S'extirper en premier de la salle de classe était une chose. Maintenant que la sonnerie réveillait toutes les salles, une marée commençait à s'entasser dans le couloir. Des têtes brunes par centaine lui bouchaient la vue et l'empêchait d'y voir clair. Depuis ses débuts ici, il en avait la nausée de devoir chercher son frère dans cette masse grouillante de scarabée, il aurait peut être dû prendre les mêmes cours que le grand... Mais genre, il était pas trop philosophie... pas du tout même... Déjà que tous les cours en général lui faisaient fumer de la tête, alors devoir réfléchir sur la conscience de l'être humain, sur ses vices et sur ses pulsions, ça lui sortait par tous les orifices. D'ailleurs, jamais il n'avait eu de conversation aussi intellectuel avec qui que ce soit... ça ralentissait carrément son esprit et l'obligeait à ne plus écouter la personne. C'était bien beau de parler de ce genre de chose, mais est-ce que ça avait réellement un intérêt... ? on pourrait presque autant en dire de certaines formes d'art d'ailleurs...

En posant sa main sur des épaules aux hasards, il passa à travers la foule ne se souciant pas vraiment de ralentir les autres. Son frère était sorti, l'avait laissé en plan alors qu'il était au courant qu'ils étaient dans des salles cotes à cotes ? Non évidemment que non. C'était plutôt une brune avec un noeud ridiculement énorme dans les cheveux qui s'occupaient de lui. Une pucelle de sa classe qui tournait autour du grand, une de plus hein ?

Je crois que ça va pas être possible... siffla t-il entre ses dents en poussant une énième personne.

S'immiscer dans la vie de son frère, surtout sentimental, c'était une habitude.
Même si monsieur n'avait jamais besoin d'aide, d'après ses mots, il pouvait pas s'empêcher de se sentir concerner. Pourquoi chaque fois qu'une personne collait son frère, se sentait-il à ce point abandonner ?

Ryoumei n'était pas près de le lâcher, et il faisait même beaucoup beaucoup d'effort pour ne pas trop cracher son venin sur les autres, pour ne pas que père les sépare. Allez, il n'y avait aucune raison pour qu'il le laisse tomber.
Hé, t'as perdu quelque chose là-bas et les gens marchent dessus.

Mimura s'était un peu précipité, pour faire comme s'il avait rattrapé cette fille avec des goûts d'enfant de dix ans. Il avait pressé son épaule, à peine, pour qu'elle tourne son regard dans sa direction. Mimura pointait de son autre main un point vers le sol, un peu plus loin. Un point tellement vague que la jeune femme plissa les yeux pour essayer d'apercevoir quelque chose entre les jambes pressés des étudiants. Ce moment d'inattention lui coûta la présence de Ryoumei puisque Mimura l'emportait déjà dans la marée des escaliers.