TENUE ••• Mon portable entre les doigts, je relis le dernier message de mon meilleur ami. Fêter sa première dispute ? Ce serait une bonne idée. Jirô est trop ... Je n'ai même pas les mots pour décrire ce garçon toujours inquiet pour un rien. Je l'ai vu se ronger les sangs durant des années par rapport à ma place dans la mafia japonaise, être soulagé quand j'ai annoncé mon départ et heureux quand il a su ma mise en couple avec Phoenix. Jirô est important à mes yeux, c'est mon petit frère de coeur et je serais vraiment énervé de le savoir malheureux ou triste. Quand il me parle de dispute avec son copain, certes je me sens désolé pour lui, mais en même temps curieux de savoir la raison de ce différent. Rien de grave, j'espère. Ayant promis de le rejoindre rapidement, je retire ma couette et me force à sortir de mon lit, les cheveux en bataille. De ma chambre, je peux entendre ma mère se préparer pour aller travailler. J'en profite pour faire un détour par la salle de bain où elle se coiffe, surprise de me voir debout si tôt, alors que je pourrais dormir davantage. Je lui souris, l'enlace et l'embrasse sur la joue en commentant sa beauté. Comme à chaque fois, elle me renvoie ce compliment en disant que je tiens d'elle. Un léger rire m'échappe et je la laisse terminer, partant dans la cuisine boire un truc et chercher de quoi consoler Jirô. Il n'y a pas de glace à la fraise dans mon congélateur et j'ai la flemme de m'habiller pour aller acheter ça au konbini du coin. Du coup, je récupère les cookies qu'a fait ma mère la veille et les place dans un tupperware, avec des briques de lait fraise ou banane. à cela, je prends un sachet où se trouve un paquet emballé dans du papier cadeau et file à côté. La porte ouverte, je ne tape pas dessus, ne voulant pas réveiller sa mère et m'infiltre à l'intérieur. Sans un bruit, je cherche mon meilleur ami et lui tombe dessus. « Félicitation pour ta première dispute ! Alors, c'était pour quoi ? » Me moquais-je, loin d'être déprimé pour lui. Ce n'est qu'une dispute de couple, paraît que ça fait du bien et que ça entretient les liens. J'en sais rien, je ne me suis pas encore disputé avec mon copain. C'est trop difficile de s'énerver contre lui ou d'avoir quelque chose de négatif en retour de sa part. « Je n'avais pas de glace à la fraise, mais des cookies au chocolat. Et des briques de lait fruité. » En même temps que je parle, je donne la boîte hermétique et le pack de lait à Jirô, me gardant le sachet avec le cadeau pour l'instant.

TENUE ••• Comment pourrai-je dormir après cette dispute ? Il n’y a pas eu de haussement de voix mais c’était comme si. Nous sommes tous les deux rester sur notre position et personne n’a cherché à faire un pas en arrière. Mais comment le pourrai-je ? Mon copain m’a caché un tel secret ! Il pourrait se faire arrêter. Ce n’est pas un crime grave mais ça reste un délit, une infraction. Je ne suis pas du genre à réfléchir au futur mais comment passer à côté de ça ? Je ne veux pas qu’il se fasse arrêter. J’ai l’impression de retomber dans le même état que j’étais lorsque Berry était encore un dealer. Certes, la gravité n’est pas la même mais dans les deux cas je m’inquiète énormément pour les concernés. A force de cogiter dans ma tête, il est déjà 7h. Comment le savais-je ? Le sms de Berry pour me souhaiter mon anniversaire me l’avait fait remarqué. Son message eut le don de m’arracher un petit sourire même si je n’ai pas le moral. Ne pouvant rien cacher à mon best, je lui raconte l’existence de notre première dispute. Normal que je déprime pour ça non ? En tout cas, je peux compter sur Berry puisqu’il va lutter contre sa flemme et se déplacer jusqu’à chez moi. Je me lève du canapé et déverrouille la porte d’entrée avant de me rassoir par terre, jambes tendues sous la table basse. Ma mère est chez son copain, pensant que je passerai la nuit dehors, donc on a l’appartement pour nous tous seuls. Je reste assis dans cette position en attendant mon best. J'ai ouvert exprès pour qu'il entre dès qu'il était prêt, m'épargnant la peine d'entendre les coups inutiles sur la porte. La porte qui s’ouvre ne passe pas inaperçu dans ce silence, mais ce sont surtout les félicitations de mon meilleur ami qui rend vivant la pièce, je fais une moue, déprimé. «  C’est pas drôle. C’est du sérieux. » Je le laisse s’installer et récupère les paquets que je pose sur la table basse, même si je ne suis pas d’humeur à me goinfrer. «  Fallait pas.  » Je soupire avant de poser ma tête sur le canapé. «  J’ai découvert le secret de Shion… Il m’a caché pendant tout ce temps qu’il gérait une radio clandestine. Et… Tu me connais, tu sais à quel point je n’aime pas ça. Je lui ai demandé d’arrêter sa radio et il a refusé. Et je suis parti. » Je me gratte le front avec mon index avant de soupirer.  

TENUE ••• J'aurai eu mille et une raison de me faire arrêter et juger pour des dizaines d'année de prison, mais j'ai pu m'échapper de ce possible avenir grâce à l'aide de mes amis, et de mon copain. Je n'ai pas choisi de le faire parce qu'on me l'a demandé, mais parce que le danger devenait trop grand pour ceux que j'aime. Les gens ne comprennent pas dans quoi on s'embarque, pourquoi nous le faisons et pour quelles raisons nous n’abandonnons pas, même si la mort est dans notre dos. Jirô a connu cela à de nombreuses reprises, me voir partir sans savoir si j'allais revenir, ou à s'attendre qu'un jour on lui annonce mon trépas. Heureusement, ça n'est jamais arrivé. Parce que je me suis arrêté. J'ai su quand il fallait lâcher l'affaire et choisir la bonne décision, mais moi, c'était en vivre ou mourir. Vivre libre ou vivre emprisonné. Rien à voir avec une radio pirate et des gars qui se plaisent à faire écouter des tubes inconnus. Jirô semble vraiment abattu, avec sa tête de déterré qui a passé la nuit à cogiter. Il me ferait presque rire, en bon sadique que je suis. Ma petite blague ne paraît pas non le réjouir, mais je m'en doutais. « Et toi, tu es ennuyant. » Un mec ennuyant pour une situation sérieuse, ça va bien ensemble. Fallait pas ? Je lui lance un regard noir, l'air de dire « répète ? ». Il va finir par me déprimer, cet idiot ! Le secret de Shion ? Durant deux secondes, durant le temps qu'il reprenne sa respiration pour lâcher le morceau, j'ai cru qu'il allait m'annoncer un truc grave. Un truc qui menacerait son couple, sa vie, celle de son copain. J'en sais rien, mais pas ça. Une radio clandestine. « C'est le mot « clandestin » que tu n'aimes pas ou la radio ? » Non parce que je ne vois aucun mal à faire ce qu'il fait, de mon point de vue. ça n'empêche que Jirô a agit comme un abruti... Partir pour ça. D'un geste rapide, je viens lui donner un coup sur la tête avec le côté de ma main. « T'es trop bête, Ji. » Je suis un ancien mafieux, je n'ai pas arrêté quand Jirô me l'a supplié, il n'est pas parti pour autant non plus. « Il ne fait pas du trafique d'esclave, à c'que je sache ? Sa radio n'aide pas des malfrats à sortir de prison ou à tuer des gens ? » Bon, j'y connais rien à la radio de son copain, mais je devrais m'y intéresser de plus près à l'avenir. « Ne me dis pas que tu as rompu pour ça ? »

TENUE ••• Berry se moque de moi et ça me déprime encore plus. Bon, ce n’est pas comme si je ne connaissais pas son petit caractère sadique mais là, je n’ai que ma dispute en tête. Ce n’est pas ma première amoureuse mais ça n’avait jamais été aussi « grave », surtout que j’accorde à Shion beaucoup plus d’importance que mes ex. J’aurai pu lui dire par sms qu’il n’aurait pas besoin de se donner la peine de ramener de quoi manger mais je ne l’ai pas fait. Je lui explique la raison de notre dispute mais la réaction de Berry n’est pas celle que j’attendais. Il n’a pas l’air extrêmement surpris, non pas parce qu’il avait l’air de le savoir mais parce que ce n’est pas « si grave que ça ». Je soupire à sa question. «  Tu sais très bien ce qui me dérange. » Je serai ravi qu’il soit animateur d’une radio, mais pas illégalement. Je reçois un coup sur la tête et me recroqueville légèrement à sa soudaine frappe. Je passe mes mains à l’endroit où j’ai été frappé. «  Mais… » Je fais une petite moue d’incompréhension en le fixant du regard. Bête ? Pourquoi ? «  Non… Mais tu ne comprends pas. Je n’ai pas envie qu’il se fasse arrêter.  » Même s’il n’a pas encore été arrêté, ça ne prouve pas qu’il s’en sortira indemne dans le futur. Il a un bel avenir professionnel qui l’attend. Cette activité d’animateur illégale vaut elle ce risque ? Ce n’est pas comme si Shion était en manque d’argent et que c’était la seule option. «  NAAn !  » m’exclamai-je. Remarquant que je me suis légèrement emporté, je me racle la gorge pour me reprendre. «  Non, je ne veux pas rompre avec lui. Je l’aime toujours mais… Je n’arrive pas à digérer ça. Surtout qu’il a fallu que je le découvre de moi-même. Je ne peux pas faire comme si de rien n’était. » Je tapote mes pieds entre eux. «  Qu’est ce que je suis sensé faire ?  »

TENUE ••• Pourquoi serais-je surpris de savoir que son copain est dans l'illégalité ? Je trouve ça cool, perso. J'ai l'impression d'être comme Phoenix quand il se réjouit de mon ancien « boulot », sauf que je ne m'extasie pas devant Jirô. Chacun fait ce qu'il veut, pour la raison qu'il veut. Légale ou non, je ne pense pas que ce soit à mon meilleur ami de faire la leçon à Shion. Ce n'est que mon avis, il peut ne pas en tenir compte et continuer à bouder ou à en vouloir à l'autre garçon. « Oui, je sais parfaitement ce qui te dérange. » Le fait que sa radio ne soit pas légale, mais qu'est-ce que ça veut dire au fond ? C'est comme mon lien avec Phoenix, mon lien de sang. Qu'est-ce qu'il veut dire ? Est-ce que ça change quelque chose ? Est-ce que j'ai envie de changer quelque chose ? Je ne peux rien faire, c'est comme ça et pas autrement. Shion pourrait arrête, mais ça ne serait que le forcer à réaliser une chose qu'il ne souhaite pas, et c'est bien pire qu'être dans l'illégalité. Mon coup sur sa tête devrait lui remettre les idées en place, même si nous partageons pas le même point de vue. Arrêter ? Ah. Je me retiens de lui infliger une seconde tape, lâchant un simple soupir. « J'ne pense pas que Shion soit assez stupide pour se faire prendre, si tu veux mon avis. » Je ne sais pas comment fonctionne sa radio, mais d'après moi, ça relève d'un domaine que Jirô et moi ne comprenons pas. La technologie, le piratage, ce ne sont pas des talents chez moi. Bon, au moins il ne veut pas rompre avec lui. J'ai eu peur l'espace de deux secondes qu'il ait vraiment fait. « Qu'est-ce que tu as fait quand tu as su pour moi ? J'ai commencé bien avant de te l'avouer, si tu t'en souviens bien. » Comme Shion, je n'avais pas eu le courage d'avouer à Jirô ce que je faisais dans son dos, bien que comparé à son copain, l'argent m'était crucial. « Certaines choses sont plus difficile à dire que d'autre, Jirô. » Ce n'est pas pour autant qu'on voudrait entièrement les garder pour nous. Je suis persuadé que Shion se serait confier à l'avenir, mais ça doit autant le blesser à lui qu'à Jirô que de devoir lâcher le morceau prématurément. « Sais-tu au moins pourquoi il fait ça ? Ce qui le motive à participer à cette radio clandestine ? Pose-toi les bonnes questions. » C'est une bonne chose de vouloir le bien de Shion, mais ne s'engage-t-il pas à le rendre malheureux de cette façon ? Jirô m'a longtemps demandé d'arrêter, mais je ne pouvais pas à cause de ma situation. Shion doit avoir ses raisons de ne pas abandonner son affaire.

TENUE ••• Il n’y a rien de bien à être dans la clandestinité. Pas de quoi en être fier. Je ne comprends pas pourquoi ils me regardent tous comme si j’étais dans le tort. Suis-je le seul à trouver qu’il ait un problème d’enfreindre dangereusement les lois ? Je ne suis pas le plus intelligent mais je sais que monde est dicté par des règles. Il faut les suivre pour éviter le désordre. Prenons exemple sur la seule chose que je sais bien faire. Le football. Ce sport se joue avec les pieds. Or si on touche la balle avec la main, on provoque une faute et on peut aussi risquer un carton si cette main est volontaire. Et au bout de deux cartons jaunes on se fait expulser du match. Quel est le mal à vouloir garder mon copain sur le terrain ? Suis-je le seul idiot à vouloir qu’il n’ait pas de problèmes ? Je ne suis pas là pour juger Shion mais je n’aime pas son activité. Berry, tout comme Shion ont l’air de ne pas prendre la police au sérieux. Ce n’est pas facile de leur échapper, ils ont certes leurs moyens de passer à travers leurs mailles mais ils ont surtout beaucoup de chance. « Ce n’est pas une question de stupidité. Tant qu’il n’arrête pas, cette fin sera toujours envisageable. Et il ne la mérite pas.  » Shion est intelligent mais il se peut qu’il rencontre une personne encore plus intelligente que lui pour qu’il se fasse chopper. Et vivre en se cachant, ce n’est pas ma façon de faire. De plus, maintenant que je sais, ça veut dire que je suis aussi un facteur risque. Que vais-je faire si jamais je disais quelque chose qu’il ne fallait pas ? Je suis un idiot et tout peut arriver. Aimer quelqu’un, c’est aussi savoir lui dire d’arrêter. Mais je rassure Berry, je n’ai pas rompu avec Shion. Je ne suis pas arrivé à là non plus. Mais que va-t-il se passer si le problème perdure ? Qu’est ce que j’ai fait ? Je me mets à réfléchir. «   Je me suis énervé.  » C’est vrai. Je ne veux pas revivre ça avec mon copain, à s’engueuler sur le même sujet à chaque fois. «   Mais je suis son copain non ? » Je ne voulais pas l’apprendre comme ça. Je m’apprêtai à répondre à Berry, mais aucun son ne sort. «   Non. » Je ne le sais pas. Me poser les bonnes questions hein. «  Donc tu penses que je devrai l’encourager à continuer ? » Je ne sais pas si je pourrai être capable de ça.

TENUE ••• Ce n'est pas à moi qu'il devrait s'adresser pour un problème de clandestinité ou d'illégalité, après tout Jirô sait par quoi je suis passé. Si Shion s'amuse pirater les ondes pour diffuser la musique qui lui plait, c'est son soucis. Il devait le faire bien avant d'être amoureux ou en couple avec mon meilleur ami, donc c'est à lui de décider s'il doit arrêter ou non. Enfin, je ne suis pas à la place de Shion, je ne peux pas savoir ce qu'il choisira non plus. Je connais les règles du foot, mais quand je joue, je préfère être dans les cages et bloquer les ballons avec mes mains. ça doit être pareil avec son petit ami, nous prenons la seule place où il n'est pas question de jouer qu'avec les pieds ou d'avoir un carton si nous touchons le ballons autrement. La police ne m'a jamais fait peur, entre eux et les huissiers, fallait choisir. Être à la rue ou en prison, le choix est vite fait. Je ne me cherche pas d'excuse quant à mon comportement, et ça ne fonctionnera sûrement pas avec Shion qui a un toit et une famille dont les revenus sont suffisante. « Personne ne mérite ça, 'fin, sauf pour les détraqués. » Ce qui n'est pas notre cas, bien sûr. Je suis peut-être un peu fou sur les bords, mais je connais mes limites. Heureusement, Jirô n'a pas rompu. Sans vouloir me mêler de leurs histoires, je crois que je l'aurai étranglé s'il avait osé. « Et où est-ce que j'en suis maintenant ? » Demandais-je, un sourire en coin. J'ai arrêté, parce que ça devenait trop dangereux pour les autres, pour ceux que j'aime. Si Shion n'est pas bête, il saura pourquoi il doit continuer ou pourquoi il devrait arrêter. C'est à lui de décider, de trouver le bon moment, le bon argument ou peu importe la raison. « Et tu es mon meilleur ami. » Mon frère de coeur. Je marque un point, Jirô ne sait pas pourquoi Shion fait cela. Je me serais posé cette question en première, plutôt que m'engueuler avec le garçon. « Je ne t'dis pas de l'encourager, ni d'aimer ce qu'il fait... Plutôt, de lui laisser du temps ? » De toute façon, Jirô n'acceptera jamais le passe-temps de son copain. « Je te connais, je sais que tu n'aimeras jamais être hors des règles ou à l'encontre des lois. Tu as toujours voulu protéger les autres, mais veulent-ils seulement que tu les protèges ? » Nous nous sommes souvent disputés par rapport aux Bakuto et à ma place dans ce gang. Il voulait mon bien, mais à l'époque je n'avais pas besoin qu'il soit après moi. « Je sais aussi que tu aurais voulu que je te dise que Shion fait une grave erreur et que tu devrais l'arrêter, mais je n'ai pas le droit de juger ou d'en décider à ta place. C'est ton couple, j'essaye juste de te conseiller selon ma façon de voir les choses. » Après c'est à lui de voir pour le reste.

TENUE ••• Inconsciemment, je savais que parler avec Berry de ce problème n’était pas à mon « avantage ». On s’est suffisamment embrouillé pour que je connaisse son point de vue. Mais il est mon meilleur ami et je ne vois pas avec qui je devrais en parler si ce n’est qu’avec Berry. Je veux bien accepter que Shion ait commis des erreurs, qu’il soit passé par une phase sombre en voulant brouiller les ondes radio. J’accepte tout cela et je ne lui en veux pas pour cela. Mais lorsque je lui ai demandé clairement d’arrêter la radio, il a refusé. C’est ça qui m’énerve. Il n’a pas l’air de vouloir arrêter ses activités, tout comme Berry lorsqu’il était chez les Bakuto. Je lache soupire. Personne ne mérite la prison ? Je veux bien admettre qu’il a raison, mais je suis plutôt d’avis que nous devons être responsable de nos actes. Lorsqu’on fait mal les choses, il faut les assumer. Je ne suis pas aussi stricte au point de demander à Shion de se rendre à la police (tout comme je ne l’ai jamais demandé à Berry) mais je veux au moins qu’il arrête de commettre une infraction. «  Raison de plus pour ne pas continuer. » grommelai-je. Je rassure tout de même Berry, je n’ai pas rompu avec Shion. Je ne connais la limite à ne pas dépasser. Berry devrait savoir mieux que quiconque puisque je n’ai pas abandonné mon amitié avec lui lorsque j’ai su pour son secret. «  Ne fais pas le fier. Je te signale que tu as arrêté parce que tu n’arrêtais pas de créer des problèmes à Phoenix. » Je ne veux pas que Shion passe par ce cas et qu’il regrette que lorsque ça devient trop tard. Je fais une moue. Je ne pourrai avoir le dernier mot avec Berry. Surement parce que tout ce qu’il dit est juste et ça me fait réfléchir. Bien plus que je ne le parais. Je ne sais pas pourquoi Shion a commencé la radio et je ne me souviens pas de lui avoir demandé. Je ne sais plus, j’étais tellement agité que ça m’ait complètement sorti de la tête. Je pince mes lèvres entre elles, gardant le silence. Lui laisser du temps hein. J’écoute la fin des conseils de mon meilleur ami. Comme je l’avais deviné, sa façon de voir est différente de la mienne. Ça ne m’avait jamais dérangé mais cette fois ci, je ressens cette différence avec amertume. «  Tu penses que j’en fais trop, c’est ça ? » soufflai-je. Est ce si mauvais de m’inquiéter pour mon copain ou mon meilleur ami ? Mais je préfère le couper avant qu’il ne me réponde. «  Non, ne dis rien.  » J’ai eu sa façon de voir les choses et je lui en ai déjà reconnaissant. Cette question, ce n’est pas à lui de me répondre. Je souffle un coup. «  Merci Straw. » Même si ce n’était pas la tournure que je voulais. «  Mais rigole pas trop, quand tu auras ta première dispute avec Phoenix, ce sera à mon tour de me moquer de toi.  » Je le regarde avec un air de mauvais perdant.

TENUE ••• Je n'ai jamais vu un gars aussi têtu que Jirô, il ne lâche pas l'affaire et reste campé sur sa décision. Si c'est ce qu'il croit et ce qu'il veut, je ne peux pas le dissuader ou l'obliger à changer d'avis. Il aime Shion, normal qu'il ne veuille que son bien. Je ferais sûrement la même chose avec Phoenix. Sauf que mon cadet ne trempe pas dans des choses illégales, c'est à peine s'il connait quelque chose à la vie en dehors de ses mangas. C'est moi qui lui apprend presque tout, qui lui ouvre les yeux sur un autre monde, même si parfois je me serais abstenu. Jirô marque un point, j'ai dû arrêter parce qu'il devenait trop dangereux à Phoenix d'être avec moi et que je ne voulais pas me séparer de lui... Il a déjà été enlevé une fois par une bande d'abruti membre de mon propre clan, et cela m'a valu d'être poignardé pour le protéger. Je m'en fiche de me blesser si ça peut lui sauver la vie, mais du moment où ça l'atteint directement, je ne peux pas. Shion doit avoir ses raisons, Jirô ne peut pas juste se pointer et lui dire d'arrêter. S'il découvrait le point de départ, peut-être qu'il pourrait trouver sa fin. Trop ? Est-ce à moi de lui dire s'il en fait trop ou pas ? Nous sommes meilleurs amis depuis de longues années, pourtant nous sommes différents. Comme Phoenix est différent de moi, mais ça ne m'empêche pas de l'aimer pour autant. « Peut-être que - » Commençais-je, avant qu'il ne me coupe. J'allais juste dire que peut-être il en faisait trop, mais que là encore, je ne pouvais lui dire d'arrêter. ça n'a pas dû beaucoup l'aider, mais j'espère qu'il ne se disputera pas à nouveau avec son copain, mais qu'il essayera de le comprendre un peu. « Je serais toujours là pour toi, Ji. » C'est comme cela que fonctionne l'amitié. Une dispute avec Phoenix ? J'hausse les épaules, comme si ça m'était égal. « Phoenix n'est pas du genre à s'emballer, si tu veux mon avis. » Comparé à moi qui l'ai déjà sermonner à de nombreuses reprises. « Dis. » Commençais-je, relevant mon regard vers lui pour analyser sa réaction. « Que ferais-tu si ... Si tu apprenais que Shion et toi avez le même père ? » Bon, je sais que c'est impossible, pas de cet angle là. Je parle d'un lien de sang, d'être réellement demi-frère. Si lui s'inquiète pour les passes-temps illégaux de son copain, moi je m'interroge toujours un peu sur cette vérité.

TENUE ••• Berry avait raison, je voulais qu’il me dise que j’avais bien fait, que j’avais raison de demander à Shion d’arrêter sa radio parce que ça pouvait être dangereux. Je le voulais mais je n’y croyais pas trop. Mon meilleur ami voit différemment les choses. Mais est ce que la fin justifie les moyens ? Il le sait, je lui ai toujours reproché de ne m’avoir rien dit et d’avoir choisi le chemin le moins droit pour se faire de l’argent. Est-ce partir dans l’illégalité est réellement la seule option qui s’offrait à eux ? Ils, du moins Berry, est convaincu que oui mais je suis certain qu’il existait une autre solution. Cependant, même si j’ai été incapable de les empêcher de choisir ce chemin, j’aimerai au moins pouvoir les sortir de là. En ce qui concerne Berry, c’est pour Phoenix qu’il a voulu quitté son gang. Quant à Shion, je ne suis pas exposé à un danger à cause de sa radio mais ne peut il pas comprendre qu’il met son futur en danger ? Mais plus je parle à mon meilleur ami, plus je me rends compte que ce n’est pas à lui que je devrai poser toutes ces questions. Il m’a donné un point de vue « externe » mais ce sont surtout les réponses de Shion qui sont les « vraies » réponses. C’est pourquoi, je préfère couper mon meilleur ami. Il n’a pas besoin de me répondre. Il me demande de comprendre les choix de Shion, mais est ce qu’il comprend les miens ? Je remercie Berry d’être venu m’écouter. Je n’ai pas eu ce que je voulais avoir comme réponse mais il a été là. Je souris quand il parle de Phoenix. Il a raison, mais je ne pensais pas non plus avoir de dispute avec Shion. Mais je souhaite bien entendu qu’ils ne se disputent jamais, je ne suis pas mauvais. Berry a mon attention. Je pose ma jambe sur l’autre avant de continuer à l’écouter. Shion et moi le même père ? Je fronce les sourcils devant l’absurdité de la question. Comment pourraient-on avoir le même père ? «  C’est impossible. » Je n’ai jamais connu mon père donc je ne sais pas à quoi il ressemble mais ma mère a vu comment le père de Shion ressemble. S’il était mon père, je l’aurai tout de suite su en voyant le regard de ma mère. Non, c’est impossible que mon père soit celui de Shion, je secoue de la tête comme pour affirmer mes dires. «  Dis pas n’importe quoi. » rigolai-je avant de donner une petite tape sur l’épaule de Berry, ne voyant pas où est ce qu’il voulait en venir.

TENUE ••• Il y a sûrement des tas d'autres solutions dans la vie pour se faire de l'argent, sans devoir tomber dans l'illégalité. à l'époque, je n'avais pas l'âge pour travailler et ramener des sous à la maison, alors que ma mère manquant cruellement de quoi payer le loyer. On se privait parfois de manger pour ne pas finir à la rue, et demander de l'aide à une tierce personne n'était pas dans nos habitudes. Impossible pour nous de continuer à vivre dans ces conditions-là, surtout pour moi qui détestait voir ma mère fatiguée et pleurer jusqu'à s'endormir sur la table de la cuisine ou dans le canapé. Quand il faut prendre une décision, bonne ou mauvaise, ça n'a aucune importance. Je m'en fichais d'être mal vu, de finir dans des histoires ou de m'attirer des ennuies. Je voulais que le bonheur de ma mère, et une vie meilleure. Aujourd'hui que tout est rentré dans l'ordre, j'ai pu m'arrêter et respirer à mon tour. Phoenix a été la raison supplémentaire pour me faire quitter le gang. Je peux comprendre Jirô et son point de vue, il a peur pour Shion, peur qu'il ruine son avenir avec cette radio clandestine, peur qu'il soit afficher et termine sa vie sans rien, s'il ne se fait pas accuser pour x ou y raison. Je le comprends, mais faut aussi comprendre Shion. Il n'y a pas que Jirô dans l'affaire, il y a aussi son petit ami. S'il veut l'arrêter, c'est son choix, mais qu'il tente au moins d’éclaircir le problème avant de se braquer. Le sujet clos, j'essaye d'aborder le mien, mais c'est beaucoup plus compliqué qu'une radio illégale. J'utilise Jirô et Shion comme exemple, mais ce n'est sûrement pas la meilleure méthode. Impossible ? Je le croyais aussi au début. « Je te demande comment tu ferais, pas ce que tu en penses. » Bougonnais-je, comme s'il prenait ma question pour lui-même. Je lui lance un regard désespéré. « J'aurai pas dû vous utiliser comme exemple ... » Quelle idée aussi. « Je la refais. Que devrais-je faire si mon père était aussi celui de Phoenix ? » J'aurai dû commencer par là dès le départ, plutôt que lui faire imaginer un truc absurde et impossible. Je ne dis pas n'importe quoi, pas pour moi. « Le père de Phoenix se nomme Kawee et il a un demi-frère du nom de Dakota. » Comme moi, comme ce qui était noté sur ces papiers.

TENUE ••• S’il me considère comme son frère, comme un membre à part entière de sa famille je ne suis pas une tierce personne. Ça me parait normal de s’aider mutuellement. Certes, ma famille n’est pas très riche mais régler ce problème à plusieurs est nettement plus efficace que s’endosser cette lourde tache tout seul. Comme le problème est réglé, il n’y a plus d’intérêt à discuter sur ça mais ça ne veut pas dire que j’approuve sa façon d’agir. Donc s’il remettait ce sujet sur le tapis, je maintiendrai toujours ma position. De la même manière que je garderai mon point de vue sur l’activité de Shion. Berry veut me faire comprendre que Shion a surement ses raisons de commencer, mais est ce que cela signifie qu’il doit continuer ? J’ai l’impression d’être en tort de vouloir que la radio s’arrête. Mais avoir raison ou pas, ce ne serait qu’avec Shion que je pourrai me positionner. C’est lui qui a les réponses. Néanmoins, je suis reconnaissant à mon meilleur ami de m’avoir ouvert d’autres portes. (Même si j’aurai préféré qu’il me dise que j’avais raison, mais passons.) Berry me suggère quelque chose de bizarre. Imaginer si Shion et moi avons le même père. Je ne vois pas pourquoi il me demande de réfléchir à ça. On ne peut pas avoir le même père. C’est peu probable. Mais Berry me « gronde » à ma réponse. Il m’a perdu. Comment pourrai je imaginer ce que je ferai si je suis dans une situation inimaginable. «  Pourquoi ? » Il doit bien avoir une raison qu’il me prenne en exemple avec Shion. Je ne m’attendais juste pas à ça. Je suis immobile le temps que l’information monte au cerveau. Et comme je suis grand, faut croire qu’il y a un certain temps de latence. Je ris jaune. «   Non c’est vrai ?  » Mais je ne vois pas pourquoi il me ferait une blague sur ça. «  C’est ton demi-frère ? » Wow. C’est gros. C’est même difficile à avaler. «  Tu es sur de toi ?  » Ils ont fait des test ADN ? Kawee, Dakota… Je suis de plus en plus perplexe. «   Ton père s’appelle aussi Kawee ? Tu l'as déjà vu ? » Tout comme mon père, je n’ai jamais entendu parlé de celui de Berry. C'est un sujet sensible et assez tabou pour chacun d'entre nous.

TENUE ••• Ma mère n'aurait jamais voulu de l'aide de qui que ce soit, c'est une femme fière qui n'aime pas exposer ses problèmes aux autres, même ses amies proches. étant son fils, elle ne pouvait rien me cacher, donc j'ai agis seul, sans demander sa permission ou son avis. Jirô et sa mère auraient pu nous aider, mais ma mère ne l'aurait pas souhaité et quant à moi, je ne pouvais pas demander pour elle. Jirô ne changera pas d'avis, mais moi non plus. C'est un sujet clos aujourd'hui, je ne vois pas pourquoi nous nous prenons encore la tête là-dessus. Je ne suis plus un dealer, ni un mafieux. Je ne compte pas rejoindre un nouveau gang, ni les Bakuto. C'est derrière moi tout ça, personne ne viendra me chercher là où je suis. Jae m'a promis de cacher mon identité, comme si je n'avais jamais été membre de leur clan. Pour l'histoire de Shion et de la radio, ce n'est pas à moi de dire si son petit ami doit arrêter ou continuer, ni à mon meilleur ami de le forcer à insister ou à capituler. Moi, je donne mon point de vue. Après, il en fait ce qu'il veut. Juste, qu'ils ne s'embrouillent pas méchamment pour cela et qu'ils trouvent un terrain d'entente. Quand je change de sujet et émet une simple hypothèse, Jirô le prend pour lui. Je suis bête moi aussi, quelle idée de prendre mon meilleur ami et son copain comme exemple. Répondre à son pourquoi n'est pas difficile, quand je reprends le truc avec Phoenix et moi. Il n'a pas l'air de bien percuter où je veux en venir... Je le regarde, attendant de voir la lumière à tout les étages. « Non. Je ne suis pas 100% sûr. » J'ai des doutes. Je déteste avoir des doutes. Mon père... « C'est vrai que je t'en ai pas parlé... Mon père est Thaïlandais, il a déjà une femme et deux enfants. Apparemment, il a eu plusieurs aventures avec d'autres femmes, dont ma mère. » Et celle de Phoenix, si j'en crois les informations de mon copain. « Phoenix dit que ça ne change rien... Que même si nous avons le même père, nous sommes toujours ensemble. » Je crois en cela, je ne dis pas le contraire. Pourtant, je me demande toujours comment le destin peut être si dégueulasse avec nous. « C'est pour ça que je te demandais ce que tu ferais si Shion était ton demi-frère. Est-ce que ça changerait quelque chose à tes sentiments ? Ou est-ce que tu t'en ficherais ? » Après tout, nos pères sont inconnus au bataillon. Gâcher une histoire sérieuse pour un type qu'on ne connait pas, est-ce vraiment acceptable ? Je ne veux pas perdre Phoenix juste parce qu'il a du sang Kawee dans ses veines.

TENUE ••• Je ne m’attendais pas du tout à la question de mon meilleur ami. Il m’a paru tout à fait normal de prendre la question personnellement puisque Berry me l’a adressée ainsi. Comme toujours, je ne cherche pas plus loin que mon bout de nez et mon meilleur ami en a payé les frais. Il est désespéré par mon incompréhension. D’un côté, il a toujours su que je n’étais pas le plus futé des hommes alors il n’aurait pas du m’utiliser comme exemple pour son histoire. Il aurait du me dire les choses le plus clairement possible pour que je puisse lui donner mon avis. Heureusement, il finit par me dire la vraie histoire derrière ses propos. Berry et Phoenix seraient demi-frères. Ce n’est pas le genre de nouvelle qui tombe tous les jours. J’essaye de chercher mes mots dans un premier temps mais je bafouille légèrement le temps que je réalise le sens de ses mots. «  Mais… Comment tu es arrivé à cette conclusion ? Phoenix le sait ? » Je ne perdu et je veux tout savoir depuis le début car il m’est impossible de comprendre sans le commencement. Il me parle de son père. J’écarquille les yeux. Berry aurait du sang thaïlandais ? Et encore, ce n’est pas le plus choquant, la suite est d’autant plus « chargée ». Le père de Berry aurait trompé la mère de Phoenix avec celle de mon meilleur ami ? Le pire c’est qu’elle ne serait pas la seule dans l’histoire ? Mais Phoenix ? Il ne se nomme pas Kawee non ? Je n’y vois pas très clair. En temps normal, je ne n’aurai pas compris mais avec mon histoire avec Shion, j’y arrive encore moins. Je me gratte la tête avant de souffler pour faire le vide dans ma tête et de réarranger les faits un à un. «  Tu as du sang Thaïlandais. Le père de Phoenix a trompé sa mère et tu es né ? » Si ce n’est pas ça, je voudrai bien qu’il me réexplique. Mais au moins, ça n’a pas l’air de perturber Phoenix tant que ça. C’est bien lui ça et ça me fait sourire. Cependant, ce n’est pas une situation à prendre à la légère. Je me pince les lèvres. « J e ne pourrai pas faire comme si de rien n’était…  » Même après ce qu’il vient de me dire, j’ignore comment je réagirai à sa place. Pendant un instant, j’ai eu la cruauté d’avoir pensé avoir eu la chance pour que cette situation ne soit pas arrivé à moi ou à Shion. Je ne me suis jamais senti aussi désolé envers Berry. Même si ça n’a été qu’éphémère je l’ai pensé et ça me rend tout honteux et coupable. Mais une chose est sure, je serai un soutien pour mon frère de cœur. Je ne veux pas rendre les choses encore plus compliquées qu’elles ne le soient. « Mais est-ce que tu aimes vraiment Phoenix ?  » Si la réponse est claire comme l’eau de roche, alors ça devrait lui faciliter les choses. « Ça ne sera pas facile mais est ce que tu te sens capable de tout surmonter pour lui, pour vous ?  » Je le regarde avec un air de dire « tu vois, tu connais déjà la réponse à ta question ».

TENUE ••• L'effet de surprise marche rarement avec Jirô, il a toujours un temps de retard ou une confusion telle qu'il ne pige pas de suite. Mes paroles sont toujours surprenantes, même quand elles sont dites clairement. Il n'a pas dû entendre cela très souvent, même jamais. Enfin, dans le sens où deux personnes qui s'aiment se retrouvent lié par le sang du jour au lendemain. Nous l'avons toujours été, c'est une façon de parler. « C'est Phoenix qui l'a découvert. Il est tombé sur un dossier que je gardais dans mes tiroirs. » Personne ne fouille dans mon bureau, il n'y a généralement rien d'intéressant dedans. Faut croire que la curiosité de mon copain l'a poussé sur la voie. L'histoire n'est pas compliqué en soi, pour moi elle ne l'est pas du moins. Je sais qui est ma mère, qui est celle de Phoenix et qui est ce Kawee. J'ignore le nom du beau-père à Phoenix, mais ce n'est pas tant important. Après, c'est normal que Jirô s'emmêle les pinceaux et ne comprenne plus rien à l'histoire. à sa place, je serais paumé aussi. Sa question pourrait me faire rire, si je ne voulais pas garder un maximum de sérieux. « J'ai du sang Thaïlandais, oui. Et non, ce n'est pas vraiment son père. » Ok, je vais le perdre totalement. Comment expliquer sans que ce soit trop confus ? « Cet homme a déjà une famille et deux enfants, mais sa femme n'est ni la mère de Phoenix, ni la mienne. La mère de Phoenix est un peu comme la mienne, si tu veux. » Je lui lance un regard l'air de dire « tu comprends ? », avec une pointe de doute. Nous sommes d'accord, ce n'est pas possible de faire comme si de rien n'était. C'est justement parce que c'est invraisemblable que cela me fait autant réfléchir. Si j'aime Phoenix ? C'est la première personne pour qui je ressens autant de chose, puis... Je ne coucherai jamais avec une personne que je n'aime pas par amour. « évidement ! » Rien que ça, je devrais déjà avoir la réponse. Alors pourquoi je m'en inquiète ? Peut-être que je voulais juste en parler avec mon meilleur ami et m'éclaircir les idées. « Je me suis pris un coup de couteau pour lui, ce n'est pas suffisant ? » Râlais-je, comme si c'était évident. J'ai déjà ma réponse à ma question, mais ça m'enlève un poids de me confier à lui. « Je donnerais même un rein, ou n'importe quel organe si ça peut lui sauver la vie. » Ouais, je suis comme ça, un peu extrême. « Mais ça me fait du bien de te le dire. » Souriais-je, soulagé. Je ne peux pas en parler avec ma mère, et Phoenix était le seul au courant avant de lâcher l'information à Jirô. Maintenant, je me sens mieux, comme libéré.

TENUE ••• Cette histoire est incroyable. J’ai même peur d’avoir mal compris tout ce qu’il vient de me dire. En même temps, je n’ai pas du tout été préparé à ça. J’ignore tout du père de Berry, n’est pas au courant de la famille de Phoenix. Mais j’essaye vraiment de mon mieux pour ne pas rater une seule miette et établir les liens entre chaque information que Berry me donne. C’est donc Phoenix qui a découvert cette relation. Par contre, je crois que plus j’essaye de réfléchir, moins je n’y arrive. Le père de Phoenix n’est pas vraiment son père ? Il est sérieux ? Comment je suis sensé comprendre ce qu’il vient de m’avouer. Je crois que ce serait plus rapide s’il me dessiner l’arbre généalogique de sa famille et celle de Phoenix pour que je comprenne le plus rapidement possible. Mais la suite est déjà plus facile à comprendre. «  Aaahh. Je comprends.  » Je lève le doigt en l’air. Enfin, je crois avoir compris. Une fois la base bien posée, Berry me demande qu’est ce qu’il est censé faire. Du moins, comment j’aurai réagi si j’aurai été à sa place. Je réfléchis sérieusement à son hypothèse. Sa réponse au tac au tac est un bon début, même si je m’y attendais déjà. Son argument ne serait pas valable pour moi car j’ai déjà pris une balle pour protéger le père de Shion, alors que je ne le connaissais pas. Mais je vois parfaitement ce qu’il veut dire. Nous n’avons pas le même caractère donc ce geste n’a pas la même signification. Je claque deux fois des mains pour le charrier. «  Quel magnifique preuve d’amour.  » Je le taquine. «  Au moins, tu n’auras pas peur pour l’incompatibilité.  » Ok, c’est vache mais c’est drôle. Et si je prends ce sujet à la « légère » c’est parce qu’au final, je vois que ça ne changera rien pour eux. «  Comme tu l’as dit, je serai toujours là pour toi Straw. » Nous n’avons peut être pas un lien de sang mais c’était tout comme ci.

TENUE ••• C'est une histoire tirée par les cheveux, comme dirait le proverbe. Y a tellement de détour, de case, de branche. Bref, incompréhensible. Pourtant, si on prend le problème simplement, tout devient compréhensible. Un homme à femme, des femmes naïves et des gosses par-ci par-là. Voilà, ça résume toute l'histoire. Ma mère et celle de Phoenix sont juste des aventures pour un sale gars qui n'a même pas protégé cette relation, ou qui a fait croire n'importe quoi. Je ne serais pas né si ma mère s'était protégé, soit dit en passant. Jirô n'aurait pas un fabuleux meilleur ami comme moi et Phoenix ne serait pas copain, et inversement. Finalement, il a compris. Je lève aussi le doigt pour confirmer. Maintenant, que suis-je censé faire pour Phoenix ? Je l'aime, je ne peux pas m'éloigner de lui pour un faux prétexte. Je m'en fiche que notre père soit le même connard, je déteste cet homme et ce serait une victoire pour lui de voir son fils illégitime malheureux. Jirô trouve les bonnes questions et je dois apporter les bonnes réponses, à voir la tête qu'il tire. Il se moque de moi et je lui donne un léger coup dans le bras. « Arrête de te moquer. » à charge de revanche, c'est ça ? J'ai plaisanté sur sa première dispute avec Shion, donc c'est à son tour de me charrier ? Pas mal, pas mal. « Idiot. » Mais ce n'est pas faux. Si Phoenix venait à manquer d'un truc, je pourrais sûrement lui donner. Enfin, ce n'est pas parce qu'on est demi-frère qu'on est forcément compatible. Bon, au moins je suis fixé. « T'es le meilleur des meilleurs potes. » Fis-je, venant subitement le prendre dans mes bras. ça fait longtemps que je n'ai pas fait de câlin à Jirô. Faut dire que quelqu'un me remplace pour ça désormais, hm. Défaisant mon étreinte, je soulève le sachet avec les t-shirt personnalisés et lui donne. « Tiens, cadeau. De Phoenix et de moi. Bon anniversaire. » Je lui répète, lui souhaite à nouveau, mais ce n'est jamais assez dit je trouve. Faut lui rappeler qu'il vieillit.

TENUE ••• Ce n’est qu’une fois avoir compris que je m’aperçois que ce n’était pas si difficile que ça à comprendre. Le père de Berry est infidèle mais « grace » à lui, Berry et Phoenix ont vu le jour. Même si ça me rend curieux, l’intérêt de la discussion ne se trouve pas sur leur père mais sur la relation fraternelle qui lie mon best et son copain. C’est vrai, leur situation n’a rien d’enviable mais leur amour est sincère. C’est un peu ringard à dire mais l’amour triomphera toujours. Et c’est ce qui semble être le cas pour Berry et Phoenix. Ils s’aiment et c’est ce qui leur permet de constamment avancer, quels que soit les obstacles. Et s’ils sont capables de surmonter ça, je devrai pouvoir faire de même pour le « problème » de Shion. Je me moque de mon best à chaque fois qu’il répond à mes questions. Quand il a ri de ma dispute avec mon copain, je l’avais déjà prévenu qu’il risquerait de prendre cher si ça lui arriverait. Même si ce n’est pas une dispute, je n’ai pas voulu raté cette occasion pour me moquer de lui. Entre best, c’est comme ça qu’on agit, à appuyer avec humour là où ça fait mal. Bien entendu, c’est parce qu’on se connait depuis toujours qu’on est comme ça. Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Il y aura toujours un pour le rappeler à l’autre. C’est comme ça que ça marche chez nous. Je souris en entendant le compliment de mon best. Ça fait plaisir à entendre – même si je le savais déjà. «  I know.   » Un petit mot anglais pour la route. Je serre Berry dans son étreinte. Ça faisait tellement longtemps que je pourrai presque oublier qu’il était aussi petit. «  I love you.   » Parce qu’il n’y a pas que nos copains qui ont le droit à cette phrase. Le sens est différent mais Berry est important au même titre que ma mère. Récupérant le sachet, je l’ouvre rapidement pour regarder les T-shirt. «  Wow, merci Berry ! Tu diras merci pour Phoenix aussi.   » Je souris avant de regarder mon best. Ça me rappelle l’année dernière. Beaucoup de choses se sont passés depuis, je suis maintenant en couple mais mon copain n’est pas là. [/b][/color] » Et mon autre, mais principal vœu est que la dispute avec Shion se termine le plus vite possible.

TENUE ••• finalement, tout se tasse. Sa dispute avec Shion semble moins déprimante, mon lien avec Phoenix me paraît presque normal, et nous plaisantons chacun de notre côté pour le problème de l'autre. Je me suis moqué de Jirô pour son engueulade avec son copain, maintenant c'est à son tour de me taquiner avec ma relation. ça rend la chose plus légère, plus facile à accepter. Je ne pensais pas remettre de l'ordre dans ma tête si facilement, mais grâce à Jirô, tout se remet en place. J'y vois un peu plus claire et j'espère que c'est son cas aussi. Jirô commence à parler anglais, ce qui me fait aussitôt grimace. Il trouve le moyen, dans un moment de pure tendresse et complicité, de m'arracher les tympans. « Don't talk in english. » Rétorquais-je, desserrant l'étreinte pour récupérer mon espace vital. « Me too. » Je l'aime comme mon meilleur pote, comme mon frère. Et en tant que tel, je me dois de lui offrir un cadeau de taille. Certes, ce n'est pas un truc haut de gamme, ni très recherché ou qui coûte cher. C'est surtout quelque chose qui vaut sentimentalement de l'or. « Je lui dirais. » Il n'a pas à s'inquiéter là-dessus, Phoenix doit déjà se douter que les t-shirts plairaient à Jirô et qu'il serait autant content que nous. ça été amusant à faire, les dessins, que ce soit la phrase avec la fraise en coeur, les parts de pizza ou celle avec les mains prête à manger. Nous avons chacun mit du notre pour avoir ce résultat-là. « Faudrait que l'on s'fasse une bouffe, un de c'jour. » Tous les quatre, comme l'an dernier. Pas besoin d'occasion particulière pour se réunir, on pourrait même partir ensemble pour les vacances. « N'oublie pas de parler avec Shion. Ce serait dommage que vous gâchez cette journée pour un truc si stupide. » Je ne dis pas que le passe-temps de Shion est stupide, juste que la dispute n'en vaut pas tant la peine. Ils peuvent s'arranger, d'une manière ou d'une autre.

TENUE ••• Même si mon histoire avec Shion n’est pas réglée, parler avec Berry m’a beaucoup apporté. Nos avis se divergent mais les mots de mon best ont plus d’impact que n’importe qui. Ils me font réfléchir même si je suis incroyablement têtu. J’ai besoin de lui et je suis heureux de l’avoir. Il me prend dans ses bras et je serre la prise. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un moment câlin. Il est vrai que j’en donne plus souvent à Shion mais ceux de Berry me manquent aussi. Parler anglais avec Berry est un réflexe. J’adore parler cette langue avec lui. Bon, parler est un grand mot pour ce que je fais mais j’aime bien. La réaction de mon best est toujours aussi drôle. On dirait vraiment que mon anglais est nul. Quel comédien haha ! Moment de tendresse terminé, Berry me donne mon cadeau. Il le sait, je n’ai pas besoin de cadeau très cher. Le sac de couchage en forme de pizza était parfait. Je sors les T-shirt du sac et rigole en voyant les motifs. Je les mettrai, pour sur. Ça me donne envie de reprendre Berry dans mes bras tellement ce cadeau me plait. Je trouve ça mignon et adorable de leur part. C’est le cadeau parfait. Ça me fait penser à Shion. Est-ce qu’il avait aussi des choses de prévus ? A cause de notre dispute, ça tombe à l’eau. «  Oui…  » Lorsque Shion et moi auront bien parlé avant. Berry me le fait remarquer. «  Ne t’inquiète pas.  » Mais avant de parler, je dois réfléchir de mon côté, prendre le temps de faire le point car je ne veux pas m’énerver comme hier. J’ai agis par coup de tête, sans réfléchir. «  J’ai pas envie d’être seul pour le moment. Tu veux bien rester pour regarder un film ?  » Juste entre meilleurs amis, comme au bon vieux temps. Bien entendu, je ne compte pas le monopoliser toute la journée non plus, juste le temps d'un film et d'un petit diner peut être ?  

TENUE ••• Jirô le sait, s'il a besoin d'aide ou de conseil, je serais toujours là pour lui. Après, ce n'est pas parce que je suis son aîné qu'il doit forcément me croire sur parole, puis j'ai autant à apprendre de lui que lui de moi. Pour l'instant, je ne peux pas me réjouir pour lui, pas tant que je ne saurais pas le fin mot de son histoire. Je me doute à l'avance que ça rentrera dans l'ordre, Jirô ne peut pas rester éternellement fâché avec Shion. Ce serait dommage surtout. Le câlin échangé, c'est son cadeau que je lui donne ensuite. Un truc fait à deux avec Phoenix, la veille. Normalement je me prends toujours à l'avance pour Jirô, mais depuis que je suis en couple, j'ai tendance à zapper certains détails. Bon, j'y ai pensé quand même ! Sinon mon meilleur ami n'aurait rien. J'en profite pour l'encourager, qu'il ne perde pas espoir avec son copain et qu'il lui fasse un peu plus confiance. ça arrive d'avoir des hauts et des bas, mais le plus important, c'est de savoir les gérer sans céder. Les disputes renforcent les liens, il devrait le savoir. Je ne le dis pas, mais il a intérêt à me tenir au courant pour l'histoire avec Shion. Je veux savoir s'il se sont rabibochés ou pas, ce qu'ils se sont dit, etc. J'ai un rôle précieux à tenir, le plus important pour Jirô. Alors si je dois le harceler pour des informations, je le ferais sans hésiter. Maintenant, et pour le moment, il ne reste qu'à profiter de son anniversaire. « Ouais bien sûr. Voyons voir ce que tu as à me proposer. » Je souris, attendant de voir sa fameuse liste de film à regarder le jour d'un anniversaire un peu loupé. Enfin, à moitié raté. Parce que sans Shion, je ne pense pas qu'il soit heureux.