TENUE ✽ Phoenix est vraiment un bourrin, ça se confirme. Je ne peux pas lui en vouloir en sachant que l'alcool a joué un grand rôle dans l'histoire et que c'est normal qu'il ne se souvienne pas de ce soir-là, mais faut quand même que je lui dise. Au moins, il se souvient avoir récupéré mon portable avant le drame, quant aux restes, ça doit être hiroshima. Cet idiot a eu l'occasion d'avoir mon numéro de téléphone et il a trouvé le moyen de le péter deux secondes après, quelle ironie du sort. « Ouais, j'ai pu changer d'époque grâce à ça. » Faut dire que mon téléphone datait un peu, c'était ainsi dire l'occasion pour changer. Il n'a pas à me remercier, c'est... Normal ? Je n'ai pas eu l'audace de l'abandonner en pleine rue pour rentrer, je me serais inquiété malgré moi. Notre lien a bien évolué depuis ce jour-là, nous ne sommes plus au stade de « t'me saoule, lâche-moi la grappe. » maintenant j'ose carrément l'interroger et m'intéresser à son cas. Ce n'était pas vraiment cela quelques semaines plus tôt, le temps forge les choses... L'insistance aussi.

Phoenix me parle des pays où il a vécu, je suis étonné d'entendre autant de nom alors que je n'ai jamais quitté Tokyo de ma vie. C'est un joli pays, il a raison. Beaucoup rêverait de venir vivre ici, sûrement pour la culture ou les mangas. Sa mère est dans son univers ici, elle doit tout avoir à portée de main pour son boulot, et lui pour sa passion. Je ne doute pas des autres éléments, comme les amis ou moi. Je lui raconte un peu de mon histoire, comme quoi j'ai toujours vécu avec ma mère et que je ne connais pas vraiment mon père. Ce ne sont que des informations à son sujet, mais il ignore complètement mon existence, autant que ses enfants. ça n'empêche pas que je sois là, que je vis comme tout le monde. « Comment peux-tu vouloir rencontrer un tel type ? » à sa place, je le détesterai autant que je hais le miens. C'est le genre à faire du mal à une pauvre femme et à laisser un avorton derrière sans s'en inquiéter... Ils ne méritent même pas qu'on les regarde, même si je porte autant d'amertume envers lui. Un point commun. Je ne dis rien, qu'il est raison ou pas. Je n'ai peut-être pas de beau-père, mais j'ai eu une tante et un meilleur ami merveilleux. « Elle s'en sort sûrement grâce à moi, parce que je suis là pour elle. » Oui, c'est la personne la plus importante dans ma vie. Je ne pourrais pas vivre si elle va mal ou s'il lui arrive un truc... Je serais anéanti, bon à rien, mort de l'intérieur. Je termine de boire mon verre et de manger mon pain d'épice, frottant mes mains entre elles pour virer les miettes. « On continue ? »

TENUE ✽ Il n’y a pas besoin de revenir dessus cette soirée que j’ai oubliée, même si maintenant que j’en connais le déroulement je me sens un peu désolé pour Berry qui a dû me supporter de bourrer, d’ailleurs ça me fait bizarre de me dire que j’ai pu l’être alors que je n’avais jamais bu... Décidément, toutes mes premières fois ce passe avec Berry Héhé ! L’alcool, les baisers, faire le mur... Je souris simplement. Notre relation à évoluer, il ne râle plus quand je dis que nous sommes amis, de toute façon ça ne m’a jamais empêché de le suivre et d’être avec lui, d’ailleurs j’ai toujours le bracelet qu’il m’avait donné avant qu’on ne joue au foot, dont je ne connais pas la signification, pour moi c’est simplement un cadeau. Suite à cela nous finissons par parler de nous, il me questionne même sur ma vie, une première venant de lui, on parle des villes, de nos familles, nous avons un point commun concernant nos pères, la différence c’est que moi je ne le hais pas. « Je veux juste savoir qui il est, il a des enfants apparemment, je me dis que je ne suis pas « seul » c’est bizarre quand j’ai pensé pendant presque toute ma vie que mon père biologique était mort. Je suis curieux de savoir quel genre d’homme il est, s’il connaît seulement mon existence, j’ai tellement de questions à poser. » Pour changer, ce n’est pas nouveau.

« Tu as raison. » Je souris simplement avant de terminer mon gâteau et le verre de vin, n'est pas dégueulasse mais c’est dommage que ça n'a pas le gout du raisin ! « Je vais aller acheter les cadeaux, on se retrouve ici ? » Je veux que ce soit des surprises, alors juste le temps d’aller aux stands voisins trouver de petits trucs ici et là, il faudrait qu’on soit séparé, mais ce n’est que pour mieux se retrouver, après toute la journée est encore loin d’être terminé et y encore tant à voir.

TENUE ✽ Il y a tant de chose à dire entre nous, le coup de la dernière soirée où il était bourré, l'autre jour sur le terrain de foot d'intérieur, ou encore maintenant quand nous parlons de nous, d'où nous venons, de nos famille respective. Je m'ouvre à mon cadet sans râler, sans le refouler comme je le fais si bien d'habitude, j'en viens même à le questionner par moi-même. On parle de nos pères, du fait que je déteste réellement le miens alors qu'il n'éprouve rien de tel pour le siens. Nous avons peut-être un point commun, mais il n'est qu'à demi. Nous sommes des gosses « abandonnés » par notre géniteur, mais les sentiments envers ce sale con est différent. « Et si c'était le pire des connards ? Tu voudrais toujours le connaître ? Ses enfants ne savent même pas que tu existentes, ils s'en fichent complètement de toi et tu vas me dire que tu veux les connaître ? Je ne comprends pas. » Pour clôture, j'hausse les épaules dans un soupire. Il m'étonne fortement mais qu'est-ce que j'y peux. C'est son problème s'il veut le rencontrer, ce ne sera pas mon cas. La seule fois où je verrais le miens, c'est pour lui faire vivre un enfer, exactement le même que le notre.

On ferait mieux de continuer, sinon je vais vraiment finir par rentrer seul et maintenant. Phoenix ne proteste pas et approuve, terminant ainsi nos gâteaux. Il parle de cadeau et j'hoche la tête en pensant aussi aux miens. Ce serait mieux de se séparer pour terminer, puis nous rentrerons chez nous. « ça marche, je vais faire pareil de mon côté. » Dis-je en m'étirant longuement. Je le laisse filer d'un côté pour aller de l'autre, faire le tour des stands pour trouver de quoi acheter à ma mère, ma tante, mes amis, Jirô et même à lui. Oui, j'ai pensé à Phoenix malgré tout. Bon, y a juste le cadeau de mon best qui ne passe pas, mais je reviendrais le chercher plus tard. Quand le tour est fait, je reviens vers le banc où on doit se rejoindre pour terminer la journée, attendant mon cadet tout en regardant mon portable. La journée n'est pas fini, mais on sait déjà qu'on rentrera chacun chez soi plus tard.