Il était très tard ce soir là. Le soir où elle avait décidé que s'en était trop. Qu'elle avait besoin de vider son sac, ou son estomac. Il était tard et presque tout le monde dormait lorsqu'une jeune femme seule se baladait dans les rues en titubant et riant parfois pour rien. Elle avait quitté le bar dans lequel elle était restée une bonne heure. C'était peu allez vous dire. Mais une heure à boire non stop, c'était beaucoup. Mais les verres semblaient être sa solution. En fait l'alcool était une solution pour beaucoup de gens, et fière ou non , elle en faisait partie." C'est calorique Amy, bois pas. "Même la voix de la raison dans sa tête n'était pas si raisonnable. Elle était là pour la tenir loin du poids qu'elle faisait avant mais pas des mésaventures qu'elle pouvait vivre en buvant comme un trou.

Alors oui, à deux heures du mat' elle se retrouvait à monter sur une scène habituellement remplie de personnes venant faire des concerts, ou bien des mannequins. Mais la nuit, qui était là ? Personne. Dans son état d'ivresse elle se dit donc que c'était son jour de chance, son jour où elle pouvait montrer ce qu'elle valait à tout le monde. Une fois l'estrade escalader d'une manière peu délicate elle se mit débout en étant d'abord à quatre pattes puis se relevant avec la grâce d'un pachyderme blessé. Une fois sur ses deux jambes elle mit ses mains sur ses hanches, complètement décoiffé, les cheveux en pagaille. Elle regarda devant elle en passant une main dans ses cheveux. Personne n'était devant elle mais son ivresse lui montrait le contraire.


S'époumona-t-elle. Comme si cela lui avait fait du bien elle soupira en mordant sa lèvre. C'était mieux qu'une séance de psy. Mais d'un coup elle se mit à rire, on aurait dit une folle.


C'est ce que son frère lui répétait tout le temps. Il était adorable lui. Et pas qu'avec sa soeur. Il l'aimait et elle le savait. Elle avait toujours son épaule pour pleurer. Sauf ces derniers temps. Elle avait changé qu'il avait dit. Oui elle avait changé, elle n'avait pas le choix ou elle allait devenir folle. Son avenir était tracé: vieille avec des chats peut être doublure dans l'ombre pour une de ces filles super bien foutue. Et c'était hors de question. Elle ne comprenait pas en quoi son changement était un problème. Oui elle enchaînait les conquêtes. Les coups d'un soir ou les conneries avec ses ex mais qu'est ce que ça pouvait y faire ? Elle était toujours sa petite soeur non? Pour lui ça avait changé, il voulait la protéger, pas la voir se détruire. Mais sans son frère Amy était perdue.

Continuant un monologue elle voulu même chanter à deux doigts de pleurer.  Mais un spectateur arriva assez rapidement. Enfin une spectatrice. Pauvre d'elle.

TENUE • Il existait, sur Terre, des personnes assez travailleuses pour continuer une fois la nuit tombée. Jusqu'à l'épuisement, elles écrivaient et triaient des papiers pour le lendemain ou seulement pour s'avancer dans leur semaine. Généralement, elles ne prenaient pas la peine de regarder l'heure et finissaient par s'endormir sur leur bureau. C'était le cas de Moon Haneul, nouvelle professeur de musique à la Royal. Parce qu'elle voulait faire partager sa passion pour sa matière, elle s'était chargée de deux niveaux et d'un club en plus. La trentenaire devait donc s'occuper petit à petit de tous les papiers à remplir, ce qui se révélait être une tâche considérable et chronophage.

Grognant dans son sommeil, elle finit par papillonner des paupières et entrouvrir ses yeux. Je me suis endormie, pensa-t-elle en soupirant. Haneul se releva progressivement en s'étirant de tout son long avant de bailler pendant deux bonnes minutes. Si elle ne faisait pas plus attention, elle finirait tous les soirs dans cette situation, ce qui lui déplaisait fortement. Le lit de son appartement était bien trop confortable pour qu'elle lui fasse défaut. Soupirant de nouveau, elle se leva, enfila les escarpins qu'elle avait retiré pour travailler et rassembla toutes ses affaires dans son sac.

Une fois parée, elle enfila une petite veste et sortit de la salle des professeurs pour gagner la cour et après, le parking. Elle avait hâte de regagner son petit sanctuaire où ses animaux l'attendaient. Vu l'heure, Haneul priait pour que sa femme de chambre ait pensé à les nourrir sinon ils la bouderaient pour trois jours. Ce qui la peinerait vu l'amour qu'elle leur portait. En sortant dans la cour, la professeur s'arrêta, croyant entendre quelqu'un crier. Cela venait de l'estrade. Doucement, elle se dirigea vers l'endroit, prête à affronter n'importe quoi. "...elle est chiante ! Moi j'ai bon caractère ! Non ? Non."

Haussant un sourcil, elle arriva finalement dans la lumière, apercevant au loin une demoiselle monologuant. À l'écoute de ce qu'elle racontait et de sa tenue, il était certain qu'elle avait bu un peu plus que de raison. Or, une jeune fille alcoolisée dans cet état ne devait pas rester seule. C'était d'ailleurs ce qui avait choqué le plus la jeune femme lorsqu'elle avait remarqué que les asiatiques avaient tendance à rentrer seuls après une soirée bien arrosée. En France, rarement on faisait cela.

Haneul s'avança donc vers la demoiselle, un sourire rassurant aux lèvres. La voir dans cet état l'inquiétait un peu, surtout lorsqu'elle se rendit compte qu'il s'agissait d'une de ses nouvelles élèves. Jung Amy si sa mémoire était bonne. "Amy ? Viens par là, viens me voir." Son japonais n'était pas des plus évolués mais heureusement pour elle, il n'était pas obligatoire d'utiliser de grandes formules de politesse pour s'adresser à un plus jeune. Elle lui aurait bien parlé en coréen mais elle ne savait pas si sa camarade était capable de lui répondre.

Si l'alcool coulait dans ses veines , s'infiltrait dans son cerveau et la rendait instable, il y avait une chose que l'alcool ne pouvait changer: sa tristesse. La jeune femme était en train de balancer ce qu'elle avait dans son sac. Plus de Amy la forte qui ne disait rien et attendait d'être seule pour craquer. Plus de compassion, plus de haine. Juste une profonde tristesse que l'alcool refaisait sortir en lui plantant des coups de couteau dans le coeur. Son frère l'abandonnait, elle n'avait plus personne. Bien sûr elle avait quelques amis. Mais ils ne remplaceraient jamais son frère et la place qu'il avait pour elle. Il avait toujours été là. C'était la seule personne où sa présence était irremplaçable et nécessaire. Elle ne demandait pas la lune, juste que son frère revienne. Mais c'était de sa faute. Il lui avait dit. Il lui avait signaler qu'elle avait changé, qu'il ne supportait pas de la voir ainsi.


Avait elle crier alors qu'elle se tenait les cheveux dans un acte désespéré. Bordel. Si personne ne l'aidait, si tout le monde la prenait pour une fille forte qui n'avait pas besoin d'aide, comment allait elle aller mieux ? Elle avait besoin d'une épaule pour pleurer sans penser à sa réputation et se demander quel genre de malheur il allait lui arrivait le lendemain. Elle avait finit par se laisser tomber en tapant sur le sol dur. Elle n'eut pas mal directement. Et sa main rouge à présent ne l'inquiétait nullement. Ce n'est qu'à la voix qui l'appela qu'elle sortit de cette transe de tristesse mélangée à l'alcool, mélangée également avec de la haine.

Relevant doucement la tête elle passa ses mains sur ses yeux enlevant toute humidité dans ceux ci. Comment cette personne connaissait elle son prénom ? Il ne lui semblait pas la reconnaître. après tout, tout autour d'elle tanguait comme pas possible alors elle n'arrivait pas à bien voir.


Une chance pour elle, elle n'approchait pas n'importe qui même bourrée. Ou alors on pourrait dire qu'elle n'approchait pas n'importe qui seulement quand elle était bourrée. Ce qui en soi la déprima encore plus. "Tu as changé. " Ces voix ne cessaient de tourner et tourner dans sa tête.


Dit elle alors qu'elle prenait ses jambes dans ses bras telle une enfant. Elle ne la connaissait pas. Elle était complètement bourrée et pas dans un état de parler du beau temps. De faire connaissance, ou même de rigoler. Elle ne voulait pas qu'on la voit comme ça, malgré tout, la vodka l'avait fait monté ici. Pourquoi? Pour déverser cette haine qu'elle contenait et qu'elle ne voulait trop exposer. Sa soeur était belle, sa soeur était intelligente, sa soeur était parfaite et merde ça l'emmerdait de passer après elle. De ne pas avoir son plat favori quand elle n'allait pas bien. Ca la faisait chier de sentir qu'on l'aimait moins et qu'on la jugeait quoiqu'elle fasse. Qu'on ne croit pas en elle et ses talents. Tout l'énervait parce que sa soeur lui avait tout voler. Elle aurait pu tenir et ne pas lui en vouloir d'être aimé de tous. Si elle n'avait pas été aimée de la seule personne que Amy convoitait.La seule personne, en dehors de son frère, qui l'aidait et lui donnait de l'importance. Mais non même ça elle devait le prendre, elle devait l'avoir et lui foutre à la gueule.

D'un coup sa colère remonta et elle cria un "Pourquoi" coréen. Ses racines étaient trop fortes pour être enterrée. Elle était trop saoule pour prendre garde à ses mots.

TENUE • Haneul avait déjà géré nombre de gens alcoolisés. Tout d'abord parce qu'elle avait fait des soirées assez conséquentes depuis le lycée et aussi parce qu'il lui était arrivée de croiser certains de ses élèves qu'elle ramenait chez eux. Des élèves comme Amy qui semblaient dans le besoin, seuls et désespérés. "Comment vous connaissez mon prénom ?" La jeune fille ne la reconnaissait pas, ou alors elle la prenait pour une pédophile. Avec un petit sourire rassurant, la professeur s'approcha doucement de la scène, ne voulant pas la brusquer. Elle s'inquiétait sincèrement pour la jeune adulte, comme pour tous ses élèves d'ailleurs. Elle avait cet instinct maternel qui lui faisait prendre soin de quiconque, qu'il soit dans là demande ou non.

"Je reste ici." Amy referma ses bras autour de ses jambes, laissant la trentenaire quelque peu dans une situation inconfortable. Elle ne voulait pas la forcer ni la brusquer, pour autant, elle ne pouvait la laisser comme cela. Haneul s'éloigna donc de sa nouvelle protégée pour emprunter les escaliers et venir à ses côtés. Le temps qu'elle fasse son trajet, sa camarade avait crié un "Wae" typiquement coréen. Cela rassura la femme car elle ne se sentait pas de calmer quelqu'un en Japonais vu l'heure qu'il était.  Et même si elle avait été en pleine forme, elle n'aurait surement pas eu les bons mots. S'asseyant donc aux côtés d'Amy, elle passa une main sur son dos pour le lui frotter doucement.

"Je suis Moon Haneul, la professeur de musique. Ça va aller Amy, d'accord ? Si tu veux calmer ta peine, je suis là pour toi.*" Haneul continuait de lui frotter le dos pour tenter de la calmer. Amy devait en avoir sur le cœur pour être amenée à boire autant et finir dans cet état. On ne pleurait pas lorsqu'on buvait pour s'amuser. Mais elle pouvait comprendre qu'il fallait craquer à un moment. Elle aussi l'avait fait devant son fiancé. Parce qu'il était le seul qui connaissait et protégeait cette facette d'elle si fragile, qui savait ses points faibles et qui les cachait avec ses points forts. Oui, c'était lui qui était son épaule. Alors elle voulait être celle d'Amy pour ne pas la laisser seule face à tout cela. "Tu peux tout me dire tu sais, je sais garder un secret.*"



* Les paroles en italiques sont dites en coréen.

Pourquoi l'alcool attirait autant ? C'était infâme, un goût tellement fort qui piquait la gorge et vous faisait tirer la langue. Même Amy ne comprenait pas pourquoi elle buvait autant. Ce n'était pas une alcoolique mais elle continuait de noyer son chagrin dans l'alcool. La dernière fois elle avait failli se marier à cause de cette boisson pourrie ! Et pourtant c'était sans doute le lien le plus fort qu'elle avait eu. Alors quand elle repensait par où elle était passée, ce qu'elle avait enduré pour arriver ici, elle ne pouvait s'empêcher de pleurer en criant sa colère. Pourquoi était elle en colère ? Pour un tas de raisons. Pour une amertume pas encore digérer. Un amour qui était passé. Un frère qui lui manquait. Même la voix douce et calme de sa professeur n'arrivait pas à la calmer. Elle ne l'avait même pas reconnu, avec ses yeux embués de larmes. Elle voyait flou, son nez était devenu rouge et sa main attrapait une poigne de ses cheveux.

Son regard se rebaissa lorsqu'elle vit que la femme en face d'elle restait à une place loin d'elle. Qu'elle restait en dehors de ce cercle. Comme si, si elle restait là bas , elle allait tout oublier. Comme si elle n'avait rien vu. Parce qu'en plus du mal qui compressait sa poitrine et la faisait se frapper cet endroit précis, elle détestait qu'on la voit ainsi. Parce qu'elle avait vu sa plus grande faiblesse, son plus grand craquage. Elle avait de ces moments typiques où la crise était là. Elle avait développé ce ressenti, mais personne ne voulait en entendre parler. Parce qu'ici elle passerait pour une folle. Alors elle continua de pleurer, se faisant plus silencieuse avant de sentir une main bienveillante caresser son dos. Oppa.. Même ce geste, il n'y avait que lui qui le faisait lorsqu'elle était mal. Parce qu'il était le seul à la comprendre. Et pourtant ce soir ce n'était pas lui. Son regard se tourna alors vers la nouvelle personne essuyant ses larmes d'un revers de la main.


C'était bien la première fois qu'un professeur était là pour son élève. Lorsque celui ci était bourré, en pleure dehors tard le soir. Amy ne comprenait pas vraiment. Mais entendre sa langue était quelque chose de réconfortant à lui tout seul. Prenant alors un peu sur elle elle essaya de calmer ses pleurs. Pourquoi devait elle se mettre dans des situations si embarrassantes à chaque fois? L'alcool avait fait tourné sa tête. Et aucun pensée ne voulait être cohérente. C'était comme si elle était tombé dans le trou dans lequel Alice était tombée bien avant elle. Elle avait pu toutes ces boissons la faisant perdre peu à peu la boule. Un rire presque nerveux sorti seul. Elle sécha une nouvelle fois les larmes qui glissaient sur ses joues. Pouvait elle être elle même devant cette prof ? Pouvait elle alors que demain elle devrait lui faire face pour les cours ? Amy en riait. C'était bien sa veine. Et pourtant l'alcool l'empêchait d'être silencieuse.


Elle ouvrit la main et imita une grande claque dans le dos. Malgré la violence de ses mots par leur volume elle disait la vérité. Il l'avait laissé.

TENUE • Assise sur son manteau, Haneul eut une petite prière pour sa femme de ménage qui la traiterait de tous les noms pour avoir usé d'une si belle pièce comme coussin mais il s'agissait d'une situation urgente. Elle devait réconforter Amy et l'amener dans un endroit sûr si elle voulait aller se coucher à l'heure. Sinon, elle serait incapable de dormir, trop inquiète pour elle. L'observant s'essuyer les yeux avec un petit sourire, la coréenne continuait à frotter doucement le dos de son élève, espérant ainsi diluer sa peine. "Seonsengnim... Pourquoi vous êtes ici ?" Bonne question. Ne voyait-elle pas qu'elle était à ses côtés pour elle ? Haneul lui entoura les épaules et lui adressa son sourire le plus rassurant. "Je suis là pour toi, Amy. Je t'ai croisé après avoir fini mon travail et je te laisserais quand tu iras mieux. D'accord ?" L'encerclant de ses bras pour la câliner, elle rit avec elle, même si celui de la demoiselle semblait bien plus nerveux.

Vraiment, la voir dans cet état l'inquiétait grandement. Elle ne savait que faire pour l'apaiser. En même temps, elle était nouvelle en ces lieux, alors elle ne connaissait pas encore très bien ses élèves et leurs problèmes. Bien qu'elle voulait bien faire, il n'était pas certain qu'elle réussirait. "Seonsengnim... Je deviens folle. J'ai fait partir mon frère. Vous y croyez ? Il est parti il veut plus me voir !!! YAAA Je vais le frapper quand je le reverrai.. Comme ça ..!" Lui démontrant de quelle manière elle utiliserait la force contre cet Oppa, Amy semblait vraiment énervée. Et triste en même temps. Profondément triste. "L'autre doit bien vivre. Avec sa copine. Et moi j'attends ! Qu'est-ce que j'attends ?" Haneul se rapprocha de son élève pour amener sa tête contre sa poitrine. Là, elle caressa longuement ses cheveux sans rien dire. Juste elle tentait de l'apaiser, de la laisser pleurer tout son saoul si cela était nécessaire.

"Parfois il arrive que notre famille s'éloigne de nous. Mais elle revient toujours à un moment ou un autre." Personnellement, elle attendait depuis plusieurs années que ses sœurs ou sa mère reviennent, elles n'avaient pas réapparu dans sa vie. Mais le frère d'Amy ne devait pas être aussi buté que les Moon. "Je suppose que ce que tu attends c'est quelqu'un de bien pour te soutenir, je me trompe ? Quelqu'un qui t'apporte un amour infini et qui t'aide à surmonter toutes les épreuves." En résumé, un prince charmant. Ou du moins, une personne assez parfaite pour qu'on ait éternellement besoin de sa présence pour être heureux. Amy devait chercher ça, comme de nombreuses jeunes adultes de son âge, parce que l'amour est souvent le bienvenu durant cette période.  

Quel était l'intérêt de perdre son temps à réconforter une fille comme elle? C'était elle qui se penchait sur la boisson devenant incontrôlable. Personne ne la forçait. Nyima avait raison, elle était une alcoolo qui n'avait que des ex. En soit pas une personne très très bien. Les paroles des autres ne la blessaient plus, du moins en apparence. Alors elle se cachait derrière son caractère de garce et des faux sourire, des doigts d'honneur et un je m'en foutiste qui était presque surjoué. Elle se fichait des autres, de leur état d'âme, de ce qu'ils pensaient. Mais elle le voulait juste lui. Lui c'était son tout. Lentement, elle tourna son regard, essuyé de toutes larmes, ou presque, vers sa prof. Dans cette situation ironique elle avait de la chance, au moins quelqu'un se préoccupait d'elle. Mais elle embêtait quelqu'un. Et ça c'était pas son truc.


Oui. Son seul point de repère c'est son "mari" d'un soir. Encore une fois où elle avait trop tiré sur la bouteille et lui aussi. Encore une fois où elle s'était foutu dans une situation embarrassante. Mais ça avait été un peu son sauveur. Les deux timbrés qui se côtoyaient, Deux tarés qui profitaient de leur vie. Au moins elle savait qu'elle pouvait compter sur lui et venir à ses côtés. Mais pour le moment c'était les bras de la professeur qui la rassurait. La faisant ouvrir un peu plus les yeux avant de se laisser aller au câlin. Pourquoi pas.

LA boisson rendait fou. Alors une folle qui boit, voilà bien la joie. La rancoeur qu'elle avait contre ce type, ce premier amour que tout le monde semblait chérir, bah elle elle lui recrachait ça au visage. Dès demain si elle le revoyait elle lui ferait payer. C'était pour ça qu'elle était devenue si.. féminine. Si "belle" pour certains. Des goûts de merde. Mais elle en jouait. Son frère lui n'avait aucune excuse. Et c'était lui qui la rendait triste au point de sentir un gros trou au creux de sa poitrine. Elle se frappa donc plusieurs fois à cette endroit, comme pour faire passer une indigestion. Une indigestion de la vérité. Et puis les paroles de Haneul qui essayait de la rassurer, parvint à ses oreilles. Revenir ? Il avait intérêt à revenir et s'excuser auprès d'elle. Il avait intérêt.


Et puis d'un coup elle se stoppa, se calma. Les paroles de Haneul lui faisait pencher la tête. Attendre quelqu'un. Attendre le grand amour avec le grand A. Attendre le gars qui lui dira d'arrêter ses conneries et de bouffer des frites si elle en voulait qu'elle ne redeviendrait aps grosse comme avant. Qu'elle était belle même en survêtement et que n'importe quoi lui allait. Qu'elle était chiante mais que c'était ça qui lui plaisait. C'est de quoi parlait sa prof. C'est ce que amy devait attendre. D'un coup elle éclata de rire avant de secouer les mains.


Pathétique. Elle était à mettre dans le panier des filles perdues. Qui en voulait à tous les mecs. Mais elle voulait pas d'amour. Elle croyait pas en l'amour et puis c'était chiant.. l'amour.

TENUE • Si Haneul avait bien une qualité à louer, c'était sa gentillesse. La jeune femme était toujours prête à aider les autres, pour un peu qu'ils tendent la main. Et encore, elle sautait même sur l'occasion pour un doigt. Elle était incapable de laisser quelqu'un dans le besoin sans rien pouvoir faire pour cette personne. Certains disaient que son grand cœur la perdrait, mais elle ne les écoutait pas. Que cela cause sa perte ? Elle n'en avait cure. Après tout, elle était heureuse lorsqu'elle voyait des sourires de bonheur sur le visage des autres. C'était l'essentiel.

Toujours était-il qu'elle faisait en sorte, en cette fin de soirée, de réconforter l'une de ses nouvelles élèves. Amy, la jeune fille en peine, était dans les bras de sa professeur, qui tentait par tous les moyens de lui faire expulser ses soucis loin d'elle. La coréenne ne savait que dire ou que faire devant cette demoiselle alcoolisée et dévastée. Elle pleurait l'éloignement de son frère puis parlait d'un mari inconnu. Un mari ? À cet âge ? Haneul fronça les sourcils à l'écoute de cette phrase. Pourquoi se mariait-elle si jeune ? Même elle était encore fiancée ? Devrait-elle commencer à s'en occuper ? Ou cela était précipité et sans aucune utilité ? La deuxième option lui semblait plus juste.

Elle se concentra donc sur Amy, qu'elle serrait tout contre elle, lui racontant ce qu'elle pensait être la vérité. Hélas, elle se méprenait sur les désirs de la jeunesse. Existait-il un décalage entre eux, déjà, à son âge ? Commençait-elle à devenir si vieille ? "Pas du tout. L'amour c'est pas vrai. Non non non. Moi j'attends ma vengeance. J'attends qu'on me fasse des excuses et que cette connasse de sœur se casse la gueule. Voilà ce que j'attends. Je suis pas gentille. Ahhh non... Non t'es pas gentille Amy. Mais ils le méritent. Je veux pas de mec. C'est des bouffons avec des boules." Une petite moue aux lèvres, Haneul n'était pas tout à fait convaincue par ses propos. Tous les garçons n'étaient pas mauvais. Il suffisait de voir comment son fiancé ou même son père la traitaient. Dans sa vie à elle, c'était les femmes qui avaient toujours le mauvais rôle. Pourtant, elle ne leur en voulait pas.

Elle caressa plus encore la chevelure de son élève, observant dans le vague à la recherche d'une formulation précise et courte pour illustrer sa propre pensée. Pas certain que cela aiderait la demoiselle, mais cela valait le coup d'essayer. "Est-ce vraiment utile les vengeances Amy ? Que feras-tu lorsque celle-ci sera réalisée ? Auras-tu un autre but ou seras-tu vide ?" Elle soupira et jeta un coup d'oeil à la jeune femme dans ses bras. "Et pourquoi serais-tu méchante juste parce que tu es en souffrance ? Amy, je suis persuadée qu'au fond de ton cœur et de ton âme, tu es une magnifique personne. J'en suis intimement convaincue." Haneul l'écarta un peu d'elle pour pouvoir la regarder dans les yeux. Lorsque leur regard se croisèrent, elle lui adressa un large sourire. "Et puis, tous les garçons ne sont pas des idiots irresponsables. Certains valent le coup qu'on s'y intéresse. Peut-être existe-t-il l'un d'eux qui attend une chance pour t'approcher et te montrer le fond de son cœur. Tu ne crois pas ?" Et puis l'amour avait du bon parfois. Elle se souvenait encore de ces moments où son cœur battait plus vite, où ses joues devenaient soudain brûlantes. Tous ces premiers émois restaient des souvenirs inoubliables pour quiconque l'ayant ressentit.  

La gentillesse des uns étaient le bonheur des autres. Parfois une main qui se tendait vers vous était ce qui vous permettait de vous en sortir. Ca faisait bien longtemps que personne n'était venu à ses côtés. N'avait pris le temps de se poser, de l'écouter, de la laisser déverser sa haine en ne la jugeant pas. Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas été Amy, la fille un peu faible finalement. La fille qui en avait gros sur le coeur et qui jouait les méchantes. Dans le fond Amy elle ne sait plus qui elle est, mais elle l'avouera pas. Parce que l'avouer c'est abandonner sa vengeance, c'est avoir fait tout ça pour rien. Alors oui, là de suite elle a bien besoin de quelqu'un qui frotte son dos, qui n'essaie pas de prendre avantage de sa faiblesse.

Elle s'amusait toujours à l'appeler comme ça. Surtout quand elle était bourrée. Ils avaient failli se marier les cons. Mais ça partait d'une ambiance alcoolisé et bonne enfant. Enfin on va dire ça. Ils avaient essayé tous les deux avant de se rendre compte à quel point ils étaient loin de vouloir se caser. Amy avait peut être pris un coup à ce moment. A voir qu'elle n'arrivait pas, qu'elle ne pouvait pas se poser avec quelqu'un. Elle s'était rendue compte que tout n'était pas clair dans sa vie. Mais encore une fois, trop de fierté, trop blessée par le passé pour l'avouer. Demain alalit être un autre jour et tout allait rentrer dans l'ordre. Ses doutes disparaîtront et avec ce jour ses larmes.

Alors ce soir, et seulement ce soir elle posa sa tête sur l'épaule que lui tendait cette fille qui était sa professeur. Comme quoi le monde est petit et ironique. Comme quoi tout est possible et que chaque jour apporte son lot de surprise. Pleurant un moment elle se remit vite, traquant la rage en elle, la faisant ressortir alors qu'elle montrait le plus mauvais côté de sa personne. La vengeance, blesser quelqu'un comme elle avait été blessée. Rendre la pareille. Voir les larmes de l'autre couler dans un sourire satisfait. La colère était pure et là. La douleur aussi. La généralisation qu'elle faisait comme toutes ces filles était infondée. Après tout elle avait un gros problème avec sa soeur et son premier amour. Un homme et une femme. En fait, elle détestait les gens, elle voulait pas être gentille; Elle voulait leur montrer que c'était pas une fille comme elle qui allait leur manger dans la main. Elle voulait être différente. Mais être différente c'est être seule. Tout le temps.

La caresse qui prenait peu à peu place lui faisait un bien fou. Comme avec un animal apeuré, La douceur était partie il y a bien longtemps. Parfois elle essayait de la retrouver chez Noah. Mais souvent ce n'était pas aussi simple. Finalement elle n'était qu'un humain, qui a besoin d'être entouré aussi, besoin d'une épaule sur laquelle se pencher, et une tendresse qui vient la réconforter. La question par excellence tomba. Elle sourit doucement.

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POurquoi serait elle méchante ? Parce que faire du mal ne la dérange pas. Partant du principe qu'elle a été blessée que les autre le font, pourquoi pas elle? Pourquoi elle s'amuse à brûler les affaires de ses ex? Pourquoi elle planque leur voiture dans la foret ? Parce qu'elle leur donne des leçons. Finalement elle est aussi stupide d'aller avec les imbéciles. Elle devrait se rapprocher des gentils, ceux qui ne la pousse pas aux vices. Pourtant elle laisse les paroles de Haneul flotter dans l'air. Elle ne les reprend pas. Pour le moment elle ne ressent pas le besoin de contredire. Puis lentement elle la regarda. Elle resta plantée comme une imbécile écoutant des paroles beaucoup trop romantique pour elle. C'était presque impossible qu'elle voie un jour ce côté du tableau. La beauté d'âme des gens elle n'y croyait pas vraiment. L'amour non plus. Alors le beau prince charmant sur son destrier, c'était loin de sa réalité. Elle souris un peu en reniflant quelque peu.

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TENUE • « Je sais que je serais vide. Qu’après je ne voudrais plus rien de spécial. Mais je sais que toutes ces années ne seront pas veines non plus. Je saurais que je peux passer à autre chose. » La pauvre Amy devait être vraiment blessée pour vouloir sa vengeance, même en sachant ce qu’il se passerait à la fin. Cela attristait un peu Haneul qui continuait à lui parler d’amour, de rêves, de beauté. Toutes ces pensées étaient un peu fleur bleue, bisounours aussi. Comment une femme de 30 ans, ayant vécu toutes ces épreuves de la vie, pouvait garder un discours si optimiste, si beau sur la vie. Elle croyait encore au prince charmant, aux fées marraines et aux nains protecteurs. Elle croyait encore qu’il existait des âmes sœurs pour chacun, qu’il fallait juste chercher bien profondément pour enfin la trouver.

C’en était presque ridicule de la part d’un professeur et pourtant, cela apportait quelque chose de beau. Un professeur comme Haneul, qui voyait une graine d’espoir en chacun, pouvait peut-être changer un peu les choses. Redonner confiance aux étudiants d’un système plombant, c’était un peu sa mission sous-jacente. Sa mission de toute une vie. « Je ne sais pas si ça arrivera. J’y crois pas tellement… Mais je vais déjà arrêter l’alcool… pour le moment. » Un grand rire troua le silence de la nuit. La trentenaire riait aux éclats des paroles de son élève. C’était une réplique si terre-à-terre que cela l’avait achevé. Oui, elle s’était peut-être un peu trop perdue dans ses rêves, au point que c’était Amy qui était venue la repêcher. Pourtant, elle avait raison, arrêter l’alcool n’était pas une mauvaise idée. D’ailleurs, elle le lui dit. « Tu as bien raison ma belle ! L’alcool à l’excès est tout ce qu’il y a de plus mauvais pour une belle femme comme toi. Tu imagines, ça donne un ventre tout moche et pas de bonnes pensées. »

Lui adressant un grand sourire, Haneul écarta la demoiselle d’elle pour pouvoir mieux l’observer. « Dis moi, tu as besoin de quelque chose ? Tu as un endroit où dormir cette nuit ? Sinon on peut aller à une petite supérette ou chez moi. Manger ou boire quelque chose de chaud ne peut pas nous faire de mal. » Surtout à elle car si elle voulait continuer de s’occuper d’Amy, elle allait devoir manger pour rester éveillée.

 Oui.. elle le savait. Elle savait que la fin de cette vengeance ne lui apporterait qu'un grand vide. Une satisfaction, un moment de bonheur pur avant de s'évanouir et de passer à autre chose. De se rendre compte que ce qu'elle étudiait mélangeait ses envies et sa vengeance. Que toute cette nouvelle vie qu'elle s'était battit était faite sur une vengeance puérile d'une enfant blessée. Mais même en sachant ça, sa fierté, tout l'amour qu'elle avait donné, ce sentiment de manipulation, elle voulait garder tout ces ressentis afin de continuer. Parce qu'ils lui gâchaient la vie. Qu'elle avait failli ne pas se relever mais qu'à la place elle prenait le taureau par les cornes et qu'elle lui en faisait voir de toutes les couleurs. Les hommes souffraient avec elle. Mais il y avait une raison.Chaque faux pas était une blessure, mais Amy n'était plus celle qui se taisait. Elle renversait sa haine et laissait sa fureur se déchainée.

Les deux formaient une belles paires. L'une rêveuse et l'autre revancharde. Si la professeure avait bu avec elle ça aurait fait un duo du tonnerre. Mais la pauvre Haneul devait juste ramasser une Amy complètement perdue. Mais au moins elle gardait ce pied à terre: arrêter l'alcool. Non mais vraiment. Epouser un gars à cause de l'alcool, crier sur une scène, pleurer en public, fallait que ça s'arrête où elle finirait dans le caniveau. Regardant alors la plus vieille se marrer elle se demanda qu'est ce qu'elle avait bien dit de si drôle. Essuyant son nez elle renifla un peu avant de pencher la tête et se demander si sa prof avait pas bu aussi. Mais ce rire fut communicatif et finalement elle commença à rire doucement. L'alcool c'est mauvais. Par contre elle venait de mettre les pieds dedans.. sa prof.



Mais finalement elle avait eu les mots pour la ramener à la raison. Qui voudrait d'elle, comment se venger si l'alcool ravage ce qu'elle a durement construit ? Elle regarde donc sa prof et se demande pourquoi elle restait aux côtés d'une fille complètement à côté de ses pompes. La proposition de sa prof devint rapidement quelque chose qu'elle se voyait faire; Manger et boire chaud. S'installer dans un canapé, sans être seule. Ses yeux se plantèrent dans ceux de la brune et elle hocha la tête.

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TENUE • « J’ai été grosse toute mon enfance… J’assume un peu l’alcool. Faut pas s’en faire... » Une petite moue sur les lèvres, Haneul se tue, sachant pertinemment que répondre ne servirait à rien. Pour elle, un ventre dû à l’alcool n’était pas la même chose que la masse graisseuse. Celle-ci venait prendre place sur de nombreuses parties du corps, apportant généralement des courbes voluptueuses qui donnaient envie. Les abdos kronenbourg – comme elle avait l’habitude de les nommer – prenaient seulement sur le ventre pour le rendre tout rond. Sur les hommes, elle trouvait ça très laid mais elle ne pouvait pas vraiment dire pour les femmes, elle n’en avait jamais vu. Mais cela ne valait pas le coup d’en débattre avec une élève saoule.

Avec un doux sourire, elle caressa affectueusement la tête de son élève. La professeur lui avait proposé son toit pour la nuit car elle se doutait que la jeune femme n’en avait pas encore terminé avec ses démons. Heureusement, sa femme de ménage avait préparé de quoi pratiquer un en-cas de minuit et ses talents en cuisine étaient un véritable don des dieux. Bien éloigné de celui d’Haneul, seulement spécialisée en chocolat chaud. « Je suis partante pour manger et boire chaud… Et aussi pour l’invitation… J’ai pas envie de rentrer à la fac et d’être toute seule... » Hochant la tête, la métisse prit appui sur ses mains pour se relever et aider ensuite Amy. En talons la tâche se révélait assez complexe mais elle y arriva tout de même.

Entourant ses épaules de son bras, Haneul lui sourit chaleureusement. « Ma voiture n’est pas très loin, ça va aller j’espère. » Lui indiquant le chemin de sa main libre, elle l’emmena jusqu’à son véhicule tout en lui racontant de petites banalités pour ne pas rester dans le silence. Amy ne voulait pas rester seule, la trentenaire l’avait prise au mot.

Au volant de son petit bijou – une belle voiture de sport de couleur bleue – cela ne prit qu’une dizaine de minutes pour arriver au grand appartement de la demoiselle. Dans l’ascenseur, la professeur recoiffa du doigt les cheveux éparpillés de sa petite protégée. « Ma femme de ménage a dû préparer de bons petits plats. Tu verras, elle a un don du ciel. Et mon chocolat chaud est à se rouler par terre. C’est ma spécialité. »

Encore et toujours, elle souriait lorsqu’elle entra le digicode pour déverrouiller sa porte. Une fois à l’intérieur, elle retira ses chaussures et son manteau, invitant Amy à faire de même. Elle se rendit ensuite jusqu’au buffet où les boites de nourriture encore chaudes attendaient. Les ouvrant, elle les déposa sur la table basse et apporta par la même occasion des baguettes. « Viens, mange tout ce que tu veux, je vais te préparer ce chocolat. » Sur ces mots, elle se rendit dans sa cuisine et s’attela à la tâche.

 Il n'y avait rien de nouveau. Rien qu'elle devait cacher toute sa vie mais elle n'était pas fière de ce passé qui aurait pu détruire tout ce qu'elle n'avait pas encore construit. Les gens étaient des êtres perfides qui ne faisaient que ce qu'ils voulaient et ce qui les arrangeaient. Parfois la méchanceté apparaissait sans utilité première, sûrement une évaluation de la société, faire des rangs, des catégories. Rigoler des autres pour qu'on ne rigole pas de nous. C'était ce passé qu'elle voulait surmonter et qu'elle surmontait plutôt bien. Elle n'aurait pas toute cette haine si elle n'avait pas vécu dans l'ombre de sa sœur. Non. Elle l'aurait aimé si celle ci aurait eu de la considération pour sa cadette. Si elle avait fait quelque chose pour elle au lieu de l'enfoncer dans une spirale d'abaissement et de discrimination. Mais elle n'avait rien fait, preuve que même la famille ne faisait rien. Tout ce ressenti n'avait pas besoin d'être explicité.

Ces gestes rassurants, depuis quant n'avait elle pas eu ce sentiment de paix ? Ce sentiment de vrai soulagement. Comme si quelqu'un se souciait finalement d'elle, de comment elle se sentait. En pensant à la solitude de sa chambre dans ce dortoir qui ne présentait aucune personne très proche d'elle – elle connaissait bien les deux mais son entente avec l'un laissait à désirer – ceette vision ne l'enchantait pas et pire encore lui creusait un profond creux qui semblait faire un poids sur son cœur. Alors cette proposition tombait à pique. Mordant doucement sa lèvre elle regarda sa professeur avant de se lever non sans tituber et sentir sa tête lui tourner. Le paysage semblait bouger alors que ses yeux se fermaient et s'ouvraient pour lui donner une idée plus précise de l'endroit réel dans lequel elle se trouvait.

Un soutien comme une sorte de pilier, c'était un peu ce que représentait cette prof à ses yeux en cet instant. Parce que le seul pilier qu'elle avait réellement ne voulait plus la voir. Il voulait revoir une fille qui n'existait plus car elle souffrait trop. Une fille qui était la risée de tous et qui ne pouvait plus réapparaître sous peine de se faire manger par cette vie injuste et écrasante.


C'était à la fois vrai et à la fois terriblement faux. La route étant en zigzag et ne cessant de bouger, on parlait quand même d'un état d'ébriété. Elle continuait d'avancer ,chaque pas étant comme un grand pas presque sportif. Mentalement elle bénissait la voiture, une voiture ça avait quatre roues, et ça permettait de pas marcher. Et puis elle était classe sa voiture. Quand la brune avait des moyens de locomotion comme un skate, une moto, elle avait une voiture de sport. C'était pas mal, et non bourrée elle l'aurait clairement dit mais là sa tête se posait contre la voiture en soupirant doucement d'aise. La fraîcheur du soir laissant place à la chaleur de la voiture. Et puis la chaleur d'un immeuble. Bien loin de l'appartement universitaire elle avait tout de même l'habitude de ces lieux plus classes que la moyenne.

Dans l'ascenseur son regard se plongea sur la professeur alors que ses mains passaient dans ses cheveux aidant la plus âgée à remettre ses cheveux en place. Elle devait avoir une gueule à faire peur. Passant alors sa main sur son visage rougi elle soupira doucement . La professeur devait avoir de l'argent puisqu'elle engageait quelqu'un pour préparer à manger, parfait. Elle hocha quelque peu la tête en souriant quelque peu.


Son ventre criait famine et menaçait de brûler si aucune nourriture n'était avalé. L'alcool c'était fort. Et son estomac était vide. Le bon mélange comme d'habitude. Est ce que Nyima avait raison ? Elle était une alcoolique qui ne servait pas vraiment à grand chose. Une fois arrivée dans l'appartement elle le regarda un moment avant d'enlever, non sans se tenir à cause de son équilibre précaire, ses chaussures et sa veste. Ses pas étaient hésitant mais l'amenèrent lentement à s'asseoir où les plats étaient disposés.


Au diable la politesse Amy n'était pas si porté que ça sur de quelconques obligations culturelles. Elle prit les baguettes et commença à manger en piochant dans un peu tout, appréciant chaque bouchée, sans aller trop vite. Elle se sentait mal d'avoir été si pitoyable, mais pour une fois elle trouvait que ça avait bien fini.

TENUE • Debout devant le comptoir qui séparait sa cuisine du salon où mangeait Amy, Haneul se concentrait à verser la bonne dose de chocolat en poudre tout en faisant chauffer le lait dans une casserole. Elle lui avait vendu son chocolat chaud comme quelque chose de magistral, il fallait qu'elle soit digne des attentes. « Tu ne manges pas ? » Le sourire aux lèvres, la professeur releva la tête vers celle qui lui parlait. Voilà qu'elle enlevait le yo de politesse pour s'adresser à elle, c'était rare dans les sociétés asiatiques. Mais elle s'en moquait particulièrement de cette attache à la politesse surtout après ses longs séjours en occident. Eux n'étaient pas autant portés sur le respect et parfois, cela faisait du bien. « Si, mais mange à ta faim d’abord. J’ai bien d’autres choses à manger et puis, je nous prépare deux grands chocolats chauds qui nous ferons le plus grand bien. »

La métisse lui adressa un petit clin d’oeil avant de retourner à sa tâche. Le lait était enfin chaud et elle arrêta le gaz pour pouvoir verser le liquide dans les deux mugs à disposition. Avec une bonne technique, elle versa petit à petit le lait en tournant bien puis ajouta une touche de miel pour sucrer le tout avant de finir par tout verser. Les deux tasses prêtes, Haneul revint vers son élève et s’assit à ses cotés. Là, elle lui posa sa tasse sous le nez avant d’attraper ses propres baguettes. « Tiens, tu m’en diras des nouvelles ! » Le grand sourire aux lèvres, elle lui frotta doucement le dos avant de se décider à manger. Comme toujours sa femme de ménage faisait des miracles avec le moindre des aliments et les légumes passaient de nouveau tout seul.

Pour cela, d’ailleurs, elle l’en remerciait car elle n’avait jamais été très amie avec les légumes et grâce à elle, c’était désormais le cas. Après lui l’avoir laissé goûter un peu à tout, Haneul se tourna vers Amy en souriant. « Alors, ma chérie, ça fait du bien ? Tu vas mieux maintenant ? »

 Le lait commençait à doucement chauffé et pour la première fois l'ambiance global de cette maison lui donnait un sentiment de réchauffement. Son coeur se sentait à l'aise, son esprit aussi, détendu. Peut être qu'elle aurait pu s'y habitué. La vie de famille n'avait jamais été le fort de sa famille. Pas de tendresse et des mots plutôt dur quant à la dernière qui dépassait son frère et sa soeur en morphologie. Alors cette ambiance paisible et douce ne lui rappelait aucun souvenir. Au contraire. Et pourtant elle appréciait cet égard avec lequel sa professeur prenait soin d'elle. Elle n'avait été pourtant pas agréable, et bourrée elle finissait toujours par être encombrante. Alors elle ne comprenait pas très bien cette bienveillance pour sa personne, allons le dire, bien chiante. Mangeant tranquillement elle ne pu s'empêcher de l'interpeller. L'informel prenant le dessus. Amy n'était pas quelqu'un de convention. Elle n'acceptait que rarement les traditions et usages de langues. Et pourtant elle avait une sorte d'obligation vu le statut de ses parents. Piochant à droit à gauche elle aurait presque rit de sa situation. $


Elle rit doucement ,et c'est la première fois que Haneul l'entend rire. Un sourire étant déjà compliqué il y a quelques minutes un rire n'était pas permis d'espérer. Mais finalement tout était bien qui finissait bien. Mangeant tranquillement se fut l'odeur du chocolat qui se mélangeait au lait chaud qui fit stopper lentement sa mâchoire jusqu'à l'arrêter. Les plats étaient divins c'est bien vrai mais l'odeur qui émanait de ces deux tasses étaient bluffant. Une envie de sucré. Une douceur qu'on ne trouvait nul part ailleurs. D'un coup se fut les fêtes qui lui revinrent en esprit. Celles qui étaient censées apaiser l'âme, rendre joyeux. Ses yeux avaient vu des centaines de couples attendris l'un envers l'autre. Et fort heureusement des souvenirs avec son frère apaisaient sa rancœur plus amer que tout. Mais encore une fois tout était fini. Lentement elle posa ses doigts sur la tasse chaude faisant un contraste violent avec son épiderme glacé. Ses yeux étaient perdus mais bien vite ils retrouvèrent leur comparses.


Les baguettes de l'hôte piochaient doucement dans les différents plats alors que son esprit restait encore assez perdu. Ses mains tenant la tasse pour se réchauffer. L'odeur se répandant lui offrant une réel sensation de réconfort. Elle eut un léger sourire avant de prendre une petite gorgée. Un autre sourire étendit ses lèvres.


Elle ne mentait pas et pourtant elle n'arrivait pas à être complètement heureuse. A s'exclamer comme le faisait tant de filles. Elle baissa un peu les yeux avant que la main de la plus vieille ne la réconforte. Elle semblait avoir atterri dans la maison du réconfort. TOut y était agréable, ses paroles aussi. Alors dans un acte insensé elle se tourna vers Haneul.


Elle éludait les questions qui trouvaient pourtant une réponse dans un " je vais mieux". Pas totalement, elle n'y arriverait pas mais tout semblait fait pour l'apaiser et son coeur avait trop longtemps souffert seul. Aujourd'hui elle serait une autre. Elle ne ferait plus rien d'insensé et continuerait de boire son chocolat en souriant à la brune.

TENUE • « C'est super bon .. j'ai jamais rien goûter de si bon » Un sourire aux lèvres, la trentenaire lui passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer un peu – ses grandes sœurs lui faisaient toujours fait ça lorsqu’elle cherchait du réconfort. « Eh, que croyais-tu ? Je ne mens jamais sur la marchandise, voyons. » Bien qu’elle restait chaleureuse en toutes circonstances, elle était inquiète. Amy n’avait pas l’air si heureuse que cela. Non, elle semblait plus épuisée qu’autre chose. Ce n’était pas qu’une fatigue physique – du moins, c’était ce qu’elle percevait – et c’était pourquoi elle voulait trouver un moyen de rassurer et apaiser son élève pour de bon. Au minimum pour cette nuit et si cela était nécessaire, pour les jours à venir. « Juste ce soir.. tu peux être ma Oenni ? Juste ce soir.. S'il te plaît. » Elle n’avait jamais eu de petite sœur car elle avait toujours été la plus jeune que ce soit dans sa famille ou à l’école. Prendre soin de quelqu’un dans une relation Unnie-Dongsaeng, c’était un peu un rêve enfoui qui se réalisait.

« Ne t’inquiète pas. Ce soir, Unnie est là pour toi, d’accord ? Je vais bien m’occuper de toi et te faire dormir dans un grand lit. Ça te dit ? » Son sourire était sincère tandis qu’elle attrapait un bout de radis mariné pour le mettre dans sa bouche. Ah, qu’est-ce qu’elle aimait les petits plats de cette femme. Il en restait encore pas mal pour elles deux alors elle attrapa un morceau de bœuf pour le tendre vers Amy. « Tu veux continuer à manger avant de continuer ton chocolat ? La viande est délicieuse. » Elle l’invitait à en prendre d’un geste de la main mais un miaulement vint la couper. Ses chats venaient de sortir de sa chambre, sans doute réveillés par la lumière. « Oh, Amy, tu aimes les chats ? J’en ai trois alors tu pourras en garder un pour dormir avec toi si tu veux. Ils sont très sociables et adorent dormir avec des gens. »

C'était une tout autre ambiance. Quelque chose qu'elle ne connaissait pas mais qu'elle appréciait sans même s'en rendre compte. Elle appréciait que la plus vieille prenne soin d'elle. Elle appréciait qu'elle puisse se reposer un peu sur quelqu'un, manger des plats faits maison. Elle appréciait la gentillesse de son hôte qui n'avait pas hésité avant de venir la réconforter. Elle arrivait même à faire sortir un léger rire de sa gorge alors que ses yeux la regardaient. En prof elle serait peut être trop gentille mais en amie elle était parfaite. Amy n'avait jamais eu d'amie véritable.. encore moins des filles. ces pestes se crachaient dessus le dos tourné et s'embrassaient devant.


Oui, c'était une affirmation bien tourné. Elle avait vu tellement de menteur dans sa vie. Ses parents, bien que francs et peu conventionnels étaient des menteurs compulsifs, sa soeur qui se servait de tout et rien pour mentir. Les autres, qui ne faisaient que jouer un rôle qu'ils ne comprenaient même pas. Alors ce soir elle avait voulu avoir quelqu'un de proche et de sincère, et Haneul semblait parfaite pour ce rôle. D'un coup un sentiment qu'elle n'avait jamais ressenti vint parler pour elle: l'envie d'attention, d'amour qui peut découler d'une famille. La paix un instant. La réponse de Haneul fut détournée. Pas de oui, pas de non mais une affirmation qui la fit relever la tête un instant. Qui la fit la détailler avant de sourire soulagée. Pour la première fois ses muscles semblaient détendus, sa peine amoindrie. Elle souriait doucement en mangeant une autre bouchée.


Un léger rire lui échappa même. la brune avait enlevé quelques barrières. Elle avait abaissé sa garde ne gardant qu'un léger rempart. Son ultime protection. Prenant une nouvelle gorgée elle échappa un soupire d'aise fermant un peu les yeux avant de regarder le morceau de viande près d'elle. Elle hocha alors la tête doucement en prenant quelques morceaux. Prenant son temps comme si ce moment allait durer longtemps si elle restait à cette vitesse. C'était comme figé le temps. Prenant quelques morceaux elle s'arrêta au miaulement;


Trois chats. C'était bien plus que ce qu'elle espérait. Souriant de nouveau elle regarda le mendiant qui avait pointé le bout de son museau pour de la viande. Le prenant alors délicatement elle se mit à le caresser en souriant.


Non contente d'avoir abaissé ses barrières devant la professeure elle devint comme un chamallow avec le chat, lui parlant même avant de le laisser aller vaquer à ses occupations et de finir de manger pour reprendre son chocolat.

TENUE • Trois matous sortirent progressivement d’une des chambres pour venir observer ce qu’il se passait. Très certainement attirés par l’odeur de la viande et la présence d’une inconnue, ils venaient se frotter doucement contre les deux jeunes femmes. Amy attrapa l’un des chats pour le caresser avec tendresse sous le regard rassuré de Haneul. Finalement, ces petits animaux étaient un peu la réponse à tous les maux. « Il est mignon.. Oui j'adore les animaux en général. Ils ne sont pas comme les humains. On verra si l'un d'eux vient dormir avec moi alors. » Hochant silencieusement la tête, la professeur se remit à piocher dans les plats tout en caressant les deux autres matous qui venaient se frotter contre elle. Elle-même était heureuse de les retrouver tous les soirs, si affectueux. Ils lui rappelaient qu’elle n’était pas seule et qu’il y avait toujours quelqu’un pour l’attendre quand elle rentrait. Entre eux et Cacao son chien, elle ne pouvait pas s’ennuyer à la maison.

Après avoir fini de manger et prit une gorgée de chocolat chaud, Haneul se leva et posa une main douce sur l’épaule de son invitée. « Reste là à profiter des chats, je vais te préparer ton lit. » Cela dit, elle alla chercher quelques draps dans une armoire et entreprit de faire le lit de la chambre d’amis. Celle-ci était plutôt grande avec un papier peint aux teintes claires presque pastel de lilas et pêche quant au lit deux places, il avait un matelas de qualité supérieure. Nul doute que la jeune fille allait bien dormir cette nuit-là. Revenant dans le salon, la professeur se rassit et afficha un doux sourire avant de parler. « Tu sais, ma maison est ouverte. Si tu as besoin d’une épaule sur laquelle te reposer ou juste un peu de calme, il suffit que tu me le dises et cette chambre te sera destinée. » Elle lui attrapa gentiment la main avant de l’inviter à se lever pour lui montrer la pièce où elle dormirait. Après lui avoir indiqué la salle de bain et prêté des vêtements pour la nuit, Haneul prit congé et se rendit dans sa chambre. Elle rangerait la table demain matin, actuellement, elle tombait de fatigue. Il ne lui fallut que quelques secondes pour s’endormir lorsqu’elle se glissa sous ses couvertures en pyjama.