappelle alors qu'il essayait de profiter des effets de la drogue pour justement tout effacer. Il plaqua ses cheveux noirs en arrière à l'aide de ses mains en poussant un long soupir. Il mourrait vraiment de chaud. « Un truc avec de la fraise ? » Ethan s'obligea à réprimer un sourire amusé, à la place il passa sa langue sur ses lèvres. Bon, il pouvait bien lui apporter ça. Le mec se déplaçait quand même à chaque fois. Il s'éclipsa vers sa cuisine et revint avec un grand verre diabolo fraise. Il le tendit à Berry avant de s'échouer juste à côté de lui sur le canapé.

« T'es un peu comme un bébé en fait. » Il pouffa de rire alors que sa joue s'écrasait contre l'épaule du garçon à la chevelure rose. Mais il se calma rapidement. L'état dans lequel il se trouvait ne lui permettait pas de rester euphorique trop longtemps. Était-ce parce qu'il avait abusé ou parce qu'à force de broyer du noir qu'il se sentait se perdre dans des profondeurs sans nom. En tout cas, il grimaça. La musique lui procurait un mal de crâne abominable. Dans sa cage thoracique, il sentait son cœur s'affoler. Palpitations. Son visage pâlit et dès qu'un de ses invités osa lui demandait si ça allait, il répondit par la violence en se redressant d'un coup pour l'attraper par le col. « J'crois qu'ça ira mieux quand je verrai plus ta sale gueule. » Mais qu'est-ce que ça donne deux junkies qui en plei malentendu ? Avant qu'il ne puisse dire ouf, Ethan se prit le poing de l'autre dans la figure. Il n'hésita pas à répondre en le frappant également. Et tout autour, cette bagarre attirait la foule. Jusqu'à ce que le type le bouscule et qu'il tombe à terre. Sa tête heurta le sol et totalement sonné, il ne se releva pas tandis que les gens n'osaient plus parler ni s'approcher.  

Code by Silver Lungs

get a closer look + C'est bien difficile de me mettre sur les nerfs, il devrait le savoir. Je suis peut-être un dealer, mais pas ce genre de gars qui perd patience en deux secondes ou s'énerve d'un rien. Comparé à la plus part des mafieux, je suis plutôt calme et posé, malgré les mots que j'ai à dire. Je n'aime juste pas voir l'état dans lequel il se fout, entre alcool, drogue et tabac, il va finir par tomber raide mort. Pas que cela m'inquiète beaucoup, mais comme il l'a dit, monsieur est un  gros client. C'est sûrement un mensonge pour me convaincre que ce type n'est qu'un pigeon et qu'à chaque fois je me ramène pour le plumer un peu plus. Dans le fond, j'ai beau aimer mon boulot, je déteste quand ils le font sous mes yeux en croyant que je me délecte de ce pouvoir qui m'est donné en étant le vendeur et non l'acheteur. Ethan ruine sa santé devant moi, enchaînant des trucs dégueulasses et mortels sans se dire que j'ai horreur de cela. Sans oublier sa manière de me parler, que j'apprécie encore moins que son addiction pour cette merde. Protecteur ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre. Dans l'immédiat, je le contre-dit et termine le cul sur le canapé, les cheveux en vrac. D'accord, je me résigne. « Je ne suis pas énervé. » Repris-je pour qu'il comprenne que non, je ne suis ni énervé, ni sous tension. J'en donne l'impression, mais ce n'est sûrement pas cela. La bière en main, je fixe le nom de cette dernière en me disant que j'ai horreur de ces trucs. La fraise, c'est plus mon péché mignon que l'alcool. J'ai vraiment l'air ridicule pour un Bakuto, mais je préfère vraiment la fraise. Je m'en fiche qu'il me juge, s'il veut se saouler à en être ivre mort, c'est son soucis. Ethan fait l'effort de se bouger et de me ramener un verre avec un liquide rose. à l'odeur, je ne repère rien de suspect, plutôt content d'échapper à l'alcool. C'est plus fort que moi, je n'aime pas les délires de la génération d'aujourd'hui.

Un bébé ? Le verre contre mes lèvres, je laisse le liquide glisser dans ma bouche en regardant Ethan du coin de l'oeil. Un bébé ? Il rit en plus, appuyé contre mon épaule. Un soupir s'échoue contre le liquide et je recule mon verre pour le toiser, sans réponse à sa petite moquerie. Oui, peut-être que je suis encore un bébé comparé aux gens présent. Pourtant, je me sens bien, beaucoup mieux que lui surtout. Ethan est vraiment sur les nerfs, agressant le premier venu qui lui adresse la parole. Et c'est moi le mec sous pression ? Bonne blague. C'est ainsi que début une bagarre entre les deux ivrognes, tandis que je reste les fesses dans son canapé à observer. Jusqu'à qu'un con me bouscule et que mon verre tombe sur ma veste grise et qu'une tâche s'étend sur le doux tissu. D'accord, là je suis légèrement agacé. Ethan se retrouve rapidement par terre sous les acclamations de la foule, je profite de ce moment pour me glisser dans le dos de l'homme, chopper son bras et le tordre violemment dans son dos. Il pousse une plainte douloureuse, jurant contre moi sans même savoir qui je suis. « Ethan, Ethan, Ethan. » Soufflais-je désespéramment en faisant tourner le gars pour lui affliger un coup de pied dans les reins, le voyant s'écraser dans la foule. La violence n'est pas mon fort, mais quand il faut, je sais l'utiliser à mon tour. Je n'aime pas me battre, mais j'en connais un rayon malgré tout.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Il ne comprenait pas forcément les gens qui ne cédaient pas. Ceux qui refusaient de toucher à ces petites choses qui permettaient de fuir la réalité le temps de quelques heures. Car, et il en était persuadé, beaucoup de monde auraient bien besoin de se laisser aller. Sinon, comment faisaient-ils pour affronter la réalité ? Quel était leur secret ? Il aimerait le connaître. Lui qui ne parvenait pas à garder la tête hors de l'eau, qui étouffait, qui se noyait. Mais quelque part, il les respectait. Il les trouvait plus fort qu'il ne le serait jamais. Il ne se sentait pas capable de tenir le coup comme eux. C'est pourquoi, sans se moquer de Berry et même si c'était bizarre à ses yeux, il lui prépara un verre avec du sirop de fraise. Ethan n'était pas toujours mauvais, pas foncièrement en tout cas. Il utilisait la violence pour se cacher, pour se protéger et pour repousser les autres. Sans doute aussi parce qu'on ne lui avait jamais appris à s'exprimer autrement. Il avait vécu en encaissant les coups de son père et maintenant il se disait qu'il valait mieux les distribuer pour éviter de s'en prendre, montrer qui était le plus fort dès le début pour ne pas être pris pour un faible. Même si au fond, Ethan était plus faible que la moyenne. Il se laissa tomber aux côtés de Berry après lui avoir apporté sa boisson et cala sa joue contre son épaule. Son corps répondait de plus en plus à la drogue et pas de la manière la plus positive. Il avait des sueurs froides, il se sentait mal, bref. Il ne risquait pas de faire long feu comme ça. C'était donc pas du tout le moment de le déranger. L'énergumène qui se risqua à lui demander s'il allait bien le comprit à ses dépends. Le ton monta très vite entre les deux jeunes hommes et ils en arrivèrent aux mains. Ethan ne fit pas le poids longtemps et se retrouva par terre. Sa tête avait heurté plutôt fort le sol d'ailleurs.

Un peu sonné, il rouvrit les yeux au moment où Berry envoyait l'autre mec au tapis. Il se redressa doucement en se massant la tête. Il n'y avait plus un murmure dans l'appartement. Plus personne ne parlait. On n'entendait plus que la musique. Ethan se leva, et sous le regard de tout le monde, il attrapa par le col l'enfoiré de la soirée. Il le traîna jusqu'à la sortie, ouvrit la porte et le jeta littéralement dehors. Mais il ne revint pas, il resta à côté de la porte grande ouverte et fit un signe de tête. « Dégagez. » Personne ne bougea. Il soupira puis se mit à hurler. « Dégagez bordel de merde ! » Les gens rassemblèrent leurs affaires dans la précipitation. Il claqua la porte derrière eux et se laissa glisser contre celle-ci. Il toucha le coin de sa lèvre qui saignait et grimaça. Puis il vit Berry, encore là, et il plissa les yeux. « Comment ? » Il lui demandait où il avait appris à se battre comme ça. Il ne s'attendait pas à voir un petit nain savoir se servir de ses mains. Ethan n'avait toujours pas repris de couleur. Il semblait au bord du malaise et c'était pourquoi il restait assis. Il sentait que ses jambes étaient incapables de le porter. Mais pas question de le laisser s'en rendre compte, même si en tant que dealer il reconnaissait peut être ces signaux.  

Code by Silver Lungs

get a closer look + Le « boulot », c'est sûrement la seule chose qui me gardait la tête hors de l'eau. L'école aussi, mais je met ça dans le même panier puisque ça occupe le plus clair de mon temps. Les Bakuto me permettent d'avoir l'esprit canaliser, sans me perdre dans le calvaire que peut vivre Ethan sans rien faire, à part toucher à cette merde que je lui refile. Bosser, c'est le secret pour ne pas penser à ces choses malsaines qui fait de l'homme une carcasse vide, sans importance aux yeux de son entourage. Le lait à la fraise est une sorte de récompense, même si j'en bois quand je le désire. Quand je l'ingurgite, je me dit que j'ai bien travaillé aujourd'hui et que j'ai droit à une telle saveur, une véritable réjouissance. Peut-être qu'Ethan se bouge seulement pour dépenser son fric dans de la drogue, moi je pense d'abord à ma mère, aux dettes sur nos têtes et cela me coupe toute envie de m'envoyer en l'air. Il ne doit pas avoir ça, l'Ethan que j'ai à côté de moi. Aucune dette, sûrement aucune famille à aimer et qui l'aime en retour. C'est ça qui différencie les gens, notre vécu et nos expériences. J'ai commencé au plus bas pour vouloir aller au plus haut, mais lui, d'où est-il partit à la base ? J'en sais rien et ce n'est pas le moment de vouloir savoir. Calé contre mon épaule, Ethan n'était pas en forme mais je ne dis rien, sirotant ma boisson en regardant l'agitation autour. L'homme qui s'approche me brouille la vision et je dépose mes yeux sur lui avant que la situation s'envenime. Ethan va loin, mais là encore, je ne réagis pas dans l'immédiat. Ils se tapent dessus pour rien, ça serait presque marrant si mon client ne se retrouvait pas le nez au sol. C'est là que j'interviens, abandonnant ma boisson même pas terminée.

Il ne fallut pas longtemps à l'homme avant d'être maîtrisé et envoyé au tapis, le bras tordu et la marque de ma chaussure dans le bas de son dos. Sans ça, je serais déjà mort depuis longtemps. Je ne suis pas un Bakuto juste pour la forme, ça non. Le silence pèse rapidement sur l'appartement et je trouve la musique soudainement assourdissante et dérangeante. Ethan reprend du poil de la bête en envoyant l'importun dehors, criant après les autres de sortir. Je ne me sens pas particulièrement visé, puisqu'il ne m'a nullement invité à sa petite soirée. Moi, je reste dans le salon, mon verre toujours dans la main qui ne m'a servit à rien d'autre. La pièce vide, Ethan contre la porte, un fin sourire se dessine contre mes lèvres quand il pose la question. « Je suis un Bakuto. » Répondis-je fièrement et d'une voix amusée. Je fis un détour par sa cuisine pour prendre un torchon et le mouiller, avant de revenir m'accroupir devant lui, tendant le tissu imbibé d'eau. « J'ai appris les arts martiaux en étant gamin, des élèves d'un dojo m'ont montré et j'ai retenu. » Je tapote ma tempe pour illustré ma mémoire photographique, puis ajoute sans perdre le sourire. « J'ai dû faire mes preuves aussi, recevoir des coups puis en donner, mais je n'aime pas ça. » ça se voit, non ? J'ai une apparence innocente, ce n'est pas pour rien. Je pourrais jouer l'appât, la couverture, ou qu'importe tant que ce n'est pas violent. « Les Bakuto seraient fou de laisser un gamin sans défense vendre de la drogue à des gens comme toi. Certains tentent le coup pour éviter de payer et avoir plus, malheureusement ils ne savent pas sur quoi il tombe. » Je tapote son genou en riant, pas perturbé pour le moins du monde. Bon, et si je m'inquiétais pour lui ? Ethan a abusé. « Colle-toi le torchon sur le visage et ne me force pas à te faire du bouche-à-bouche. »

Code by Silver Lungs

get a closer look + Les soirées chez le jeune Beckford terminaient souvent ainsi. Brusquement, la situation dégénérait. Les coups pleuvaient. Et à la fin il mettait tout le monde dehors sans distinction. Il se retrouvait alors seul et tout le dégoûtait. Sauf que cette fois, lorsqu'il s'écroula par terre et qu'il rouvrit les yeux, il se retrouva face à son dealer. Il le voyait sous un jour nouveau et ne l'aurait jamais imaginé capable de tant de violence. Il le voyait comme une petite chose mignonne, sûrement à cause de la couleur de ses cheveux trop girly à son goût. Au bord du malaise, il esquissa un sourire en coin tandis qu'il se renseignait sur les talents cachés de Berry. Il était surpris mais pas effrayé pour autant. Bakuto ? Il fronça les sourcils en le regardant s'éloigner puis revenir. Il ne le remercia pas pour le linge mouillé. Ethan pressa le coin de sa lèvre avec. « Baku-what ? What the fuck is that ? » Prononça-t-il dans sa langue maternelle. Il ne voyait pas ce que cela pouvait bien représenter. Tandis que Berry lui fournissait quelques explications, il plia le tissu pour tamponner son front avec un côté propre. Le frais lui faisait un bien fou. Il était en nage et sa poitrine se soulevait encore à un rythme irrégulier. Malheureusement, cela ne venait pas de sa colère mais découlait bien des trop nombreuses substances malsaines qui se baladaient dans son corps. Sa dernière remarque eut le mérite de lui arracher un petit rire. « J'y tiens pas tellement non plus, t'es pas mon genre. » Enfin, il bascula sa tête en arrière et grimaça. Il passa ses doigts dans ses cheveux pour sentir la bosse qui s'y était formé suite à sa chute particulièrement violente. Son visage n'avait pas pris trop cher au moins, il pouvait s'estimer heureux.

Il rassembla ses dernières forces pour essayer de se lever mais sans succès, ses jambes ne coopéraient pas. Alors il abandonna et les déroula devant lui. « Et tu n'en as jamais pris ? » Il ne se souvenait pas en avoir un jour parler avec lui. Faut dire qu'ils n'échangeaient pas beaucoup. Ethan l'appelait, il rappliquait et recevait son argent, glissait deux ou trois remarques pour le rabaisser puis repartait. Il souffla avant de fermer les yeux. « J'étais en cure pendant un an. J'en suis sorti clean. J'avais rien pris jusqu'à... » Jusqu'à ce qu'il remette les pieds au Japon, jusqu'à ce qu'il croise à nouveau la route de cette passion destructrice. Il mettait en péril son avenir, une nouvelle fois. Son père comptait sur lui. Il ne pouvait pas le décevoir. Mais il ne supportait pas ce monde. Il se sentait vide. La drogue comblait tout ça. Pourquoi il lui en parlait en plus ? Il secoua la tête. Quel con. Il passa le tissu sur tout son visage puis le glissa dans sa nuque.   

Code by Silver Lungs

get a closer look + C'est souvent ainsi avec moi, personne ne me croit capable d'être violent. Et encore, je suis doucement violent là. Ce n'était rien de plus que quelques prises d'art martiaux, sans grande gravité pour mon adversaire -si ce n'est sa jambe- mais je me contiens forcément. Là encore, je ne fais pas usage d'énormément de sadisme, comme je pourrais le faire sur un cobaye dans mon laboratoire. Finalement, Ethan ne connait quasiment rien de ma double facette. Il sait que je vends de la drogue, que je rapplique rapidement pour lui fournir sa merde, mais c'est tout. Il vient à peine de découvrir mon petit talent pour le combat, mais cela ne m'intéresse pas pour autant. La violence, ce n'est pas ma tasse de thé. Bakuto semble être un mot inconnu pour Ethan, mais pas tout le monde connait ce clan. Un sourire se forme au coin de mes lèvres et je le regarde deux secondes avant de répondre. « C'est un gang de mafieux. » Il pige mieux où je veux en venir ou il lui faut un dessin ? Normalement, je ne devrais pas l'avouer aussi facilement, mais étant son dealer. Je m'en fiche un peu au final, il le sait ou il ne le sait pas, ça revient presque au même. Maintenant, il est au courant. Par contre, Ethan a trop abusé avec la drogue, mais je ne peux pas lui reprocher d'être un bon client. Idiot, mais précieux quand même. « Merci, je te retourne le compliment. » Un petit ricanement m'échappe et je me laisse tomber fesses les premières sur le sol, face à lui. Tant qu'à faire, autant discuter tranquillement.

« Jamais, j'ai horreur de ça. » C'est un paradoxe pour un dealer, mais je ne supporte pas les effets néfastes de la drogue. Je la vends seulement pour l'argent, pour le salaire. Il a déjà été en cure, alors pourquoi retombe-t-il bêtement dedans ? Je ne comprends pas ce genre de personnage étrange. « Jusqu'à ? » Demandais-je directement, sans détour, sans hésitation. Je ne vais pas faire mon timide, ni le mec gêné d'être curieux. Je veux juste savoir, qui y a-t-il de mal à cela ? « Je ne fais pas vraiment ce boulot par envie, j'ai seulement besoin de fric. » Entre nous, qui serait dealer ou mafieux par plaisir ? à part les fous. D'accord, je ne suis pas très clean dans ma tête non plus, j'ai ma part de noirceur et mes idées sombres. Malheureusement, je ne pourrais jamais avouer que j'ai des tendances de trafiquant ou d'extracteur d'organe, restons-en au simple dealer.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Un gang de mafieux ? L'information mit un certain temps à atteindre son cerveau mais lorsqu'il percuta enfin, il retint un rire qui se transforma en gloussement pour le moins étrange. Cependant, il se mordit très vite l'intérieur de la joue pour le calmer. Il ne valait mieux pas que Berry perçoive sa réaction comme une moquerie. Il imaginait sans mal le mauvais quart d'heure qu'il pourrait passer sinon. Il trouvait juste ça grotesque. Ce petit mec aux cheveux roses, un mafieux ? S'il ne l'avait pas vu à l’œuvre, il ne le croirait pas. Au moins, il était à l'abri. Personne ne le soupçonnait. On se le représentait de toute façon plus facilement à vendre des glaces qu'à dealer. Passé la surprise, il secoua lentement son menton de bas en haut pour le désigner. « T'as vraiment pas la gueule de l'emploi. » Alors que lui, il rassemblait à lui seul tous les clichés de la jeunesse dorée. Une famille richissime qui attendait de lui qu'il reprenne bravement le flambeau et un côté fêtard orgueilleux qui lui coûtait sa santé. Mais parfois, les apparences cachaient d'autres secrets. On disait qu'il avait tout pour être heureux. On ignorait la souffrance qu'il ressentait encore à cause de l'abandon de sa mère, son enfance et adolescence périlleuses marquées par les coups de son père. Cela ne pardonnait rien mais permettrait peut être à certaines mauvaises langues de mieux cerner le personnage. Plus qu'être un héritier capricieux, il était aussi un jeune homme aux multiples cicatrices. « Bakuto. » Répéta-t-il. Il n'était pas au Japon depuis suffisamment longtemps pour avoir entendu parler d'eux avant ça mais à la vitesse à laquelle il replongeait dans les ténèbres, ce nom aurait fini par lui être connu. « Et tu me dis ça comme ça ? » Peut être qu'il existait une certaine confiance entre eux. Après tout, il ne craignait pas que Berry aille étaler ses exploits à la presse. Quelque chose lui disait qu'il n'était pas du genre à agir de la sorte.

Alors il n'avait jamais rien consommé. « C'est rare. Un dealer qui n'y touche pas. » Il l'enviait. Il ne connaissait pas tout ce monde. Le besoin de s'échapper, le manque, le noir, l'euphorie, l'hystérie. Ethan était happé une nouvelle fois par tout ça. Et pourtant, il savait qu'il ne pouvait plus se laisser aller. Il avait des responsabilités, de trop grandes responsabilités. « Quatre ans. J'ai tenu quatre ans. » Cela ne faisait pas longtemps, s'il le désirait et avec beaucoup de volonté, il pouvait peut être encore tourner le dos à tout ça. Avant qu'il ne soit trop tard. Bien sur, il taisait la véritable raison de ce gâchis. « Oh tu sais, le passé nous rattrape toujours. C'est tout. » Il aura tenu quatre ans. Clean pendant quatre ans, c'est bien non ? « Tu veux pas m'attraper mon paquet ? » Même dans cet état, même s'il se sentait terriblement mal, il avait envie de fumer. Il désigna son paquet qui était tombé un peu plus loin sans doute pendant la bagarre. Il le réceptionna et en tira une qu'il alluma avec le briquet qu'il gardait dedans. « Et pourquoi tu vas pas bosser 'normalement' plutôt ? » Vraiment, il pourrait gagner sa vie autrement. Qu'est-ce qui le poussait à continuer cette activité ? Ethan avait toujours pris les dealers de haut. Ils étaient rarement des flèches. Or, malgré ce qu'on pouvait penser, Ethan était un jeune homme brillant. Ensuite, parce que même s'il était content de pouvoir acheter auprès d'eux, il trouvait cette activité pitoyable. Comme s'ils n'étaient pas capables d'autre chose. Mais Berry lui semblait différent.   

Code by Silver Lungs

get a closer look + ça veut dire quoi « avoir la gueule de l'emploi » ? Je devrais être grand, baraqué et pleins de cicatrice ? J'ai une image cliché dans la tête, pire que moche et finalement, je préfère ma petite taille et mon apparence mignonne. ça trompe l'oeil, je peux passer inaperçu avec les plus crédules. Ethan l'est, il n'aurait jamais soupçonné une telle chose sur moi s'il ne m'avait pas vu maîtriser ce gars. Néanmoins, j'approuve son commentaire d'un mouvement de tête. Ouais, je n'ai pas la gueule pour l'emploi. Tout le monde n'est pas riche et influent comme lui, je n'ai pas sa famille, ni ses parents et encore moins un héritage à suivre. Je suis juste moi. Le nom de mon clan ressort et je le regarde attentivement. à quoi pense-t-il ? Il ne semble pas connaître ce mot, ni l'ampleur que cela prend au fil des jours, des années. « Il existe un échange entre nous, notre liaison reste secrète malgré tout. Je peux bien te dire cela, qu'est-ce que ça change à notre condition de dealer et client ? » Rien du tout, nous sommes toujours dans la confidence, sous close. Chacun possède un truc à dire, alors autant se taire. Je n'ai aucune raison d'être ennemi avec Ethan, mais nous ne sommes pas des amis non plus.

La drogue, c'est mal. Ma mère me l'a tellement répété que je n'ai jamais ressentis ce besoin d'y toucher. C'est ça, quand on a une personne qui veille beaucoup sur nous, sur notre éducation, même si certains détails lui échappent. Quatre sans toucher à tout ça, c'est peu. Quand on peut tenir une vie entière, ça ne coûte rien dans la balance. Ethan aurait pu continuer ainsi longtemps, mais il a cédé pour une raison que j'ignore toujours. Le passé, est-ce une raison pour baisser les bras ? « C'est dommage. » La drogue rend si faible, c'est triste pour lui d'être tombé dedans. Son paquet ? Je n'ai rien à redire contre ça, je vais donc récupérer le paquet et lui donner. « C'est déjà le cas. » Répondis-je avec un sourire en coin. Je suis à moitié clean, à moitié dans la pénombre et à moitié dans la lumière. Je jongle entre deux mondes, comme si je pouvais traverser facilement chaque façade de ce miroir. « Je suis serveur dans un café, en plus d'être étudiant en médecine. Je fais pas mal de stage à l'hôpital aussi, mais tu te doutes que c'est seulement une couverture. » Du moins, le métier de serveur, parce que la médecine m'aidera bien à des choses plus tard. Je ne suis pas bête comme la plus part des dealer, je ne fais pas cela juste parce qu'il ne me reste que ça. à l'époque où je n'avais pas l'âge de bosser, c'était la solution facile à mes problèmes. « Quand les huissiers frappent à ta porte, drogue ou pas, justice ou non, faut trouver une solution rapide pour ne pas couler. J'ai gardé la tête hors de l'eau jusqu'à maintenant. » Tant que je reste caché derrière cette vie tranquille, je ne risque rien.

Code by Silver Lungs

get a closer look + C'était presque comme s'ils avaient signé une clause de confidentialité ensemble. Encore plus à présent qu'Ethan possédait aussi un des secrets du dealer. Son père lui répétait souvent qu'on devenait puissant en prenant connaissance des faiblesses des autres et en restant conscient des siennes. Le plus important pour l'héritier était de sauver son image, ou en tout cas de la garder intacte. Les gens commençaient à voir son potentiel. Certains partenaires lui faisaient même confiance. Il ne fallait surtout pas qu'on découvre ses travers. Il pouvait compter sur la discrétion de Berry. D'autres à sa place en auraient profiter pour le faire chanter ou pour soutirer des sommes vertigineuses aux médias ou encore à son père. Il s'estimait chanceux d'être tombé sur ce mafieux. Il réalisait aussi qu'il valait mieux pour lui se tenir à carreau et ne surtout pas se le mettre à dos. La méfiance était de mise. « Dealer et client. Mafieux et héritier. Je pense que si tu le voulais, ça changerait quelque chose. Je crois aussi que t'en aurais profité depuis longtemps. » Berry savait déjà qu'il vendait à un fils de quelqu'un, peut être pas de qui mais Ethan possédait tellement toutes les caractéristiques typiques que ça se remarquait au premier coup d’œil. Alors si vraiment il avait voulu en profiter, il l'aurait fait. Ce mec faisait juste son job. Et leur relation s'arrêtait donc là.

Mais Berry au moins ne se droguait pas. Il avait cette chance. En quelques mois, Ethan avait déjà oublié ce que ça faisait d'être clean. Vraiment clean. Il se réveillait à l'envers au moins un jour sur deux. Il avait mauvaise mine. Et il travaillait moins bien. La concentration, les idées, la drogue affectait tout. Il pouffa de rire en entendant Berry. « Dommage ? T'as gagné un de tes meilleurs clients. Ne fais pas semblant. » La cigarette calma un peu ses nerfs. Il sentait toujours que le monde tournait autour de lui. Il n'était pas prêt non plus à se lever pour rejoindre sa chambre. Mais une bonne cigarette l'apaisait toujours. C'était malsain, de vaincre un vice par un autre. Il écouta Berry. Il ne l'imaginait pas serveur, pas plus qu'il ne le voyait étudiant en médecine. Cela l'impressionnait et l'étonnait. Les apparences pouvaient être si trompeuses. Un peu plus tôt, il le traitait encore comme un chien, inconsciemment d'ailleurs. Maintenant, il le regardait autrement. Il le considérait d'égal à égal. Ce mec avait ses responsabilités et sans aucun doute ses cicatrices aussi. Comme tout le monde. « Huissiers ? » Il n'y avait jamais été confronté et ne le serait peut être jamais. Son père menait si bien le navire, disposait des meilleurs contacts. « Bakuto, c'est pour toute la vie alors ? » Demanda-t-il juste après avoir craché un nuage gris. Il se posait la question. Pouvait-il leur dire au revoir ? Ou leur devait-il quelque chose ?   

Code by Silver Lungs

get a closer look + L'argent n'est plus une raison à mes yeux, même si à une époque je courrais beaucoup après. Aujourd'hui, j'ai rempli le quota suffisant pour survivre avec ma mère, pour l'aider et lui donner une belle vie. Si je connais mon boulot de dealer, c'est seulement parce que j'ai les deux pieds dedans et que mon clan est comme une famille. Le faire chanter ne m'aurait amené à rien d'intéressant pour moi, puis ce n'est pas mon genre. Les discours, le chantage, tout ça ne me colle pas à la peau. Disons que je suis raisonnable et sage, malgré ma tendance pour le gore. Des Bakuto, je ne suis sûrement pas le pire de tous, mais nous sommes aucunement à prendre à la légère. Chacun possède un truc qui pourrait en effrayer plus d'un, on se fait respecter à notre façon. « Je préfère rester ainsi, c'est moins dangereux. » Kang Jae ne voudrait sûrement pas prendre de risque avec un chantage, même sur le meilleur des héritiers. Je sais parfaitement ce qu'il cache, l'argent qu'il a, mais je n'en profite pas pour autant. Il me donne déjà pas mal pour de la drogue, autant continuer ainsi sans vouloir être trop gourmand. à mon avis, je suis trop honnête pour un mafieux, ça va me perdre un jour.

La drogue a toujours été meilleure chez les autres, un peu comme l'herbe plus verte chez le voisin, sauf que là l'effet n'est pas bénéfique. Ma mère ne voudrait jamais que je termine ainsi, même en étant mafieux. C'est juste dommage que Ethan soit retombé dedans alors qu'il aurait pu s'en sortir, dépenser moins de fric et être mieux. « Oui c'est vrai, mais je ne souhaite jamais une telle merde à quelqu'un. » Parce que c'est mal, et je souhaiterais son malheur par la même occasion... Ce n'est pas ainsi que j'ai été élevé. Je fais un rapide descriptif sur moi, parlant de mon boulot à mi-temps et de mes études, rien qui ne colle à ma situation de mafieux. J'ai un pied dans la lumière et un autre dans l'ombre, mais je ne pourrais jamais choisir l'un ou l'autre. « Je n'ai pas la chance d'être héritier et riche comme toi, Ethan. Sinon j'aurai déjà les pieds sur la table. » Une façon de dire que je me ferais pas autant chier depuis des années, mais j'aime bien cette vie au final. Elle n'est pas plate et banale, il y a tellement de bosse que ça m'occupe et me distrait. Toute la vie ? Je perds mon sourire, repensant à ma mère et à mon meilleur ami. L'un ignore tout et l'autre voudrait que j'arrête. « Qui sait ? Peut-être que ce serait jusqu'à la mort. » Parce que Jae a beau être un ami, je ne sais toujours pas s'il me laisserait mettre les voiles aussi facilement. Je ne peux pas non plus le questionner, sinon il me soupçonnerait de vouloir le quitter... Mieux vaut rester à sa place tant que c'est possible, plutôt que s'égarer. « Et toi, la drogue pour toute la vie ? » Nous sommes dans le même cercle vicieux, il y a très peu d’échappatoire.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Ethan ne souhaitait ça à personne non plus. Dans le fond, même s'il ne parvenait pas à se sortir de là et qu'il creusait sa propre tombe, il espérait un jour réussir à se passer de tout ça. Il désirait réellement s'en aller de ces paradis artificiels mais la volonté seule ne suffisait pas dans son cas. Il manquait quelqu'un pour panser ses blessures, pour lui tenir la main et le tirer vers le haut. Les requins qui le côtoyaient n'attendaient qu'une chose : le voir sombrer pour de bon. Un hochement de tête accompagné d'une petite moue montrait que la réponse de Berry le satisfaisait autant qu'elle ne l'intriguait. « C'est pas courant, un dealer qui a une conscience. » Mais de quelle planète venait ce mec ? Voilà ce qu'il se demandait. Néanmoins, Ethan appréciait la différence. Il lui semblait beaucoup moins hypocrite que la plupart des personnes qui l'entouraient, et il trouvait presque cette discussion agréable. S'il n'avait pas des sueurs froides, elle le serait pleinement. Mais à chaque minute, Ethan luttait pour rester droit et essayait de rester maître de son corps. Tâche peu évidente quand on songeait à tout ce qu'il avait dû consommer. Et puis la suite l'amusa, lui extirpa un rire un peu plus nerveux. Il se crispa un peu. On pensait à tort qu'on avait placé devant lui toutes les clés de la réussite, qu'enfant on l'avait un peu trop couvé. Techniquement, il n'avait certes manqué de rien. Si ce n'est d'amour. Privé assez tôt de l'amour maternelle, il ne connaissait pas l'allure de celui d'un père. Il ne se souvenait que des coups, des insultes, de sa haine dans son regard et de ses longs discours qui visaient à le rabaisser plus bas que terre. « Il plane une ombre sur chaque vie, tu sais. Je te délègue volontiers la mienne... Ou je te laisse juste mon père, en fait. J'garde mon compte en banque. » Rester sérieux lui demandait décidément trop d'effort et se dévoiler également. Cela ne lui plaisait pas de laisser voir ses faiblesses à quelqu'un qu'il connaissait si peu.

Il passa une dernière fois le linge un peu humide autour de sa nuque, sentir quelque chose de frais l'aidait à tenir. Jusqu'à sa mort hein ? Il comptait vraiment vivre comme ça alors. « Est-ce que tu as le choix ? » Questionna-t-il, curieux. Car à bien y réfléchir, les mafieux ne vous laissaient pas tranquille sur simple demande. Lorsqu'il lui retourna la question, Ethan poussa un soupir qui en disait long sur ce qu'il ressentait puis il haussa les épaules. Il était difficile de revenir en arrière maintenant et de rattraper ce massacre. « Jusqu'à la mort. » Répéta-t-il avec un petit sourire en coin, un sourire amer. « Un jour ou l'autre ça sera l'overdose. Si possible après l'arrivée de la succession, mon père me poursuivrait jusqu'en enfer sans ça. » Ainsi, il se fichait de laisser son futur fils seul et même sa fiancée, ce n'était pas un mariage d'amour de toute façon. Puis il était persuadé qu'il allait faire un bien mauvais père. Ce gamin se portera probablement mieux sans sa présence. « Peut être que je retournerai en cure, éventuellement. » Mais ce n'était pas pour tout de suite. « En attendant, t'as encore de belles enveloppes à récolter, ne t'inquiètes pas. » Il se demandait toujours pourquoi ce mec restait là à lui tenir compagnie. Il ne représentait que son gagne pain dans le fond, il n'avait aucun intérêt à faire ça.    

Code by Silver Lungs

get a closer look + Une conscience, c'est justement ce qu'il manque à beaucoup de personne dans ce monde, une petite voix dans sa tête pour le guider et l'empêcher de commettre l'irréparable. Ethan ne doit pas côtoyer ce genre de chose étrange  sinon il n'aurait jamais touché à la drogue et ne serait pas ce genre de personne. La conscience n'est pas là dès le départ, on l'acquière avec le temps et les événements, mais c'est à nous de savoir si elle est bonne à garder ou à jeter. Ethan n'a pas dû la considérer pleinement et s'en débarrasser en croyant que cela n'était pas bon pour lui. Je ne juge pas la vie d'Ethan, la mienne et la sienne sont tellement différente que je ne saurai dire laquelle est la mieux. Je n'ai pas eu une vie de luxe, mais j'ai été chanceux d'avoir autant d'amour par génitrice. Ce ne doit pas être le cas de ce garçon, peut-être qu'il ne sait même pas c'est quoi l'amour familial mais l'argent n'a jamais été un problème à ses yeux. « Non merci, je préfère encore vivre seul avec ma mère qu'avoir un père. » Le miens est une raclure, un enfoiré que j'ai envie de trucider pour le mal qu'il a fait à ma mère... Je n'ai aucune envie d'avoir un second dans le genre. « Mais c'est gentil de proposer. » Ironie, malgré qu'il soit assez sympa pour partager quelque chose avec moi, de bien ou de mal.

Ai-je réellement le choix ? Moi-même je voudrais bien le savoir. Qu'est-ce qu'il risque de se passer si jamais je décide de quitter le clan ? Kang Jae me laissera-t-il faire sans broncher ? Je secoue doucement la tête, incertain. « Je n'en sais trop rien. » Pour le moment j'ai l'envie et l'opportunité d'y rester, mais j'ignore si plus tard j'aurai vraiment le choix. était-ce aussi le cas d'Ethan avec la drogue ? Est-ce qu'il comptait continuer jusqu'à la mort ? Apparemment oui et cela me fit doucement sourire. Dans son cas, c'est évidement qu'il finira par mourir si jamais il n'arrête pas à temps. « Pourquoi ne pas éviter l'overdose alors ? » Ce n'est pas si simple, j'en conviens parfaitement mais je ne comprends pas non plus. Pourtant je suis pareil que lui avec les Bakuto, je pourrais arrêter mais je ne le fais pas. Je ne tente même pas de le faire comme voudrait tant mon meilleur ami. La cure est une excellente idée, j'hoche doucement la tête pour approuver. Enfin, ce n'était pas demain la veille. « C'est déjà bien d'y penser, mais je suis content de recevoir encore des enveloppes. » Je suis contradictoire mais n'allons pas nous mentir, l'argent reste l'argent. « Tu veux que je t'aide à te relever ? » Demandais-je en tendant ma main vers lui, un fin sourire au coin des lèvres. Après tout, il a peut-être envie de s'asseoir ou de s'allonger sur son canapé ou sur son lit, j'en sais rien. Je lui propose juste mon aide au cas où, avant de repartir à mon boulot nocturne.

Code by Silver Lungs

get a closer look + Ethan pouffa devant tant de bon sens. Il avait bien raison de refuser cet échange. Son père ne valait rien. L'argent ne compensait pas sa violence tout comme il ne le dédommageait pas de l'absence de sa mère. Berry possédait quelque chose de bien plus précieux. Une petite voix lui souffla qu'il s'emmerdait à récolter ce fric sale pour le bien de sa mère avant le sien. Mais aussi que son propre père devait être une raclure pour qu'il ne désire pas d'une telle présence dans sa vie. Ils avaient donc un point commun finalement. « Tu fais bien de pas accepter. Tu tiendrais pas deux jours avec mon paternel sur le dos. » L'héritier soupira en réalisant qu'il s'était peut être dévoilé un peu trop par ces simples paroles. Mais la vérité lui avait juste échappé. Puis parfois, cela ne faisait pas de mal de livrer le fond de ses pensées et d'oublier de mettre un filtre à ses mots. Juste ne pas réfléchir et dire ce qui lui traversait l'esprit. Cela ne lui arrivait pas souvent. « Honnêtement, c'était pas franchement terrible comme offre. J'suis pas du type généreux. » Cette discussion l'amusait. À quel moment s'étaient-ils mis à se parler ? Ils ne faisaient pas que parler d'ailleurs. Ils s'écoutaient. Ethan avait oublié ce que cela faisait que de parler à quelqu'un, de vraiment parler bien sur. Ils n'étaient pas des amis. Ils ne risquaient même pas de le devenir. Mais à cet instant, ça n'était pas important, pas du tout même.

Ainsi, il n'avait sans doute pas le choix ou en tout cas il ignorait s'il pouvait tourner le dos à tout ça ou non. Ethan ne voyait pas les mafieux laisser l'un des leurs reprendre une vie normale. Il se trompait peut être. Il n'avait pas vraiment l'air de vouloir s'éloigner d'eux. De la même manière, Ethan n'était pas prêt à faire une croix sur la drogue. Pas de si tôt en tout cas. « Good luck with that. » Ah, parler anglais, qu'est-ce que ça faisait du bien. Surtout lorsqu'il se trouvait dans cet état. Parler en japonais lui demandait trop de concentration et il était persuadé que depuis avant il enchaînait les fautes, enfin, Berry le comprenait mais surtout il comprenait encore Berry. Son décodeur fonctionnait bien malgré les effets de la drogue. « C'est inévitable. » Se contenta-t-il de répondre. Il s'était fait une évidence. La drogue causera sa perte. Il l'acceptait, plus ou moins. L'idée ne le dérangeait pas vraiment car personne ne le retenait dans ce monde et il était surtout persuadé qu'on ne le regretterait pas. Quand à la cure, il avait le temps. Son cas n'était pas aussi désespéré qu'à l'époque. Il consommait beaucoup mais uniquement le week-end, tant qu'il ne se remettait pas à faire ça quotidiennement et que ça ne mettait pas en péril sa carrière. « T'inquiètes pas, c'est presque comme si j'avais pris un abonnement à vie. » Ou à mort plutôt ? Enfin. Ethan jeta un coup d’œil à la main qu'il lui tendait et après quelques secondes la saisit pour se remettre debout. Il n'était pas très stable sur ses pieds mais ça allait mieux. « Et merci pour le coup du ninja hein. On aurait pas apprécié de me voir débarquer défiguré au boulot. » Même s'il aurait sans doute battu presque à mort l'autre mec, il avait fait de la boxe pendant longtemps fallait pas l'oublier. Il ouvrit la porte, Berry avait sûrement d'autres chats à fouette que de veiller sur un pauvre mec. En imitant un téléphone avec ses doigts, il lui signala non sans sourire qu'il comptait le rappeler très bientôt.    

Code by Silver Lungs

get a closer look + Sa remarque me fit bien sourire. Je n'ai pas tellement un tempérament violent, ni des envies particulières de meurtre, mais je pourrais sûrement changer avec un tel truc sur le dos. « J'aurai sûrement envie de le tuer avant deux jours. » Je suppose, puisque je ne connais pas son père. En tout cas, je sais par avance que j'ai envie d'expédier le miens six pieds sous terre. Peut-être qu'il a d'autres gosses, mais cela ne change rien à cette pensée malsaine qui me hante de jour en jour. S'il doit crever, ce sera de ma main. En même temps, Ethan doit être fort d'esprit pour tenir encore aujourd'hui, même si j'ignore comment il vit en réalité ou s'il fréquente toujours autant son père. à dire vrai, je ne peux pas juger sans rien savoir. J'avance des hypothèses et après je vois si ça tient la route ou pas. Là, je suppose qu'il tient le coup malgré tout. « Non, pas trop. » Autant pour l'offre que la générosité, mais quelle importance dans le fond. On parlait sans avoir de lien précis, tout le monde peut faire ça de nos jours. Ouvrir la bouche, sortir des mots et se regarder de temps en temps dans les yeux.

La mafia est un monde sans pitié, un monde sombre et froid, parfois déprimant. Je suis tombé dedans assez tôt pour savoir ce que je risque, mais aussi pour me douter que toute sortie ou fuite est impossible. J'y suis depuis mon adolescent, j'y resterai sûrement jusqu'à ma mort. « Thank. » Je lui retourne son bonne chance, parce qu'il en aura sûrement plus besoin que moi avec la drogue et son rythme de vie. Ethan est un peu comme ces acteurs américains qui plongent dans la drogue et termine pas mourir d'overdose. Ils le savent mais ils ne font rien pour y échapper, telle une échappatoire à leurs tourments. Faut bien mourir d'un truc, non ? Drogue, alcool, maladie ou accident, ça reviendra toujours au même. La vieillesse, c'est bon pour les gens honnêtes. Un abonnement à vie. J'hausse les épaules en lâchant un soupir amusé, à peine convaincu. Je l'aidais à se relever, lui proposant encore un dernier service avant de filer à mon boulot. « De rien. Une chance que tu m'ais appelé pour dealer. » Sinon je n'aurai jamais été là pour jouer les ninja, ni pour lui prêter main forte dans sa crise. La porte ouverte, je regarde de l'autre côté avec un sourire puis tourne mes yeux vers lui. « Tu sais comment me joindre, à plus. » Dis-je après son geste du téléphone, un franc sourire aux lèvres. Je n'attends pas plus longtemps avant de quitter son appartement et m'engouffrer dans les ruelles étroites de la ville. Il est tôt, j'ai encore un peu de temps devant moi avant de rentrer à la maison.

Code by Silver Lungs