TENUE ♖ « Je suis bien contente que vous vous entendiez tous. » Lâcha ma mère tandis que nous étions autour de la table dans la cuisine, elle s'occupe de lire un magazine de vêtement pendant que je buvais un verre de soda. Pourquoi me dit-elle une telle chose ? D'abord, étonné, je l'ai examiné un instant en comprenant qu'elle ne lèverait pas les yeux vers moi, même avec ce sourire sur les lèvres. Peut-être que ma mère vit enfin sa vie de rêve, celle qu'elle a toujours voulu. Je n'ai pas le droit de briser ses espoirs simplement parce que je ne m'entends pas avec l'autre aîné de la famille. « Ne t'inquiète pas, tout vas bien. » Répondis-je en me relevant de ma chaise pour aller laver mon verre vide dans l'évier. C'est le moment où le portable de ma mère sonne, elle décroche et après une briève discussion, m'annonce qu'elle doit filer en vitesse. C'est aussi le moment qu'à choisit Hinata pour apparaître dans la cuisine, apparemment. « Les garçons, je vous confie l'école. » Nous dit-elle après un rapide bisou sur chacune de nos joues. Je me doute bien qu'Hinata doit détester cela, mais personne ne dit mot tant qu'elle est là. Une fois partie, il a tout le luxe de se plaindre mais je ne vais pas le laisser se défiler sous prétexte qu'elle ne peut nous surveiller. « J'aurais besoin de ton aide, de toute façon. » Parce que gérer autant de gamin à la sortie d'école, c'est plus compliqué qu'on ne le croit.

« On prend la voiture familiale et je conduis. » Dis-je à l'intention d'Hinata qui, étrangement, n'avait pas encore quitté la cuisine depuis son arrivée et ma présence. Il ne va pas aimer l'idée, mais je m'en contre fiche. Les enfants sont plus important que nos querelles, surtout que je dois voyager entre trois école différente pour les récupérer, bien que la maternelle et le primaire soit l'un à côté de l'autre. « Les triplés sortent en première, après ce sont Kaow et Chika, en dernier ce sera Aya qui faudra chercher au collège. » Ce n'est pas bien compliqué, n'est-ce pas ? Tout en parlant, je prépare de quoi manger sur place puisqu'ils voudront sûrement s'arrêter au parc pour jouer avec les autres enfants. Des gâteaux, des briques de lait pour enfant et des serviettes, surtout des serviettes. J'ai l'impression d'être père avant l'heure, sans avoir une seule femme pour m'aider. Un gros soupir s'échappe de mes lèvres pendant que je range les affaires dans un sac, l'air plutôt déprimé. Je fais ça souvent, c'est devenu une routine pour moi, mais en même temps j'ai mon boulot à assumer à côté. Heureusement, mes deux autres tatoueurs s'occupent du salon quand je pars à 15h et j'occupe leur place quand eux-mêmes ont un soucis. C'est donnant-donnant, et je suis fier de notre entente. « Hinata, tu m'as écouté ? » Non parce que j'ai la sensation qu'il s'en fiche. Ce sont nos frères et soeurs quand même! Seiryu, Yanari et Noa sont à l'université, ils peuvent se débrouiller mais en même temps ils ne nous aident pas.

TENUE ♖ Quand je ne travaille pas comme aujourd’hui je préfère encore trainer dans ma chambre pour m’occuper ou dormir, j’ai posté les photos prises durant mon dernier voyage sur mon instagram et je ne peux que sourire devant les commentaires qu’on m’a laissé, surtout ceux de mes collègues, forcément je suis pilote et je prends la peine de faire des clichés dans l’avion, mais bon je gère ! Certains ont douté au début à cause de mon âge, physiquement on dirait parfois un bébé et je ne semble peut-être pas fiable au premier abord, mais ils ont vite compris que j’étais loin d’être un simple nouveau, je sais ce qu’avoir la vie de centaines de passagers apportent, la responsabilité que ça engendre et jamais je ne prend un vol à la léger, même le plus court. Je ne me lasse pas de voler, au-dessus des nuages c’est un autre monde, une autre vision, c’est beau et apaisant, puis poser les pieds sur des terres étrangères, dans des pays qu’on a seulement vus dans les livres ou a la télé, c’est une vraie chance que je ne suis pas prêt d’échanger, peu importe ce qu’on pourrait m’offrir pour ça. Mais j’ai envie de café, en tant que droguer de cette boisson il faut bien que je descende pour m’en faire un, mais je n’ai absolument pas le timing, parce que je suis forcément obligé d’arriver quand la mère s’en va en nous confiant les petits à tous les deux... Un bisou, je ne dis rien, même si je n’aime pas ça. « C’est une première. » Je râle, mais je ne compte pas me défiler, ce sont mes frères et sœurs après tout.

« Fais ce que tu veux. » S’il veut conduire il n'a pas besoin de min accord. Je me fais cependant quand même mon café, accoudé sur le meuble devant la machine. « Oui, oui. » Je l’écoute seulement quand il parle des petits, mais ça n’empêche qu’il me saoule avec ses grands airs là. Soupirant, j’attrape mon verre pour boire une gorgée sans m’occuper de la chaleur de la boisson, rajoutant simplement. « Tu permets. » Que je finisse de boire au moins. Je quitte la cuisine pour monter dans ma chambre et prendre mes affaires, mon portable et quelques trucs essentiels, je me fiche d’avoir les cheveux en bataille, ça fait stylé comme ça. Revenant en bas pour croiser mon adorable grand frère [...] les mains dans les poches. « On y va ? » On dirait presque une conversation banale et normale, c’est étonnant le pouvoir des enfants.

TENUE ♖ Ma mère est vraiment chiante à bouger comme ça alors qu'il faut aller chercher les enfants à l'école, à croire qu'elle le fait exprès. Mieux encore, elle attends le moment que choisit Hinata pour se pointer pour nous dire une telle chose, à nous deux. Je la fusille du regard tandis qu'elle embrasse son « fils » et soupire à son départ, commençant mon charabia dont il s'en fiche éperdument. Peut-être qu'il n'est jamais là pour s'occuper des gamins, mais pour moi c'est très important. Il suffise qu'on les loupe ou qu'on les oublie pour qu'un truc grave arrive, et je n'ai pas envie qu'on kidnappe l'un de mes frangins ou l'une de mes frangines. « Tu en verras d'autres. » C'est même certains, qu'il ne s'attende pas à vivre si peu de chose avec nous. Bientôt ce sera les fêtes de noël et là, il va bien morfler avec tout le monde. Ce n'est pas tout mais je m’organise comme un chef, parlant de conduire la voiture familiale et récupérer un tel à tel endroit, alors qu'encore une fois, il s'en fiche. Ce gars me désespère, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de lui ? L'abandonner sur une route de campagne,  là où personne ne circule, c'est une excellente idée. Rancune à part, je me retiens d'être en colère. Zen, Raijû.

Le temps qu'il fait son café, je vide limite les placards pour prendre de quoi manger et boire pour les enfants, rangeant le tout dans un sac à dos. Il m'écoute pas tellement, même s'il me sort que oui. J'ai plus l'habitude que lui de faire ça, normal que je prenne mes grands airs pour lui expliquer un minimum le parcours, mais monsieur n'est jamais content, j'oubliais. Je permets quoi ? Intrigué, je ramène mes yeux pour voir qu'il boit son café et souffle à nouveau. Bon, je ne peux rien dire, il a le droit quand même. J'avoue, ça me stresse de devoir gérer l'école avec lui, mais je ne peux pas faire autrement quand ma mère compte sur nous. Pas seulement sur moi, sur nous deux, Hinata compris. Il quitte la cuisine et je termine de fermer le sac, allant dans l'entrée pour enfiler une veste et mettre des chaussures. Hinata ne tarde pas à revenir et je le regarde sans rien dire. « Ouep, c'est parti. » J'ouvre la porte d'entrée pour sortir en premier, le laissant prendre les clés pour fermer la porte et me dirige vers le minibus garé dans l'allée. Un bip-bip plus tard et j'ouvre la porte arrière pour y déposer le sac à dos, puis je referme et prend place devant le volant, la clé dans le contact. Il ne manque plus qu'Hinata pour démarrer, le portail automatique s'ouvrant déjà derrière nous. C'est bien d'avoir une grande maison, même si je gare ma jeep sur le trottoir devant la résidence.

TENUE ♖ Je parlais du fait qu’il avait besoin de moi, cet abruti me désole à rien comprendre et me balancer des remarques idiotes, je soupire sans discrétion cette histoire me saoule déjà, je ne me défilerai jamais quand ça concerne les petits et contrairement à ce qu’il pense je me sens aussi responsable d’eux, bien que je le laisse s’en occuper parce qu’il est « l’ainé » et surtout parce que je disparais souvent pendant des jours, mais je n’aime pas ses grands airs de grand frère, qu’il fasse ce qu’il veut tant qu’il me laisse tranquille. De toute façon ça se ressens dans ma façon de parler ou d’agir, je ne lui laisse aucune ouverture, restant comme d’habitude très peu enclin a une conversation pacifiste. Je bois mon café avant de grimper prendre mes affaires, Raijû a dû terminer de tout préparer, c’est cool, donc maintenant on peut y aller, plus vite on les récupérera, plus vite on rentrera, enfin j’ai oublié qu’on devait aussi se rendre au parc, bon je vais prendre mon mal en patience pour aujourd’hui et tenter pour nos frères et sœurs de ne pas emmerdez-me plus vieux.

J’attrape les clefs, fermant la maison pour aller jusqu’à la voiture, grimpant a la place passager j’ouvre la fenêtre pour avoir de l’air et mets ma ceinture. « Roule prudemment, je n’ai aucune envie de mourir à tes côtés. » Blague à part, je sors pour portable, m’installant confortablement sur le siège pour jouer à un jeu et envoyer des messages par-ci par-là le temps du trajet, sachant tous deux que si on parle ça va pas être joyeux. Donc c’est parti pour aller chercher les triplés, ils vont être bruyants ceux-là comme toujours, impatient aussi, mais ils sont mignons nos petits frères, puis ce sont les plus jeunes de la fratrie, forcément ils sont un peu chouchoutés par les plus vieux, tout comme j’ai chouchouté Noa quand nous étions encore que tous les deux avec mon père et ma mère bien entendu. Le temps passe vite, j’ai parfois l’impression que cette vie n’est pas la mienne, le passé et le présent semblent tellement à mile lieu l’un de l’autre. Regardant le ciel par la fenêtre, le vent sur le visage, c’est vraiment l’endroit où je me sens le mieux, quand je vol au-dessus des nuages, loin de tout ça, loin de cette réalité que je n’avais jamais souhaitée, mais qu’on m’a imposé. Perdu dans mes pensées je remarque qu’on arrive assez vite à la première destination, regardant l’heure on a encore cinq minutes avant qu’ils sortent. Un nouveau soupire et je détache ma ceinture toujours affalée sur mon siège.

TENUE ♖ Qu'il ne se méprenne pas, j'avais compris le sens de sa phrase, mais je disais par là que je risquais d'avoir encore besoin de lui plus tard ou à l'avenir. Bon clairement, je ne lui dirais pas mot pour mot, mais s'il ne saisit pas le sens, je n'y peux rien. Dans le fond, je suis fatigué de nos petites guerres. J'ai déjà bien assez à faire avec les autres, Hinata ajoute simplement sa couche à chaque retour. Je vais devenir fou, et ce sera la faute de cette famille trop nombreuse, décalée et... Je m'arrête là, pour ne pas être méchant avec les miens. Sérieux, il en faut de la patience quand les pots de sel disparaissent des placards ou que je retrouve des bestioles un peu partout dans la maison à cause de ce chat noir. Le temps qu'il boit son café, je récupère les affaires pour les enfants et me prépare à partir. Ce sera bien la première fois qu'Hinata vient avec moi à l'école pour prendre tout le monde, d'habitude ce n'est pas sa corvée. Rapidement, mon demi-frère redescend de sa chambre et je n'attends pas plus longtemps pour filer à l'extérieur, déverrouillant la voiture familiale qui set à accueillir la fratrie. Bah ouais, les parents ont investi dans un gros truc, une sorte de mini-bus pour quinze, au moins. Je laisse donc Hinata fermer la maison tandis que je range le sac à l'arrière et prend la place du conducteur.

« ça se voit que tu ne montes pas souvent avec moi en voiture. » En même temps, il n'a aucune envie que ça arrive en dehors de cet unique contexte. Je n'ai jamais été un fou du volant, même si à l'époque du lycée je roulais comme un malade avec mon vélo de compétition. Ceinture bouclée, clé dans le contact et main sur le volant, je me guide avec les rétros pour quitter l'allée et rejoindre la route, de l'autre côté du portail. Celui-ci refermé après notre passage, j'entame le trajet vers l'école dans un silence de mort. Je ne compte pas passer les minutes en véhicule sans la radio, l'allumant pendant qu'Hinata est occupé à regarder par la vitre. Rapidement arrivé devant l'école des triplés, je détache ma ceinture, retire la clé et m'apprête à ouvrir ma portière. « Aller, on bouge. » Ma main tapote la cuisse de mon demi-frère et je sors du véhicule. On doit se présenter devant la classe pour récupérer les enfants, sinon ils n'ont pas le droit de sortir d'eux-mêmes. La maternelle, c'est vraiment chiant. « Faut leur mettre leurs vestes avant de sortir. » Dis-je à Hinata, prenant encore mes grands airs sans faire attention. J'ai l'impression de lui faire la leçon, c'est embêtant.

TENUE ♖ Je suis rentré il y a deux jours qu’on me réquisitionne déjà pour aller chercher les enfants à l’école et en plus faut que je me tape l’ainé au passage, sérieux c’est chiant et blasant, mais je ne suis pas puéril ni un con pour refuser avec cette seule raison, les petits n’ont et ne subiront jamais notre haine, je m’en suis fait la promesse, même si cette vie me fatigue, même si je n’aime pas Raijû, les bouts de chou qui ont rejoint la famille eux n’ont rien demandé. Alors je mets de côté tout ça pour suivre gentiment, lui laissant même le volant si ça lui fait plaisir après tout pourquoi pas... « heureusement, tu veux me tuer pour que je doive supporter des trajets avec toi, déconne pas. » Tellement de gentillesse, mais je ne démens pas je ne suis pas prêt d’arrêter cette Petite Guerre, j’ignore pourquoi, mais je ressens le besoin de l’emmerder, de lui rentrer dedans dès que l’occasion se présente.

La route se fait dans le calme le plus total, enfin si j’en oublie la musique qu’il a décidé de mettre pour combler ce silence. Par chance dans mon malheur je peux me perdre à contempler mon camarade, ce ciel que je survole depuis un petit moment déjà et qui me déconnecte de cette réalité bien trop ennuyante. Arrivé à l’école je soupire s’il faut bouger alors bougeons, j’ai suivi le mouvement de sa main tapotant ma cuisse avant de lui lancer des éclairs avec le regard. Depuis quand il me touche comme ça ? Normal quoi. Je préfère ne rien dire et sortir de la voiture les mains dans les poches. « oui maman, j’ai compris. » Ironisons la chose, mais il est vraiment chiant avec ses remarques, toujours entrain de dire ce qu’il faut faire avec ses grands airs de grand frère bien agaçant, mais si ce rôle lui plaît tant mieux pour lui, il saura s’occuper de ses gosses à l’avenir, moi je veux pas d’enfant, j’ai eu ma dose pour une vie entière avec mes Bro-sister.

« Dépêche-toi, je n'ai pas que ça à faire. » J’avais déjà pris de l’avance pour rejoindre l’entrée, passant dans les couloirs jusqu’à la salle de classe des triplets. La maitresse nous voit et nous salue, elle a dû deviner sans mal qu’on était les grands frères, des trois Kenya et celui qui me colle le plus, me sautant dans les bras je m’occupe de lui mettre sa veste. « Tu as passé une bonne journée ? » Regardant les deux autres tours à tour. « Vous aussi ? » On peut dire ce qu’on voudra sur moi, je prends soin d’eux quand je suis là, certes je ne suis pas aussi présent que Raijû et je ne le serais jamais surement, mais... bien que chiant, bien que je n’aime pas cette situation ou l’ainé, j’aime ses gosses.

TENUE ♖ C'est une promesse qu'on s'est faite entre nous, bien que nous soyons plus ennemis qu'amis. La famille n'a pas à subir notre mauvaise entente, encore moins les jeunes de la fratrie. Je sais parfaitement que mes frères ne sont pas aveugle, surtout le second qui tente des trucs pas net pour nous réconcilier, mais ça ne fonctionne évidement jamais. Donc oui, Hinata est bien obligé de suivre le mouvement imposé par les aînés, même si ça ne plait à aucun de nous deux. Je pourrais faire un effort, être sympathique, mais je ne suis pas méchant pour le moment. Non, je me contente de jouer le rôle du grand frère, celui qui s'occupe toujours de tout le monde sans craquer. Cet idiot a la chance de fuir à l'autre bout du monde sur son avion, pas moi. Juste pour la conscience, je ne pourrais m'éloigner de cette ville, puis je n'aime pas la voie des airs comme lui. Du coup, je gère presque tout, jusqu'à conduire la voiture et préparer le goûter. Oui, faut être minutieux, quasiment à cheval. « Je ne tiens pas à crever avec toi. » Dis-je avec tout l'amour du monde que je possède pour cette petite tête. Qu'il se crash en avion, ça m'importe peu, mais pas dans la voiture avec moi. Bon, je déconne, je ne souhaite pas réellement que cela arrive... Pauvres passagers, quoi. Je crois bien que sans notre guerre verbale, soit on se ferait royalement chier, soit nous aurions aucun moyen de vider la pression qui nous pèse. ça fait du bien, malgré les apparences.

Ce n'est que la radio, rien de plus. Pour une fois, j'évite de mettre mon rap pour lui casser les oreilles et surtout pour profiter du trajet calme, presque mort. Tant mieux, je peux me concentrer sur la route jusqu'à l'école des triplés. Garé sur le parking, je fais un rapide topo à mon cher et tendre demi-frère, comme si ce n'était pas assez depuis tout à l'heure. Pour le geste, c'était un pur réflexe à la con, rien de réellement décidé à l'avance. Oups ? Bon on s'en fiche. « Maman » non mais! Je suis le père ici, pas la mère! Pourquoi les gens s'obstinent à me foutre ce rôle ? Merde, j'ai des boul- bref. Mon rôle me tient à coeur, jusqu'à arrivé devant les grilles. Ce n'est pas pour autant que je veux des gamins, ou une femme, ou quoi que ce soit dans ce genre-là. Merci, ils m'ont fourni la dose jusqu'à ma mort.

Hinata me saoul. Je le rejoins rapidement, ayant perdu du temps à parler. La maîtresse me connait surtout, puisque je les récupère huit fois sur dix dans la semaine, voir dans l'année entière. Elle me sourit poliment tandis que je fais signe aux deux autres de venir. Je m'occupe de les habiller pendant qu'Hinata se charge de Kenya. Au moins, il est gentil avec les autres, même si moi je ne compte pas. Les triplés lui répondent avec des sourires et je souffle doucement, sans rien ajouter. Bon, ils sont prêt pour sortir, ceux qu'ils font sans attendre. « Attendez nous! » Et qui est-ce qui récupère les sacs ? Bah ouais, moi. Je me retiens de les jeter sur Hinata, gardant les trois dans les mains par les lanières. Hinata n'est quasiment jamais présent, mais les frères et soeurs l'aiment autant qu'à moi. C'est rageant, mais en même temps c'est ça une famille. Les mômes nous attendent, le temps d'aller vers la voiture que je déverrouille pour qu'ils entendent et prennent place dans leurs sièges. Bon, faut juste les attacher, puisqu'ils chouinent.

TENUE ♖ Au moins nous étions d’accord sur le fait qu’aucune de nous deux n’avait l'intention de mourir aux côtés de l’autre, ça craint comme vision et sincèrement ça ne me branche pas une seconde, s’il doit mourir qu’il le fasse seul avec ses seringues loin de moi ! C’est cruel, mais entre nous on n’a jamais fait dans la dentelle, notre relation est ainsi faite de disputes, de remarques blessantes et d’indifférences, un mélange étrange qui continue d’opérer depuis déjà plusieurs années et qui ne semble pas changer avec le temps. Certains pensent encore que ça va s’arranger, que l’on va finir par s’entendre, qu’on arrivera à enterrer la hache de guerre, pourtant en plus de dix ans ça n’a pas fonctionné, à quoi bon espérer ?

Une fois arrivé à l’école des petits j’écoute encore les paroles barbantes de l’ainé qui se répètent encore et me fait chier, autant avec sa voix que ses gestes déplacés, d’où il me touche maintenant ? Si encore c’était pour qu’on se tape dessus, mais là j’ai buggé sur cette amicalité qui est loin de nous scier. Les triplés vont sortir autant ne pas s’éterniser avec des détails, la maman a fini son speech, donc allons-y . Je vous jure-t-il me désespérer le grand frère. À l’intérieur la maitresse doit être contente de voir les deux ainés venir chercher les petits, c’est ce qu’on pourrait croire un beau tableau, si seulement ils savaient. Je m’occupe de Kenya alors que les petits semblent exciter, sortant de la classe en courant nous laissant derrière, je regarde Raijû avec un soupir non dissimuler, il tient les sacs, cool c’est bien le rôle des parents non? Il veut se la jouer ainée, il assume maintenant. Enfin c’est ce que je pense... Mais pas ce que je fais car en passant à côté de lui je lui « arrache » un des sacs entre ses doigts pour courir après les enfants.  À la voiture on doit les installer sur leur siège et les attacher avant qu’il fasse n’importe quoi. « Restez calme sinon on vous emmène pas au parc ! »Il se tait, on dirait que ça marche. Bien, on réussit à les attacher et à reprendre nos places devant. « Aller, au suivant maman, en route. » Je le fais chié avec ça, mais c’est sa faute, pas la mienne, j’ouvre la fenêtre, mais moins que le premier trajet pour ne pas envoyer de l’air dans le visage de mes frères.

TENUE ♖ Nous sommes condamnés à nous haïr jusqu'à la mort. Dès le départ, notre destin a été tracé à l'encre, gravé dans la roche pour ne jamais l'oublier. Raijû n'aimera jamais Hinata, et Hinata n'aimera jamais Raijû. On se supporte, mais c'est seulement avec un nombre d'effort incalculable, sinon c'est mort. Aujourd'hui est la preuve irréfutable qu'on prend sur nous pour faire le boulot imposé par la mère du foyer. J'aurai pu partir seul, abandonner le demi-frère à la maison et trouver une excuse plus tard pour la madre, mais je sais qu'elle parle énormément avec les maîtresses et les autres parents. Elle aurait su en même pas une journée que j'avais contourné ses petites règles, donc elle aurait aussi su qu'on ne s'aime pas, que son rêve de famille idéal tombe à l'eau, tout le toutim de fin du monde pour la jeune femme. Bref, pour le monde nous sommes encore vivant et bien à l'école, pour récupérer les plus jeunes qui n'écoutent que leur bêtise pour s'agiter dans tout les sens. Qui m'a refilé des mômes sur pile, sérieux. Il manquerait plus qu'ils braillent comme des moutons et j'en fais un couscous avec. Hinata n'est toujours pas d'humeur avec moi, malgré mes efforts. Attendez, quoi ? Je m'en inquiète maintenant ? Non, je m'en fiche. J'ai été sympathique, voilà tout. De toute façon, il a toujours un pied de travers ce gars, et après ça déteint sur moi.

C'est tout une affaire de récupérer les gamins, surtout quand ils partent en courant dehors alors que nous sommes toujours dedans. évidement, je me tape les trois sacs et l'envie meurtrière d'égorger un des petits qui courent partout dans la récré, tout joyeux. Exaspéré, je ne m'attendais pas à sentir Hinata prendre l'un des sacs, même sans un regard... Pourquoi il fait ça ? Je fronce les sourcils, mais ne dis rien. Serait-ce un effort ou il fait cela pour faire genre ? Bravo, les échos vont rapidement remonté jusqu'à la mère. Le temps que les triplés grimpent dans la voiture, je range les sacs dans le coffre en reprenant celui piqué par Hinata. Monsieur prend les choses en main et je le regarde faire, plutôt impressionné. Ce n'est pas tous les jours qu'il calme les gosses, une première même. Ceux-ci attachés, on reprend nos places devant, moi derrière le volant. Maman. Il recommence avec ça. Je le fusille du regard, plutôt amer. Qu'est-ce qui me retiens de l'abandonner sur le parking de l'école maternelle ? « Let's go. » Quel enthousiasme! Je rallume la radio pour entendre les enfants essayer de chanter, puis je quitte le parking pour rejoindre l'école primaire à quelques minutes, là où va sortir Kaow.

TENUE ♖ Si jamais on venait me demander pourquoi je n’aime pas Raijû la réponse qui me semble évidente serait pourtant difficile à expliquer, mais c’est comme ça... Comme s'il n’y avait pas de place pour nous deux, comme si nos conflits étaient destinés à ne jamais cessés, comme deux généraux sur un champ de bataille on se fait la guerre au quotidien, par chance je passe beaucoup de temps absent et si ma famille me le reproche de temps en temps, moi j’y vois là une chance, si on devait passer 24h sur 24 dans le même endroit 7 jours sur 7 il y aurait surement déjà eu un mort ou alors mon « grand frère » aurait peut-être déménagé . On ne peut pas savoir, les « si » ne referont pas notre monde après tout, sinon j’aurais empêché la mort de ma mère et rien de tout cela ne serait jamais arrivé.

On pourra dire ce qu’on veut je ne suis pas un salaud, au contraire et je sais très bien prendre soin de mes frères et sœurs, je suis certes absent souvent pour mon métier et mes rêves, mais le seul avait qui je suis réellement hostile c’est Raijû, personne ne subit ma mauvaise foi en dehors de mon ainé et heureusement d’ailleurs, créer des tensions ou mettre la pression sur les membres de notre famille ce n’est pas dans nos intentions. On a donc fini par récupérer les triplets qui s’en vont nous laissant derrière, dans l’élan j’aime le plus vieux, attrapant un sac, il peut penser ce qu’il veut, mais je ne suis pas du genre à faire ça juste pour la bonne action, disons que malgré nos différends on est deux dans cette « galère » et je ne suis un pas un con égoïste et personnel. À la voiture je calme les trois bordels qui nous servent de cadet pour les attacher, installé dans la voiture je laisse notre « maman » du jour nous conduire à la destination suivante. J’aime le regard qu’il me lance. « Hum, un problème ? » Je me moque de lui en souriant, surtout devant les enfants on va rester gentil. La musique remplit l’automobile, écoutant les trois boucans à l’arrière baragouinant faussement les paroles, me faisant sourire forcément. Cherchant l’air contre la fenêtre, ma tête posée sur la vitre, les bras croisés contre moi. On est presque arrivé, là pas besoin d’aller dans la classe pour les chercher, on a juste à attendre qu’il sorte pour les réceptionner.

TENUE ♖ Il ne peut pas y avoir deux aînés, voilà la raison de notre conflit. Il ne peut pas y avoir deux chefs, deux commandants, ni deux leaders. C'est soit lui, soit moi. Pour cela, on se dispute tous les jours ou quand l'occasion est présente pour le faire. Tel deux lions qui désirent le même territoire, on chipote, sort les griffes et se grondent dessus jusqu'à que l'un bat en retraite, la queue entre les jambes. Il n'y a pas meilleure explication pour notre débilité, chacun n'acceptant pas l'autre. Si ma mère ne se serait jamais remariée, j'aurai été le chef de bande, le plus vieux, l'aîné qui s'occupe de ses cadets, mais avec ce remariage, tout tombe à l'eau. Je me bat avec l'autre grand de la deuxième moitié, tout deux habitués à avoir la place la plus haute dans la famille. Les familles reconstituées, c'est la merde. Malheureusement, je ne pouvais pas forcer mes parents à s'aimer encore, ni à vivre ensemble jusqu'à la fin. Nous devons l'accepter, autant le désintérêt de l'un que la mort de l'autre. C'est triste, parfois injuste, mais nous ne sommes pas en mesure de discuter le choix des grands, juste de se battre pour notre avenir.

Dans le fond, je m'en fiche qu'il ne soit pas d'humeur ou de mauvaise foi. Des deux, je sais qui est le plus âgé et ce n'est sûrement pas lui. Comment peut-il prétendre à cette place quand il n'est quasiment jamais à la maison pour s'occuper de tout le monde. Ce n'est pas lui qui conseil son père quand il a un doute, ni même qui discute avec ma mère quand elle ne sait pas quoi faire d'autre à la maison, pas lui non plus qui gère les plus jeunes qu'importe le temps, l'heure ou l'endroit. Hinata ignore ô combien cela peut être chiant et fatiguant de courir après tout le monde, parfois sans reconnaissance. Un jour, j'aurai moi-même ma famille et la principale deviendra secondaire. Pourra-t-il prendre la relève, quitte à s'enfermer dans une cage ? Qu'importe, nous récupérons les plus jeunes, tandis qu'il récupère un des sacs au passage, m'étonnant par la même occasion. Tiens, serait-il aimable aujourd'hui ? Je rêve, bien sûr. Dans la voiture, une fois les gosses attachés, je lance un regard mauvais à mon cadet quant à son surnom. « C'est toi mon problème. » Un gros, même. Les mains sur le volant, je quitte le parking pour rejoindre la grande session où va sortir Kaow d'un moment à l'autre. Les plus jeunes me font sourire et je fais exprès d'augmenter le son pour qu'ils chantent plus fort. Au bout de quelques minutes, je me gare devant l'école primaire et défais ma ceinture. « Je vais l'attendre dehors. » Je n'ai pas besoin de lui, qu'il garde les plus jeunes à l'intérieur, au chaud.

TENUE ♖ Est-ce vraiment ça ? Est-ce encore parce que je veux être l’ainé de cette famille ? Je ne pense pas, en fait je n’ai plus vraiment de certitude quant au pourquoi je le déteste, je ne peux simplement pas m’entendre avec lui, il est ma bête noire, quand on décide quelque chose c’est dur de s’en débarrasser. Je ne veux pas être enfermé dans une maison avec tous ses enfants, je ne veux pas devoir m’occuper de tout parce que je serais le plus vieux, je ne suis pas égoïste, mais j’aime ma vie, m’échapper loin d’ici, m’envoler là où toutes ses choses restent derrière moi, père, « mère », frères et sœurs, je les abandonne pour être libre et j’assume parfaitement mes choix... Seulement même si je sais que Raijû fait énormément durant mon absence, cette fierté que j’ai en moi, cette relation qu’on a tissée ne peut pas changer, je ne pourrais jamais être gentil avec lui, je ne sais même pas comment je pourrais discuter sérieusement sans avoir envie de le casser, l’emmerder ou le provoquer. Nous sommes « frères » mais encore plus des étrangers, son monde et opposés au mien, notre seule connexion est cette famille.

J’aime le chercher et le voir réagir au quart de tour, parfois on va loin, bien trop loin, mais on est incapable de mesurer nos limites, est-ce qu’on grandira un jour ? Est-ce que c’est possible qu’on devienne moins agressif ? Je l’ignore, mais aujourd’hui même si on se force pour rester ensemble sans se sauter au cou, je sais qu’une fois de nouveau seul ça va exploser, comme toujours. Je suis son problème comme il est le mien, ça me fait sourire. « Je sais. » Ce n’est pas un secret et c’était une réponse facile de sa part, je détourne le regard vers la vitre, installé sur le siège à écouter les enfants chanter. On arrive enfin à l’école, il va l’attendre dehors ? Ok, je bouge pas de là, moins je passe de temps avec, mieux je me porterai... Malheureusement c’est pas aujourd’hui où je vais pouvoir m’en débarrasser, tristesse.

Je parle avec les petits en me tournant légèrement vers eux, cinq minutes plus tard deux moussaillons rejoignent la troupe, on a bientôt fini la tournée ! Tous en voiture il reste plus qu’une destination et direction le parc.


Après être passé au lycée, nous avons toute la bande au complet, maintenant c’est au parc qu’on se rend, je sens que ça va être éprouvant, mais quand faut y aller, faut y aller ! « Tu as pris à manger pour nous aussi grand frère ? ~ » J’accentue bien le dernier mot pour rentrer dans le jeu, mais devant les gosses on doit faire semblant de s’entendre, quelle merde.

TENUE ♖ On devrait juste mettre nos histoires de côté, temps en temps. L'entente est difficile entre nous, mais nous le savons parfaitement, pas la peine de rabâché. Chacun à notre tour, nous avons fait nos petites crasses contre l'autre par pure fierté ou juste pour emmerder son monde. Nous sommes adultes, avec des tonnes de responsabilité, et pourtant nous ne cessons notre guerre, chacun pensant à sa manière. Pour moi, c'est une question de place et de territoire, pour Hinata, c'est surtout une mauvaise habitude qui perdure. En gros, nous ne sommes même pas sur la même longueur d'onde quant à notre haine partagée, du grand n'importe quoi. De toute façon, je m'en fiche de savoir la raison qui m'a poussé à le détester à ce point, je sais juste qu'il me sort par les yeux et que moins je le vois, mieux je me porte. ça doit être pareil pour lui et tout le monde est content. Point final, changeons d'histoire.

Il sait quel est mon problème, il sait qu'il est la cause de mon soucis et il le dit. Franchement, je ne sais pas quoi faire de lui quand il me sort cela. Il sait... Bah ferme-là au moins. Sérieux, je ne sais pas ce qui me retient de taper sa tête contre le tableau de bord, quitte à activer le hair-bag. Bref, la discussion se termine là. Hinata regarde toujours par la fenêtre pendant que les enfants chantent à tue-tête et moi je conduis sans rien ajouter jusqu'à me garer et prendre l'excuse d'attendre dehors pour respirer un peu. Personne ne dit rien, tant mieux. Kaow ne tarde pas à arriver et nous remontons dans la voiture après quelques minutes à se peler dehors. Voilà, mon calvaire est de retour, je suis désespéré par cette situation.

Le lycée a été beaucoup plus simple, Aya n'a eut qu'à repérer la voiture et monter à l'arrière avec la bande de joyeux luron toujours à chantonner sur les mêmes chansons. ça de fait, on peut filer au parc, même si ça n'enchante pas les plus vieux de la troupe. Arrivé au parc, je laisse tout le monde descendre et courir vers les attractions, surtout les triplés. « Pourquoi ? Tu as faim, Hina ? » Je fais exprès de l'imiter avec ce petit surnom, le sac à goûter sous le bras. J'ai pris de tout, il n'aura qu'à fouiller. D'ailleurs, je lui fourre dans les bras avec un sourire hypocrite. « Dispute toi avec eux, moi je n'ai pas faim. » Comme ça, il verrait ce que cela fait d'être l'aîné et de gérer. De toute façon, à part Aya et Kaow qui s'emmerdent un peu, les trois autres ne font même plus attention à nous. Quant à moi, je vais m'asseoir sur l'un des bancs libre, en soufflant. ça me fatigue.

TENUE ♖ En même temps je ne suis pas con, on sait très bien l’un comme l’autre qu’on soit toujours le plus « gros » problèmes dans nos vies respectives. Bon Dieu, je ne sais pas comme tout ça va se terminer, mais parfois on est aussi gamin que nos petits frères et sœur, on est têtus, bornés, on ne lâche pas l’affaire, on a beau avoir passé plus de treize ans ensemble ça n’a jamais apaisé les tensions ou jouer en notre faveur. On est finalement au complet, tous dans la voiture, les plus jeunes ont hâte d’aller au parc quand le plus âgé aimerait juste rentrer à la maison et vaquer à leurs occupations, mais on ne peut pas se départager, personnellement j’aurais bien guidé les plus grands me séparant ainsi de Raijuu, mais on doit s’en occuper ensemble malheureusement.

Arrivé au parc donc je parle avec le « grand frère » parlant bouffe naturellement, bien sûr entre nous on sait que cela sonne faux, mais on doit être un minimum crédible, les gosses doivent pas subir notre humeur de merde quand on est ensemble. Un frisson procurerait presque mon échine à l’entende de ce surnom sortir de ses lèvres, non vraiment. Je soupire, hochant la tête de droite à gauche sans un mot, le sac dans les bras je le fusille du regard, il me désespère lui aussi. Je sors les gouter à qui veut, alors que je demande à Aya de veiller sur eux pendant qu’ils mangent tous ensemble, rejoignant Raijuu.

« Bah alors Rai, fatigué ? » S’il veut jouer, je vais jouer aussi. « Tu me fais de la place~ » Je viens juste le faire chier, mais tant pis. Installé sur le banc à moitié allongé contre le dossier, les mains sur le ventre et les yeux levés au ciel. « Vivement dans deux jours. » Oui, je m’en vais encore et bon sang j’attends que ça des fois, cette vie de famille soit ennuyante des fois, autant que notre guerre quotidienne, je préfère m’en éloigner et fuir loin, très loin et le laisser gérer toutes ses choses, il semble tellement aimer ça.

TENUE ♖ Même si je ne peux pas me le voir, je dois prendre sur moi et être très patient. C'est seulement pour ma mère que je fais un tel sacrifice, sinon je n'aurai jamais rien proposé à cet idiot. Il me tape sur les nerfs, qu'il l'ouvre sa grande bouche ou non, qu'importe ce qu'il fait, cela m'insupporte. C'est physique entre nous, je ne peux pas le voir, lui non plus. Or nous sommes obligés d'être conciliant pour aujourd'hui, récupérant un à un les frères et soeurs, sauf ceux à l'université. Les triplés ne tiennent pas en place, et les autres semblent plutôt motivés à rentrer. Ne parlons pas d'Hinata qui se fait sûrement une joie d'être ce soir, pour ne plus me voir dans les parages. De toute façon, je bosse après, il sera heureux d'avoir la maison pour lui cette nuit.

Hinata fait aussitôt le gentil, cherchant un truc à manger auprès de moi, mais je n'ai pas tellement l'envie de lui offrir un paquet de gâteau. Qu'il se débrouille, je ne suis pas mauvais puisque je lui refile le sac avec un gentil surnom. ça me donnerait presque envie de gerber. M'éloignant de la petite troupe, je me laisse tomber sur un banc en observant les enfants réclamer de quoi manger à leur aîné, pour une fois je me décharge de ce rôle.. ça fait du bien, mine de rien. Quand il se rapproche de moi, je soupire lourdement sans le regarder, surveillant juste les autres. « Pas plus que ça. » Dis-je en me poussant un peu, lui laissant de la place. S'il veut s'asseoir, je ne vais pas l'empêcher de le faire. Il a toujours la réflexion pour faire plaisir, c'est fou. Sans le regarder, adossé contre le dossier du banc, je lâche un léger rire. « Tu as raison, ça va être les vacances sans toi. » Il s'attendait à quoi ? Je compatis, vivement dans deux jours. « Tu vas où cette fois-ci ? Europe ? Etat-Unis ? Ou tu restes en Asie ? » Comme si ça m'intéressait, mais je pose quand même la question pour ne pas laisser de blanc. Hinata se trompe, cette vie de famille me fatigue de jour en jour. Moi aussi je voudrais vivre ma vie sans avoir un gamin dans les pattes, être tout le temps dans mon salon ou avec des potes, sans eux.

TENUE ♖ Venir au parc avec les gosses, la joie, non sérieusement c’est pour ça que je n’avais aucune envie d’avoir des enfants, toutes ses contraintes, plus de vie, toujours à faire-ci où ça pour eux, je ne suis pas fait pour ça. Raijû même si ça me tue de le dire se débrouille beaucoup mieux que je ne pourrais le faire, bien entendu ces mots ne franchiront pas la barrière de mes lèvres, je ne compte pas le complimente pour être doué et organisé avec la troupe qui nous sert de frère et sœur. Même si je le déteste je sais quand même juger la situation, seulement je suis trop fier pour l’affirmer. Laissant les collégiens s’occuper des triplés pendant qu’ils mangent tous leur goutés installés sur l’heure et les bancs, je rejoins celui de l’ainé qui me fait un peu de place, trop aimable de sa part. J’ai vraiment hâte de m’envoler loin d’ici, de laisser tout ça derrière moi, c’est con et égoïste, mais depuis le début, même si j’aime les merdeux je n’ai jamais pu réellement m’habituer à tout ça, la famille recomposée, la famille nombreuse, le faux-semblant, ça me fatigue plus que de voler durant 24h non-stop. Je ne tiens même pas de suite compte des paroles de Raijû, on s’en envoie tellement des comme ça et il a raison dans un sens. « Autant que pour moi à l’inverse des gens j’ai l’impression d’être au boulot quand je suis « chez moi » vie cruelle. » Je souris en regardant le ciel, pour une fois que je peste pas contre lui, je n’ai même pas utilisé de ton quelconque, juste été honnête, a sa question, je suis étonné qu’il ose demandé, tournant la tête vers lui je lui lance un regard qui dit un truc du genre « tu es sérieux là ? » Il est tout de même entrain de me poser une question qui semble « normal » et ça m’amuse.

Je souffle en me redressant appuyant mes coudes sur mes cuisses, regardant en direction des petits, finissant par répondre. « Inde. » Tout simplement. Que ça l’intéresse ou non, j’ai répondu. Je ricane doucement. « Je n’aurais jamais cru que tu me demanderais où je m’envole, faire semblant de s’entendre est surprenant. » Car au final c’est ça, on fait juste semblant, lui comme moi n’est-ce pas ?

TENUE ♖ Pour l'espace de quelques heures, Hinata pourra entrevoir ce que je subis un peu tous les jours quand il n'est pas là. C'est toujours moi qui m'occupe de la fratrie, qui gère toute la petite bande et j'avoue que parfois, j'aimerai tout lâcher pour être tranquille une journée. évidement, je ne vais pas aller le supplier pour qu'il me remplace, plutôt m'étouffer qu'être redevable. Pour cette fois, les grands s'occupent des plus jeunes et je peux me poser sur un banc à les observer en silence, vite rejoint par mon demi-frère, celui qui m'agace sans arrêt. Je l'envie cet idiot, il ne reste que quelques jours puis il file à nouveau dans un autre pays, loin de cette famille recomposée, loin de ce calvaire que les parents m'infligent. Si je n'avais pas peur de l'avion, peut-être que j'aurai rejoins Hinata dans les airs. Quoi que non, je ferais mieux de m’exiler sur la côte pour devenir pêcher, plutôt qu'être collègue avec lui. Encore une fois, je ne sais pas être gentil avec mon cadet, usant de ma bonne volonté pour être sincère. Sans lui, je serais enfin en paix. « Tu devrais te trouver une copine et avoir ton appartement, les parents ne t'en voudront pas. » Il aura sa petite excuse pour ne pas mettre les pieds à la maison aussi souvent qu'il ne le veut pas.

Pourquoi se mentir, je suis curieux de savoir où mon demi-frère s'éloigne, même si je m'en fiche dans le fond. Il ne va pas me tuer parce que je pose une question, si ? à voir ses yeux, je suis déjà sûr qu'il le fait vingt fois dans sa tête. Tant pis, je n'ai pas peur de lui, ni de ce qu'il pourrait penser de moi. Je suis l'aîné, la maman du groupe, alors je demande si j'ai envie de demander. Inde. C'est vraiment génial, pas parce qu'il s'en va pour plusieurs journées, mais parce qu'il part dans un autre pays, il découvre. Moi, je reste juste planté à ma place, dans ma routine. « ça m'arrive aussi, de temps en temps. » Répondis-je avec un rictus au coin des lèvres. « Qui dit que je fais semblant ? Je voulais vraiment savoir où tu allais. » ça l'étonne ? Je ne faisais pas semblant cette fois, qu'il ne se fâche pas. L'un des triplés se ramène vers nous avec le sac à gâteau que je récupère, le laissant à nouveau filer vers l'air de jeu à quelques pas. « Toujours faim ? Il reste des brioches. » Pour aujourd'hui, je ne serais pas le vilain méchant loup.

TENUE ♖ Je n’allais pas plaindre Raijû pour le calvaire qu’il subit quotidiennement en jouant la maman ou le papa je m’en fiche avec nos frères et sœurs. Ce sont des enfants et les gosses sont rapidement saoulant faisant perdre patience à courir à droite et à gauche, à toucher a tout, à vouloir tout, déjà un c’est difficile alors quand on en a cinq ou sept à s’occuper c’est pire. Mais j’ai choisi ma voie, j’ai décidé de partir avant tout le monde, avant lui. Chaque fois que je quitte la maison c’est une délivrance, j’aimerais pouvoir voler tous les jours, voyager tout le temps et rentrer rarement, bien sûr je ne passe que quelques jours par semaine chez nous, mais c’est déjà bien suffisant autant pour supporter l’ainé que les enfants turbulents. Je les aime, mais on a tous une manière différente de le montrer et de vivre les choses et j’ai simplement la mienne. « Tu as surement raison, mais je n’ai pas vraiment le temps de trouver une fille capable de supporter mes voyages tu sais. » Pour l’instant je me fiche de tout ça, puis pour le temps que je passe à la maison ça serais dommage de payer un appartement tout seul, nos petits/gros accrochages avec Rai me manqueront trop, sur qui je passerai mes nerfs sans lui.

Il me surprend à me poser une question, c’est rare, d’ailleurs la conversation en elle-même est étrange, on n'est pas agressif, discutant presque normalement... Mais il y a des exceptions à tout, c’est comme quand on fait semblant de s’entendre devant les parents aux repas de familles ou devant les plus jeunes qui ne comprendraient pas notre hostilité l’un envers l’autre. « Être « gentil » ne te va pas du tout grand frère. » Avec moi j’entends et par gentil c’était surtout sa curiosité soudaine. « Enfin, maintenant tu le sais. » Je souris aussi, alors qu’un des triplés ramène les gâteaux, ébouriffant les cheveux du petit, je le regarde s’éloigner. « Yep. » Je prends une brioche dans le sac qu’il tient, pour la couper en deux et croquer dans un des morceaux. « Pourquoi tu ne pars pas ? Tu pourrais lâcher tout ça, qu’est-ce qui te retient ? » À mon tour d’être curieux. Juste pour aujourd’hui, baissons les armes, justes pour quelques heures.

TENUE ♖ J'ai toujours pensé que je trouverais la fille de mes rêves en étant étudiant, puis quand j'ai eu mon salon, j'ai cru la rencontrer dans mes clientes, mais aujourd'hui je me dis qu'elle peut être n'importe où dans le monde. Je ne m'en soucis pas plus que cela, elle viendra quand elle voudra, mais lui il devrait vraiment pécho quelqu'un. Ce n'est plus possible de le supporter à la maison, surtout pour l'entendre râler qu'il est mieux dans ses nuages qu'avec nous. « Bah, trouves-toi une hôtesse de l'air ? » Il va me dire qu'il n'a jamais eu de vue sur l'une d'entre elles ? à qui croit-il faire gober une telle chose ? Bon, j'avoue avoir déjà eu des fantasmes basiques sur certaines de mes clientes, mais j'ai toujours été professionnel avec elles. Je ne suis pas comme Sehrat qui en profite largement, oh ça non. Sinon je serais le mec le plus chanceux de l'univers! Du coup, Hinata n'est pas décidé à mettre les voiles, avec ou sans copine. Une chose est sûre, je partirais de la maison avant lui, quand je le pourrais. Peut-être que j'attendrais la copine pour m'installer ailleurs, beaucoup plus loin que la famille pour qu'ils ne trouvent pas un moyen de m'embarquer dans la garde des mômes. à ce prix-là, je pourrais mentir sur mon boulot et dire que je n'ai jamais le temps, comme Hinata.

La hache est plantée, pour cette fois je vais être sympa avec mon demi-frère. Ce n'est pas une question d'être en publique ou quoi, sinon je l'aurai déjà envoyé baladé à la moindre approche. Non, j'ai juste envie d'être normal pour quelques heures. « Profite et ferme ta bouche. » Dis-je sans agressivité, juste un sourire en coin. Ouais, maintenant je sais où est-ce qu'il va fuir pour énième fois. On dirait qu'on a notre quatre heures nous aussi, mais je n'ai toujours pas faim. Si Hinata veut se faire plaisir, qu'il n'hésite pas à piocher dans le sac. Celui-ci posé entre nous, je reporte mon attention sur les bambins qui s'amusent, ou ceux qui restent sur leur téléphone. « Ma conscience. » C'est simple, non ? Est-ce qu'il en possède une ? « Des fois j'imagine quitter la maison pour vivre ailleurs, puis je pense à eux et je culpabilise d'avoir ce genre d'idée folle. Je ne peux pas les abandonner alors qu'ils ont besoins d'une personne qui sache tout faire et être là n'importe quand. » Parce que les parents ont tendances à être prit par leur boulot et que moi, je suis quand même gérant d'un salon et que je peux le laisser à mon collègue ou fermer. Quant à ma place de videur, je m'en fiche de la perdre si c'est pour ma famille. Faut pas croire, je ne suis pas un mauvais garçon, j'ai un coeur plus gros que le monde. « Tu ne ressens jamais ça dans ton avion ? »

TENUE ♖ Il n’est pas facile de trouver une copine quand on bouge beaucoup, de plus je mentirai si je disais que c’était ma priorité, je ne pense pas vraiment à me caser bien plus emballer à l’idée de vivre une vie en toute liberté sans attache quelconque ou plutôt sans frein à mes sentiments. Voler, voyager, c’est suffisant pour l’instant, je suis encore jeune j’aurai le temps plus tard de me poser plus calmement, à force d’avoir fait le tour du monde j’en aurais peut-être assez, qui sait. Une hôtesse de l’air ? Je le regarde en soupirant. « Je ne cherche pas la facilité et je préfère être libre. » Une copine qui pourrait voyager sur le même vol que moi ? Non, j’y perdrais surement de mon enthousiasme et du plaisir. C’est étrange de parler avec Raijû comme si nous étions des frères normaux, on ne peut pas se supporter pour des raisons pourtant totalement différentes, mais aujourd’hui on discute et se questionne, ça en devient bizarre, mais ça ne m’empêche pas pour autant d’en faire autant. Prenant la brioche qu’il tend se trouvant dans le sac, je finis par lui demander donc pourquoi il reste, pourquoi il n’est pas parti lui ? Sa conscience ? Je le fixe en mangeant mon bout de gâteau, mâchant sans le quitter du regard. « Sérieux ? » la bouche à moitié pleine, je n'aurai pas cru, mais j’écoute la suite sans intervenir. C’est un bon samaritain le grand frère. Il a plus de cœur que je ne peux en avoir en tout cas, je dois bien lui reconnaitre ça. « Non. » Répondis-je sans hésiter. Déviant mon regard vers les enfants je reprends après quelques secondes de silence. « J’aime ses garnements, mais je ne me sens pas à ma place dans cette famille. » C’est cruel, mais j’ai l’impression de me forcer sans cesse, pas qu’avec les frères et sœurs, mais les parents, la famille en général. « Cette illusion de famille parfaite me donne envie de vomir, plus je m’en éloigne et mieux je me porte. » Je mange l’autre morceau de ma brioche, puis repose mes yeux sur l’ainé. « Je suis le pire hein ? Ah~ Je sais. » Je balance ma tête en arrière, je m’en fiche en fait, même s’il confirme ça m’est égal, on peut aimer des personnes, mais simplement ne pas pouvoir les assumer en permanence, c’est mon cas et je ne m’en cache pas....

TENUE ♖ C'est compréhensible, qui voudrait d'une copine hôtesse de l'air ? Hinata est ce genre de chien fou qui ne veut aucun collier autour du cou. Comparé à moi qui porte beaucoup trop de chaîne, rattaché à une seule maison où je dois veilleur sur ses occupants. C'est une vie qu'on décide de mener, mais c'est beaucoup moins facile de s'en sortir par la suite. Les liens sont trop solides, puis le remord s'installe et là, il n'y a plus aucune solution pour s'échapper et être à nouveau libre. Parfois, j'envie Hinata. Il n'a pas besoin de se retourner pour être sûr qu'on est toujours là, il n'a pas non plus besoin de s'inquiéter chaque minute pour nous. C'est un électron libre et il se fiche pas mal des autres. Jamais je ne pourrais ainsi, ma conscience me retient à chaque fois auprès des miens. Je le père de substitution, celui qui fait la doublure de l'original, mais ça il ne peut pas le comprendre. « Oui, j'ai une conscience. » Il n'a pas l'air de me croire, mais je ne peux pas le forcer à en apprendre plus sur ma petite personne. Après tout, ça toujours été ainsi, je m'en fiche de sa vie et il s'en fiche de la mienne. ça me tuerait presque d'abandonner ma famille pour vivre de mon côté, puis je me poserais trop de question à leur sujet. Est-ce qu'ils vont bien ? Est-ce qu'ils vont à l'école et rapportent des bonnes notes ? Est-ce qu'ils pensent à bien manger ou à s'amuser comme il faut ? J'en deviens gaga avec le temps, je ne sais même pas si c'est ce que je veux réellement. Pourquoi en parler avec Hinata ? Il ne comprend même pas. Il n'a pas de conscience, pas de regret quand il met un pied dans son avion... Peut-être même qu'il ne pense jamais à sa famille dans ces moments-là. « Pourtant c'est aussi la tienne. » Ce n'est pas une nouveauté, puisqu'il est né dans cette famille, il est même du côté principal de celle-ci. Décidément, on ne pourra jamais s'entendre tous les deux. « T'es quand même un bel enfoiré. Je savais déjà que la famille n'était pas ton truc, mais de là à te donner la gerbe. » Je dis tout ça, mais je n'ai ni l'air grave, ni irrité. Au contraire, je le prend avec le sourire.  « Heureusement que je suis là pour tout assumer, tu peux être tranquille comme ça. Ils n'ont sûrement pas besoin de toi, de toute façon. » Je n'en perds pas mon sourire, sans savoir si je suis ironique ou très sérieux. Il peut partir ou dormir sur ses deux oreilles, je m'occupe à merveille de cette famille... Sans son aide.

TENUE ♖ Conscience ou non je n’arrive pas à faire semblant ou plutôt je n’aime pas le faire, bien que parfois je suis obligé parce que malheureusement comme il dit cette famille est la mienne, ça ne veut pas dire pour autant que je sois heureux d’en faire partie. J’ai « pardonné » à mon père, je sais qu’il est aux anges avec sa nouvelle femme, ses nouveaux enfants, je ne voulais pas briser son bonheur en étant le mauvais pion sur l’échiquier, mais ma relation avec Raijû ne s’arrange pas, elle ne fait que se dégrader, je suis souvent celui qui lance les hostilités mais je mentirai si je disais que parfois ce n’est pas pesant et fatiguant, pourtant ça ne peut être autrement. Les petits aussi adorables soient-ils, je les protégerai toujours, je les aimerai aussi tout comme ils sont attachés à moi je ne renierai pas le sang qu’on partage tous ensemble, mais je ne veux pas mentir en disant que je pourrais passer tout mon temps en leurs compagnies, je risque de péter un câble, pas du tout patient, les enfants auraient surement ma peau. Les Byakuya sont en effet ma famille, mon nom de naissance, ma maison... Mais ce nom ne signifie plus rien aujourd’hui, il y a quelques années j’ai voulu changer de nom sans le dire à personne, prendre celui de ma mère quand je suis entrée a l’école d’aviation, mais je ne pouvais pas, j’étais mineur et ma maman décédé, je devais faire avec et j’ai fini par l’accepter.

J’assume d’être un enfoiré, mes pensées ne me rendent pas fier, mais je n’ai aucune envie de me voiler la face sur ce que je ressens et s’il comprend par je m’en fiche totalement, cette conversation de toute façon est comme une énorme parenthèse qui ne se reproduira surement jamais. « L’illusion de la famille parfaite me donne la gerbe, évide de comprendre que ce que tu veux entendre, si cette illusion te convient alors restes-y et continue à être le gentil grand frère à tout faire, être maman de substitution te va bien. » Mais ce n’est et ne sera jamais le mien. Je souris aussi malgré mes paroles, rien d’agressif, juste un échange de ressenti. « Je suis content de te l’entendre dire, merci d’être là alors et ça me rassure, je n’aime pas devoir répondre aux attentes des autres de toute façon, s’ils n’ont pas besoin de moi ça m’arrange, tu m’enlèves un énorme poids en le confirmant, merci bien. » Je ne suis pas du tout vexé ou autres, au contraire je pense sérieusement que c’est une bonne chose. « Bon cette petite conversation aura été sympa, mais j’ai envie de rentrer, tu t’occupes des gosses bien sûr. » Il n’a pas besoin de moi après tout, n’est-ce pas ? Mon sourire accompagne mes pensées, explicitement.

TENUE ♖ Nous ne pouvons pas tous aimer la vie de famille, ni la supporter bien longtemps. Je peux comprendre que tout cela saoul Hinata, qu'il rêverait d'être fils unique ou de ne jamais nous avoir rencontré. C'est un peu ce que je ressens par rapport à ce bordel. J'aurai préféré que ma mère ne se remarie jamais ou pas avec un homme divorcé, veuf ou avec des enfants. Malheureusement, on ne peut rien à tout cela, c'est comme ça. Hinata est mon demi-frère, je suis le siens. Pas la peine de voir notre existence autrement, ça ne changera rien à notre situation. Je ne l'apprécie pas, alors je reste tout simplement à l'écart. Du moins, quand je peux. Parce que là, c'est complètement loupé. « J'entends seulement ce que tu me dis. » Rétorquais-je dès qu'il termine, haussant les épaules comme si tout cela ne me touchait pas. Tant que je suis utile à cette famille, je m'en fiche de ses remarques à la con. Il es ironique, je le sens dans sa voix et sa façon de parler, mais j'ai envie d'être aussi chiant que lui. « Je rêve où tu viens de me remercier deux fois dans le même monologue ? » Oui, parce que je n'ai capté que cela dans tout son charabia. De toute façon il n'a pas à s'en faire, je prends suffisamment soin de la famille pour qu'il s'en inquiète davantage. Il peut partir tranquille, faire le tour du monde, personne n'ira mal en son absence. « Mais je suis content que tu le prennes bien. » Je lui retire un poids des épaules, normal qu'il le prenne aussi bien. J'hausse un sourcil à ses paroles, mes yeux virant vers la bande avant de revenir sur lui. « Tu veux rentrer maintenant ? Tout seul ? à pied ? Fais comme tu veux, mais si maman pose des questions, dis-lui que tu es resté jusqu'au bout. » ça lui fera plaisir, et je n'ai aucune envie qu'elle soit triste à cause de cet ingrat. « Si tu veux partir, fais-le. Je ne te retiens pas ici avec nous. » J'en ai déjà ma claque d'être sympathique avec lui, s'il pouvait filer en vitesse, cela m'arrangerait.

TENUE ♖ Avoir une discussion ensemble s’est avéré intéressante, mais je ne peux pas laisser ce moment durer plus longtemps, peut-être qu’on est juste trop fier des fois, parce que même si on ne s’aime pas à cet instant on avait pourtant l’air de deux frères normaux, sans éclair dans les yeux ou de mauvais jeu de mots, mais ça se dégrade vite, sans être irrespectueux, on parle de la famille et nos avis diverge forcément entre moi qui suis content d’être loin de la troupe au complet et lui qui au contraire y passe tout son temps, même là on est encore différent. « Tu veux que je te remercie encore ? Tu sais, jamais deux sans trois c’est ça ? » Ironisons cette conversation, je souris à l’ainé je me fiche complètement qu’ils n’aient pas besoin de moi, que je sois toujours absent ou présent ça ne change rien je suis mieux quand je m’envole en toute liberté. Maintenant j’en ai assez, rester là est fatiguant donc je préfère rentrer. « Ne t'inquiète pas pour ta mère je ne compte pas la décevoir, si c’était le cas je ne ferais pas semblant de m’entendre avec toi. J’ai des jambes autant m'en servir. » Mais je ne compte pas rentré tout seul, je m’approche des enfant et de ceux qui semblent avoir tout aussi envie que moi de rentrer. « Aya, je rentre tu veux venir avec moi où tu préfères rester ici ? » Elle se montre plutôt emballée à l’idée de me suivre, tout comme Kaow et Chika, ok les plus vieux n’ont aucune envie de rester au parc. Je regarde Raijuu. « Je les emmène avec moi, veille bien sûr les triplés~ » Je lui tire la langue, de cette façon personne n’aura rien à redire et puis les « grands » sont calmes et plus tranquilles. « Reste autant que tu veux, pas besoin de rentrer avec nous. » Je lui retourne sa phrase a ma façon avec un petit sourire explicite, me mettant en route et m’éloignant de l’ainé, ah, quelle journée.

TENUE ♖ C'est loin d'être désagréable, en vérité.. Mais plutôt m'étrangler tout seul que l'avouer à mon demi-frère. Notre discussion, aussi rationnelle soit-elle, ne durera pas davantage. C'est couru d'avance, l'un ou l'autre mettra fin à tout cela et le cours de nos vies reprendront tranquillement. « Pourquoi pas ? J'aime bien l'entendre. » J'hausse les sourcils d'une manière provocante mais sûrement agaçante, le sourire aux lèvres. Nous ne sommes pas prêt à lâcher l'affaire, même en sachant où est notre place. Il préfère partir dans son avion, tandis que je suis plus à l'aise les deux pieds à terre. Chacun son univers, le miens est partie ma famille. Pour une fois, il est sincère avec moi et je ne peux lui retirer cette qualité. Je n'ajoute rien à ses paroles, ni remerciement, ni quelques mots. Hinata est prêt à partir et bien décidé à embarquer la moitié de la troupe avec lui. Je ne peux pas l'empêcher de vouloir rentrer, ni les autres de s'ennuyer avec les plus jeune. Je soupire à peine, l'air las et indifférent. Je m'en fiche, qu'ils partent si cela les arrange ou leur fait plaisir. « Ouais, rentrez bien. » Ajoutais-je en roulant des yeux. Quel petit con, je vous jure. Les triplés n'ont rien suivi, trop occupé à s'amuser dans le parc. « T'inquiète, vous pouvez partir tranquille. » Je les chasse de la main, sans méchanceté. La petite troupe s'éloigne et je m'adosse au dossier du banc en les observant deux minutes, jusqu'à ne plus les apercevoir. Vivement qu'il reparte dans son oiseau de ferraille.