TENUE ═ Je n’ai pas attendu aujourd’hui pour lui poser des questions, en fait j’en ai toujours posé à Momo, mais je n’obtenais que rarement les réponses. on pourrait croire que j’ai profité de la mort de son père pour me rapprocher de lui, mais au fond il est celui qui m’a appelé. Certes ce fut réellement l’instant où pour son anniversaire il m’a demandé de venir que les choses ont évolué, cette soirée passée ensemble à trainer dans les endroits qu’il aime fréquenté, puis chez lui. Avec Momiji je me sens bien, il est parfois frustrant, surtout quand il se met à m’éviter ou d’un coup à me rejeter sans raison, mais au final je ne le lâche pas. J’ignore pourquoi j’ai voulu qu’il soit mon ami au début, mais est-ce important ? Une chose est sûre l’évolution est là, notre voyage ou notre communication est la preuve que cette année a été riche en rebondissements entre notre « je t’aime moi non plus » enfin, façon de parler, mais j’ai connu nombre d’émotion au côté d’Usagi, certains agréables, d'autres dont je me serais passé, mais au final c’est normal de ressentir des sentiments blessant et avoir eu des regrets à un moment ne me semble plus aussi important aujourd’hui. Un jeu ? Je le regarde en attendant qu’il m’explique ce qu’il entend par là, curieux et en même temps assez impatient d’accepter sa proposition, car je n'avais pas de soute sur le fait que cela serait surement intéressant. Je souris en l’écoutant, c’est bien le genre de chose qu’on fait quand on veut en savoir plus l’un sur l’autre non ? De toute façon je suis toujours partant puis dans le bain ça parait une meilleure idée que de rester silencieux, j’approuve. « D’accord, je te laisse commencer, demande ce que tu veux. » Je suis surtout curieux de savoir ce qu’il pourrait me demander qu’il ne sait pas déjà, le regardant en profitant toujours de l’eau chaude sur mon corps, j’attends sa question.

TENUE ═ à une époque, je ne faisais pas en sorte de me rapprocher de lui, aujourd'hui non plus mais disons que j'évite de le repousser ou d'être pas sympa avec lui. Je ne suis pas super gentil, ni bien facile à vivre, mais c'est moins pire qu'avant. Au milieu de ce bain, une petite idée me vient, ce qui est toujours étonnant venant de moi, mais je l'expose à mon camarade. Un jeu. J'aurai pu lui proposer le fameux « je n'ai jamais » où il faut boire si la personne face à toi ne l'a jamais fait ou vécu, mais ce serait trop éprouvant pour un garçon qui n'a presque jamais touché une goutte d'alcool. Du coup, je reste soft et calme, proposant que des questions-réponses sans conséquence. Normalement, je n'aurai jamais lancé un tel jeu, mais nous sommes « bloqué » ensemble pour un certains temps, autant en profiter. évidement, faut que je commence. Je déteste commencer les choses, sauf quand il s'agit de se lancer dans une bagarre ou de taper quelqu'un. « D'accord. » Faut que je trouve des trucs à lui demander, parce que c'est bien beau de lancer l'idée, mais faut avoir le reste. « La première chose que tu voulais faire en pensant que tu serais guéri ? » Demandais-je, remontant un peu dans le temps, au moment où il était encore cloué dans un lit d'hôpital. Je suppose que quand il était jeune et condamné, il devait rêver à des trucs impossibles pour lui, mais possible à présent. Je veux qu'il me dise la première qu'il a en tête, enfin la première qu'il a voulu réaliser à l'époque. En vérité, je ne suis pas très bon à ce genre de jeu, comme si poser des questions ou chercher des interrogations était la chose la plus dure à faire dans la vie. Répondre, c'est simple. Surtout quand on répond brièvement.

TENUE ═ Je ne vais pas me plaindre des changements, je vais simplement laisser les choses aller comme elles viennent sans chercher à forcer quoi que ce soit. J’ai beau être « vivant » je ne peux pas changer cette facette de ma personnalité et mon habitude de vivre comme si aujourd’hui était le dernier jour. Momiji propose de faire un jeu qui au final se résume surtout à en savoir plus l’un sur l’autre et cela me fait plaisir qu’il pense à me connaitre davantage, finalement s'il s’en fichait totalement il n'aurait rien proposé du tout et serait resté silencieux comme d’habitude. Je trouve ça amusant de pouvoir se questionner en ayant droit à toutes les réponses, même si j’ignore comment commencer et quoi lui demander en premier je suis bien motivé à en découvrir plus encore sur mon ami, que ce soit des détails ou des choses plus marquantes, il est bon de connaitre les personnes avec qui on traine. Je lui laisse l’honneur de commencer étant donné que c’est son idée, le voyant déjà réfléchir à ce qu’il veut me demander, je souris, les bras contre le rebord et la tête posé dessus en le regardant simplement. Sa question est simple pour moi, même s'il y avait des tas de choses que je voulais faire, si on doit répondre en prenant la première pensée alors je ne mets pas longtemps à répondre. « Du sport. » C’est surement idiot, les jeunes de nos jours sont au contraire peu enclin à cette discipline et on m’envier de ne pas être obligé de courir lors des séances d’EPS lorsque j’étais au lycée ou au collège. Cependant, je n’ai jamais pensé que c’était une chance. « Je n’ai jamais pu courir, me dépenser, dès que je forçais mon cœur me rappeler à l’ordre, je voulais vraiment en faire. » C’est pourquoi quand je fus libéré, j’ai tenté de l’hôpital j’ai tenté de courir, puis le cours de boxe, je suis excité dès que je peux faire de nouvelles choses qui semblent banales pour les autres. « À mon tour. » Je réfléchis aussi, j’ai plus posé de questions à Momo qu’il ne m’en a posé, donc je ne veux pas lui demander lui redemander les mêmes choses. « Comment tu as rencontré les frères ? » Je suis curieux, je sais qu’ils font les 400 coups ensemble, mais il y a bien eu un point de départ.

TENUE ═ Ai-je réellement envie d'en savoir plus à son sujet ? Mon petit jeu me pousse à l'interroger ou à lui répondre, ce qui revient à vouloir en apprendre plus sur lui ou sur moi. Dans le fond, suis-je vraiment motivé à participer à ce jeu ? Est-il bien réfléchit ? J'en sais rien, mais qui ne tente rien n'a rien. Le temps peut paraître long dans un bain et je risque de me faire chier avec ce silence, autant passer les minutes ou les heures en discutant tranquillement. Kellian me laisse le privilège de commencer, ce qui ne m'enchante pas plus que ça mais que j'accepte malgré tout. Ma première question est peut-être simple, mais c'est sûrement la première qui m'a traversé l'esprit quand j'ai su pour sa maladie et les contraintes. Des questions refoulées sur lesquelles je ne voulais pas perdre mon temps, mais aujourd'hui je peux m'en rappeler et les poser. Du sport ? Tout simplement ? à l'école, les cours de sport sont obligatoires, mais je n'ai jamais rechigné à courir ou à jouer à leurs jeux. Au contraire, je voulais toujours mettre la pâtée à tout le monde et j'avais un penchant évident pour la balle au prisonnier. Sur le terrain, les autres s'éloignaient automatiquement de moi pour ne pas se prendre un coup, toujours aussi traître et vil. « Du sport, c'est banal. » Commentais-je, plus pour la forme que pour me moquer de lui. Avec le cours de boxe, Kellian a pu faire un peu de sport même si c'est un sport de combat qui ne demande pas de courir. à son tour, j'écoute. Les frères ? Me laissant couler dans le bain, je m'arrête quand l'eau a atteint mon nez. Je dois remonter loin pour me souvenir d'un tel truc qui aujourd'hui me semble sans importance. Remontant légèrement mon visage pour parler, je tente de rassembler le plus d'élément possible. « Nous étions dans la même classe en petite section, tous les trois. à cette époque, je ne pensais pas à me battre, ni à vouloir être le plus fort ou à brutaliser les autres. » J'étais innocent, si on peut ça ainsi. « Le courant est de suite passé entre Tora et moi, un peu moins avec Saru qui ne parlait pas des masses, mais avec le temps il s'est ouvert et nous sommes devenus inséparable. » En vérité, c'est une rencontre banale, tout à fait normal, comme le trois quart des enfants qui se rencontre pour la première fois à l'école. Sauf qu'avec les frères, nos liens ne se sont jamais terni, ni fragilisé. « Tu n'as jamais eu un meilleur ami à l'école primaire ? Ou un ami plutôt proche ? » J'use de ma question, malgré une seconde qui me brûle les lèvres.

TENUE ═ C’est vrai, c’est banal. Mais pas pour moi. J’aurais pu dire que je voulais voyager, voir le monde, devenir docteur ou d'autres trucs plus intéressants seulement ce que j’enviais légèrement aux autres c’était de pouvoir se dépenser sans qu’il ne fasse une attaque. Je ne me suis jamais plain, mais ne pas être capable de contrôler son corps est un aussi gros handicapé que la maladie elle-même. Les deux sont liées forcément, mais j’étais habitué à force, ayant toujours vécu ainsi. « Je suppose. » Dis-je tout simplement sans rien ajouté de plus. Ma question le fait surement remonter loin, mais je suis curieux de savoir comment ils se sont rapproché, je ne connais pas le Momiji de son enfance, quand je l’écoute il paraît « innocent » et je ne peux m’empêcher de rire à ses paroles, ayant du mal à le voir ainsi, pourtant c’est évident. C’est cool d’avoir ce genre d’amitié forte et soudée, la plupart du temps les années et le changement devient un obstacle, mais eux ont changé ensemble... Certes d’une façon peu admirable, mais ils se sont bien trouvé j’imagine. Je hoche la tête en souriant au rythme de ses mots. « Ok~ » J’ai eu ma réponse, ça me satisfait ainsi, bougeant les jambes sous l’eau pour les étirer et les étendre, je me laisse couler aussi jusqu’au cou, secouant doucement la tête de droite à gauche. « Pas de meilleur ami, mais des amis oui. À l’hôpital c’était facile de s’en faire. » On est lié par une malchance et ça rapproche forcément, mais je n’ai jamais été associable, des amis j’en ai pas mal, juste que je ne souhaitais pas leur être « indispensable » je ne tiens pas vraiment compte des « titres », meilleur ami ça ne veux pas dire grand-chose pour moi, quand j’apprécie les personnes ça me suffit. « Il y a un gars avec qui ça aurait pu être le cas, mais il a disparu du jour au lendemain. » J’allais dormir chez lui, manger ensemble, ça me sortait un peu de mon quotidien aux dortoirs pendant un temps, mais ça c’est vite tassé. « Qu’est-ce qui te fait la plus peur ? » Il doit bien craindre quelque chose.

TENUE ═ C'est souvent les choses à portée de main qui nous sont impossibles que l'on désire faire avant tout. à sa place, si je ne pouvais pas me dépenser à ma guise, je me serais inscris à n'importe quel sport après ma greffe. Dans le fond, c'est peut-être banal mais compréhensible. Nous aurions sûrement tous réagit de la même manière, à vouloir une chose que nous avions sans cesse sous les yeux sans avoir la chance de l'attraper. Ma rencontre avec les frères Otsuka n'a rien d'extraordinaire, je suppose que c'est une rencontre comme une autre. Je lui explique vite fait où nous nous sommes connu pour la première fois, puis que nous nous sommes plus jamais quitté. J'ai toujours été dans la même classe qu'eux et si jamais l'un était dans une classe inférieure, l'autre redoublait exprès pour se mettre à son niveau. Je retourne donc sa question à Kellian, pour le côté meilleur ami d'enfance, mais il n'a connu que des amis, des connaissances, des gens de passage. ça ne doit pas être amusant de se savoir mourant et condamné, mais de là à vouloir affronter sa maladie seul. Même si je me choppais un truc, je ne pourrais pas me séparer de Tora ou de Saru. Un gars ? Je me demande quel genre de gars peut disparaître du jour au lendemain sans un mot, sans rien. Pourtant je suis un connard, mais disparaître définitivement n'est pas dans mes projets. Peur ? Je hausse des épaules, remontant suffisamment pour me rasseoir et avoir l'eau au niveau des abdos. « J'en sais rien. Je n'ai pas encore découvert "la" chose qui pourrait m'effrayer. » Avec mon tempérament, c'est très difficile de ressentir ce sentiment. J'ai éprouvé récemment la tristesse, la peine, le regret, le remord et la solitude, alors je pense que je ne suis pas à l'abri de rencontrer ma peur. « Quand est-ce que tu as su pour ta maladie ? » Même si je ne le dis pas, je voudrais savoir ce qu'il a ressenti à ce moment-là, ce qu'il a fait ou ce qu'il a pensé, mais ça ferait beaucoup trop de question à la fois. J'espère qu'à travers ce regard, il me donne plus d'information que je n'en demande.

TENUE ═ Il y a des tas de choses que je ne pouvais pas faire, mais ce sont souvent les plus simples et banales que j’ai le plus désirées. Je prends la vie comme elle vient, depuis que je suis petit je n’ai jamais vu ma maladie comme une punition, même si c’était loin d’être un cadeau non plus... Je pense qu’elle m’a permis d’être comme je suis et de ne pas être gourmand et avide sur tout, sachant très bien qu’il y a des priorités et des choses beaucoup plus importantes dans la vie. La santé en fait partie. Autant que les sourires. Petit je vivais pour ça, pour voir les expressions chaleureuses et joyeuses sur le visage des gens, un sourire donné, un sourire rendu, je trouvais que ces échanges étaient simples et pourtant ça n’avait pas de prix. C’est pour ça aussi que je souris beaucoup même aujourd’hui. Ce jeu est une façon d’en savoir davantage sur des détails, pas forcément important, mais qui nous concerne lui et moi, je trouve ça amusant et distrayant de pouvoir demander tout ce qu’on veux. Il répond à ma question pour m’en retourner une nouvelle et j’ai l’impression qu’il est curieux sur ma « maladie » ou comment je l’ai vécu, je suppose que c’est normal et je n’ai pas l’occasion d’en parler en détail vu que je ne souhaite pas qu’on me voie comme un malade, faible et mourant. Maintenant c’est différent, puis Momo est aussi une exception. « Très jeune. » Honnêtement je n’ai pas exactement les images, mais je me souviens de certaines choses. « Quand j’avais trois ans j’ai eu ma première crise alors que je jouais avec dans un parc, mes parents m’ont conduit à l’hôpital et ne m’ont jamais caché la vérité, bien que je n’aie compris que quelques années plus tard ce que j'avais. » Pourquoi j’avais mal, pourquoi je prenais autant de cachets, pourquoi je passais autant de temps interné à l’hôpital, pourquoi j’avais ces crises. J’ai compris au fur et à mesure des années, avant mes dix ans j’étais conscient de tout et je l’ai plutôt bien pris contrairement à ce qu’on pourrait croire. Je ne voulais pas faire pleurer mes parents, je n’avais pas peur de parler de la mort, surtout pas après l’arrivée d'Orion, lui serait toujours là et je pense que ça m’a réconforté de savoir que quoi qu'il arrive, mes parents auraient un enfant à leurs côtés. Aujourd’hui je suis vivant et je peux en profiter comme si j’étais aussi en bonne santé, bien que ce ne soit pas réellement le cas, je vais mieux. « Je pense que le plus dur était de faire des crises cardiaques à répétition, j’avais déjà été opéré du cœur avant cette greffe, ça m’avait totalement affaiblie, mais même si on m’a annoncé que j’allais mourir avant d’atteindre mes 18 ans, j’ai pu déjouer les plans, impressionnant hein ? » Je ris en prenant ça d’un ton léger malgré le sérieux de la conversation. « Tu as déjà fait un séjour à l’hôpital ? » Pas une journée, mais plusieurs jours, je suis curieux de savoir s’il sait ce que c’est et par la même occasion s’il a eu quelque chose, blessures ou autres du genre marquantes.

TENUE ═ Poser des questions sur sa maladie ne veut pas dire que je le vois comme un faible ou un mourant, pas maintenant qu'il est plus ou moins soigné. De toute façon, je ne l'ai jamais considéré comme malade, même en étant violent et méchant avec lui. Pour lui, c'était un garçon faible, chiant, mais pas condamné. à présent que nous sommes posés, dans une relation plus stable et calme, les questions viennent d'elles-mêmes. Ainsi, je peux apprendre qu'il sait pour son coeur depuis longtemps, depuis qu'il est très jeune. C'est difficile à trois ans de se dire qu'on va mourir avant nos dix huit ans, je ne sais pas comment je l'aurais pris. Peut-être serais-je réellement devenu un voyou, pour croire que la maladie ne me rattrapera pas ou que j'aurai suffisamment partagé ma douleur avec les autres. Un acte égoïste, digne du parfait connard incapable de voir les bons côtés de la vie, mais je crois que j'aurai justement eu peur de mourir en sachant que ce jour arriverait forcément tôt ou tard. Pourtant sans avoir une date de fin, je vis comme si demain serait le dernier jour de mon existence, loin d'être effrayé par la faucheuse. Même si je ne dis pas un mot, j'écoute les paroles de Kellian, attentivement. Il est plus fort qu'il ne paraît, plus fort que je ne l'ai jugé depuis le début. Je me rends compte qu'il a vécu des choses que personne n'a pu vivre dans sa vie, à moins d'être cardiaque ou d'avoir un problème au coeur. J'ai toujours été en bonne santé, du moins quand je ne faisais pas l'andouille à chercher la merde. Comparé à lui, j'ai vraiment bien vécu, et j'aurai pu mieux vivre si je n'étais pas une tête brûlée. « ça dépend ce que tu entends par séjour à l'hôpital. » Les infirmières et certains docteurs me connaissaient bien, à force de les voir, mais je ne restais généralement pas longtemps. « Je me suis déjà cassé plusieurs fois les côtes ou les articulations, mais ça ne valait pas des longs séjours à l'hôpital. » Pas plus de deux jours, le temps de me soigner puis de me relâcher. Les bagarres m'ont toujours apporté leur lot de blessure, importante ou bénin. « Je suis resté plus longtemps derrière les barreaux du commissariat que dans un lit d'hôpital. » Si cela peut approfondir la réponse. « Tu ne t'ai jamais demandé quel était ton rôle dans la vie, à quoi tu servais vraiment ? » Nos questions -ou plutôt mes questions- sont très poussés, au-delà des simples informations de routine. Je pourrais lui demander sa couleur préférée, ce qu'il aime manger, quelle position il choisit pour dormir, ce genre de truc ennuyant, mais non.

TENUE ═ Malgré tout ça fait du bien de pouvoir parler de choses de mon passé, je n’ai aucun problème avec ça, j’ai souffert et en même temps c’est aussi ce qui m’a rendu plus fort. Tant que personne ne m’en parlais je n’entrer pas dans le sujet, du coup je trouve ça amusant que Momo me questionne là-dessus alors qu’il ait surement le dernier à qui je pensais en parler. Je n’ai jamais cherché à ce qu’on compatisse pour la vie que j’ai menée, je ne regrette rien et je pense que c’était mon destin de naitre avec cette maladie. Certains naissent avec une malformation physique, moi c’était mon cœur qui était en mauvais état, c’est comme ça. Je ne sais pas trop quoi demandé à Momo, je sais plus de choses sur lui qu’il n’en sait sur moi, du coup je reste dans le même thème à savoir l’hôpital. Je sais qu’il y a souvent mis les pieds, mais passer un jour ou deux et un mois ou deux sont des choses complètement différentes. « Je sais~ » Je souris quand il parle de côtés cassés, la dernière fois j’étais là. « Je peux voir ton corps pleurer. » Plaisantais-je en lui poquant le bras. « Délinquant. » Je n’ai jamais mis les pieds dans un commissariat par contre, en même temps je n’ai rien fait qui pourrait me conduire derrière les barreaux. À sa question je me dis qu’il va les chercher loin. « Tu as surement été philosophe dans une autre vie. » Pourtant je réfléchis sérieusement à ce qu’il demande. « Je crois que tout le monde se pose la question une fois dans sa vie. J’ai surement dû aussi me le demander, mais au final je pense qu’on doit juste profiter d’être là sans se demander pourquoi. » De toute manière on n'aura jamais de réponses correctes. « Tu t'es déjà demandé ce qu'il y avait après la mort ? »

TENUE ═ Pour tous, je suis sûrement la dernière personne à qui on peut se confier. Ce n'est pas évidement d'avoir une discussion avec moi, ni de me tenir en place plus de dix minutes, pourtant je le fais très bien avec Kellian, en profitant de la chaleur du bain et de pouvoir se relaxer un instant. Les dialogues sont plutôt intéressant, ça prouve que je l'écoute et ne pose pas mes questions pour rien. J'en apprends plus sur lui et lui sur moi, c'est donnant-donnant. Auparavant, je ne me suis jamais intéressé à qui que ce soit en dehors de mes amis proches et ils ne sont que deux. Parler avec une personne malade, atteinte d'un problème cardiaque ou d'un autre soucis ne m'a jamais traversé l'esprit, parce que je m'en fichais, parce que ce n'était pas mes oignons, parce que je n'avais aucune affinité avec, tout simplement. Mes séjours à l'hôpital sont très court, pas de quoi en faire toute une histoire. Mon corps pleurer ? Je secoue doucement la tête de manière désespérée, comme s'il venait de dire la pire connerie au monde. « Faible. » Rétorquais-je à son délinquant. De toute façon, même si je terminais en cellule, mon père était toujours là pour m'en sortir et me gronder. « Et ta connerie. » Philosophe mon cul. En même temps, je suis étudiant en lettre et langues, forcément que j'ai droit à ce genre cours barbant. Être là sans se demander pourquoi, c'est un peu ne pas savoir quoi faire de sa vie, non ? Dans mon cas, je comprendrais puisque je ne sais vraiment pas quoi faire, mais pour lui j'en doute fortement. « Et c'est moi le philosophe ? » Notre conversation tourne vraiment de façon étrange. « Non, jamais. Pour moi, il y a rien une fois qu'on est mort. Tu crois à quoi toi ? La réincarnation ? Le paradis ? Un truc débile dans ce genre ? » Je trouve cela un peu idiot, à quoi bon se faire chier dans une vie si nous pouvons nous réincarner plus tard. « Je me suis suffisamment baigné, sortons. » Concluais-je en me levant. Faut passer par le coin "douche" pour se savonner, mais ça ne prendra pas plus de cinq minutes avant d'en ressortir tout propre. « Continuons plus tard. »

TENUE ═ J’ai beau ne jamais aimer le côté « violent » de Momiji, j’ai fini par accepté ce qu’il était. Même si en apparence on lui donnerait le bon Dieu, je sais aussi que sa force n’est pas un mensonge, quand j’ai eu besoin d’aide il m’a protégé et je n’oublierai jamais que sans son intervention je ne serais pas ici. Malgré les « erreurs » qu’on a pu commettre l’un envers l’autre, je ne garde que les ponts positifs de cette rencontre et je suis content de pouvoir en profiter et me dire que tout ça n’a pas été vain. Je dois surement être maso pour n’avoir jamais fui devant son indifférence, sa froideur, sa méchanceté, mais quoiqu’il arrive je resterai têtu et borné pour rester à ses côtés. C’est aussi ça l’amitié. Il pose des questions poussées, je réponds honnêtement. Ma question est surement du même niveau, écoutant son avis là-dessus alors qu’il me demande ce que j’en pense. « Je n'en sais rien. Je me suis posé pas mal la question en sachant que j’allais mourir jeune, mais je n’ai pas vraiment trouvé de réponse, je pense que c’est plus un désir qu’une croyance. D’un côté j’aimerais qu’il y ait quelque chose après et ne pas juste disparaitre... Puis quand on voit toutes ses choses paranormales qui se passent, ça semble laisser le doute. Enfin, je me dis qu’on verra bien quand ça arrivera. » Pas la peine de se prendre la tête sur ça maintenant, je voulais juste lui répondre une dernière fois. « Égoïste. » genre « je me suis suffisamment baigné, sortons » et si je veux pas sortir moi ! Je fais une petite moue en trainant encore un instant dans le bain, puis je finis par le rejoindre pour passer sous la douche. Cinq minutes plus tard on était propre, enfilant un des peignoirs qu’il propose au client, je prends mes affaires sur le bras avant de retourner dans la chambre, demain on doit reprendre la route jusqu’à Sapporo, autant bien se reposer ce soir. « Tu ne voulais pas aller en boîte ? » Je le taquine en me jetant sur le lit prenant toute la place, je peux être égoïste aussi, mais je le fais exprès contrairement à d'autres.

TENUE ═ Ma froideur, ma méchanceté, mon indifférence, toute ces choses font partie de moi, sans ça je ne serais pas le Momiji que tout le monde connaît. Je me trouverai moi-même très ennuyant, sans intérêt. C'est la première fois que je parle si calmement avec Kellian, jusqu'à ne pas réagir à la moindre de ses plaisanteries ou provocations. Je l'écoute, lui répond, pose des questions. La conversation devient de plus en plus sérieux, on croirait presque une réunion politique tellement c'est recherché. Mais si mon avis lui plait, je suis curieux de savoir ce qu'il pense de notre dernier sujet. Ce n'est pas tous les jours que je peux parler de la vie après la mort, bien que je n'y crois pas une seule seconde. Un désire de se réincarner, voilà tout. Personne ne peut savoir ce qu'il y a au-delà, puisque aucun mort n'est revenu pour nous le dire. Quant à ces trucs paranormaux, c'est aussi débile que croire à la vie après la mort. « Ce sont des trucages, puis même si c'était vrai, cela voudrait dire qu'on finirait en fantôme à errer sans but. » Et je trouve cela encore plus minable. Je ne veux pas devenir un esprit qui se cherche ou cherche quelque chose sans savoir quoi. Bref, je mets un terme à notre séance solennelle pour sortir du bain, ma peau commence à se friper à force de mijoté dans l'eau chaude. Son commentaire me passe par-dessus la tête, je suis déjà en dehors du bassin pour aller m'asseoir sur l'un des sièges, prenant mon temps pour me savonner les cheveux et le corps. Kellian me rejoint peu de temps après, prenant aussi sa douche. Une fois propre, j'enfile un peignoir et retourne à la chambre, accompagné du brun. « Maintenant ? » Il fait nuit, mais il n'est pas assez tard pour s'amuser, à moins de traîner en avant boîte pour se chauffer un peu. « C'est toi qui conduit demain, n'oublie pas. » Dis-je en venant m'asseoir sur un bord libre du lit. Il profite pour s'étaler mais il ne devrait pas trop jouer à cela avant de finir par terre, les quatre fers en l'air. Quant à moi, je m'occupe de sécher mes cheveux à l'aide d'une serviette récupérée plus tôt avec mes affaires, ayant pour intention de dormir seulement vêtement du peignoir. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple.

TENUE ═ Peut-être est-ce seulement des trucages ou juste des choses inventées, au final je ne me pose pas plus la question sur toutes ses choses paranormales, juste que parfois ça semble réel au point d’en donner le doute. Je ne pense pas que je finirais par errer tel un fantôme car je ne compte pas mourir avec des regrets, j’ignore ce qui se trouve de l’autre côté, mais un jour ou l’autre nous le saurons tous, personne n’est immortel après tout. « Je risque de le savoir avant toi, si je peux je t’enverrais un petit message avec la réponse. » Plaisantais-je avec le sourire taquin sur les lèvres. Une fois dehors on prend une douche rapide, de toute façon l’eau de la source est saine. De retour dans la chambre, je ne prends pas la peine de m’essuyer les cheveux, parlant du fait qu’il souhaitait aller en boîte. « Bah à quelle heure tu vas en boîte ? » Je n'en sais rien, j’y suis allé qu’une seule fois et c’était déjà blindé. « Je n’ai pas dit que j’irais avec toi. » Il peut y aller seul s'il désire sortir, moi je m’occupe de prendre toute la place sur le lit telle une étoile de mer qu’il serait difficile de décoller de son emplacement. Pendant qu’il s’essuie les cheveux je m’amuse à le poquer pour l’embêter et voir s’il craint les chatouilles, c’est tentant de l’emmerder en réalité, puis j’ai envie de m’amuser simplement. Je n'ai jamais dormi dans un hôtel avec un ami, je suis content de pouvoir faire toutes ses choses qui sont nouvelles pour moi, je suis à la fois épuisé par le voyage, mais excité aussi, c’est étrange. « Dit tu as déjà utilisé le room service d’un hôtel ? » Je vois pas mal ça dans les films, apparemment ils peuvent vraiment t’apporter ce que tu veule, enfin j’imagine que c’est surtout dans des cinq étoiles.

TENUE ═ Pour avoir frôlé la mort à plusieurs reprises, Kellian devrait savoir à quoi s'attendre de son existence après que son coeur se soit vraiment arrêté. Il est déjà tombé dans le coma durant un certains temps, je suppose que c'est le même effet qu'être décédé. Je n'ai jamais demandé ce que cela faisait d'être inanimé, incapable de bouger, de parler ou peut-être même d'entendre. La prochaine fois. « évite de venir me hanter. » Je suis ravi de savoir qu'il partira en premier, vraiment. Comment peut-il savoir une telle chose ? La vie est surprenante, parfois cruelle. Je pourrais mourir avant lui, mais qu'il ne compte pas sur moi pour le petit mot. Notre douche prise, on retourne dans notre chambre, Kellian parlant de boîte en prenant toute la place sur le lit. « Plus tard ? » Vers vingt deux ou vingt trois heures environs. Ce n'est même pas l'heure du dîner, il risque de devoir patienter un moment avant de vraiment s'amuser. « Tu veux y aller seul ? » Je n'ai pas dit que je comptai y aller ce soir, ni durant ce voyage-là. Entre nous, Sapporo serait sûrement une meilleure ville pour sortir tard, surtout si on reste plusieurs jours là-bas. Nous repartons demain, à quoi bon s'éterniser en soirée. Kellian s'amuse à m'emmerder pendant que je me sèche les cheveux, mais je ne crains pas les chatouilles. Y a juste ma patience qui a une limite, ce qui risque vite de tourner court. Terminant d'essuyer ma tignasse, je ne réponds pas de suite à sa question, m'étalant d'abord sur lui pour bloquer ses jambes. « Ouais, bien sûr. » Quand je n'avais pas envie de rentrer chez moi, ni d'aller au dortoir, ni chez les Otsuka, mais généralement ils me suivaient à l'hôtel pour glander et profiter de la soirée à être tous les quatre ensemble. « Y a un téléphone, tente le coup. » Fis-je en lui indiquant le combiné sur la table de chevet, sans bouger et libérer ses jambes. Il m'a cherché tout à l'heure, maintenant faut qu'il assume. « Si jamais ça fonctionne, commande moi de la glace à la vanille. »

TENUE ═ On n'a pas déjà eu cette conversation avant que je ne sois greffé ? Je crois que je lui ai déjà dit que je viendrais le hanter et ça me fait sourire de penser qu’on puisse ressortir ce sujet des mois plus tard. Lorsqu’on rentre dans la chambre je lui demande à quelle heure il compte sortir en boîte, je ne sais pas vraiment quand c’est le mieux pour ce genre de choses, plu tard ? C’est vague, mais je n’insiste pas pour autant. « Non, mais toi tu peux y aller seul si tu veux. » Il est celui qui avait envie d’aller s’amuser en boîte, je ne veux pas l’en empêcher, voilà tout. Après ce n’était qu’une question, au final on peut rester ici tous les deux et sortir lorsqu’on sera à Sapporo ou de retour à Tokyo. Je l’embête jouant de sa patience, mais ça m’amuse de le chercher comme ça, même si ce n’est pas méchant, je trouve que ça rend les choses plus amical en réalité. Et en guise de réponse le voilà qu’il s’allonge sur mes jambes, alors que ça me fait rire bêtement. Curieux de tester le room service je tente d’attraper le téléphone, j’avoue qu’avec Momo sur moi je galère un peu à le choper, mais finalement je l’ai attrapé. « C’est quoi le numéro ? » Ah, y a un bouton spécial non ? Ou c’est marqué quelque part, incrusté dans le répertoire, je cherche rapidement et quand je trouve la réponse j’appelle sans tarder. « Une glace au chocolat ? Pas de problème. » Je tire la langue, j’ai bien compris que c’était à la vanille, mais je pense qu’il aura compris que je suis d’humeur taquine et joueuse ce soir. Parlant à la personne qui vient de répondre je demande deux glaces et des boissons, plus d'autres petites choses, je ne m’attendais pas une seconde à ce qu’on accepte tout, ils ont un choix illimité ou quoi ? En tout cas il monte ça dans les prochaines minutes. « Ça fonctionne ! » Mon premier room service, la joie. « Ah, on est quand même mieux ici que sur la plage pour dormir. » Même si ça m’aurait pas dérangé, niveau confort c’est loin d’être comparable.

TENUE ═ Seul ? Je lâche un petit rire sardonique comme si je venais d'entendre la pire connerie au monde. « Je ne vais jamais seul en boîte. » Pour sa gouverne. Normalement, je sors toujours avec mes deux meilleurs amis, et s'ils ne sont pas là, je trouve d'autres potes avec qui je m'entends assez bien pour sortir. Sinon, non, je ne me pointe pas seul dans un club. Kellian me cherche ensuite, sachant parfaitement que je suis impulsif et impatient, mais au lieu de m'énerver comme à mon habitude, je m'allonge sur ses jambes et l'écrase au possible. Après cela, il me parle de room service et je lui dis de tenter le coup, si jamais il parvient à choper le combiné. Le numéro ? Aucune idée. Je hausse les épaules, négatif. Même sans mon aide, il trouve, puis revient m'embêter. « Prend ce que tu veux. » Chocolat, vanille, pomme, je m'en fou. Il peut même prendre un parfum complètement différent de mon envie, ça ne me dérangera pas. En ligne avec le room service, mon cadet abuse un peu de la gentillesse de la personne en demandant pas mal de truc. « Y a de la glace ici. » Ironisais-je, avant de me redresser et de m'étirer. Ce n'était pas la meilleure position qui soit, j'ai mal aux bras maintenant. « Tu comptes te nourrir de connerie ? » Vu ce qu'il a demandé au téléphone, pas sûr que ça fasse office de repas du soir. J'ai quand même la dalle et aucune envie de quitter cette chambre d'hôtel. On pourrait même commander à un restaurant du coin qui fait livraison et bouffer sur le lit tel des écoliers en vacance. D'ailleurs, je récupère déjà mon portable pour voir les enseignes de la ville, ainsi que les menus qu'ils proposent et les avis des internautes. ça me donne juste envie de manger des gyoza au crabe et du boeuf saté avec du riz. « Tiens. » Fis-je en tendant la carte menu d'un restaurant japonais à quelques minutes de l'hôtel. On peut commander en ligne, payer en ligne et être livré directement devant la porte de notre chambre, si ce n'est pas génial tout ça.

TENUE ═ Qu’est-ce j’en sais qu’il n’y va jamais seul, il aurait pu avoir une envie soudaine, mais au moins j’ai ma réponse, nous n’irons nulle part ce soir, autant profiter pour se reposer, demain on a une longue route à parcourir pour arriver à notre destination voulue, sur place on aura surement le temps de faire d’autres activités que celles qu’on a envie de faire durant nos petites pauses sur le chemin de Sapporo. Lorsque j’arrive enfin à attraper le téléphone, le l’embête avec sa commande, mais Momo est du genre à rester de marbre, c’est pas drôle, mais cela ne m’empêchera pas de continuer à tenter de le faire réagir. Bon au moins j’ai pu prendre quelques trucs à manger et à boire, pas que des conneries, mais d'autres petites encas, je ne sais pas trop ce que je veux manger, ni ce que souhaite manger Momiji et j’avoue que j’ai la dalle. « Pas vraiment. » Répondis-je simplement à sa question, il se lève pour regarder sur son téléphone et je le laisse faire en restant allongé sur le lit, les yeux sur le plafond. Je ne tourne la tête vers lui qu’une fois qu’il me parle et me tend sa trouvaille, un restaurant japonais avec la carte en ligne, on peut commander et se faire livrer directement là ça c’est un bon plan. « Tu vas prendre quoi ? » Curieux de son choix, je profite d’avoir son portable pour mettre dans le panier ce que je veux, prenant du blanc de poulet grillé sauce caramélisée, cinq tempuras de crevette et légume, une soupe miso et 5 raviolis, j’hésite à ajouter des brochettes de viande, mais je pense que j’en aurais assez avec ça. Regardant les dessert, même si on a commandé de la glace et autres à l’hôtel. « oh ! Il y a Momiji ! » Je ris en roulant sur le lit pour me mettre sur le dos. « Je vais le gouter tien ! » Apparemment c’est fourrée à la pâte de haricot rouge, il donne des noms à leurs desserts. Lui rendant son téléphone. « C’est bon pour moi. » Je le laisse faire la sienne et commander.

TENUE ═ Ce voyage sonne comme des vacances. Dormir dans des hôtels, passer nos journées en voiture, se fixer un objectif à atteindre, profiter de nos plans prévus depuis le départ, mais surtout prendre notre temps sur chacune de ces choses. J'ai rarement pris autant de plaisir et d'heures à faire un seul truc, même si je suis un fêtard grincheux et méchant. Kellian me cherche des poux mais il parvient difficilement à m'énerver, pour une fois que je ne monte pas sur mes grands chevaux, il devrait être content. Le room service appelé, celui-ci se charge de nous apporter nos glaces ainsi que d'autres trucs qu'il a commandé, mais ce n'est pas tout ça qui va satisfaire mon appétit. J'ai besoin d'un véritable repas, avec des bons plats. Du coup, je m'occupe de cette partie-là en me servant de mon portable, indiquant ce dernier à mon compagnon de route. « Gyoza au crabe, boeuf au saté et du riz. » Je le laisse choisir ce qu'il veut, l'écoutant se marrer seul sur je ne sais quoi d'intéressant et de marrant. Une fois mon cellulaire en main, je fais ma petite liste indiquée plus tôt. Voyant le panier déjà bien rempli, je lance un regard à Kellian et secoue doucement la tête. « Revenir à la vie t'as ouvert l’appétit. » Ou il a toujours mangé autant ? Entre ça, les cochonneries et la glace, il va être encore plus malade qu'auparavant. Du ventre, pas du coeur. Quant au dessert, je prends des yatsuhashi et une bouteille de thé vert. Quand la commande est terminée, je valide le tout et fournis les derniers éléments pour le payement et la livraison. « D'ici une demi-heure, trois quart d'heure. » Fis-je en recevant un e-mail, deux minutes après avoir fini. On aura le temps de manger notre glace avant le repas, comme un apéritif sucré. D'ailleurs ça ne met même pas dix minutes pour nous apporter nos sucreries, laissant Kellian se lever pour les récupérer à la porte, là où doit attendre l'un des employés du room service. Entre temps, je me suis rallongé sur ma moitié du lit, une jambe dans le vide et les bras pliés sous ma tête.

TENUE ═ Pour moi ce sont clairement des vacances. Je n’ai jamais expérimenté ce genre de voyage, à part prendre l’avion pour venir à Tokyo qui en soi était une aventure pour moi, partir ainsi sur les routes en profitant de chaque instant c’est juste génial. Même si on est de jeunes adultes, je suppose qu’avoir cette « indépendance » est une bonne chose. Manger est souvent le sujet de conversation qu’on utilise le plus, sérieusement je crois qu’on en parle tout le temps. Commander au room service, commander au restaurant, on va se casser le ventre, surtout que je n’hésite pas à prendre ce qui me fait envie sur la carte, laissant ensuite Momiji s’occuper de sa propre commande. « Il faut croire. » Je souris simplement, j’aime manger, même avant, il en a été témoin pourtant. J’ai un appétit gourmand, faut pas se priver des bonnes choses dans la vie, après tout ça ne sert à rien. Hochant la tête quand il me donne l’heure, je reste tranquillement allongé, silencieux, lorsqu’on tape à la porte, surement la livraison de notre dessert, entre autres choses. Je me lève laissant Momiji récupérer un peu de place sur le lit par la même occasion, remettant bien mon peignoir, toute cette agitation, le pauvre. Prenant le plateau avec nos commandes, je souris et remercie l’employé, refermant la porte pour le ramener près du lit, on a du choix quand même. Ça plus les menues on se fait un vrai petit festin ce soir, je pense qu’on va bien dormir ensuite, en tout cas c’est une première journée agréable qui annonce la suite tout aussi cool, c’est en tout cas bien parti pour qu’on passe de bonnes vacances ensemble, même si c’était difficilement soupçonnable quelque temps plus tôt. Comme quoi, les choses changent vraiment et bien souvent pour créer de belles surprises.