Andrew ne changera jamais ses habitudes. Ce soir, encore, il traîne dans les rues, à la quête de quelque-chose dont il a énormément besoin : l'argent ! Les temps sont difficiles et il tente en vain de retrouver certains de ses habituels clients qui l'ont contactés, tout au long de la journée. Certains viennent, payent et se tirent sans rien demande de plus. D'autres tentent de diminuer le prix de vente, en faisant pitié, en se justifiant de ne pas avoir assez de monnaie sur eux et qu'ils ont extrêmement besoin de leur dose quotidienne. Andrew leur a refusé de vendre cette saloperie à bas prix et, évidemment, ça lui a attiré quelques emmerdes. Ces mêmes personnes se sont exclamés un peu trop fort dans la rue, presque larmoyants, hurlant d'en avoir besoin. Andrew s'était tiré avant que ça ne lui apporte de sérieux ennuis. Il a beau avoir fait un petit tour en prison – une fois, il pourrait y retourner et pour plus longtemps, à cause de ces abrutis. Dorénavant, il ne cherche plus à comprendre, il se casse et les laisse chialer toute la misère du monde sur un bout de trottoir. Il n'a pas que cela à faire – de se préoccuper des problèmes des gens. Lui aussi, il en a et il ne s'en est jamais plains à personne. Et puis, en y songeant bien, à qui pourrait-il se plaindre ? Il est tout seul depuis qu'il est sorti de taule, alors il n'a pas eu d'autre choix qu'à se démerder comme il le peut. Aussi, Andrew avait croisé le fameux gaillard qui tente en vain de lui piquer sa clientèle. Ce n'est pas qu'il déteste ce gamin, mais il lui casse sévèrement les couilles de tenter de lui piquer son pognon. C'est sûr que l'autre, en a besoin aussi, mais qu'il aille faire ses petites affaires ailleurs, au lieu de piquer ses contacts. Et bien sûr, pour ne pas arranger les choses, il avait apprit – récemment, que ce mec baissait ses prix pour obtenir le maximum de personnes possible en tant qu'acheteur. Plus d'une fois, Andrew avait damné ce mec, dans sa tête. En vrai, il se serait fais une joie de lui casser la gueule, mais il doit se tenir à carreaux. Les problèmes, il les évitent au maximum.

Après avoir traîné pendant trois bonnes heures, dehors, le temps changea. La nuit s'était profondément installé, il faisait plus frais et Andrew n'avait pas spécialement pensé à enfiler un pull sous sa veste. « Tant pis ! » pensa-t-il. S'il a la crève, ça lui apprendra de sortir sans se couvrir comme il le faut. Ce moment lui rappela celui où cette saloperie de gouvernante lui gueulait dessus lorsqu'il ne pensait pas à mettre un manteau avant de sortir. En vrai, si elle avait pu, elle l'aurait séquestré. Cette vieille bonne femme n'a jamais apprécié de le savoir dehors, elle aurait largement préféré qu'il fasse le larbin à apprendre ses cours sur le bout des doigts et à faire convenablement ses devoirs, sauf qu'Andrew, était très loin de tout cela, il en avait toujours eu rien à foutre.
Il prit la décision de s'installer dans un café. À l'approche de la fin de semaine, les bars-restaurants attiraient plus de monde afin qu'ils puissent passer du bon temps en se faisant une bouffe ou allant boire un verre après le boulot. Cependant, il se faisait tard et certains n'avaient plus vraiment toute leur tête. Un type, installé au comptoir, insista pour avoir un nouveau verre, requête qui fut refusé par le barman. Il entendit le mec protester, mais n'écouta pas vraiment la conversation agitée des deux hommes. Il n'avait vraiment pas envie de se mêler des affaires des autres. Il ne l'a jamais fait et ne le fera pas ce soir. Il s'installa à une table, un serveur vint rapidement à lui et il commanda un soda, pétillant. Il avait arrêté de s'arracher la tête au whisky, ça ne le réussissait pas du tout. Il n'avait pas envie, non plus, de se réveiller demain matin, avec la gueule dans le pâté. Tout cela, maintenant, semble loin derrière lui et quelque part, c'est une bonne chose.

Il resta assis là, jusqu'à la fermeture du bar. Ensuite, il prit la direction d'une boîte de nuit. Ce n'était pas un de ces endroits favoris, mais il n'avait pas envie de rentrer chez lui, ni de dormir et ni de s'installer comme une grosse vache dans son canapé et regarder la télévision. Télévision qui le saoule par dessus tout. Il n'en peut plus d'entendre tout un tas de conneries sortant de cet écran, ça le fatigue. Ça aurait pu être une solution pour qu'il s'assoupisse en deux minutes, mais non, il n'avait pas envie de faire ça.
Il resta dans son coin. Une ou deux jeunes demoiselles vinrent l'accoster. Il leur répondit poliment, mais il leur avoue rapidement qu'il n'était pas intéressé. Du moins, pas pour ce soir. Les filles avaient un peu insisté et il leur avait répondu d'aller voir ailleurs s'il y est. Après l'avoir insulté de tous les beaux noms d'oiseaux, elles partirent à la conquête de quelqu'un d'autre ou de quelque-chose d'autre, peut-être. Bref, Andrew resta jusqu'à la fermeture, au petit matin.

Il n'était même pas fatigué lorsqu'il prit la décision de rentrer chez lui. Il n'avait rien à faire aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de chez lui, mais il comptait, avant tout, de prendre une bonne douche pour terminer sa nuit. Ça faisait bientôt vingt-quatre heures qu'il n'avait pas dormi, mais il s'en foutait. Il n'y pensa même pas. Non, il se demandait encore ce qu'il pourrait bien foutre de toute la journée. Surtout, en sachant que, celle-ci, s'annonçait longue… Très longue. Mais, sur son chemin, quelque-chose se produisit. En tournant au bout d'une rue, il rencontra vivement quelqu'un. Plutôt quelqu'un qui venait de lui rentrer dedans, sans l'avoir aperçu et sans aucune délicatesse. Il entendit vaguement quelque-chose qui ressemblait à une protestation contre lui de ne pas regarder où il mettait les pieds, mais il n'en prit pas compte. En temps normal, ça aurait pu l'énerver : le type lui rentre dans et c'est lui qu'on accuse ? « Quelle blague ! » pensa-t-il, brièvement. Cependant, cette voix ne lui était pas étrangère. Peut-être qu'il hallucinait, c'était fort possible, mais il fit en sorte de reprendre ses esprits pour identifier la personne qui se trouve, désormais, en face de lui. Oh, bah tiens… Quelle surprise !

– « Comme on se retrouve, chaton ! »

Chaton… Il esquissa un sourire amusé, sachant à quel point, ce surnom allait rendre Miyuki complètement dingue.

Nous sommes habitués à ne pas tant dormir que ça pendant les périodes des come-back ou de concerts. C’est vrai qu’avec le temps, nous avons fini pas nous y habituer, mais c’est assez difficile pour notre corps en début ou même pendant toute la période de rush. Mais je ne me le répéterai jamais assez, cela fait parti des règles du jeu. On ne devient pas les meilleurs en un claquement de doigts. Ce qui est bien c’est que nos efforts ne sont généralement pas vain. Nous avons réussi à nous hisser parmi les meilleurs dans tout le Japon et même en Asie. Je ne suis pas sur pour ce qui est de notre popularité en occident, mais je sais qu’on a des fans malgré tout. J’aime ce que je fais et j’aime nos fans. Mais parfois, ils dépassent légèrement les limites en voulant nous poursuivre comme si nous étions du gibier. Et encore, la poursuite n’est rien comparée aux cadeaux surprises. Heureusement, tous nos fans ne sont pas comme ça. Je ne veux pas les détester pour les actions d’une minorité d’entres eux. Ce serait injuste pour nos hoseki - notre fanclub.

Posé dans le café, je bois de temps en temps ma boisson afin de tenir pour le reste de la journée. J’aurai pu rester un peu plus longtemps si je n’avais pas senti des regards posés sur moi. Comment je sais tout cela ? Etant une diva, je sais exactement lorsqu’on m’observe et j’ai l’extrême certitude que c’est effectivement le cas. Je me remercie de ne pas être sorti habillé comme un sac car ce serait la honte si des photos de moi circuleraient à travers le net. Bref, je redeviens sérieux en me précipitant hors du café. Je suis quelqu’un qui aime être observé, mais là, je ne veux qu’être tranquille. Mes poursuivantes ne sont pas sur de mon identité car elle ne suivent pas tout de suite. Elles doivent se douter d’un truc sans pouvoir confirmer si je suis bel et bien le Miyuki des Colorful Diamonds. Je profite de cette occasion pour accélérer le pas. J’ignore si elles m’ont suivi, je n’ai pas eu le temps de regarder puisque je rentre dans quelqu’un avant même d’avoir pu vérifier. Malgré la situation dans laquelle je suis, je rouspète auprès de la personne devant moi. Je me daigne enfin à observer le visage du fautif. Malgré qu’on se soit rencontré qu’une seule fois, je le reconnais aussitôt. Je le montre du doigt par surprise avant de grimacer à ce surnom, grimace cachée à cause du masque. «    Toi ! Qu’est ce que tu fais là ? » Enfin non, je ne veux pas savoir. «   Oublie ma question. Et je t’interdis de m’appeler comme ça ! » Il n'est personne pour m'appeler par un tel surnom. Ça m'énerve rien que le fait d'y penser. Mais je n'ai malheureusement pas le temps de débattre avec lui. Je faillis oublié que j'étais en période de crise et qu'on allait me retrouver si je restai à papoter avec Andrew. Je tourne ma tête pour voir si personne n’est à mes trousses. Je suis un peu inquiet, je n’ai pas envie qu’on me retrouve. «  Bref, tu m’excuseras. »