TENUE ••• Nous avions passé la journée à faire le tour de Paris, hier soir je l’ai emmené manger du cassoulet, c’était la première fois qu’il goutait et j’étais fier de lui faire découvrir des trucs que j’avais eu la chance de connaitre durant mes nombreux voyages. Le vin était super bon aussi, mais cette fois c’était les quartiers, les boutiques, les monuments, il y en avait tellement, mais on avait le temps de nous y rendre donc impossible de rester enfermer dans la chambre d’hôtel. Ce soir, c’était dans un endroit un peu plus festif que je voulais aller, une sorte de boîte de nuit où j’aimais m’amuser et boire un verre quand je passais par là avec les autres pilotes et hôtesses ou simplement des amis que je me suis fait sur place. J’avais pris ma douche, m’était préparé tranquillement en enfilant des vêtements un peu plus habillé que la mode décontractée dans laquelle je me balade depuis hier soir. Une fois prêt j’attendis que Raijû le soit aussi pour quitter les lieux, nous sommes rapidement arrivé à l’endroit souhaité, comme d’habitude c’était toujours bondé de monde, des jeunes de notre âge. Ce n’était pas une grande nouveauté, on fréquenté aussi les soirées comme ça à Tokyo, mais c’est toujours un peu différent dans les autres pays, ne serait-ce que la langue, leurs façons de se comporter, mais on s’y fait rapidement. Moi en tout cas ça ne m’a pas posé problème. Une fois notre tour je pousse Raijû à avancer devant pour moi entrer à l’intérieur, l’ambiance toujours au rendez-vous. « Viens on va se commander un verre. » Lui tapotant l’épaule, je me dirige vers le bar pour prendre une vodka redbull, laissant mon frère commander à son tour, j’attrape ma boisson en lui faisant signe d’aller dehors, il y a une terrasse, c’est bien de s’installer au frais, on entend la musique et on peut boire tranquille tout en s’entendant parler. « Alors, ta première impression. » Je ris, en m’asseyant sur un des longs bancs abrité, posant mon verre sur la table. Regardant autour, on n'était pas d’ici donc c’était difficile de reconnaitre des visages autour de nous, sauf qu’une fille saute sur le fauteuil à côté de moi en m’attrapant le bras. « Lucy !? » J’étais surpris de la revoir, elle semblait être toujours aussi tactile, regardant mon demi-frère, je fais les présentations. « Lucy voici mon demi-frère Raijû, Raijû, c’est mon ex, Lucy. » Elle se mit à me parler en français après avoir salué mon ainé. « Je ne pensais pas te revoir, tu aurais dû m’appeler pour me dire que tu venais ! » Je souris simplement, comment dire que je ne me crée pas d’attache durable à l’étranger ? ça me paraissait évident en quittant la France la dernière fois. « Au fait comment va ta sœur ? Tu m’en as tellement parlé la dernière fois ! » Comment se prendre une claque violente.

TENUE ••• La petite visite dans Paris a été un régal pour mes yeux et mes papilles, mais aussi pour mon porte-monnaie. Il y avait tellement de belle boutique avec des beaux fringues ! Moi qui ne suis pas matérialiste pour deux sous, je me suis bien éclaté à dépenser des euros. heureusement que j'ai une carte internationale pour dépenser sans faire attention à devise. Après le repas et le vin de la veille au soir, cette promenade entre monuments et grandes enseignes m'a comblé de bonheur. Le reste de la journée n'a pas été différente, voire parfois plus calme à des moments, quand nous nous posions pour respirer deux secondes. J'ai réussi à goûter une pâtisserie du nom de « profiterole » avec un café bien noir, le top du top. Les gâteaux ne sont pas aussi bon au Japon. Ou alors je n'ai pas cherché, ni trouvé, la bonne pâtisserie. En même temps, ce n'est pas le truc dont je raffole réellement. à la fin de cette journée, Hinata n'était pas au bout de ses surprises, toujours à vouloir me montrer davantage. Comme si notre sortie du matin au soir n'était pas suffisamment surprenante à son goût, fallait qu'il m'emmène en boîte. Oh, je connais ce genre d'endroit pour y aller de temps en temps à Tokyo, mais ce n'est pas pareil ici. Je ne connais personne, aucune chance de croiser une connaissance, un pote, ou qui que ce soit d'autre. Juste des visages inconnus, si ce n'est celui de mon demi-frère. Celui-ci me pousse dans le bâtiment, aussitôt agressé par la musique forte et la chaleur de la foule. Je rentre, mais suis ses directives. Prendre à boire, ok. Il commande un truc à base de vodka, et je me contente de l'imiter. Mon verre à la main, je le suis à travers le mouvement pour rejoindre la terrasse indiquée. C'est plus calme, moins bruyant. Je ne compte pas danser, de toute évidence. Donc à quoi bon rester dedans, sauf pour devenir sourd. « Vraiment bruyant. » Riais-je, venant m'asseoir à côté de lui pour siffler une gorgée de ma boisson alcoolisée. Ce sera mon seul verre pour ce soir, même si je ne conduis pas après. Nous étions tranquille tous les deux, jusqu'à ce qu'une fille saute à côté de Hinata et l'attrape par le bras. Une amie à lui ? Lucy ? Il nous présente et je tilt sur le mot « ex ». C'est son ex ? « Enchanté. » Répondis-je poliment, alors que je voulais sous-entendre à mon frangin qu'il n'avait pas le temps pour ce genre de relation. Bon, une fois qu'elle ouvre la bouche, je suis perdu. Elle parle français, impossible de la comprendre. D'un coup, je me sens à l'écart. Sirotant mon verre, mon regard perdu à l'intérieur de la boîte. Je ne sais pas ce qu'ils se racontent, mais en voyant l'expression changeante de mon cadet, je doute que ce soit réjouissante. Je tousse, pour attirer l'attention de ladite Lucy et parle en anglais. « Et donc, tu l'as rencontré comment ? » Je demande simplement, de manière courte et précise. En même temps, je lui fais comprendre que je ne parle pas Français et qu'elle va devoir user de ses années d'étude ou d'apprentissage pour me répondre.

TENUE ••• Il est certain que cet endroit est très bruyant, mais en même temps c’est un lieu où les gens viennent faire la fête, s’amuser, boire et danser, puis rencontrer des gens aussi. De mon côté je pensais surtout à passer un petit moment tranquille avec mon demi-frère, sans autre arrière pensée. Je ne m’attendais pas à voir une de mes « exs » ici, je la nomme ainsi, mais disons qu’elle est l'une de ses filles dont j’avais parlé à Raijû, celle que je rencontre lors de mes voyages, profite et m’en vais en laisser l’histoire derrière. Lucy est une fille gentille, on a parlé durant mes précédentes visites, mais ce n’est rien de sérieux, ça ne l’a jamais été, je la présente par politesse. Sauf qu’il fallait qu’elle parle d’un sujet sensible, ma petite sœur. mon silence ou mon expression doit surement être suffisant pour montrer mon désarroi à ce moment sans avoir à utiliser de mot, pas besoin de parler français pour lire sur les traits de mon visage. Raijû prend la parole et me sort de mes pensées, regardant la jeune fille qui répond en anglais approximatif. « Ici, durant l’un de ses voyages. » Je pose mon regard sur mon frère. « C’est l’une de mes « histoires » dont on a parlé l’autre jour. » J’ai répondu en japonais donc elle ne sait pas ce que je viens de dire pensant que j’ai simplement traduit ses paroles dans notre langue. Pourtant je ne me sens pas au top, me faire repenser à ma sœur n’est pas le meilleur moyen pour que je me sente aussi bien qu’en arrivant. Lucy me colle un peu plus en passant ses bras autour de mon cou. « Tu aurais dû prévenir que tu revenais. » je souris en buvant plusieurs gorgées de ma vodka, histoire de me « détendre » un peu. « Elle m’a demandé comment allait Noa. » Ajoutais-je en souriant à Raijû, lui seul peut comprendre, mais je ne vais pas m’effondrer, je suis bien plus fort désormais. Ça m'a surpris et je n'aime pas dire que ma soeur est morte, mais c'est une réalité à laquelle je dois me faire. Lucy ne comprend pas ce qu'on raconte et ça semble la vexé, elle devient plus câline et fait même la moue en me faisant comprendre de ne pas la mettre de côté.

TENUE ••• J'aime bien l'ambiance des night club, même si ce n'est pas mon endroit préféré. Y a beaucoup trop de bruit et de monde, mais je n'ai pas pu refuser l'invitation de mon demi-frère, parce que je n'avais aucune raison de le faire. Au final, on se trouve un coin plus calme, jusqu'à l'intervention d'une fille qu'il présente comme étant son « ex ». Ou un coup d'une fois ou deux. Il m'a parlé de ses aventures durant ses voyages, mais je croyais que ce n'était rien de très sérieux. Sauf que cette fille semble trop attaché au pilote. Si ça me déplait ? Pourquoi ça devrait ? Il fait ce qu'il veut, hein. Le truc qui m'agace un peu, c'est de ne pas comprendre ce qu'ils se racontent, parlant en Français. Parler anglais au moins ! Je le fais comprendre en prenant la parole et en interrogeant la jeune fille. Ici. C'était évident. « Dans ce club ? » Non parce que Ici à Paris, je l'ai bien compris. Une de ses histoires, ok ok. J'hoche ma tête mais ne dit rien de plus. Une aventure rapide, sans lendemain. Pourquoi vient-elle le voir ? Pour recommencer ? Sauf que je suis avec lui cette fois et je ne serais pas ravi que mon frère me délaisse pour tirer un coup. Je ne suis pas venu ici avec lui pour compter ses conquêtes, qu'il le sache. Pourquoi est-ce que ça me turlupine tant ? Je n'ai pas mon mot à dire non plus. La jeune fille se met à coller Hinata, ses bras autours de son cou. Je les observe, calmement. Je détourne finalement mes yeux, peut-être que j'entre dans un cadre intime. J'en sais rien. ça me gave doucement en fait. Noa ? Mes yeux reviennent vers lui, toujours silencieux. Pourquoi ne fait-il rien ? Elle devient embêtante. Je souffle par les narines, pose mon verre sur la table et me lève subitement. Je n'ai aucun compte à rendre à cette fille, donc merde. Attrapant le bras de mon demi-frère, je force à peine la Lucy à dégager ses bras de lui pour le tirer à moi. « Il est avec moi ce soir. Désolé. » Fis-je, lui accordant un simple sourire faussement désolé avant de tirer Hinata à l'intérieur. Je préfère le bruit des enceintes, plutôt que cette fille qui le colle. Au moins, il échappe à ses questions sur notre soeur. Nous sommes là pour nous changer les idées, pas pour penser à des choses déprimantes. Finalement, je traverse la foule pour nous diriger vers les toilettes, ne sachant pas vraiment où me rendre.

TENUE ••• Je ne compte pas lâcher mon frère pour tirer un coup, franchement ce n’est pas mon genre. Lucy est collante, mais ce n’est pas étonnant, elle m’a fait du rentre-dedans la première lors de notre rencontre, pour ma part je ne faisais que profiter, sans attache, sans contrainte, la liberté. Je ne sais pas ce que pense Raijû, surement pas grand-chose, après tout pourquoi tout cela le dérangerait, nous sommes frères. Certes, j’aimerais être tranquille et je parle en japonais pour éviter qu’elle puisse traduire mes mots, souriant à mon ainé alors qu’au fond ça me blesse, parler de Noa est toujours un sujet sensible, c’est bien pour cela que je n’ai pas répondu à sa question, celle sur la santé de ma sœur, après tout elle n’est plus ici... Plus nulle part aujourd’hui, si ce n’est dans les étoiles. Lorsque Raijû retire les bras de Lucy et me tire vers lui je mentirais si je disais que l’espace d’une seconde cela ne m’a pas surpris. Je pense que la jeune fille n’a rien pigé à l’attitude soudaine de mon grand frère, qui d’ailleurs m’éloigne un peu plus pour entrer à l’intérieur, traversant la foule jusqu’à se retrouver dans les toilettes des hommes, bien entendu. Je le regarde comme si je m’attendais à ce qu’il dise un truc. « Tu as fait tout ça pour que je n’ai pas à parler de Noa ? » Je souris, me doutant que ce soit surement l’intention première qu’il ait eue. « Ou alors tu te sentais mal à l’aise de me voir avec une fille dans les bras ? » Je ris, me disant qu’être démonstratif n’est pas dans nos habitudes donc il y a peut-être sa pudeur intérieure qui a été heurté, ce qui me fait rire rien qu’en y pensant. « Enfin, je dois avouer que j’ai eu l’impression qu’elle était prête à remettre le paquet ce soir pour m’avoir » Je souris en venant faire couler l’eau du robinet, nous sommes seuls dans les toilettes pour l’instant, la musique est un peu moins forte ici et aucune fille ne rentrera nous rejoindre. « J’aurais peut-être dû choisir un autre endroit. »

TENUE ••• Hinata fait ce qu'il veut, je ne compte pas le restreindre au point d'agir, mais c'est vrai que cela m'agace. Rien que l'idée qu'elle soit là et qu'elle soit entre nous deux, surtout. N'a-t-elle pas des potes ? Des amies ? J'en sais rien moi ! Quelqu'un pour l'empêcher de venir gâcher notre soirée entre frère. Je n'ai rien contre les gens, tant qu'ils ne font pas de mal ... Mais là, elle est trop collante. Conquête d'un soir ou pas, on dirait presque qu'elle a envie de le demander en mariage. Cette Lucy est au courant pour Noa, du moins pour son existence, parce qu'elle ignore son décès. Hinata ne montre rien, mais je sais qu'un tel sujet le blesse. C'est bien pour cela que je vire les bras de cette fille et tire mon demi-frère à moi. Elle a été gentille de le saluer, maintenant faut qu'elle s'en aille. Je n'aime pas jeter les gens, je préfère me barrer. Vers les toilettes des hommes, mon seul échappatoire pour ne pas qu'elle nous suive. Ce pot de colle. Maintenant que nous sommes là, je n'ai plus rien à faire, ni à dire. Puis je réalise que j'ai agis trop vite, sans demander l'avis à mon cadet. Celui prend la parole et je déglutis discrètement, ne laissant rien paraître d'inhabituel. « Peut-être un peu des deux. » Mentir n'est pas mon style, je ne sais pas faire. Je suis trop honnête, encore plus avec lui. Le sujet était dérangeant, mais son comportement envers Hinata davantage. « Tu n'aurais pas dû la laisser faire aussi facilement, elle va se faire des idées. » Monsieur fait la morale à son petit frère, sans se rendre compte que sa façon de faire pourrait laisser croire autre chose. Le paquet ? Je me renfrogne, mais de manière si délicate qu'on remarque à peine mon froncement de sourcil ou le pincement de mes lèvres. « C'est bien ce que je disais, elle espérait quelque chose. » Qu'il n'aurait pu lui donner, puisque j'étais là avec lui. Il aurait pu lui donner rendez-vous pour plus part, un autre jour, ou peu importe... Mais je n'ai pas laisser faire. « Ce n'est pas l'endroit qui me dérange, mais les gens que l'on croise. » Bah, pourquoi d'ailleurs ? ça ne devrait pas m'embêter plus que ça ... Il a ouvert l'eau, j'en profite pour passer mes mains sous le robinet et me rincer le visage. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait tout ça, ni pourquoi je parle de la sorte. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? La vodka me serait monté à la tête ? Je souffle, me regardant dans le miroir. Je suis toujours le même. Même tête, même coiffure, même allure. Toujours le même Raijû en apparence, mais qu'en est-il à l'intérieur.

TENUE ••• Je n’en veux pas du tout à mon frère pour avoir agi de la sorte, en fait il m’a sauvé car je n’avais pas envie de passer la soirée ainsi. S’il n’avait pas fait ça en me tirant loin de Lucy j’aurais surement dit quelque chose ayant pour but de passer une soirée entre frère et rien d’autre. Je ne suis pas venu ici pour tirer un coup, autant être clair. Puis parler de Noa est encore un sujet trop sensible, surtout avec des personnes qui ne pourraient comprendre ce que je ressens. Dans les toilettes j’interroge mon ainé en souriant devant sa réponse. « Je fais plus viril avec une fille dans les bras, tu as réalisé que j'étais un homme ? » Je me moque, mais c’est seulement une plaisanterie, tout comme je fais part de ce qu’elle pourrait avoir derrière la tête, comme remettre les couverts ce soir avec moi, faut croire que je suis inoubliable comme coup d’un soir haha. « Même si elle espère, je ne suis pas disposé à lui donner ce qu’elle souhaite. Pas ce soir en tout cas.» Mon sourire sur le visage, je parais détendu, mais le suis-je vraiment ? Qui sait. Je me dis que j’aurais dû l’emmener dans un endroit plus calme, là où je n’aurais pas croisé des exs en buvant un verre, mais après comment savoir qui je vais rencontrer ? Je n’avais rien prévu. Les gens qu’on croise ? « ça t’embête tant que ça de rencontrer mes exs ? » Je le taquine, profitant qu’il ait terminé de se rincer le visage pour en faire de même, avec la chaleur à l’intérieur de la boîte ça fait du bien,, mais du coup je ne sais pas trop ce qu’il veut faire. « Qu’est-ce qu’on fait ? On reste dans les toilettes toute la soirée ou on retourne à notre place ? » Ou peut-être pas. « Ne t’inquiète pas grand frère, je resterais sage~ » Je le nargue, riant de plus belle avec une touche d’innocence, ne réalisant pas que Raijû est dans un certain conflit interne.

TENUE ••• Cette fille m'a agacé, je ne sais pourquoi, mais je ne voulais pas rester en sa présence plus longtemps. Ne dit-on pas que le coeur a ses raisons que la raison ignore ? Bah voilà, j'ai agis en suivant mon coeur sans savoir pourquoi. Une fois dans les toilettes, je peux souffler et réaliser que ma réaction était peut-être un peu trop osé ? Déplacé ? Dans tout les cas, ce n'est pas une réaction de grand frère. « Je n'ai pas besoin de ça pour savoir que tu es un homme. » Répondis-je en pointant son entrejambe de la main, d'un geste nonchalant, presque indifférent. Il a quelque chose entre les jambes qui me poussent fortement à croire qu'il est un homme, je n'ai pas besoin d'une mise en scène pour le comprendre. Hinata plaisante, pourquoi est-ce que je réponds sérieusement ? On dirait presque que je cherche à me justifier. « Et un autre soir alors ? Si je n'étais pas avec toi, tu aurais saisi l'occasion ? » Je l'interroge, mais dans le fond, c'est sa vie. Je dis juste que j'ai gâché la possibilité qu'il se retrouve avec l'une de ses exs. Franchement, il ne perd rien. Une ex devrait justement rester qu'une ex, rien de plus. Faut jamais revenir en arrière, ni laisser une porte ouverte. Ce n'est pas l'endroit le problème, ce sont les gens que l'on croise. Ce que je viens de lui rétorquer, aussi facilement qu'un bonjour. « Et si je dis oui ? » Pour quoi est-ce que je passe ? Un demi-frère indigne ? Jaloux ? Protecteur ? J'en sais trop rien si j'ai tout simplement envie de le protéger d'un poison ou l'empêcher de renouer avec quelqu'un dans ce genre juste pour le garder avec moi ... Je ne sais pas. C'est confus dans l'immédiat. Me rinçant le visage, je tente de remettre mes idées en place. « Si elle est toujours là, changeons de place. » Il doit forcément y avoir d'autres coins au calme. Je ne veux pas empêcher mon frère de s'amuser, ni le faire quitter le club par caprice. Ce n'est pas mon genre, d'habitude je m'en ficherai. « Toi oui, mais je doute des autres. » Son ex n'est qu'un grain de sable dans l'immensité du désert. Il y a des tonnes de fille dans cette boîte de nuit, des tonnes de potentiel futur conquête. Un pilote d'avion, ça doit créer des fantasmes étranges dans leurs petites têtes vides. « On aurait dû se faire un resto. » Marmonnais-je soudainement, glissant mes mains mouillées dans mes cheveux.

TENUE ••• Je ne peux pas m’empêcher de rire quand il montre mon entrejambe avec son doigt, je le fixe simplement avec se rire qui exprime beaucoup moins de sérieux que mon grand frère fait preuve. « Tu m’as déjà vu nu ? » Je fais genre de réfléchir, mais quelle importance ? Je plaisante encore, bien sur que je suis un homme ! C’était juste une façon de dire qu’il n’est pas habitué à me voir en compagnie d’une fille, que ce soit ex ou potentiel copine. « Ça va me faire bizarre aussi quand tu vas ramener ta petite amie et jouer les lovey-doveys avec elle ~ » Je le taquine, mais je préfère cette ambiance avec mon ainé que n’importe quelle autre conversation ou situation qui pourrait m’attendre de l’autre côté de cette porte. « Je suis un homme, j’ai des besoins aussi. » Donc oui, j’aurais pu coucher avec elle si j’étais seul, mais ce n’est pas le cas et de toute façon j’en ai aucune envie pour l’instant. En tout cas ça semble gêner mon ainé de rencontrer mes exs et il ne le nie pas d’ailleurs, je souris et hausse les épaules. « Tant que ce ne sont que les exs qui te dérangent. » Je ne le prends pas mal, en fait j’ai l’impression que Raijû est juste protecteur envers sa famille, comment lui reprocher ? « Bien chef. » Ayant mis ma main au garde-à-vous pour le fun, je ne suis pas difficile, tant que je peux passer un bon moment avec mon demi-frère, c’est le but de ce voyage après tout, nous sommes ici pour passer du temps tous les deux, apprendre à se connaitre encore plus et je veux apprécier chaque instant, pas me retrouver dans une tension inutile. « Tu es bien un ours, tu penses qu’à manger. » Je lui tire la langue, le narguant ouvertement. « On peut aller manger si tu préfères, ça ne me dérange pas de changer d’endroit. » Même si j'avais envie de boire quelques verres supplémentaires.

TENUE ••• Si je l'ai déjà vu nu ? C'est une question ? Je hausse des épaules mais ne répond rien. Nous vivons sous le même toit depuis des années, forcément que j'ai déjà croisé Hinata à moitié à poil ou peut-être complètement à poil. Ce n'est pas le genre de souvenir que je garde en mémoire. Généralement, on étale pas nos conquêtes ou nos petites amies comme on pourrait se vanter de nos exploits. Ce n'est pas le genre de truc que l'on se raconte autour d'un repas de famille. Maintenant que j'y pense, avant la dernière fois, Hinata ne m'a jamais parlé de copines, etc. Ni moi d'ailleurs. Ce n'était pas un sujet abordable entre deux frères qui ne se supportaient pas et quand on a réussi à s'apprécier, c'était pour discuter de nous, pas des autres. « Qui dit que je la ramènerai à la maison ? » Justement, j'ai un peu zappé la serveuse du café à côté de mon salon de tatouage, celle que j'ai nommé la fois dernière comme étant plus proche d'elle depuis peu. « Ravi de le savoir. » Qu'il est un homme et qu'il a des besoins comme tel. J'ignore pourquoi je suis tant dérangé à l'idée de tomber sur ces filles qu'il a aimé ou juste côtoyé. Jalousie ? C'est mon frère. « Qui d'autres ? » ça sent la mauvaise surprise dit ainsi. Est-ce vraiment mon instinct protecteur qui joue contre moi ou ma simple possessivité ? Pourquoi serais-je possessif avec mon demi-frère ? Je dois juste vouloir l'empêcher de tomber dans le panneau ou de souffrir avec une ex. Souriant à ses paroles et à son geste, je hoche doucement ma tête. « Il n'y a pas que les ours qui pensent à manger. » Répliquais-je, comme si c'était le seul animal de la chaîne alimentaire à penser qu'à son bide. « Je ne disais pas ça pour maintenant. » On peut rester là, puisque nous sommes sur place, autant en profiter. Je n'oblige pas Hinata à bouger ou à changer d'endroit, ce n'était qu'une plainte parmi tant d'autre. « Retournons boire. » Ajoutais-je simplement, montrant la porte des toilettes d'un mouvement de menton.

TENUE ••• C’était une blague, pas une question sérieuse, dans tous les cas je ne sais pas vraiment comme on en est à avoir cette conversation, mais je sais que Raijû veille sur moi, depuis la mort de Noa, il est à mes côtés et me soutient, bien avant déjà il était présent, mais suite à ma crise légèrement suicidaire il a vraiment su me permettre de tenir debout et au fond, peut-être qu’il s’inquiète simplement qu’une chose de ce genre se reproduise . Ou que je force trop à jouer les forts ? Je suis reconnaissant de son attention, mais je vais bien, je le taquine plus qu’autre chose en réalité. « Si c’est sérieux, tu voudras surement la présenter à la famille non ? » Raijû aime sa famille plus que je ne saurais l’exprimer et il sait que chacun d’eux, chacun de nous avons besoin de lui, il pourrait vouloir partager ce « monde » qu’est le sien avec la personne qu’il aime. Qui d’autres ? « Qui sait ? » Je souris sans en dire plus, pour le moment je n’ai personne en tête, je ne sors avec aucune fille, je ne suis d’ailleurs pas sérieux avec, ma seule relation sérieuse remonte déjà à un bon moment, désormais je ne me prends pas la tête et vis comme ça vient simplement. Lorsqu’il parle de manger, je le traite d’ours, comme d’habitude. Il y a des choses qui ne changent pas. « Sauf que la seule chose que je vois, c'est un ours. » Lui décochant un clin d’œil je suis ravi qu’il décide de rester, je n'avais pas l’intention de me bourrer la gueule, mais boire quelques verres va nous détendre et puis autant en profiter, on ne fait pas la fête tous les soirs. Guidant mon frère jusqu’au bar, on n'a pas besoin de retourner dehors s’il ne veut pas croiser mon ex à nouveau. Commandant une bonne bouteille d’alcool et de petit verre exprès pour les culs secs. « Alors, tu relèves le défi ? » Faut se laisser tenter des fois, puis il m’a l’air un peu tendu l’ainé.

TENUE ••• Hinata a beaucoup souffert avec la perte de Noa, je l'ai vu passé par différente crise, différent sentiment. Quand il a failli se faire écraser par cette voiture, j'ai eu la peur de ma vie. Il a remonté la pente, pas à pas, petit à petit, mais ceci n'empêche pas cela. Il pourrait rechuter, rien qu'avec une simple question de politesse. à savoir si je l'ai vraiment éloigné de cette fille à cause de ça, c'est une autre histoire, parce que moi-même je l'ignore. Sur le coup, ça ne me faisait rien qu'elle lui parle ou qu'ils se parlent, mais à force de les entendre, ça m'a gavé. Pourquoi parle-t-on de moi tout d'un coup ? « Certainement. » Mais ma façon est tout, sauf motivé. C'est ce que l'on fait généralement quand une relation se concrétise, quand ça devient vraiment sérieux, mais je ne peux pas dire que ce soit le cas avec elle. Je l'aime bien, elle est sympathique, mais ce n'est que le début d'une longue relation. Présenter une fille à ma famille n'est pas si simple, rien que le nombre de membre pourrait donner le vertige. ça tourne un peu en rond. Hinata n'a personne dans sa vie, ni dans sa tête, mais plutôt que de le formuler ainsi, il tourne autour du pot. Je hausse mes épaules, l'air de dire que ce n'est pas important. « T'es chiant. » Fis-je, à toujours insister sur ma « nature » d'ours. Je ne parlais pas du restaurant parce que j'ai envie de manger, c'était juste une idée différente d'une sortie en boîte où j'aurai été sûr de ne croiser aucune de ses exs. Finalement, on s'engouffre à nouveau dans le club, se dirigeant vers le bar où il commande à boire. « Je relève toujours le défi. » Je tiens très bien l'alcool, s'il pense se débarrasser de moi si facilement. Je le laisse servir, prenant un des verres quand celui-ci est plein pour le vider cul sec et le claquer sur le comptoir. J'ai une bonne descente aussi, même si je ne bois pas aussi souvent que les jeunes de mon âge.