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TENUE ••• Cela fait des mois que la scène avec Dewei sous le chêne s'est déroulé, des mois où la vie a reprit son cours et où nous avons dû revenir à la normale. Le retour en cours, la reprise du boulot, retourner dans cet appartement où mon colocataire a déménagé, me laissant finalement seul entre ses murs. Un retour difficile à mes yeux, parce que j'étais si bien à la campagne, chez mes parents, mais avec lui. J'ai pu retourner là-bas pour les vacances d'hiver, tombant sur un paysage blanc et immature, irréaliste. Je voulais tant le montrer à Dewei, même si pour cela, fallait qu'il prenne encore des jours de repos. Ce n'était sûrement pas pour le meilleur et j'aurai dû m'en douter... Que tôt ou tard, mes caprices et le lâcher prise de Dewei nous causerait du tort. Il était assez tard quand j'ai terminé ma journée de travail à la boutique de fleur. Assez tard quand j'ai quitté le centre commercial pour rejoindre la ligne de métro me menant à mon quartier. Assez tard quand je me suis fait arrêter par un homme en costume, vachement plus grand que moi. Sur le coup, j'ai cru qu'il avait un soucis, qu'il était perdu ou quoi... Puis, j'ai réalisé qu'il n'avait rien du mec paumé. « Vous êtes Wu Yulian ? » M'a-t-il demandé avant que je n'acquiesce, étonné qu'il sache mon identité et à la fois effrayé. « On demande à vous voir. Monsieur An.[/color] » An. Je connais qu'un seul An, et c'est Dewei. Crédule, je me suis dit que Dewei m'envoyait l'un de ses hommes ... Quel idiot. Jamais il n'aurait fait ça. J'ai suivi le gars en uniforme, vers une voiture aux vitres teintées, jusqu'à un hôtel de luxe. Dewei peut très bien dormir là ou que sais-je. Sauf que, en grimpant les étages dans cette cabine de fer, je me suis soudainement senti comme dans une cage. Une cage au lion. La porte s'est ouverte sur une sorte de suite royale, un appartement d'envergure qui prenait sûrement l'étage de l'hôtel. Un truc que je ne pourrais jamais me payer. « Dewei ? » Demandais-je, quand les portes de l'ascenseur se sont fermés, laissant le sbire dans la cabine. En m'approchant du salon, j'ai remarqué la présence d'une personne, mais ce n'était pas celle que j'attendais de voir. « Wu Yulian ? Asseyez-vous. » J'ai déglutis, mais obéis, m'asseyant sur l'un des fauteuils en cuire, froid et dur.

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TENUE ••• Parfois j’ai le sentiment que ce qui s’est passé est un rêve, une sorte de parenthèse dans la vie qui loin d’être anodine, finie par tout chambouler. J’ai couché avec Yulian en étant pleinement conscient de ce que je faisais, j’en avais envie et même si je pensais le regretter une fois terminé, ce n’est pas le cas. Chez moi, seul après le boulot, il m’arrive de rejouer la scène dans ma tête, ce que j’ai ressenti à cet instant, tous les sentiments, les émotions, j’étais entièrement libre et en même temps prisonnier de ce garçon. La vie a repris son cours et j’ai eu pas mal de boulot, trop pour que je puisse réellement parler avec Yulian de tout ça ou d’autres choses, j’ai dû gérer les fêtes de fins d’années à l’entreprise et le reste. Mes parents ne m’ont pas adressé la parole depuis notre dispute, je ne suis pas allé à leurs soirées où j’aurais dû accompagner ma fiancée et annoncer nos futures noces. J’ai décidé de reprendre les choses en mains, mais parfois, même en pensant avoir toutes les cartes il y en a une qui nous échappe. Mon père. Il a su pour moi et Yulian, plus qu’être gêné j’étais en colère. Ce moment qu’était le nôtre a été souillé par la curiosité et le côté malsain de mon géniteur qui m’a fait suivre. Certes, des photos prouvent que j’ai une « relation » avec un homme et forcément c’est impossible, inacceptable pour le Chinois qu’est monsieur An. Tenant tête jusqu’au bout, je n’ai rien lâché, refusant de rompre tout lien avec le campagnard, il ne m’obligera pas à mettre fin à cette relation qui est synonyme de liberté pour moi. Je tiens à Yu', même si j’ignore à quel point ou de quelle façon, mais sur la balance il a assez de poids pour battre ma famille et leurs règles à la noix. Je viens de terminer un dossier, il faut que je vois un détail avec mon père, j’aurais préféré éviter d’aller le trouver, mais je ne suis pas loin et après je rentre chez moi. Mon chauffeur m’attend en bas, comme d’habitude. Grimpant à l’intérieur, je lui demande de m’emmener à l’hôtel où résident mes parents, quelques minutes plus tard je suis arrivé, quittant la voiture pour monter jusqu’à sa chambre ne me doutant pas de ce que j’allais entendre ou encore, des magouilles que mon père avait encore manigancé.

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TENUE ••• Je ne peux oublier ce que nous avons vécu ce jour-là, dans cette clairière. C'était magique, incroyable et pour rien au monde, je voudrais effacer ce souvenir, ce sentiment d'aimer et d'être aimer en retour. Si la vie devait s'arrêter, je ne regretterais rien. Absolument rien du tout. Vivre avec ce souvenir est impressionnant, agréable et si j'avais la chance de recommencer, je le ferais sans hésitation. Quand j'ai entendu le nom « an », j'ai vraiment cru qu'il s'agissait de Dewei et je n'avais qu'une envie... le voir. Voir Dewei dans une chambre d'hôtel, c'est la définition même de la liberté, de l'envie, d'un truc qui se joue entre nous. Alors pourquoi ça doit se passer comme ça ? Pourquoi n'est-ce pas le bon « an » qui se présente devant moi, mais plutôt une sorte de Dewei en beaucoup plus vieux, moins sympathique, plus fermé, voire froid. La première impression est souvent la bonne, qu'ils disent. Je commence à croire que ça ne va pas bien se dérouler avec cet homme. Il me questionne et m'invite à m'asseoir, il me propose même à boire. Ce que j'accepte par politesse, parce que je ne me sens pas de refuser sa « gentillesse ». Ce n'est qu'une image, qu'un prétexte pour mieux m'aborder, et je laisse une porte ouverte même en sachant où ça pourrait me mener. « Monsieur Wu. » Commence-t-il. « Yulian, appelez-moi Yulian. » Je préfère ça que sa manière formelle de me nommer. Il acquiesce, sans un sourire, mais toujours avec cette expression neutre. « Yulian. Vous connaissez bien mon fils. » Ah bon ? Comment le sait-il ? Je ne le sens pas. Mes intuitions sont souvent les meilleures, comme un instinct de survie animal. « Je ne vais pas passer par quatre chemins. Je sais pour vous et mon fils, pour votre... « relation ». Je vais être direct. En tant que père, je ne veux que le meilleur pour mon fils unique. Retirez-vous de sa vie. » ça fait un choc. J'en reste sans voix, interdit. Monsieur An semble chercher quelque chose, sortant une sorte de chéquier. « Je pourrais vous payer pour disparaître de sa vie. ça pourrait aider vos parents et leur auberge, par exemple. Ou vous payer des études à l'étranger. Vous ne devez plus voir mon fils, ni avoir la moindre opportunité de croiser son regard. Comprenez-vous ? » Non, je comprends pas justement. De l'argent, ce serait superbe pour mes parents qui vivent modestement, mais... Ce n'est pas ce qu'ils voudraient, pas à un tel prix d'échange. Dewei n'a pas de prix.

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TENUE ••• J’ai passé toute ma vie dans cette cage dorée, cette arène avec des tas de règles et d’inconvénients. Aujourd’hui je me sens changé, de jour en jour je pense évolué et cela d'une manière qui me plaît. Voir les choses différemment, prendre ses propres décisions, ne pas suivre un schéma ou avoir une vie toute tracée, je veux faire ma propre route, découvrir des choses, en apprendre d’autre, je ne veux pas rester prisonnier de cet univers lourd et pesant qu’on m’a imposé. En arrivant à l’hôtel où logent mes parents je savais que je risquais encore de me frotter aux remarques et exigences de mon père, sauf que j’étais déjà bien décidé et que même lui ne me ferait pas changer d’avis. Prêt à frapper à la porte j’entends des voix, une que j’arrive facilement à reconnaitre en dehors de celle de mon paternel. Yulian. Étrangement je sens que cette histoire va beaucoup trop loin, mais avant d’intervenir je décide d’écouter ce qui se passe, voir jusqu’où mon père est prêt à aller pour diriger ma vie. Le meilleur pour moi ? Ce ne sont que des excuses, demander à Yu de sortir de ma vie est un acte purement égoïste de sa part, se fichant bien de rendre malheureux son héritier. Seul l’image compte, le pouvoir. Les sentiments et la différence n’ont pas sa place dans notre monde. Je l’ai compris. Payer ? Mon cœur s’accélère avec la colère, j’aurais aimé entendre les mots de Yulian, l’entendre refuser clairement que ça ne l’intéresse pas, mais je n’ai pas pu résister à entrer. « On dirait que tu ne m’as pas compris la dernière fois. » Dis-je à peine le regard sur mon père qui semble surpris de me voir, mais reprends son air impassible rapidement. « Tu n’as pas les idées claires, tu vas ruiner ta vie si je ne m’en occupe pas. » Ruiner ma vie ? Je regarde Yulian, puis repose mes yeux sur mon géniteur. « Tu te trompes. Le seul qui m’empêche de vivre, c’est toi. » Je soupire et me rapproche, posant le dossier sur la table. « Tu veux contrôler ce que je fais, ce que je pense, ce que je ressens, qui j’aime, qui je veux voir. ça suffit papa. Je prends les choses en mains désormais. Ne te mêle plus de mes affaires. » Il n’apprécie pas ma façon de parler et son regard en dit long. « Depuis quand es-tu devenu aussi ingrat !? Est-ce a cause de lui ? » Son doigt pointé sur Yu, je souris et secoue la tête. « C’est grâce à lui. » Rectifiais-je. « Je veux être libre, est-ce si dur à comprendre pour toi ? » Il me juge en silence pendant quelques secondes. Je pense que je me fiche totalement de ce qui peut se passer, je veux rester fidèle à mes désirs, je ne veux plus être une marionnette qui fait tout ce que ma famille me dicte.

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TENUE ••• à une époque, j'aurai été content que l'on me propose de l'argent en échange de quelque chose dont je suis capable d'apporter... Mais de l'argent contre une relation, je trouve cela inadapté. Ce n'est pas à cet homme de décider qui Dewei doit voir ou ne pas voir. Qui sont ses amis, ses ennemies ou ses rivaux. Ce n'est pas à moi non plus de dire à Dewei ce qu'il doit faire, alors que je suis plutôt proche de lui. Son père ne comprend sûrement pas le coeur de son fils et il ne sera pas capable d'entendre le mien non plus. C'est trop pour moi, comme réclamation. Abandonner Dewei pour partir vivre dans un autre pays, là où nos chemins ne se croiseront plus jamais. Ce n'est pas ce que je veux pour nous, ni pour lui. Mes lèvres se mouvent, mais ma voix n'a pas le temps, ni l'opportunité de se faire entendre, coupé par l'intervention de la dernière personne que je m'attendais à voir ici. D'un coup, c'est comme si j'étais entre deux feux. Je sais déjà dans lequel je me jetterais sans hésitation, pourtant ce n'est pas de moi que je crains le plus ... Mais pour Dewei. Son père pense-t-il vraiment que je vais ruiner la vie de son fils ? Je ne l'interdit pas de travailler, ni d'être un homme d'affaire. Certes, je l'incite parfois à prendre des vacances, mais ça, ça ce n'est que pour son bien. Dewei se rebelle contre son père, et je ne peux que l'encourager à faire ce qu'il pense être le mieux.  Son père me pointe du doigt, plongé dans un début de dispute dont je me sens un peu coupable. Dewei prend ma défense, et ce qu'il dit me touche. ça me va droit au coeur. Profitant du silence, je me lève du fauteuil dans lequel j'étais scotché pour m'incliner poliment devant l'homme. « Je vous remercie pour l'offre. Mes parents seraient ravi d'une telle somme d'argent pour leur auberge ... » Commençais-je, voyant une lueur d'espoir dans les yeux de son père quand je me redresse. « Mais je ne peux pas accepter. Je suis désolé. » Désolé pour mes parents, surtout. « Peut-être que je causerai la perte de votre fils, mais il causera aussi la mienne. » Fis-je, avec confiance. Si Dewei tombe, je tomberais avec lui.

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TENUE ••• Je ne m’attendais pas en venant voir mon père pour le travail à tomber sur cette conversation avec Yulian. Honnêtement je pense au fond de moi que c’est une bonne chose de clarifier une nouvelle fois cette histoire avec lui vu qu’il ne semble pas avoir compris la première fois. Je ne vais plus suivre ses ordres les yeux fermés désormais. Je suis fatigué d’être obligé de me marier, de faire ci ou ça selon les règles de la famille. Je sais que mon père n’acceptera jamais que son fils ait une « relation » avec un homme, pour lui c’est la disgrâce la plus totale. Ai-je peur de tout perdre ? Non, je suis jeune, j’ai de l’ambition, je suis déterminé et débrouillard, je veux juste être libre tout simplement. La discussion s’enchaine, je dis ce que j’ai besoin de dire et il en fait de même, accusant Yu d’être ma perte. Yulian profite du silence causé par notre échange pour dire ce qu’il a envie à son tour. L’argent hein. Il est vrai que sa famille en aurait bien besoin, suis-je égoïste d’agir de la sorte en refusant de couper les ponts avec le campagnard ? Il refuse finalement devant la déception de mon géniteur qui n’est pas content d’être tenue tête par deux « gosses » à ses yeux. Les mots de Yulian me font sourire, je n’ai pas peur de tomber, avant j’aurais été terrifier de perdre ma place ou de décevoir mon père, je voulais qu’il soit fier. Je suis son seul fils, ma sœur ne prendrait jamais l’entreprise et il a mis toute sa confiance et ses espoirs en moi. Sauf qu’à trop vouloir me contrôler, j’ai fini par ouvrir les yeux. C’est ma vie et je dois la vivre comme je le souhaite. Il pousse un lourd soupire avant de me fixer d’un regard qui en dit long. « Si tu t’entêtes à suivre cette voie, je ne veux plus te voir. Oublie l’entreprise, tes fiançailles, ta famille, ton confort. » Est-ce qu’il pense que cela me fait peur ? J’ai économisé assez d’argent à force de travailler comme un dingue et je pense qu’au final c’est peut-être la meilleure chose qui puisse m’arriver... Même si je suis déçu par son comportement et son jugement. « Père, merci pour tout ce que tu as fait pour moi jusqu’à aujourd’hui. » Concluais-je en m’inclinant respectueusement. Je ferais de même face à ma mère. Je ne vais pas revenir sur ma décision, si c’est ce qu’il espère, il se trompe. Attrapant la main de Yulian, je l’entraine avec moi jusqu’à la sortie pour quitter cette pièce et l’hôtel. Poussant un énorme soupire une fois dehors, comme si j’avais besoin de reprendre mon souffle ou peut-être parce que je me sens plus léger ? J’en sais trop rien. « On dirait que je viens de me faire renier » C’est ironique, vu que c’est vraiment le cas, mais je vais bien.

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TENUE ••• Mes parents m'en voudraient d'agir uniquement pour l'argent, surtout si ça nuis à ma vie sentimentale. Ils connaissent et aiment bien Dewei, jamais ils ne seraient d'accord que je l'abandonne pour quelques centaines ou milliers de yens. Et dans l'immédiat, ce n'est pas vraiment à eux que je pense... Mais plutôt à moi. Je ne veux pas perdre Dewei, peu importe le raisonnement de son père. Celui ne devait sûrement pas s'attendre à ce qu'un campagnard lui tienne tête et refuse son offre alléchante, mettant ainsi terme aux négociations. Si Dewei n'a pas peur de chuter, alors moi non plus. Je n'ai pas besoin d'argent, ni d'un quelconque privilège. Tant que je suis proche du jeune homme, y a rien qui pourra remplacer cette joie de l'accompagner, d'être à ses côtés. C'est le combat de Dewei, je n'ai pas à me mettre entre les deux hommes, malgré ma présence forcée. Au moins, le problème sera réglé. Les paroles de monsieur an sont tranchantes comme des lames de rasoir, mais j'ignore si elles touchent vraiment son fils. De mon côté, je m'en veux un peu de le pousser sur cette voie ... Il semble tenir à son entreprise, à sa place de patron et à ses employés. L'aurais-je poussé à sa faillite en voulant l'aimer ? Je regarde l'échange d'un air interdit, perdu dans mes pensées. Son entreprise est une chose, ce n'est qu'un boulot, un métier parmi d'entre autre... Mais sa famille ? Il ne possède qu'un père et qu'une mère, c'est difficile de vivre sans. C'est mon cas, je ne pourrais pas vivre sans mes parents, mais est-ce pareil pour lui ? Nos vies sont différentes, ce point-là aussi. Les mots de Dewei me font revenir dans la pièce, m'inclinant prestement devant son père, avant que son fils n'attrape ma main pour partir. ça me rend triste d'en arrive-là ... Pourquoi ? C'est dommage de couper les ponts avec son fils unique sous prétexte qu'il aime un homme ou qu'il n'entre pas dans leur moule. ça reste leur chaire, leur sang. Ils devraient l'aimer comme il est. Dehors, j'observe Dewei et me pince les lèvres. « je suis désolé ... » Qu'il se soit fait renié par ma faute. « C'est égoïste de vouloir te garder uniquement pour moi. » Rajoutais-je, serrant mes doigts sur les siens.

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TENUE ••• Je devrais être blessé, en colère, en vouloir à mon père pour son comportement et le fait qu’il me rejette parce que j’ai mes propres désirs. Yulian est celui qui m’a ouvert les yeux, je pense que le jour où j’ai atterri chez lui en tant que Yingtao c’était déjà le début du changement. Je ne m’en souviens pas, mais je suis sûr qu’il y a une raison à ça, ma perte de mémoire, le fait qu’il soit venue me chercher jusqu’à Tokyo, mes sentiments envers lui, les siens envers moi. Nos écarts. Tout est lié et je ne suis pas prêt à interrompre cette machine en marche, je veux encore sentir mon cœur battre, frémir devant de nouvelles émotions, des situations imprévues, je veux vivre tout simplement, chose que mon père n’est pas prêt à me laisser faire sans couper les ponts avec moi. Dans ce cas mon choix est fait. Lorsque j’attrape la main de Yulian pour sortir de l’hôtel, sentant l’air frais sur mon visage, je ne sais pas comment les choses vont se dérouler, je ne sais pas encore ce que je vais faire, j’ignore si mes parents accepteront un jour que je ne sois pas le fils parfait suivant leurs règles et obéissant au moindre de leurs demandes. « Je suis celui qui devrait m’excuser, mon père n’aurait jamais dû te faire cette offre. » C’est mesquin. Je lui avais pourtant dit que c’était ma vie et qu’il ne devait pas intervenir. « C’est un peu tard pour penser ça non ? » Je le regarde en souriant, sentant ses doigts se resserrer autour des miens. « Après ce que tu viens de dire à mon père, tu doutes maintenant ? » Je me mets face à lui. « C’est soudain et j’avoue que je ne sais pas trop ce que je vais faire maintenant. Heureusement j’ai pas mal d’économie donc j’ai le temps de m’organiser. » Expliquais-je. « Mais je ne veux pas le faire seul, si tu n’es pas avec moi tout ça n’a aucun sens. » Je veux être libre oui, mais je veux l’être avec Yulian.

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TENUE ••• Si une personne n'est pas capable de nous comprendre et de nous aimer comme nous sommes, alors ça veut dire que cette personne a peu d'intérêt pour nous. Son père considère son fils comme une sorte d'héritier, il se fiche de savoir ce qu'il veut ou ce qu'il aime. Je ne pourrais pas vivre ainsi, manipuler par un parent. J'ignore si Yingtao est le début de quelque chose ou si tout a commencé à changer depuis ce jour-là, mais une chose est sûre, je n'échangerai jamais Dewei contre tout l'or du monde. Son père peut me proposer ce qu'il veut, je ne reviendrais pas sur mes paroles. Je suis bien uniquement à côté de son fils et cela ne changera pas. Cet affrontement a laissé une petite marque à l'intérieur de moi, comme une fissure. Dewei est le seul capable de la refermer, avec des mots sincères. Nous avons fuit l'hôtel main dans la main, nous éloignant de cette aura sombre qui s'échappe de son père. La brèche semble me tirailler, tandis que je m'excuse auprès de lui. C'est égoïste de l'avoir éloigné de son monde, mais en même temps il n'a rien fait pour me résister. « Ce n'est rien. » Pour l'offre, ce n'est vraiment rien. Ce qui me dérange le plus, c'est que son père se comporte comme un idiot avec son fils. Déshériter un membre de sa famille pour une raison si ... Pour aucune raison valable. Penser ça ? C'est vrai ... Ce n'est pas maintenant que je dois douter. Dewei le sent et je me sens désolé de ressentir un tel sentiment après mes paroles confiantes. « Ce n'est pas... » Commençais-je, me pinçant les lèvres quand il reprend la parole. Être avec lui ? Enfin oui, j'avais compris. C'est ce que j'ai dit à cet homme, en face à face. « Je ne doute pas de moi ou de mes sentiments, mais c'est vrai que je ne m'attendais pas à cette issue. Je suis désolé pour ton père. » Je ne devrais pas être désolé pour mes sentiments, ni pour l'aimer et le vouloir. Je souris, choppant son bras de ma main libre comme pour l'avoir plus proche de moi. « Je ne sais pas en quoi je pourrais t'aider, mais je ferais n'importe quoi pour toi ! Alors n'hésite pas à me demander mon aide, pour ce que tu veux. » Même pour un déménagement, pour l'aider à payer un loyer ou pour vivre avec lui. Enfin, pour tout et n'importe quoi.

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TENUE ••• Cette histoire est un peu folle, il y a quelques mois je ne pensais pas que ça prendrait ce genre de proportions, seulement je dois arrêter de m’imposer des responsabilités et une vie que je ne souhaite pas, je l’ai compris petit à petit en vivant plus librement. Je pense que j’ai besoin de ça, de ce nouveau souffle et d’arrêter de vivre dans cette cage dorée dans laquelle on m’a enfermé depuis que je suis né. Je ne compte plus suivre les règles de ma famille, obéir aveuglement à toutes ses contraintes. Je ne veux plus rien de tout ça. Je me sens désolé que Yulian ait été pris dans cette histoire, mon père est peu commode et quand il souhaite un truc il n’épargne personne, sauf que là je suis arrivé à temps pour l’empêcher d’aller au bout de ses magouilles. Yu semble douter et je lui rappelle ce qu’il a dit dans le bureau de mon père, ce n’est pas maintenant qu’il faut regretter ou se sentir coupable, je n’ai pas l’impression d’avoir fait les mauvais choix, même si je me retrouve sans rien. « Honnêtement je pense que c’était la seule issue possible. Ma famille n’est pas comme la tienne. » Commençais-je en soupirant. « Quand j’ai voulu annuler mes fiançailles elle c’était déjà fissuré, je pense que cette fois c’était juste l’information de trop pour lui, mon père est droit et n’aime pas les ne pas contrôler les choses. » Un fils avec un autre homme c’était trop pour ce Chinois réputé. « Je me sens soulagé en réalité. » Même si je dois me faire à cette nouvelle situation, je n’ai plus cette sensation de lourdeur sur les épaules, j’aime mon entreprise et les gens qui y travaillent je les respecte, mais ça m’a coupé du monde d’une certaine façon, je suis jeune et je veux juste profiter désormais. « Ne te sens pas coupable, ne m’aide pas si c’est parce que tu te sens désolé non plus. » Je préfère être clair. « Si tu restes avec moi, fais-le parce que tu le souhaites vraiment. » C’est tout ce que je demande. J’ai assez d’argent pour vivre, mais je dois réfléchir à la suite désormais, enfin là c’est un peu soudain donc pour l’instant j’ai juste envie de rentrer. « Allons chez moi, ce sera mieux pour parler de tout ça. » Et réfléchir.

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TENUE ••• Dewei a tout perdu, plus ou moins. Enfin non, il a juste perdu des parents qui n'éprouvaient pas l'amour d'une famille aimante, ainsi qu'une place dans une entreprise. Ce n'est pas « tout » mais ça reste beaucoup en si peu de temps. Je sais que Dewei est fort, qu'il ne va pas s'écrouler pour ça et qu'il est capable de monter son propre empire. J'ignore pourquoi j'éprouve de la peine à l'idée que son père l'ait rejeté par ma faute. Dans le fond, je suis content que Dewei puisse enfin s'échapper de cette cage dorée et vivre librement comme moi, avec moi. Mes excuses sont plutôt platonique quand j'y pense, mon coeur ne sont pas entièrement dans mes mots. C'est vrai, nos familles sont différentes. Je ne pourrais jamais perdre la mienne, alors qu'il peut facilement se défaire de la sienne. Un père droit, une famille liée par l'obligation et le pouvoir, des fiançailles sans sentiment. En vérité, je l'ai sortie d'un trou profond où ni amour, ni bonheur ne se trouvait. Soulagé. C'est le bon mot. Je ne peux pas dire le contraire, je suis moi-même soulagé de le voir sourire et heureux. « Moi aussi, je suis soulagé. » Dis-je, souriant. Un travail, il en retrouvera un rapidement. Mes parents seront toujours là pour lui apporter cette part de chaleur familiale, quant à l'amour... Je serais là, moi. L'argent ne fait pas le bonheur, comme dit le dicton. Alors, on s'en sortira quoi qu'il arrive. Pas besoin d'un père influent et réputé, d'une entreprise en or ou d'un salaire de ministre. Je veux juste qu'il continue à être heureux. « Je t'aiderai parce que je le veux. » Il ne doit pas croire que je suis désolé au point de vouloir lui tendre la main. Non, je le fais de bon coeur, sans arrière pensée. « Je le souhaite, Dewei. » Rester avec lui, aussi longtemps qu'il me l'accordera. « D'accord, allons-y. » Ce sera plus simple qu'en étant dehors. Sans rien ajouter de plus, je le suis sur ce chemin menant à chez lui, prêt à discuter de tout et de n'importe, mais surtout de ce qu'il compte faire à présent. Je veux bien croire qu'il a du temps et de la réserve, mais la vie est pleine d'imprévu. Autant prévoir que guérir.

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TENUE ••• Je suis assez grand pour relativiser, je pense que j’aurais dû prendre cette décision bien avant, mais au fond si j’ai ouvert les yeux c’est simplement parce que Yulian était avec moi, sans lui je ne pense pas que ma vie aurait changé. Je serais même surement déjà fiancé officiellement ou marié... Heureusement, ce n’est pas le cas et je ne suis pas coincé dans une relation qui ne me convient pas. Je me fiche totalement de savoir ce que les gens vont penser de tout ça ou du fait que je sois « rejeté » par ma famille. S’ils ne sont pas assez ouverts pour me laisser vivre comme je l’entends alors je ne pense pas être le perdant. Je suis soulagé, j’ai l’impression que mes épaules sont plus légères et ça fait du bien. Je suis déçu d’en être arrivé là, mais c’était la seule solution et je dois penser à moi désormais, arrêter de vivre pour ma mère, mon père, ils ont leur vie et j’ai la mienne. « Je préfère ça. » Qu’il m’aide parce qu’il le veut et souhaite rester avec moi, c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment. L’invitant à venir chez moi, je pense que ce sera mieux pour discuter de tout ça tranquillement. Je regarde le chauffeur qui m’a emmené ici, désormais je conduirais seul comme un grand ma propre voiture, je ne suis pas quelqu’un d’irresponsable, m’approchant de lui pour lui expliquer rapidement la situation. Il ne travaille plus pour moi, c’est fini. Malgré tout il semble désolé et souhaite me raccompagner chez moi. Je regarde Yu et accepte, il m’a attendu, je pense que je lui dois bien ça, de toute façon il va falloir que j’aille à l’entreprise pour leur dire que je ne suis plus leur patron, j’ignore qui mon père va mettre à la tête de mon entreprise, mais j’espère que les employés ne seront pas victime de cette guerre des An.  Sur le chemin, je suis resté silencieux, regardant le paysage à travers la vitre, juste en réfléchissant. Arrivé devant mon appartement, je souris en regardant Yulian puis remercie le chauffeur de son dévouement. Il s’incline et attend qu’on soit entré pour partir. « Une chose de faite, je dois encore vider mon bureau demain. » Soufflais-je, réalisant que ça va me faire du boulot, mais ce n’est pas grave, je ne regrette rien. Ouvrant la porte de mon appartement je laisse Yu entrer le premier et referme derrière moi. « Au moins j’ai toujours un toit sur la tête. » Je peux au moins garder mon appartement et toutes mes affaires, donc les dégâts ne sont pas si graves. « Tu veux boire quelque chose ? » Demandais-je en retirant ma veste pour l’accrocher aux portemanteaux et desserrer ma cravate, déboutonnant les premiers boutons de ma chemise.

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TENUE ••• Dans un sens, j'ai conscience de « libérer » Dewei de ce calvaire des fiançailles ou du mariage arrangé, des parents qui veulent tout diriger ou d'une place parmi une société qui ne fait te juger et te pointer du doigt. Je n'ai jamais forcé Dewei a accepté d'être différent, de ne pas suivre les directives de son père, mais je suis content malgré tout qu'il s'échappe de sa cage. Alors s'il faut l'aider, je le ferais. Parce que j'en ai envie, parce que je l'aime. Tout simplement. Je ne me sens nullement obligé, je ne ressens pas non plus une quelconque dette envers lui pour agir de la sorte. Suivant Dewei vers sa voiture, je l'écoute discuter avec le chauffeur, ressentant de la tristesse pour cet homme qui a tant fait pour le jeune patron. Désormais, il va se conduire comme un grand et reprendre le volant. Ce n'est pas plus mal. Hochant doucement ma tête à son coup d'oeil, je n'ai rien à redire pour la requête du chauffeur. Je me demande juste comment ces gens vont s'en sortir avec le départ du fils. ça me désole pour ces personnes, sauf si cela ne change rien pour eux, évident. Ils ne méritent pas d'être viré sous le prétexte que la main passe à quelqu'un d'autre. Le chauffeur nous ramène jusqu'à chez Dewei, dans un trajet silencieux mais sûrement plein de réflexion. Je ne coupe pas mon ami dans ses songes, le laissant réfléchir à ce qu'il compte faire ensuite. Descendant de la voiture, je remercie aussi l'homme et rend son sourire à Dewei. « Je ne pourrais pas trop t'aider pour ça. » Vider son bureau. Même si j'ai été stagiaire à une époque, ça ne m'autorise pas à remettre les pieds là-bas comme je le souhaite. Passant la porte, je retire mes baskets et le laisse à l'entrée. « C'est déjà ça de gagner. » En espérant qu'il se trouve rapidement un travail pour suivre et ne pas perdre cet appartement. « Qu'as-tu à me proposer ? » Demandais-je, mes yeux glissant sur lui. Je me pince les lèvres, m'autorisant à retirer mon pull pour être en tee-shirt. Il fait chaud chez lui, mine de rien.

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TENUE ••• D’autres à ma place seraient surement dans un état déplorable, perdre sa compagnie, sa famille, ce privilège dans lequel je me trouvais, ça pourrait faire reculer des personnes cupides, avides, mais pas moi. Je ne suis pas un incapable, je peux me gérer tout seul. L’argent n’est pas le problème, certes je suis déçu parce que je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Désormais je vais juste faire ce dont j’ai besoin et envie surtout sans me poser de questions c’est seulement de cette façon que je pourrais vivre heureux et ne pas avoir de regret. Mon chauffeur me ramène pour la dernière fois chez moi et je ne me prive pas de le remercier, les personnes qui travaillent à ma solde ne sont pas obligé de souffrir ou de supporter les conséquences de cette querelle de famille. Mon père m’a confié cette entreprise et s’il peut me la reprendre, elle était la mienne, je l’ai géré depuis le premier jour où j’en ai été responsable. Je pourrais me battre pour la garder, seulement je n’ai pas envie. Quitte à couper les ponts c’est entièrement que je vais le faire et cela sans faire de vagues. « Pourquoi ça ? » Il pourrait m’aider si je lui demandais, après tout jusqu’à ce que je vide le bureau j’en suis encore le patron. « Qui pourrait t’en empêcher. » Me doutant qu’il pense ne pas pouvoir entrer ou atteindre mon bureau, c’est faux. Sauf que je peux me débrouiller tout seul, je ne veux pas l’impliquer dans toutes ses choses, je n’ai pas énormément d’effet personnel à sortir de cet endroit, juste un carton ou deux, rentrent mes dossiers et laisser le prochain patron gérer et expliquer la situation aux clients, moi je me délecte de toutes les responsabilités que cela va engendrer.  « C’est sûr. » Cet appartement est le mien, mon père n’a rien à voir dedans, donc il ne pourra pas me prendre ce qui m’appartient. Me mettant à l’aise, je lui demande ce qu’il souhaite boire, le laissant faire de même que moi, il peut faire comme chez lui. « ça dépend si tu veux un truc chaud ou frais ? Du thé, du jus de fruits. » Je ne sais pas trop ce qui me reste. « Tu peux venir jeter un œil si tu veux. » Il trouvera surement son bonheur. De mon côté je prends un café, sortant une clope de mon paquet. « ça te dérange si je fume ? » Je ne me souviens plus si je lui ai déjà demandé auparavant, faut dire que je ne faisais pas autant attention à lui que maintenant, mais vu que j'ai déjà fumer en sa présence je pense qu’il me l’aurait dit si c’était le cas.

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TENUE ••• Dewei est fort, même si son père l'a renié et qu'il lui reprend tout, ça ne veut pas dire qu'il va s'effondrer. de toute façon je suis là pour le tenir debout, le retenir et l'empêcher de perdre pied. C'est plus une assurance au cas où, mais je me doute qu'il n'aurait pas besoin de moi puisqu'il sera toujours droit. En parlant de son bureau, je me dis que je ne pourrais pas l'aider, ni remettre les pieds là-bas. Pourquoi ? « Ce n'est pas privé ? Je ne suis pas employé. » Autant ne pas causer d'ennui supplémentaire, même si ce serait tentant pour son père. « Personne, mais je ne veux pas en rajouter. » Ce serait de la provocation, ramener son « amant » sur son lieu de travail juste pour vider son bureau. Que vont penser les autres ? « Je veux que tu gardes une image. » Pour l'avenir, pour qu'il ait toujours du pouvoir et de la grandeur envers les autres. Je pourrais toujours l'attendre dehors, là où personne ne peut m'en vouloir d'agir. Au moins, il garde l'appartement. Chaud ou froid ? Je réfléchis, pesant le pour et le contre. Il fait déjà frais dehors, autant se réchauffer. « Un thé chaud. » Précisais-je, peu importe le parfum. Avec son accord -même si j'en ai pas vraiment besoin- je vais fouiller dans ses placards à la recherche du thé. Un truc simple, je ne suis pas difficile sur la boisson. Prenant une boîte, j'en tire un sachet et récupère de quoi faire chauffer de l'eau. « Pas du tout. » C'est chez lui, même si je ne fume pas et que je n'aime pas ça, je ne vais pas l'empêcher de le faire. « Que penses-tu faire maintenant ? Pour le boulot, je veux dire. » Demandais-je, remplissant une tasse d'eau chaude et plongeant mon sachet dedans. Le temps qu'il infuse, j'observe Dewei et attends une réponse.

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TENUE ••• Yulian se trompe s’il pense que son aide pourrait être mal vu, l’entreprise est encore à moi, normalement j’aurais eu gain de cause si j’avais voulu la garder. Si je ne me suis pas battu c’est simplement parce que je pense qu’il est temps de prendre mon envol d’une manière différente. Arrêter de suivre les pas de mon père et vivre pour quelque chose qui me plaît à moi, les affaires, les assurances, ce genre de chose j’ai appris à gérer parfaitement certes, mais ce n’était pas un rêve. Au point où j’en suis-je crois que je ne crains pas grand-chose. « Pourquoi, si je la perds tu perdrais ton intérêt pour moi ? » Je le taquine, mais au fond je ne pense pas que ce soit important. Si j’avais peur de ce qu’on pense de moi ou qu’on juge ma décision je me serais écrasé et non rebellé contre ma famille. Je ne veux plus vivre en faisant attention aux regards des autres, plus devoir me retrouver dans une fosse comme je le suis lors de ses soirées mondaines organisées où tout n’est qu’hypocrisie. Il choisit un thé chaud et cela ne m’étonne pas de lui, le laissant se lever et le faire, après tout Yulian risqué de passer du temps ici, autant qu’il sache où se trouve quoi dans les placards. Vu que cela ne le dérange pas, j’allume ma cigarette, mais ouvre la fenêtre pour pas que l’odeur reste dans la maison. Faisant tomber la cendre dans le cendrier en soufflant la fumer sur le côté, je réfléchis à sa question. « Je ne sais pas encore. Je n’ai des diplômes que dans la gestion, je suis doué pour ça, mais ce n’est pas une passion. » Avouais-je simplement. « Je n’ai jamais eu besoin de chercher un emploi, mais je trouve que c’est assez excitant. » De ne pas savoir ce que je ferais demain, d’être libre de faire ce que je veux, de reprendre mes études même. Attrapant ma tasse je bois une nouvelle gorgée, adossé au meuble de la cuisine face à Yulian, je le regarde et souris discrètement. « Si je finis pauvre tu pourrais regretter d’avoir refusé l’argent de mon père. »

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TENUE ••• Cette entreprise, c'est son père qui lui a fourni. Dewei n'a pas eu grand chose à faire pour l'avoir, donc ce n'est pas si grave si elle change de patron. Tant qu'il trouve un truc qui lui plaise et lui donne encore plus envie de bosser ! Comme moi avec la boutique de fleur, j'adore me rendre là-bas après les cours ou les week-ends, quand j'ai du temps devant moi. J'aimerai que ce soit son cas à lui aussi, qu'il travaille avec joie et non pour se forcer à ramener de l'argent. « Oh ? Tu me penses comme ça ? » Répliquais-je, un sourire malicieux sur les lèvres. Je parle de son image comme si c'était le plus important, ça l'est, mais je ne l'abandonnerai pas si il venait à la perdre un jour. Je m'en fiche de l'avis des gens, de leurs paroles ou de leurs regards, mais je ne veux pas qu'ils gâchent tout les efforts de Dewei. C'est un garçon formidable, avec le coeur sur la main, et il mérite d'être reconnu comme un bon patron. Prenant mes aises, je cherche de quoi me préparer un thé chaud dans ses placards. Ainsi je peux situer les différents produits et objets. Je n'avais encore jamais vraiment farfouillé dans sa cuisine, le laissant faire à chaque fois. Désormais, je m'autorise cette liberté. Sa cigarette ne me dérange pas, tant qu'il ne me souffle pas la fumée à la figure évidement. « Huum ~ Et par quoi es-tu passionné ? » Autant se rendre droit au but. Qu'est-ce qui pourrait bien lui plaire, surtout dans le monde du travail. « On dirait que tu grandis. ça fait quoi d'être indépendant ? » Plaisantais-je, lui tendant le poing comme un micro. L'eau prête, je la verse dans une tasse avec un sachet de thé, le laissant infuser quelques secondes en remuant à l'aide d'une cuillère. « Si tu finis pauvre, je t'aiderais à t'en sortir. Idiot. » Dis-je, pointant ma cuillère sur lui comme une menace. « Mes parents m'en auraient voulu de choisir l'argent à la personne que j'aime. Et puis, ce ne serait pas un argent proprement gagné pour moi, ni pour eux. Je ne regrette rien. » Sincèrement, même s'il devait finir à la rue sans un sous, je viderais mon compte en banque pour lui, pour le sortir de cette impasse.

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TENUE ••• Je n’ai que faire de mon image, je n’entends pas par là que je veux qu’on me jette des pierres, c’est juste que je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit de mal. Si le fait que je couche avec un mec et sois attiré par l’un d’eux soit un crime alors je suis coupable. En dehors de ça j’ai toujours été irréprochable dans mon boulot, dans ma vie familiale, tout ce que j’ai entrepris je le faisais avec sérieux et détermination. Je souris quand il me répond en m’interrogeant et je secoue lentement la tête sans rien ajouter. Le temps qu’il se prépare un thé, je m’allume une clope avec ma tasse de café sur le meuble, parlant de la situation en lui expliquant que tout ce qui gestion, finance, ces choses que je connais très bien ne sont pas une passion pour moi. Peut-être si c’était dans un domaine que j’affectionnais, mais les assurances... C’était juste un héritage de mon père. J’ai encore du mal à réaliser que tous les contrats, tous les clients que j’ai pu gérer et rencontrer au cours des mois c’est terminé. « J’aime la nature. » Je pense qu’il le sait à force. « Faire de l'art floral avec ma mère, c’était amusant quand je vivais à Pékin. » Mais on a un peu perdu ça avec les affaires, les fiançailles et tout ce qui est arrivé dernièrement. « Tu te fous de moi là ? » Je ris, sa phrase sonnait assez ironique, mais je trouve ça assez marrant et vraie malgré tout. « C’est une indépendance que j’attendais avec impatience. » Jamais je n'aurais cru que je me sentirais aussi bien et pourtant. « Maintenant tu me traites d’idiot. » Je viens lui tirer le bout de son nez, il prend ses aises le campagnard. Soufflant toujours la fumer à l’opposé pour éviter de l’enfumer avec, je souris à ses nouveaux mots. « Moi aussi. » Ses parents ne sont pas les seuls qui lui en auraient voulu. M’approchant je chope sa nuque pour le tirer et le rapprocher de mon visage, l’embrassant subitement, même si le baiser à un gout de cigarette et de thé mélangé, je n’ai pas pu m’en empêcher. « J’ai perdu une famille, un métier, mais au moins je t’ai gagné toi. » et ça me va très bien.

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TENUE ••• C'est sa vie, c'est à lui de savoir ce qu'il veut faire. Ce n'est pas vraiment à moi de le conseiller ou de le pousser dans une voix, parce que ce serait une trop grosse responsabilité s'il venait à ne pas se plaire, à en déprimer ou que sais-je de pire encore. Je ne veux que le bien de Dewei et pour cela, je lui fais pleinement confiance. Après il a de la connaissance dans la gestion et dans l'économie, il peut très bien se monter une entreprise ou un commerce à son nom, qui lui appartienne entièrement. Pas dans la finance, évident. Dans un domaine qui lui plait ou qui lui tient à coeur, quelque chose qu'il pourrait faire longtemps, peut-être même jusqu'à la fin, jusqu'à sa retraite. « On pourrait se faire une entreprise de randonnée. » Je plaisante, ça ne serait pas rentable toute l'année. De l'art floral ? Je souris, heureux qu'il aime les mêmes choses que moi. « J'adore l'art floral. » Il doit s'en douter, suffit de voir mon amour pour les fleurs et les plantes, la nature et la moindre petite chose qui reflète notre écosystème. La seule chose que je sais sur sa mère, c'est qu'elle voulait le fiancer et le marier à cette jeune femme.... à part, j'ignore comment elle est. « Moi ? Me foutre de toi ? Jamais ~ » Les yeux levés vers le ciel, je fais l'innocent mais souris aussitôt qu'il me répond. Dewei assume ses choix, il est prêt à vivre le pire tournant de sa vie le dos droit et le torse bombé. Je l'aime aussi pour ça, pour cette facette forte et inébranlable. Il me pince le nez et je râle doucement, riant en même temps. L'argent, je m'en fiche. Je ne veux que lui, avec ou sans entreprise, appartement, tout ça tout ça. Je viens de la campagne, je me contente de si peu de chose. Attiré à lui, je ne perds pas mon esquisse tandis qu'il m'embrasse et que je réponds à son baiser, manquant de lâcher ma cuillère au passage. « Tu as fait le bon choix, j'espère que ça en vaudra vraiment la peine plus tard. » Pour sa famille surtout, parce qu'on en a qu'une seule. Son métier, ce n'est pas ce qui m'importe réellement. Il peut changer, trouver une meilleure place, s'épanouir ailleurs, mais un père et une mère, y en aura pas d'autre. « En attendant, laisse-moi être ton fiancé de substitution. » Riais-je en venant l'embrasser à mon tour, ma main libre sur sa joue.

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TENUE ••• Je sais très bien que c’est ma vie, sauf que jusqu’à maintenant les choses n’étaient pas aussi simples. Désormais je peux faire ce que je veux, c’est encore nouveau et même si je suis majeur depuis déjà plusieurs années, j’ai toujours été ce genre d’enfant suivant les règles, vivant dans un monde d’héritiers où tout est calculé, j’avais beau sembler libre, riche, chanceux, je réalise aujourd’hui qu’il m’avait toujours manqué un truc pour être heureux. En voyant Yulian, il n’avait peut-être pas d’argent, pas de situation aussi extravagante que la mienne vivant dans un univers de la haute société, mais c’est grâce à cette différence que j’ai trouvée. Cette chose qu’il me manquait, c’est lui qui m’a fait réalisé que j’en avais besoin. La liberté, ça n’a pas de prix. Mon cœur est plus léger aujourd’hui. Mon père fait partie de ses riches de la haute société de Pékin et d’Asie, mais moi je ne veux pas cette vie-là. J’ai de l’argent, bien assez pour pleurer sur l’héritage de mes parents, je n'ai pas besoin d’être milliardaire et de participer au gala, aux soirées bien faux-cul ni de le fiancé. Niveau passion, j’aime la nature, j’art floral et je souris quand il me dit que lui aussi aime ça. « Je me doutais déjà que tu aimais les fleurs. » Vu qu’il travaille chez un fleuriste et puis on a partagé un peu cet « amour » de la nature chez lui, entouré par elle. « C’est ça, fait l’innocent. » J’aime cette légèreté, je me surprends à vouloir sourire et rire tout le temps, c’est juste super. Le tirant à moi pour l’embrasser, personne ne m’en empêchera désormais. Je me fiche si c’est encore confus, je sais que je veux que Yulian soit à mes côtés. « Je ne pense pas au futur, j’ai passé mon temps à prévoir les choses, désormais je veux vivre au jour le jour. » Avec lui et sans prise de tête. Jusque-là, ma vie était réglée, je ne veux pas savoir ce que l’avenir nous réserve, si cela en vaut la peine ou non, pour l’instant je sais que j’ai fait le bon choix et c’est tout ce qui compte, le reste j’aurais le temps de voir ça en temps voulu. J’espère aussi trouver une solution pour mes parents et qu’ils finissent par réaliser leur erreur, mais je dois vivre pour moi maintenant et arrêter de vouloir répondre à leurs attentes. « Fiancé de substitution ? » Je ris à mon tour et le laisse se rapprocher pour un nouveau baiser, ça semble devenir naturel, alors que ce n'était pas le cas il n'y a pas si longtemps. « J’aime pas trop le mot « substitution » tu ne remplaces personne. » J’avais déjà décidé d’annuler mes fiançailles. En tout cas en une journée, c’est toute ma vie qui change et même si c’est soudain, je ne me sens pas déboussolé, comme si j’avais attendu ce moment sans le savoir.

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TENUE ••• Je ne me fais pas de soucis pour Dewei, il restera fidèle à lui-même quoi qu'il advienne. Et peu importe ce qui arrive, justement, je serais à ses côtés. Aujourd'hui je l'aide à se trouver une nouvelle voie, demain je l'encouragerais à poursuite ses rêves. Je ne veux que le bonheur de Dewei, qu'il soit patron d'une entreprise ou vendeur dans une boutique. Le mieux, ce serait qu'il se monte sa propre affaire dans un domaine qui lui plait. Nature, fleurs, ce qu'il veut. Il sait que j'adore ça, que je pourrais en vivre facilement, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. J'ai grandis proche de la nature, que ce soit en chine ou ici, au Japon. Toujours proche de la campagne. Le ton est léger entre nous, entre plaisanterie et baiser. Je ne me suis jamais senti aussi bien qu'avec lui, dans cette histoire haute en couleur. Dewei est libre d'agir comme bon lui semble, que ce soit dans sa vie ou avec moi. Je n'ai plus besoin de me retenir non plus, de me cacher derrière des excuses ou de penser à sa situation. Si j'ai envie, je peux me confier à lui. « C'est une bonne chose. » De ne pas penser au futur, mais à l'instant présent. Je vais faire pareil, penser à nous, à notre vie actuelle et non celle que l'on vivra dans quelques années. C'est un bon plan, je trouve. Ses parents ne seront pas toujours aigri et haineux envers ses choix, j'espère. Un jour, même si cela doit être dans des dizaines d'années, ils se rendront compte que leur fils est unique, qu'il soit hétéro ou gay, fiancée à une jeune riche ou amoureux d'un campagnard. D'ailleurs, je fais valoir ma place à ses côtés, plaisantant sur les mots. Substitution n'est peut-être pas adéquate, mais je prends une place qu'on avait réservé préalablement. Qu'il aime cette fille ou pas du tout. Je ne remplace personne... Donc ce cas. « Alors que dirais-tu de sortir avec moi ? » Demandais-je, les yeux dans les yeux, me pinçant doucement les lèvres comme suspendu aux siennes. La réponse peut sembler évidente, nous portons à intérêt commun l'un à l'autre, nous nous embrassons sans réfléchir et nous avons déjà couché ensemble. Nous faisons certainement les choses à l'envers, mais quitte à les faire, je veux que ce soit clair et officiel entre nous. Être un couple qui s'avoue ses sentiments, honnête envers soi-même. « Je t'aime, c'est tout ce que j'ai à dire. » Façon de parler, j'ai tant à dire et à lui dire surtout.

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TENUE ••• Aujourd’hui j’ai un drôle de sentiment. Être là, chez moi avec Yulian me comble de joie et ne laisse que du positif, du bonheur. J’ai l’impression de savoir ce que ressentait Yingtao quand il n’avait rien dans la tête et qu’il découvrait le monde. Je le découvre d’une certaine façon et ce n’est que le début d’une longue aventure. J’ignore de quoi sera fait demain et je ne veux pas y penser, vivre chaque jour en profitant de l’instant qu’on partage me parait bien mieux, moins stressant, moins pesant. Je sais que je veux avoir Yulian à mes côtés et c’est le plus important, pour le reste on verra ce que ça donnera quand ça arrivera. Mes parents ont décidé de ne pas accepter ce que je suis, ce que je veux, mes désirs et le fait que je sois heureux, désormais c’est leurs problèmes. Moi je continuerais d’avancer et cela même s’il ne me pardonne jamais de m’être épris d’un homme et de les avoir déçus ou déshonorés. C’est ma vie. Je n’aime pas vraiment le mot substitution dans sa proposition, à mes yeux il ne prend la place de personne et ne remplace pas non plus quelqu’un... J’ai beau avoir été fiancé, je n’ai jamais aimé cette fille et c’est grave à lui que j’ai réalisé que je ne serais pas heureux en allant dans ce sens. Je souris en le regardant, les yeux dans les yeux, je ne peux pas empêcher ce sentiment de grandir en l’observant après cette demande, son expression est mignonne, pendu à ses lèvres qui se déclarent, j’ai beau le savoir c’est à cet instant que tout ça prend un réel tournant. Désormais c’est notre réalité et même si je garde le silence ma réponse est pourtant déjà claire pour moi. Écrasant ma cigarette avant de me pencher pour l’embrasser, aspirant lentement sa lippe supérieure, mouvant lentement nos lèvres en accélérant pour profiter de ce baiser intégralement, ma main sur sa taille glissant dans le bas de son dos pour coller un peu plus son corps contre le mien. Je peux sentir à nouveau mon cœur tambouriner, sentant les « boom boom » contre ma poitrine. Je n’ai plus de doute, plus de raisons non plus de chercher d’excuses. Mon souffle s’écrasant contre sa bouche, j’éloigne un peu ma tête sans le libérer de mon étreinte. « J’ai beaucoup plus à dire. » Commençais-je en ancrant mes iris dans les siens, posant ma main sur sa joue, caressant sa peau avec mon pouce, tendrement. « Je croyais qu’avoir couché avec toi était la pire erreur de ma vie. Je n’arrivais même pas à comprendre comment j’avais pu faire une chose pareil. » Je parle de notre première fois bien évidemment. « C’était frustrant et dur à accepter, avant de te rencontrer ma vie était toute tracée et tu as tout chamboulé si facilement. » Ça pourrait sonner comme un reproche, pourtant... « J'aimerais te remercier. » Dis-je en riant légèrement. « Merci d’avoir mis tout ce bazar, grâce à toi je sais enfin ce que c’est d’être libre et heureux. » cognant mon front au sien, je ferme un instant mes paupières. « Je veux t’avoir avec moi tous les jours Yulian, si tu sors avec moi, tu dois faire un truc en retour. » Je souris en m’’éloignant avec ce regard sérieux. « Vient vivre ici avec moi... Il y a bien assez place pour toi et Yuwei. » Je suis sincère, c’est ma façon de lui montrer que je suis sérieux, je ne proposerais pas une chose pareil sinon, mais je ne veux pas le voir partir en fin de journée, devoir l’appeler pour qu’il vienne non plus. Je veux qu’il soit là dès mon réveille et encore avec moi quand je me couche, si je dois changer de vie, alors c’est la première étape, la plus importante aussi.

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TENUE ••• Il n'y a pas si longtemps, je n'étais que le petit paysan sortant de sa campagne pour vivre la grande vie d'un citoyen au coeur de la capitale nippone. Le petit chinois exilé de son pays suite à un tragique accident, désireux de repartir du bon pied et de grandir avec des valeurs et un oeil neuf. Avant de rencontrer Dewei, ma vie était belle, mais plutôt ennuyeuse. Avant que sa voiture ne tombe dans notre terrain, mes journées paraissaient longues, mais pas aussi coloré qu'aujourd'hui en sa présence. Si j'ai amené de nouvelles choses à Dewei, il en a fait tout autant pour moi. Avant lui, je n'ai pas connu l'amour, ni les sentiments. Je ne savais pas ce que ça faisait d'aimer, d'être jaloux, de vouloir quelqu'un que pour soi au détriment des autres. L'amitié ne m'importait peu tant que ma relation avec Dewei durait et s'améliorait. Je ne voulais rien de plus, malgré nos disputes, malgré une période de haine et de colère. Plus je me rapprochais de lui, moins je voulais m'en éloigner. Peu à peu, jour après jour, il n'y avait que lui dans ma tête, derrière mes paupières, dans mon coeur. Substitution est un grand mot, mais c'est le début de quelque chose à mes yeux. Une sorte de parenthèse pour ouvrir une nouvelle phrase, plus sérieuse, plus personnelle. Si je ne peux prendre la place de cette fiancée qu'il n'aimait pas, je veux prendre celle de l'amant qu'il aime sincèrement. D'où ma question de sortir avec moi, en tant que petit ami. La réponse ne vient pas directement, mais ce baiser me comble d'un immense bonheur. C'est bien plus qu'un oui, qu'une réponse positive, bien plus que des mots. Fermant les yeux, je partage cet échange au goût de nicotine et de thé, un doux mélange entre nos deux personnalités. Les battements de mon coeur s'accordent à son jumeau, mon corps collé au sien dans une douce étreinte. Mes mains se posent sur sa taille, comme un énième lien nous retenant l'un à l'autre. Beaucoup plus ? Je l'écoute. Les yeux dans les yeux, je suis prêt à écouter ses aveux, sa déclaration, ses reproches ou même ses doutes. Ah, notre première fois. C'était vraiment une erreur, guidé par l'alcool et mes sentiments profonds à son égard. J'ai chamboulé sa vie parfaite, pourtant je suis content. Je suis heureux d'avoir mis mon grain de sel dans son histoire toute tracée. Il n'a pas besoin de me remercier, je n'ai fait qu'écouter mon coeur, poussé par mes émotions et l'amour que je lui porte. « Quoi ? » Ai-je bien entendu ? Il me demande de vivre chez lui, avec lui ? Je ne m'attendais pas à cette demande, écarquillant doucement les yeux sans le lâcher du regard. « Tu veux que ... Je vienne vivre avec toi ? » J'ai bien compris, c'est juste qu'il me faut le temps de percuter. ça ne me dérange pas de lâcher mon appartement, ce n'est pas comme si j'avais une quelconque attache à ce lieu. « Avec plaisir. » Répondis-je finalement, posant une main sur sa joue pour l'embrasser à mon tour, tendrement. « C'est moi qui devrait te remercier ... J'ai trouvé une attache où rester définitivement. » Ma liberté n'est plus la même, je ne serais pas cet oiseau libre qui s'en va quand bon lui semble, immigrant d'un coin à un autre sans avoir de raison de revenir ou de rester. Désormais, j'ai trouvé mon nid.

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TENUE ••• Sortir ensemble, je n’ai jamais demandé à quelqu’un une chose pareil, le fait d’être fiancé et d’avoir autant de responsabilités m’ai pas permis de rencontrer une personne spéciale à mes yeux. Du coup jusqu’à ce que je le rencontre lui. Yulian est différent, c’est ce que je lui fais comprendre à travers mes mots, au fond depuis le début j’étais attiré par cet homme. On avait beau être en conflit ou se « haïr » cette attirance a été plus forte et nous a rassemblé dans un lien beaucoup plus fort. Il a chamboulé ma vie, mais je l’en remercie de m’avoir ouvert les yeux et donné un avenir qui me convient, notre histoire ne fait que commencer après tout. Dans mes mots je lui fais une proposition, ça pourrait sembler anodin, mais c’est loin de l’être. Vivre ensemble. C’est une étape importante, un engagement l’un envers l’autre que je me sens prêt à prendre sinon je ne lui demanderais pas. Gardant cette proximité entre nous, je souris quand il me pose la question comme pour s’assurer qu’il avait compris, hochant la tête pour confirmer. « C’est ça. » Je veux qu’il vive avec moi. Il accepte et je me sens beaucoup plus détendu, heureux que les choses évoluent dans ce sens. Lentement je ferme mes paupières pour partager ce nouveau baiser, plus rien ne nous empêche de faire ce qu’on souhaite désormais. Mes mains s’accrochant à sa taille en le ramenant toujours près de moi, je veux continuer de le toucher, l’embrasser, simplement le regarder. Être avec lui est devenu ma définition du bonheur et je me sens vraiment heureux à cet instant, malgré les évènements. « Nous l’avons trouvé tous les deux. » Soufflais-je contre ses lèvres, avant de l’embrasser encore et encore. Il me reste des choses à régler certes, mais avoir une personne importante comme Yulian à mes côtés me donne des ailes.

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TENUE ••• à une époque, ce n'était pas ça entre nous. Je me souviens de cette soirée mondaine où je travaillais comme serveur et qu'il était là, nous nous sommes jugés l'un l'autre tandis que nous étions dans les toilettes pour une affaire de tâche sur sa tenue. à ce moment-là, je n'aurai jamais cru que l'on puisse se revoir, se rapprocher et finir par s'aimer. J'aimais Ying Tao, mais ce n'est plus le cas. Désormais, j'aime seulement Dewei. Je suis content de l'avoir détourné de cet avenir tout tracé par ses parents, content de le voir pleinement heureux. Sa proposition n'est pas rien, venir vivre ici engage énormément de chose. Je ne pourrais pas emménager dans son appartement si ce n'était pas pour être à lui, en tant qu'amant, que copain. Je suis encore plus heureux et enthousiasmé par cette demande. Quand il répète après ma question, un large sourire illumine mon visage. Je serais ravi de déménager avec mon chien, d'être encore plus proche de lui comme nous le sommes à l'instant, l'un contre l'autre. Nos lèvres se retrouvent, tenant son visage entre mes mains pendant qu'il me garde contre lui, ses mains empoignant mes hanches. Je souris contre ses lèvres, prenant suffisamment de distance pour prononcer mes remerciements. Si c'est le cas pour moi, ça l'est pour lui aussi. Mon coeur s'emballe à chaque baiser comme si c'était un nouveau, encore et encore. Peu importe ce qu'il y a à régler, tant que nous sommes ensemble, nous pouvons tout affronter sans problème, les yeux fermés. Et je l'ai déjà dit, s'il a besoin d'aide, je serais là pour lui tendre la main et ne pas le lâcher. Jamais.

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