TENUE † C’était tellement devenu une habitude que tu ne trouvais même plus ça bizarre à force. Depuis quelques mois, en fait, plus précisément depuis halloween, tu restais bien souvent avec Renji. Il ne te faisait plus chier, mais il te collait. Quand certains de ses potes vous rejoignaient, il se montrait à nouveau froid et méchant, mais tu avais remarqué son manège. Tu le laissais faire, sans rien dire. De toute façon, t’avais rien à dire. Tu connaissais son point faible, comme lui, le tiens. Mais bon, c’est lui qui perdrait au change si tu venais à l’ébruiter. Soit, c’était les vacances scolaires, la fin de l’année était là, et si tu avais redoublé l’année dernière, cette année, tu passais enfin en terminal. Tu étais plutôt contente de toi. Finissant de t’habiller, t’enfiler une veste avant de partir de chez toi. Renji t’avait envoyé un message pour que tu le rejoignes en ville. Chose que tu faisais. Il pouvait se montrer particulièrement chiant si tu ne lui obéissais pas… Prenant le métro, pour aller plus vite qu’en bus, tu finis par arriver sur le lieu du rendez-vous. Au loin, tu pouvais voir sa silhouette. Parfois, tu te demandais pourquoi il voulait autant te voir. Tes sentiments en devenaient un peu bizarres. Est-ce que vous étiez amis ? Mais il t’était impossible d’oublier tout ce qu’il t’avait fait… Alors c’était toujours compliqué… « Yosh ! » Dis-tu une fois devant lui. Mains dans les poches, tu lui souriais légèrement avant de regarder le café en face de vous. « On va au chaud ? Ou tu as prévu un truc dehors ? » En fait, tu ne savais pas trop ce qu’il voulait que vous fassiez, donc, tu proposais, au cas où. Et puis malgré tout, tu étais en jupe, tu avais un peu froid aux jambes. Tu aurais dû mettre un collant.

TENUE † C'était les vacances. Et contrairement à beaucoup de gens, Renji les vivait mal. Voire très mal. Tout ça à cause d'une fille : Opame. Il voulait la voir, passer du temps avec elle, sentir son parfum ou même son petit corps fragile contre le sien. Comme à Halloween. Grand Dieu, Halloween. Rien que d'y penser lui faisait monter le rouge aux joues. Oui, seul dans sa chambre il rougissait comme une adolescente en plein délire romantique. D'un côté, ce n'était pas de sa faute, disons le tout de suite. C'était elle qui était venue se coller à lui, posant délicatement sa tête contre son torse. Lui n'avait fait que réagir tout à fait normalement pour un mec sentant son coeur battre à tout rompre. Après ça, il s'était posé les bonnes questions et la réponse était apparue de manière évidente : Opame l'attirait. Au minimum. Il ne savait pas encore si il pouvait qualifier ça d'amour mais c'était certain, il y avait un truc. Alors il l'avait invité maintes et maintes fois, essayant de se rapprocher d'elle, de créer une amitié qui sait. Mais le jeune homme ne savait pas si de simples moments passés ensemble pourraient faire oublier à la demoiselle tout le mal qu'il lui avait fait.

Tout ça pour dire qu'assis sur son lit, Renji hésitait à lui proposer une sortie. Que feraient-ils au juste ? Lui-même ne savait pas. Devrait-il lui demander son avis ? La laisser choisir ? Soupirant profondément, il appuya sur "envoyer" pour fixer leur rendez-vous devant un café et se leva pour prendre ses affaires. Il lui avait bien fallu une heure et demi pour trouver LA bonne tenue. C'était affreux d'avoir un crush sur quelqu'un, il avait l'impression de remettre son existence entière en question juste pour elle. Il voulait lui plaire, qu'elle le trouve drôle, beau, gentil. Il voulait devenir ce copain idéal dont elle pourrait se vanter auprès de ses amies. Il voulait être tout ça mais le chemin pour y parvenir était presque impossible. C'est pourquoi il soupirait autant au volant de sa voiture. Quelle idée aussi de crusher sur son ancienne victime. Vraiment, de toutes les filles de Tokyo, il avait fallu que ce soit-elle. Si ça avait été Kurumi ou Hiyori, ça aurait été plus facile.

Debout devant le lieu du rendez-vous, le jeune homme attendait, mains dans les poches. De quoi pourrait-il bien lui parler quand elle serait là ? Devrait-il lui faire une blague ? Tout le monde lui rabachait qu'il avait un humour en dessous du seuil de l'acceptable alors ce n'était peut-être pas une bonne idée. Mais avant même qu'il ne trouve quelque chose, elle apparut devant lui. « Yosh ! » Qu'elle était belle. Depuis qu'il avait un peu réalisé ses sentiments, il ne pouvait s'empêcher de se rendre compte à quel point Opame était une fille magnifique. Qu'est-ce qu'il lui avait prit de la maltraiter au juste, alors qu'elle ressemblait à une princesse ? Et ce sourire. Gad, il lui en ferait presque fondre les genoux. Presque. « On va au chaud ? Ou tu as prévu un truc dehors ? » Un petit sourire aux lèvres, Renji haussa les épaules, ne sachant que répondre. D'un côté, il n'avait pas envie qu'elle attrape froid, mais d'un autre, cela pourrait être une bonne excuse pour lui prêter sa veste. Finalement, il privilégia sa santé. « Allons d'abord dans le café. »

Sans rien ajouter d'autre, il entra dans la boutique et choisit une table parmi celles de libre. Elle était dans un coin avec une large banquette bien confortable. Lui faisant signe de la main, il laissa la demoiselle prendre place avant de s'asseoir à ses côtés. Il n'allait tout de même pas manquer un moment pour être proche d'elle en s'asseyant en face. Soudain il enleva sa veste et la lui tendit sans oser la regarder. « Mets ça sur toi, pour cacher tes jambes. » Au moins, ça éviterait que les deux types d'en face ne lorgne sur elle. Et cela signifierait aussi qu'elle lui appartient. C'était sa Opame, pas la leur. « Qu'est-ce que tu veux commander ? » La serveuse semblait sur le point d'arriver mais il préférait savoir pour commander la même chose qu'elle. Ce n'était pas de sa faute, en ce moment il s'était même surprit à se faire un chocolat chaud juste parce qu'il se souvenait qu'elle aimait ça. Cette fille lui envahissait bien trop l’esprit.

TENUE † « Allons d'abord dans le café. » Tu hochais la tête. Tu le suivais pour entrer dans le café qui n’était pas loin de là où vous étiez. Rapidement, tu t’installais à une table vide. Tirant la chaise, tu t’asseyais avant de te rapprocher de la table. Soupirant, tu posais ton téléphone sur la table, avant de le voir enlever sa veste. « Mets ça sur toi, pour cacher tes jambes. » Tu fus un peu surprise qu’il te dise ça. Tu ne voyais pas trop, pourquoi il se préoccupait qu’on puisse voir tes jambes, mais tu attrapas quand même la veste pour la mettre sur tes jambes plus ou moins dénudées. « Merci. » Dis-tu simplement en sentant la chaleur de sa veste se répandre sur tes jambes. Il faisait tout de même moins froid tout d’un coup. « Qu'est-ce que tu veux commander ? » Tu relevais la tête pour voir au loin la vitrine du café. Ta langue buta rapidement tes lèvres, signe que tu voulais quelque chose à manger aussi. « Je vais prendre un grand chocolat chaud, avec une part de tarte citron meringuée. » Dis-tu en souriant en coin. Posant tes coudes sur la table, tu croisais les jambes en le regardant. « Alors ? Que veux-tu faire aujourd’hui ? On va rester longtemps dehors ? » A dire vrai, tu demandais, car ta tenue était plutôt légère. En ce moment tu t’essayais à un style plus féminin, plus sexy aussi et mignon. Tu grandissais, alors forcément c’est normal pour toi de changer et de mieux t’habiller. Voyant la serveuse arriver, tu laissais Renji passer la commande. De toute façon, tu savais que c’est lui qui payait. Il payait à chaque fois. L’art d’être riche. Posant ta tête sur ta main, tu t’avachissais un peu sur la table en regardant la serveuse faire votre commande au loin.

TENUE † Se servant de la question comme prétexte, Renji laissait ses yeux se poser sur la demoiselle pour la détailler avec une certaine tendresse dont il ne se savait pas capable. Alors, avec application, il s’arrêtait sur l’arête de son nez puis descendait sur la rondeur de ses joues pour finir sur la courbe de ses lèvres. Ah, ses lèvres. Si seulement – un jour peut-être – il pouvait y déposer les siennes, alors il serait comblé. D’ailleurs, en y pensant, il se sentait changé. Jamais il n’avait été aussi "romantique" auparavant. Ou du moins, il n’en avait aucun souvenir. Avec Opame, il avait envie d’être patient, doux, d’apprendre à se faire aimer, désirer aussi. C’était un sentiment un peu étrange. « Je vais prendre un grand chocolat chaud, avec une part de tarte citron meringuée. » Hochant machinalement la tête, l’étudiant approuva son choix. Sa mère avait eu une période "desserts meringués" à un moment et il avait pu goûter ce gâteau qu’il appréciait particulièrement. Comme prévu, sa petite lycéenne avait de bons goûts. « Alors ? Que veux-tu faire aujourd’hui ? On va rester longtemps dehors ? » Renji se tourna vers elle pour faire en sorte de croiser leurs regards et haussa les épaules. « Je pensais que tu pourrais choisir pour nous deux pour une fois. » Qu’elle puisse faire ce qu’elle aime et qu’il apprenne à la connaître par la même occasion.

Avant qu’elle ne réponde, la serveuse arriva, forçant le jeune homme à rompre le contact de leurs yeux. C’était un peu triste, car il doutait que l’occasion ne se reproduise de si tôt. Il récita donc leur commande – deux chocolats chauds et deux tartes au citron meringuée – et laissa cette femme repartir préparer tout ça. Pendant ce temps, il retourna à sa petite Opame désormais à moitié avachie sur la table. Comment arrivait-elle à être belle, même dans cette position au juste ? Parfois, elle l’étonnait vraiment. « Alors ? Tu as une idée ? » Pour être tout à fait honnête, il était curieux de savoir sur quoi se porterait son choix. Qu’aimait-elle réellement ? « Il y a un truc qui te ferait vraiment plaisir ? Je te le paye si tu veux. » Après tout, il n’était plus à ça près avec l’argent qu’il dépensait sans cesse pour elle.

TENUE † « Je pensais que tu pourrais choisir pour nous deux pour une fois. » Tu arquas un sourcil. Tu ne t’attendais pas à ce qu’il te propose de choisir. D’habitude c’était toujours lui, qui choisissait. Parce qu’il semblait motivé, et puis car toi, tu ne savais pas trop quoi faire en fait. Tu te mis à réfléchir, pendant qu’il passait la commande avec la serveuse. Tu fis ressortir ta lèvre inférieure, ta cervelle était totalement vide d’idée. C’est dingue. « Alors ? Tu as une idée ? » Tu relevais la tête vers le principal intéressé, avant de soupirer. « Il y a un truc qui te ferait vraiment plaisir ? Je te le paye si tu veux. » Tu te redressais totalement pour t’adosser contre le dossier de ta chaise. « Y’a pas que l’argent sur terre, hein. »T’avais parfois l’impression qu’il t’appâtait avec de l’argent, comme si tu allais le suivre partout, grâce à ça. C’est stupide, du jour au lendemain, il pouvait perdre toute sa fortune, et tu savais de quoi tu parlais. Il y avait tellement de chose que vous pouviez faire dans cette ville, ce n’est pas ce qui manquait, mais tu étais toujours aussi gênée à chaque fois. Parce que tu ne trouvais pas votre relation « normale. » il a tellement passé du temps à te frapper et t’humilier que voilà. « J’ai peut-être une idée. » Dis-tu en laissant la serveuse poser vos tartes sur la table, avant de repartir pour aller chercher les boissons. Regardant tout ça, tu finis par regarder Renji droit dans les yeux. « On pourrait jouer à action et vérité. » Parce qu’elle envie de poser des questions. Mais elle se doutait que Monsieur ne voudrait pas forcément y jouer. « Ou juste vérité en fait. C’est un jeu comme un autre. »

TENUE † Quand il vit sa douce Opame se redresser, il sentit que quelque chose n’allait pas. Qu’avait-il encore fait ? « Y’a pas que l’argent sur terre, hein. » Oups. Ça l’avait vexé ? C’était vrai que – maintenant qu’il y repensait – elle avait été fortunée et tout perdue par la suite. Pour autant, il n’était pas méchant quand il lui proposait ça. Qu’il ait de l’argent était un fait, il en avait toujours eu et il en aurait toujours, c’était certain Pour lui, c’était une banalité de payer. Il voulait être gentil et s’attirer ses faveurs et voilà comment ça finissait. Se refermant peu à peu sur lui-même, Renji posa son coude sur la table, s’appuyant contre sa main. Quelle idée il avait eu, au juste, à être attiré par cette fille. À aucun moment il réussirait à la charmer et à la faire venir à lui. « J’ai peut-être une idée. » Son regard s’arrêta à peine sur elle, laissant la serveuse leur déposer une partie de leur commande. Si son idée c’était qu’ils rentrent chez eux chacun de leurs côtés, alors il promettait de faire en sorte d’oublier ses sentiments. Pour autant, il tourna légèrement la tête et capta son regard si envoûtant. « On pourrait jouer à action et vérité. » Quoi ? Sur le coup de la surprise, l’étudiant cligna rapidement des paupières en se redressant. Action et vérité ? Vraiment ? « Ou juste vérité en fait. C’est un jeu comme un autre. » Pourquoi proposait-elle ça ? Elle voulait apprendre à le connaître ? Ou alors le laisser l’approcher ? Discrètement, un sourire plein de joie prit naissance sur ses lèvres. Opame voulait apprendre à le connaître. Était-ce un pas en avant pour leur relation ?

Haussant les épaules pour ne pas paraître trop enthousiaste, il attrapa son gobelet de chocolat chaud nouvellement arrivé et le porta à ses lèvres. « Ok. Va pour ça. » De toute manière, si il y avait des questions qui l’embêtaient, il n’aurait qu’à mentir. Après tout, elle ne saurait jamais qu’il avait triché. « Par contre, tu devras aussi répondre à mes questions. » Il comptait bien lui en poser de toutes sortes pour apprendre à la connaître. En plus, ça pourrait peut-être lui donner des idées pour d’autres activités à faire ensemble. « Vas-y, à toi l’honneur. » Pour être tout à fait honnête, il avait très hâte de savoir ce qu’elle voulait connaître à son propos. Après tout, elle avait vu – à son grand dam – bien des facettes de lui, même les moins glorieuses.

TENUE † « Ok. Va pour ça. » Tu le regardais, de haut en bas, l’air de rien. Il disait presque oui à tout ce que tu disais en ce moment. C’était devenu à la fois perturbant et agréable. Agréable parce qu’il ne te frappait plus. Parce qu’il ne t’humiliait plus. Mais tu préférais ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Tu savais qu’il pouvait recommencer. Tu ne lui faisais pas totalement confiance … Ce n’était pas nouveau de toute façon. « Par contre, tu devras aussi répondre à mes questions. » ça allait de soi, enfin, pour toi, en tout cas. Tu hochais la tête. « Bien sûr. » Tu n’allais pas faire l’égoïste et être la seule à lui poser des questions. De toute évidence, ça serait bizarre que tu sois la seule, donc… « Vas-y, à toi l’honneur. » Tu te mordillais les lèvres en réfléchissant. Tu avais trouvé l’idée, mais il te fallait maintenant trouver une question. Ca paraissait simple, mais en fait ça pouvait être compliqué… Bon… Tu attrapais ta boisson pour tremper tes lèvres. C’était brûlant. Autant attendre encore un peu. Tu finis par regarder Renji. Tu avais trouvé la question que tu voulais lui poser. Mais est-ce que tu pouvais réellement la demander ? Compliqué. Tu soupirais longuement avant de poser un coude sur la table et le fixer. Assis l’un à côté de l’autre, tu te lanças. « Pourquoi est-ce que tu m’as maltraité durant tout ce temps ? Je veux dire, pourquoi tu m’as harcelé et m’a fait du mal ? » Ca paraissait logique que tu poses cette question. Non ? Est-ce qu’il allait répondre ? Ou est-ce qu’il allait esquiver ? Tu n’en savais trop rien, mais tu voulais une réponse, tu voulais savoir pourquoi. Car tu as giflé son frère ? Il le méritait. C’était un sale con. Et ça ne méritait pas toutes ces années de souffrance qu’il t’avait fait subir.

TENUE † En attente de la question, Renji restait tranquillement assis à souffler sur son chocolat pour le refroidir. La demoiselle se mordillait les lèvres, comme à son habitude lorsqu’elle réfléchissait à quelque chose. Grand Dieu, que quelqu’un lui dise qu’il n’existait rien de plus tentant que ce geste anodin. Comment pouvait-elle ignorer la tentation que cela représentait ? Maintenant qu’il comprenait un peu son attirance envers elle, il lui était difficile de ne pas s’imaginer en train de l’embrasser tendrement. Soupirant discrètement, l’étudiant jeta un œil autour d’eux, détaillant un peu les autres clients du café. Dans un coin de la pièce, un groupe de gars – à peu près du même âge qu’Opame – discutaient tout en pointant du doigt la lycéenne. Qu’est-ce qu’ils lui voulaient ? Décidé à rester calme bien que l’envie de se lever pour aller les calmer était forte, il rapprocha discrètement sa chaise de la jeune fille. Qu’ils ne rêvent pas non plus, elle était à lui et à personne d’autre. Et pour bien le montrer, il se tourna vers elle et ancra son regard dans le sien. Même si c’était loin de la vérité, au moins, de loin, on pourrait sûrement croire qu’ils étaient un couple. « Pourquoi est-ce que tu m’as maltraité durant tout ce temps ? Je veux dire, pourquoi tu m’as harcelé et m’a fait du mal ? » Ouch. Il ne s’attendait pas à une telle question même si elle coulait de source.

Toussant un peu, l’air gêné, il passa une main dans ses cheveux pour la passer en suite dans sa nuque. Devait-il lui répondre honnêtement ? Il pouvait. De toute manière ce qui était fait était fait. Alors Renji attrapa son gobelet à deux mains pour se les réchauffer et laissa son regard se perdre dedans. « Pour être honnête, au début c’était parce que t’avais touché à mon frère... » Il avait beau ne pas l’apprécier des masses, la famille restait la famille et personne n’avait le droit de les ridiculiser. Encore moins une fille, même si celle-ci se révélait au final vachement mignonne. « Puis après c’est devenu une sorte de jeu. » Un peu malsain comme jeu, mais il ne pouvait nier l’amusement qu’il en tirait, le sentiment de puissance également. Tournant son visage vers elle, le jeune homme la fixa dans les yeux. C’était à son tour maintenant. « C’est mon tour maintenant… Pourra-t-on, un jour, devenir ami ? » Il n’osa pas ajouter « ou plus » de peur de la brusquer un peu trop. Si déjà l’imaginer en tant qu’ami la dérangeait, alors plus, il était sûr de finir avec une claque dans la gueule et un énorme râteau. Et ça, il en était hors de question. Ce qu’il désirait, il l’obtenait toujours.

TENUE † Tu voyais bien qu’il avait l’air gêné. Faut dire que ta question n’était pas non plus des plus soft. Dès le départ tu avais commencé avec une question assez intéressante. Mais tu avais besoin de réponse. Même si dans le fond, tu connaissais déjà les réponses. Il ne fallait pas non plus être né de la dernière pluie pour savoir pourquoi il faisait ça. « Pour être honnête, au début c’était parce que t’avais touché à mon frère... » Si encore tu avais frappé un gamin, tu comprendrais, tu pourrais comprendre. Mais tu avais giflé un garçon de dix-sept ans. Pas quelqu’un de huit ans. Il pouvait se défendre seul, et puis il l’avait très bien mérité. Tu ne frappais pas les gens de façon gratuite, toi. « Puis après c’est devenu une sorte de jeu. » Un jeu ? Que de t‘humiliais ? De te frapper ? De te faire du mal ? C’était un jeu pour lui. T’avais envie de lui balancer ton chocolat chaud au visage. Mais tu n’étais pas ce genre de fille, tu allais juste le faire, dans ta tête. « C’est mon tour maintenant… Pourra-t-on, un jour, devenir ami ? » Ami ? Tu fus un peu surprise de cette question. A dire vrai, tu ne t’y attendais pas du tout. Tu mordillais tes lèvres, par habitude. Il venait de te poser une colle. Mais dans le fond… Quand on devait vous voir de façon extérieur, les gens devaient déjà penser que tu étais amis avec lui, donc… « C’est pas ce qu’on est déjà depuis presque un an ? Tu me colles, tu me sors n’importe où et j’en passe. » Bon, c’était une réponse un peu bizarre mais au moins, il en avait une. Maintenant c’était à ton tour, et tu n’avais pas de question. Ah, si, en voilà une. « Tu restes constamment avec moi. C’est parce que tu n’as pas d’ami ? »

TENUE † Comme il s’y attendait, Opame semblait en pleine réflexion pour définir la nature de leur relation. Pour sa part, il trouvait ça simple : ils étaient amis. Toutes ces sorties qu’ils faisaient ensemble, ce n’était pas quelque chose qu’il faisait avec n’importe qui. La seule raison pour laquelle il lui avait posé cette question, c’était pour l’entendre dire de vive voix. L’entendre dire que oui, ils étaient amis. Quand elle l’aurait dit, alors il saurait qu’ils avaient fait un pas en avant. Il saurait que, peut-être, dans quelques temps, leur relation pourrait avancer à autre chose. « C’est pas ce qu’on est déjà depuis presque un an ? Tu me colles, tu me sors n’importe où et j’en passe. » Un petit sourire sarcastique au coin de la bouche, Renji ne répondit rien. Les mots n’étaient pas ceux qu’il attendait mais c’était déjà bien. Pour elle, ils étaient amis. C’était tout ce qui comptait. « Tu restes constamment avec moi. C’est parce que tu n’as pas d’ami ? » Croyait-elle vraiment ça ? Buvant une gorgée de son chocolat, le japonais laissa un petit silence flotter entre eux. Pendant ce temps, il réfléchissait aux moments qu’il passait avec ses amis. Il n’en avait pas beaucoup, c’était vrai, mais ça lui arrivait de faire des trucs sympas avec eux. Surtout avec son meilleur ami. « J’en ai. Peu, mais j’en ai. » Et sûrement plus qu’elle pour être franc. Sans la regarder, il mangea une part de son gâteau en songeant à la question qu’il voudrait lui poser. Il y avait bien ses études qui l’intéressait, si elle allait rester à la Royal pour l’université ou pas. Mais ses loisirs aussi l’intriguait. Qu’est-ce qu’elle aimait faire au juste ? « Hm… à moi… » Se tournant vers elle avec un petit sourire énigmatique, il appuya son menton dans sa main pour mieux la regarder. « Tu resterais dans le club de hockey si je t’apprenais à patiner ? » Aux dernières nouvelles, elle ne savait toujours pas en faire et cela pourrait servir d’excuse à Renji pour passer encore plus de temps avec elle. Surtout qu’une sortie sur la glace, c’était quand même vachement classe.

TENUE † « J’en ai. Peu, mais j’en ai. » A tes yeux, il n’en avait pas. Il était au même rang que toi. Vous n’aviez pas d’amis. Toi, parce que tu étais devenue une espèce de paria, à cause de lui. Et lui sûrement à cause de son caractère de merde… C’est bête à dire, mais il fallait quand même le supporter. Il était spécial. Il n’était pas si « méchant » que ça, mais c’est vrai qu’il se retrouvait assez maladroit parfois. Du moins, c’est ce que tu ressentais. Les autres n’étaient pas obligés de penser pareil… Tout en réfléchissant, tu mangeais ton gâteau, dans ton coin. Tu pouvais le voir faire de même. « Hm… à moi… » Tu le regardais, te demandant, ce qu’il allait te poser comme question. « Tu resterais dans le club de hockey si je t’apprenais à patiner ? » Tu ne t’attendais pas à ce qu’il parle du club. A dire vrai, vous n’aviez même jamais parlé de ça entre vous depuis votre pseudo rapprochement. Tu te sentais gênée de par sa question, parce que tu avais l’impression, que ta réponse n’allait pas forcément lui plaire. Il avait l’air bougon quand ça ne va pas dans son sens, donc bon, forcément, tu savais à quoi t’attendre. « Eh bien… » Tu te grattais la joue un peu mal à l’aise. « Il s’avère que Gareki m’a plus ou moins appris à en faire. » Tu te pinçais les lèvres en le regardant. De ce que tu avais entendu, les deux coqs ne s’entendaient pas du tout… Tu ne savais pas trop pourquoi, les histoires de mâles ce n’était pas ton délire. M’enfin, t’avais pas forcément envie que Gareki se fasse incendier par ta faute, car tu avais dit à Renji qu’il t’avait plus ou moins appris à patiner… « Bref, hormis le cinéma c’est quoi ta passion ? » Oui, tu tentais de changer de sujet.

TENUE † « Eh bien… » La voyant se gratter la joue, Renji fronça les sourcils, se demandant ce que serait la suite. Dès qu’il avait posé la question, il avait senti à quel point cela avait rendu la jeune fille mal à l’aise. Pourquoi donc ? Ce n’était pas une question piège, il n’allait pas s’énerver si elle disait qu’elle n’aimait pas le patin à glace. Bon, évidemment cela ruinerait le plan de "rendez-vous" qu’il avait prévu à la patinoire mais il s’en remettrait sans problème. Alors qu’est-ce qui gênait ? « Il s’avère que Gareki m’a plus ou moins appris à en faire. » Oh. La déclaration jeta un énorme froid à leur table. Le visage fermé, les lèvres pincées, le japonais se retenait fortement de laisser sortir la colère qui bouillonnait en lui. C’était une blague ? Avait-il bien entendu ? Gareki ? Lui apprendre à patiner ? Qu’est-ce qu’il avait, ce con, au juste ? Il avait pourtant été clair quand il avait amené Opame au club de hockey. Personne n’avait le droit de lui parler ni même de l’approcher. Alors lui montrer comment patiner, c’était forcément inclus dedans. Non seulement ce mec était incapable de jouer en équipe mais en plus, il ignorait ses ordres. Dès la rentrée, il y aurait un meurtre à la Royal. Il le jurait.

Le poing fermement serré sur la table, Renji essayait de respirer lentement pour conserver son calme. S’énerver dans un café ne changerait rien à la donne, même si il avait une forte envie de balancer les tables une par une. Dieu qu’il n’aimait pas quand ça n’allait pas dans son sens. « Bref, hormis le cinéma c’est quoi ta passion ? » C’était un bel effort de sa part, pour autant le jeune homme ne démordit pas et continua à fixer le vide, les sourcils froncés. À dire vrai, il était déjà en train d’envisager toutes les tournures possibles que pourrait prendre son affrontement avec ce con de Tetsuro. Il répondit cependant à la question dans un soupir. « Rien… J’aime bien le hockey mais le cinéma reste toute ma vie. » Le hockey était peut-être un peu plus important pour lui qu’un simple passe-temps mais il ne mentait pas. Le cinéma était vraiment tout pour lui. Depuis qu’il avait plongé dedans, il ne cessait de s’extasier sur ses découvertes et tentait encore et encore de s’améliorer. « Et toi ? » Se tournant vers elle, il lui adressa un regard froid mais profond. Le genre de regard qui déstabilisait un peu et qu’on ne savait comment interpréter. « C’est quoi tes passions ? » Y avait-il quelque chose qui la faisait vibrer et qu’ils pourraient partager ensemble ? Puisque, après tout, on lui avait volé l’idée de lui enseigner le patinage.

TENUE † Tu voyais bien qu’il n’était pas content de ta réponse. Fallait pas être super intelligent pour le voir… Tu étais un peu gênée. Tu ne voulais pas que ça créait des soucis, au sein du club. Mais à mon avis c’était déjà trop tard. Ils allaient sûrement encore se battre. Les bruits de couloir, tu connaissais, tu n’étais pas stupide ni ignare. T’avais beau ne pas avoir d’amis, tu entendais tout autour de toi… « Rien… J’aime bien le hockey mais le cinéma reste toute ma vie. » Le cinéma. Lui et le cinéma, c’était une grande histoire d’amour. Parfois, tu trouvais ça mignon. Il était presque autant obsédé que toi quand il s’agissait de Peter Pan. « Et toi ? » Tu relevais la tête machinalement vers lui, et c’est là, que tu vis son regard. Ce regard que tu connaissais presque par cœur. Froid et intense. Tu déglutissais, en te demandant si tu n’avais pas fait une bêtise. Il t’en voulait, ça se voyait… « C’est quoi tes passions ? » Tu n’en avais pas. T’avais même pas besoin de réfléchir. A dire vrai, hormis ta lubie pour Peter Pan, tu n’avais rien comme passion. T’attrapais un morceau de ton gâteau pour le manger avant d’hausser les épaules. « J’en ai pas. J’aime juste beaucoup, Peter Pan. J’aimerais qu’il existe pour partir avec lui au pays imaginaire. » Parce que tu trouvais que l’innocence des enfants étaient ce qu’il y avait de meilleur. Le monde des adultes craignait un peu trop. Tu finis par te relever, avant d’attraper ta boisson pour la boire à grande gorgée. « Lève-toi. » Tu lui fis signe de s’activer pour pouvoir finir votre commande. Posant sa veste sur ses genoux à lui, tu essuyais ta bouche avec une serviette avant de t'activer à prendre tes affaires. « Faut qu’on aille quelque part. » Ni une ni deux, tu attrapais sa main pour le tirer hors du café. Maintenant que vous étiez dehors, il fallait savoir où tu allais aller… « Tu connais un bon tatoueur ? Je veux me faire tatouer. Là, tout de suite. Maintenant. »

TENUE † Dès qu’il lui avait posé la question Renji était retourné à son chocolat chaud. Le faisant tourner entre ses mains, il en profitait pour se perdre dans ses pensées. Cette histoire avec Gareki l’ennuyait sérieusement. Surtout que maintenant qu’il y réfléchissait, ils n’avaient peut-être pas fait que du patin à glace ensemble. Ils auraient pu sortir, se voir sans qu’il ne le sache, etc. Jusqu’où allait leur relation au juste ? Opame préférait-elle ce vieux grincheux arrogant à lui ? Serait-ce possible ? « J’en ai pas. J’aime juste beaucoup, Peter Pan. J’aimerais qu’il existe pour partir avec lui au pays imaginaire. » Peter Pan. Surprenant pour une fille de 17-18, non ? Ne sachant pas vraiment quoi répondre, le japonais haussa simplement les épaules en prenant une gorgée de sa boisson. Qu’est-ce qu’il pouvait faire avec ça au juste ? Y avait-il un parc à thèmes sur Peter Pan dans le coin ? C’était fichu de toute façon vu qu’on lui avait déjà pris son idée. Renji soupira profondément en se passant une main dans les cheveux. Cette sortie ne valait pas vraiment la peine, en fait. Il voulait la voir et s’amuser mais la seule chose qui remuait son esprit c’est cette image de Gareki et sa Opame main dans la main, en train de patiner. L’horreur.

« Lève-toi. » Relevant un air intrigué vers la jeune fille – elle osait lui donner un ordre ? – le jeune homme hocha lentement la tête avant de se hâter de boire son chocolat. Qu’est-ce qu’elle voulait maintenant ? Une idée lui était subitement venue à l’esprit ? Sans rien dire, il laissa son reste de tarte et suivit la demoiselle en récupérant sa veste au passage. « Faut qu’on aille quelque part. »  Elle lui attrapa la main – chose qu’elle n’avait pratiquement jamais fait avant – et le fit sortir du café. Là, une fois dehors, Renji la dévisageait avec un drôle d’air, attendant ses explications. Quelle mouche l’avait piqué ? « Tu connais un bon tatoueur ? Je veux me faire tatouer. Là, tout de suite. Maintenant. » Pardon ? Clignant plusieurs fois des yeux sous l’effet de la surprise, il finit par lui attraper les épaules pour bien croiser son regard. « Eh, ça va ? Qu’est-ce qui t’arrive d’un coup ? » Pourquoi voulait-elle un tatouage au juste ? Ça ne se faisait pas comme ça. Il valait mieux y réfléchir longuement, peser le pour et le contre, tout ça quoi.

Une petite moue sur la figure, l’étudiant la lâcha pour la détailler de la tête aux pieds. « T’es sûre que tu veux en faire un ? Je m’y connais un peu en tatouage c’est pas idéal de faire ça sans préparation. » Après, d’un côté, c’était un acte assez significatif. On ne proposait pas à n’importe qui de venir l’assister dans un tatouage. Mais tout de même, il hésitait. Devait-il l’amener et lui payer ? Soupirant profondément, Renji haussa les épaules et pointa du doigt la station de métro la plus proche. « Mon tatoueur est génial, on peut y aller. Faut prendre le métro par contre, il est pas à côté. » Il n’était pas à l’autre bout de la ville non plus mais là où il était ce n’était pas vraiment accessible en voiture. Au moins, il avait le mérite d’être un super bon tatoueur vu tout ceux qu’il avait fait sur lui.

TENUE † « Eh, ça va ? Qu’est-ce qui t’arrive d’un coup ? » Il se passe que tu avais envie de te faire un tatouage. Tu étais motivée, et puis tu étais avec Renji, le pro du tatouage, non ? Il avait l’air de s’y connaître, donc tu étais entre de bonnes mains. Enfin, tu crois ? T’en sais trop rien. Mais tu l’espérais en tout cas. « T’es sûre que tu veux en faire un ? Je m’y connais un peu en tatouage ce n’est pas idéal de faire ça sans préparation. » Oh, tu étais bel et bien préparée, puisque ce tatouage, tu voulais le faire depuis des années. Et maintenant que tu avais l’âge qui le pouvait, tu voulais le faire. Maintenant. Bon ok tu comptais aussi sur Renji pour te le payer. Mais avec tout ce qu’il t’a fait subir, il pouvait bien te faire ça non ? « Mon tatoueur est génial, on peut y aller. Faut prendre le métro par contre, il est pas à côté. » « D’accord, pas de souci, je te fais confiance sur ce point-là. » Dis-tu avant de te presser à la première bouche de métro non loin d’ici. Tu marchais d’un pas déterminé. On aurait presque dit une enfant, tellement tu pressais le pas, tu alternais entre marche rapide et petit trots. Entrant dans le métro, tu regardais un peu les stations desservies avant de te tourner vers Renji. « Dépêche-toi un peu ! » J’attendais qu’il soit là, avant de pointer les stations. « On prend laquelle ? » T’étais excitée comme jamais. C’était rare de te voir si enthousiaste en fait… Surtout avec lui, en fait. « Au fait, une fois là-bas, tu pourras me montrer tes tatouages ? J’en connais un ou deux, mais tu en as bien plus non ? »

TENUE † « D’accord, pas de souci, je te fais confiance sur ce point-là. » Alors qu’Opame se hâtait déjà en direction de la station de métro, lui restait là bouche bée. Confiance ? Elle lui faisait confiance ? Jamais il n’aurait espérer entendre ça aujourd’hui. Peut-être que toutes leurs sorties avaient enfin portées leurs fruits. Elles les avaient rapproché. Un petit sourire accroché à ses lèvres, Renji reprit ses esprits et suivit la jeune fille. Finalement, qu’importe la relation qu’elle avait avec ce Tetsuro, il avait l’avantage. Un tatouage c’était un souvenir qu’on gardait jusqu’à la mort, ce qui voudrait dire qu’il serait dans sa mémoire à jamais. Si c’était pas une victoire sans condition ça. « Dépêche-toi un peu ! » Clignant plusieurs fois des yeux, le japonais ne savait pas vraiment comment réagir. Que lui arrivait-il ? Jamais il ne l’avait vu si enthousiaste. C’était étrange. Sans un mot, il descendit les escaliers et la rejoignit devant le plan. « On prend laquelle ? » Il répondit simplement en pointant du doigt la bonne ligne avant de lui désigner le chemin.  Par là. » Quand elle changeait de ses habitudes, il perdait un peu de son assurance. Alors qu’il n’avait toujours vu qu’une demoiselle fragile et renfermée, voilà qu’elle semblait prise d’une vague nouvelle.

« Au fait, une fois là-bas, tu pourras me montrer tes tatouages ? J’en connais un ou deux, mais tu en as bien plus non ? » Étonné par la demande, Renji jeta un coup d’œil à Opame avant de lâcher un simple « Hm. » Elle voulait voir ses tatouages ? Même si les choses allaient mieux entre eux, il n’était pas non plus totalement prêt à se montrer à moitié nu devant elle. Était-elle au courant qu’il en avait même sur les cuisses ou un sur la hanche ? À quoi elle pensait au juste ? Sans un mot, il sortit son téléphone tout en marchant vers le quai de la station. Son tatoueur postait régulièrement ses nouveaux tatouages dans la galerie de son site. Il n’aurait qu’à retrouver les siens pour lui montrer. Ça lui éviterait d’avoir à se dévoiler comme ça. Toujours silencieux, il monta dans la rame qui arrivait et se tint debout à côté de la demoiselle, laissant les sièges pour les personnes âgées. « Tiens, toutes ces photos c’est mes tatouages. » Lui tendant son téléphone, il lui laissa le loisir d’observer les dessins qui parcouraient son corps. Certains avaient des significations claires comme la pellicule de film qui s’enroulait sur sa hanche, d’autres semblaient un peu plus obscures comme le momento mori sur sa clavicule.

Tandis qu’Opame était concentrée sur ses tatouages, lui la détaillait du regard, tout à côté d’elle. Où ferait-elle son tatouage ? Sur l’omoplate, le poignet ? Peut-être sur la cheville, c’était à la mode en ce moment. Et, alors qu’on aurait pu penser qu’il avait enfoui ça dans un coin de son esprit, Renji chuchota presque au creux de son oreille la question qui le taraudait depuis tout à l’heure. « T’as fait d’autres choses avec Tetsuro ? Vous êtes proches ? »

TENUE † « Tiens, toutes ces photos c’est mes tatouages. » Tu attrapas son téléphone pour regarder les tatouages. Tu pensais pouvoir les voir en vrai, chez le tatoueur, mais bon, il ne semblait pas vouloir le faire. Tant pis, ce n’est pas grave. Au moins, tu les vois via son téléphone. Tu te permis même d’agrandir les photos et de les regarder sous tous les angles. Il avait dû y mettre énormément d’argent dedans… Tu ne préférais pas trop y penser, parce que sinon, tu allais regretter de le ruiner pour ton tatouage. Alors qu’au contraire, tu devrais en profiter. Avec tout ce qu’il t’a fait subir, il méritait bien que tu l’utilises à bon escient. Tu allais abuser de lui à chaque fois. C’est mal… Tu le sais. Mais au moins, tu ne lui mettais aucun bleu sur le corps, ni cicatrice. Il n’avait rien qui pouvait lui rappelé toi sur son corps. Absolument rien. Contrairement à toi, qui a énormément de cicatrice… Le sentant se rapprocher de toi, tu n’y fais pas plus attention que ça. Il devait sûrement vérifier que tu ne fouines pas d’autres photos sur son téléphone. Tu ne t’appelais pas Renji. Tu ne le ferais pas. Pas devant lui en tout cas. « T’as fait d’autres choses avec Tetsuro ? Vous êtes proches ? » Sentant son souffle dans ton cou, un frisson s’empara de toi. Chaud et agréable, tu posais tes mains, qui tenaient toujours son téléphone sur tes genoux avant de tourner le visage pour lui répondre. Le seul problème c’est que t’avais pas fait attention au fait qu’il soit si près ? T’en sais trop rien… Mais en te tournant ta tête cogna la sienne. Si encore il n’y avait que cela. Non… Tes lèvres. Ses lèvres… Vos lèvres s’étaient rencontrées. Tu restais totalement bête sur le coup. Clignant plusieurs fois des paupières, tu reculais vivement avant de lui rendre son téléphone. « Non. On est pas proches. » Dis-tu simplement. Tu passais brièvement ta langue sur tes lèvres. T’avais l’impression que ton cœur allait exploser. Il venait de te voler ton premier baiser… C’était un baiser non ? T’en savais rien. Mais t’arrêtais pas de te refaire la scène en tête… Te grattant la joue, tu finis par lui tourner le dos en fermant les yeux. « Prévins-moi quand on arrive. »

TENUE † Tandis qu’elle examinait attentivement les photos de ses tatouages, Renji en profita pour s’asseoir silencieusement à côté d’elle. Évidemment, il ne se contenta pas de cela et s’approcha encore plus pour regarder par dessus son épaule. Ainsi, il pouvait vérifier ce qu’elle faisait tout en étant très proche d’elle. Souriant discrètement lorsqu’elle zoomait les photos pour mieux voir – cela le rendait encore plus confiant sur son physique – il tourna légèrement la tête pour humer son parfum. Non, il n’était pas trash au point de tout renifler comme un chien, seulement il fallait bien qu’il respire et il était si proche d’elle qu’il pouvait sentir sa délicate odeur sucrée aux relents de fleurs. Comme toujours, Opame avait bon goût.

Mais assez de ces petites observations, le jeune homme avait une réelle question qui lui occupait la tête. Est-ce que sa belle et son ennemi juré était proche ou non ? Lorsqu’il lui demanda, la lycéenne sembla se redresser un peu, posant ses mains sur ses cuisses. Allait-elle acquiescer ? Non, au contraire, elle se tourna vers lui. Trop vite. Sans prendre en compte le peu de distance qui les séparait. Ce qui entraîna, dans l’action, un baiser volé. Ou plutôt un effleurement de lèvres. Dans tous les cas, Renji se retrouva figé sous l’effet de surprise, sans savoir comment réagir. Que venait-il de se passer ? S’étaient-ils vraiment embrasser ? Mais ce n’était pas vraiment un baiser pour être honnête. Dans un baiser, ce n’était pas qu’un simple contact, c’était plus que ça. Qu’importe, il s’en satisferait pour le moment. Après tout, il avait tout le temps pour lui montrer ce qu’était réellement un baiser.

Un petit sourire satisfait sur les lèvres, Renji récupéra son téléphone des mains d’Opame et ne bougea pas d’un pouce de sa position originale. Qui sait, elle pourrait avoir l’envie de réessayer. « Non. On est pas proches. » De mieux en mieux. Finalement, il n’aurait peut-être pas à tuer Tetsuro. Au contraire, il pourrait savourer la satisfaction de le voir les observer de loin, tandis qu’ils se promèneraient main dans la main, Opame et lui. Parce que oui, dans sa tête, ce n’était qu’une question de temps avant que la jeune fille ne tombe dans ses bras. Qui ne tomberait pas pour lui au juste ? Il était quand même le plus beau de toute l’équipe de hockey.

« Prévins-moi quand on arrive. » Le dos tourné à lui, elle semblait prête à dormir. À tous les coups, elle était gêné. Ça pouvait se comprendre. Alors il la laisserait tranquille. Elle était encore jeune, c’était peut-être la première fois qu’elle touchait les lèvres de quelqu’un d’autre avec les siennes. Si il voulait gagner son cœur, alors il faisait mieux de montrer son côté tendre et protecteur. Au moins un peu. S’écartant un peu, il s’adossa confortablement à son siège et ouvrit son téléphone pour jouer à Piano Tiles. Le jeu était certes peu éducatif mais il avait le mérite de faire passer le temps. Si bien d’ailleurs, qu’il réalisa à quelle station ils étaient que quand la voix du haut-parleur l’annonça. Se levant d’un coup, il tapota l’épaule de la demoiselle pour la prévenir. « C’est celle-là, lève-toi vite. »

Quel idiot, il aurait mieux fait de s’en rendre compte avant pour ne pas la presser ainsi. Une petite moue sur la figure, il sortit du wagon sans un mot et se dirigea vers la sortie. Le salon n’était qu’à deux pas de là, coincé entre deux immeubles. C’était cosy et dans une sorte de sous-sol aménagé. Les murs étaient recouverts d’une peinture rouge et noirs et de plein de photos de différents tatouages. Il y en avait même quelques uns qui appartenaient à Renji. Lorsqu’ils arrivèrent en face de l’entrée, l’étudiant se retourna vers Opame. « On y est. Le gérant est super cool et dessine comme un chef. Explique-lui en détail ce que tu veux et il te le fera encore mieux que tu l’espérais. » Il ne mentait pas en lui disant ça. Ça lui était arrivé plusieurs fois d’être étonné en voyant le résultat sur lui. Cet homme était vraiment capable de rendre un tatouage encore plus beau que l’idée de départ.

Une fois à l’intérieur, ils trouvèrent le tatoueur assis à son bureau en train de regarder quelque chose sur son ordinateur. Une chance qu’il ne soit pas occupé avec un client. « Salut chef ! Comment tu vas ? Je t’amène une amie qui veut se faire un truc, ça te dérange pas de la prendre ? »

TENUE † Tu étais plus que gênée. C’était bien la première fois que tes lèvres effleurées celles d’une autre personne. Petite tu t’imaginais avoir ton premier baiser avec Ace. Il faut croire que tout ne se passe pas comme prévu dans la vie. Puisque tu venais de le « vivre » avec ton pire ennemi. Renji. Vous aviez beau passer beaucoup de temps ensemble il n’en restait pas moins, que tu ne pouvais pas oublier tout ce qu’il t’avait fait. C’est impossible. Il t’avait souillé, il t’avait mis plus bas que terre, il t’a rendu minable devant pas mal de monde ... Comment tu pourrais… C’était impossible. Et pourtant parfois tu te retrouvais à avoir de la peine pour lui ou de la compassion. Comme quand tu as vu qu’il avait peur du noir… Secouant la tête, tu essayais de ne pas y penser, ce n’était pas le moment. Là, tu devais te morfondre et pleurer ton baiser perdu. Tu n’aurais jamais cru que ton premier pseudo baisé se passe ainsi. Pas que tu sois romantique dans l’âme, mais tu aurais aimé quelque chose de plus conventionnel. Un baiser lors d’un festival… Ou alors dans le noir, au cinéma… Ou pleins d’autres endroits, plus ou moins intime. Pas dans un transport en commun ! « C’est celle-là, lève-toi vite. » Il te sortait de tes pensées. Tu te levais rapidement pour le suivre et sortir dehors à l’air frais. Ça faisait du bien. C’était moins étouffant que là-dedans… Tu le suivais, sans un mot, l’écoutant parler. Il te parlait du tatoueur. Qu’il fallait que tu lui expliques tout en détails. Tu le ferais. Maintenant que vous arriviez, tu avais un peu peur en fait… Tu avais agis sous la pulsion, tu espérais, ne pas le regretter… Entrant avec lui, tu te fis toute petite, alors que tu observais le tatoueur, qui bien évidemment, était pas mal tatoué aussi. Logique en fin de compte. Tu lui fis un petit sourire, avant de regarder Renji, attendant qu’il s’éloigne un peu, pour discuter avec le tatoueur. Tu lui montrais ton poignet gauche. Là, où tu voulais le tatouage. Tu voulais en chiffre romain, la date de naissance de ton grand-frère et la tienne. Le tatoueur, semblait comprendre ce que tu voulais. Quelque chose de lié. Que ces deux dates puissent démontrer qu’elles sont importantes. Tu le regardais dessiner rapidement sur une feuille. Intriguée et curieuse, tu regardais par-dessus son épaule, presque collée à lui. Il dessinait comme toi tu buvais ton lait le matin. Avec une telle facilité… C’était presque déconcertant. Mais c’était tellement beau… En tout cas, tu validais bien vite son dessin. Et en un rien de temps, tu te retrouvais allongée sur la table prête à te faire marquer. Ok, bon. Maintenant, il ne fallait pas avoir peur… Et ne pas partir en courant. Est-ce que ça allait faire mal ? Tu te posais tellement de question que t’en devenais blême. Tu aurais aimé que ton grand-frère soit là, tu lui aurais tenu la main à coup sûr.

TENUE † À force de venir au salon – pour lui ou ses amis – Renji s’était un peu lié d’amitié avec le gérant. Ensemble ils parlaient musique, séries et films. Parfois, il arrivait même qu’il se présente avec deux cafés, juste pour discuter. Cependant, aujourd’hui, il venait pour Opame alors il abrégea la conversation à son minimum, le saluant juste avant de s’écarter. Même s’il verrait bien le rendu final, la demoiselle ne voulait certainement pas qu’il entende les détails de ce qu’elle désirait. C’était son choix après tout. Alors l’étudiant traînait dans la boutique, parcourant les divers catalogues exposés. En ce moment, il se questionnait sur un futur tatouage sur la nuque, peut-être des écritures. Mais tant qu’il n’avait pas d’idées précises avec une vraie signification, alors il ne tenterait rien. Il n’aimait pas ça, les tatouages juste pour faire joli. Quitte à se marquer la peau, autant que ce soit pour une raison qui tient à cœur.

Tandis que Renji faisait le tour du salon pour admirer les photos exposées, le tatoueur avait déjà terminé son dessin et installé Opame sur sa table de travail. Et ce fut seulement lorsqu’il entendit la machine se mettre en marche qu’il se souvint de son premier tatouage. Il avait tellement stressé qu’il avait demandé à son meilleur ami de l’accompagner et de ne pas le laisser seul. Serrant les dents, il s’avança dans l’arrière-salle pour rejoindre la jeune fille et se positionna à son côté, lui tapotant l’épaule pour tenter de la rassurer. Il était nul dans ce genre de choses et puis il n’aimait juste pas ça. Ça lui donnait l’impression d’être mis-à-nu sur ses sentiments et même si il appréciait Opame, il ne voulait pas nécessairement tout lui dévoiler.

Le regard au loin – dans la direction opposée à la lycéenne – Renji fit une petite grimace avant de prendre sa main. Il trouvait la situation bien gênante maintenant qu’il avait ses doigts autour de ceux d’Opame mais il essayait de ne pas y penser. L’essentiel pour le moment était qu’elle ne tourne pas de l’œil ou ne panique pas. Surtout qu’elle avait choisi une zone très douloureuse, il espérait qu’elle tienne le coup. « Tout va bien se passer. T’inquiète pas. » Ce n’était qu’un chuchotement et il n’était pas certain qu’elle ait entendu mais qu’importe, il était là, assis à ses côtés main dans la main, et il n’avait plus qu’à attendre que ça passe. Ils en auraient de toute manière pour moins d’une heure, alors il saurait contenir son cœur qui battait la chamade et ses joues qui rosissaient du contact qu’ils avaient.

TENUE † Tu étais prête à te faire tatouer. Tu fermais quelque peu les yeux, en attendant que ça se passe. Que pouvais-tu faire d’autre de toute façon ? Tu étais un peu stressée en fait. Est-ce que l’aiguille allait réellement te faire mal ? Ou ça ne serait qu’un petit picotement ? Tu n’avais pas trop le temps de te poser trente-six mille questions que tu sentais la main de Renji te tapoter l’épaule. Une espèce de tentative, pour te réconforter. Tu trouvais ça presque bizarre, mais ça n’ajoutait qu’un peu plus de mystère dans cette gentillesse qu’il te donnait en ce moment. Puis finalement, c’est ta main qu’il attrapa. Tu la serras doucement, l’air de rien. « Tout va bien se passer. T’inquiète pas. » Tu essayais de te focaliser sur ces paroles, avant de finalement sentir l’aiguille sur ta peau. Tu te contractas de toute part. Le poignet, ce n’était pas une réelle bonne idée, mais maintenant que le mal était fait, tu ne pouvais pas retourner en arrière. Tu n’allais pas dire que tu voulais tout annuler pour une simple petite douleur. Tu avais connu pire de toute façon. Et celui qui t’avais infligé ça, n’était autre que celui qui te tenait la main, donc… Tu ne saurais dire, combien de temps est passé, combien de temps il a mis pour te faire le tatouage, mais quand il t’annonça que c’était fini, tu sentais un pois quitter ton corps. La douleur pouvait enfin s’en aller, pour faire place à une autre douleur, mais plus supportable. Tu regardais rapidement ton poignet, alors qu’il nettoyait ta peau, pour y coller un papier transparent pour protéger ton tatouage et ta peau quelques jours. Rapidement tu te levais en le remerciant, le tatouage était vraiment beau. Il n’y a pas à dire. Quelques instants plus tard, tu te retrouvais dehors, en compagnie de Renji. Tu te tournais vers lui, pour le remercier d’avoir accepté de payer ton tatouage. Ça ne remboursait pas tout ce qu’il t’avait fait subir, mais au moins ça compensait.