Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’altercation du sportif avec Keith et son meilleur ami du nom de Miyabi, et malgré le fait que plusieurs jours étaient passés depuis Min Hui ne pouvait s’empêcher de penser à lui. Enfin, surtout à son visage, ce visage si particulier qui n’avait de cesse de le hanter depuis cette nuit-là. Ainsi malgré toutes les volontés du monde le chinois s’était plutôt montrer assez distant dans les jours qui suivirent, il s’était alors muré dans un silence inquiétant, s’éloignant même de son ami Nagisa durant les quelques heures qu’ils partageaient ensemble pour tout simplement éviter les questions si jamais Keith avait eu l’incroyable idée de parler de tout ça avec lui. C’est donc un Min Hui particulièrement tête en l’air qu’avait dû supporter ses collègues pendant ce laps de temps, et tant bien même il faisait tout pour ne pas se laisser totalement aller son subconscient en venait toujours à faire survenir le visage de Miyabi dans son esprit. Et c’est ainsi qu’une bonne dizaine de verres avaient finit à la poubelle, et que le chinois n’avait de cesse de tourner subitement la tête vers la porte à chaque fois que celle-ci laissait entrer un nouvel arrivant, comme s’il surveillait la présence de ce fameux Miyabi. Mais Min Hui ne l’avait jamais revu, du moins jusqu’à ce soir. Ce soir, il acheva son service à une heure assez tardive et après avoir lavé la vaisselle et rangé la pièce il s’était dirigé vers les vestiaires pour se changer et tout aussi rapidement quitter le bar en dernier, après tout ce soir il était celui qui avait pour objectif de fermer celui-ci. Alors lorsqu’il se retrouva seul dans la pièce il laissa s’échapper un soupir, avant de se diriger vers le bar pour venir y prendre une bouteille de saké éaprès avoir bien entendu payée celle-ci en glissant l’argent dans la caisse. Ensuite, il vient décapsuler la bouteille portant le goulot de celle-ci à ses lèvres afin d’en boire une gorgée avant de quitter le bar, et tandis qu’il venait insérer la clé dans la serrure il l’aperçu. Lui. Surpris il sursauta les clés lui échappant tandis que par miracle la bouteille resta entre ses doigts, alors soit Min Hui était vraiment attaché à sa bouteille soit il s’agissait d’un signe du destin pour lui dire de se bourrer la gueule, là maintenant tout de suite. Et c’est ce qu’il fit, venant vider rapidement la bouteille sans un mot envers le garçon, et une fois celle-ci vide il vient fermer les yeux laissant s’échapper de légers grognements de ses lèvres sous la légère brulure avant de se retourner vers son cauchemar et à son plus grand malheur il était encore là. « Putain t’es vraiment là … Dégage. Vraiment. » lui dit-il en venant abandonner la bouteille dans une poubelle, avant de prendre la route en silence espérant que le jeune homme s’en irait dans une autre direction.

TENUE ღღ Depuis ce qui s'est passé l’autre soir j’avoue que ça me travaille assez, je ne comprends pas pourquoi ce mec m’a regardé ainsi, sa colère, sa rage, sa tristesse aussi, peu importe les émotions que je voyais passer sur son visage, j’étais celui qui les avait déclenché. Je n’ai pas pu trouver de réponse et je dois avouer que ça me frustre, vraiment, beaucoup. Toute la semaine j’étais occupé la journée avec mon petit frère et mon ainé, ainsi que d’autres activités ici et là, le soir j’avais mes strip-teases à gérer et j’étais totalement crevé quand j’avais terminé, de ce fait j’ai attendu d’avoir un moment pour venir sur place, devant ce bar où ce gars bosse. Je ne suis pas entré, j’ai attendu dehors, sachant qu’il devrait avoir bientôt fini, j’ai seulement pu l’entrevoir à l’ouverture de la porte, une fois que j’étais sûr qu’il était présent, je n’avais plus qu’à patienter qu’il sorte de là pour l’interroger. Keith n’est pas là ce soir pour gérer la situation, je suis le seul à devoir y faire face et quand enfin sa silhouette s’impose à moi, son regard croisant le bien, ses clefs lâchées, je soupir… On dirait que ça ne va pas mieux hein ? Puis le voir descendre la bouteille, il va se saouler la gueule pour ne pas me voir. Je fronce les sourcils, jusque-là j’ai gardé le silence, attendant d’avoir une réaction verbale de sa part. Je relâche mes épaules quand il prend enfin la parole, me dire de dégager semble devenir une habitude chez lui. « Honnêtement je ne comprends pas. » Commençais-je en le suivant de quelques pas derrière.  « Je n’aime pas ça, pourquoi tu as peur de moi ? Je ne te connais pas, on ne s’est jamais vu, ça me frustre tu sais. » Je m’arrête de marcher en croisant les bras. « Tu n’as pas l’air d’être quelqu’un de faible et pourtant tu agis comme si je pouvais te faire du mal, c’est incompréhensible. » Lâchais-je, accélérant le pas pour lui faire face, le regard droit dans le sien. « Hey, minuit ! Qu’est-ce que je t’ai fais ? Dis-moi. »  Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot et je suis plutôt bavard quand je m’y mets, collant aussi.  Dommage pour lui, il va avoir du pain sur la planche avec un gosse comme moi.

« Putain fais chier j’ai oublié mes clés ! » s’écrit alors soudainement le sportif, tandis que sans un regard pour son nouveau compagnon de route qu’il croisa quelques pas dernière il se pencha pour ramasser ses clés avant de soupirer en le sentant à nouveau encore à ses côtés. C’est que Miyabi ne comptait pas le lâcher…  « Tu vas vraiment me coller au cul toute la soirée où tu comptes dégager au bout d’un moment ? » demanda-t-il en faisant enfin face au jeune homme, du moins quelques secondes seulement puisque tout aussi rapidement qu’il s’était approché le jeune homme s’était reculé pour faire à nouveau demi-tour, les mains légèrement tremblantes . Avec un peu de chance s’il prenait l’autre route, le japonais arrêterait de le suivre. Triste illusion, il était bien décidé à obtenir des réponses. Réponses que Min Hui avait bien décidé de ne pas lui donner, alors il le laissa parler à son plus grand malheur, essayant d’oublier sa présence avant que celle-ci ne devienne trop envahissante et qu’il ne s’arrête dans sa course, pour à nouveau observer le garçon.  « ça ne te regarde pas d’accord ? » lui lance alors froidement le sportif avant de reprendre la route, pour tout aussi rapidement se la faire couper par le jeune japonais, ainsi obligé de s’arrêter Min Hui ancre alors son regard sur le visage de celui-ci reculant instinctivement d’un ou deux pas avant de froncer les sourcils sous le surnom que lui affuble le jeune homme.  « Ne m’appelle plus jamais comme ça. T’es pas mon pote c’est clair ? » lui répond alors Min Hui avant de s’approcher de lui s’apprêtant à le pousser avant que son regard ne croise celui de Miyabi, et que par peur il ne recule à nouveau abaissant immédiatement sa main.  « Dé … Dégage. Laisse-moi tranquille ! » s’écrit-t-il à en tentant à nouveau de le fuir, faisant pour la troisième fois demi-tour pour soudainement s’arrêter dans son élan, le regard planté dans le vide, son dos étant la seule chose que pouvait voir le japonais.  « Je crois avoir déjà assez souffert comme ça cette nuit-là et je commence à peine à m’en remettre alors ne rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont. Fais simplement demi-tour et j’oublierai tout de toi …  Je t’en prie disparais de ma vie pour toujours. »

TENUE ღღ Ses clés ? Ah oui c’est vrai ! Je le regarde faire sans un mot, j’ai déjà dit ce que je faisais ici, du moins je tente de le lui faire comprendre, c’est peut-être idiot d’insister, mais je suis quelqu’un qui a des principes et une façon de voir les choses, moi aussi j’agis en tant que tel et je pense que j’ai le droit d’interroger ce garçon pour ce comportement qu’il a envers moi. N’est-ce pas un manque de respect aussi, sa façon de se conduire et de me traiter ? Il m’a « agressé » dans le bar, j’aurais très bien pu porter plainte pour ça ou que sais-je, mais je ne suis pas de ceux qui veulent mettre des bâtons dans les roues des gens, j’ai déjà bien assez à faire avec mes propres problèmes… Pourtant, je ne me sens pas bien non plus, je n’oublie pas cette soirée, je ne passe pas à autre chose, tant que je n’aurais pas de réponse je pense qu’il me sera difficile de tourner la page ou de me dire que je n’ai rien fait. « Je ne partirais pas tant que je n’aurais pas mes réponses tu sais. » Dis-je à sa question, quand je me plante devant lui, l’interrogeant clairement sur ce que je veux savoir, il me repousse à nouveau, c’était à prévoir bien entendu. « Je pense que si ça me regarde. Tu m’as impliqué ce soir-là et tu continues de le faire en me rejetant, m’évitant comme la peste, me regardant comme si j’étais un monstre… » Quant au surnom. « On dirait que tu as encore du répondant ô magnifique Min Hui. » Me moquais-je gentiment en ressortant la manière dont il s’est présenté le premier soir où je l’ai « rencontré ». Me trouvant face à son dos après un énième dégage que je ne compte plus à force, je soupire et secoue la tête, gardant mon regard sur cette personne en l’écoutant. « Tu es un gars égoïste hein ? » Je fais un pas vers lui, reprenant. « Tu ne penses qu’à toi, tu as souffert ? Tu veux tout oublier de moi ? C’est difficile hein ? » Ça me frustre tellement de l’entendre parler comme s’il était le centre de tout. « Tu ne penses pas à ce que je ressens moi ? Tu crois que ça me fait plaisir de me faire agresser dans un bar ? De me faire traiter comme une merde ? Tu penses que je n’ai pas mes propres souffrances moi aussi ? Tu ne me connais pas et tu m’as déjà jugé coupable de je ne sais quels actes traumatisants, j’ai besoin de réponse. » M’écriais-je à mon tour. « Si tu me frappes ça va te soulager ? Si tu me cris dessus tu iras mieux ? Je ne te connais pas, mais ça m’énerve vraiment. » Cette situation. « Si tu veux que je te laisse tranquille pourquoi ne pas m’affronter ? Tu n’as qu’à être plus convaincant dans ta façon de me repousser au lieu de fuir et de répéter « dégages, dégage » sans cesse. » Vais-je l’énerver ? Peut-être que c’est la meilleure chose à faire ? Au moins je ne suis pas là à fermer ma gueule ou à fuir.

La mâchoire serrée, le jeune sportif ne détache pas son regard du japonais l’écoutant attentivement avant de siffler d’agacement entre ses dents détournant le regard un instant avant de lancer d’un ton des plus dédaigneux. « Parce que tu l’es. T’as le visage d’un monstre. » lui dit-il le regard plus noir que jamais tandis que la seconde suivante Min Hui lui fait remarquer qu’eux deux ne sont absolument pas des amis et à nouveau la réponse de Miyabi ne semble pas plaire au sportif qui ne fait que le tuer du regard un peu plus encore avant de tourner le dos et reprendre la route, pour s’arrêter subitement au bout de quelques pas reprenant alors la parole pour une dernière fois lui demander, non le supplier de partir. Mais Min Hui ne s’attendait absolument pas à une telle réponse, et sous ses mots il se retourne subitement, la haine et la colère venait illuminer ses yeux tandis qu’il est rapide à se rapprocher du jeune homme pour subitement le pousser vers une ruelle adjacente. Et tout aussi vite sa main vient s’enrouler autour du cou frêle du jeune homme, et il se met à serrer, doucement s’enroulant autour de lui comme un serpent sur sa prise tandis qu’il murmure. « Parce que vouloir se protéger c’est être égoïste ? Parce que vouloir oublier le visage de celui qui a ruiné ta vie entière c’est être égoïste ! » hurle-t-il fou de rage, des larmes commençant à se former aux coins de ses yeux tandis qu’il commence à serrer un peu plus revoyant encore et encore ce même visage. Celui de son plus grand cauchemar. Et à cet instant précis, il veut le tuer. Le faire disparaitre de sa vie. « Et toi Miyabi, n’est tu pas égoïste ? Au lieu de disparaitre de ma vie, tu restes là encore et encore, tu me rappelles cette nuit, tu m’empêches de dormir, tu me fais souffrir encore et encore mais à part ça c’est moi l’égoïste !» cri-t-il avant de relâcher subitement sa prise autour de son cou, reculant en se rendant compte de son acte. « Je … Oh mon dieu … » murmure-t-il les membres tremblants tandis qu’il se recule encore et encore « Je … Je suis désolé … Je ne sais pas … » commence-t-il avant de venir prendre son courage à deux mains pour se rapprocher du jeune homme et faire glisser ses mains sur son corps, vérifiant son état tout en ne cessant de murmurer des excuses. « Je suis désolé, je suis désolé … Je … Je ne voulais pas. » dit-il ne remarquant même pas les larmes qui s’étaient mise à dévaler ses joues. « Je … Allons à l’hôpital ! » propose-t-il, le visage soudainement marqué par l’inquiétude d’avoir réellement blessé quelqu’un dans ses excès de colère, et à cet instant précis il oublie le visage de celui ayant ruiné sa vie, il oublie un instant toute son histoire pour se concentrer uniquement sur lui. Sur cet idiot de Miyabi.

TENUE ღღ Je peux entendre que je ne suis pas au gout d’une personne, que je ne fais pas viril, même que je suis moche car au fond je ne prétends pas plaire à tout le monde… Pourtant, me dire que j’ai le visage d’un monstre ne me laisse pas indifférent, je ne saisis pas, je me sens heurté dans mes sentiments. Comment on peut traiter quelqu’un ainsi et ne pas s’expliquer ? Comment peut-il me parler de cette façon et me dire ensuite de dégager, il est en train de me blesser alors que je suis innocent, tout comme lui je suppose, mais est-ce une raison pour s’en prendre à quelqu’un qui n’a rien fait ? Mon seul crime serait d’insister, mon seul crime serait de vouloir des réponses, combien dois-je payer pour ça ? Lorsqu’il m’attrape le cou, je ne m’y attendais pas, ça m’a surpris et je ressens autant sa colère, sa rage entre cette main qui se resserre et m’empêche de respirer ou du moins non sans douleur. Chopant son poignet avec mes deux mains, j’arrive tout de même à jeter une nouvelle phrase, en le fixant avec droiture malgré la situation. « Ce visage que tu veux oublier, ce n’est pas moi ! » M’écriais-je. Je n’ai pas détruit sa vie. Je n’ai rien fait. Je suis peut-être égoïste moi aussi, mais je ne sais rien de cet homme, il pourrait m’inventer une histoire que je la croirais, bien que je veuille la vérité. Je veux juste qu’il me regarde et accepte le fait que je ne suis pas celui dont il doit avoir peur, je ne suis qu’un gamin qui survis à chaque jour comme tout le monde, je ne m’apitoie pas sur mon sort et me bats contre vents et tempêtes en tenant debout. Ça fait mal, je manque de souffle devant son geste, ce n’est que lorsqu’il me lâche que je reprends ce dernier à grosse inspiration, toussant par la même occasion en glissant mes doigts sur mon cou, une larme coulant non de tristesse ou de peur, mais juste à cause de l’incident. Grimaçant, je lève les yeux humides sur lui. « Tu me parles d’une nuit, d’un cauchemar, mais tout ça je n’y suis pour rien. » Insistais-je, à force il va peut-être le comprendre. Toussant encore, il semble subitement inquiet par ce qu’il a fait, l’entendant s’excuser à plusieurs reprises. « Non, ça va. » Pas besoin d’aller à l’hôpital. « Si tu me tues, tu penses que ça va t’aider à oublier ? » Dis-je subitement avec calme et sérieux.

Tandis que les doigts du sportif se resserrent encore et encore autour du cou fragile du jeune homme celui-ci vient maladroitement et difficilement déposer ses deux mains autour de son poignet, et sous ce simple geste Min Hui a un bref sursaut de peur tandis que très vite il resserre ses doigts. Mais pas assez vite pour étouffer cette phrase, cette simple phrase qui le ramène subitement sur terre et qui l’incite à lâcher le garçon quelques secondes plus tard et tandis qu’il se rend finalement compte de son acte Min Hui ne peut s’empêcher de glisser ses doigts sur la peau du japonais comme pour y déceler la moindre source de mal être. Mal être qu’il a lui-même engendré, et pendant un instant il en oublie sa haine pour se concentrer sur Miyabi, uniquement sur lui et non pas sur ce visage qui lui rappelle tant de mauvais souvenir et sous ses mots le sportif se sent alors plus pitoyable encore et plus que jamais. Bien sûr qu’il n’y était pour rien, mais ce pauvre garçon avait malheureusement grandit avec le visage d’un meurtrier et ça c’était clairement suffisant pour que Min Hui le déteste, il reste alors quelques secondes sans dire un mot se contentant d’ancrer son regard dans le sien avant de baisser les yeux et de se reculer pour de nouveau fuir le japonais. « Peut-être bien que tu n’y es pour rien. » lui répond alors le garçon en détournant son visage du sien pour observer un point invisible « Mais tu lui ressembles beaucoup trop pour que je puisse faire comme si de rien n’était. » lui dit-il tristement avant d’écarquiller les yeux sous sa dernière demande se tournant alors vers lui, scandalisé, choqué … surpris. « Je ne suis pas comme lui putain ! » s’écrit-il soudainement, sa colère revenant au grand galop tandis qu’il vient agripper le col de la chemise du jeune homme pour l’attirer tout contre lui. « Je ne suis pas un assassin ! » lui hurle-t-il en se mettant à pleurer. « Pourquoi tu dis ça !? Pourquoi bordel ! Ais-je vraiment l’air d’un fou pour que tu puisses penser ça de moi !? Pourquoi tout le monde dis ça !? Pourquoi on me prend pour celui que je ne suis pas !? » lui demande-t-il en pleurant de plus belle, faisant clairement référence à tous ceux ayant colporté des rumeurs sur la mort de sa famille. Il reste alors quelques secondes ainsi, la main sur son col à l’observer attentivement avant de lâcher le jeune homme pour s’adosser contre l’un des murs et lentement se laisser glisser le long de celui-ci. « J’ai jamais fais de mal à personne … Alors pourquoi … Comment pourrais-je t’en faire à toi alors que … » commence-t-il avant de marquer une légère pause et déglutir nerveusement « Alors que tu ne m’as jamais rien fait. » avoue-t-il finalement, cette simple vérité lui arrachant les tripes.

TENUE ღღ Je déteste la violence, je n’ai jamais cherché à blesser qui que ce soit, on dit au contraire que je suis un jeune bienveillant qui a le sens du sacrifice. Je me fiche bien de ce qu’on raconte, mais je sais ce que je vaux et la personne que je suis et si je m’entête avec ce gars, c’est peut-être parce qu’au fond j’ai besoin de ça moi aussi, de me retrouver dans ce genre de situation à courir après la vérité. Ce Mi Hui est capable de me donner des réponses contrairement à mon frère, je suis agacé moi aussi d’être pris pour ce que je ne suis pas. Son geste me fait mal, une personne normale aurait peur et tenterait de se débattre face à la force de ce gars qui grandit autour de mon cou, une minute de trop, un geste de colère et j’aurais pu y laisser ma peau… Seulement ce n’est pas la peur qui me domine à cet instant, c’est l’incompréhension, la souffrance, je sais que c’est ses blessures qui le font agir ainsi, je n’ai pas besoin de le connaitre pour le deviner, sauf que … Je suis blessé aussi. Par son comportement envers moi, par ses mots, par son regard, par ses larmes et sa peur. Je suis vraiment blessé par tout ça. Suite à ma remarque il s’énerve à nouveau en me chopant par le col, je n’ai pas eu le temps de me remettre de sa précédente agression qu’il remet ça. Je tousse à nouveau, sentant les larmes me monter à trop être bousculées. « Et toi !? Pourquoi tu me prends pour ce que je ne suis pas !? » Rétorquais-je à ses propres mots, le regard toujours plongé dans le sien. « Tu devrais t’écouter parler, tu me reproches exactement ce que tu me fais subir. » Soufflais-je en m’écartant contre le mur quand il me lâche à nouveau, soupirant. « Ce que tu me fais, ce n’est pas mal ? » Je suis peut-être cruel envers lui, mais dire qu’il n’a jamais fait de mal à personne, il m’a attaqué trois fois en deux rencontres, alors quoi ? « Tu es trop impulsif, si tu sais que je ne te n'ai rien fait alors pourquoi réagir ainsi ? »

« Parce qu’à chaque fois que je te vois, je le revois lui ! » s’écrit alors le jeune homme en venant retirer son visage d’entre ses mains pour observer Miyabi, les yeux rougies et rongés par la tristesse tandis qu’il renifle bruyamment venant maladroitement essuyer les larmes sur ces joues avant de reprendre plus calmement  « Tu … Tu ne peux pas comprendre. » lui dit-il en venant passer sa main dans ses cheveux se sentant soudainement pris par la culpabilité sous les mots du japonais, et à nouveau il vient se murer dans un silence inquiétant avant que ses poings ne viennent se serrer violemment à nouveau, marqueur de sa colère.  « C’est toi qui t’obstines bordel ! C’est toi qui me colle aux baskets alors que je voulais juste que tu disparaisses de ma vie ! Je ne fais rien de mal ! Donc non ce que je fais n'est rien de bien méchant ! » hurle-t-il à nouveau avant de craquer se remettant à pleurer à chaudes larmes, tandis que ses mains se mettent à nouveau à trembler alors qu'il murmure d'une voix beaucoup plus faible  « Parce que … Parce que tu lui ressembles tant. Tu penses que c’est facile de faire comme si de rien n’était ? De croiser la copie conforme de l’homme qui a massacré toute ta famille devant tes yeux ? » lui demande-t-il en venant essuyer d’un revers de manche ses larmes, larmes qui réapparaissent automatiquement tandis qu’il reprend calmement  « Pars je t’en prie. Pars et ne reviens jamais vers moi … Je ne veux pas te faire de mal mais ça arrivera un jour Miyabi. Ça arrivera parce que les souvenirs ne disparaissent jamais et que les cicatrices ne peuvent jamais se refermer. »  lui dit-il sans le regarder une seule seconde, du moins jusqu’à cet instant précis où son regard vient s’ancrer dans celui du japonais et qu’il vienne murmurer. « Je ne veux pas devenir un monstre en te faisant du mal. »

TENUE ღღ Lui, lui, lui ! Je n’entends que ça, sauf que j’ignore qui est ce « lui » ou ce qu’il a fait. Je ne cherche même pas à le savoir, bien qu’on puisse penser le contraire, je voudrais surtout être capable de lui faire comprendre que peu importe la ressemble, je ne suis pas cette personne, je suis moi. Il me juge pour un crime que je n’ai pas commis, pourquoi devrais-je garder mes distances ou dégager de sa vue alors que je n’ai rien fait ? Comprendre ? Je peux comprendre, c’est simplement qu’il ne m’en laisse pas la chance. Rien de méchant ? Il s’obstine aussi, mais je suis le seul en tort ? « L’autre soir… Je n’ai rien dit, rien fait, je suis juste venue boire un verre avec mon meilleur ami et tu m’as agressé, tu es le premier à m’avoir sauté dessus, je pense avoir le droit d’essayer de comprendre non ? » Je souffle, ce soir ma gorge à ses marques, des traces rouges autour du cou, un autre que moi aurait pu le menacer ou l’accusé d’agression, mais je ne compte pas le mettre plus bas que terre, je ne cherche pas non plus à faire partie de sa vie… En réalité j’ignore ce que je cherche vraiment, peut-être juste à avoir le dernier mot vu que je suis toujours ainsi. Une fois que je comprendrais, je pourrais disparaitre, j’imagine. L’homme qui a massacré sa famille sous ses yeux ? Je fronce les sourcils en gardant le silence, l’image qui me traverse l’esprit n’est pas glorieuse, c’est même assez déstabilisant. « Moi. » Je marque un temps d’arrêt et reprends. « Je ne suis pas un monstre. » Concluais-je sans en dire plus. Je comprends que ses cicatrices soient dures à se fermer ou qu’il est traumatisé par ce qu’il a vécu, seulement, est-ce qu’il doit me voir comme celui qui a fait ça ? « Je pense qu’on est les seuls à choisir si on veut devenir un monstre ou non. La vie impose des épreuves, à nous de les surmonter quelles qu’elles soient. » Je sais de quoi je parle. Je n’ai surement pas vécu l’horreur que lui semble avoir vécu, mais ma vie a fait un tour à 180° en très peu de temps et mon frère pourrait ne pas se réveiller, bien que je ne veuille pas croire une telle chose, alors je surmonte psychologiquement beaucoup de choses, bien que je n’en parle pas ou reste discret sur tout ce que j’affronte au quotidien. J’ai peut-être eu une réponse de sa part, mais désormais j’ai envie de l’aider. S’il arrive à m’accepter, peut-être qu’il pourra avancer. Je souris tristement et soupire à nouveau. « Je vais te laisser pour ce soir, j’ai eu ma dose. » Frottant mon cou pour rendre mes paroles plus explicites. « Mais je reviendrais. » Dis-je avec un air serein et confiant, le prévenant qu’il aura encore à faire à moi, accompagné tout ceci d’un sourire franc et innocent. « Bonne nuit, minuit~ » Je le taquine avec ce surnom juste avant de m’éloigner lentement.

Silencieux le sportif écoute attentivement Miyabi sans piper mot, plus encore sans bouger ne serait-ce un seul sourcil et doucement Min Hui culpabilise même s’il ne le montre pas. Il culpabilise, parce que oui Miyabi a entièrement raison, il n’avait rien dit, rien fait l’autre soir et pourtant il s’était retrouvé à être agressé par le sportif sans aucune véritable raison autre que la surprise et la colère qui s’était emparée du jeune chinois. « Je t’ai dis ce que tu voulais savoir et tu n’en sauras pas plus parce que toi et moi nous ne sommes pas amis d’accord ? C’est pas le genre de chose que tu peux dire aisément à un inconnu et encore moins quand cet inconnu se trouve être un véritable emmerdeur. » lance alors le jeune homme en posant son regard sur le visage de Miyabi pour ensuite descendre sur son cou où des marques commencent d’ores et déjà à apparaitre, et à nouveau Min Hui se sent coupable. Il reste un instant muet, sans rien dire avant de remonter sur son visage lorsque celui-ci reprend la parole et Min Hui ne trouve rien de plus intelligent à dire que « Je ne te connais pas. Tu peux très bien être un monstre toi aussi. » lui dit-il sans une once de remord, comme si cette phrase ne risquait pas d’empirer les choses, à nouveau un petit sourire s’extirpe de ses lèvres tandis qu’il s’exclame. « T’as finis avec tes morales à deux balles Miyabi ? » lui demande alors le sportif avec un petit sourire moqueur. Finalement, la discussion prend fin et Min Hui ne fait qu’hausser les épaules non sans avoir murmuré « Alors reviens. Mais tu sais très bien que tous tes efforts ne servirons à rien, tu ne feras que perdre ton temps. » lui dit-il sans scrupule avant d’afficher tout de même un petit sourire face au surnom que Miyabi répète à nouveau, et même si ça lui plaît Min Hui ne l’avouera jamais ne faisant que lever les yeux au ciel en attrapant une pauvre cannette pour la balancer aux pieds du garçon qui s’éloigne. « La prochaine fois ne m’appelle plus jamais comme ça. » lui lance-t-il assez froidement, une froideur qui contraste alors avec le doux sourire qu’affiche malgré lui Min Hui. Au final, ce gamin … Il était plutôt mignon, mais ça il ne l’avouera jamais. Alors, il le laisse disparaître finalement de sa vue avant de soupirer, il allait peut-être aller se bourrer un peu la gueule avant de rentrer dormir.