UNIFORME † Plongé dans la musique que lui diffusait ses écouteurs, Renji ne prêtait pas attention à sa bande qui chahutait bruyamment, comme à leur habitude. Il songeait à Opame et à leurs vacances à Vegas. Pour une raison qu'il ignorait, son cœur avait plusieurs fois battu à la chamade lorsqu'il avait croisé son regard ou s'était approché d'un peu trop près. Cela l'avait tellement chamboulé sur le coup qu'il avait été soudainement froid avec elle, avant de redevenir légèrement poli. C'était à ne rien y comprendre, en tout cas pour lui. Que ressentait-il donc à propos de la jeune fille. Était-il amoureux ? Certainement pas, Opame n'était pas son style et il n'avait jamais été attiré par elle. Elle était juste sa victime un peu spéciale, juste ça. Du moins, c'était ce qu'il essayait de se dire.

Pourtant, depuis la rentrée, elle l'évitait. Lorsqu'il l'appelait, elle ne répondait que lorsqu'elle était véritablement obligée de le faire, la plupart du temps, il lui était impossible de la croiser dans les couloirs et cela l'agaçait fortement. Se passant une main dans les cheveux, il soupira bruyamment, ce qui interpela ses "amis". « Eh Nakajima ! Ça ne te ressemble pas de soupirer comme ça, qu'est ce qu'il se passe bro ? T'aurais rencontré une fille, huhu ? » Les sifflements des garçons retentirent, ce qui eut pour résultat de faire rougir Renji. Que racontaient-ils ? Opame n'était pas une fille comme eux l'entendaient, grandes avec une S line de rêve et tellement retouchée qu'elle pourrait remplacée la mer de plastique. Frappant à l'arrière du crâne le plus proche de ses gars, il grogna : « Arrêtez de rêver, même si c'était le cas, il n'y aurait aucune raison que je vous le dise. » Une moue sur le visage, il secoua la tête et se replongea dans sa musique.

Vu qu'ils étaient dans la cour de la Royal, il pouvait apercevoir les gens entrer et sortir de l'enceinte de l'école avec facilité. C'était pourquoi, lorsqu'il entrevit Opame se diriger vers le portail pour quitter l'établissement, il se dit que c'était sa chance. La jeune fille n'avait peut-être pas envie de le voir mais lui si. Saluant brièvement sa bande, il les quitta, son sac sur le dos et courut la rejoindre. Parce qu'il était un peu loin, il ne put la rejoindre que sur le trottoir d'en face mais dès qu'il fut à sa hauteur, il lui attrapa le bras pour qu'elle s'arrête et le regarde. Là, les yeux dans les yeux, il lui dit en fronçant les sourcils : « Hé ! T'as décidé de m'éviter encore longtemps ? Tu crois que je n'allais pas le remarquer ? » Il était un peu vexé qu'elle ne lui parle plus alors qu'ils n'avaient pas passé que des moments désagréables à Vegas. L'aquarium avait été plutôt cool, les baignades aussi.

UNIFORME † Les vacances étaient terminées. Il était temps. Ces deux mois à Las Vegas… Rien que d’y penser, tu soupirais fortement. Deux mois, enfermée, avec Renji, non vraiment, y’avait mieux comme vacances… Ta famille t’avais énormément manqué en plus alors bon… Pinçant tes lèvres, tu regardais un peu par la fenêtre, au lieu d’écouter le cours. Redoublante, tu connaissais déjà pas mal de cours, tes notes le montraient aussi. Toi qui depuis que Renji te persécutais étais dernière de la classe, tu te retrouvais dans le top cinq. Tu ne rêvais que d’une chose, entendre la sonnerie de l’école et partir. C’était la fin de la journée. Tu souhaitais aller dans ton lit, pour pioncer, dormir, te reposer, finir cette journée ennuyeuse. Cachant ta bouche de ta main, tu te permis de bailler longuement avant de t’étirer comme tu pouvais. Quelques minutes plus tard, tu fus libérée de l’emprise de cette classe. Te levant, tu rangeais tes affaires dans ton sac à dos, avant de l’enfiler sur tes épaules. Sans trop attendre, tu quittais la salle en courant pour longer le grand couloir. Il y avait une chose que tu ne voulais pas croiser. C’était bel et bien Renji. Dévalisant les escaliers à vive allure, avant de finir par descendre les deux étages. Arrivant dans la cour tu regardais rapidement autour de toi, avant de te diriger vers le portail. C’était le moment ou jamais de se dépêcher. Sinon t’allais tomber sur lui. Réussissant à sortir, tu te sentis fière, tellement que quand tu sentis un bras te tirer, tu te dis, que t’avais pensé un peu trop vite… « Hé ! T'as décidé de m'éviter encore longtemps ? Tu crois que je n'allais pas le remarquer ? » Tu clignais des yeux avant de le regarder. Gonflant un peu tes joues, tu secouais la tête. « Je ne te fuis pas. C’est dans ta tête. » T’arrivais, grâce à ces deux mois de vacances à lui parler correctement, sans plus aucune peur. Repoussant sa main tu lui tirais la langue avant de rire et te mette à courir pour réellement le fuir cette fois. Tu te doutais qu’il allait te rejoindre et te courser. Alors tu entras dans le premier café à ta portée avant de t’accouder sur le comptoir. Tu lorgnais les grosses pâtisseries. T’attendais qu’il arrive pour commander. Comme ça, c’est lui qui paie.

UNIFORME † Était-ce lui ou Opame développait depuis quelques temps des mimiques qualifiées de mignonnes selon les normes de la société et qu'il aurait trouvé ridicules si ça n'avait pas été elle ? Il ne savait pas mais là, à la voir les joues légèrement gonflées, il ne pouvait s'empêcher une ou deux fois des yeux pour s'en remettre. « Je ne te fuis pas. C’est dans ta tête. » Ça, Renji en doutait franchement. Même lorsque leur relation était au plus mal, il était certain de l'avoir plus vu qu'hier et aujourd'hui réunis. Et il se trouvait vachement plus doux avec elle qu'avant. En résumé, il n'y avait aucune raison pour qu'elle se comporte ainsi. Du moins, de son point de vue.

Mais la jeune fille devait en avoir puisqu'il retira sa main de son bras avant de fuir en tirant la langue. Cela déstabilisa le grand caïd suffisamment de temps pour lui laisser une petite avance. Vexé de la situation, Renji reprit rapidement ses esprits et courut derrière elle en criant son nom. Comment osait-elle dire qu'elle ne l'évitait pas et fuir immédiatement après ? Cela avait il un sens ? L'étudiant faillit la perdre lorsqu'elle tourna pour se précipiter dans un café mais heureusement, il l'aperçut à travers la vitre et s'arrêta de courir pour y entrer aussi. Rejoignant la demoiselle d'un pas vif, il serra le poing, prêt à la frapper. Cependant, lorsqu'il fut à un pas d'Opame, il se remémora son visage si adorable au moment où elle l'avait semé et il ne pût se résoudre à lui faire quoi que ce soit.

Comment une fille pouvait avoir tant d'emprise sur lui ? Cela ne lui était pas arrivé depuis son premier amour, il y a 3 ans. Et encore, il était presque certain d'avoir eu un semblant de contrôle sur son coeur à ce moment là. Actuellement, lorsqu'il détaillant la jolie lycéenne, avec ce petit sourire qu'elle avait parfois, son coeur fondait doucement sans qu'il n'en comprenne la raison. Si ça continuait ainsi, elle aurait sa peau et sa réputation de caïd. Renji soupira profondément en passant une main dans ses cheveux avant de s'accouder au comptoir, juste à côté de la demoiselle, en regardant les pâtisseries présentées. « Je suppose que tu veux commander quelque chose, n'est-ce pas ? Prends ce que tu veux et commande moi un truc aux fruits rouges. » Il n'avait pas vraiment envie de faire un choix et, à dire vrai, il voulait profiter du temps de recherche d'Opame pour l'observer à la dérobée. Il le faisait plus régulièrement depuis Vegas et à chaque fois il découvrait des choses nouvelles sur ses habitudes gestuelles, ses petits tics, la façon dont ses paupières se refermaient lorsqu'elle clignait des yeux. Avec une caméra braquée sur elle, il était certain qu'elle ferait un carton tellement son charme grandissait chaque jour un peu plus.

« Tiens, prends ça, je t'attends dehors. » Lui tendant une liasse de billet, il les lui lit dans la main avant de quitter le café. Adossé contre le mur, il attendait qu'elle fasse son choix en essayant de penser à autre chose que son doux parfum ou ses cheveux soyeux.

UNIFORME † Il t’avait eu, en quelque sorte. On peut dire ça oui, puisqu’il avait réussi à venir te voir et à te faire la remarque, sur l’éventualité que tu puisses le fuir. Il n’avait pas tort. Tu le fuyais, sans aucune gêne ni honte. Devais-tu à tout prix, rester coller à lui ? T’en as pas forcément envie. Pourquoi tu devrais le faire ? Pour autant, tu ne peux pas non plus réellement le fuir, ni le narguer, parce que tu sais très bien comment il est… Et c’est loin d’être facile… Pour autant, tu finis par lui tirer la langue et t’en aller en courant. Parce que tu essaies de passer ça entre de la rigolade, et… un peu de sérieux ? T’en sais trop rien en fait. En tout cas, tu rentres dans le premier café qui vient, et tu t’installes devant le comptoir. Il n’y a personne qui attend de commande, alors tu observes, tu regardes ce qu’ils proposent avant de voir Renji te rejoindre. « Je suppose que tu veux commander quelque chose, n'est-ce pas ? Prends ce que tu veux et commande moi un truc aux fruits rouges. » Toujours à donner des ordres, c’est dingue. Il ne peut pas choisir lui-même ce qu’il veut ? T’as du mal à comprendre pourquoi il est réellement comme ça, mais bon. Tu fais comme il le veut. Tu sais déjà ce que tu veux. Y’a cette énorme pâtisserie au chocolat qui te fait de l’œil. « Tiens, prends ça, je t'attends dehors. » Tu le laissais mettre l’argent dans ta main avant de lever les yeux en l’air. Regardant combien il t’avait donné, tu te pinçais les lèvres avant de finir par passer commande. La grosse pâtisserie, plus un espèce de gros cookie aux fruits rouge, avec un milkshake au chocolat noir et un grand thé glacé toujours aux fruits rouges. Donnant l’argent à la vendeuse, tu récupérais la monnaie avant de la mettre dans ta poche. Attrapant les deux boissons emballées dans le carton ainsi que les deux gâteaux, tu finis par sortir pour le rejoindre dehors. Lui tendant sa boisson, tu posais le reste sur le muret de l’établissement avant de lui rendre la monnaie. Sans attendre, tu lui donnais le reste, avant de te sortir ta pâtisserie pour en croquer un morceau. Léchant tes lèvres, tu finis par relever le regard vers Renji. Tu ne pouvais pas nier que depuis les vacances tout avait changé entre vous. Il semblait plus doux. Mais tu n’oubliais pas le passé pour autant… « Tu veux faire quoi ? » Demandai-je avant de t’adosser contre le mur à côté de lui. « Cinéma ? Arcades ? Autres ? »

UNIFORME †  L'oeil aux aguets, Renji détaillait avec précision toutes les qualités de cet endroit. Si il arrivait à convaincre son équipe de tourner ici leur prochaine scène, il était certain que le rendu serait parfait. En plus ce n'était pas très loin de la Royal, donc ils n'auraient pas à monter dans sa voiture pour de longs trajets - ce que tout le monde refusait à chaque fois, le faisant douter de la qualité de sa conduite. Le jeune homme sortit de ses pensées lorsque Opame revint avec leur commande. Comme prévu, elle lui avait prit des fruits rouges. Attrapant sa boisson et sa monnaie, il sourit légèrement pour la remercier mais n'obtenu que son cookie en échange.

Sans rien déguster pour le moment, il en profitait pour observer la jolie demoiselle en face de lui. Quand elle dégustait sa pâtisserie, il avait l'impression de voir cette enfant qu'elle était en réalité. Certes, elle avait 18 ans et n'était pas gamine non plus, mais parfois, lorsqu'elle le regardait, il avait l'impression qu'elle était bien plus vieille qu'en vérité. Était-ce à cause de ce qu'il lui faisait subir ? Il n'y croyait pas, ou plutôt il refusait d'y croire. Il lui avait fait mal mais l'avoir brisé, c'était un peu trop pour ses sentiments confus. Sans qu'il sache pourquoi, l'idée qu'il soit à l'origine de ça le faisait étrangement souffrir. « Tu veux faire quoi ?  »

Tournant la tête, Renji jeta un coup d'oeil intrigué à celle qui était désormais adossée à ses côtés. Elle voulait faire quelque chose avec lui ? Lui proposait-elle réellement une sortie ? « Cinéma ? Arcades ? Autres ? » Le mot magique était sorti et par la même occasion les dernières retenues de l'étudiant en rapport à sa passion avaient sauté. Un grand sourire aux lèvres, il quitta le mur pour venir se placer en face d'elle. « Cinéma ! Ils repassent les Batman en ce moment et aujourd'hui c'est le deuxième de Nolan qui passe. Je voulais aller le voir justement, sur grand écran il est dément. » Jamais il n'avait envisagé de le voir avec elle mais maintenant qu'elle l'avait "proposé", l'idée l'enchantait. Buvant une gorgée de thé pour ne pas se déshydrater, il continua son explication.

« C'est le Batman qui a le mieux vieilli. En plus le Joker est juste emblématique dedans. Tu l'as déjà vu ? Au cinéma ? Parce que les films de Nolan, ils sont vraiment à voir au cinéma. Interstellar, toute sa puissance se voit qu'au cinéma. » Le garçon croqua dans son cookie avant de le prendre dans la même main que son verre. Puis il tendit sa main libre à Opame. « Prends tes trucs, on y va. Je te paye la place. » Pas très patient, il attrapa son poignet dès qu'elle eut tout prit et partit en direction du cinéma. Habituellement, il n'était pas aussi gentil et enthousiaste mais sa passion pour le 7eme art faisait ressortir son bon côté. Il continua à expliquer à sa camarade les pourquoi du comment Nolan était un grand réalisateur et quels étaient les techniques qu'il utilisait régulièrement.

Il était si absorbé qu'il ne réagit pas tout de suite lorsqu'on l'appela. « Renji ? » L'intéressé s'arrêta et se tourna pour voir qui lui parlait. « M-Maman ? » La mère du caïd était ce que l'on peut appeler une très belle femme. Sachant manier à la perfection les produits de soin, elle paraissait bien plus jeune que son âge, sans user de chirurgie esthétique ou de maquillage disproportionné. Toujours bien habillée et accompagnée, on ne la croisait pas si facilement dans les rues de Tokyo. D'où la surprise de son fils. Mais Nakajima Kuniko ne sembla pas en prendre compte puisqu'elle rompit la distance entre eux pour serrer brièvement son garçon contre elle. « Ah, je me disais bien qu'il s'agissait de mon charmant fils. Mais je ne m'attendais pas à te voir accompagné. Tu aurais dû me dire que tu avais une petite amie, voyons. » Et sur ces mots, l'ex miss-Japon offrit un visage rayonnant à Tenzin Opame qui passa du rang de victime attitrée à petite amie officielle en poignée de secondes.

UNIFORME † « Cinéma ! Ils repassent les Batman en ce moment et aujourd'hui c'est le deuxième de Nolan qui passe. Je voulais aller le voir justement, sur grand écran il est dément. » C’est sûrement la première fois que tu l’entends te parler autant. On dirait presque une conversation normale. Pour une fois. Lui qui d’habitude, était tout sauf normal avec toi. Et puis, il faut quand même avouer, que tu ne te voyais pas avoir de conversation normale avec lui. Encore moins sur du Batman, ou peu importe le film en fait. « C'est le Batman qui a le mieux vieilli. En plus le Joker est juste emblématique dedans. Tu l'as déjà vu ? Au cinéma ? Parce que les films de Nolan, ils sont vraiment à voir au cinéma. Interstellar, toute sa puissance se voit qu'au cinéma. » Tu pinçais tes lèvres avant d’aspirer le liquide de ta boisson. Bon. Comment lui faire comprendre que… Toi et les films ? Tu en regardais de temps en temps, mais ça s’arrête là. Tu ne vas pas polémiquer dessus pendant cent ans. Tu l’as vu une fois, ça te suffisait… Fin tu n’étais pas du tout cinéphile… Contrairement à lui qui semblait l’être, et pas qu’un peu. « Prends tes trucs, on y va. Je te paye la place. » Tu attrapais tout ce qui t’appartenais avant de le suivre. S’il te payait la place. T’étais prête à voir du Batman. « En fait, j’ai jamais vu un seul Batman de ma vie. » Tu osais le lui dire, en te demandant, si tu n’aurais pas mieux fait, de ne rien dire. Parce que t’avais l’impression qu’il allait te kidnapper pour te les faire voir tous. Pas que ça te dérange de voir des films, mais c’était Renji. Marchant à ses côtés, t’essayais de suivre son rythme, c’est le film qui le rend si pressé ? Pourtant, une fois féminine te fait arrêter. Tu regardais la dame, avant de manquer de lâcher ta boisson et ta collation. Maman ? Hein ? T’avais pas forcément envie de croiser sa mère. « Ah, je me disais bien qu'il s'agissait de mon charmant fils. Mais je ne m'attendais pas à te voir accompagné. Tu aurais dû me dire que tu avais une petite amie, voyons. » Tu manquais de t’étouffer. Petite amie. Ben voyons. La fixant, comme s’il s’agissait d’une folle, tu finis par lui sourire timidement. Pour autant, tu n’osais pas la contredire. Parce que Renji était là. Et que t’avais pas envie qu’il te fracasse la tête plus tard pour avoir parlé à sa mère. A l’inverse, tu te penchais à 90° pour la saluer en marmonnant un faible petit bonjour. Dans quoi tu t’embarquais. Quelle honte. T’osais même plus regarder vers ton bourreau. Attrapant ta paille, tu te contentais d’aspirer ton Milkshake avant de te cacher derrière Renji. Tu n’es vraiment pas à l’aise du tout… Encore moins pour taper la conversation. D’ailleurs, tu te permis de tirer le haut de celui-ci discrètement, pour lui faire comprendre que tu voulais partir.

UNIFORME † Tandis qu'ils marchaient, Renji retournait dans sa tête la phrase d'Opame « En fait, je n'ai jamais vu un seul Batman de ma vie. ». Comment pouvait-elle ne jamais en avoir vu ? Cela le sidérait un peu et il se promit de faire la culture cinématographique de la jeune fille, même si il devait lui payer toutes ses places de cinéma ou prendre des après-midi entiers à regarder des films sur son ordinateur. Et puis, ce n'était pas comme si regarder un film ensemble était étrange entre eux maintenant. Enfin si mais ça ne gênait pas le japonais. Pour dire vrai, il était même plutôt heureux à cette idée, sans réellement se l’expliquer. En fait, depuis Vegas, il avait envie de passer de plus en plus de temps avec elle et essayait d’ailleurs de le faire. Sauf que celle-ci avait décidé à l’éviter du coup, il s’agissait un peu de leurs premières retrouvailles depuis la rentrée. Autant en profiter alors.

Mais vu que les choses ne sont jamais aussi simples que l’on espère, Mme Nakajima, la mère de Renji, arrêta les deux jeunes gens dans la rue. Elle les avait reconnu et semblait ravie de voir son fils accompagné d’une fille – qu’elle prit évidemment pour sa petite amie, comme si l’idée même que son fils s’intéresse à une lycéenne ne la choquait pas. Renji, sur le coup, resta bouche-bée. Petite amie ? Opame ? Mais à quoi pensait sa mère ? Et pourquoi cela le faisait rougir comme ça ? Il comptait sur l’aide de la demoiselle pour les sortir de là mais celle-ci préféra s’incliner très poliment avant de boire son milk-shake derrière son dos. Pourquoi se cachait-elle comme ça ? Et puis pourquoi se retrouvait-il seul ainsi face à sa mère.

« Heu… Maman, je te présente Opame mais tu sais ce n’est pas ma pe- » L’ex Miss-Japon le coupa avec un sourire pour lui tapoter l’épaule comme si ils partageaient une confidence. « Voyons mon fils, pas la peine d’être timide avec moi, je sais bien que c’est de ton âge. » Elle se pencha un peu pour essayer d’apercevoir de nouveau la lycéenne et revint vers son fils. « Je suppose que tu l’emmènes voir ton Batman ? Opame, ma chérie, dis lui si ses films ne t’intéressent pas, il a tendance à s’enflammer rapidement. » Avec un dernier sourire, elle salua les deux jeunes et les quitta comme si de rien était. En la regardant s’éloigner, l’étudiant passa une main dans ses cheveux et lâcha un soupir. Sa mère était toujours égale à elle-même, enthousiaste et allimentant une conversation à elle seule.

Soupirant de nouveau, il lâcha un regard vers Opame et s’éclaircit la gorge, gêné. « Hm… C’est bon tu peux arrêter de te cacher, ma mère est partie… » Le jeune homme regardait tout sauf la demoiselle, l’insinuation de sa mère encore en tête. Avaient-ils l’air d’un couple pour qu’elle les croit ensemble ? En même temps, il lui tenait pratiquement la main lorsqu’elle les avait arrêté, ce qui pouvait porter à confusion. « Fais pas attention à ce qu’elle a dit, elle est souvent… comme ça. » Il écarta les bras, incapble de mettre un mot pour définir la femme qui lui avait donné la vie. « On y va ? » Ne voulant pas rater le début de la séance, Renji voulait partir le plus vite possible pour se retrouver dans une salle obscure où la gêne disparaitrait peut-être.

UNIFORME † Tu étais assez gênée. Et ça, ça devait se voir non seulement sur ton attitude, mais surtout sur ton visage, sûrement rouge tomate. Si tu avais bien un truc que tu n’aurais jamais imaginé, c’est qu’on puisse te croire en couple avec lui. C’est le jour et la nuit… Y’a rien qui vous relie, si ce n’est qu’il profite de toi, t’humilie, fais en sorte de te faire souffrir… Et t’en passe. Déjà qu’il avait ruiné ton été. Adieux les fêtes du Japon, les feux d’artifices les soirées avec ton frère et Ace. Non, t’avais passé tout l’été avec Renji, sans que tu le veuilles. Et là tu rencontrais sa mère ? Et puis quoi encore ? Manquerait plus que son père tient. Tu serrais les dents, alors que sa mère semblait s’obstinait à croire que tu étais sa petite amie. Ça n’avait aucun sens. Tu as combien d’années de moins que lui ? Cinq ? Six ? Plus ? Tu es tellement stressée, que tu en perdrais presque le compte. Tu l’entendais vaguement parler avec son fils t’essayais de ne pas trop écouter, tout ce que tu faisais, c’est rester derrière Renji, et de manger, ta pâtisserie à petite bouchée, tellement tu étais stressée. « Hm… C’est bon tu peux arrêter de te cacher, ma mère est partie… » Tu relevais la tête avant de regarder un peu autour de lui. En effet, elle était partie. Tu t’étais tellement concentré sur ta pâtisserie, que tu ne l’avais ni vue, ni entendu partir. Tu te sentais gênée pour le coup. Elle allait croire que tu étais une fille malpolie. « Fais pas attention à ce qu’elle a dit, elle est souvent… comme ça. » Tu hochais la tête avant de mettre la paille dans ta bouche pour aspirer le liquide. « On y va ? » « Oui. » Tu le suivais pour aller en direction du cinéma. Il y avait du monde au vu de l’heure, mais tu regardais simplement le stand de boissons et de bonbons qui était immense. « On pourra prendre des popcorn ? » Tu demandais l’air de rien, avant de finir ta pâtisserie, comme pour dire que tu n’avais plus rien à manger et que tu voulais bien manger autre chose. Tu lui tendis ta boisson, avant de lui montrer que tu allais aux toilettes. Sans attendre, tu filais là-bas. Pleins de lycéenne étaient déjà là. Sans attendre, tu fis ce que t’avais à faire avant de te laver les mains, et un peu le visage, parce que t’avais des traces de chocolat sur les lèvres. Retournant dans le grand hall, tu cherchais Renji du regard, et…. C’est là que tu te rendis compte qu’en fait, t’avais vraiment pas l’habitude de le chercher, parce que, dans cette masse volumineuse, tu ne le retrouvais pas.

UNIFORME † Sur le chemin qu’ils leur restaient à parcourir, Renji ne pipa mot. Toutes ses pensées étaient tournées vers les insinuations de sa mère. Jamais il ne lui avait présenté ses petites amies mais il ne se serait pas imaginé qu’elle puisse croiser Opame et encore moins de la sorte. Pourquoi avait-elle pensé qu’il puisse être avec une lycéenne alors qu’il était tout de même un étudiant en 5ème année ? N’était-il pas un peu trop vieux pour elle ? Et puis, pourquoi ne semblait-il pas si dérangé à l’idée d’être pris pour un couple ? C’était ridicule. Il n’avait pas à s’obstruer l’esprit avec des malentendus. Encore moins de ce type là. Secouant la tête, le japonais entrait dans le cinéma et s’apprêtait à rejoindre la file lorsqu’il fut interrompu par la demoiselle. « On pourra prendre des popcorn ? » Hochant la tête, il laissa échapper un petit « Hm... » et la regarda s’éloigner en direction des toilettes. Tant mieux, cela lui laisserait un peu de temps pour calmer ses pensées toutes embrouillées. Gardant leurs deux boissons en main, il se plaça dans la queue et attendit son tour. Celui-ci vint assez rapidement pour le monde qu’il y avait et il paya les deux places avec une réduction vu qu’il était un habitué des lieux.

Maintenant, il lui suffisait d’attendre Opame et de rentrer dans la salle avant le début des bandes-annonces. Il voulait les regarder pour savoir ce qu’il irait voir dans la semaine. Cependant, au bout de cinq minutes, Renji ne la vit toujours pas. S’était-elle perdue dans la foule ?  Un peu inquiet, il jetait des regards à droite, à gauche pour tenter de l’apercevoir. Où diable avait-elle pu aller ? Lui avait-elle faussé compagnie ? Oserait-elle ? Parce que le temps passait et que le film allait bientôt commencer, il se mit à sa recherche, traversant la foule pour la trouver. Le japonais finit par la voir et il se hata de venir à ses cotés. « Opame ! » Il avait envie de lui crier dessus pour l’avoir fait s’inquiéter mais cela créerait juste un malaise entre eux et puis, lorsqu’il voyait son doux visage, il n’avait pas du tout envie de la malmener. Soupirant, il lui tendit sa boisson et le gros pot de popcorn qu’il lui avait commandé. « Allez, viens, le film va commencer, on est en salle 3 ». Lui tournant le dos, il se dirigea vers la salle en question.

UNIFORME † Bon, tu t’étais un peu perdue, mais ce n’était pas bien grave. Il suffisait de trouver la grosse tête de Renji dans la foule. Quelle idée d’aller au cinéma dans les heures les plus remplies ? Tu te mordillais la langue, en te demandant, pourquoi tu n’arrivais pas à le trouver ? Peut-être parce que tu ne voulais pas le reconnaître au final. Tu le fuyais tellement… Tu aurais d’ailleurs, pu t’enfuir. Partir, et l’abandonner ici. Mais tu n’en avais pas envie. Parce qu’il payait les popcorns. Oui, tout simplement. C’est quand même être profiteuse dans le fond. Tu te retrouvais à rester auprès de lui pour de la bouffe. Quelle ironie. Pourtant, avant même que tu ne te mettes réellement à le chercher, tu finis par entendre ton prénom, hurlé par ses soins, et le voir apparaitre dans ton champ de vision. Tu le regardais, il avait l’air agacé… Toi, tout ce que tu pouvais voir, c’était la boisson et les popcorns dans ses mains. T’avais déjà envie de manger et de boire. Pourtant, tu avais mangé ta pâtisserie il y a peu… « Allez, viens, le film va commencer, on est en salle 3. » Tu prenais tout ce qu’il te donnait avant de plonger ta tête dans le gros pot, pour pouvoir renifler l’odeur qui en émanait. Un sourire aux lèvres, tu le suivais, sans trop te faire prier. Bien que tu ne saches pas trop si le film allait te plaire. Ça c’était une toute autre paire de manche. Finissant par arriver dans la salle tu le suivais, t’installant à ses côtés, avant d’enlever ta veste, et finir par poser le pot sur tes genoux. Piochant dedans, tu grignotais avec plaisir. « Tu n’as rien pris pour toi ? » Les innombrables publicités du cinéma défilaient sur le grand écran. La salle quant à elle se remplissait. Un brouhaha se faisait entendre. « Il dure combien de temps le film d’ailleurs ? » Tu étais curieuse de savoir combien de temps t’allais rester ici.

UNIFORME † La courte et subite disparition d’Opame l’avaient inquiété. Il avait cru à une fuite, ce qui aurait pu être tout à fait probable. À quoi devait-il s’attendre de la part d’une fille qui avait souffert par sa faute ? Même si lui, avait envie de se rapprocher d’elle d’une autre manière que par la violence, ce n’était sûrement pas son cas. Peut-être lui en voulait-elle encore ? Si c’était le cas, il se ferait la promesse de lui faire changer d’avis. Sans pour autant se dévoiler complètement – il n’était pas fou non plus – il pouvait toujours lui montrer quelques uns de ses bons côtés. La bête a un cœur parfois. Cela le faisait presque sourire alors qu’il marchait en tête, suivit docilement par la jeune lycéenne. Renji entra dans la salle sans un mot, choisit un siège vers le milieu et y prit place. À ses côtés, Opame fit de même et il se permit de lui jeter un coup d’œil fugace. Il n’arrivait vraiment pas à comprendre quel genre d’attraction elle exerçait sur lui. Pourquoi voulait-il toujours l’avoir avec lui ? Il ne la voyait pas comme une sœur, ni comme une amie, pas même comme une femme – enfin, d’un autre côté, elle ne devait avoir que 17 ou peut-être 18 ans et lui venait d’avoir 25 ans, quelques années de trop les séparaient pour qu’il la voit ainsi. Et pourtant, à chaque fois qu’il posait ses yeux sur elle, il la trouvait diablement jolie, voire belle pour tout dire. Pourquoi avait-il ce genre de pensées ? Pourquoi se retrouvait-il emporté à chaque fois par d’intenses questionnements intérieurs ?

« Tu n’as rien pris pour toi? » Renji cligna quelques fois des yeux pour revenir à la réalité avant de secouer nonchalamment la tête. « Hm non, c’est bon. Je te piquerais peut-être quelques pop-corns pendant le film. » Il n’allait pas payer pour un autre pot dont il ne mangerait que trois grains, cela ne servait à rien. « Il dure combien de temps le film d’ailleurs ? » Une petite moue sur le visage, il prit un certain temps pour la réflexion. Même pour lui, se remémorer la durée de tout ce qu’il avait vu n’était pas simple. De ses souvenirs, il était assez long, ce qui leur laissait suffisamment de temps ensemble. « ‘Me semble qu’il dure environ 2h ou peut-être plus. Je m’en rappelle plus. » Il lui répondit avec un petit sourire au coin des lèvres avant de se concentrer sur la fin des bandes-annonces et le début du générique de commencement. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu ce film, il avait hâte de le redécouvrir. « Tu vas voir, c’est une véritable tuerie. Ça fait aimer l’univers de Batman à n’importe qui. » lui chuchota-t-il presque à l’oreille avant de se rasseoir proprement. De par son geste, il avait senti son léger parfum et cela avait réussi à le troubler plus que nécessaire. Il devenait faible à ses côtés et pourtant, il en voulait toujours plus. À croire qu’il devenait fou.