TENUE  † La rentrée s’était faite il y a peu de temps au sein de la Royal School. Ce petit mois de vacances m’avait fait du bien, je ne pouvais pas le nier. Le mois d’avril était l’un des mois que j’appréciais énormément. Pourquoi ? Tout simplement pour les fleurs de cerisier. C’était agréable, de les voir virevolter partout, d’en attraper et de sourire pour un rien. C’était la période de l’année vraiment, que j’attendais avec impatience. Assise sur la chaise de mon bureau, je regardais au travers de la fenêtre, pour voir les pétales roses virevolter. Il y avait quelques cerisiers dans la cour de l’école, mais autant dire que ça ne valait pas pour autant l’allée d’un parc, avec une multitude d’arbre. Soupirant, je finis par me lever avant de chercher mon portefeuille. Tout ça m’avait donné soif. J’avais envie d’un thé au Sakura. C’était la parfaite saison pour en boire un. Quittant mon bureau, je fermais la porte avant de m’aventurer dans les couloirs de l’établissement pour aller en direction de la cafétéria. Pas mal d’élèves étaient dehors pour profiter du soleil, du ciel bleu et des pétales de cerisier. Répondant au bonjour de certains, j’enfouissais mes mains dans les poches de ma blouse blanche, avant de m’aventurer dans la cafétéria. Il n’y avait pas grand monde, l’intérieur étant délaissé pour l’extérieur. Soupirant je filais vers le comptoir pour demander un thé au Sakura avec une brioche azuki. Pendant que le serveur me servait, je pris mon portemonnaie pour payer avant de m’apercevoir qu’il me manquait un peu de monnaie. « Ah. » Dis-je en plissant le nez. J’aurais dû vérifier avant de commander… « Il me manque cinq cent yens. » Dis-je en plissant le nez. Ouvrant la seconde poche, au cas où j’aurais un billet, mais non. « Bon tant pis. Enlevez la brioche. » Dis-je en gonflant mes joues. Parce que j’avais faim. Et que c’était l’heure de goûter.

UNIFORME  † Nouvelle année, nouvelles camarades, nouveau départ et donc de nouveaux cadeaux. Ce n’est pas la saint valentin mais je pourrai presque y croire. Je me demande comment elles font pour avoir tant de motivation pour me faire ces gâteaux que je ne mangerai pas. C’est gentil, mais inutile. J’ai tout récupéré dans un petit sac et l’ai rangé dans mon casier. Je ne pouvais pas me permettre de les jeter en fin matinée alors ça attendra en fin de journée, quand les cours seront plus ou moins terminés et les élèves partis. Je suis le cours avec assiduité, même si le paysage par la fenêtre me semble plus attrayant. Les cerisiers ont bien fleuri cette année et le spectacle semble être apprécié par le reste de la classe aussi. Pendant que le professeur est concentré à nous partager ses connaissances, je regarde à travers la fenêtre pour le contemplé à mon tour. On dirait une pluie rose avec ces pétales qui s’envolent. Même si la vue du troisième étage n’est surement pas aussi impressionnante que celle à l’intérieur de cette pluie, je suis satisfait par ce que je vois. La sonnerie annonce la fin des cours et tout le monde s’empresse de quitter la classe. Je range mes affaires, on a encore le temps avant le prochain cours. Je me dirige vers mon casier et récupère le sac de pâtisseries. Après m’être assuré d’être seul, je soupire en voyant le contenu. J’étais légèrement blasé jusqu’à ce que je me souvienne du marché avec Sensei. Soulagé d’avoir trouvé une solution, je ferme mon casier et descend les escaliers pour aller à l’infirmerie. Arrivé devant la salle, je suis déçu. La porte est fermée. Je regarde l’heure sur ma montre. Elle ne devrait pas avoir fini normalement. Sans savoir d’où me réellement vient cette idée, je tente d’aller faire un tour à la cafeteria pour essayer de la croiser. Je n’avais pas d’attente et j’ignore ce que je ressens en voyant que j’ai raison. Surement comme un joueur qui a gagné son pari. Elle ne me voit pas mais j’ai compris sa situation. Quelle ironie. Il lui manque 500 yens et je lui devais cette somme. Pendant que j’avance vers elle, je sors mon porte feuille de la poche de mon pantalon. J’attrape une pièce de 500 yens et la tends au serveur en passant mon bras à côté du visage de l’infirmière. Vu ce qu’elle prend, elle ne voudra peut être pas de mes cookies.

TENUE  † Je n’aimais pas quand je me retrouvais dans une situation d’inconfort. Et je pense que je ne suis pas la seule. Tant pis, parfois on n’a pas le choix et on doit faire avec. C’était le cas d’aujourd’hui. Ce n’est pas bien grave, au moins, le serveur n’avait pas encore totalement fait la commande, donc je pouvais assurer mes arrières en annulant une partie de la commande. Soupirant doucement, je vis un bras, passer à côté de mon visage, pour voir le serveur prendre une pièce. Pile celle qui me manquait, pour pouvoir avoir ma commande en entière. Fronçant les sourcils, je tournais le visage, avant de suivre la longueur de ce fameux bras et tomber sur un visage que je connaissais un peu. Un sourire se logea sur mon visage alors que je m’adossais contre le comptoir. « Eden. » Dis-je simplement avant de sourire encore plus. « Tu n’étais pas obligé de faire ça… » Dis-je en mordillant mes lèvres avant de récupérer mon thé et mon petit encas. « Tu venais acheter quelque chose ? Ou pour te faire soigner et tu m’as vu ici ? » Je le regardais avant de boire une gorgée de mon thé et m’avancer vers la porte pour l’ouvrir de mon coude. Je regardais s’il me suivait avant de prendre la direction de l’infirmerie en sa compagnie. « Comment se sont passé tes vacances ? Tu en as profité j’espère ? Tu passes en quelle classe là ? » Je savais qu’il était jeune. Seize ans ? Dix-sept ans ? En tout cas il était jeune, et devait en profiter un max. La chance. Moi à son âge, j’étais dans une période, ou Hiro rentrait dans ma vie, et où il l’avait changé du tout au tout… Un soupire s’échappa d’entre mes lèvres avant de croquer dans ma brioche. « Je t’en aurais bien proposé, mais … Elle est pas sans œufs à mon avis. » Marmonnai-je doucement.

UNIFORME  † Il n’y avait rien de quoi à être fier mais je me félicite d’avoir prédit le lieu où était Sensei. Elle a l’air gênée par quelque chose et je comprends rapidement quoi. Elle n’avait pas prévu assez. Quelle tête en l’air. Je sors la pièce qu’il faut et la donne au serveur avant qu’il ne lui retire la commande. Elle m’a reconnu puisqu’elle m’appelle par mon prénom. « C’est moi. »  Je souris à mon tour par pure politesse. Evidemment, elle ne sait pas que je lui dois ces 500 yens, alors cette situation tombait à pic. « Il est un peu tard pour dire cela. » Toujours avec un petit sourire en coin. A sa question, je détourne mon regard en balayant la salle. Comment dire que j’étais là pour elle ?  « Je suis là pour remplir ma part du marché. » soufflai-je rapidement. J’ignore si elle va saisir le sens de ma phrase mais tant que je garderai le sac caché, elle ne pourra pas faire le lien. Je l’aide à ouvrir la porte en poussant l’ouverture plus franchement. Elle est plus petite que moi donc ça n’a pas été difficile de la devancer. Dans le couloir, je garde quelques pas en retrait, ne voulant pas marcher à la même hauteur qu’elle. « Oui c’était bien. » Même si je disais ça pour éviter qu’elle me pose plus de questions sur mes vacances, vacances que j’avais passé à « travailler ». «  Je passe en 3e année. » Ça va être ma dernière année au lycée et j’espère sincèrement qu’on va arrêter de me traiter comme un gamin. Je ris faiblement à sa proposition. « Vous n’avez pas oublié. » Avec cette quantité là, je vais direct finir à l’hôpital. J’hésite un instant avant de poser le sac sur son bureau. « Ce sont des cookies. » Et autres pâtisseries surement bien délicieuses pour Sensei mais surtout toxiques pour moi. « Vous vous en souvenez ? » Après tout, elle pouvait très bien l’avoir dit sans l’avoir pensé, auquel cas je serai complètement idiot de l’avoir prise au sérieux.  

TENUE  † « C’est moi. » Un sourire se logea sur mes lippes. C’était toujours plaisant de bien s’entendre avec les élèves de l’école. « Il est un peu tard pour dire cela. » Il avait raison. « Je te rembourserai dès que possible, ne t’inquiète pas. Ou si tu as besoin d’un service. » Dis-je en prenant mes affaires que je venais de commander. Je me préparais à quitter la grande salle, tout en lui demandant, s’il avait besoin de quelque chose en particulier, ou s’il m’avait simplement aidé en passant par là par hasard. « Je suis là pour remplir ma part du marché. » Je fronçais les sourcils, m’arrêtant quelques secondes avant de sourire en coin. « C’est que j’aurais presque oublié. Ah. Je vais me remplir le ventre. » Dis-je amusée de la situation. Le laissant m’aider pour pousser la porte, je le remerciais rapidement avant de marcher pour rejoindre le bureau. Discutant avec lui, j’appris qu’il passait en troisième et donc dernière année. C’est la pire et la meilleure des années. Il fallait qu’il ne profite, sans trop se relâcher, afin d’avoir le bac. « Vous n’avez pas oublié. » « Comment aurais-je pu oublier ? Hum ? J’ai une très bonne mémoire, j’ai de la chance. »[/color] Ouais, bon j’ai bonne mémoire, pour ce que je veux aussi… Finissant par arriver dans le bureau, je posais ce que j’avais en main sur le bureau avant de tirer une chaise pour qu’il puisse s’asseoir alors que je fis le tour pour me laisser tomber sur mon fauteuil. « Ce sont des cookies. Vous vous en souvenez ? » Je posais mes coudes sur la table avant de sourire en coin. « Sache mon petit Eden, que je n’oublie rien, surtout quand il s’agit de bouffe. On ne dirait pas mais je mange beaucoup. Bon. Des salades. Mais tes cookies vont me renflouer. C’est cool. » Dis-je en prenant un cookie. « En plus ils sont bons. » Dis-je en passant un doigt sur mes lèvres pour essuyer les petites miettes qui s’y trouvaient dessus. « Ça me fait penser, j’ai pensé à toi durant les vacances. » ça sonnait un peu bizarre dit ainsi non ? « J’ai trouvé une boutique où ils font pleins de choses sans gluten sans œufs et tout. » Dis-je en me penchant pour fouiner mon sac. « Y’a même des nouilles ! C’est un poil plus cher que d’habitude, mais je me suis dit, que peut-être ça pourrait t’intéresser ? » Je lui filais la carte du magasin. « Si tu veux je t’y amène d’un coup de voiture après tes cours ? »

UNIFORME  † A part avec Jae Hyun, mais son cas est spécial, je ne suis pas très proche de mes professeurs. Bien entendu, je suis l’élève modèle donc ils m’apprécient et je fais en sorte que cette impression soit réciproque, mais je ne leur fais pas confiance à proprement dit. Je ne pourrai pas me confier, ni parler comme s’ils sont là pour nous aider. Je ne fais pas encore confiance à notre infirmière, mais j’ai déjà un peu plus d’affinité avec elle qu’avec mes autres professeurs. Je secoue négativement de la tête. Ça n’aurait pas de sens si elle me rembourserait ces 500 yens. « Ça ira. Je ne vais pas mourir de faim sans ces 500 yens. » Nous sommes à Royal donc elle doit se douter que je fais potentiellement partie d’une riche famille, sauf si elle a lu sur mon dossier que j’étais boursier. Je me mets à la suivre hors de la cafeteria et l’aide à ouvrir la porte en grand dans un silence. Elle n’a pas oublié et semble savoir de quoi je parle. On arrive rapidement dans son bureau où elle me questionne rapidement sur mes vacances. N’aimant pas trop parler de moi, je réponds à ce que la discussion soit aussitôt close et change rapidement de sujet. Je lui montre le sac de pâtisseries et lui donne. Elle semble réellement s’en souvenir et apprécie même mon geste. C’est vrai qu’elle paraitrait en meilleur forme si elle reprenait un petit peu plus de poids. Elle en goute un et complimente le goût. « Ça, ça je ne sais pas. Mais je pense qu’on a de bonnes pâtissières dans le lycée. » Mais tant mieux si Sensei apprécie le gout. Elle a pensé à moi pendant les vacances ? Pendant une seconde, j’ai eu peur qu’elle ne fasse le lien entre moi et le voyant, mais comme c’est impossible, je me suis rapidement détendu. « Ah bon ? Pourquoi ? » Si ce n’est pas pour faire le lien avec ma petite profession, je ne vois pas quelle raison il pourrait y avoir. « Ça existe réellement ce genre d’endroit ? » Elle a réussi à me rendre curieux. Cette boutique m’intéresse et l’idée de pouvoir manger de nouvelles choses me comble déjà de joie. Quand elle me parle de nouille, un sourire s’échappe de mes lèvres. « Vraiment ?! Si ça m’intéresse beaucoup. Merci Sensei. » Je n’ai jamais pensé que je pourrai un jour mangé des nouilles. J’attrape la carte et lis le contenu avec intérêt. Ça me semble loin et je ne crois pas que je pourrai facilement y aller en transport commun, mais ça ne me dérange pas, je veux découvrir cet endroit, même si je devrais prendre un taxi. Je relève la tête à sa proposition. Je la fixe pendant quelques instants, comme si je n’avais pas très bien compris sa phrase. En vrai, je ne comprends pas pourquoi elle fait ça. « C’est gentil mais je ne veux pas vous déranger. Je peux me débrouiller seul. »

TENUE  † « Ça ira. Je ne vais pas mourir de faim sans ces 500 yens. » Certes, je savais que la plus part des élèves de cette école, ne crèveraient pas la faim. Seuls les boursiers, à la rigueur, connaissaient, la pauvreté, les fins de mois difficiles et le fait que cinq cent yens, puissent être important. « Certes, tu as raison. » mais quand même. En tout cas, j’étais contente qu’il se souvienne de mon offre, sur le fait de m’apporter les gâteaux qu’on lui offrait, vu qu’il ne pouvait pas les manger, et qu’il n’aimait pas pour autant les jeter. Au moins, ça servait pour quelqu’un, à savoir moi. Et puis j’étais trop maigre en ce moment, peut-être que ça me permettrait de prendre un peu de poids. En tout cas, j’en mangeais un, et autant dire qu’ils étaient très bons. « Ça, ça je ne sais pas. Mais je pense qu’on a de bonnes pâtissières dans le lycée. » Je souris alors que je finissais d’avaler ce que j’avais en bouche. Non vraiment c’était très bon, et je crois que je mangerai tout avant la fin de la journée. Mon taux de sucre, va monter en flèche haha. D’ailleurs, en mangeant, je lui annonçais que j’avais pensé, à lui durant les vacances. Il semblait surpris, bon, y’a de quoi, ce n’est pas tous les jours qu’une infirmière, dit à un élève qu’elle a pensait à lui… Y’avait rien de malsain là-dedans, qu’il se rassure tout de même… « Ça existe réellement ce genre d’endroit ? » je m’adossais contre le bureau. « Oui, y’a de plus en plus de gens qui se mettent au végan. C’est la mode il paraît… » Donc forcément c’est un marché à exploiter… Et ça pouvait servir pour lui, qui avait des allergies. Rapidement je lui filais la carte que j’avais prise quand j’y étais allée. « Vraiment ?! Si ça m’intéresse beaucoup. Merci Sensei. » « De rien, je suis contente d’avoir trouvé cette boutique. » Et puis, il semblait vraiment content, donc du coup, autant dire, que j’étais tout aussi contente pour le coup. Et puis, s’il voulait y aller, je pouvais l’aider, vu que c’était tout de même un peu loin, vis-à-vis de l’école. « C’est gentil mais je ne veux pas vous déranger. Je peux me débrouiller seul. » je secouais la tête, avant de boire une gorgée de mon thé. « Si je le propose, c’est que tu ne me déranges pas. J’ai des courses à faire en plus du coup, ça tombe bien. Vraiment, tu ne me dérangeras pas Eden. Et puis, t’ira bien plus vite si je t’amène que si tu y vas en métro ou en bus. » Je marquais une pause. « Vendu ? Il te reste une heure c’est ça ? »/div>

UNIFORME  † Sensei apprécie les cookies. Tant mieux, car même si j’ai pris l’habitude de les jeter ça me faisait quand même mal au cœur de les mettre à la poubelle. Je n’ai personne à qui les donner. Je ne vais pas assez souvent chez mes parents pour me permettre de les donner. Je pourrai les donner à King mais je ne sais pas s’il a la tête à manger des gâteaux à cause de son histoire avec Mélio. L’infirmière était donc ma première et seule solution. Si en me rendant service, je peux lui rendre service, alors tout le monde est gagnant. Mission terminée, je comptais repartir mais elle me retient en me révèlant quelque chose dont je ne m’y attendais pas du tout. Elle avait pensé à moi pendant les vacances. C’est assez stressant de ne pas savoir pourquoi, alors j’attends qu’elle m’en dise davantage. « Ça m’arrange. » Qui eut cru qu’une mode allait pouvoir me permettre de manger plus de chose ? D’un côté, j’envie ceux qui peuvent se permettre de choisir ce qu’ils veulent manger. Contrairement à eux, mon régime alimentaire m’a été imposé, alors cette fameuse boutique m’intéresse fortement. Je me suis même un peu emporté en réagissant de la sorte. Mais ce serait mentir si je disais que je ne n’ai jamais voulu tester des nouilles de ma vie. Même si l’endroit est difficile d’accès, je veux quand même y aller. Il n’est pas question que j’utilise la voiture de Sensei. Ce serait bizarre si je montais dans sa voiture à la fin des cours. Mais elle n’est pas du même avis que moi. Mon expression est neutre car je ne sais pas quoi y penser. J’hésite, je réfléchis, je pèse le pour et le contre… Je fixe le regard de l’infirmière et je n’aurai pas du puisqu’il aura été décisif. Je soupire discrètement, pour mon impuissance à refuser sa proposition. « Dans ce cas, je vous remercie. » Je hoche de la tête. « Oui, dans une heure. » Je regarde l’heure sur l’horloge. Je vais devoir retourner en cours. « Je vous attends devant le parking des enseignants ? » J’aimerai éviter de monter dans sa voiture devant tout le monde. Ça me rappelle la fois où Jae Hyun est venu me cherche en moto à quelques rues plus loin du campus, je ne voulais pas qu’on me voit avec le personnel de Royal.

TENUE  † « Dans ce cas, je vous remercie. » Je me mordillais doucement la lèvre inférieure avant de sourire en coin. Il cédait bine rapidement. C’était bon à savoir, mais ça restait mignon. Moi qui avais peur de devoir négocier pendant cent ans. Même si je ne sais pas trop pourquoi j’étais si inquiète que ça…  « Oui, dans une heure. » J’hochais la tête à cette information. Ça me laissait le temps de clôturer pas mal de chose et de me préparer pour partir. « Je vous attends devant le parking des enseignants ? » « Pas de souci, je te rejoindrai là-bas. » Je posais ma tasse de thé, avant de m’approcher de lui, et fourrager un peu ses cheveux. « Travail bien pendant ta dernière heure de cours, ne dors pas. » Je lui fis un petit clin d’œil amusé, je ne savais pas s’il était le premier ou le dernier de sa classe, mais je l’encourageai à bien démarrer cette année. Une fois seule, je m’installais pour finir mon thé et ma brioche. Attrapant les cookies, je les fermais bien dans la poche pour les mettre dans mon sac, j’allais les amener chez moi, ça serait bien plus simple. Commençant à préparer mes affaires, j’éteignis l’ordinateur, avant de ranger un peu mon bureau. Sac en main, je quittais mon bureau, allant dire au revoir aux autres infirmiers, avant de prendre la direction du parking. La sonnerie, venait tout juste de sonner. J’étais à l’heure, tant mieux. Pressant le pas, disant au revoir à quelques élèves, je relevais le regard sur le ciel orangé, montrant que le soleil commençait à décliner. Souriant en coin, j’arrivais au parking des professeurs, avant de le voir. « Tu attends depuis longtemps ? » je lui fis signe de me suivre, avant de tendre la main pour appuyer sur le bouton et déverrouiller la voiture. Montant dedans, je mis le sac à l’arrière, avant de démarrer. « On s’attache. » Dis-je de façon automatique avant de démarrer une fois attachée. Sortant du parking, j’accélérai un coup pour m’engager sur la grande route. « Alors, tu es content de ta nouvelle classe ? Les cours ne sont pas trop durs ? »

UNIFORME  † J’ai toujours eu du mal à refuser les demandes des autres. Des fois, ça m’énerve d’accepter car je me sens idiot de ne pas pouvoir dire non. Et puis, je pense avoir compris le caractère de l’infirmière alors si je devais continuer à débattre avec elle, je manquerai le cours qui suit. Je lui propose de se rejoindre devant le parking des enseignants. Je baisse légèrement la tête quand elle vient mettre sa main sur mes cheveux. Je fronce légèrement des sourcils. Elle me prend encore pour un gamin. Elle doit faire ça à tous ceux qui passent à l’infirmerie mais je ne veux pas être pris comme un enfant. « Ne vous en faites pas, je ne dormirai jamais en cours. » Je me recoiffe rapidement avant de me courber pour la saluer. Je quitte la pièce pour rejoindre la salle de cours. Je m’assois à ma place et le cours commence. Cette dernière heure d’anglais est fatigante, même pour une personne aussi assidue que moi. Mais je reste concentré et écris dans mon cahier. Je ne suis encore jamais parti à l’étranger donc je n’ai pas encore eu l’occasion d’utiliser mon anglais mais je suis assez bon dans cette langue. Malgré toutes mes bonnes notes dans toutes les autres matières, c’est l’anglais que j’affectionne le plus. Cependant cette heure passe vraiment lentement. Heureusement, ma sonnerie retentit, le cours est enfin terminé. Nous saluons le professeur et ce dernier quitte la pièce. Le brouhaha de la classe revient aussitôt le professeur parti. Ça parle de plainte, des prochains plans pour la soirée, de ce qu’ils vont manger. Quant à moi, je range silencieusement mes affaires dans mon sac. Je traverse calmement le couloir et me dirige vers le lieu convenu. Elle n’est pas encore là. Mais je n’attends pas longtemps avant qu’elle arrive. Je la salue en penchant légèrement de la tête. « Non, je viens d’arriver. » Je la suis jusqu’à sa voiture. J’imagine que je dois me mettre à l’avant. Je mets mon sac au niveau des pieds. « Oui bien sur. » Je m’attache et attends qu’elle démarre la voiture. « Hm ? » Mes cours ? « Ça va. Je ne suis pas spécialement déçu, ni content de ma nouvelle classe. » Ce n’est pas comme si je voulais être dans la même classe d’un autre. « Non, ça va. » Elle ne doit surement pas savoir que je suis bon élève.

TENUE  † Je me dépêchais pour rejoindre ma voiture, pas que je sois pressée, mais cette fois, je n’étais pas seule, je devais rejoindre un élève, Eden, pour l’amener dans la fameuse boutique, alors forcément, je ne pouvais pas trop le faire attendre. Je n’aimais pas ça en plus. Arrivant, alors qu’il était là, je souris en espérant qu’il n’ait pas trop attendu. « Non, je viens d’arriver. » Tant mieux alors. Entrant dans la voiture, je m’attachais, lui intimant d’en faire de même, avant de partir sur la route, en direction de la boutique, saint Graal, pour lui, et son allergie aux œufs. « Ça va. Je ne suis pas spécialement déçu, ni content de ma nouvelle classe. » Ni content ? Ni déçu ? Il était tout de même un peu bizarre. Etait-ce ce genre d’élève ? Solitaire ? Toujours seul, sans ami, ni rien ? Super bon en classe ? « Non, ça va. » Je me pinçais les lèvres, avant de tourner et prendre des petites rues, pour éviter les bouchons des avenues centrales. « Ah bon ? » Je me concentrais sur la route, tout en le regardant tout de même de temps en temps. « T’avais combien de moyenne l’année dernière ? » ma curiosité, était telle que je ne pouvais pas m’en empêcher. Il ne fallait pas m’en vouloir non plus. M’arrêtant à un feu rouge, je baillais longuement, avant d’allumer la radio, baissant le son, pour avoir simplement un peu, de musique en fond sonore. « Tu vis dans les dortoirs ? Tu viens d’où sinon ? Si ce n’est pas indiscret bien sûr. » Je préférais cette option, que fouiller son dossier, telle une voleuse, ça faisait tout de même malsain, non de fouiller le dossier d’un élève pour en apprendre plus sur lui ?

UNIFORME  † Je ne savais toujours pas si j’avais bien fait d’accepter la proposition de Sensei. J’ai pour principe de ne pas avoir d’affinité avec les professeurs mais j’ignore pourquoi je n’arrive pas à garder mes distances avec l’infirmière ? En fait, c’est elle qui ne me laisse pas prendre mes distances. D’habitude, les professeurs ne veulent pas se mêler davantage de la vie de leurs élèves, ou alors ils comprennent inconsciemment que je ne veux pas qu’ils me demandent des choses sur ma vie personnelle. Et bizarrement, ma « mise en garde » ne semble pas marcher sur l’infirmière.  Même lorsque je suis sous mon identité de nuit, elle apparait et ne me laisse pas. Si sous mon « moi » sans contrainte est incapable de la faire partir, mon « moi » élève ne peut pas la convaincre de me laisser. C’est ainsi que je me retrouve dans sa voiture. Ça fait bizarre d’être avec un membre du personnel de Royal en dehors du campus. Autant je n’avais peur de rien avec mon visage caché, autant je suis un peu tendu sans le masque. Bien entendu, je ne laisse rien apparaitre sur mon visage et me contente de regarder la route devant nous. « 96. » Dis-je l’air de rien. En même temps, sans ces notes, je n’aurai jamais pu intégrer ce lycée. Je la regarde bailler d’un coin de l’oeil. Etait-elle fatiguée ? Je n’aurai vraiment pas du accepter de venir. « Je vis dans les dortoirs. Je né à Tokyo mais mon père est coréen, d’où mon nom. » J’ignore si elle connait mon nom alors je préfère le lui dire. Notre maison est à la limite de la capitale et comme la bourse comprend le logement, habituer au dortoir est plus pratique pour nous tous. Je ne suis pas habitué à parler de moi alors c’est tout ce que je dis pour l’instant. « C’est vert. » Le feu a changé et elle peut rouler. « Sensei, si vous êtes fatiguée, on peut y aller une autre fois. » Bien entendu, mon « autre fois » signifie jamais, mais ça, elle n’est pas sensé le savoir.

TENUE  † « 96. » Quatre-vingt…. Quoi ? Seize ? Je clignais des yeux un instant avant de le regarder. Pensant à lever le pied de la pédale, tout en freinant un peu. « Ah oui. Ok. » Ouais, il était loin d’être le dernier de la classe. Mais tant mieux, ça prouvait qu’il buchait bien quand même. C’était cool pour lui, et il aurait pleins de portes aussi, ouvertes, à lui, s’il voulait, aller, dans une autre université que celle de la Royale. « Ah, ça me rappelle quand j’étais au lycée. J’étais bonne élève. J’ai même pu faire école de médecine, avant de partir en école d’infirmier. » dis-je en souriant en coin. Même si l’école d’infirmier, n’était pas réellement mon choix premier. Mon père ne me pensait pas capable de soigner quelqu’un, il avait sûrement raison. Infirmier, dans une école, je ne risque pas de faire une faute médicale. Même si c’est triste. Quand on y pense. En tout cas, je tentais d’en apprendre plus sur lui, je voulais aussi faire la discussion, c’était plutôt sympa de parler avec lui. Je ne pouvais pas le cacher, Eden était un garçon fort sympathique. « Je vis dans les dortoirs. Je suis né à Tokyo mais mon père est coréen, d’où mon nom. » Hum, c’est vrai que j’avais remarqué sa consonance Coréenne. Mais sans plus. Je ne m’étais pas réellement posé de question sur ce point-là. « Tu as déjà visité la Corée du coup ? Ou pas du tout ? » Bon c’était tout de même cliché. Ma mère est américaine, ce n’est pas pour autant que je suis allée en Amérique. M’arrêtant à un feu rouge, tout proche de la boutique, je me mis à bailler. Longuement. A m’en décrocher la mâchoire. « C’est vert. Sensei, si vous êtes fatiguée, on peut y aller une autre fois. » Je passais la vitesse avant d’accélérer. « Oh, si je devais me reposer à chaque fois que je baille, mon dieu, je ne bosserai plus. » Une pointe d’humour, qui n’était pas fausse pour autant. « Je baille tout le temps, même au travail, alors tu sais. » Je cherchais une place, avant de me garer sur la première que je trouvais. Pas facile de se garer dans cette grande ville. Quittant la voiture, je m’étirais avant d’attendre qu’il en sorte pour la verrouiller. « Ah… Le soleil n’est déjà plus là… C’est ce que je regrette le plus. Ma mère m’a toujours dit qu’en Amérique, le soleil se couche bien plus lentement. Ça doit être cool à voir. »

UNIFORME  † Sa réaction sur ma note me ferait presque rire. Je ne savais pas que ça pouvait encore étonner quelqu’un. Après tout, j’étais dans un premier temps connu pour mes notes quasi parfaite. Puis mon physique n’a fait qu’accroitre leur intérêt pour moi. En fait, un rire finit par m’échapper. « Vous ne le saviez pas sensei ? » J’imagine que son statut est légèrement différent des professeurs. Et comme je n’ai jamais visité l’infirmerie avant ma crise d’allergie, ce n’est pas si surprenant qu’elle ne me connaisse pas. Je la regarde en silence. «Pourquoi vous n’êtes pas allée en médecine ? » Je compte faire des études en médecine. A vrai dire, ce n’est pas par intérêt personnel mais je sais que ça rendrait mes parents fiers d’avoir un fils médecin. Et c’est une raison suffisante pour que j’aille en médecine. Me rendant compte que ma question peut être assez indiscrète et mal vue, je me redresse sur mon siège, raclant ma gorge. « Enfin, je ne dis pas que ce n’est pas bien d’être infirmière. Sans les infirmières, les médecins n’arriveront à pas grand-chose. Et sans les infirmières au lycée, j’aurai pu mourir.  » Ce genre de cas n’arrivent pas très fréquemment mais ça empêche la fatalité d’arriver. Bref, tout ça pour dire que je ne sous estime pas son métier. Je secoue négativement de la tête. « Non, jamais. » Je n’ai même pas de passeport. Mais il m’en faudra bien un si je souhaite visiter d’autres pays. Pour le moment, ça sonne plus comme un rêve qu’un objectif. On s’arrête devant un feu et Sensei exprime sa fatigue. J’étire finement mes lèvres à sa remarque. « Vous n’êtes plus très jeune, c’est pour ça. » voulais-je dire si j’avais eu mon masque, mais je me retiens. On se gare à une place et une fois le moteur coupé, je me détache. Je sors du véhicule et la regarde s’étirer. « Je pense. Mais le bon côté est que la lune est visible bien plus tôt. » Et puis, il faut que le soleil se couche pour que les étoiles apparaissent. Mais ça ne m’empêche pas de vouloir voir le soleil en Amérique. « Vous avez des origines américaines ? »

TENUE  † « Vous ne le saviez pas sensei ? » Apparemment, c’était quelque chose de surprenant de ne pas le savoir. Toute l’école le connaissait ? Bon, faut dire, que je ne m’intéresse pas tant que ça aux élèves, hormis ceux qui viennent, mais pas de façon scolaire, sauf si besoin est. Je suis curieuse, mais je n’ai pas une âme de fouineuse pour autant. « Pas du tout, j’en apprends donc un peu plus sur toi, aujourd’hui. » Et je crois bien que je risque, d’avoir d’autre surprise ? Enfin, je verrai bien, mais ça ne me dérange pas. Eden est un garçon vraiment intéressant. La discussion se faisait de façon naturelle avec lui en fait. C’est bien ce qui est plaisant. Je n’ai jamais aimé les conversations forcées, ou l’on cherche quoi dire, pour ne pas créer de malaise ou de gêne. « Pourquoi vous n’êtes pas allée en médecine ? Enfin, je ne dis pas que ce n’est pas bien d’être infirmière. Sans les infirmières, les médecins n’arriveront à pas grand-chose. Et sans les infirmières au lycée, j’aurai pu mourir. » « J’y suis allée, pendant un an. Mais suite à quelques soucis, personnels, j’ai dû arrêter. Tu n’as pas à te justifier. Je n’ai jamais été satisfaite de n’être qu’une simple infirmière. J’avais des convictions à devenir médecin. Mais malheureusement, j’ai dû changer. » Parce qu’Hiro est mort. Parce que j’ai totalement pété les plombs à l’époque, et que j’étais et je suis toujours instable pour être un quelconque médecin. C’est triste quand on y pense. Ma vie professionnelle est pathétique, simplement dirigé par mon père, pour être sûr que je puisse un minimum travailler sans souci. Grâce à ses relations. « Non, jamais. » « On est deux, mais j’aime leur kimchi. » Finissant par me garer, je coupais le moteur, avant de quitter la voiture. Claquant la portière, je m’étirais longuement, tout en continuant de discuter. L’air était agréable, et une légère odeur de nourriture, se faisait sentir. Ça me donnait, tellement faim… « Je pense. Mais le bon côté est que la lune est visible bien plus tôt. » Je souris doucement en levant les yeux au ciel, à la recherche de la lune. Mais pour l’instant, je ne la voyais pas. Surement à cause des gratte-ciel. « Vous avez des origines américaines ? » J’enfouissais mes mains dans mes poches, en commençant à marcher sur le trottoir, en direction de la boutique. « Ma mère est Américaine, et mon père et Japonais. Ça ne se voit même pas. Faut dire que ma mère a des origines asiatiques de base. Enfin, sa famille a migré en Amérique y’a plusieurs décennies. » Alors même si ma mère était une métisse de base, c’est sûrement pour ça, que physiquement parlant. Je ressemble à une asiatique.

UNIFORME  † Elle ne le savait réellement pas pour mes notes. Je ne dis pas forcément que tout le monde me connait mais ceux qui suivent plus ou moins la vie sociale au lycée savent pour moi et ma réputation. C’est aussi pour ça que j’ai hâte d’entrer à l’université. Il y aura tellement plus de monde qu’ils finiront par m’oublier. Au lycée, nous sommes contraints de rester en classe, donc forcément, ça papote dans tous les sens. Alors qu’à la fac, il existe bien d’autres activités plus intéressantes que de parler des autres. Elle a dit qu’elle apprenait un peu plus sur moi aujourd’hui mais l’inverse est vrai aussi. Elle voulait être médecin mais n’a pas pu le devenir. Je pense qu’elle regrette plus ou moins cette décision. « Je compte être médecin plus tard. » Est tout ce que je trouve à lui dire. Je ne dis pas que je compte réaliser son rêve à sa place car ce n’est pas à moi de le faire mais je voulais qu’elle connaisse mon objectif. « Vous allez peut être en rire, mais je n’ai jamais mangé de kimchi. » Mon allergie n’a rien à voir avec ça mais généralement, ce n’est pas mon père qui s’occupe de la cuisine. Je sors de la voiture et m’assure de n’avoir rien oublié dans la voiture. Je lève à mon tour la tête vers le ciel. Ni la lune, ni les étoiles ne sont là pour accompagner dans mes mots. Je perds toute crédibilité. Je rejoins l’infirmière sur le trottoir et marche à ses côtés. « Elle vient d’où ? » L’Amérique, c’est grand. « Vous n’avez jamais voulu aller voir son pays d’origine ? » Moi, je n’ai ni le temps, ni les moyens pour visiter la Corée mais elle, elle devait en avoir non ? En à peine deux minutes, on se retrouve devant le restaurant. Ça sent délicieusement bon et je me réjouis de gouter aux nouilles sans œufs. J’appuie sur le bouton et la porte coulisse sur le côté. Même s’il est relativement tôt, il y a déjà du monde en salle. « Nous sommes deux. » dis-je à l’intention du serveur. Il regarde à travers la salle et nous demande de le suivre. Il nous installe sur une petite table ronde et nous laisse la carte avant de partir. « Je ne m’attendais pas à ce qu’il ait autant de monde. » J’ouvre le menu et découvre les plats.

TENUE  † « Je compte être médecin plus tard. » Il a de l’ambition, et c’est ce qu’il faut, quand on fait ce genre d’étude si difficile… Pas le choix… Le corps humain n’est pas à prendre à la légère… « J’ai gardé mes cours, si jamais tu les veux. C’est bien la seule section ou y’a pas réellement de changement. Sauf si nos corps changent entre temps… » Dis-je doucement. Mais j’en doutais. L’humain avait assez évolué. Et puis la première année de médecine n’est pas si poussé que ça. Ça pourrait surement l’aider qui sait. Il aurait un train d’avance sur les autres. « Et puis si tu as des questions, ou des doutes je pourrais t’aider. Je ne suis qu’une infirmière, mais dans le fond j’ai fait le même programme que les médecins en moins complexe. » Bien moins complexe oui. En tout cas, on discute et on en apprend mieux l’un sur l’autre. C’est rare que je puisse partager des informations avec des élèves, surtout des lycéens, mais au final, Eden est tellement agréable que j’en oublie qu’il est lycéens. « Vous allez peut être en rire, mais je n’ai jamais mangé de kimchi. » Sur le coup, un bref rire s’échappa de mes lèvres. Ce n’était pas moqueur mais il m’avait fait rire tout simplement de lui-même. « C’est pas une honte, un jour tu pourras en goûter. Ça ne te donne pas envie ? » Et puis, fallait aimer la nourriture épicée aussi, ça s’était un autre problème. Sur le trottoir, je marchais à ses côtés, en direction du bâtiment qui se trouvait plus loin dans la rue. « Elle vient d’où ? Vous n’avez jamais voulu aller voir son pays d’origine ? » « New-York. Pas vraiment ? De toute façon, mes parents étaient bien trop occupés à l’époque pour m’emmener en voyage. » Même si ma mère était plus une femme au foyer qu’autre chose, mon père lui ne prenait jamais de vacances. Et de toute façon, on avait beau dire, beau faire, je n’avais jamais été proche de mes parents, qui n’avaient jamais compris mon mal-être quand j’étais adolescente. Je soupirais silencieusement en le suivant. Je le laissais gérer pour le restaurant avant de le suivre et m’installer. C’était déjà bien plein. « Je ne m’attendais pas à ce qu’il ait autant de monde. » « C’est à la mode ce genre d’alimentation. » Je posais un coude sur la table avant de regarder autour de nous. Prenant la carte finalement, je l’ouvris pour voir ce qu’il y avait au menu, avant de réaliser que c’était bien la première fois que j’allais au restaurant avec un homme depuis… Combien d’année ? Je me mordis la langue à cette pensée avant de fermer la carte et la poser. « Je crois que je vais rester dans le classique et prendre un grand bol de ramen. Et toi ? Tu vas te lancer dans la découverte des nouilles ? » Demandai-je en plongeant mon regard dans ses yeux.

UNIFORME  † Elle ne le savait réellement pas pour mes notes. Si j’ai choisi de faire médecin, ce n’est pas parce que j’éprouve de l’intérêt à sauver des vies mais parce que je sais que mes parents seront contents d’avoir un fils médecin. Et puis, ça rapporte pas mal aussi. Mais cela signifie aussi que je devrais mettre en pause mes activités illégales. Certes, je ne faisais pas par plaisir mais ce serait mentir si je disais que ça ne pimentait pas ma vie. En fait, je ne me vois pas arrêter ce que je fais. Ça fait partie de moi. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me propose ses cours. « Je garderai votre proposition en mémoire. C’est gentil.  » Même si je ne me vois pas vraiment lui demander ses cours de moi-même. Mais je suis sincère quand je disais qu’elle était gentille. « Ne sous estimez pas votre travail d’infirmière. Je viendrai à vous si jamais j’ai des questions.  » Ce sont mes parents qui trouvent qu’être médecin est un métier plus prestigieux qu’un autre. Pour ma part, ça ne l’est pas. Du moment qu’on gagne de l’argent, chaque métier vaut la peine d’être fait. Et il n’y a pas une fonction mieux qu’une autre. J’évoque mes origines mais lui avoue que je n’ai aucune connaissance en cuisine coréenne. Elle rit et je trouve son rire agréable à entendre. En tout cas, il sonne bien à mes oreilles, même s’il n’a duré qu’un petit instant. « Non pas spécialement. Par contre, c’est le pays que j’ai envie de découvrir. » Je préfère voyager que manger. Il faut dire qu’avec mon allergie qui me prive de beaucoup de choses, j’ai appris à ne pas être si gourmand. « Je vois. » Je crois que c’était le même « problème » pour tous les enfants, sauf qu’on n’avait pas les moyens non plus. Après avoir longé la rue, on rentre dans le restaurant. Je prends l’initiative de nous signaler auprès du serveur. Heureusement, il y a encore de la place pour nous deux. Sensei trouve rapidement ce qu’elle prend. A sa question, je lève la tête avant de croiser son regard. « Oui, c’est ce qui m’a donné tant envie de venir. » J’étire mes lèvres en un fin sourire. « On prend des brioches à la viande pour partager ?  » J’attends sa réponse avant d’appeler le serveur. J’énonce les plats qu’on veut. J’ai bien envie desserrer ma chemise mais je ne veux pas paraitre relâché devant un sensei de Royal, et ce, même si l’infirmière est gentille. Malheureusement, être lycéen, ça a beaucoup de contraintes. Ne voyant pas les baguettes installés, j’examine la table avant de trouver un tiroir avec les couverts. Je sors deux paires de baguettes et récupère des mouchoirs pour les poser dessus. Une paire devant elle et une autre devant moi.

TENUE  † « Je garderai votre proposition en mémoire. C’est gentil. » J’étais bien contente, qu’il puisse garder ma proposition en tête. De toute façon, ce n’est pas à tout le monde que je fais ce genre de proposition, alors il devrait tout de même se sentir un minimum fier. Mais bon, ça il ne peut pas le savoir non plus. « Ne sous estimez pas votre travail d’infirmière. Je viendrai à vous si jamais j’ai des questions. » Ce n’était pas réellement le travail que je sous estimais, mais c’était plutôt moi que je haïssais. Mais ça c’était un autre problème. Mordillant mes lèvres, je passais une main dans mon cou, le massant légèrement pour me ressaisir. « J’y répondrai avec plaisir. » Je pouvais même être son cobaye, s’il avait besoin, pour apprendre à piquer les gens. Mais bon, je ne me voyais pas le lui proposer pour autant, j’avais l’impression de plus le gêner qu’autre chose, surement parce qu’il était encore jeune ? Parlant de la Corée, je riais à son annonce sur le kimchi, mais ce n’était pas bien grave, il pourrait en manger plus tard, ce n’était pas une honte non plus. « Non pas spécialement. Par contre, c’est le pays que j’ai envie de découvrir. » « Alors tu sais ce qu’il te reste à faire. Le visiter. Pourquoi tu ne le fais pas pendant les vacances de fin d’année ? Ça peut être sympa avant de passer étudiant. » Beaucoup de jeune faisait un voyage lorsqu’il devenait étudiant. Je n’ai jamais réellement compris le concept, mais ça peut être sympa. Une fois dans le restaurant, et installé, je le regardais de temps en temps. Ça faisait bizarre d’être dans un endroit pareil, avec lui. Pas parce que c’était lui, même si ça pouvait y jouer, ce n’était pas totalement un inconnu. Mais surtout car je ne faisais plus ce genre de chose d’habitude. J’étais contente de le voir si enthousiaste. Un restaurant, végan, qui n’utilisait pas d’œufs dans ses recettes. « Oui, c’est ce qui m’a donné tant envie de venir. On prend des brioches à la viande pour partager ? » J’hochais la tête. « Allez, va pour ça, j’aime les brioches à la viande. » bon, je ne suis pas compliquée, j’aime tout… Le laissant appeler le serveur, j’annonçais ce que je prenais, avant de voir, Eden, chercher les baguettes et m’en donner une paire. « Merci. » Dis-je simplement. Les posant à mes côtés je le détaillais longuement avant de poser mes coudes sur la table, et tenir ma tête de la paume de mes mains. « Ca faisait longtemps que je n’étais pas allée au restaurant, accompagnée. J’en perdrai presque c’est petite attention. Le jour où tu auras une copine, elle sera contente. » Il semble très prévenant et attendrissant. Et protecteur aussi.

UNIFORME  † Si j’ai réussi à en arnaquer plus d’un, c’est parce que j’ai une bonne capacité à observer les réactions des autres. J’ai bien remarqué que quelque chose n’allait pas chez l’infirmière à cause de ce que j’ai dit. Mais je ne suis pas en mesure de lui demander quoi ce soit. Je ne devrais pas me mêler des choses qui ne me regardent pas. Je ne pense pas avoir un « traitement de faveur » de sa part. J’imagine qu’elle est gentille avec tout le monde, aidant ses élèves sans arrière pensées. C’est la première fois que je rencontre une personne ainsi. Les professeurs sont gentils mais je sens une certaine hypocrisie dans leur attitude. Enfin, je ne dois pas être le meilleur placé pour parler d’hypocrisie. C’est pour ne pas être mal vu par les autres que je suis gentil et irréprochable. Je lui évoque mes origines et mon envie de partir en Corée. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas les moyens de partir. Quoique, avec la dernière affaire de Jae Hyun, j’ai réussi à gagner une belle somme d’argent et c’est amplement suffisant pour partir pendant deux semaines. « C’est vrai. Mais je préfère économiser un moment avant de partir. » Pas pour moi, mais pour mes parents. Mais honnêtement, même si je rêve de partir, ce premier pas est quand même bien difficile. On serait arrivé dix ou vingt minutes plus tard, il n’y aurait déjà plus de place. Cet endroit est populaire, pour l’instant en tout cas. J’ai hâte de pouvoir manger des nouilles. Mon envie est tellement grande que j’ai tendance à me relâcher devant sensei. Je n’avais encore jamais mangé un repas 100% vegan et la viande végétale me rend elle aussi curieux. J’appelle le serveur et commande nos plats. En attendant qu’ils arrivent, je place la table. « Vous mangez seule d’habitude ? » Ça m’étonne un peu, vu son caractère. Je lache un petit rire à l’évocation de ma future petite copine. « Qui vous dit que je n’en ai déjà pas une ? » Je souris avant de secouer négativement de la tête. « Je rigole. Je n’en ai pas. Mais j’espère que ce sera vrai, qu’elle sera contente. » Je me souviens lui avoir fait une prédiction sur ses futures relations amoureuses. La regardant discrètement, je me demande si elle a toujours mes mots en tête.

TENUE  † « C’est vrai. Mais je préfère économiser un moment avant de partir. » Economiser pour partir, c’est une bonne chose, ça nous permet de pouvoir profiter du voyage, sans se restreindre, ou manger, des pâtes tous les jours. En quelque sorte quoi. Mais pour son âge, je le trouvais déjà bien mature, c’était agréable de pouvoir discuter avec ce genre de personne. A son âge, beaucoup, son encore, malheureusement, immature, tiennent des raisonnements puérils et ne s’en rendent même pas compte. « Tu pourras faire plus de chose comme ça, ce n’est pas plus mal. Tu comptes visiter que Séoul ? Ou plusieurs villes ? » J’étais un peu curieuse de savoir, ce qu’il aimerait faire dans le pays du matin calme. De plus, ce n’était pas si loin, alors le voyage, ne lui couterait pas si cher que ça. Que ça soit en avion, comme en bateau. Commandant nos plats, je le laissais mettre les couverts, le remerciant pour la paire de baguette. « Vous mangez seule d’habitude ? » « Oui. On ne dirait pas c’est ça ? »[/color] Je pouffais doucement avant de passer une main sur ma joue et la gratter. « Autant, je suis très fêtarde, autant, pour ce genre de chose, je suis plus solitaire. » Et surtout car je ne voulais pas d’engagement. Et en général, partager un repas avec un homme, avec qui on couche, ça n’a rien de bon. « Qui vous dit que je n’en ai déjà pas une ? » Je le fixais, surprise. Il pouvait en avoir une oui, c’est vrai. Mais il semblait plus être le genre de garçon solitaire que sortir avec une fille. « Je rigole. Je n’en ai pas. Mais j’espère que ce sera vrai, qu’elle sera contente. » Je souriais doucement en tendant le bras pour lui pincer la joue. « Hé, c’est que tu joues avec moi. » Je lui tirais la langue amusée avant de lâcher sa joue, histoire de ne pas lui faire mal non plus. « Tu as le temps avant de trouver une copine. Parfois, trouver trop tôt, peu briser ta jeunesse. » C’était mal de généraliser, vis-à-vis de ce que j’ai vécu, mais je ne souhaitais pas voir des enfants souffrir, comme j’ai souffert.

UNIFORME  † Je réfléchis à sa question. Je n’ai jamais pensé à aussi loin. Je voulais juste partir et visiter des pays sans réellement m’attarder dessus. « Seoul me tente bien mais j’aimerai bien aller voir d’autres villes aussi. » En fait, je préfère de loin les villes reculées que les grandes villes comme Seoul ou Tokyo. « Mais l’endroit qui me tente le plus en Corée, c’est l’ile Jeju. » Ou les autres iles, ça me va aussi. En tout cas, j’aimerai un endroit calme avec beaucoup de paysages à voir. Installant les baguettes, je suis surpris par la révélation de l’infirmière. Je hoche timidement de la tête à sa question. C’est difficile à croire qu’elle puisse être « seule ». Je suis à moitié surpris car ça correspond plus ou moins bien à la prédiction que j’ai faite. « Peur de se poser » hein. Je ne peux pas encore lui demander davantage. Je ne suis qu’un de ses élèves. Mais si j’avais eu le masque, je n’aurai pas hésité à aller plus loin dans mes questions. Quoi que, je n’ai pas hésité à la taquiner sur le fait d’avoir une copine ou non. Elle me répond en me pinçant la joue. « Ahh. » Elle m’a surprise. « Vous ne devriez pas utilisez votre autorité sur vos élèves hors du campus. » Je me masse légèrement la joue, même si ça ne m’a pas fait si mal que ça. Je sens quelque chose d’étrange dans ses propos. Ça sent presque le vécu. « Vous allez bien ? » Je la regarde, un peu inquiet par ce changement brusque. « Si ça peut vous rassurer, je ne compte pas avoir de copine avant longtemps. » J’ignore pourquoi je lui ai dit ça. C’est idiot. Heureusement, nos plats arrivent et le serveur les pose sur la table. « Itadakimasu » Je prends mes baguettes. J’avoue que je redoute un peu ce moment. J’ai peur de faire une allergie en mettant ces nouilles dans ma bouche. « C’est vraiment sans œuf hein ? » Parce que visuellement, on n’en a pas l’impression.

TENUE  † « Seoul me tente bien mais j’aimerai bien aller voir d’autres villes aussi. Mais l’endroit qui me tente le plus en Corée, c’est l’ile Jeju. » L’île de Jeju ? C’est vraiment que beaucoup de monde parlait de cette ile super sympa. Il paraît qu’il y a beaucoup de choses à voir d’ailleurs. D’en parler, il me donnait envie d’y aller, surtout que c’est bientôt l’été, et c’est la saison pour y aller et profiter des plages… ah… L’odeur de la mer me manque. « Il paraît que l’île de Jeju est très belle. Les orangers là-bas rendent l’ile encore plus magnifique. » Merci les dramas et autres pubs touristiques que j’avais vu dans les agences de voyages, placardées sur les vitrines, lors des périodes estivales. En tout cas, c’était agréable, parce que je passais un très bon moment en compagnie du jeune garçon. Il n’était pas un ado difficile qui se rebelle et parle mal. « Ahh. Vous ne devriez pas utilisez votre autorité sur vos élèves hors du campus. » Je le regardais avant de rire doucement. « Considère-moi comme une grande sœur alors en dehors. Pardon, je ne pensais pas que tu le prendrais ainsi. » Et j’étais sincèrement. Je passais ma main sur sa joue. « Tu as mal ? J’aime bien taquiner. J’aurai fait une parfaite Onee-chan si mes parents avaient eu d’autres enfants. » Mais j’ai toujours été seule, donc… Fallait bien que je taquine les autres, non ? Il faut dire que depuis qu’Hiro était rentré dans ma vie, je m’étais beaucoup plus extériorisé. « Vous allez bien ? » Surprise, par la question, je le regardais, sans trop savoir quoi dire. « Si ça peut vous rassurer, je ne compte pas avoir de copine avant longtemps. » « Ne te prive pas trop non plus. Etudier c’est bien, s’amuser ça l’est tout autant. Et quand on grandit, avoir quelqu’un à ses côtés c’est apaisant ? Je pense que le meilleur âge pour avoir quelqu’un dans sa vie c’est la vingtaine. Quand t’es en seconde ou troisième année de fac ? Mais c’est que mon point de vue. » Je souris un peu plus, laissant le serveur, poser les plats sur la table. Répondant à son bon appétit, je tapais des mains avant de fermer les yeux quelques secondes et prendre mes baguettes. L’odeur me donnait très faim. « C’est vraiment sans œuf hein ? » « Oui, ne t’inquiète pas, et puis. » Je fouillais mes poches avant de sortir une petite poche. « Au cas où, j’ai pensé à tout. » Et cette fois, j’avais pris en seringue, ce qui était bien plus efficace. « Je n’ai pas l’intention de te tuer, t’es trop mignon pour ça. Allez mange. Vite ça va refroidir. »

UNIFORME  † Plus on parle de voyage, plus je me rends compte que j’ai réellement envie de partir. Je ne me limite pas qu’à la Corée du Sud. J’aimerai aller sur toutes les iles du monde et découvrir les secrets de la nature. Bien entendu, cela reste un rêve, un très grand rêve. Pour le moment, je préfère gagner de l’argent pour pouvoir donner à mes parents une petite vie tranquille. Je hoche de la tête pour confirmer les propos de l’infirmière. « Grande sœur ? » Il est difficile de voir un(e) professeur(e) comme un grand frère ou une grande sœur. Mais l’infirmière se comporte réellement comme telle en passant sa main sur ma joue. Je n’ai pas eu mal mais c’est quand même gênant de se faire tirer la joue en public. Certes, nous ne sommes pas au lycée mais j’ai l’impression d’être un gamin qui se fait taquiner par une adulte. « Donc vous devenez la grande sœur de vos élèves ? » Je n’ai pas non plus de frère ou de sœur. Mais j’imagine que je serais plus du genre à chérir cette personne que de la taquiner. Qui sait ? Ce n’est que maintenant que je le remarque mais je ressens quelque chose de plus dans les propos de Sensei. Ce sont plus que de simples conseils, comme si c’était une mise en garde. Du vécu. Je fais suffisamment confiance à mon sens d’observation et de déduction pour penser cela. Ce n’est pas qu’une hypersensibilisation de ma part. « Sensei, ce ne sont pas des choses qu’on contrôle, parce que si c’était le cas, vous ne seriez pas seule à l’heure qu’il l’est. » Ce n’est qu’une opinion de ma part. Après tout, je ne suis pas l’expert en la matière non plus. Les plats arrivent et je regarde les nouilles avec curiosité. Je suis surpris par la précaution de Sensei. Elle a apporté des médicaments et vu la forme de la pochette, je dirai même qu’elle a apporté une seringue. Je suis impressionné. J’attrape mes baguettes et pioche les nouilles. J’ai hésité une seconde avant de mettre les pates chinoises dans ma bouche. C’est délicieux. J’ignore comment devrait être le gout authentique de nouilles mais ceux là ne sont pas mauvais. Comme je mange des nouilles pour la première fois, je galère un peu, ne sachant pas si je dois tout mettre dans la bouche ou couper les nouilles avec les dents. Je décide de tout mettre dans la bouche puis mets ma main devant la bouche pour cacher ma maladresse. « C’est très bon. Vous voulez gouter ? » demandai-je après avoir fini d’avaler mes nouilles. Je pousse légèrement l’assiette vers elle.

TENUE  † « Grande sœur ? » J’hochais la tête, pour confirmer mes dires. Il avait bien entendu, grande sœur. C’est un peu plus cool et classe qu’infirmière. Enfin, ce n’était qu’une proposition, il n’était pas obligé de l’accepter, je ne le forçais, en aucun cas. S’il faut, ça allait le rendre mal à l’aise ? Je ne voulais pas non plus le déranger. « Donc vous devenez la grande sœur de vos élèves ? » Je relevais le regard vers lui, avant de sourire doucement. Mordillant mes lèvres, je secouais la tête, négativement. « Des élèves, je ne sais pas, mais de toi, oui. Il n’y a qu’à toi que j’ai proposé cela. » Bon faut dire que c’est la première fois, que je mange au restaurant avec un des élèves du lycée… ça ne m’arrive jamais… Je veux dire, je croise des élèves parfois dans la ville, on se dit bonjour, ça va, et voilà. Ça n’allait pas plus loin. Contrairement, avec lui, ou c’était un peu plus poussé. Mais c’était cool, parce qu’Eden, est adorable, et qu’on partage un secret ensemble. Bon, je connais son secret. Lui, ne connaissait rien de moi. Il valait mieux, je n’avais pas envie de voir l’espèce de pitié, que je vois dans les regards de ceux qui savent. Être veuve, si jeune, n’est pas un handicap. C’est leur mentalité, qui l’est. En tout cas, les plats arrivèrent, et bizarrement, on se mit à parler, amour. Pas que ça soit un sujet super intéressant, vu qu’on était tous les deux célibataires. Mais c’était agréable, de pouvoir discuter, sans réfléchir à quoi dire et ne pas dire, malgré son âge. « Sensei, ce ne sont pas des choses qu’on contrôle, parce que si c’était le cas, vous ne seriez pas seule à l’heure qu’il l’est. » Je souris doucement. Il avait raison, comme il avait tort. Je claquais ma langue contre mon palais, avant de le regarder. « Ton innocence me fait sourire, Eden. » Après tout, l’amour on peut l’avoir, comme s’en débarrasser quand on veut. Non ? Beaucoup le fond, car beaucoup, n’arrive pas à gérer une relation qui dure… Enfin dans mon cas, je repoussais, toute tentative d’intrusion. Si ça va plus loin que le sexe, c’est dehors. Finissant par manger, après l’avoir rassuré, sur le fait que j’avais pris de quoi le soigner, au cas où. Je dégustais tranquillement mon plat tout ne le regardant manger. On aurait dit un enfant, devant son nouveau jouet à noël. « C’est très bon. Vous voulez gouter ? » Regardant son bol, j’hochais la tête, avant de goûter et mettre ma main devant ma bouche le temps de manger. « Hum. C’est délicieux. » Dis-je en poussant mon plat, pour qu’il goûte le mien. « Tiens goûte le mien. » J’attrapais mon verre en attendant pour boire un coup. « Tu pourras dire à tes parents que tu as mangé des nouilles. Même revenir avec eux la prochaine fois. » Ou tout seul, il faisait comme il voulait aussi.