“Nous nous sommes rencontrés, je t'ai aidé, je me suis attaché et maintenant je vais le regretter.”

TENUE ✿ Il était relativement tôt quand je me suis réveillé ce matin, j'avais promis à Dewei que nous irions faire une balade à cheval et je tiens toujours parole. Ma mère s'est occupé de nous préparer des sandwichs pour le repas du midi, avec de quoi boire dans un panier en osier. Habillé de manière simple, j'ai toqué à la porte de sa chambre pour venir le réveiller à son tour. « On va se promener. » Ai-je chuchoter proche de son oreille pour ne pas le brusquer, lui laissant le temps de se lever et de s'habiller. Je l'ai attendu dans la salle à manger, avec un paquet de biscuit à la main. Nous n'avons pas le temps pour déjeuner, mais on doit quand même avoir quelque chose dans l'estomac avant de partir. Donnant le paquet à Dewei, je lui fais signe de grignoter en me suivant. « Il faut préparer les chevaux, mais ça va être rapide. » Ils sont déjà brossés, ce qui nous enlève une tâche à faire. Du côté des box, je choisis deux chevaux assez costaud et les attache à la barrière le temps de les seller. « C'est simple, faut commencer par mettre le tapis, puis la selle. » En même temps que je parle, je prends le tapis que je dispose sur le dos de l'animal, une fois celui-ci bien placé, j'y ajoute la selle. Je tente de lui expliquer au mieux comment faire, comment fixer les lanières, régler les étriers. « Je t'aiderais pour ça, une fois que tu seras dessus. » Parce qu'il faut juger avec le poids de la personne si c'est bien serré ou non. Prenant un licol, je montre à Dewei comment faire ouvrir la gueule au cheval et passer le mors entre ses dents jusqu'à la commissure de sa bouche. Ensuite, suffit de faire passer les oreilles dans l'espace du haut et fixer le tout sous la tête. « Ils sont prêts! Grimpe. » Un sourire aux lèvres, je n'attends pas qu'il tente le diable pour faire une petite démonstration, tenant les deux côtés de la selle entre mes mains, le pied dans l'étrier. « Tu te tiens bien fermement et tu pousses sur ta jambe pour faire passer l'autre par dessus. » Dis-je en montant sur le cheval, le dos droit. « Les rennes se tiennent comme ça. Tire à gauche pour tourner à gauche, à droite pour aller à droite. Et pour l'arrêter, tu tires vers toi, doucement. Pour qu'il avance, tu n'as juste qu'à donner un léger coup de talon. » Le cheval commence à marcher quand je tapote son flan, le faisant tourner en rond pour revenir derrière Dewei et l'arrêter. « Compris ? Pour descendre, c'est tout autant facile. » Il n'aura qu'à s'appuyer sur le garrot, repasser la jambe et se laisser glisser au sol. « Voilà pour la petite leçon d'équitation. Je te montrerais comment te tenir après. » Je ne voudrais pas qu'il tombe si jamais l'animal se met à galoper.

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TENUE ✿ Depuis quelque temps j’arrive à mieux dormir, en plus je me fais souvent léchouiller par cette boule de poils qu’on a ramenée avec nous, je l’ai adopté autant qu’il m’a adopté et je suis heureux que les parents de Yu aient accepté de le garder, il semble avoir pris ses marques aussi vite que je les ai prises moi-même. Il est tôt et quand j’entends une voix me chuchoter quelques mots proches de l’oreille, étant dans un sommeil léger je l’entends immédiatement prenant le temps de me réveiller. Mais cela ne dure pas longtemps car j’ai rapidement la pêche comme souvent, mais le ventre affamé. Je suis content de ne pas avoir fait de cauchemar, je ne ressens plus cette isolation, cette peur que j’avais et qui me terrifié dès que je me retrouve seul quelque part. Sortant du lit je mets des vêtements, remontant les manches de mon haut, il fait chaud en ce moment. Yuwei me suit jusque dans la salle à manger où je retrouve Yulian qui me tend un paquet de gâteaux, lui souriant je l’attrape pour en manger tout en le suivant jusqu’aux écuries. J’ai hâte de grimper sur les chevaux, écoutant toutes ses explications et l’observant faire jusqu’à ce que je puisse monter à sa demande, c’est plus haut que ça n’y paraît, mais c’est cool. Je suis monté facilement c’est déjà bien, en même temps Yulian m’a tout expliqué parfaitement, je n’ai même aucune question à poser. « J’ai compris ! » Concluais-je pour qu'il ne s'inquiète pas, j’ai bien saisi comment ça marche, du coup j’attends qu’il revienne pour donner un petit coup à ma monture qui se met à avancer, me tenant bien aux rennes je rigole comme un gosse sous la sensation que ça procure. « C’est génial. On peut y aller ? » Impatient de commencer à galoper dans les collines, je pense que je pourrais facilement prendre gout a ce moyen de transport.

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TENUE ✿ L'équitation n'est pas dure quand sait comment faire, avec de bonnes explications, on peut facilement débuter. Pour ne pas qu'il soit lésé au bout de quelques minutes, je lui ai rapidement expliqué comment ça fonctionne et Dewei semble avoir tout compris. C'est étonnant, à dire vrai, il m'étonne à chaque fois. Pour les récoltes, pour l'élevage, même pour la pèche. Dewei est doué, surtout pour quelqu'un qui a perdu sa mémoire après un accident de voiture. Heureusement, ses blessures se sont vites refermées et aujourd'hui il reste très peu de trace sur sa peau, même aucune. Celui-ci monté sur son cheval, je me rapproche pour régler les sangles de la selle et les étriers, puis donne un léger coup sur le fessier de l'animal pour qu'il avance doucement. Il semble prêt, ça ne m'étonne pas. Un sourire aux lèvres, je monte sur mon cheval et m'occupe moi-même de régler le tout pour le suivre à son rythme. « On va suivre le sentier jusqu'à la lisière de la forêt. » Lui expliquais-je en me mettant à sa hauteur, tenant les rennes sans forcer dessus. « Il y a une clairière au début de la forêt, pas très loin du chemin. » En cette période de l'année, elle doit être fleurit. L'été va bientôt céder sa place à l'automne et toutes ces couleurs qu'il a eu l'habitude de voir durant ces mois à l'auberge vont disparaître pour revête des teintes orangés et jaunes, marrons ou rougeâtre. C'est autant joli pour moi qui adore la nature, qu'importe la saison. « Tu peux le faire aller au trot avec un petit coup de talons, essaie. » Je le surveille, au cas où il faut stopper le cheval. Le miens m'écoute seulement parce que je sais bien le guider, ce sont des années de pratique.

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TENUE ✿ Je ne sais pas vraiment pourquoi j’apprends vite, surement parce que Yulian est un bon professeur, depuis quelques mois je découvre des choses et vis une vie tranquille dans cette campagne, j’aime le décor, j’aime aussi l’ambiance, la nature, les activités du quotidien, j’ai pris gout à cette dynamique et je ne pense pas m’en lasser un jour. Faire du cheval c’est pourtant la première fois que ça m’arrive, écoutant toutes les instructions et informations nécessaires je suis prêt à galoper. « D’acc. » Je le suis où il veut, tant qu’on est sur la bête , c'est parfait. « C’est impressionnant quand même ! » Mais tellement cool, la hauteur est réelle, mais ce n’est pas ce qui pourrait m’arrêter. Je donne un coup de talon comme il me l’a conseillé et le cheval se met à trotter un peu plus vite et je souris comme un gosse, je tente de garder en main les rennes comme il faut, c’est nouveau pour moi. On avance en s’enfonçant dans le sentier en direction de la clairière, mais bien que je pensais gérer parfaitement l’animal, quelque chose semble l’avoir agité et il se cambre me surprenant au passage, je suis accroché à lui, hurlant le nom de Yulian lorsqu’il se met à partir à toutes vitesses aux galops et ne réponds plus à mes instructions. C’est rapide, certes cool, mais ne pas avoir les choses en mains l’est beaucoup moins, une branche droit devant moi, je me colle au dos du destrier pour éviter l’obstacle, mais lorsqu’il s’arrête subitement il me fait voltiger, j’ai l’impression que la chute dure des heures alors que ce fut en fait très rapide. En tombant ma tête heurte le sol et je n’ai pas le temps de réaliser quoi que ce soit que je suis déjà inconscient.

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TENUE ✿ Ce n'est pas bien difficile de monter à cheval, il faut savoir tenir correctement dessus, sinon c'est facile. Tout le monde peut faire une balade de ce genre-là, même si galoper est quelque chose d'un peu plus compliqué quand on n'a jamais essayé. Je ne doute pas que Dewei y arrive rapidement, même du premier coup. « Et encore, tu montes un cheval relativement petit. » Comparé à certaines races qui sont plus hautes et plus fortes. Néanmoins, ça reste très impressionnant quand même. Quand Dewei ordonne à son cheval de trotter, je fais de même pour le mien, suivant mon ami de suffisamment près pour ne pas le perdre. Tout se passe bien jusqu'à ce que l'animal prenne peur pour je ne sais quelle raison et n'obéisse plus à son cavalier, cabrant brusquement avant de partir au galop sous mes yeux étonnés. J'étais loin de me douter qu'il puisse réagir si violemment, ne pouvant venir en aide dans l'immédiat. Un coup de talon et j'essaie de poursuivre Dewei, gardant possiblement mon calme pour ne pas transmettre ce sentiment à ma monture. Les animaux ont tendances à capter des trucs qu'on ne pourrait pas croire, si je panique, il en fera de même. Malheureusement pour mon intervention et moi, c'est inutile quand je vois le corps de Dewei quitter le dos de son destrier, terminant sur le sol en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Un cri choqué m'échappe et je descend de mon cheval sans même attendre que celui-ci soit complètement à l'arrêt, courant vers le brun. « Ying Tao! Hey! Réponds-moi! » Je lui donne quelques claques pour le réveiller, mais il ne semble pas ouvrir les yeux. Mince, je dois le ramener à l'auberge. Les chevaux se sont arrêtés, ne comprenant sûrement rien à la situation. J'attrape celui de Dewei pour attacher ses rennes à la selle du miens, utilisant ensuite toute mes forces pour hisser le jeune homme et monter derrière lui, le tenant entre mon corps et le cou de l'équidé. « On rentre. » Un nouveau petit coup dans le flan et je reprends le chemin à l'inverse pour revenir à l'auberge, sans brusquer le blessé.

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TENUE ✿ C’est vrai que j’ai trouvé ça assez simple de monter à cheval alors que c’était ma première fois, en tout cas la seule dont je pouvais me souvenir. J’étais déjà prêt à gambader alors que Yulian finissait ses explications, sur le dos du destrier je me sentais grand et je n’avais qu’une hâte c’était de filer à toute vitesse au galop. D’abord au trot c’était plutôt tranquille et agréable, pourtant le cheval se mit à avoir peur et à foncer droit devant sans que je ne puisse le stopper même en essayant de tirer sur les rennes il se borné à continuer sa route, j’ai pu réussir à éviter une branche en me collant à son dos, m’agrippant à sa crinière, mais la chute fut tout aussi soudaine et surprenante lorsque le cheval se mit à cambrer pour m’éjecter de ma place, j’avais beau me tenir à lui cela ne m’a pas empêché de voltiger dans une chute interminable jusqu’au sol. L’impact me mis KO, ma tête a surement heurté quelque chose, je n’entends que très brièvement la voix de Yulian m’appeler, lointaine, très lointaine, avant que ce ne sois le noir complet. Après ça je ne me souviens de rien.

quelle heure est-il ? Quand mes paupières s’ouvrent je sens un mal de crâne pas possible, ma main s’écrase au niveau de la douleur pour sentir une sorte de bandage, tout ce que je me souviens c’est d’avoir perdu le contrôle de la voiture... Où suis-je ? Je me redresse non sans grimacer, j’ai l’impression d’être passé sous un auto compresseur. Regardant autour de moi, cherchant mon portable je ne vois aucun de mes effets personnels, jugeant ma tenue, cette dernière n’est pas à moi non plus... Je ne remarque pas le chien dormant à mes côtés, honnêtement je ne fais attention à rien cherchant juste un moyen de comprendre ce qui se passe. Sortant de la pièce en laissant la chambre ouverte je marche en descendant à l’étage inférieur, tout me semble étranger, les quelques visages que je croise me sont inconnus et je n’ai qu’une hâte c’est de rentrer chez moi. Trouvant un téléphone public j’appelle un taxi, ignorant l’adresse je donne simplement le nom de l’auberge. Profitant du temps qu’il arrive pour chercher la personne responsable afin de la remercier pour les soins, mais impossible trouver quelqu’un je laisse un mot disant que je m’en vais sur le comptoir. Voyant la voiture je sors en traçant sans hésitation vers l’automobile, j’aurais de quoi le payer une fois rentrer, je me sens nu sans mes affaires... Fermant la portière je donne l’adresse de Tokyo, sans me retourner.

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TENUE ✿ Quand je l'ai vu tomber du cheval, j'ai eu la peur de ma vie. Ce n'est jamais rien quand on fait une chute, sauf si l'animal était au ralentis, mais celui-ci a galopé tellement vite que j'ai cru retrouver Dewei en plusieurs morceaux. Heureusement, il était entier, mais inconscient. En le bougeant doucement, j'ai pu apercevoir du sang s'écouler de sa tête et c'est là que j'ai compris qu'il fallait que je me presse avant que le pire arrive. C'est difficile de gérer deux chevaux, plus un blessé qui ne peut rien faire. Je devais faire attention qu'il tienne sur le cheval, mais aussi que la bête n'aille pas n'importe où, ou que l'autre décide de changer de route. Le retour fut long, très long, avant que je ne puisse arriver à l'auberge où j'ai de nouveau crié à l'aide. Décidément, ça me rappel la nuit où il est tombé dans mon jardin. J'ignore quel accident a été le pire, mais dans les deux cas, sa tête a cogné et j'ai peur du résultat. ça s'est agité dans la maison avant qu'on vienne m'aider, transportant Dewei à l'intérieur, dans sa chambre. Ma mère a de suite appelé un docteur en urgence, lui expliquant rapidement ce que j'avais déjà raconté en rentrant. Une quinzaine de minute plus tard et le vieil homme a débarqué dans l'auberge pour examiner le blessé, soignant sa plaie à la tête. Pourtant, il ne pouvait rien dire sur son état de santé tant qu'il ne reprenait pas conscience. Fallait attendre. Je l'ai invité à venir boire un thé dans la cuisine, le temps qu'il se réveille ... Mais je n'ai jamais pensé qu'il puisse ne pas nous attendre et s'enfuir.

J'ignore combien de temps a passé mais en sortant des cuisines, mon attention est attirée par un bout de papier sur le comptoir de l'entrée. Le docteur est déjà remonté dans la chambre, tandis que je lis les quelques mots... Parti ? Je crois qu'à ce moment-là, je ne réalise pas. Courant dans les couloirs et les escaliers, je retourne dans la pièce où nous avons laissés Dewei, ne trouvant que le médecin démuni et le chien qui couine à la fenêtre. Non... Il n'a pas pu partir... M'approchant de la fenêtre, je jette un coup d'oeil à l'extérieur et vois sa silhouette s'engouffrer dans un taxi avant de claquer la porte et de commencer à partir. Non, non, non. Je n'attends pas une seconde de plus avant de quitter la chambre et courir à l'extérieur, voyant seulement le véhicule s'éloigner et disparaître au loin, le coeur battant. Ce n'est pas possible... Pourquoi a-t-il décidé de s'enfuir comme ça ? Le mot toujours dans ma main, je le relis à de nombreuses reprises, toujours incapable de réaliser que je ne le reverrais plus dans l'auberge, qu'on ira plus se promener dans la nature, ni pécher, ni faire du cheval, plus rien. Mais je ne veux pas que tout cela se termine ainsi, sans comprendre pourquoi.

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