C’était une magnifique journée qu’était cette journée. J’avais beau détester ce pays, j’étais forcée de reconnaître que le printemps ici n’avait rien à envier à ma ville natale avec tout son béton et lumière. Le printemps était aussi synonyme de rentrée. Une année que j’allais devoir me retaper puisque le rythme scolaire ici n’avait rien à voir avec ce que je m’attendais. Bien sûr, maman n'a pas loupé une seconde pour me descendre en flèche et me montrer a quel point je pouvais être loin de la fille parfaite qu’elle s’imaginait avoir et laquelle elle pouvait vanter les mérites auprès de ses amis aussi snob qu’elle. C’est pour ça que j’ai préféré fuir la maison. Je crois que je vais cessais de venir ici chaque week-end. Je suis bien mieux seule…
Enfin surtout ça me frustrait de voir qu’elle avait oublié papa. C’était bientôt l’anniversaire de sa mort et j’étais coincée ici, dans ce maudit pays avec cette femme vénale sans même pouvoir rendre hommage à l’homme de ma vie. J’avais besoin de prendre l’air. Sans même réfléchir, je saisissais mon vélo et me rendais au parc non loin de chez moi. Voir l'éclosion des fleurs saura peut-être me détendre. En une aussi belle journée, j’étais sure que le parc était bondé. Les personnes viennent aussi se détendre avec leur famille, leurs amis, leur amoureux. Je les enviais un peu. Pourtant, ce n’était pas mon genre. Enfin bon, j’allais de ce pas enfourcher mon pédalier a deux roues A peine je me mis en route, je commençais à me mettre en route que je perdis le contrôle de mon fidèle destrier. Bordel, je savais encore faire du vélo ! Je ne manquais pas de m’écorcher le genou.
« Ah nan, c'est pas vrai. »
Mon genou endolori n’était pas le plus important. Je remarquais que la chaîne de mon vélo s’était barrée. Il fallait que ça tombe sur moi. Mes doigts pleins de cambouis, je tentais désespérément de remettre la chaîne dans ses rouages, mais ça me semblait plus dur que je le pensais. Des tas d’injures dans mes langues natales avant de fondre en larmes… Pathétique.
Tenue ♦ Le printemps était une bonne saison. Généralement, les filles en raffolaient. Il suffisait d'une simple petite promenade, quelques mots employés avec soin, et elle tombait indéniablement sous le charme du jeune homme. Cela dit, Aiichirô ne faisait pas parti de ceux étant venu en "amoureux", il avait davantage utiliser ce cadre idyllique pour mettre fin à cette amourette, avec laquelle il n'éprouvait plus aucun intérêt. Puisqu'il était plutôt d'humeur conciliante ce jour là, il y mit les formes. « Je préférerai qu'on s'arrête là » commença-t-il honnêtement, et en poursuivant sur la même lancée, malgré le cliché de cette phrase : « C'est pas toi, hein, c'est moi ». Il n'avait jamais voulu s'investir dans une relation sérieuse, aussi mignonne et gentille pouvait-elle être.
Cette rupture n'avait duré que quelques minutes, et le soleil tapait toujours autant, comme si rien ne s'était produit. La journée d'Aiichirô reprit elle aussi son cours, le plus naturellement qui soit. Il vagabondait tranquillement dans le parc, tandis que son ex avait détalé à la seconde. Il était sur le point de se retirer à son tour -car il n'avait pas grand intérêt à passer du temps ici- lorsqu'il vit à quelques mètres de lui une jeune fille tomber de son vélo. Il ne réagit pas tout de suite, s'arrêtant simplement en regardant le spectacle. Il était même sur le point de reprendre, l'air de rien, son chemin lorsqu'il vit en apparence qu'elle ne semblait pas s'être fait mal, mais la suite le scotcha littéralement sur place. S'était-elle mise soudainement à pleurer ?
Quelques secondes plus tard, le voilà accroupi à ses côtés, en remettant habilement à sa place la chaîne de son vélo ; ce n'était pas une tâche bien difficile lorsqu'on savait comment s'y prendre. Il ne l'a regardait pas directement, la laissant le temps de s'essuyer les yeux, mais intérieurement il avait juste envie de lui signaler qu'elle n'avait pas besoin de pleurer pour si peu. A la place, un sourire chaleureux prit place sur ses lèvres, alors qu'il tournait enfin son visage dans sa direction. « Et voilà, c'est fait ». Elle pouvait remonter sur son vélo sans crainte. Il se redressa donc, et lui proposa gentillement sa main. « Tu n'as rien ? ».
Je n’étais pas douée pour contenir mes émotions. Même si j’ai tenté ces derniers jours… Mais me voilà au sol en train de chouiner comme une enfant de 6 ans. J’étais définitivement ridicule. Cependant, je fus très vite interpellée par la présence d’un jeune homme qui a décidé de jouer les bons samaritains pour moi. Sans dire un mot, je me contentais de le regarder régler mon problème sans aucune difficulté. Puis mes yeux embués se posaient sur la silhouette du jeune homme que je détaillais du regard avant de finalement rougir soudainement lorsqu’il m’adressait un beau sourire. Il était mignon quand même. Lorsqu’il m’interrogeait sur mon état, je regardais rapidement mon genou qui guettait une douleur ; minime seulement. D’une voix légèrement enrouée par mes pleurs, je continuais la conversation
« Non ça va, c’est juste une petite égratignure, je la soignais plus tard. »
Il y avait un peu sang certes, mais il n'y a pas de quoi paniquer pour qu’on me recoud le genou quoi. J’attrapais cette main secouriste qu’il me tendait puis j’essuyais à l’aide de mes paumes mon visage humidifié par les larmes. Je regardais mes mains qui étaient teintées d’une couleur charbon avant de soupirer. Quelle idiote, j’avais totalement oublié ça putain. Je n’osais même pas imaginer la dégaine que je devais avoir désormais
« J’ai des traces noires sur le visage, hein ? »
Je supposais que cela relevait plus de la question rhétorique. Franchement plus idiote que moi, on ne pouvait pas faire je pense. Je fouillais dans mon petit sac pour en sortir un paquet de mouchoirs pour essuyer mes petites mains. Je retirais aussi quelques tissus pour les lui tendre et ainsi qu’il puisse en faire de même.
« Je… Merci pour mon velo. Il y a au moins une chose qui me réussit aujourd'hui. »
Pas besoin de m’étaler sur mes problèmes personnels et émotionnels. De plus, il avait surement mieux à faire
Tenue ♦ Comme il s'en doutait, rien de bien grave ne lui était arrivé. Tout du moins, physiquement. Quant à ses pleurs : soit elle devait être du genre super-émotive, soit était-elle déjà au bord des nerfs pour commencer et cette chute n'avait fait qu'accélérer les choses. Il se permit tout de même un regard en direction de son genoux blessé, avant de relever les yeux au niveau de son visage, encombré de tâche de mascara. Elle avait effectivement une drôle de dégaine ainsi, mais son regard ne changea pas pour autant. Seul un petit sourire amusé se permit de se glisser sur ses lèvres alors qu'elle lui demandait si elle avait des traces noires au visage. « A peine ». Quelle ironie. Mais la vérité était moche, mieux valait qu'elle ne sache pas.
Lorsqu'elle lui tendit un mouchoir, Aiichirô s'aperçu enfin de ses propres mains tâchées de maquillage. Il ne s'en offusqua pas et s'éloigna un instant vers la fontaine, à proximité, pour en revenir avec deux mouchoirs humides, dont l'un d'eux qu'il tendit à la jeune fille. « Ce sera plus simple, comme ça ». Il l'espérait pour elle, en tout cas. Ce serait dommage qu'en plus de ça, elle ait à rentrer chez elle dans cet état. Quant à lui, il se baissa une fois de plus pour essuyer le sang autour de sa petite plaie qu'elle s'était faite au genoux. Il s'était penché le plus naturellement du monde, sans se soucier du fait qu'il pouvait de nouveau la mettre mal à l'aise. « Mauvaise journée ? » l'interrogea-t-il en laissant se dessiner une petite grimace sur les traits de son visage. Il n'était pas vraiment curieux, et n'allait pas insister si elle ne souhaitait pas en parler, mais tant qu'à faire..
J’étais gênée d’avoir fondu en larmes aussi facilement devant un tel inconnu ; qui avait l’air gentil qui plus y est. C’était dommage. Et je continuais dans mon embarras, ajoutant des tas de traces noires sur mon minois. Heureusement, le ridicule ne tuait pas. A la vue du sourire du jeune homme, je me doutais un peu que le carnage devait être d’une certaine qualité. Bon, je devrais en rire en soit, cela devait être amusant a voir, cependant, je ne sais pas faire semblant, mettre un masque. Ce n’est hélas pas dans mes cordes
Je regardais me tendre des tissus humides. Un bref remerciement, je nettoyais mon visage, pour regardais le mouchoir. Je soupirais en voyant le changement de couleur du papier. Oui, je ne m’étais pas loupé sur la refaite de mon maquillage. Je prenais un nouveau papier dans mon sac pour au moins nettoyer mon nez, chose bien moins classieuse. Je sursautais légèrement de surprise, alors qu’il essuyait cette plaie superficielle à mon genou. Mes joues furent soudainement rosies par ce geste si attentionné. A l’entente de ses derniers mots, je soufflais un ricanement, comme pour me moquer de moi.
« Mauvaise, c’est juste un euphémisme. Enfin… Disons juste que c’est le résultat d’une relation compliqué avec sa matriarche et l’accumulation de soucis. »
Je pense qu’en même qu’il ne souhaitait pas jouer les psychologues pour une gamine comme moi. Je me sentirais coupable de me plaindre de futilité en tous genre à un inconnu. Je regardais mon genou, légèrement endolori, en passant sur autre chose.
« En tout cas, merci, euh… »
Je me frottais la nuque, me rendant compte que je ne savais même pas son nom. Je supposais alors que c’était a moi de prendre les devants. Un mince sourire aux lèvres, je m’inclinais vite fait devant lui
« Moi je m’appelle Alessia. Mais tu peux m’appeler Aly, c’est moins formel »
Et plus facile surtout pour les Japonais qui ont pris l’habitude de m'appeler Alicia. Je reconnaissais que cela se ressemblait, mais bon, il ne s’agissait pas de mon nom
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