Eru était principalement connue pour sa maladresse. Elle en riait simplement et s’esclaffait que ce n’était pas vraiment ce qu’on pourrait appeler de la maladresse.  Cependant, aujourd’hui encore, elle venait d’ouvrir une porte sur le visage de quelqu’un. Cela devait être la troisième fois cette semaine. Malgré sa bonne volonté, elle n’arrivait pas à se concentrer sur ce qu’elle faisait, ses pensées divaguaient toujours de droite à gauche, laissant souvent son entourage payer les frais de son manque de concentration.

Aujourd’hui, elle venait de « casser » le nez d’un garçon qu’elle croisait souvent au conseil des élèves. C’était un lycéen. Elle avait du mal à retenir les prénoms et malgré le fait qu’elle entendait le sien un bon nombre de fois par jours, elle n’arrivait pas à le retenir. Cependant, en le voyant à terre, le nez en sang et des feuilles éparpillés tout autour de lui, elle ne put s’empêcher de crier son prénom de surprise : « Oh Yûtarou ! Je suis trop-trop désolé ! »

Elle sentait désolé pour son nez et aussi pour le bordel de feuille qui entourait le jeune homme. Cela devait être des papiers d’administratifs pour le conseil, et elle se doutait qu’il avait dû les trier minutieusement avant de venir au bureau des élèves. C’était la première fois de la semaine qu’Eru s’en voulait réellement. Elle porta une main à sa bouche et ne put s’empêcher de se ronger l’ongle du pouce. C’était son petit tic lorsqu’elle est dans du désarroi.

La blonde s’abaissa pour aider Yûtarou à se relever. Elle lui offrit un sourire gêné. Peut-être que le jeune homme ne le savait pas, mais Eru était pleinement consciente du crush que le jeune homme avait à son égard. Eru prenait ça comme de la flatterie, ce n’était pas tous les jours que quelqu’un s’intéressait à elle. Cependant, elle ne savait pas du tout comment réagir face à lui. C’était toujours étrange de parler à quelqu’un qui portait plus que de l’affection platonique à son égard.

Elle ramassa les feuilles qui s’envolaient dans le couloir à cause du courant d’air que faisait la fenêtre ouverte dans la salle du conseil. « Je suis tellement désolé, soupira-t-elle, tu as dû prendre tellement de temps à tout trier… » La porte du conseil claqua, laissant s’envoler le reste des feuilles. Eru grogna d’énervement, et s’empressa d’attraper les feuilles volantes avant qu’elles ne puissent aller plus loin dans le couloir.