ouftit + T’es tout seul. Encore. Et tu ne fais rien. Encore.
Ça te démange, ça te donne l’impression qu’il y a un serpent qui gigote sous ta peau. Il étire son épiderme, ses écailles grafignent tes muscles, tes os. Ça te fait mal tellement tu t’emmerdes. C’est fou comme dès que tu te retrouves seul, dès que tu n’as plus rien pour t’occuper, ça te monte au cerveau. Tu avais eu la journée libre, ton patron ayant appelé pour dire qu’il n’avait pas besoin de toi aujourd’hui. Heureux au départ d’avoir la journée à toi pour une fois, tu désenchantas bien rapidement en te rendant compte que la plus part de tes amis sont étudiants et que contrairement à toi, ils ont des choses à faire, des ambitions. Tu avais regardé des films, écrit un peu, aussi, sans succès. L’inspiration n’était pas là. Elle semblait émerger seulement lorsque tu n’avais ni papier, ni crayon, et ton cellulaire était surement plus remplis de textes que tes cahiers. Tant pis. Un jour, tu les recopierais, comme tu te le disais toujours, ou bien tu les perdrais tous dans le néant de l’informatique lorsque ton cellulaire plongerait tragiquement verre le bitume lors d’une maladresse fatale.
Étalé sur ton lit, il était déjà 21h et tu ne savais plus quoi faire. Tu regardais des vidéos sur youtube une après l’autre sans vraiment t’y intéresser, t’endormant presque sur le son de ces vlogs pourris et de challenges redondants. Tu songeais à aller te défoncer la gueule au bar mais tu hésitais. Il semblait que soudainement, tu te sentais mal de sortir alors que tu travaillais à 10h le lendemain matin. Tu avais soudainement de la pitié pour ton moi futur, c’était bien, c’était bon signe, ça, non ? Certainement, oui, ça devait être une de tes bonnes journées, celles où tu avais envie de l’avenir. Ce matin, quand le soleil avait caressé ta peau au travers de ta fenêtre sans rideaux, tu t’étais réveillé sans l’envie de vouloir disparaitre dans ton matelas, sans l’envie de vouloir disparaitre au centre de la terre. Et quand ton patron avait appelé, tu te sentais comme récompensé, mais de cette opportunité tu n’en fis rien. Tu la gaspillas royalement. Tu t’en voulais aussi, et plus l’heure avançait, plus ton humeur se dégradait. Et ainsi, tu t’endormis pendant une ou deux heures, tu ne comptas pas. Tu t’étais simplement assoupis devant ton écran de cellulaire, devant ton mal être. C’était une des milles et unes façons d’éviter ses problèmes et tu connaissais très bien cette technique. Te réveillant vers 23h, le son de ton cellulaire vibrant sur le plancher sous ton lit vint te tirer hors des bras de Morphée. T’étirant pour attraper l’appareil et malgré t’être étiré comme tu pouvais, ne l’attrapant pas, tu jugeas qu’il serait moins difficile de simplement te lever. Tu l’attrapas finalement et te laissa tomber de nouveau sur ton lit. Te frottant les yeux, l’écran vint les agresser un instant. Les plissant, tu lu le texto que tu avais reçu. C’était Blue, elle voulait que tu la rejoignes à la fête foraine juste à côté. Tu soupiras un instant, ne sachant trop si tu avais la motivation de voir d’autre gens, mais tu rappelas que tu n’avais pas voir n’importe qui, que tu allais voir Blue, et ça, tu étais capable de le faire. Tu t’étiras un bon coup après lui avoir répondu que tu arrivais de suite et, lançant ton cellulaire sur le lit, tu allas enfiler des pantalons et un t-shirt.
Sortant de ta chambre, tu ouvris le réfrigérateur et fouilla un peu au travers des choses qu’il y avait. Tu piquas une moitié de sandwich à ton colocataire et, refermant la porte, tu t’appuyas dessus. Tu dévisageas la bouteille de vin déjà ouverte sur le comptoir qui se dressait devant toi comme un défi. Tu ne résistas pas très longtemps et, toujours une bouché de sandwich dans la bouche, tu avalas quelques gorgées. La laissant la et finissant les bouchées restantes du sandwich, tu allas enfiler des baskets. Jetant une veste en plaid et une seconde veste plus chaude par dessus, tu quittas ton appartement en barrant la porte derrière toi.
Tu marchas vers la fête foraine, vers ton amie qui semblait être de toujours, respirant l’air frais de la soirée, respirant le sentiment de liberté qui s’émanait de la nuit et des lumières de Tokyo. Tu voulus la texter pour lui dire que tu étais en chemin mais tu te rendis compte en fouillant dans tes poches que tu avais oublié ton cellulaire sur ton lit. Merde. Tu continuas tout de même ta route, étant déjà presque arrivé. Cherchant du regard Blue, tu l’aperçu plus loin assise sur muret à t’attendre. Tu la vis même regarder l’heure et ça te fit sourire. Tu t’approchas furtivement et quand tu fis suffisamment proche, tu te précipitas à ses côtés, te jetant sur le muret à côté d’elle, espérant la surprendre un peu. À la place du « bou » traditionnel, tu lanças un bruyant
« WADDUP » lui souriant de toutes tes dents comme un gamin. Tu te frottas les mains, prêt à passer à l’action et à aller visiter cette fameuse fête foraine.
« J’ai vu des lumières là-bas, ça à l’air cool, on va voir ? » ajoutas-tu d’un faux air innocent, faisant semblant ne pas avoir entendu parler de la fête foraine.