tenue. † C’était vendredi soir. Le soir où tout le monde sortait. Le soir ou en général Yuzu sortait pour draguer, faire la fête et oublier tout le lendemain. Mais pas ce soir-là. Elle n’avait pas envie de sortir, elle était un peu fatiguée, mais surtout et avant tout, elle avait envie de barboter et de s’amuser dans l’eau. Depuis combien de temps n’avait-elle pas été à la piscine ? Surtout le soir, seule, sans que personne ne le sache. C’était une petite délinquante et elle adorait bien une chose, c’était se baigner dans le noir. L’adrénaline, la peur, le frisson, tout ça, elle adorait. Parfois, elle s’imaginait l’ombre de l’armoire étant une personne, elle flippait un peu avant de voir que ce n’était… que l’armoire ! Mais elle avait l’imagination fertile ce n’était pas nouveau, ceux qui la connaissaient le savaient. Un soupire s’échappa d’entre ses lèvres, alors qu’elle franchissait la porte de la piscine sans un bruit. Elle ferma derrière elle et se mit à marcher en direction de la piscine. Il n’y avait personne alors pourquoi prendre le temps d’aller dans les vestiaires ? Se déshabillant, finissant en maillot de bains deux pièces elle plongea dans la piscine avant de nager sous l’eau et en ressortir quelques secondes plus tard. Soupirant longuement elle se mit sur le dos en fixant alors le plafond de la piscine. Nageant lentement, elle fermait les yeux se laissant transporter par l’eau avec lenteur. Elle était bien là… Tellement bien. Une fois son cœur calmé, elle reprit la nage, s’amusant toute seule, comme une gamine dans le noir. Tournant, regardant partout, on pouvait même parfois entendre son petit rire cristallin résonner dans la pièce. Elle retrouvait un peu son âme d’enfant. Après plusieurs minutes à faire la folle, elle soupira en faisant la planche sur l’eau. Les yeux fermés elle restait inerte avant d’entendre un bruit. Etait-ce son imagination ou pas ? Ne bougeant plus, se collant contre l’une des parois de la piscine, elle regarda vers l’entrée de celle-ci. La tête à moitié sous l’eau, le nez dépassant simplement pour pouvoir respirer, elle avait le cœur qui battait la chamade. Cette fois, elle en était sûre, il y avait quelqu’un.

♥ †  Ce soir, c'était piscine. Yuto n'avait pas forcément l'habitude de s'y rendre, mais comme il n'était pas forcément recommandé d'y aller une fois qu'elle n'était plus, normalement, accessible au commun des mortels, ça l'intéressait beaucoup plus. Depuis quelques années désormais, il avait découvert que briser les interdits avec quelque chose de particulièrement excitant et, s'il avait au début eu du mal à se laisser aller, il avait appris qu'un pas de côté n'était pas particulièrement désagréable. De plus, tant que personne n'était au courant, cela avait-il une quelconque importance? Il avait simplement besoin de retrouver un semblant de tranquillité, ce soir, et il n'avait aucune envie de se joindre à une petite soirée improvisée. Hors de question de parler de celle à laquelle son père devait assister ce soir. Prétendre étudier pour une interrogation importante et fermer à clé la porte de sa chambre était une astuce parfaite pour le duper. Parfois, il se demandait comment le vieux faisait pour être aussi naïf.

Se traînant lentement dans les couloirs de l'école, ne répondant de toute façon plus à un horaire à une heure aussi tardive, Yuto s'assura qu'il n'était pas suivi par le concierge ou toute autre personne avant de pousser la porte de la piscine du campus, se débarrassant rapidement des vêtements superflus qu'il portait afin de se retrouver avec son seul maillot. Ce n'était pas la première fois qu'il venait à cette heure, et il savait qu'il parviendrait à trouver le calme qui lui manquait en se laissant glisser dans l'eau claire. C'était, à ses yeux, mille fois plus relaxant qu'un bain.

Dans l'obscurité presque totale, il s'était alors avancé vers le bassin, écoutant le doux clapotis de l'eau qui semblait étrangement agitée, pour une piscine déserte. Il ne s'en formalisa pas et finit par se glisser dans l'eau, s'immergeant totalement dès qu'il fut habitué à sa température, avant de rabattre ses cheveux d'une main, se tenant un peu au bord de l'autre. Il s’éloigna ensuite un peu du bord, laissant ses yeux s’habituer aux ténèbres de la soirée, se laissant un peu flotter sur le dos, comme il le pouvait. Cependant, sans qu’il puisse se l’expliquer, il ne parvenait pas à se calmer. Il lui avait semblé voir quelque chose bouger, juste à sa gauche, et il n’avait pas l’esprit tranquille depuis. C’est pourquoi, en un soupir, il se redressa un peu, se maintenant à la surface en fixant un point qu’il n’était pas en mesure de voir, quelque part dans le noir.

« Il y a quelqu’un ? »

Son esprit ne lui jouait quand même pas des tours ?

tenue. † S’il y avait bien quelque chose qu’elle aimait, c’était de nager. Elle adorait nager, barboter, flotter sur l’eau, se laisser bercer doucement par cette matière et rester des heures ainsi. C’était un poisson dans l’eau, une sirène en quelque sorte. Dans une autre vie, elle avait dû être Ariel. Elle en était persuadée même. Et puis ce qu’elle adorait surtout, c’était d’être seule dans ces moments-là. Elle se sentait libre, apaisée, et tant d’autre chose. Elle ne saurait l’expliquer, mais c’est bien pour ça qu’elle allait souvent dans la piscine la nuit. C’était illégale et elle le savait, mais bien au contraire ça l’excité. Elle aimait l’adrénaline et les choses dangereuses. C’était un peu comme taguer les murs de la ville. Il lui fallait courir très vite si un policier la surprenait. Mais ce soir apparemment c’était bien différent. Elle semblait ne pas être seule. C’est bien pour ça qu’elle se colla contre un bord de la piscine pour s’enfoncer dans l’eau, laissant simplement son nez sortir pour respirer. Et en moins de deux minutes elle entendit des bruits de pas et quelqu’un entrer dans l’eau. Son cœur battait tellement vite. Depuis quand d’autres gens faisaient comme elle ? Et puis qui c’était ? Il faisait tellement noir et sombre qu’elle ne voyait que l’ombre de cette personne. Il ou elle semblait grande… Son intuition lui disait que c’était un homme. Elle l’écoutait barboter et nager. Elle restait inerte, sans s’annoncer. Ça l’amusait un peu à vrai dire. « Il y a quelqu’un ? » Elle souriait doucement sous l’eau avant de prendre sa respiration et sans un bruit se glisser entièrement sous l’eau. Propulsant son corps de ses pieds contre le mur de la piscine elle avança vers lui avant de se placer dos à lui. Essayant de faire le moins de bruit possible elle sortit de sous l’eau avec une extrême lenteur avant de sourire. « Bouh. » Dit-elle en lui tapotant l’épaule. « Je pensais être la seule délinquante à venir m’amuser dans la piscine, je vois que finalement… Je ne suis pas si seule que ça. » Amusée elle se mit à nager tout autour de lui en le regardant. Elle ne le voyait pas bien à cause du manque de lumière. Elle arrivait plus ou moins à identifier la forme de son visage. C’était déjà pas mal. « Tu es venu passer du bon temps hum ? » Elle soupira en nageant s’amusant à lui tournant autour.

♥ †  Les occasions auxquelles Yuto pouvait se rendre à la piscine étaient rares, mais suffisantes pour lui permettre de se détendre. C’était tellement différent des soirées qu’il passait en compagnie de parfaits inconnus, dans des bars perdus à la musique trop forte où se déroulaient parfois des scènes assez particulières. Dans l’eau de bassin, il était tranquille, comme l’eau fraîche dans laquelle il se laissait glisser. L’obscurité ajoutait grandement à la sérénité que ça lui apportait, bien qu’il ne sache pas si, oui ou non, il était le seul présent à la piscine en cet instant. Un mystère qui resterait irrésolu puisque, malheureusement pour lui, son appel n’obtint aucune réponse.

Aucune, jusqu’au moment où une voix retentit juste derrière lui, en même temps qu’on lui tapotait l’épaule. Avec tout le courage dont il était capable, mais surtout en frôlant la crise cardiaque, Yuto fit volte-face dans l’eau, laissant ses yeux retombés sur la silhouette féminine qui s’adressait à lui. Il pensait être seul, elle aussi. Voilà qui était plutôt raté.

« Effectivement. » Dit-il en un rire qu’il aurait voulu plus franc, sans s’être vraiment remis de cet instant de frayeur. « Tu aurais au moins pu éviter de me faire peur. »

Il avait eu peur, oui, c’était ridicule. Il aurait dû savoir que quelqu’un était là, au lieu de poser cette question comme un idiot, mais ce n’était pas le cas. Il se maudissait désormais d’avoir été si bête, mais il regrettait encore plus que la tentative de cette jeune femme ait fonctionné.

« Du bon temps ? » C’était… assez amusant, dit comme ça. « Je voulais surtout me détendre, en fait, mais tu avoueras que c’est pas évident lorsqu’on te surprend. »

S’il comptait lui rappeler encore qu’elle lui avait fait peur ? Il lui en voulait un peu, tout au fond de lui, mais d’un autre côté, il trouvait ça plutôt drôle. Lui, Yuto, si grand, si fort, si beau, effrayé par une étudiante ? C’était risible, vraiment.

« T’as jamais eu de problèmes pour ça ? »

Venir à la piscine en pleine nuit. C’était mal, ils risquaient certainement d’avoir des problèmes s’ils étaient découverts, mais d’un autre côté, Yuto trouvait cela terriblement excitant. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il passait certaines soirées hors du cadre si guindé et bourgeois qu’il connaissait habituellement. Il aimait l’interdit, il aimait faire les choses que l’on attendait qu’il ne fasse pas, le tout sans être découvert. Un véritable ado en pleine rébellion, il le savait, mais ça ne le dérangeait pas.

Il se laissa un peu flotter dans l’eau, profitant de la caresse de cette dernière sur sa peau. Ça lui avait vraiment manqué.

tenue. † « Effectivement. Tu aurais au moins pu éviter de me faire peur. » La jeune fille se mit à rire, faisant faire un écho assez mignon dans la grande salle. Ça pourrait presque faire peur… La nuit, les reflets de l’eau, mais aussi des étoiles et de la lune qui passaient par les petites fenêtres en haut… La faible luminosité qu’il y avait dans la pièce pouvait virer au cauchemar dans leur tête avec leur simple imagination. « Tu n’as pas fait pipi dans l’eau j’espère ? Ils ont mis un produit qui devient bleu quand on fait pipi, fait attention. » Elle le taquinait comme toujours. Elle ne le connaissait pas et sa voix ne lui disait strictement rien, mais elle l’appréciait déjà. Il lui en fallait peu de toute façon à la petite nippone. Tant que l’homme ne l’ignorait pas alors tout allait bien. « Du bon temps ? Je voulais surtout me détendre, en fait, mais tu avoueras que ce n’est pas évident lorsqu’on te surprend. » Il avait raison, mais bon elle n’allait pas partir pour autant, même s’il était venu pour se détendre. Ils étaient venus tous les deux, dans le même but. Alors ils le feront à deux. Plus on est de fous et plus on rit. Ce n’est pas ça que l’on dit ? Elle nageait tranquillement à côté de lui, pour le narguer un peu et voir plus ou moins à qui elle avait à faire. « T’as jamais eu de problèmes pour ça ? » La nymphe se redressa en soupirant quelque peu. « Non pas vraiment. Je me suis jamais fait prendre, excepté ce soir par toi. » Elle fronça les sourcils avant de sourire en coin. « Je crois qu’en fait, personne ne vient vérifier la piscine, ils doivent penser qu’on est tous des élèves disciplinés et tout… S’ils savaient. » Oui, parce que se baigner le soir et sans surveillance était interdit, mais là elle n’était pas seule, ils étaient deux. Deux à le faire ? Qui ne disait pas qu’il n’y avait pas d’autres élèves qui faisaient la même chose de temps en temps les autres soirs ? Le regardant faire la planche, elle s’approcha silencieusement vers lui avant de poser ses mains sur son ventre pour le faire couler. « C’était trop tentant, j’espère que tu ne m’en veux pas ? » Elle lui jetait de l’eau à la figure en profitant pour l’éclabousser.

♥ †  Il aurait voulu être tranquille, ne pas avoir à s’inquiéter de la présence d’une autre personne, et malgré tout il ne parvenait pas à se montrer hautain comme il l’aurait été habituellement. Cette fille ne pouvait pas le voir, du moins il ne pouvait la voir, elle, alors ce n’était pas grave s’il n’adoptait pas le même comportement qu’avec les autres. De plus, si elle se trouvait dans cette piscine, elle ne devait pas posséder les mêmes valeurs que les autres étudiants de cette école. Il les détestait tellement, par moments.

« Hm, non, rassure-toi. » Répondit-il en un rire, même s’il savait qu’elle connaissait déjà la réponse.

Il ne put s’empêcher de sourire un peu aux paroles de la demoiselle. C’était drôle sans l’être.
« Les élèves disciplinés, c’est une utopie, un peu. »

Du moins, à ses yeux. Pendant longtemps, il y avait cru, il avait voulu être le petit garçon parfait qui ne faisait pas un pas de travers, mais les choses fonctionnaient bien mieux pour ceux qui osaient sortir des chemins tout tracés et qui prenaient le risque de faire ce qu’ils souhaitaient. Il n’était plus un élève discipliné depuis longtemps, du moins, lorsque les cours prenaient fin. Un ricanement s’ajouta au bruit de l’eau alors qu’il réfléchissait en se laissant porter, juste avant de se redresser vivement, empêchant l’eau de s’engouffrer dans ses poumons.

« Hey ! » Quelle autorité, on l’oscarisait pour ça. « Je t’ai pas donné l’autorisation. »

Certaines choses ne changeaient pas, et le désir d’autorité de Yuto en faisait partie. Il se mit toutefois à rire alors qu’il remettait en place ses cheveux, d’un geste de la main, et il s’approcha de la silhouette de sa camarade délinquante pour l’enfoncer dans l’eau à son tour, sans pitié.

« Désolé, je coulais, il fallait que je me retienne à quelque chose. » Annonça-t-il, faussement désolé, lorsqu’il la laissa remonter à la surface.

Ça l’amusait. Il n’aurait pas pu dire pourquoi, mais ça l’amusait énormément. Peut-être tout simplement parce qu’il n’aurait pas dû se trouver là ?

tenue. † « Hm, non, rassure-toi. » La jeune nymphe sourit doucement. Elle était amusée de sa réponse, pourtant très banale. Quelque chose en elle, lui intimer de s’amuser, de prendre cette venue inattendu comme une sorte de bénédiction. Elle ne s’était pas une seule fois doutée, qu’en venant à la piscine elle pourrait s’amuser autant. Venir pour se détendre, réfléchir, barboter dans l’eau, c’était quelque chose qu’elle faisait souvent, mais ce soir, elle n’était pas seule. Ce soir ils étaient deux. Ce soir il y avait un homme dans son antre. Le jeu pouvait commencer. « Les élèves disciplinés, c’est une utopie, un peu. » Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres. Oh qu’elle était d’accord avec lui ! Une réelle utopie… Elle-même détestait être sage… Elle détestait obéir et n’en faisait qu’à sa tête. C’était un peu sa marque de fabrique. Profiter, ne pas rester enfermer dans le cadre de l’élève qui ne profitait pas ni rien. « Je déteste la discipline. Tu veux bien être mon compagnon de rébellion ? » susurra-t-elle d’une voix légèrement taquine et amusé. Parce que oui, ça l’amusait. Maintenant qu’il était là, elle n’avait pas envie de rester sage. Elle voulait s’amuser, faire la folle, franchir les interdits. Et elle ne tarda pas à commencer. Pour preuve, alors que monsieur, flottait en faisant la planche, elle s’approcha de lui pour le faire couler avant de s’éloigner en riant doucement. « Hey ! Je t’ai pas donné l’autorisation. » Elle pouffa doucement en passant sa main dans ses cheveux. « Si tu penses pouvoir être autoritaire avec moi, tu es fichu. Je n’obéis à personne. » Elle le provoquait peut-être un peu. Mais c’était la stricte vérité. Elle n’obéissait jamais, n’en faisait qu’à sa tête, et voulait toujours qu’on suive son chemin. Le voyant s’approcher, sans trop le distinguer, elle le sentit la touche pour la couler. Se retrouvant vite sous l’eau elle remonta automatiquement une fois qu’il la lâcha. « Désolé, je coulais, il fallait que je me retienne à quelque chose. » Elle se mordit la lèvre. « C’est pas bien de mentir… » sa voix était basse, comme un secret entre eux deux. Sans attendre de réponse elle passa ses bras autour de ses épaules pour prendre appuie et tenter de le couler en se dressant sur ses bras. Corps contre corps, elle sentit sa poitrine se glisser sur le visage de son compagnon de piscine alors qu’elle riait. « Pourquoi tu coules paaaaaas. » Elle appuyait un peu plus sur ses épaules avant de se laisser tomber, s’agrippant bien à ses épaules, une de ses jambes s’enroulant à l’une des siennes, l’autre elle, s’enroulait autour de sa taille. Remuant contre lui, en essayant de ne pas rire trop fort, elle faisait tout son possible pour le faire aller sous l’eau. Ou alors, elle faisait tout pour… Qu’il fasse autre chose. Allez savoir avec Yuzu. On ne saura jamais son but ultime.

♥ † Rien n’était aussi jouissif que le sentiment de libération que Yuto ressentait lorsqu’il agissait à l’encontre de ce qu’on attendait de lui. C’était bien plus cool de faire le mal lorsqu’on était habitué à suivre les règles, et comme il passait le plus clair de son temps à passer de l’un à l’autre, il ne pouvait que s’amuser ce soir. Et les propos de sa camarade lui arrachèrent un sourire.

« C’est déjà le cas, non ?  » Un rire lui échappa finalement.

Cette fille avait quelque chose d’amusant dans sa façon de faire. C’était un peu comme si on ne pouvait pas s’opposer à elle, chose dont elle lui donna la conviction un peu plus tard.  Il était autoritaire avec qui il voulait, quand il voulait, et aussi rebelle cette fille puisse être, elle n’avait pas d’autre choix que de lui obéir. C’est pourquoi, dans l’obscurité, Yuto haussa un sourcil en l’entendant. Ce côté rebelle était presque mignon. Cette fille se ferait certainement prendre avant lui, et quelque part, ça aussi, ça l’amusait.

« Je mens pas, pourquoi je mentirais ? »

Et il ne mentait jamais. Il avait vraiment manqué de couler, pauvre enfant qu’il était. Ah, ce que ça l’amusait. Un sourire prit place sur son visage jusqu’au moment où la demoiselle vint se hisser contre lui. Un peu haut, d’ailleurs, mais il n’allait pas s’en plaindre. Son souffle se coupa un peu alors qu’il s’efforçait de ne pas couler, mais il avait rapidement attiré la demoiselle vans un endroit où il avait pied, la laissant s’agiter autant qu’elle le voulait en riant un peu.

« J’aurais du mal à couler en ayant pieds… Toi par contre. »

Son rire résonna à nouveau dans la pièce, alors qu’il éloignait difficilement la demoiselle de lui en la prenant par la taille, pour ensuite la prendre dans ses bras et la lancer un peu plus loin. On ne s’en prenait pas à Hashimoto Yuto impunément.

« T’es pas farouche quand même. »

Ce n'était pas sans lui déplaire, mais il n'allait rien en dire.

tenue. † « C’est déjà le cas, non ? » Elle aimait sa répartie. Il avait raison, c’était déjà le cas, puisqu’il était ici avec elle. Dans l’illégalité la plus complète. « Tu me plais toi. » Oui, elle ne passait plus par quatre chemins, elle allait lui dire les choses clairement, sans aucune gêne. Si ça ne lui plaisait pas, il pouvait très bien partir. Après tout c’était elle qui était là, la première. Elle n’allait donc pas déserté pour le bon être de cet inconnu dont elle ne connaissait même pas le prénom. Puis rapidement ça dégénéra. Dans le sens ou la jeune nymphe n’allait pas rester sagement à barboter dans l’eau et le laisser seul dans son coin. Ce n’était pas son délire. Ceux qui la connaissaient, le savaient parfaitement. Yuzu n’avait aucune limite, aucune honte, aucun tabou. Elle croquait la vie à pleine dent. « Je mens pas, pourquoi je mentirais ? » Hum… Elle l’observa longuement, sans pour autant discerner son visage. Ça l’ennuyait tout comme ça l’excitait de ne pas savoir qui elle avait en face d’elle. « Je ne sais pas… » Sous ses paroles, elle essaya de le couler, sans y arriver, pourtant elle faisait tout son possible mais il ne vacillait pas. Elle n’essayait pas que ça d’ailleurs. On voyait bien son petit manège… Elle voulait le faire craquer, elle voulait qu’il fasse le « premier » pas. Elle voulait s’amuser, mais pas comme des enfants pouvaient s’amuser dans une piscine… Oh non. « J’aurais du mal à couler en ayant pieds… Toi par contre. » Elle plissa longuement le nez avant de lui arroser le visage. Sentant ses mains sur sa taille, elle arrêta tout mouvement, le laissant faire avant de… Se faire balancer au loin. Faux espoir ! Elle y avait cru ! « T’es pas farouche quand même. » Elle rumina dans son coin avant de regarder au bord de la piscine, les frites en mousse… Sans un bruit et sans rien répondre, elle en prit une avant de nager tout en silence vers lui. C’était pas du tout suspect ce silence… non du tout… Arrivant près de lui, elle le toucha de sa frite avant de rire légèrement. « J’aime m’amuser. Désolée jeune inconnu mais tu ne risques pas de te reposer ce soir. » Dit-elle avant de prendre les deux bouts de la frite de ses mains et la passer dans le dos de l’homme pour le tirer vers elle et le bloquer. « Coucou. »

♥ †  Le sourire de Yuto devint plus marqué aux propos de son interlocutrice. Elle l’amusait toujours autant. Et quand elle répondit avec la même expression, il ne put s’empêcher de rire un peu avant de résister à l’assaut auquel elle donnait lieu. Pensait-elle vraiment pouvoir le couler, lui ? Elle avait bon espoir et, cela aussi, ça l’amusait. En fait, cette situation entière avait quelque chose d’assez amusant, et comme il l’avait déjà pensé plusieurs fois, d’excitant. Ils ne voyaient pas grand-chose, ne pouvaient même pas dire qui était l’autre, et pourtant ils continuaient à jouer dans l’eau comme deux enfants… Des enfants ? Ils ne l’étaient pas vraiment, et il avait pu en juger lui-même un peu plus tôt, quand sa tête s’était retrouvée, malencontreusement, dirons-nous, contre la poitrine de la jeune femme.

Son rire se fit plus fort après qu’il l’avait envoyée dans l’eau, et il ne put s’empêcher d’être fier de son accomplissement. Pauvre petit étudiante trempée parle grand méchant Yuto qui l’avait lancée en traitre. C’était amusant, il se prenait au jeu, peut-être un peu trop, d’ailleurs.

Comme son explication restait sans réponse, il fronça légèrement les sourcils.

« T’es toujours là ? »

Il ne voyait rien flotter là où il l’avait lancée, au moins, c’était une bonne chose. Qu’est-ce qu’il aurait fait, si elle s’était noyée ? Il aurait dû trouver un ami pour dissimuler le corps. Horrible. Il allait s’approcher pour chercher après l’autre étudiante quand il sentit quelque chose toucher son bras et, par réflexe, tourna la tête dans cette direction.

« Coucou délinquante. » Répondit-il en un sourire, tiré par la demoiselle sans vraiment résister, à vrai dire. « Belle soirée, pas vrai ? »

Un ricanement lui échappa à cette bêtise, et il glissa les mains autour de la taille de la jeune femme pour l’amener un peu plus contre lui avant de reprendre d’un ton légèrement moqueur.

« Tu veux encore finir à l’eau ? »

Il était temps qu’il se calme, maintenant, car la partie devenait un peu trop intéressante à ses yeux. Beaucoup trop, même.

tenue. † « T’es toujours là ? » Non elle était partie, loin, très loin, et l’avait abandonné… Bien évidemment qu’elle était toujours là… Elle faisait exprès de rester silencieuse, elle voulait le surprendre dans cette noirceur assez déconcertante. Et c’est bien ce qu’elle fit assez rapidement tout de même, une fois qu’elle eut la frite en main et fut assez proche de lui pour pouvoir le toucher de celle-ci. Oh, pas bien fort non plus… Juste assez pour le faire se tourner. Sans attendre elle le captura de sa frite avant de le tirer vers elle. Elle n’était pas dupe, il se laissait faire, il aurait pu résister, vu qu’il avait pied. « Coucou délinquante. » Elle ne put s’empêcher de sourire à son ton, à sa phrase. « Belle soirée, pas vrai ? » Sentant ses mains sur sa taille, elle le laissa faire, osant espérer, cette fois, qu’il ne la jetterait pas à l’eau. Elle en profita pour enrouler avec douceur, ses jambes à sa taille, avant de resserrer ses cuisses pour se coller bien contre lui. « Très bonne soirée oui. » Dit-elle en tenant la frite pour le bloquer contre elle, comme pour l’empêcher de fuir. « Tu veux encore finir à l’eau ? » Elle ne put s’empêcher de rire. Approchant son visage de son oreille, elle attrapa celle-ci de ses dents pour la mordiller l’air de rien. « Tu veux que je te dise un secret ? On est déjà dans l’eau… » Oui, elle se moquait un peu de lui là, mais c’était avec amusement. Il n’y avait rien de méchant là-dedans. Se redressant un peu, elle lui fit face, collant légèrement son front au sien. Elle arrivait un peu, oui un peu à visualiser son visage. Elle lâcha la frite, la laissant flotter et faire sa vie, avant de poser ses mains sur ses joues pour caresser son visage, et mieux voir la forme de celui-ci. « Tu veux bien qu’on s’amuse ensemble ? » Sa voix était révélatrice de sa demande. Elle ne s’en cachait pas. Elle n’avait pas honte.

♥ † Sournoise. Oh oui, cette petite était sournoise, vraiment, et ça l’amusait vraiment. Au lieu de la lancer, cette fois, Yuto la laissa la demoiselle approcher, ses mains posées sur sa taille délicate alors qu’il essayait de discerner ses traits. Une lutte inutile qu’il abandonna rapidement, riant plutôt aux propos de l’autre délinquante qui, tant par ses propos que par ses gestes, se faisait trop invitante pour qu’il parvienne à l’ignorer. Pour qu’il désire l’ignorer. C’était tellement plaisant.

« C’est vrai. » Répondit-il avec amusement, alors qu’elle commençait sérieusement à l’atteindre.

Après une nouvelle tentative pour distinguer ses traits, Yuto abandonna, se reposant sur les sens dont il disposait pleinement ; le toucher, la peau de cette inconnue qui se trouvait juste sous ses doigts ; l’ouïe, avec le clapotis de l’eau qui les entourait, le bruit de leurs respirations ; l’odorat, qui percevait clairement l’odeur chlorée de l’eau, mais également cette de son interlocutrice. Restait le goût, mais il ne manquait pas d’options pour le découvrir également. C’était terriblement stimulant.

« T’as pas peur qu’ils aient mis un produit dans l’eau pour ce genre de choses ? »

Il ne fallait pas plus que cette proposition un peu trop évidente pour que Yuto approche un peu plus la demoiselle de son corps, de sorte que son torse entre en contact avec sa poitrine. Ça ne le dérangeait pas. Tant que personne ne l’apprenait, il s’en moquait. Ils auraient même pu être plusieurs, ça n’aurait rien changé ; cela faisait désormais bien longtemps qu’il ne se préoccupait plus de ce genre de détails.

S’assurant que la jeune femme était bien contre lui, il s’approcha de bord du bassin pour l’appuyer contre celui-ci, juste avant d’unir ses lèvres à celle de la délinquante. Le goût était là désormais, c’était bien mieux qu’il ne l’aurait pensé au départ. Mais c’était peut-être parce qu’il était doué et qu’il avait l’habitude. Après, il n’allait quand même pas la brusquer, elle ne savait peut-être pas exactement ce qu’elle faisait, même si elle agissait comme telle.

tenue. † « C’est vrai. » Bien évidemment que c’est vrai. Elle avait toujours raison la jeune nymphe. Ou alors elle avait un léger égo surdimensionné. Dans tous les cas, là, actuellement elle voulait s’amuser avec lui, elle voulait s’amuser de lui, elle voulait autre chose que barboter et flotter dans l’eau. « T’as pas peur qu’ils aient mis un produit dans l’eau pour ce genre de choses ? » Elle sourit doucement à sa question. « Ca n’existe pas. » Susurra-t-elle, alors que leurs corps se collaient l’un contre l’autre. Sa poitrine contre son torse, elle sentit sa peau frissonner, avant de soupirer en sentant son dos heurter avec douceur le bord de la piscine. Enroulant ses jambes à sa taille, elle ferma les yeux de bien être sous son baiser. Entrouvrant les lèvres, elle l’embrassait, répondant longuement alors qu’elle ne se privait aucunement. Dévoilant un message à ce baiser. Ce n’était ni anodin, ni pure. C’était long, langoureux, démonstratif… Bref, elle le voulait. Sa main se logeant dans ses cheveux, elle les tira doucement avant de plaquer un peu plus son visage contre le sien. Le souffle totalement coupé son autre main caressait la peau de l’inconnu, le griffant quelque peu sous l’eau, en sachant que ça ne laisserait aucune trace. Rompant doucement le baiser, elle chercha l’air avant de plonger son visage dans son cou pour le dévorer avec douceur et sensualité. Léchant et mordant sa peau, aspirant par moment celle-ci pour laisser quelques marques avant de monter à son oreille. Le souffle saccadé, elle tentait de prendre un rythme normal avant de souffler au creux de celle-ci. -Et non Satoshi, tu verras pas ce qu'elle lui dit haha.-

♥ † Depuis quand les étudiantes de cette école n’étaient plus de petites filles à papa trop sages ? C’était une question pertinente. Yuto avait l’impression que la demoiselle qui lui faisait face n’était pas de celles qui tournaient en rond inutilement, à attendre que le temps passe. C’était ce qu’elle dégageait et, dans son cas, ça ne le dérangeait pas vraiment. Il avait tellement mieux à faire que s’inquiéter de ce que pouvaient penser une étudiante qu’il croisait à cette heure, dans cet endroit. Il préférait profiter de l’occasion qu’on lui offrait plutôt que de se demander comment il en était arrivé là car, après tout, il contrôlait toujours ce qui lui arrivait, ou presque.

Quand il sentit les jambes de sa camarade entourer sa taille, il se perdit un peu plus dans le baiser qu’elle lui donnait. Indécent. Incorrect. Tout ce qu’on aurait pu imaginer de bon, mais d’interdit pour des personnes de bonne famille. Il adorait ça, tout simplement, au point de s’en maudire lui-même. Pourtant, il savait qu’il ne serait pas arrêté par un acquis de conscience soudain. Ce n’était pas son genre.

Et elle était sauvage,  cette fille. Ce n’était pas la première fois qu’il le faisait, mais Yuto avait rarement connu des demoiselles aussi entreprenantes, et cela avait quelque chose d’assez déstabilisant, quand il y pensait. C’était lui, le mâle dominant, celui qui contrôlait les événements. Enfin, habituellement, car il se trouvait en train de frissonner sous ses geste ; quant à ce qui l’excitait le plus entre ces derniers et la situation  en elle-même, il ne pouvait se décider.

tenue. †

♥ †

tenue. †

♥ †

tenue. †

tenue. †

Le poussant doucement, elle sourit avant de fourrager un peu ses cheveux. « Merci t’étais pas mal. » Dit-elle d’une voix coupée par le plaisir encore présent qui venait de la dévaster. S’éloignant de lui, elle flotta quelques secondes dans l’eau comme pour se remettre de ce qui venait de se passer. Sortant de la piscine elle sourit en regardant vers l’eau. « Qui sait, peut-être qu’on se recroisera ici…Je viens souvent… » Une invitation ? Qui sait.

♥ † Il y avait un certain charme à l’idée de commettre un tel acte dans un lieu public. C’était excitant, bien plus que ça ne l’était habituellement, que lorsqu’il avait la merveilleuse idée de s’unir à une pauvre fille dans une chambre d’hôtel, simplement parce qu’il se faisait chier en soirée. Ici, c’était différent. Le simple fait de le faire dans une piscine avait quelque chose d’un peu plus sauvage, un côté qui était loin de déplaire à Yuto. S’il avait pu continuer, encore et encore, il n’aurait certainement fait. Malheureusement, le corps possédait ses limites, et il ne put pas durer éternellement. Néanmoins, le summum du plaisir n’en était pas moins agréable.

Haletant, l’étudiant était plus que satisfait de son accomplissement de la soirée. Le simple fait qu’une femme se donne à lui suffisait amplement à faire son bonheur, comme il aimait posséder les choses et les gens, même s’il savait qu’aucune n’était capable d’égaler celle qu’il avait prétendument trahie. En un sourire décoché dans l’obscurité, écouta les propos de l’inconnue qui ne semblait pas mesurer ses propos. Il n’était pas « pas mal ». Il était bon. Génial, même, mais elle avait peut-être une forte tendance à l’euphémisme, ou juste très peu de goût, c’était à voir.

« Qui sait ? Peut-être. »

Ce n’était pas important. Pouvait-il seulement s’en inquiéter, comme il ne voyait aucun intérêt en cette fille, si ce n’était son sexe. Malgré tout, il nota dans un coin de son esprit que celle-ci se rendait souvent sur place et, quelques instants plus tard, avait également quitté la piscine, replaçant ses cheveux d’un geste de la main alors qu’il s’éloignait du bassin pour aller se rhabiller. Inconsciemment, il traîna même un peu, espérant sans doute conserver le mystère de l’identité de cette fille. Il n’avait pas envie de savoir qui elle était et, par chance, il ne le saurait peut-être jamais.

tenue. † Tout c’était déroulé si vite, pourtant ça avait pris son temps, mais c’est toujours comme ça. Une fois finie, on se dit que c’est passé très vite, trop vite même. C’était un peu le cas de Yuzu en ce moment, même si elle avait terriblement apprécié ce qui venait de se produire. Mais malgré le fait que ça se soit passé vite, elle n’allait pas lézarder contre cet inconnu et faire des mamours et papouilles pour autant. Elle n’était pas ce genre de fille. Ce n’était pas le style romantique. Une fois qu’elle avait eu son attention, son plaisir, elle s’en allait, s’évaporant dans la nature. C’est bien pour ça qu’elle quitta son corps et la piscine, sortant sans aucun souci pour le remercier à sa façon. « Qui sait ? Peut-être. » Elle se mordit les lèvres en le suivant dans la pénombre. Il était grand, mince et élancé. Elle humait l’air, comme dans un dernier souvenir. Un sourire se logea sur son visage, alors qu’elle le regarder s’en aller au loin. Elle se demandait qui ça pouvait bien être, mais sans pour autant vouloir le savoir à tout prix. Se penchant elle ramassa son maillot l’essorant dans la piscine avant de faire claquer le tissu dans l’air pour faire sortir le maximum d’eau. Peut-être qu’elle le recroiserait ici un soir… Qui sait ce qu’il s’y passerait à nouveau. Relevant la tête, la lycéenne se dirigea d’un pas silencieux et déterminé vers les vestiaires pour prendre une douche et se rhabiller. Bizarrement elle était de bonne humeur. Peut-être parce qu’elle avait eu un moment assez intense avec un parfait inconnu. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que l’être humain pouvait s’entendre avec tout le monde dans le noir. Pourquoi ? Parce qu’on ne prêtait aucun jugement sur quoi que ce soit, se fiant simplement à son instinct. Cette expérience lui avait plu.