Les derniers messages échangés avec son pote, le basketteur coupa son téléphone. C'était un match très important contre une équipe qui prétendait aussi à gagner le championnat des moins de 21 ans. Une équipe contre laquelle ils avaient toujours énormément de mal à jouer car leur jeu était totalement différent. Si celle de Daiki primait beaucoup l'attaque, leurs adversaires étaient partisans d'une grosse défense. Le deuxième arrière savait aussi que le temps jouait contre lui, il n'avait toujours pas eu de proposition concrète d'un contrat pro, contrairement à d'autres de ses coéquipiers.  Sa discussion avec Reon l'avait rassuré et aussi lui avait permis d'ouvrir les yeux encore davantage : il ne voulait pas être comme lui  et vivre avec des regrets. C 'était pourquoi il avait décidé de prendre les choses en main et de faire son match, pour les rassurer, pour leur prouver qu'il était fait pour briller dans le basket nippon.

Ce fut avec sa volonté inébranlable sur le visage qu'il commença le match dans le cinq majeur, fait habituel car Daiki avait sa place depuis qu'il était arrivé dans l'équipe. La partie fut serrée, comme tout le monde s'y attendait. Le public était nombreux, un match comme ça, c'était toujours intéressant. Le score était serré, les coachs usaient de tout leur savoir afin de donner toutes les chances à leur équipe de gagner. Le brun ne semblait pas vouloir faiblir. Sa défense était étouffante, le joueur qu'il marquait avait du mal à jouer correctement. Cette grosse dépense d'énergie ne se sentait pas sur son jeu d'attaque, il ne rata que très peu de ses tirs. Quand il ne resta plus que 2 min dans le dernier quart-temps et que l'entraîneur demanda un temps-mort, les consignes étaient claires : marquer à coup sûr, mais pas dans la précipitation. Une défense tout terrain fut décidée, ils devaient tout donner et cette ambiance survoltée transcendait Daiki.

Ses mains semblaient être en feu, chaque phase d'attaque, le ballon lui revenait toujours et il plantait ses trois points comme d'autres les deux points sous le panier. Même si ses coéquipiers, un peu trop emportés par les émotions, arrivaient à faire des fautes idiotes, il les rattrapait pas ses tirs. Même quand il se fit tomber dessus pour casser son rythme et se retrouva aux lancer-francs, il ne lâcha rien. Mais le score était toujours aussi serré, la dernière attaque était pour eux et il ne restait que 11 secondes… Daiki savait que le ballon retomberait dans ses mains, et juste avant que le buzzer de fin de partie ne se fasse entendre, il sauta, tira et tout le monde était en suspens alors que lui, connaissait le résultat. Ce fut ainsi qu'il donna la victoire à son équipe.

Une heure plus tard, après s'être douché, avoir parlé avec tout le monde, les sponsors, les journalistes de la ville, il put enfin quitter le centre sportif pour aller retrouver Alak qui l'attendait dehors. Il était tellement heureux qu'il avait un grand sourire sur le visage. « Tu as vu ce match ???!! » Débordant d'énergie encore et d'un élan d'affection amicale, il lui attrapa la tête pour écraser chastement ses lèvres sur les siennes et ensuite l'enlaça plutôt fort tout en sautant sur place. « C'était le meilleur match de toute ma vie !!! et puis tu sais quoi ? » Il se recula un peu pour le regarder. « On m'a proposé un contrat pro pour l'équipe première. Je dois aller lundi le signer. » Il attendait maintenant la réaction du thaïlandais à la nouvelle.

Le match plié, il n'avait pensé qu'à une chose : retrouver son ami qui avait assisté au match de sa vie. S'il avait pu se précipiter en courant dehors dans les couloirs, le basketteur l'aurait fait. Mais ça ne se faisait pas vraiment dans ce pays. Une fois dehors, son sourire apparut, large et lumineux. Après avoir interpellé Alak avec sa phrase, son imitation le fit rire aux éclats. Il était la meilleure personne avec laquelle célébrer ça. Le voir buguer pour le baiser l'amusa, mais il n'était pas question que son moment soit gaché. « Cache ta joie... » Dit-il, sur un ton un peu ironique. De sa large main, il mit une tape dans son dos en espérant que ça le fera revenir à lui. Puis ses doigts attrapèrent ses oreilles histoire d'avoir son attention autant que son écoute concentrée et non troublée. « Tu entends ce que je dis ? Je vais faire partie des professionnels, intégré l'équipe première, le rêve de toute ma vie et le résultats de mes sacrifices. Et toi, tu me sors un mouai.... »

Sa tête se secoua avec amusement, son regard se porta autour d'eux. « Je crois que j'ai trouvé comment te réveiller. » Le japonais aurait certainement fait moins fort si ça avait encore été l'hiver, mais la chaleur était de retour, autant ne pas se priver. Sans demander son avis à Alak, il lui fit d'abord les poches histoires de mettre dans celle de son sweat ce qu'il pouvait bien avoir d'important comme son téléphone et autre. Puis il le souleva dans la foulée, voulant profiter de l'effet de surprise. Tous ses gestes étaient donc rapides. A pas pressés, il alla droit vers la fontaine non loin. A cette heure-ci, il n'y avait personne de toute manière. Puis, au pire, ils partiraient en courant si les flics se pointaient Ses yeux exprimaient qu'il se montrerait intraitable et ne changerait pas d'avis, même si le thaïlandais le suppliait. Daiki le jeta dans l'eau, à l'endroit où il y en avait le plus, son but n'étant pas de le blesser. Il savait que le corps de son ami était précieux pour son travail.

Lorsque le gros plouf se fit entendre, il en profita pour laisser tomber son sac de sports et retirer son fameux haut dans lequel il avait mis aussi ses affaires précieuses. En débardeur, la folie de la soirée le fit sauter juste à côté de Alak, l'arrosant à grosses gerbes d'eau. Puis il cessa. « C'est bon tu es réveillé là ? » Lui demanda-t-il sur un ton moqueur alors qu'il rigolait. Bien entendu qu'il se doutait que la vengeance allait suivre, mais il prenait le risque. Une partie de lui souhaitait toujours rendre cette soirée mémorable jusqu'au bout. Son regard reluqua le plus âgé ensuite. « Ils sont passés où tes muscles ? » Le taquina-t-il. Après tout, Daiki était tout le contraire à cause de la musculation et du basket. Sûrement que ça ne devait pas être désagréable à regarder, lui-même ne lâcha rien du fait qu'il appréciait la vue en face.

Au moins ses remontrances n'avaient pas servi à rien puisque son ami réalisait enfin qu'il s'était un peu trop bloqué dans le processus de contentement au sujet de sa réussite. À croire aussi qu'il n'avait jamais vu des gens s'embrasser sous l'euphorie sans pour autant être en couple. « Ce n'est pourtant pas ce que ton sourire montre. » Enfin, bref, le moment n'était pas à la réflexion, mais clairement à l'action. Alak avait deviné ses intentions, ce qui l'amusa encore plus. Les supplications ne fonctionnèrent pas le moins du monde. Comme l'exprimaient à merveilles ses prunelles marrons. Et ce n'est pas de gigoter qui permit au thaïlandais de s'enfuir, ça fit plutôt sourire légèrement le plus jeune. Comme il s'y attendait, la vengeance était rapidement arrivée, bien qu'il avait eu le temps de bien rire avant. Le tirage de langue rappela certains souvenirs dans sa mémoire, qui disparurent aussitôt qu'il se fit assaillir.

Rapidement, il sentit un poids sur son dos et, vu la différence de gabarit, Alak peinait à obtenir le moindre résultat. Son acharnement avait le mérite d'être amusant. « Tu essaies de faire quoi là ? » le railla-t-il un peu alors qu'il connaissait déjà la réponse. Le souffle contre sa nuque fut perceptible, tout comme les muscles de son torse contre son dos. Il savait que le plus vieux ne cherchait pas autre chose que le jeu donc il ne s'attarda pas dessus. Il tenta toutefois de le désarçonner à plusieurs reprises. Mais, le basketteur avait un match physique dans les pattes et sans compter le sol glissant de la fontaine sur lequel il n'adhérait pas de manière idéale. A force de persévérance, les appuis de Daiki finirent par défaillir, le faisant tomber dans la fontaine. En ressortant la tête de l'eau, il entendit le rire de son ami. Il resta toutefois allongé le temps qu'il lui parla. Ses mots le firent à nouveau sourire. « C'était important pour moi que tu sois là. Je suis content que tu m'aies vu le disputer. » Le reste le fit rire à nouveau. « Je ne me rappelle même plus de la dernière fois où je n'avais pas souri et ri comme ça... » Pour prouver qu'en effet, ça faisait surement des années. Pas qu'il ne s'amusait pas avec Alak en temps normal, juste qu'avant qu'il ne le rencontre, il avait déjà pris l'habitude de ne plus sourire.

Son regard se perdit à nouveau sur ce corps en face de lui, puis il chassa ses idées en tendant la main dans sa direction. « Tu m'aides à sortir ?  A moins que tu ne veuilles que je te montre vraiment qui est le plus costaud ? » Petit sourire amusé. Il pourrait tout aussi profiter pour le replonger dans l'eau en effet. « Après, si tu n'as rien de prévu, on pourrait aller se changer et filer au resto. » Son ami savait que,  pour cette occasion précise, le japonais avait économisé depuis des années juste pour célébrer ça en allant dans un célèbre restaurant à sushis. Et oui, il comptait bien inviter son ami. « Ca fait longtemps que je ne suis pas sorti avec ma meuf. » Dit-il en parlant de lui.

La nouvelle d'attaque de Alak se situa au niveau de ses côtes, ce qui le fit se déhancher un peu entre ses cuisses. Une fois la bataille perdue, il lui dit qu'il était content qu'il aie été là, et l'air grognon qu'il vit en face l'amusa beaucoup. « Tu râles encore... Tu es bien la femme entre nous deux.  » Ses joues furent attrapées et tirées, imprimant la position sourire sur son visage. Son regard ne lâchait toujours pas celui du thaïlandais alors qu'ils étaient si proches. « Là, tu vas surtout m'imprimer tes doigts dans la face si tu continues. » Ses mains se posèrent sur celles de son ami pour les faire glisser de sa figure, les relâchant ensuite. «  Je ne me force juste pas à sourire, rien de plus. » Son regard accompagnait les mouvements des mains sur le t-shirt qui tentaient de l'essorer.

Ensuite, il tendit sa main afin d'être aidé à sortir de l'eau. Mais sa dernière phrase ne plut pas, si bien qu'il se retrouva à replonger sans avoir le temps de l'empêcher. Le thaïlandais avait déjà pris ses distances. « J'ai changé d'avis. Tu vas te débrouiller pour rentrer trempé chez toi et j'irai manger au restaurant sans toi. » Se redressant de l'eau, le sportif sortit enfin, ne prenant même pas la peine d'essorer quoi que ce soit. Tout ce qu'il fit, ce fut d'enfourner son sweat dans son sac de sports, accrochant ce dernier à son épaule. Une nouvelle question fusa. « Tu n'as jamais vu des personnes si heureuses qu'elles font le premier truc fou qui leur passe par la tête ? Ça se fait aussi dans les films. » Vérité dite, il espérait que ça suffirait à Alak pour qu'il passe à autre chose. Personne ne leur prêta attention. En même temps, dans ce pays, on ne s’intéressait jamais à ce que font les autres, tout du moins, pas directement. Par contre, dans les têtes, là, ça y allait. Mais c'était quelque chose dont se fichait le plus jeune. Les avis des autres n'avaient aucune valeur à ses yeux. Alors qu'il commençait à s'éloigner, il jeta un regard par dessus son épaule. « T'attends quoi là ? » Pour le pousser à le suivre plus vite.

Le gymnase n'étant pas si loin que ça de la fac, ils n'eurent qu'une quinzaine de minutes à marcher. Enfin moins vu l'état de leurs vêtements. Une fois dans le dortoir, Daiki stationna dans l'entrée afin de laisser tomber son sac, retirer ses chaussures. « Enlève tes fringues ici, j'irai chercher des serviettes après. A moins que tu ne veuilles aller à la douche le premier ? » Son regard se posa sur le plus âgé alors qu'il était en train de retirer son haut mouillé qui retrouva le sol. Sans faire de manière, habitué aux vestiaires collectifs, ses mains attrapèrent son bas de jogging afin de le retirer plus ou moins facilement, son épaule frôla même le dos de Alak, sans qu'il n'y prête attention.

Les grands yeux de Alak se rivèrent aux siens avec une profonde sincérité et envie de pardon. Il le trouva presque… Non, il n'avait pas pensé ça. Heureusement qu'il avait regardé un nombre incalculable de matchs de NBA en anglais, sinon il n'aurait rien compris. De toute manière, le thaïlandais demandant à nouveau des explications sur son geste, il fallait bien qu'il en donne. Surtout qu'il avait vraiment fait ce qui lui était passé par la tête. « Vraiment. On voit aussi ça dans les séries ou la vraie vie. » Il ne put d'ailleurs s'empêcher de rajouter. « Pour un mec dont la langue est l'anglais, je te trouve quand-même bien coincé... » Ensuite il l'invita à le suivre après avoir commencé à marcher, il ne fallait pas trop tarder non plus, le restaurant ne les attendrait pas pour fermer s'ils ne se dépêchaient pas.

Dans le dortoir qu'il partageait avec d'autres personnes, il se hâta de se déshabiller tout en demandant à Alak de faire la même chose. La question le laissa un peu perplexe à présent qu'il n'était plus qu'en boxer. A bien y réfléchir, il paraissait clair que son ami n'avait aucun souvenir de la fameuse  soirée. S'il n'avait voulu que nier ce qui s'était passé entre eux, il se serait contenté d'éviter d'en reparler et de faire comme si de rien n'était. Ce qui n'était pas le cas. « J'en sais rien... » commença-t-il en réfléchissant. « C'est important ? » l'interrogea-t-il à son tour.  Le basketteur le demandait tout en continuant à creuser dans sa mémoire s'il y avait eu une autre occasion. Mais ce n'était pas réellement le genre de choses auxquelles il prêtait attention. Par contre, leur soirée de luxure étant récente, Daiki s'en souvenait encore dans les moindres détails… Une chance qu'il était capable de ne pas exprimer grand-chose sur son visage, contrairement à tout ce  qui se passait dans sa tête.

Puisqu'il avait eu le droit d'aller à la douche le premier, il fit un aller-retour rapidement dans la salle de bain pour ramener son peignoir à Alak, lui posant dans les mains. « Je ne pense pas que tu veuilles attendre dans l'entrée à moitié à poil alors que mes colocs pourraient rentrer d'une minute à l'autre. » Quoi que, dans l'imaginaire, ils se feraient aussi des films au sujet du thaïlandais et de lui en le voyant un peignoir. Ça restait le Japon. Daiki tourna le dos à son ami recommençant à se diriger vers la salle de bain. « Ça aurait été quand-même plus rapide qu'on y aille ensemble, mais bon, je vais me dépêcher histoire de pas arriver trop tard au restaurant. » Laissant la porte de la salle d'eau ouverte comme d'habitude, il tourna le robinet de la douche afin de la faire chauffer. Il aurait bien aimé se détendre après son match, dans un bon bain, les courbatures se faisaient déjà un peu sentir. Mais ce ne serait pas pour tout de suite, il tenait particulièrement à manger dans ce restaurant, comme le lui rappela le gargouillement de son estomac. Son boxer à ses pieds, il se glissa sous le jet d'eau.

L'anglais et le sujet sur le déshabillage conclus, ils étaient rapidement rentrés dans le dortoir où logeait le basketteur. Ayant fourni un peignoir à son ami afin qu'il n'attrape pas froid, le plus jeune des deux s'était donc empressé de se mettre sous le jet d'eau chaude. Il n'y avait pas à dire, c'était un des meilleurs moments d'une journée. Un léger courant d'air sembla s'engouffrer dans la salle de bain, mais il n'y prêta pas crédit, se disant que Alak attendait sûrement dans le salon vu qu'il n'avait pas répondu au sujet de prendre la douche à deux, donc qu'il se faisait des idées. D'un autre côté, c'était plus prudent. Pas qu'il comptait lui sauter dessus, mais… Ça avait été un peu délicat de ne pas avoir d'idées douteuses à la vue du thaïlandais trempé dans ses vêtements plus tôt dans la journée. Un chuchotement se fit entendre non loin, Daiki regarda par dessus son épaule, remarquant alors le plus âgé, pour lequel il se décala comme demandé. « Tu as eu peur qu'il se fasse des films et tu as foncé ici, je me trompe ? Tu sais que ça sera encore pire s'il rentre dans la salle de bain ? » Amusé par le raisonnement absolument irraisonnable de son ami. Mais bon, puisqu'il commençait à laver son dos, il n'allait pas s'en plaindre. Au moins, dans ce sens, il ne le voyait pas nu sous l'eau. « Non. » Commença-t-il par dire. « C'est toujours la plaie pour le laver. Les muscles de mes épaules ne les rendent pas très souples. » Alors qu'avant, ce n'était pas le cas. Enfin, il ne se plaignait pas non plus, il ne s'agissait là que d'un maigre désagrément.

Ses yeux se fermèrent quelques secondes avant de se rouvrir. Même le thaïlandais tenait une éponge, il pouvait percevoir les endroits où elle passait sur ses vieilles marques et autres cicatrices. Son oncle s'arrangeait toujours pour le punir à des endroits invisibles habillé. « Tu ne m'as jamais demandé pour mes marques et j'ai apprécié ton geste. » Le japonais se doutait que c'était de la considération de sa part, ce n'était pas toujours le sujet qu'on aborde n'importe comment. Puis il s'imaginait tout autant que ce genre de détails ne changeaient en rien ce qu'il était pour Alak dans la tête de ce dernier. Ce soir, il avait envie de lui raconter. Ce n'était pas un épisode honteux, le seul à blâmer était son oncle. « Quand j'ai été pris dans le club où je joue maintenant, mon frère était sensé emménager ici à Tokyo pour veiller sur moi et qu'on s'installe ensemble. Mais il n'a pas pu, alors on m'a envoyé vivre chez un de mes oncles. Cet homme disait que mes parents étaient trop laxistes avec moi. Tu vois sur mon corps le résultat de son enseignement. » Il avait utilisé des guillemets quant au mot enseignement, ça n'en était pas un à ses yeux. Rien qu'un prétexte à relâcher sa haine, sa frustration sur une personne plus faible.

Une tape de frustration atterrit sur son épaule, ce qui ne manqua pas de le faire sourire de manière moqueuse. Enfin jusqu'à ce qu'il entende la suite. Là, ce fut un air faussement choqué qui apparut sur son visage. « Je ne gagne même pas encore ma vie que tu me veux déjà me mettre sur la paille... ? » Le basketteur marqua une légère pause avant de reprendre. « Ce n'est pas possible de négocier et que je te fasse la cuisine tout les jours plutôt ? » Argumenta-t-il pour essayer de ne pas faire rimer frottage de dos quotidien et ruine. Même dans une plaisanterie. Les conversations qu'ils pouvaient bien tenir lorsqu'ils se voyaient étaient rarement remplies de blancs. Le japonais n'était pourtant pas si bavard en temps normal, c'était une des autres choses qui lui semblaient tellement naturelles avec Alak, comme maintenant sous cette douche.

Après s'être retourné, il avait continué à donner son point de vue sur ce qui s'était passé avec son oncle. « Tu dois vraiment avoir des problèmes de vue pour me trouver cool avec de la mousse encore dans les cheveux qui partent dans tous les sens. » Même s'il semblait dire le contraire, le plus jeune avait très bien compris à quoi faisait référence le thaïlandais. « Toi aussi. » Répondit-il du tac-au-tac. Daiki tentait de faire saisir à Alak que lui aussi n'avait pas forcément ressenti le besoin de parler de son ex et de la violence qu'il avait traversé avant ce soir où l'alcool avait délié sa langue. En parlant de langue, rien que le mot le fit un peu déglutir, le ramenant à d'autres souvenirs moins chastes. Le sportif resta silencieux, ne trouvant pas utile de donner une réponse si évidente à la question. À la place, il retourna son ami dans le but de savonner son dos. Et au passage en profiter de pouvoir toucher à sa peau sans que ça n'aie l'air suspect. À peine les mains posées, le soupir et la cambrure de ces reins n'échappèrent ni à sa vue ni à son ouïe, jetant un peu plus de trouble à l'intérieur de sa tête et de son corps. Le plus vieux fit volte-face, les joues déjà bien rouges. La dernière question avait été prononcée dans l'incrédulité. Peut-être avait-il eu une bribe de souvenirs qui était remontée. « Exact. » Répondit-il sans hésitation, sans faillir.

À cet instant précis, le sportif savait que la soirée risquait d'être avortée. Parce qu'il n'avait pas pu se retenir de vouloir le toucher, il se fustigeait intérieurement en se traitant d'idiot à plusieurs reprises. Cette soirée qui aurait dû être mémorable et merveilleuse jusqu'au bout ne le serait pas. Son regard se teinta d'une lueur un peu étrange, d'une certaine profondeur. Avant même qu'il ne le réalise, sa main s'enroula autour du poignet du bras encore ballant de Alak, quelques mots franchirent la barrière de ses lèvres de la même manière. « Ne t'enfuis pas. » D'une voix plus basse.

Une tape de frustration atterrit sur son épaule, ce qui ne manqua pas de le faire sourire de manière moqueuse. Enfin jusqu'à ce qu'il entende la suite. Là, ce fut un air faussement choqué qui apparut sur son visage. « Je ne gagne même pas encore ma vie que tu me veux déjà me mettre sur la paille... ? » Le basketteur marqua une légère pause avant de reprendre. « Ce n'est pas possible de négocier et que je te fasse la cuisine tout les jours plutôt ? » Argumenta-t-il pour essayer de ne pas faire rimer frottage de dos quotidien et ruine. Même dans une plaisanterie. Les conversations qu'ils pouvaient bien tenir lorsqu'ils se voyaient étaient rarement remplies de blancs. Le japonais n'était pourtant pas si bavard en temps normal, c'était une des autres choses qui lui semblait tellement naturelle avec Alak, comme maintenant sous cette douche.

Après s'être retourné, il avait continué à donner son point de vue sur ce qui s'était passé avec son oncle. « Tu dois vraiment avoir des problèmes de vue pour me trouver cool avec de la mousse encore dans les cheveux qui partent dans tous les sens. » Même s'il semblait dire le contraire, le plus jeune avait très bien compris à quoi faisait référence le thaïlandais. « Toi aussi. » Répondit-il du tac-au-tac. Daiki tentait de faire saisir à Alak que lui aussi n'avait pas forcément ressenti le besoin de parler de son ex et de la violence qu'il avait traversé avant ce soir où l'alcool avait délié sa langue. En parlant de langue, rien que le mot le fit un peu déglutir, le ramenant à d'autres souvenirs moins chastes. Le sportif resta silencieux, ne trouvant pas utile de donner une réponse si évidente à la question. À la place, il retourna son ami dans le but de savonner son dos. Et au passage en profiter de pouvoir toucher à sa peau. À peine les mains sur son dos, le soupir et la cambrure de ces reins n'échappèrent ni à sa vue ni à son ouïe, jetant un peu plus de trouble à l'intérieur de sa tête et de son corps. Le plus vieux fit volte-face, les joues déjà bien rouges. La dernière question avait été prononcée dans l'incrédulité. Peut-être avait-il eu une bribe de souvenirs qui était remontée. « Exact. » Répondit-il sans hésitation, sans faillir.

À cet instant précis, le sportif savait que la soirée risquait d'être avortée. Parce qu'il n'avait pas pu se retenir de vouloir le toucher, il se fustigeait intérieurement en se traitant d'idiot à plusieurs reprises. Cette soirée qui aurait dû être mémorable et merveilleuse jusqu'au bout ne le serait pas. Son regard se teinta d'une lueur un peu étrange, d'une certaine profondeur. Avant même qu'il ne le réalise, sa main s'enroula autour du poignet du bras encore ballant de Alak, quelques mots franchirent la barrière de ses lèvres de la même manière. « Ne t'enfuis pas. » D'une voix plus basse.

La tentative de marchandage avait finalement réussi, scellée par une tape sur son épaule. Mais vu la tournure que prenaient les événements, ça ne devenait plus du tout certain que ce serait un jour mis en pratique. Tout ça parce que le japonais n'avait pas su se tenir tranquille... À la question fatidique, il n'avait pas nié. Ça n'avait rien de mal à ses yeux. Il pouvait comprendre que c'était plus que surprenant, lui-même n'ayant jamais envisagé que ça tournerait ainsi entre eux. En plus, son ami n'avait pas retrouvé la mémoire, il n'avait donc aucun moyen de comprendre ce qui s'était passé dans sa tête cette nuit-là. Le silence s'installa durant un bon moment, jusqu'à ce que, inquiet, Daiki finisse par le briser, retenant Alak par le poignet. Le laissant réagir, sa main libre se posa sur sa joue et un partie de son menton,son regard s'accrocha au sien si c'était possible. « Retire ces idées idiotes de ta tête si tu es en train de te dire que c'est mal, sale ou qu'il y a de quoi avoir honte. On n'est pas de la même famille non plus que je sache. » Légère pause. Ses yeux trahissaient qu'il donnait toute la priorité au plus âgé et à ce qu'il pouvait bien traverser. « On reste deux mecs qui ont passé plus de temps en tant que tel qu'en tant qu'amis. Et qui se sont suffisamment plus pour avoir envie d'aller aussi loin. C'est à cause de ça que tu n'as pas pu t'empêcher de me mater et que j'ai fait pareil. » Dit-il d'une voix conciliante mais sans hésitation à nouveau.

Le jet d'eau continuait à couler sur eux. Heureusement qu'il ne payait pas la facture... Même si ce n'était pas très écologique non plus, seul le thaïlandais importait pour le plus jeune. Sa main s'écarta de sa joue une fois les paroles réconfortantes, enfin il l'espérait, prononcées. « Ce soir-là, tu es venu me trouver au terrain, ébranlé par ta rencontre avec ton ex et avec déjà pas mal d'alcool dans le sang. Aucun de nous n'a prémédité ce qui s'est passé. Tout comme aucun de nous ne pouvait deviner que l'autre aimait aussi jouer. On s'est embrassé aussi naturellement que de respirer. Ça s'est embrasé en quelques caresses de plus, à tel point qu'on  a failli le faire contre la porte de ton appartement. La fin, tu l'as déjà deviné. » Raconta-t-il de la soirée, sans rentrer trop dans les détails. Ce n'était là que pour donner matière à son argumentation. « C'est pour ça que tu ne dois pas t'en vouloir ou croire que je n'étais pas consentant. J'assume pleinement ce qui s'est passé. » Occultant pour le moment de répondre au pourquoi il n'avait rien dit au thaïlandais sur le déroulement de la soirée qui restait lié à ce qu'il allait dire un peu après. Ce fut cette question justement qui lui fit voir ses gestes d'un autre angle. Il devenait ainsi nettement moins cool que pouvait se l'imaginer Alak. « Je n'ai qu'un seul problème en rapport avec cette soirée. » Sa phrase ne continua pas. Il ne comptait pas obliger le plus âgé à en écouter davantage. Peut-être aussi que ça ne l'intéressait pas.

Le silence, voilà à quoi se heurtait le plus jeune. Même s'il avait seulement voulu le rassurer en expliquant que ce n'était pas non plus dramatique, toutes ses informations étaient définitivement de trop pour son ami. Le côté opportuniste, moins attaché du basketteur, l'avait sûrement aidé à s'accommoder à beaucoup de choses. Enfin dans le cas présent, il ne voyait plus que le thaïlandais caché sous sa honte invisible. Comme sa dernière phrase avait été occultée, il sentit la froideur commencer à l'envahir. S'il s'apprêtait à parler de son ressenti, il n'en avait à présent plus envie. Cette fois, ce fut Alak qui le retint sans le savoir, l'empêchant de s'éloigner. « Je ne sais pas comment il faut que je te le dise pour que tu vois l'évidence et me crois. Je me souviens de tout depuis le départ, as-tu vu le moindre changement de comportement avec toi ? Non. Est-ce que je perdrai mon temps à vouloir t'expliquer ou te rassurer si j'en avais rien à faire de toi ? Non. Qu'est-ce que tu veux entendre à la fin ? Si tu penses que ça ne me fait rien d'être face à toi, c'est tout aussi faux. » Son regard fixé dans le sien. C'était en train de devenir un cercle sans fin. Un soupire franchit ses lèvres. Il devinait que le plus âgé aurait sans doute voulu qu'il l'étreigne pour le rassurer. Mais le sportif n'en était pas capable, menaçant à l'intérieur de ne plus être capable de se tenir alors qu'ils seraient entièrement nus l'un contre l'autre. Cette image fut chassée avec force de son esprit.

La  dernière phrase le fit un peu secouer la tête. Nulle doute que dans celle d'Alak, ça devait avoir court-circuité depuis le temps.  Une idée apparut dans son esprit afin de le faire redevenir moins crispé. Lentement, il fit desserrer la main sur son poignet. Ses deux mains libres se posèrent en coupe sur le visage du plus vieux afin de le bloquer et ensuite tout aussi rapidement ses lèvres sur les siennes. Ce fut un baiser chaleureux dans lequel il fit passer sa frustration et ne dura que quelques brèves secondes. Trop à son grand regret. Daiki le lâcha ensuite, sa petite vengeance accomplie. « Maintenant on peut y aller. » Sourire en coin qui devint bien plus grand à présent qu'il était en train de s'essuyer hors de la douche. Une autre serviette fut déposée sur le bord du lavabo pour le thaïlandais. « Tu n'as qu'à finir de te laver pendant que je vérifie qu'il n'y a personne dans le dortoir. » Une fois dit, il s'engouffra dans le couloir avec sa serviette autour de la taille, referma la porte le temps de faire le tour. Quelques minutes plus tard, il revint dans la salle de bain. « C'est bon, nous sommes seuls. » Après avoir transmis l'information, il se rendit dans sa chambre, ouvrant sa penderie et en sortant un pantalon à pinces et une chemise. Une chance qu'il en avait plusieurs, il pourrait en prêter à Alak. Son boxer enfilé, il se tenait devant son miroir pendant qu'il enfilait sa chemise et la boutonna.

Le rouge monta à nouveau vite aux joues du plus âgé à cause de sa réponse. Le sportif ne se permit aucune remarque sur le sujet, comprenant aisément que c'était devenu un bordel sans nom dans la tête de son ami. Les deux chemises posées, Alak le remercia, mais ses lèvres continuèrent de rester scellées, affairé à trouver une tenue pas trop grande. C'était compliqué, bien qu'il n'avait pas forcément  beaucoup d'écart. Non, en fait ils avaient presque la taille parfaite pour s'em.... Surtout ne pas se mettre à repenser à des choses pas nettes, voilà ce que s'intima très fort le japonais.Faire aussi abstraction du fait que deux yeux ne pouvaient pas s'empêcher de le détailler alors qu'il allait-et-venait entre penderie et matelas. La réplique le fit regarder le thaïlandais du coin de l’œil. « Ah ça y est tu te remets à râler. C'est que tu dois déjà aller bien mieux. » Ponctuant sa phrase d'un petite rire amusé. Bien que brûlant de désir et pas certain de la finalité de tout ceci, ça restait le meilleur jour de sa vie. Il n'était toujours pas question de le saboter, pas maintenant qu'il était parvenu à rattraper le coup avec son obsession du moment.

S'il n'avait rien dit aux regards, c'était parce qu'il faisait la même chose à la dérobée, appréciant le jeu entre les deux pants de cette chemise et cette peau laiteuse à laquelle il avait déjà goûté. Même si garder cette serviette ne changeait rien au fait qu'il l'avait déjà vu nu, pas plus tard que dans la douche. L'innocence du thaïlandais l'amusa. Quand le plus jeune chercha à savoir où il en était, la réponse fut accueillie d'un petit mouvement de la tête. « Tu es... Merveilleux. » Sourire en coin. Il s'approcha. « Tu as tout boutonné de travers. Ce n'est pas demain que tu vas pouvoir aller défiler pour Dior...  » Le charria-t-il un peu. « Laisse-moi faire. » Ses mains se posèrent sur la chemise pour commencer à la défaire. Au moins, là, il avait une bonne raison de mater. Leur proximité faisait battre son cœur plus vite. Son souffle devait caresser ce qui se trouvait si proche de lui. Si on lui avait dit qu'un jour, aider quelqu'un à défaire ses boutons deviendrait source de torture, il n'y aurait pas cru. À chaque bouton, le tranchant de ses mains donnait effleurement et caresse. Arrivées au niveau du pantalon, elles sortirent la partie qui était coincée à l'intérieur. Une fois fait, Daiki déglutit. Tout ceci demandait un sacré self-control qu'il n'était plus certain de posséder à cause d'Alak. Son regard, bien qu'orienté vers le bas depuis le début afin de minimiser le risque de se faire trahir par lui, resta quelques secondes perdus entre les bouts de tissu que ses doigts tenaient encore lorsqu'il parvint à tous les défaire. Dans un jeu de séduction, ça aurait été parfait. Mais ce n'était possible que si l'autre le vivait pareil, ce qui n'était pas le cas et le blessait quelque part un peu. Ses doigts lâchèrent péniblement leur prise, se posèrent sur le haut de torse fin et, contrairement à ses plans, son regard assombri rechercha celui du thaïlandais. « Mon cerveau devait être sacrément défaillant pour ne pas m'avoir fait voir l'évidence plus tôt. » Son pouce caressa le haut de sa joue. « Tu es magnifique, Alak. » Susurra-t-il de cette voix malgré lui.

Le tirage de langue l'amusa et il fut bien content que, pour une fois, son esprit pervers ne se soit pas arrêté sur ça. Au moins un point sur lequel il lui fichait la paix. Le thaïlandais déglutit en le laissant faire docilement. Le bout de ses doigts agités trahissait sa nervosité. Le basketteur perdait lui-même le fil de la réalité, perdu dans sa contemplation. De temps à autre, il parvenait à capter des signaux. Comme les brèves fois où le plus âgé semblait retenir sa respiration. Ses mains percevaient le trouble en face, le corps d'Alak se souvenait visiblement très bien de cette nuit où il l'avait étreint. Ça pouvait être très traître ces bêtes-là, voilà pourquoi le japonais ne vit rien d'autre que cela. Il n'y avait aucune chance que ce soit juste son effet. Les gens comme Alak aimaient bien trop mettre les autres dans des cases, c'était bien plus facile à appréhender dans la vie de tous les jours. Les rares comme Daiki qui s'en moquaient, vivaient très bien sans. C'était sans doute pour cela qu'il parvenait si bien à jongler entre ses propres facettes.

Alors qu'il relevait les yeux pour tenter de capter ceux de l'acrobate, il eut d'abord pour vision sa gorge sur laquelle il avait déjà dégusté plusieurs fois longuement. Heureusement pour lui, ce regard qu'il cherchait finit par venir s'emprisonner dans le sien. La constatation laissa son ami sans voix pendant plusieurs secondes, le rouge à ses joues revint assez vite. Mais, comprenant le changement de sujet, il en profita aussi, sinon il allait finir par lui sauter vraiment dessus. « Hors de question, je meurs de faim. Je me dépêche. » Cette fois, il tenta autant que possible de ne pas trop toucher à son torse alors qu'il boutonnait à nouveau la dite-chemise. Le col mis correctement, il lissa le tissu au niveau des épaules. « Là, tu le portes mieux que moi.Très élégant. » S’éloignant aussi, il termina de se préparer. Il y aurait au moins un sujet sur lequel ils n'allaient pas galérer, ils faisaient la même pointure de chaussures. Dans l'entrée, Daiki repassa devant le miroir une dernière fois, vérifiant le résultat pour tous les deux. « C'est bon, on peut y aller ! »

Dans le restaurant, il y avait pas mal de monde, mais en expliquant la raison de leur venue et en voyant la joie sur leur tête, le serveur avait accepté de les laisser rentrer. Enfin, après avoir vérifié qu'ils avaient de quoi payer. Daiki ne s'en offusqua pas du tout, il tenait vraiment à manger de leurs sushis et s'y attendait un peu. Le repas s'est déroulé dans la bonne humeur et la détente. Probablement que d'être entourés de monde et d'avoir les papilles ravies tout en n'oubliant pas l'estomac rempli au fur-et-à-mesure avait aidé à aucun dérapage. Repus, le basketteur avait promis que quand il serait titulaire, ils retourneraient y manger. Tenant à ne pas quitter Alak tout de suite, Daiki avait proposé de le raccompagner. Ça leur donnait l'occasion de continuer à parler tout en marchant jusqu'à chez lui. Arrivés devant le cirque, il se stoppa et regarda le thaïlandais. « Je me suis bien éclaté ce soir. » Dit-il en souriant, toujours à cause de l'euphorie du match et de son recrutement. Quelques secondes passèrent, il devait à présent rentrer. La fatigue se faisait de plus en plus sentir, ses muscles étaient un peu courbaturés. « Tu n'auras qu'à me ramener mes vêtements à l'occasion. » Sa main glissa le long du bras du plus âgé pour attraper la sienne, sur laquelle il déposa  un baiser tout en ayant les prunelles braquées sur lui. « Bonne nuit, Alak. » Lâchant ensuite sa prise, il se tourna pour s'éloigner, bien décidé à rentrer rapidement. Par dessus son épaule, il lança un « Tu devrais songer à te préparer au cas où tu aurais d'autres souvenirs qui reviendraient. Cette nuit-là, l'alcool t'avait complètement désinhibé... » avant de disparaitre au coin de la rue.

Le tirage de langue l'amusa et il fut bien content que, pour une fois, son esprit pervers ne se soit pas arrêté sur ça. Au moins un point sur lequel il lui fichait la paix. Le thaïlandais déglutit en le laissant faire docilement. Le bout de ses doigts agités trahissait sa nervosité. Le basketteur perdait lui-même le fil de la réalité, perdu dans sa contemplation. De temps à autre, il parvenait à capter des signaux. Comme les brèves fois où le plus âgé semblait retenir sa respiration. Ses mains percevaient le trouble en face, le corps d'Alak se souvenait visiblement très bien de cette nuit où il l'avait étreint. Ça pouvait être très traître ces bêtes-là, voilà pourquoi le japonais ne vit rien d'autre que cela. Il n'y avait aucune chance que ce soit juste son effet. Les gens comme Alak aimaient bien trop mettre les autres dans des cases, c'était bien plus facile à appréhender dans la vie de tous les jours. Les rares comme Daiki qui s'en moquaient, vivaient très bien sans. C'était sans doute pour cela qu'il parvenait si bien à jongler entre ses propres facettes.

Alors qu'il relevait les yeux pour tenter de capter ceux de l'acrobate, il eut d'abord pour vision sa gorge sur laquelle il avait déjà dégusté plusieurs fois longuement. Heureusement pour lui, ce regard qu'il cherchait finit par venir s'emprisonner dans le sien. La constatation laissa son ami sans voix pendant plusieurs secondes, le rouge à ses joues revint assez vite. Mais, comprenant le changement de sujet, il en profita aussi, sinon il allait finir par lui sauter vraiment dessus. « Hors de question, je meurs de faim. Je me dépêche. » Cette fois, il tenta autant que possible de ne pas trop toucher à son torse alors qu'il boutonnait à nouveau la dite-chemise. Le col mis correctement, il lissa le tissu au niveau des épaules. « Là, tu le portes mieux que moi.Très élégant. » S’éloignant aussi, il termina de se préparer. Il y aurait au moins un sujet sur lequel ils n'allaient pas galérer, ils faisaient la même pointure de chaussures. Dans l'entrée, Daiki repassa devant le miroir une dernière fois, vérifiant le résultat pour tous les deux. « C'est bon, on peut y aller ! »

Dans le restaurant, il y avait pas mal de monde, mais en expliquant la raison de leur venue et en voyant la joie sur leur tête, le serveur avait accepté de les laisser rentrer. Enfin, après avoir vérifié qu'ils avaient de quoi payer. Daiki ne s'en offusqua pas du tout, il tenait vraiment à manger de leurs sushis et s'y attendait un peu. Le repas s'est déroulé dans la bonne humeur et la détente. Probablement que d'être entourés de monde et d'avoir les papilles ravies tout en n'oubliant pas l'estomac rempli au fur-et-à-mesure avait aidé à aucun dérapage. Repus, le basketteur avait promis que quand il serait titulaire, ils retourneraient y manger. Tenant à ne pas quitter Alak tout de suite, Daiki avait proposé de le raccompagner. Ça leur donnait l'occasion de continuer à parler tout en marchant jusqu'à chez lui. Arrivés devant le cirque, il se stoppa et regarda le thaïlandais. « Je me suis bien éclaté ce soir. » Dit-il en souriant, toujours à cause de l'euphorie du match et de son recrutement. Quelques secondes passèrent, il devait à présent rentrer. La fatigue se faisait de plus en plus sentir, ses muscles étaient un peu courbaturés. « Tu n'auras qu'à me ramener mes vêtements à l'occasion. » Sa main glissa le long du bras du plus âgé pour attraper la sienne, sur laquelle il déposa  un baiser tout en ayant les prunelles braquées sur lui. « Bonne nuit, Alak. » Lâchant ensuite sa prise, il se tourna pour s'éloigner, bien décidé à rentrer rapidement. Par dessus son épaule, il lança un « Tu devrais songer à te préparer au cas où tu aurais d'autres souvenirs qui reviendraient. Cette nuit-là, l'alcool t'avait complètement désinhibé... » avant de disparaitre au coin de la rue.