TENUE ♝ Les bras croisés sur la table d'un fast food, je regarde mon plateau avec un intérêt particulier comme si mes frites allaient me taper la conversation. Je m'ennuie, seul dans un coin à ruminer en silence. Je n'ai aucune mission du clan, à croire qu'ils prennent des vacances. Ce serait peut-être à moi d'en prendre ? J'y songe depuis quelques jours, mais ne serait-ce pas mieux que j'arrête tout ça et me range dans une case normale comme tout le monde ici bas ? Plus j'y pense et plus je me fais rire. Je ne peux pas quitter les Bakuto comme on démissionne d'un boulot quelconque. Ce sont des yakuza, un gang mafieux qui fait ravage dans la ville depuis un moment. Kang Jae ne compte me laisser partir avec un « merci, au revoir » et continuer sa vie sans faire attention à moi. Même si je ne suis plus rien pour lui, je reste un membre du clan. Un soupir s'échappe de ma bouche et je tourne ma tête vers l'écran de télé diffusant un match de rugby, quel ennui. Je devrais rentrer à la maison pour ne pas inquiéter ma mère, lui dire que je vais bien ou lui offrir un petit truc sympathique. Pourquoi pas un dessert ? Je souris à cette idée, prenant mon plateau pour jeter son continue à la poubelle et poser l'élément sur le meuble, puis je file à la caisse pour acheter deux moelleux au chocolat, récupérer le sachet et quitter le fast food avec le sourire. Pour les Bakuto, je verrais ça un autre jour, en étant réellement sûr de mes intentions.

Les rues de Tokyo sont plutôt changeante en fonction d'un quartier ou d'un autre. Parfois c'est calme, sans personne, à la limite du trou noir. à d'autre, c'est animé, en musique, avec un brin d'alcool dans le sang, festif mais dangereux. Je regarde le monde changer, passer d'un univers à l'autre tandis que j'avance tranquillement, mon sachet à la main. Personne ne fait attention à moi, personne ne se doute de mon identité cachée, mais ce n'est pas plus mal. Je peux continuer mon chemin sans me perdre, sans dériver, sans être embêté. Il n'y a pas de Bakuto, pas de Bishamon, pas de drogue dans les poches. Juste moi, un simple étudiant qui rentre chez lui après une soirée passé seul dans un mcdo du coin. C'est triste, en fait. J'aurai dû déranger Phoenix, lui envoyer un message à présent que  j'ai récupéré mon portable et mes numéros, mais c'est trop tard à présent. Sur le chemin de retour, mon regard se pose sur l'ancienne d'un centre commercial. C'est là que je viens faire les courses pour la maison, ou parfois simplement pour traîner à ne rien faire dans les boutiques et les rayons. En y réfléchissant calmement, c'est aussi là que bosse Jirô, monsieur propre comme j'aime le surnommer à l'occasion.

Après un contour du bâtiment, je cherche la porte de service où entre les employés, trouvant rapidement le code après quelques manipulations. ça devient de plus en plus simple au fil du temps, comme si je pouvais aller n'importe où, n'importe quand. D'ailleurs, j'en profite pour faire un "v" avec mes doigts devant la caméra, un sourire aux lèvres. Ouais, quand ils vont voir ça, je risque d'avoir des soucis à la prochaine visite s'ils s'en souviennent encore mais je m'en fiche. J'entre dans les locaux, à la recherche de mon vieil ami. Où est-ce qu'il peut être ? Pas dans les vestiaires, ni dans les bureaux, je continue ainsi dans chaque pièce, jusqu'à finir carrément dans le magasin, côté supermarché -derrière la grille-. à tourner en rond, je termine par trouver mon meilleur ami, mais je reste caché jusqu'à qu'il s'approche du bout de l'étagère, sortant de derrière avec un son fort. « C'est un Hold-up! Lève les mains ! » Criais-je en pointant mes mains façon flingue vers lui, un sourire aux lèvres. Ce n'est pas la meilleure blague quand on travaille seul dans un endroit aussi vaste et silencieux, à part quand il passe avec son boucan. « Je t'ai fait peur ? Avoue, tu as sursauté ~ » Je ris, amusé par ma propre plaisanterie. Ce n'est pas tellement marrant, mais tant que ça m'éclate à moi.  

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

A chaque fois que je dis à mes amis que je travaillais pour une agence de nettoyage, ils avaient tendance à en rire. Ils ne voyaient pas comment un grand gaillard comme moi pouvait mieux manier un aspirateur qu’une manette de jeu vidéo, ni comment un bordélique pouvait aimer la propreté. Et pourtant, c’était le cas. Etre bordélique ne signifiait pas pour autant être crade. J’avais juste une notion de l’ordre un peu différente des autres, et ça ne m’empêchait pas d’être quelqu’un à cheval sur l’hygiène. Et pour ce qui est de ma maitrise de l’aspirateur, c’était tout simplement parce que je m’occupais de faire le ménage quand j’étais gamin. C’était une façon à moi d’aider ma mère. Alors lorsque j’ai vu l’annonce d’embauche à l’agence de nettoyage, il y a maintenant quelques années, je n’ai pas exclu cet offre. Ce n’était pas un métier de ouf, mais au moins, ça me permettait de gagner de l’argent. De plus, les heures de travail étaient parfaitement adaptées pour moi ! Je travaillais à la fermeture des centres commerciaux, et selon mon efficacité ainsi que de mon humeur, je pouvais faire un tour dans un bar après avoir fini. Donc je ne trouvais pas que ma condition était à plaindre.
J’avoue qu’il y arrivait par moment où j’en avais marre. Dans ces moments là, je redevenais nostalgique. Je voulais retourner à l’époque de mon enfance où je ne comprenais pas grand chose à la vie, où je ne faisais que de me soucier de quand est ce que Berry allait venir pour jouer avec moi. A cette pensée, je rigolai. J’avais l’impression d’être un vieux alors que je n’avais même pas la vingtaine. Heureusement, ce genre de réflexions ne m’arrivaient pas souvent.

C’était, donc, avec une motivation sans borne que je m’apprêtais à aller travailler. D’un côté, l’autre point positif de mon boulot, c’était que je voyais l’envers du décors. Je trouvais qu’un centre commercial vide était tout aussi charmant que lorsqu’il était rempli. C’était un secret mais je profitais toujours de mes heures de travail pour faire du repérage. Et puis, à force de nettoyer les mêmes endroits, je connaissais tous les raccourcis pour aller dans un tel ou tel magasin, et lors des soldes, c’était bien pratique. J’entrai dans le bâtiment par la porte arrière et me dirigeai vers les vestiaires. J’enfilai rapidement ma tenue de travail. Comme j’étais seul ce soir, et qu’il était hors de question que je fasse un travail négligé, je pouvais dire adieu à la piste danse pour ce soir. Je soupirai un grand coup avant de me mettre réellement au boulot. Je commençai par nettoyer les bureaux un à un. A chaque fois, j’effectuai les mêmes actions, aspirateur, vidange des poubelles, nettoyage des vitres… C’était une routine pour moi, et sans me vanter, je le faisais assez rapidement. Après avoir terminé les bureaux, je m’occupai du côté magasin. Le supermarché était toujours le premier endroit où je nettoyais. C’était aussi une question d’habitude.

Je regardai l’heure : 00:47. Il était encore relativement tôt. J’aurai même, peut être une chance de boire un petit coup après, si tout se passait bien. Alors que je m’apprêtais à finir l’allée, une voix sortie de nulle part me criant qu’il s’agissait un hold up. Je sursautai sur le moment et me retournai assez rapidement pour voir la source de cette voix. Je pensais que j’allais avoir affaire avec des cambrioleurs, mais mon visage laissa apparaitre un sourire lorsque je reconnu cette silhouette si familière. « Berry ! T’as quel âge pour faire ça ?  » Je mis mes mains au niveau de mon coeur, comme si ça allait faire diminuer mon rythme cardiaque, et m’approchai de mon meilleur ami. « Evidemment que j’ai sursauté ! J’étais sensé être seul ici !  » Je lâchai un rire. Le voir me mettait naturellement de bonne humeur, j’avais presque oublié que je venais de nettoyer la moitié du centre commercial seul. « Qu’est ce que tu fais ici ?  » demandai-je à la fois intrigué et content.  Puis soudain, ma raison me reprit le dessus, je pris un semblait d’air sérieux. « Mais comment tu as fais pour entrer ?  » Bizarrement, je sentais que je n’allais pas aimer la réponse.  

TENUE ♝ J'ai l'air fin à me balader avec un sac de fast-food au logo imprimé dessus. Pendant que les jeunes squattent les boites de nuit ou les bars, moi j'emprunte le chemin de retour en observant la vie autour de moi. Je souffle, reprend mon souffle et continue ma route en imaginant la tête de ma mère quand elle verra les pâtisseries que je ramène. Un fin sourire vient illuminer mon visage et je songe à presser le pas, sans avoir la motivation d'aller plus vite. Finalement, je préfère prendre un peu mon temps avant de m'enfermer chez moi, jetant un coup d'oeil aux gens qui rient ou parlent, les écoutant à peine. C'est comme si j'étais dans une bulle, à l'abri de leur décadence ou loin de ce venin qui me ronge de jour en jour. Pourquoi est-ce que je pense à ça ? Jusqu'à présent, je ne me suis jamais demandé si je comptais arrêter ou pas, surtout après tout le mal que je me suis donné pour trouver une place dans ce monde de noirceur et d'illégalité. Sauf qu'à cette époque, je n'étais pas chez les Bakuto, pas encore repêché par les serpents. Mes souvenirs reviennent par coupure d'image, une branche de cerisier, le visage d'une fille, ses sourires conquis durant mes mensonges éhontés. Je secoue doucement ma tête, rapportant mon attention sur le bâtiment du centre commercial. C'est bien là que Jiro travaille, non ? D'autres images me viennent en mémoire et je me replonge deux secondes dans un passé où nous étions innocents, à partager des bonbons piqués au marchand du coin plutôt qu'errer dans une ruelle la drogue pleins les poches. Je préfère fermer mon esprit et contourner le centre commercial pour trouver la porte de service, bidouiller le code et entrer à l'intérieur sans aucune difficulté. J'ai appris à ouvrir n'importe quelle porte, que ce soit avec les Bakuto, mon ancien clan ou mes vidéos sur le net.

à l'intérieur, c'est silencieux et je tourne un peu en rond pour trouver mon meilleur ami. à tout les coups, il est déjà dans le côté du supermarché, rapide comme une fusée. Comme lui, j'ai toujours aidé ma mère avec le ménage et je ne suis pas bordélique, mais je ne vais pas aussi vite que lui avec un balais ou un aspirateur. Je préfère les acheter pour ma mère, histoire qu'elle est un grand confort dans ses tâches régulières. Ce n'est pas trop le sujet que j'aborde psychologiquement dans l'immédiat, puisque je viens de repérer mon ami en train de nettoyer comme à son habitude. C'est plus fort que moi, je dois agir comme un gamin, à croire que je cherche à rattraper le temps perdu à cause de mes magouilles pas net. Caché derrière un rayon, j'attends le bon moment pour sortir et crier après Jirô comme quoi c'est un braquage surprise. Ce serait marrant, mais non. Sur le coup, je le vois sursauter, limite prendre peur avant d'être soulagé en voyant ma tête et mon sourire. Visite de courtoisie, mon petit Jirô. « Il n'y a pas d'âge pour ça, Jirô ~ » Je ris en voyant son geste, ce dernier se rapprochant de moi tandis que je le regarde avec cette innocence dans les yeux. Avec mon cadet, je peux redevenir l'enfant que j'étais par le passé, l'enfant sans histoire qui a toujours galéré pour un brin de monnaie, sans ombre sur le tableau.  

« Tu étais seul. » Je confirme, même si ce n'est plus le cas à présent. Sa bonne humeur amène la mienne et mon sourire s'élargit un peu au fil de ses questions. Ah ~ Venons en au pourquoi du comment je suis là. « Je devais rentrer à la maison, mais je suis tombé sur le centre commercial et j'ai pensé à toi. » Expliquais-je en montrant d'abord le sachet plastique que j'ai toujours accroché au poignet, avant d'hausser les épaules par la suite. « La sécurité n'est pas difficile à déjoué. » C'est si simple, malgré la complexité de l'appareil. Jirô doit avoir un code pour rentrer, mais moi j'ai dû jouer à l'instinct et à la pratique. « Tu as bientôt terminé ? Je peux t'aider un peu ? » Tout en demandant, je m'approche de ses affaires pour lui piquer un torchon et un spray nettoyant. Il doit faire quoi au juste à part le sol ? « Je comprends pas que tu sois un monsieur propre ambulant mais que ta chambre soit pire qu'hiroshima. » Ouais bon, il y a pleins de chose qu'on ne comprend pas sur l'autre mais ça nous empêche pas d'être les meilleurs potes du monde. « Oh! Tu veux manger un gâteau avec moi ? J'en rachèterais d'autres à ma mère, demain. » Je parle beaucoup, beaucoup trop. Faut dire que je n'ai pas l'occasion de voir Jirô aussi souvent que je le voudrais, entre les cours et mes boulots. Là, c'est l'occasion de traîner un peu avec lui, même s'il travaille.

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

L ’endroit était désert. Il n’y avait que les mannequins dans les vitrines et moi. Si je m’arrêtais de travailler, on n’entendrait plus rien. De plus, les lumières étaient toutes de faibles intensités. Il faisait donc assez sombre. Cet endroit, pendant la nuit, était un lieu parfait pour en faire une maison hantée. Heureusement pour moi, je ne croyais pas aux fantômes et que je n’avais pas peur d’être seul. En fait, c’était aussi pour une des ces raisons qu’on m’a embauché. Beaucoup de personnes ne supporteraient pas de travailler seul dans un grand établissement comme celui ci. Mais moi, je n’étais pas effrayé. J’ai toujours vécu ma vie honorablement, alors je n’avais pas peur des représailles des défunts. Ce qui pourrait, en revanche, m’effrayer, c’était les vivants. Par exemple, je crus que mon coeur allait s’envoler lorsqu’on me cria de lever les mains. Bien sur, j’étais prêt à me défendre contre le ou les cambrioleurs, mais ce fut avec surprise que j’identifiai mon meilleur ami. Mon visage s’illumina aussitôt. En y réfléchissant, il n’y avait que lui pour faire ce genre de blague. C’était assez enfantin, mais bizarrement, j’aimais beaucoup cet aspect de Berry. C’était le Berry que je connaissais, celui qui s’amusait sans tenir compte de rien. Et je donnerai tout pour qu’il préserve ce regard plein d’innocence.  

Je ne m’attendais pas du tout à le voir au beau milieu de mon lieu de travail. Ça me faisait énormément plaisir à le voir devant moi. Même si on était dans le même dortoir, je ne le voyais pas si souvent que ça. On avait tous les deux des occupations qui nous prenaient beaucoup de temps. Mais en même temps, je me basais sur le temps passé ensemble lorsqu’on était gamin, donc forcément, ça me paraissait peu. Je lui demandai la raison de sa venue. « Je te manque hein ! » En tout cas, lui il me manquait beaucoup. J’avais besoin de ma petite dose de fraise tagada par semaine pour faire mon plein d’énergie. Je rigolai un petit coup avant de jeter un coup d’oeil à son sac. Cela provenait d’un fast food. En y regardant bien, c’était celui où j’avais mangé plusieurs heures auparavant, avant de venir travailler. C’était surement un pur hasard, mais ça me faisait bien rire. Je fronçai légèrement les sourcils. « pas difficile » Bien sur que ça l’était, la sécurité a toujours était un point important dans les centres commerciaux. Excepté d’avoir le code et un pass, il était impossible d’entrer par la porte de fonction. Enfin, c’était sensé être impossible. Les capacités de Berry m’étonneront toujours. C’était un génie, et ça me frustrait de le voir s’en servir ainsi. « Tu vas avoir des ennuies si on te trouves ici. » Il n’empêche qu’il était venu pour moi. Je n’avais pas la volonté de le chasser d’ici, car sa présence me faisait extrêmement plaisir. D’un côté, je ne pouvais pas être égoïste, et le laisser avec des problèmes par ma faute. Je regardai Berry. Je n’aurai pas du car mes émotions prenait le dessus sur ma raison. « Je ne veux pas de prochaine fois d’accord ? Si tu veux me voir, appelles moi, je t’ouvrirai la porte. » Des fois, je me demandais qui était l’aîné de nous deux.  

Berry attrapa un chiffon ainsi que le produit nettoyant. « Il me reste à terminer le supermarché, puis à nettoyer les allées du centre. Si je suis efficace, il me reste environ 3h de travail.  » Je souris. « Je ne dis pas non à cette aide si gentiment proposée. Je veux bien que tu passes un petit coup de spray sur les endroits vitrés ainsi que sur les rebords des étagères.  » Je grimaçai à sa remarque. J’étais bordélique. Pratiquement tous mes amis le savaient, et ceux qui dorment dans le dortoir n’avaient qu’un simple aperçu de mes capacités à foutre le bazar car je faisais un effort pour eux. Mais le seul à connaitre réellement ma capacité à créer du bordel, c’était mon meilleur ami. « On peut aimer la propreté sans aimer l’ordre non ?   » Je n’aimais pas ranger. Je me souviens que ranger ma chambre était pour moi une punition suprême, et du nombre incalculable de fois où j’ai du supplier Berry à m’aider dans cette tâche. Mon ainé me proposa de manger un gâteau avec lui. « Berry, tu sais que je t’aime !  » La nourriture ne se refusait pas. « Mais tu es sur que ça ira pour ta mère ?   » Même s’il se proposait d’en racheter d’autre pour elle, cela signifiait tout de même que j’allais manger sa part. « Oh ! D’ailleurs, elle va bien ? Je pourrai peut être aller lui rendre visite demain avec toi !  » Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu la mère de Berry, ça me semblait être une bonne idée. « Allons ailleurs pour savourer le gâteau ! On continuera plus tard, j’ai besoin d’une petite pause !  »

Je lui pris ces objets des mains pour les poser par terre puis je m’accroupi devant Berry et tournai ma tête vers lui. « Avoue que ça aussi t’avais manqué !   » Je le portais souvent sur le dos, j’ai toujours été plus grand que lui malgré le fait qu’il soit mon aîné. Cela faisait un bon moment que je ne l’avais pas porté sur mon dos, peut être qu’il n’allait pas aimé, mais tant pis. Cette fois ci, c’était moi qui redevenais un enfant. J’attendis qu’il grimpe sur mon dos, et je me mis à marcher en dehors du supermarché pour me diriger vers la mini fontaine. Je le déposai ensuite sur le rebord et m’assis à côté de lui. « J’espère qu’il est bon ce gâteau !  » Je sortis un gel anti-bactérien de ma poche, m’en mis sur les mains et le tendit à Berry. « Et on fait attention aux miettes !   » dis je sur le ton de la rigolade.
 

TENUE ♝ C'est rare que  je pense à rendre visite à mon meilleur ami sur son lieu de travail. D'habitude, on se voit dans le quartier ou dans la résidence puisque nous sommes voisins, mais là j'ai eu envie de le voir sans attendre. Il rentre tard chez lui, parfois il traîne après son boulot et je n'ai pas l'occasion de le croiser avant le lendemain, sauf si la journée suivante se répète. Du coup, quand il ne vient pas à moi, c'est moi qui vient à lui. J'aurai pu éviter la petite blague sur le braquage, mais Jirô n'a pas tenté de me neutraliser sous un coup de surprise, au contraire, il m'a reconnu aussitôt. Pas sans avoir peur, bien évidemment, mais c'était l'effet escompté à la base. Un sourire se loge sur mon visage enfantin, loin de l'univers dans lequel je suis perdu les trois quart du temps. Franchement, j'adore traîner avec mon meilleur ami, même dans un endroit où je n'ai normalement pas l'autorisation d'être. Entre nous, j’enfreins beaucoup trop de règle pour m'en tenir à une simple interdiction à la noix. Je n'ai pas besoin d'une quelconque excuse pour passer voir mon technicien de surface préféré, puis ouais, il me manque cet idiot! « évidement! » Pourquoi mentir ? Je le connais depuis mes premiers pas et mes premiers mots. Il m'a vu grandir, évolué et moi aussi. Alors ce n'est pas difficile d'avouer quand il me manque ou quand je pense à lui, c'est même naturel entre nous deux. ça devrait toujours être ainsi, qu'importe l'âge ou la période. Les liens, ça ne devrait même pas céder.

Jirô devine rapidement comment j'ai pu entrer ici, mais je ne suis pas inquiet d'être choppé ou disputé. à tout les coups, ils vont me prendre pour un gamin, me gronder et m'envoyer au coin. Qui dit que je n'ai pas piqué un pass quelques jours plus tôt ? Ou que j'ai vu un pauvre employé taper le code et le retenir avec ma super mémoire photographique ? Je suis malin, il le sait mieux que tout le monde. évidement, je ne m'en sers pas à bon escient et je peux comprendre que cela puisse agacé plus d'un. « ça ne risque pas, tu es tout seul. » Au pire, je dirais que je suis venu avec lui pour l'aider, et voilà! Ouais non, après c'est Jirô qui va avoir des ennuies à cause de mes mensonges. Il s'inquiète trop pour moi, ce n'est pas utile quand on sait dans quoi je trempe. Leçon de morale, ça n'y échappe pas. « D'accord d'accord ~ Je poireauterai devant la porte la prochaine fois. » Acquiesçais-je quand même avec un sourire amusé, loin de mon image d'adulte. Même en étant l'aîné, je suis moins responsable et mature que lui. Du moins, j'ai mes périodes. Ce n'est pas tous les jours qu'il aura mon aide, en plus ses produits sentent bon. J'attrape un chiffon dans l'intention de l'aider, cherchant en même temps à me faire pardonner mon intrusion. 3 heures ? mais c'est super long! « Avec mon aide, tu gagneras peut-être une demi-heure. » Si je suis aussi efficace que lui, bien sûr. Vitre et étagère, je note.

« T'es franchement visionnaire comme gars. » Je plaisante, pour me moquer un peu de lui. Comparé à Jirô, j'ai toujours tout rangé au fur et à mesure. Au départ, pour faire plaisir à ma mère qui avait beaucoup de boulot, puis par habitude et parce que Jirô avait aussi besoin d'aide avec son bordel. Finalement, ça m'aide d'être un minimum ordonné. Une qualité pour un médecin, même si je ne tiens pas à faire ce boulot en réalité. Bref, je lui propose mes gâteaux, souriant à sa phrase. « Je sais, Jiji. » ça me fait plaisir de lui proposer, puis ma mère peut attendre une journée de plus. J'irai en acheter deux fois plus pour elle, demain. D'un hochement de tête, je lui fais comprendre que c'est bon pour elle. « Elle va très bien, toujours à bosser comme une acharnée. Et la tienne, ça va ? Tu passes quand tu veux! Je pourrais acheter quelque chose pour ma tante ~ » Ce n'est pas vraiment ma tante, mais je l'ai toujours nommé « tata » depuis que je parle. Une pause, je ne refuse pas. Ce n'est pas moi qui bosse, mais j'approuve son idée à 100%.

étonné, je laisse le sachet glisser de mon poignet pour regarder mon ami s'accroupir, un grand sourire aux lèvres. « Trop cool! » M'écriais-je avec mon âme d'enfant, sautant aussitôt sur son dos en glissant mes bras autour de son cou pour me tenir à lui. Non, même en prenant de l'âge, cela ne me déplaît pas. Les gens peuvent me traiter de collégien, ça m'énerve. Mais grimper sur le dos de Jirô, jamais! Du coup je me laisse porter jusqu'à l'extérieur, proche d'une fontaine. « Goûte, tu m'en diras des nouvelles. » Je ris, content, avant de le voir sortir son gel pour se nettoyer les mains. « Tu es incroyable... Comment tu vas faire le jour où tu as une copine ? » J'espère qu'il lui passera pas le gel anti-bactérien sur le corps, parce que bon... Quant aux miettes, je lui tire la langue en me retenant d'émietter mon gâteau avec un rire diabolique. Restons gentil et courtois. Mes mains « lavées », je prend le sachet pour en sortir deux petites boites et en tendre une à Jirô, jubilant sur place. J'espère qu'il aime les moelleux au chocolat ~

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

F ace à sa réponse sincère, mon visage s’illumina. Je n’étais pas surpris par sa réponse, au contraire, je l’attendais. Mais c’était aussi ce genre d’affection qui m’avait manqué. On pourrait croire que ça faisait une éternité que je ne l’avais pas vu, mais même quelques jours sans le voir me paraissaient éternellement long. Notre amitié était faite pour durer, elle était bien partie pour. Je le connaissais depuis 19 ans, c’est à dire depuis que je suis né. Ce n’était pas rien ! Combien de personnes pourraient se vanter d’avoir une amitié aussi solide ? Il était l’une des premières personnes que je vis dans ce monde, et il fera sans doute partie de l’une des dernières aussi. Il y avait depuis bien longtemps que je ne le considérais pas comme un ami, il était mon frère, ma famille. Il arrivait bien sur qu’il ait des disputes entre nous et c’était souvent sur le même sujet.

Je devinai rapidement comment il était parvenu à entrer. Mon meilleur ami était à la base un génie, mais il n’avait pu craquer la sécurité qu’en l’ayant appris dans son gang. Enfin, moi je savais qu’il participait à des activités peu légales, les autres n’en avaient aucune idée. Si quelqu’un le trouverait, il penserait juste que c’était un coup de chance. A vrai dire, personne ne soupçonnerait cette petite bouille d’ange d’appartenir à un gang. Berry cachait bien son jeu, et d’un côté, cela me rassurait de savoir qu’il ne se fera pas prendre aussi facilement. Mais avant qu’il ne se fasse attraper, je saurai le persuader d’arrêter. Peut être qu’un jour, mes leçons de morales auront raison de lui. Je ne perdais pas espoir. J’eus un sourire satisfait après ma mini victoire. «  Tu vois quand tu veux ! » Je lui expliquai ce qu’il me restait à faire. Contrairement à la partie bureaux, le coté commercial était bien plus vaste. L’architecture du bâtiment était assez spécial donc il y avait pleins de coins à nettoyer, c’est pour cela que j’avais estimé le temps restant à 3h. C’était rare de sa part de m’aider sans que je lui demande. Je ne refusais bien évidemment pas son aide. «  Hé, te sous estime pas ! Je sais que je gagnerai largement une heure grâce à toi ! » Berry n’était pas autant maniaque que moi sur la propreté, mais lui aussi avait une certaine expérience en nettoyage. Je tirai la langue pour répondre à sa petite moquerie. Pourtant j’avais essayé d’être ordonné, mais bizarrement, les choses finissaient toujours pas s’entasser.

Berry me proposa ses gâteaux. Je ne pouvais refuser ce genre d’invitation. La nourriture et moi, c’était aussi une histoire d’amour. Même si ça me faisait culpabiliser de prendre ceux destinés à ma tante. « Haha ! Nos mères sont vraiment similaires ! Elle est toujours à fond dans son travail. Cool ! Tu m’étonnes que ma mère n’arrête pas de me faire des éloges de toi. Tu la gâtes à chaque fois que tu viens. » Je rigolai. Ma mère aimait beaucoup Berry, c’était son deuxième fils. Mais je n’étais pas jaloux, au contraire, ça me rendait extrêmement heureux de les voir ainsi. Je proposai de faire une pause. Berry n’avait pas encore commencé à travailler, mais ce n’était pas grave. C’était du réconfort avant l’effort. Je m’accroupis devant mon ami, l’invitant à monter sur mon dos. Le plus grand devait porter le plus petit. C’était le « marché ». J’étais le cheval et lui le chevalier. Et même maintenant, ça n’avait pas changé. Je l’amenai vers la fontaine. « C’est pas sensé être toi le médecin ici ? Toujours se laver les mains avant de manger non ? Et puis, ne t’en fais pas pour moi niveau copine. Ton meilleur pote est assez populaire auprès des filles ! » Je ne disais pas pour me vanter mais plutôt pour le rassurer.

Impatient, je pris la boite avant de l’ouvrir. Mes yeux s’écarquillèrent. «  Straw’, tu es le meilleur !  » Moelleux au chocolat. C’était parfait. A la base, il ne m’était pas destiné mais Berry n’aurait pas pu faire de meilleurs choix. «  Merci !  » Je pris le gâteau et le mit entièrement dans ma bouche. Question miette, j’en mettais aucune. Ma bouche était suffisamment grande pour me permettre ce genre d’action. Je mâchai tranquillement tout en regardant Berry manger. Je finis par avaler mon gâteau. « C’était délicieux ! Tu sais, tout à l’heure, j’ai mangé dans le même fast food que toi, et ce moelleux me faisait déjà de l’oeil !  ». Je montrai du doigt un emplacement à la droite de Berry. «  La bas, ils ont installé un mini labyrinthe avec des miroirs. » Je montrai un autre emplacement, cette fois ci vers la gauche. «  Et là bas, il y a une allée avec des jeux d’arcades. Le responsable m’a passé quelques jetons. » Je souris à Berry. «  Où voudrais tu aller après ? Droite ou gauche ? » Normalement, je ne me permettrai jamais de m’amuser pendant mes heures de travail. Mais j’avais bien le droit de me détendre rien qu’une seule fois non ?
 

TENUE ♝ « Seulement parce que c'est toi. » Rajoutais-je avec un rictus sournois, tel un golum après son anneau. Si ce n'était pas lui, je ne passerais pas par la porte principale ou je n'attendrais pas non plus après lui qu'il vienne m'ouvrir. C'est mon meilleur ami, il me connait mieux que personne et depuis bien longtemps, je ne peux pas agir tout le temps contre son sens. On dirait même que ça lui fait plaisir que je l'écoute au moins une fois dans notre vie. Ce n'est pas tout, mais il a encore du boulot et je me demande bien ce qu'il lui reste. Trois heures, genre il prend ça avec tellement de légèreté que je le soupçonne de n'avoir aucune notion du temps. En tout cas, je pourrais lui faire gagner quelques minutes si je m'y met à mon tour. Faire la poussière, ça ne doit pas être plus difficile que trouver un client dans la rue, en pleine nuit. « Je me sous estime, moi ? Parions là-dessus ? Je met le chronomètre sur mon portable, à deux heures, tu gagnes. Plus, tu perds. » J'ai vraiment des jeux débiles par moment, mais j'arrive à m'amuser tout seul parfois. Bon, je sais faire le ménage. Surtout que je suis le seul capable de nettoyer mon bordel quand je fais un truc glauque, en passant les détails sous silence. Au moins, je pourrais lui donner des conseils contre les tâches de sang. Finalement, je pourrais bien lui faire gagner une heure environs, si je bosse sérieusement avec lui.

En dehors du nettoyage, je propose mon dessert à Jirô et il s'autorise même une pause pour les savourer un instant avec moi. Tant mieux, je préfère les déguster dans un endroit sans poussière ou produit. à l'air frais, c'est encore mieux. Nos mères s'entendent aussi bien que nous, mais elles nous adorent mutuellement comme si nous étions leurs propres enfants. Je sais que la mienne me pose souvent des questions sur Jirô, alors qu'elle parle avec sa mère tous les jours. Je suis content de vivre dans mon taudis, finalement. Sans ça, je n'aurai pas une personne de confiance comme mon cadet, ou sa génitrice qui est super gentille avec moi. « Tu sais que j'adore lui faire autant plaisir qu'à ma mère. On dirait presque des soeurs, ça fait flipper. » Plaisantais-je avec ce sourire amusé et enfantin, me projetant quasiment quelques années plus tôt. Après tant d'année, je n'avais pas prit les centimètres prévus pour porter Jirô sur mon dos, mais ça ne l'empêche pas de le faire pour moi. Je pourrais presque taper mes talons dans ses cuisses pour qu'il avance plus vite, mais ce n'est pas vraiment un cheval. « Je suis plus proche du mec qui découpe les cadavres que celui qui les recouds. » Fis-je sincèrement, une lueur étrange dans les pupilles. Il sait que je ne suis pas réellement "clean" et qu'il m'arrive d'avoir des tendances de psychopathe. « Merci je sais! Elles venaient vers moi pour avoir ton numéro, steuplait. » Je fais mine de bouder, croisant mes bras sur mon torse. J'ai rarement eu du succès avec les filles, surtout à cause de ma bouille.

La fontaine est le meilleur endroit pour déguster des moelleux au chocolat, même s'ils viennent d'un fast food. Ce n'est pas de la grande pâtisserie, mais quelle importance dans le fond. « De rien ~ » ça me fait aussi plaisir de gâter mon meilleur ami, quitte à passer avant ma mère. Quel glouton! Pas le temps de savourer le délicieux goût du chocolat qu'il fourre la pièce entière dans sa bouche. « Mange pas comme ça, idiot! » Râlais-je, alors que je n'ai même pas touché au miens. Il me sidère cet abruti, je vous jure. Un soupir, et je picore un bord de ma sucrerie, l'air toujours ronchon. C'est une habitude, je dois descendre de grincheux. « Ah bon ? Tu prévois de manger toujours au même endroit que moi, c'est ça ? » Jirô devin ? Je pourrais presque avoir un doute. Je suis son doigt sans broncher, croquant à nouveau dans mon gâteau en hochant doucement la tête. Droite ou gauche ? J'hausse d'abord les épaules, puis montre la droite. Je termine aussi mon gâteau, m'essuie les mains sur mon pantalon et me lèche distraitement les lèvres. « J'aime bien me perdre, surtout avec mon reflet. » C'est ironique, mais quitte à choisir! Attendez, ça va raccourcir le temps de travail, non ? Je veux bien lui faire gagner une heure ou plus, mais quand même. « Tu as le droit de jouer pendant tes heures de boulot ? Je dois te faire gagner du temps, pas en perdre. » Tiens, Berry rabat-joie. Les sucreries terminées, je jette le sachet à la poubelle et me tourne vers Jirô, déjà prêt à me rendre vers les miroirs. Je suis curieux, qu'est-ce qu'ils ont fait d'intéressant là-dedans ?

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

U n pari ? Pourquoi pas ! C’était une bonne idée pour faire passer le temps plus vite. Je n’ai pas l’esprit de compétition mais ce pari restait un jeu. Et qui dit jeu, dit amusement, et qui dit s’amuser, dit Jirô. Berry avait toujours des idées assez loufoques, mais je l’étais encore plus pour le suivre. J’affichai un sourire. «  D’accord ! Et ne vas pas ralentir ta cadence pour que tu gagnes ! N’oublie pas, je te connais par coeur, pas de triche ! » lui dis-je en rigolant. De toute façon, j’étais persuadé qu’on allait terminer ça en 2h. Optimiste ? Oui, toujours.
Mais avant de commencer ce pari, Berry me proposa un gâteau. Je lui proposai une pause avant même qu’il ne commence. Si on devait manger, autant le faire dans un coin tranquille. Le pari pourra commencer un peu plus tard. Et puis, faire une pause me donnera peut être plus d’énergie pour continuer à nettoyer. Bref, toutes les excuses sont bonnes pour ne pas travailler.

Je rigolai à sa remarque sur nos mères.  «  J’te le fais pas dire ! Tu crois qu’on fera flipper nos enfants nous aussi ? » Le point principal de ma phrase n’était pas qu’on allait devenir de bons pères de familles, mais plutôt qu’on était nous aussi comme des frères. Puis réalisant que je parlais de notre futur, je me mis à éclater de rire. « Non, oublie, on est bien trop jeune pour parler de ça ! » Parler de ce que je ferai plus tard, ce n’était pas moi, non. J’étais quelqu’un qui profitait de l’instant présent. Même un peu trop des fois. Je fis semblant d’être choqué par sa révélation, en ouvrant ma bouche en « O », légèrement cachée par ma main. Ses tendances psychopathes, je les connaissais. Je ne les comprenais pas, mais je ne les rejetais pas non plus. C’était mon meilleur ami, et je le prenais tel qu’il était. «  Ça me ferait presque peur si je ne te connaissais pas ! » Je me demandais comment les autres voyaient Berry. Pas que ça a une importance, mais simplement de la curiosité. Est ce que les autres avaient peur de lui, de ma fraise tagada ? «  Ooohh ! Berry ! » dis en l’enroulant dans mes bras. «  Je me demandais aussi comment elles avaient fait pour avoir mon numéro ! » Bon, c’était faux, je ne recevais pas tellement de textos d’inconnues, Berry avait surement donné un faux numéro ou carrément ne rien donner dans le but de m’éviter le harcèlement.

Aussitôt que Berry m’ait donné son gâteau, je le mis tout entier dans ma bouche. Sa réaction me fit assez rire,  j’étais même à deux doigts de m’étouffer à cause de lui. «  Elle est très bien ma façon de manger ! » dis je en faisant une mine innocente. «  C’est toi qui as mangé au même endroit que moi ! Ça fait un bon moment que j’ai déjà mangé moi. » Je lui montrai ensuite deux directions possibles. Depuis que Berry était là, j’avais de moins en moins envie de travailler. Ça faisait tellement relativement longtemps que je ne m’avais pas passé du temps avec lui alors en ce moment, je voulais juste en profiter. «  Non, c’est la première fois que je le fais d’ailleurs. Mais ça fait parti de ma pause donc je ne suis pas totalement en tord. Et ça prendra pas longtemps ! »

Je me levai et me dirigeai vers les miroirs avec mon meilleur ami. Ce n’était pas un grand labyrinthe, juste une mini installation qu’ils ont mis pour le thème d’halloween. Sauf qu’en arrivant devant l’installation, je remarquai un gros problème. Il n’avait pas assez de lumières pour qu’on puisse profiter des miroirs. Je soupirai. Jirô, tu ne penses jamais avant d’agir ? J’étais tellement emballé à l’idée de faire découvrir les « coulisses » de mon travail à Berry que j’avais oublié ces quelques petits inconvénients. J’étais trop habitué à être dans cette faible intensité lumineuse que je n’avais jamais pensé à ça. Je regardai Berry avec un sourire innocent. Je n’avais pas l’air bête dans cette situation. «  Bon… Je crois qu’on se perdra une autre fois. » C’était aussi un signe pour que je me mette à travailler. «  … Le pari te tente toujours ? » demandai-je innocemment.
 

TENUE ♝ J'ai toujours des bonnes idées, je devrais être animateur dans une colonie de vacance, je m'étonne moi-même parfois. Blague à part, Jirô me traite carrément de tricheur quoi! Je suis réglo, j'ai toujours mes deux mains sur la table. « Yah! Je n'ai plus triché depuis l'époque des septs familles et encore, tu étais assez crédule pour croire que je n'avais pas la mère dans la famille funambule. » Punaise, ça date de l'air du crétacé. Bon, je trichais aussi à la course en faisant croire que j'étais tombé pour le ralentir et partir en flèche jusqu'à la ligne d'arrivée. La main sur le coeur, je redresse l'échine et prend une mine sérieuse et solennelle. « Je ne tricherais pas, promis. » Foi de berry, si puis-je dire. J'irai aussi vite que quand je dissèque une grenouille, si cela peut le rassurer. En attendant, j'ai une petit collation pour la pause. De toute façon, j'ai toute la nuit devant moi pour l'aider à finir son boulot en un temps record. C'est plus amusant de passer du bon temps avec son meilleur ami, plutôt que traîner dans les rues à ne rien faire de plus que se chauffer les mains dans les poches de son blouson, l'ennui total.

« Tu crois qu'on aura des enfants ? Mais j'imagine qu'ils seront comme nous. » J'imagine déjà la tronche de mon gosse, il n'aura pas la vie facile s'il hérite de ma taille. Au moins, nous serons meilleurs amis jusqu'à la mort. Jeune ? Il serait étonné de savoir qu'il faut commencer tôt et ne pas attendre le dernier moment. « On ne sait même pas de quoi est fait demain. » Dis-je d'une manière philosophique. Attendez, je ne veux pas mettre une femme en danger ou avoir des enfants comme possible prise d'otage, pire je ne veux pas vivre dans des secrets avec ma propre famille... Même si je le fais déjà avec ma mère. En tout cas, j'ai l'impression de le choquer dès que j'évoque un côté de moi plus sombre et malsain. J'y peux rien, je suis comme obélix qui est tombé dans la soupe en étant gamin. « Mais tu me connais, sinon j'en parlerais pas. » Là, je rigole carrément. J'ai presque vu naître mon best, je le connais depuis la naissance. Les autres, ce n'est pas un soucis. Ils voient en moi un collégien, un gamin qui mesure 1m64 avec une bouille d'ange, un sourire attendrissant et un regard de chaton. Pour eux, je ne suis pas « fou ». Ahlàlà, l'affection débordante de Jirô.. Je mentirais si je disais ne pas donner mon numéro à la place, mais chuuut ~ « Haha ~ Je suis un bon pigeon, que veux-tu. » Je lui fais un clin d'oeil, genre super cool.

Jirô serait capable de bouffer sa main avec le gâteau tellement il est pressé de manger. Je ne peux que le disputer comme une mère, lui faire la morale et le voir s'étouffer de rire. « Tu apprécies que dalle là. » Râlais-je comme quand nous avions cinq ans. Aish, il marque un point si nous prenons le sujet dans ce sens. « Pas faux, je suis passé après toi. » Bon, je n'avouerais pas que je le suis, par contre. Ensuite, Jirô me montre deux chemins que j'observe en silence, incapable de me décider rapidement. Est-ce qu'il fait souvent ça ou c'est occasionnel parce que son super meilleur ami est là ? Je me demande, mais normalement il n'a pas le droit pendant son boulot. « Ah ~ Tu attendais la meilleure occasion de le faire, avoue ? Je suis content de t'accompagner dans ta première fois. » Je me moque de lui, lâchant un petit rire amusé. J'hoche la tête pour approuver la suite, il est encore en pause techniquement, donc il ne craint rien.

Suivant mon meilleur ami vers les miroirs, je ne fais pas de suite attention à ce soucis de lumière, croyant même que cela fait partie du jeu. Je ne suis pas employé ici après tout, je ne sais pas trop comment fonctionne tout ça sans avoir déjà vu une fois. Ah, on ne peut pas le faire alors ? Je tire une mine déçu, lèvre inférieur retroussée. Tant pis, une prochaine fois. « c'est dommage, tu m'as mit l'eau à la bouche. » Soupirais-je en haussant les épaules. je vais m'en remettre, je suis fort. Du coup, on va retourner à l'intérieur pour frotter et que tout soit pimpant ~ « Let's go my friend! Deux heures, pas plus! Une heure en moins et je t'offre ce que tu veux! » Berry le marchand, y a pas meilleure affaire au monde. J'attends simplement qu'il fasse demi-tour pour rentrer dans le bâtiment, et le suivre de près.

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E t il osa me parler du jeu des sept familles ! Je me rappelais, ô combien, je m’étais cassé la tête pour me dire que c’était impossible de ne jamais tomber sur cette carte. «  C’est pas drôle ! J’ai cru que j’étais malchanceux jusqu’au bout ! » J’étais naïf à l’époque, et même maintenant, je pense avoir gardé cette part de simplicité. C’était bizarre en y pensant car à force de me faire berner par Berry, je devrais développer une petite part de méfiance, mais pourtant, je me faisais toujours avoir. A chaque course, c’était la même histoire, je ne voulais pas le croire, mais voir son corps tout tremblotant, et la tête cachée par ses bras me faisaient toujours faire marche arrière. Je me contenterai donc de sa promesse. Je fis une mine à demi satisfait de sa parole, même si au fond, je savais qu’il ne tricherait pas. Mais avant de commencer le pari, nous entamons une petite pause, près de la fontaine. Etre efficace c’était aussi savoir quand est ce s’arrêter.

Je rigolai à l’idée que nos enfants seraient comme nous. En fait, j’imaginais le cycle sans fin de l’amitié de nos deux familles. Ce serait carrément trop stylé si nos enfants deviennent des meilleurs amis, et de même pour leurs enfants. Enfin, ce n’était juste une pensée comme les autres, et demain, j’aurai surement oublié cette idée. Je laisserai les choses arriver telles quelles et je m’adapterai. Surpris par la phrase « philosophique » de mon ami, je lui ébouriffais ses cheveux avec un sourire. Il n’aimait pas ça, mais comme il avait l’air de trop réfléchir, je préférai lui changer les idées.
Je n’étais pas réellement choqué par son côté sombre, mais je ne pouvais pas non plus réagir comme si de rien n’était. On était juste différent. Ça tout le monde le savait, mais jamais je ne le renierai pour ses faits. Je rigolai avec lui. «  Alors là, s’il y a bien une personne qui pourrait se vanter de te connaitre, c’est moi ! » dis je assez fièrement. L’inverse était aussi vraie. La seule personne qui me connaissait parfaitement, c’était Berry. Impressionné par son allure classe, je souris et hochai la tête. «  La classe. »

Par contre, moi, la classe, je ne l’avais pas. J’avais avalé le gâteau sans aucune délicatesse. Bon, on ne pouvait changer ces bonnes vieilles habitudes. Pourtant, à chaque fois que je mangeais comme ça, Berry m’engueulait. C’était dans ces moments là que je redevenais le moins mature des deux. La nourriture et moi, c’était une grande histoire. Je lui proposais deux choix possibles. Tout seul, je n’aurai jamais envisagé de gratter ces heures de travail, ou même lorsque j’étais avec un collègue ! C’était vraiment inhabituel de vouloir faire ce genre de chose. Je hochai la tête avec un sourire. «  Exactement ! Je ne voyais que toi dans cette première fois. » D’ailleurs, il avait pratiquement toujours été là dans toutes mes premières fois. Mes premiers mots, mes premiers pas, mes premières bêtises… On avait toujours été ensemble.

Sauf que j’étais tellement emballé que je n’avais pas prévu le petit inconvénient. On voyait bien que je n’avais absolument pas l’habitude de tirer au flanc à mes heures de boulot. «  Yah, arrête, tu vas finir par me faire culpabiliser ! » Je passai mes doigts dans mes cheveux. «  Je t’y emmènerai lorsque le centre sera ouvert ! » En remarquant qu’il me parlait anglais, je souris. «  Yeah, two hours less, i win ! Let’s go my friand ! » Oui, l’anglais et moi ce n’était pas une histoire d’amour. Enfin, moi j’aimais l’anglais mais lui, ne m’aimait pas. Mais je ne désespérais pas. «  Ne t’inquiète pas ! On va être ve-wy efficace ! » Pas ma faute si j’utilise des mots anglais maintenant, il ne fallait pas me mettre dans le mood. Je le tenais par les épaules et le poussais - comme des gamins qui jouaient au train, vers la bonne direction.

De retour dans notre supermarché, je lui tendis les chiffons ainsi que tous les produits qui vont avec. «  Commence par nettoyer toutes les surfaces vitrées dans le rayon frais. Si c’est trop haut, laisse moi faire. Je dirai qu’on en aura pour une petite dizaine de minutes avant de pouvoir passer dans les boutiques. » Je sortis mon portable et cherchai l’application du chronomètre. «  Une fois que tu auras terminé, dis le moi et je te dirai quoi faire après. » Quant à moi, je devrais passer un coup de serpillière dans quelques rayons et c’était bon. «  Ready ? Three… Two… One… Go ! » J’activai le chronomètre. C’était parti pour une pari ! Je vis Berry partir discrètement vers le rayon frais. Je m’empressai donc de nettoyer le sol. C’était assez amusant comme idée de pouvoir travailler avec Berry.

Je passais dans les allées avec ma serpillière. Et lorsque je finis, je sortis en mode ninja du supermarché et me dirigeais vers le local où était rangé les matos de nettoyage. Quelques minutes plus tard, je revins vers le supermarché, non pas à pied, mais sur mon laveuse de sol autoportée. Même si je n’avais pas mon permis, c’était un jeu d’enfant pour contrôler cet engin. «  Berryyyyyy » J’étais pratiquement sur qu’il avait terminé. Je m’arrêtai devant le supermarché. «  Tu as finiiii ? » Très rapidement, je retrouvai mon ami devant moi. «  Pour la suite, je te laisse choisir, soit tu continues avec les surfaces vitrées, c’est à dire vitrines des boutiques, murets…, soit je te laisse conduire ma super machine ! » dis je avec un grand sourire, en lui désignant l’engin. Et s’il choisissait de laver le sol, je lui expliquerai comment s’en servir. Ce n’était vraiment pas compliqué et assez amusant en soi. «  I’m listen to you. »
 

TENUE ♝  à cette époque, j'étais vraiment un petit con aux sept familles, mais en même temps, il n'a jamais rien capté. « Tu étais surtout idiot. » Raillais-je. Oh allez, faut pas être stupide pour savoir que j'étais un petit tricheur aux jeux de société. C'était pareil à la course, ou pour n'importe quel jeu. Jirô me croyait bêtement et tombait aussitôt dans le panneau, tandis que je gagnai haut la main et sans faire trop d'effort. Il devrait se méfier, mais il  ne l'a jamais fait. N'est-ce pas ça l'amitié, la fraternité ? Il ne peut pas douter de moi, comme je peux pas lui mentir éternellement non plus. Après tout, il est au courant sur beaucoup de chose dans ma vie, même les pires. Quoi que, il ne sait pas encore que je peux ajouter "tueur" à mon CV. Cette fois-là, je jure de ne pas tricher, d'être franc et de donner le meilleur de moi-même. En attendant, il fait sa pause et nous discutons de notre lien si solide que même nos descendences pourraient suivre notre chemin et être meilleur pote de meilleur pote en meilleur pote. Un arbre immense et bien fleurit, à mon avis. De toute façon, c'est impossible de prévoir demain et Jirô me décoiffe par surprise pour me retirer cette réflexion de la tête. Argh, que je détete ça ! D'une main, je tapote la sienne avec une moue boudeuse. Je n'ai plus quatre ans, il doit arrêter d'agir comme si j'étais un enfant. Au moins, il me connait mieux que quiconque, même si c'est dure d'être ami avec un gars comme moi. Il pourrait s'attirer des ennuies par ma faute, mais cela ne semble pas lui faire peur.

« C'est toi qui as la classe. » Il ne peut pas dire le contraire, c'est un type bien et clean, rien à voir avec les petits cons d'aujourd'hui comme moi. Ceux qui prennent la vie facile sans se dire que ce n'est pas ça avancer. Jirô est incorrigible sur la bouffe, il n'apprécie même pas ce qu'il engloutit et je râle encore après lui, pire qu'une mère.  ça n'empêche qu'il me fait découvrir pleins de truc, comme les jeux à disposition de la clientèle, bien qu'il soit tard, que le magasin est fermé depuis longtemps et qu'il est censé bossé et non s'amuser. Mais passons ces détails futiles pour voir les nouveautés de plus près, je suis curieux à ce sujet. « Tu as raison, il n'y a que Clyde pour accompagner Bonnie. » Dis-je avec un rictus complice, même si ce sont des criminels. Nous avons tout partagés tous les deux, toutes ces premières fois de la naissance jusqu'à aujourd'hui. Bon, ça s'est arrêté à ça parce que ce serait malsain d'aller trop loin et que mon patron a été ma première fois niveau plan cul. Bref, je passe.

Culpabiliser ? « Culpabilise pas ma poule! » Je lui donne un coup de coude dans le bras en rigolant, acceptant de le faire une autre fois. Il parle aussi bien anglais qu'un phoque sait danser le twerk, sérieux. « You got no jams. » Fis-je avec une grimace, avant de rire. Impossible d'être sérieux avec Jirô, je me marre toujours neuf fois sur dix. Ve-wy quoi ? Stop pause! J'ai pas compris là, il voulait dire quoi ? J'hausse un sourcile, sceptique sur sa santé mentale. « Steplait, parle coréen. » Je tapote son épaule avec compassion, compatissant à son malheur d'être si nul en anglais. Même moi je suis bilingue à côté de lui, alors que je ne suis pas un boss dans les langues étrangères. De retour à l'intérieur, je le suis pour prendre ce qu'il me donne, rangeant les torchons dans mes poches pour tenir les produits. « Tu m'as prit pour un minipousse ? Mon cerveau fait la taille d'une planète, ça compense. » Je n'ai pas besoin de son aide pour nettoyer entièrement des vitres, non mais oh! Je suis peut-être petit de taille mais grand en intelligence. Bref, je l'abandonne là pour filer tranquillement vers le rayon frais, mes affaires avec moi. Je vais vaincre, tu vas voir Sawada Jirô.

En fait, même sur la pointe des pieds, je ne parvenais pas jusqu'en haut. à force, je me suis énervé tout seul en prenant un paque de lait dans un rayon voisin pour me surélever de plusieurs centimètres et parvenir à faire les coins des vitres. Ce ménage n'aura pas ma peau, qu'il ne compte pas là-dessus. Dix minutes à pousser mon carton de brique de vitre en vitre pour laver correctement la surface transparente jusqu'à voir mon reflet et me sourire à moi-même. Avoue, je suis trop fort héhé. Une fois terminé, je ramène le lait à sa place et rejoins mon best quand il m'interpelle. « Un jeu d'enfant! » Je me rapproche de lui avant de voir son engin et d'afficher un regard pétillant. OMG! Je veux le conduire! Attendez, il me laisse conduire ? « Où est l'arnaque ? Tu me laisses conduire ta machine sans rien demander en retour ? » Un regard perplexe et je m'approche pour examiner la laveuse avec un sourire. Je reviens vers Jirô et lui donne les torchons avec une mine sournoises. « Je suis trop petit pour les vitres, de toute façon. » Allez huh dada! Je veux chevaucher le taureau endiablé et faire du rodéo dans les allées, youhou! M'enfin, pas sûr qu'il aille très vite ou que cela remue beaucoup, mais j'aime l'idée de conduire en faisant le boulot par la même occasion. « J'abandonne de suite les Bakuto pour venir bosser avec toi. » Ironisais-je.

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J e hochai la tête lorsque Berry nous compara à Bonnie et Clyde. Bien que criminels, ils formaient un duo de choc, ça, personne ne pouvait le nier. « Mais attends, la phrase correcte c’est plutôt, il n’y a que Bonnie pour accompagner Clyde ! »  sous entendu, je suis Clyde et lui Bonnie. Même si ce duo était un couple follement amoureux, ce n’était pas le cas avec Berry. Je l’aimais bien sur, mais ce n’était pas l’Amour avec un grand A. De un, parce que je n’étais pas gay et de deux, je voyais Berry comme mon frère alors jamais je n’avais eu ce genre de pensées envers mon meilleur ami. Ce serait tellement malsain. Il était vrai que ma phrase pouvait être assez ambiguë, hors contexte, si je la disais à quelqu’un d’autre, mais comme c’était Berry, je n’avais aucun soucis à me faire.

Satisfait de sa «  promesse », je lui proposai de commencer le nettoyage. Le fait d’avoir entendu ne serait ce qu’un seul mot en anglais m’avait donné envie de m’exprimer dans cette langue que j’aimais tant. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais autant de mal à parler en anglais. Pourtant, je sautais toujours sur la première occasion pour m’entrainer. Et puis, pourquoi il rigole ? Je grimaçai suite à son rire. Lui non plus n’était pas si doué que ça en anglais. Pourquoi il me parle de confiture ? Bien sur que non, je n’avais pas de confitures. L’air résigné, je sortit un «  Yeah ! i got no jaem… » Et là, je me rendis compte de ce que je venais de dire. J’explosai de rire. D’où est ce qu’il sortait ça ? C’était quoi cette expression ?! Je ne la connaissais pas, mais elle était bien drôle. J’arrêtai de rire au moment il posa sa main sur mon épaule. Et c’est quoi cet air si compassant ? «  Yah, i’m english better than you ok ! » dis je en ayant l’air convaincant.

Après s’être bien marré de mon niveau d’anglais, nous retournions à l’intérieur pour passer aux choses sérieuses. J’expliquai à Berry ce qu’il devait faire en insistant bien sur le fait qu’il pourrait me demander de l’aide si sa taille le contraignait. «  Ohh ! Bien sur ! Ou ai-je la tête ?! » dis je en levant les yeux avec un petit sourire. «  Je me réjouis de savoir que tu n’auras pas besoin de moi ! » Très vite, il disparut pour aller dans son rayon. J’imaginai déjà sa tête ahurie devant la hauteur des vitres. Je ne pouvais m’empêcher de ricaner silencieusement. Ne me déçois pas Yagyu Berry.

Me souciant que de ce que j’avais à faire, je laissais mon ami dans un coin de ma tête. Passer la serpillière était aussi facile que de marcher pour moi. Beaucoup se faisaient mal au dos car ils ne savaient pas comment s’y prendre, mais comme j’étais un pro, le ménage n’avait plus de secret pour moi. Une fois que je terminai de faire briller le sol du supermarché, je pouvais m’occuper du sol du centre. Comme la surface était plus importante, je pouvais utiliser ma super laveuse. Enfin, elle n’était pas à moi, mais comme c’était mon territoire, je me l’étais en quelque sorte appropriée. De retour devant le supermarché, mon best apparut après que je l’ai appelé. Satisfait par son regard brillant, je fis une mine assez fière. «  Tu sais bien que toi et moi, on ne fonctionne pas selon le principe de l’échange équivalent ! » Moué, je le ressortirai peut être une autre fois, mais pour le moment, il n’y avait pas d’arnaque. Je le laissais réellement ma machine. Je n’eus pas besoin de répéter une autre fois que mon aîné me passa les chiffons. Je souris. «  Le petit malin ! » Mais suite à sa phrase, mon sourire diminua jusqu’à disparaitre. Si seulement c’était vrai ce qu’il disait. J’étais sur qu’il l’avait dit pour « rire ». Pourtant je voulais y croire. «  C’est vrai ? » demandai-je l’air sérieux. «  C’est toi qui l’as dit ! Que tu quitteras les Bakuto pour venir travailler avec moi ! » Enfin, la deuxième partie n’était pas celle qui m’intéressait le plus, même si l’idée de travailler avec mon meilleur ami me plaisait beaucoup. Je voulais juste qu’il quitte son clan. S’il le ferait, je le laisserai conduire ma machine autant de fois qu’il voudra, se foutre de mon anglais aussi longtemps qu’il le souhaite. «  Tu as intérêt à tenir parole ! » J’avais conscient que je forçais un peu les choses, mais osef, c’était pour son bien.
 

TENUE ♝  Ma réplique vient d'être inversé par mon meilleur ami et je roule des yeux, hilare. « Bah, c'est bien ce que je disais. » Quand il reprend la phrase, on dirait qu'il le dit pour lui-même, donc qu'il reste Bonnie. Jouer sur les mots, c'est marrant. Je lui tire la langue pour montrer que je plaisante et qu'au fond, être Bonnie ou Clyde revient au même pour moi. Entre nous, c'est l'amour avec un grand B, B comme best. De toute façon, je ne pourrais jamais ressentir plus que de l'amitié pour Jiro, c'est mon frère. Je l'ai vu grandir, lui aussi. On a quasiment tout apprit ensemble, c'est impossible que je sois plus que ça à ses yeux, pareil  pour moi. Limite, il pourrait être celui qui me verra en couple un jour, et ce sera la même chose pour moi.

Promesse faite, nous pouvons retourner au boulot et ne pas perdre de temps. Après tout, il a imposé une durée de deux heures pour terminer, avec mon aide. L'anglais, ce n'est pas mon domaine de prédilection, pourtant j'arrive mieux que mon meilleur ami. Je rigole quand il tente de parler, ne comprenant pas grand chose à son accent foireux. Faut vraiment que je lui donne des leçons, histoire qu'il ne soit pas si ridicule. Je ne parlais pas de confiture, mais Jirô comprend ma phrase de travers et je ris davantage. Bon dieu, qu'il est marrant! Finalement, on se retrouve à rire comme des idiots, sans trop savoir pourquoi on se marre. Ce n'est qu'un jeu de mot débile, j'ignore où je l'ai entendu mais ça me fait toujours tripper. « Your english is really bad, man. » Je compatis toujours à son malheur.

De retour dans  le super marché, j'écoute les conseils -ou ordres ?- de monsieur propre qui appuie là où ça fait bien mal. Genre, je suis trop petit pour faire les vitres ?! Non mais oh! Il est pas trop grand pour faire le sol, lui ? Je m'énerve vraiment pour rien. Enfin, je ne suis pas énervé, hein. Je fais mon fier quand il avoue que je n'ai pas besoin de lui, gonflant mon torse en croisant mes bras dessus. Je peux le faire, sans son aide. Je m'empresse de récupérer mes affaires et de partir dans mon rayon pour commencer à faire mes vitres. J'avoue, il n'avait pas tord pour ma taille et je déteste quand Jirô a raison. Même le bras levé, je n'arrive pas jusqu'en haut... Du coup, je me permet de piquer un truc dans un rayon pour prendre quelques centimètres en plus et faire mon boulot comme il se doit. Je ne suis pas un lâche, je ne vais me défiler parce que c'est trop haut. Tout problème a sa solution, voilà ce que j'ai appris jusqu'à présent.

Berry 1 - les vitres 0. J'ai un peu bousillé les pack de lait, mais quelle importance. J'ai caché le désastre en les rangeant sous un autre paquet, puis j'ai fait un tour pour m'assurer d'avoir tout bien nettoyé. Nickel! Un sourire aux lèvres et je trottine vers la voix de mon meilleur ami quand il m'interpelle. Il a fini aussi ? C'est un rapide, j'oubliais. à peine à son niveau que j'aperçois son petit bijou qui me fait de l'oeil, rêvant déjà de le conduire. Jirô me laisse limite les clés, mais je trouve ça super louche. D'après lui, ce n'est pas ça. « Je vais te faire confiance. » C'est surtout parce que j'ai envie de grimper dessus. L'excuse de la taille est bonne pour monter sur la machine, quitte à faire le ménage, autant s'amuser un peu! Je pourrais presque changer de boulot, même si c'est impossible. Quand il me demande si c'est vrai, je tourne ma tête vers lui et affiche un faible sourire. Ce n'est pas si simple, il devrait le savoir. « Un jour, qui sait. » Me contentais-je de répondre, une boule au ventre. Je ne peux pas quitter les Bakuto aussi facilement... Puis, je n'ai pas envie de partir dans l'immédiat. Ils m'assurent une rentrée d'argent, et là-bas, je peux laisser libre cours à cette personnalité. Jirô insiste mais je perds mon sourire, lentement mais sûrement. Comment tenir parole sur un problème impossible à régler ? « Ne t'inquiète pas, Ji. » Je n'aime pas quand il insiste autant, parce que je sais qu'il n'aime pas ma façon de vivre par rapport au clan. Je sais parfaitement qu'il déteste mon boulot et qu'il voudrait que j'en sorte, sans faire d'histoire. Reprenant mon souffle, je me rapproche de lui pour taper mon épaule dans la sienne, reprenant ma bonne humeur. Je n'attends pas son autorisation pour prendre place sur la machine, les mains sur le volant. « Bon, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? » On perd du temps à papoter comme des vieux.

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

B onnie et Clyde formait un très bon duo, mais ils étaient en couple. Or nous, il n’était rien de cela. Mais on se comprenait, il n’y avait pas besoin de faire tout un plat avec cette comparaison. Je comptais voir Berry se mettre en couple et pouvoir rigoler avec sa future partenaire. En fait je serai même le genre de personne à créer une alliance avec elle rien que pour embêter mon meilleur ami. Et lorsque je serai en couple, il serait une des premières personnes à être au courant. Bon, ce jour n’était pas prêt d’arriver parce que je n’avais aucune envie d’être en couple pour le moment.

Pourquoi est ce qu’on parlait en anglais ? Ou plutôt pourquoi est ce que JE parlais en anglais. J’avais conscience que je faisais rire plus d’un avec mon anglais si académique, pourtant je ne pouvais m’empêcher de montrer mes talents dans la langue de Shakespeare. C’était juste plus fort que moi. J’étais convaincu que c’était en parlant beaucoup qu’on allait s’améliorer. Mais si un jour Berry me donnait des cours, je ne dirai pas non. Son anglais n’était pas une référence mais au moins quand il parlait, on ne rigolait pas. Je n’avais pas compris pourquoi il me parlait de confiture au pleins milieu de la conversation, mais pourtant, sa phrase  passait crème. Mais je compris qu’il s’agissait d’une étrange expression pour désigner que je n’étais pas drôle. On se demande c’était grâce à qui que Berry était hilare de rire. Je fis une grimace avant de lui tirer la langue. Yeah, je l’assume, mon anglais était vraiment nul. Je ne pouvais nier l’évidence. «  Mais avoue que je me débrouille pour un petit japonais qui n’a jamais quitté sa ville ?  » Ou pas, mais l’espoir faisait vivre.

Autant mon anglais faisait rire les autres, autant les autres riait de la taille de Berry. Ce n’était pas de la moquerie lorsque je me proposais de l’aider à nettoyer les parties en hauteur. J’aurai proposé mon aide à toute autre personne qui était plus petite que moi, mais lui, il l’avait « mal pris ». Quel susceptible de meilleur ami que j’avais là ! J’affichai un petit sourire amusé, parce que oui, ça m’amusait de voir Berry énervé. Il allait comprendre que j’avais eu raison de proposer mon aide, mais s’il affirmait le contraire, c’est qu’il trouvera un moyen de le faire. Ça, j’en avais aucun doute la dessus. Pour sa fierté personnelle, il trouvera bien vite une solution. Voilà le genre de personne était Berry, mon best.

Je devais moi aussi être à la hauteur de ses capacités. C’est pourquoi je me dépêchais de finir ma part. Rien de bien difficile. En fait, j’avais déjà en tête de lui montrer ma super machine de nettoyage. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait grimper sur un « véhicule » gratuitement. Comme je m’y attendais, Berry était ressorti victorieux avec les vitres. Toutes actions méritent récompenses non ? S’il m’avait gentiment offert son aide et le gâteau, je pouvais le laisser conduire ma machine. Il trouvait ça louche mais finit par choisir de conduire l’autolaveuse parce qu’il était trop petit pour faire les vitres. Mais oui Berry, j’y crois à ton excuse. «  Dis juste que tu as envie de l’essayer ! » J’étais prêt à lui expliquer comment conduire l’engin, mais sa blague me coupa toute envie.

Le clan était le point noir de notre amitié. Je n’aimais pas ses activités et il n’aimait pas quand j’insistais sur le sujet. Ce n’était pas facile de quitter un clan. Mais il fallait déjà en avoir de la volonté pour commencer. Et c’était ça qui manquait à Berry, car quitter le clan n’était pas impossible. Tout problème a sa solution, ce n’était pas la devise de Berry ? Je n’aimais pas voir ce faible sourire, même lorsqu’il mentait il abordait toujours un sourire confiant. Il n’éprouvait même pas le besoin de me mentir à ce sujet, sachant pertinemment que je ne tomberai pas dans la supercherie. C’était impossible pour moi ne de pas m’inquiéter. Le seul moyen pour que je m’inquiète pas, il n’y en avait qu’un seul, et il le connaissait. Fallait le reconnaitre, l’ambiance c’était dégradée d’un coup. Mais ce fut Berry qui fit le premier pas pour relancer le pari. Je soupirai, je ne voulais pas qu’on se retrouve sur une dispute, c’est pourquoi je forçai un sourire pour retrouver la bonne humeur.

Je m’approchai du siège de conducteur pour commencer les explications. «  Alors c’est super simple. Tu tournes la clé, tu vois les deux pédales là. » Je lui montrai du doigt. «  Celui là est pour avancer et lui pour freiner. Rien de très compliqué pour toi. Bouge pas, je règle juste la hauteur du siège. » Il recommencera peut être son histoire, mais cette hauteur a été réglé pour moi donc il risquait de bien galérer si je ne changeais rien. Je passai ma main sous le siège et tirai sur le levier. La chaise descendit doucement jusqu’à ce que la hauteur idéale. «  Vas y, essaies. Fais juste attention à ne pas oublier des endroits. » Je m’écartais de l’engin pour le laisser partir. Bien sur, comme ça n’allait pas très vite, aucun risque d’accident était possible. Je l’observais, afin d’être sur de pouvoir le laisser gérer seul la laveuse. «  Tu penses pouvoir gérer le cheval sauvage ?  » dis je en rigolant. Ce truc ressemblait plus à une vache, ou à un âne qu’à un cheval.
 

TENUE ♝  Le jour où Jirô est en couple, je fais en sorte que sa copine sache toute les choses gênantes à son sujet, juste pour rigoler. Bon, je lui dirais aussi qu'il est un garçon formidable, tout ça, tout ça. Nos histoires d'amour sont loin, pour le moment nous avons d'autres chats à fouetter. Comme l'anglais, le siens était vraiment à couper au couteau. Quand bien même il serait parler la langue, son accent est quelque peu ... Disgracieux ? Disons ça ainsi, pour ne pas l'irriter. Faudrait surtout qu'il parte dans un pays où les gens le parlent constamment pour prendre le pli et être meilleur que n'importe qui dans cette ville. En attendant, ce n'est pas trop ça. Ce n'était pas tant une histoire de confiture, mais plus une expression débile inventé par je ne sais qui. C'était sûrement pour dire qu'il n'avait aucune classe pour le coup, ou un truc dans le genre. Au moins, il me fait bien rire et je passe un excellent moment avec mon meilleur ami. à sa dernière remarque, j'hoche doucement la tête en calmant mon rire. « J'avoue, tu n'es pas mauvais pour quelqu'un qui n'a rien vu de plus que cette ville. » Mais moi non plus, je n'ai jamais quitté Séoul. Avec du temps et de l'entrainement, il pourra se fondre dans la masse anglaise ou Américaine sans problème.

Généralement, dès qu'on critique ma taille d'une quelconque façon, je le prend mal. Dans la vie, faut se débrouiller avec ses défauts et c'est ce que j'ai toujours fait jusqu'à aujourd'hui. Ces vitres n'auront pas raison de moi, tant que je suis capable de réfléchir calmement à mes problèmes. Jirô ne disait pas cela pour me blesser, mais je ne suis pas vraiment irrité. à dire vrai, quand ça vient de ce gros dadet, je relativise en disant qu'il n'est pas méchant ou qu'il dit cela juste pour plaisanter, sans se moquer à proprement parlé. J’aboie plus que je ne mord, surtout. Cela dit, je motive à la seconde pour aller faire ma part du boulot, sans attendre une autre conversation rapide avec Jirô. Je prend mes torchons, mes produits et je file à l'aventure dans les rayons frais, là où se situe les vitres. Je ne suis ni rapide, ni lent. Je me débrouille plutôt bien, en fait. Qu'importe si je n'arrive pas jusqu'en haut, la solution n'est pas loin.

Mon boulot fait, je reviens fièrement vers mon ami qui a terminé de son côté. Par contre, je ne m'attendais pas à le voir revenir avec une machine super cool pour faire le ménage. On a tous ce petit truc qui nous rend curieux face à ce genre de chose, et voilà que mon attention est toute tournée vers son engin. Il me propose un tour sans rien en échange, normal que je sois suspicieux, non ? Bon, si c'est offert gratuitement, autant en profiter! Je ne demande pas mon reste en prétextant être trop petit pour les vitres, c'est surtout pour conduire sa machine. « Carrément! » Terminais-je par me trahir avec un grand sourire aux lèvres. Bah ouais, attends! Ce n'est pas tout les jours qu'on va me proposer une virée là-dessus.

Je n'aurai jamais dû parler des Bakuto, suis-je bête. Je sais bien que Jirô ne tient pas mon clan dans son coeur et qu'en parler revient à lui donner des sueurs froides ou même des faux espoirs. Je ne peux pas abandonner la bande si facilement, il devrait s'en douter. Dans les films, c'est souvent impossible sans y laisser sa vie. J'ignore si Jae serait aussi machiavélique pour vouloir ma tête, si jamais je m'en vais. Tout problème a sa solution, mais parfois j'en doute. Pas ce genre de problème là, ce serait trop facile de dire "ciao au revoir!" alors que je bosse pour eux depuis le collège. Jirô a tord, ce n'est pas si simple à envisager. De toute façon, je ne veux pas en parler. Je préfère changer le sujet, ramener le pari sur le tapis et voilà tout.

Jirô ne m'a pas repoussé avec mon changement d'humeur, il m'explique comment fonctionne la machine et je l'écoute attentivement, hochant la tête pour lui montrer que j'ai compris. Deux pédales,, une pour avancer, l'autre pour freiner. C'est tout simple, il n'y a même de vitesse comme sur une voiture, ça doit être un jeu d'enfant. La hauteur du siège ? J'allais râler à sa petite remarque, mais je n'en fis rien puisqu'il m'était difficile d'avoir les pieds à plat sur les pédales. « Avancer, freiner. J'ai compris! » Dis-je en appuyant tour à tour sur les pédales, un sourire sur le visage. Une fois à la bonne hauteur, je parviens mieux à gérer les pédales, sans me tortiller sur le siège. « C'est parti! » Et je tourne la clé pour actionner la machine, appuyant ensuite sur la pédale pour sentir l'engin trembler et se mettre doucement en marche. D'accord, je ne risque pas de faire la course avec ça, mais je ne suis pas là pour m'amuser -bien que je le fasse quand même-. « T'inquiète pas! Tu parles à un pro là. » J'ai l'air de m'éclater à tourner le volant pour faire les coins, histoire de ne rien oublier. « Cheval sauvage ? Je dirais plutôt un âne. » J'en rigole, remarquant qu'il n'y a pas d'action pour reculer. En gros, je dois tourner en rond ?

« Je devrais en acheter un à ma mère, tu crois qu'elle serait contente ? » Je dois parler plus fort, puisque je m'éloigne de lui. Ce n'est qu'une plaisanterie, ce truc ne rentrerait même pas chez moi et ma mère refuse la nouvelle technologie alors qu'elle s'en sort avec ses balais bon marché. Arrivé à la fin de mon parcourt, je tourne le volant pour revenir sur mes pas, mais en changeant de côté pour nettoyer l'autre partie. Finalement, c'est amusant comme boulot. Si on oublie les vitres.

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

S i une simple machine à laver le sol pouvait rendre Berry si curieux et amusé, c’était qu’il restait l’innocent garçon que je connaissais. Ça me mettait hors de moi à chaque fois que je pensais à ses magouilles qu’il manigançait avec son clan. De plus, j’avais des fois l’impression qu’il considérait les membres de Bakuto comme étant ses amis, ou pire, comme sa famille. Alors tu m’étonnes qu’il ne voulait plus les quitter. C’était contraire à mes habitudes, mais sans les connaitre, je ne les aimais pas, et même peut être que je les haïssais. Je ne disais pas qu’ils étaient tous mauvais, mais une personne honnête ne devrait pas avoir affaire avec eux. Berry ne devrait pas faire parti du gang. Alors oui, je les détestais d’avoir entrainé Berry dans tout ça.
Mais s’il y a bien une personne que je détestais encore plus qu’eux, c’était moi et mon impuissance. J’étais aussi coupable qu’eux dans cette histoire. S’ils avaient ouvert la porte du gang, c’était moi qui ne l’avais pas refermé à temps et fais en sorte que Berry la traverse. J’ai toujours essayé de vivre de façon honorable, j’étais fier de ma façon de vivre, mais cette histoire était la seule chose que je regrettais.

Pourquoi ce n’était pas si simple de quitter le gang ? Après toutes ses années de « collaboration », Berry avait bien rempli sa part du marché ? Il avait mérité sa « retraite » non ? De plus, si les membres étaient plus ou moins proches entres eux, ils devraient respecté la volonté de mon ami non ? Je ne comprenais rien à ces histoire de gang. Pourquoi est ce mal de vouloir reprendre le bon chemin ? Ce n’était pas bien, je sentais que mes émotions allaient prendre le dessus. Je sentais que j’allais encore me disputer sur ce sujet avec mon meilleur ami. Je ne voulais pas, pas après tout ce temps qu’on ne s’était pas vu. Pourtant, une part de moi voulait que tout éclate. Car à nouveau, je ne faisais que repousser la chose. Pourquoi Berry ? Pourquoi te donnes tu autant de mal à changer de sujet ? Et pourquoi ai-je accepter de changer de sujet ? Tout simplement car je savais qu’il n’aimait pas qu’on en parlait. Cette fois ci, j’avais l’intention de laisser passer, mais je ne perdrais pas la prochaine occasion de discuter sérieusement de tout ça. Et même sa petite bouille me fera pas hésiter. C’était pour son bien, j’en étais convaincu.

Je lui expliquais efficacement comment la machine marchait. Ce n’était pas compliqué, si quelqu’un comme moi avait réussi à manipuler ce truc, Berry n’aurait aucun problème à dompter cet animal. Je lui réglai la hauteur du siège pour qu’il soit apte à utiliser les pédales. Bizarrement, il était étonnement calme lorsque j’arrangeai la chose, et je poussai un petit rire. Il était vraiment le seul à pouvoir me mettre en colère puis me faire rire dans la minute qui suit. Je m’éloignai de lui pour le laisser commencer. Je croisai mes bras, avec un sourire sur le visage, et attendais qu’il démarre l’engin. « Franchement, tu vas attirer plus d’une avec cette machine ! » plaisantai-je. Remarquant que Berry confirme ma pensée sur l’âne, je rigolais un peu plus fort. «  Au galop maintenant !  ». Je le voyais s’éloigner petit à petit de moi. Je pense qu’il avait compris qu’il n’y avait pas de marche arrière sur ce genre d’appareil, et qu’il devrait revenir sur ses pas en faisant des allers retours.

«  Toi tu veux te faire tirer par les oreilles ! » Je savais que ma tante n’aimait pas du tout la nouvelle technologie, et elle risquerait de râler parce qu’on lui aurait offert des choses chères et peu utiles. Bien sur, si j’étais au courant de ça, Berry l’était aussi. «  Si tu veux te faire tirer par les oreilles fallait me le dire, j’aurai très bien pu le faire à sa place !  » criais je en faisant une mine innocente. Mon meilleur ami se débrouillait assez bien. Il ne laissait pas de parcelles non nettoyée, j’étais confiant. Il était devant moi maintenant. «  Bon, je ne vais pas perdre notre précieux temps à te regarder sans rien… même si c’est tentant. » je ris un petit coup avant de prendre les torchons pour les vitres. S’il faisait la partie amusante du boulot, c’était à moi de faire les choses moins drôles. Lorsqu’il arriva à ma hauteur, je lui passais mes écouteurs avec micro. Est ce qu’il allait comprendre mon geste ? «  Je te laisse terminer la visite du centre, je vais m’occuper des vitres.  » Sur ces mots, je me dirigeai vers l’entrée principale avec les portes vitrées ainsi que les fenêtres. J’arrivai très rapidement à destination puis sortis mon portable. Je composai le numéro que je connaissais par coeur à l’écran, puis mis le mode haut parleur. Je posais mon portable sur un petit rebord. Tout en attendant que mon ami réponde, je mis le produit sur les vitres et commençai à nettoyer. Finalement, mon meilleur ami finit par décrocher. «  J’avais peur de trop te manquer… Tu utilises les écouteurs hein ? » Même si c’était un âne, il n’empêche que c’était dangereux de conduire avec un téléphone en main.

 

TENUE ♝  Jirô s'en fait beaucoup trop à mon sujet. Il ne devrait nullement s'en vouloir à ma place, parce que je suis le seul responsable de mes problèmes. Je ne considère pas les Bakuto comme un soucis, puisque j'ai trouvé ma place chez eux, et chez les précédents aussi. Jirô n'a pas pu me retenir avec l'autre clan, et celui de maintenant. C'est comme ça, il ne peut rien changer à cet épisode là de notre vie, que ce soit la mienne ou la sienne. Je ne veux pas qu'il se sente coupable, ni qu'il se lamente sur une chose qu'il n'a pas faite. Je voudrais juste le rassurer, qu'il comprenne que tout va bien, que je m'en sors malgré tout. J'ai ma place dans cet univers, aussi étrange que cela puisse paraître, je suis à ma place avec eux. Ce n'est pas si simple de partir, je ne peux pas quitter mon gang d'un claquement de doigt... Justement parce que j'ai ma place et qu'ils ne pourront pas la remplacer si facilement, et parce que je sais trop de chose. Mon patron est peut-être cool, mais j'ignore sa réaction si jamais je venais à lâcher cette bombe. ça ne fait pas si longtemps que je bosse pour lui, peut-être un an, peut-être plus ou moins. J'ai à peine fait mes preuves pour eux, j'ai à peine gagné la confiance de mon supérieur comme un ami, et non un simple patron sans importance. Justement, c'est mon ami. Jae est mon ami. Ce n'est pas le meilleur, comme Jirô, mais il reste quelqu'un pour moi quand même. Je n'aime pas quand Jirô s'en fait trop pour moi, pour cette histoire de clan. Si seulement il pouvait oublier ce détail à mon sujet et passer à autre chose, sans se poser de question.

Heureusement que la machine à laver le sol était là, sinon je me serais encore prit la tête avec mon meilleur ami, pour une raison qui m'agace davantage. Il m'explique comment fonctionne l'appareil et je l'écoute en retenant à merveille. Le fait qu'il règle le siège est agaçant, mais je ne trouve rien à redire, puisque c'est pratique en réalité. Qu'il ne se moque pas de moi pour autant! Je me résigne à accepter ma taille de minimoys, pour cette fois seulement. Bon, au moins il ne pense plus au Bakuto et j'en suis rassuré, pied sur la pédale pour avancer dans l'allée. Il est marrant, ha ha ha. « Très drôle ! » Fis-je sans perdre ma route des yeux, bien qu'à mon allure, je ne risque rien. L'âne est à son maximum, je ne pourrais pas faire de course avec ce truc, ou des courses d'escargot. Ce serait une perte de temps, mine de rien. Je voudrais bien donner des petits coups de talon à la machine, comme sur un cheval, mais pas sûr qu'elle avance avec ça. Du coup, je reste pied sur la manette, pied au plancher même. Le seul hic, c'était la marche arrière qui n'existait pas. Je vais faire des zig-zag dans le magasin pour que le sol brille et que les gens glissent dessus comme sur une patinoire, haha.

Même dans ces moments-là, je pense à ma mère. Serait-elle heureuse avec une telle machine, en modèle réduit pour passer dans l'espace réduit de notre appartement ? Jirô a raison, elle risque de me tirer les oreilles à m'en arracher la tête. Je ris doucement, relevant mon pied pour ralentir la machine. « Jamais de la vie! Garde tes mains dans tes poches, tch. » Grommelais-je en faisant un signe de croix avec mes index, genre "vade retro satanas". Je remet le pied sur la pédale pour reprendre de la vitesse, n'oubliant aucun recoin à la merci de la poussière et de la saleté. Avec moi, il peut avoir confiance, je ne louperais pas un millimètre de son carrelage scintillant. « Tu avoues que j'ai l'allure d'une star avec cette machine, hein ? Va bosse, plutôt! » Dommage, je n'ai rien sous la main pour lui balancer dessus, sauf un regard électrique. Je ne compris pas de suite pourquoi il me passait des écouteurs, les regardant un instant en silence. Oh, il ne reste pas là avec moi ? Je pige mieux maintenant, mais j'hoche ma tête de haut en bas pour montrer que j'ai saisis. « ça marche! » Sans arrêter la machine, je prend mon portable dans ma poche et branche les écouteurs, les enfonçant dans mes oreilles. Quelques minutes plus tard, je vois un appel entrant de mon meilleur ami, un sourire au bord des lèvres. Trente secondes et je décroche, pour faire genre que je suis super occupé. « Tu as été trop rapide pour cela ~  Quoi ? Tu as peur que je perdes des points sur mon permis ? » Je plaisante, riant à travers l'appareil. « J'ai les écouteur, ne t'en fais pas. » Repris-je en pianotant mes doigts sur le volant, attendant d'être au bout pour tourner et continuer. « Où est-ce que je dois aller, chef ? » J'ignore s'il a déjà nettoyé les autres allées ou si je dois le faire.

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

R ien que voir Berry sur sa monture magique me donnait envie de sourire. La scène était assez amusante, on  voyait une tignasse orangée s’éloigner petit à petit. Est ce que j’avais l’air aussi amusant sur cette machine ? je ne le pensais pas. Bien que je ne détestais pas mon métier, je ne m’avais jamais autant rigolé lorsque je travaillais. Tout ça, ça n’était possible que par la présence de mon meilleur ami. Cette scène me fit presque oublié l’histoire avec son clan. C’était toujours comme ça, on était tous les deux conscients que cette histoire nous pousserait à nous disputer, encore une fois. Cette fois ci, j’avouais que j’avais lâchai l’affaire assez rapidement, mais il fallait qu’on résolve cette histoire un jour ou l’autre. Et ce jour là, je savais qu’il n’était pas prêt d’arriver. Nous étions tous les deux trop têtu pour abandonner. Mais malgré ces disputes à ce sujet, notre amitié redevenait toujours aussi soudée qu’avant.

Berry a toujours été un fils filial, alors ce n’était pas étonnant qu’il me parle de sa mère. Par contre, ce qui l’était, était qu’il veuille acheter une machine comme celle ci pour sa mère. Bien sur, c’était une blague de sa part, mais il avait du cran à blaguer sur ça, car d’après ce que je savais, sa mère risquait de ne pas apprécier ce genre de cadeau. Ah ! Peut être que Berry était en manque « d’affection » ? Avec un petit sourire, je me proposai de jouer le rôle de sa mère afin de lui tirer les oreilles. La réaction de mon best me plia en deux. J’avais même les larmes qui me montaient aux yeux tellement il me faisait rire. Essuyant la petite larme de mon oeil, je me redressai. Je levais mon pouce en l’air. «  Trop la classe ! Tu vas pouvoir draguer toutes les filles avec ça, c’est moi qui te le dis ! » Je voulais rester là à le regarder, mais ses regards électrisants me persuadèrent de bouger mes fesses. «  Yes sir ! » Mais comme l’endroit où je devais nettoyer était à l’entrée du centre, je devais quitter mon ami d’enfance le temps du nettoyage. Avant de partir, je lui donnai au préalable mes écouteurs pour qu’on puisse continuer à parler même si nous n’étions pas au même endroit. Je n’eus pas besoin de lui expliquer le pourquoi des écouteurs car Berry était assez perspicace pour comprendre mon geste.

Je me dirigeai donc vers l’entrée puis appelai Berry. Ce dernier ne répondit pas tout de suite. J’étais pourtant sur qu’il avait compris que j’allais bientôt l’appeler. Je lâchai un petit sourire, ce petit malin avait fait exprès d’attendre avant de décrocher. «  Mais toi pas assez pour répondre ! » râlai je avant de rigoler doucement. «  J’ai surtout peur qu’on t’interdisse de passer le permis si on te prend en flagrant délit ! » plaisantai-je. Tout comme moi, Berry n’avait pas de permis de conduire, et c’était surement pour les mêmes raisons. Mais bon, ne pas avoir de permis n’était pas si désavantageux que ça, Tokyo était assez desservi par les transports en commun pour pouvoir se passer d’une voiture personnelle. Au moins, j’étais sur qu’il avait les écouteurs, et pouvait utiliser pleinement ses deux mains pour se diriger. Pendant que je frottais les vitres avec le chiffon, je réfléchissais à comment décrire l’itinéraire à Berry. «  Tu vois la fontaine où on était tout à l’heure ? Et bien faut que tu ailles là bas. Après c'est simple, tu as juste à suivre les allées, tu finiras pas retomber sur la fontaine. » Ce centre était en réalité assez petit. C’était le plus petit de ceux que je nettoyais, c’était pour cette raison que mon patron n’avait pas pris la peine de remplacer mon collègue absent et me laissait occuper de tout, seul. Bien sur, il allait me payer un peu plus pour cette part de boulot supplémentaire. Et comme Berry était là pour m’aider, je comptais évidement utiliser cette part afin de le récompenser.

«  Dis Berry, c’est qui le gars qui te colle tout le temps ? Je vais être jaloux si tu t’es trouvé un autre meilleur ami ! » Il s’agissait d’une plaisanterie, mais il est vrai que ça faisait un petit moment que je le voyais aux côtés de Berry. Je ne savais pas pourquoi je m’étais soudainement mis à penser à lui, mais ce -apparement-  lycéen m’intriguait. C’était d’ailleurs assez peu commun pour moi de poser une question sur l’entourage de Berry. Je pris mon portable du rebord et le reposai dans un autre coin afin que je puisse parler à Berry tout en nettoyant une nouvelle surface.
 

TENUE ♝  Ma mère n'est pas si sévère que cela, bien qu'elle vive dans son petit monde de pauvreté. Ce n'est pas un reproche, elle n'a pas la chance d'avoir un homme avec elle, un mari qui l'aime et l'aide. Même si je suis son fils, c'est parfois difficile de la soutenir quand elle va mal mais le cache. C'est une femme forte, je devrais pas plaisanter sur ses préférences ou sa manière d'être. Je l'adore, autant que j'adore mon meilleure amie et ma tante. Être ici avec lui me fait le plus grand plaisir, je m'amuse en l'aidant à travailler, ce qui fait une pierre deux coups. « Comme si les filles d'aujourd'hui adoraient ça! » Ricanais-je en lançant un regard à Jirô. De nos jours, elles aiment les riches, les beaux, les forts, pas les techniciens de surface, qu'importe le modèle de leur machine. Je ne dis pas ça contre lui, Jirô est vraiment classe et sympathique, si j'étais une fille peut-être que je serais amoureuse de lui. Bref, on devait continuer à bosser et pour cela, fallait se séparer pour étendre la zone de travail. Je restais dans les allées avec mon transformer tandis qu'il partait faire les vitres plus loin, me laissant une paire d'écouteur avant de filer hors de ma vue. Moi qui croyait être seul, haha.

Seul avec mon engin, je vois que Jirô m'appel sur mon portable mais j'attends un peu avant de décrocher pour entendre sa belle voix susurrer à mon oreille des mots doux. Ironie ironie  ~ Je ris à ses paroles, bien conscient que je me moque de lui. « Je devais tourner. » Inventais-je en souriant, sournois. Heureusement qu'il ne peut pas voir ma tête, sinon il comprendrait de suite que je raconte n'importe quoi pour le faire marcher. « Je devrais peut-être raccrocher alors ? » Demandais-je sur le ton de la plaisanterie, loin de raccrocher l'appel. Je devrais penser à le passer, maintenant que j'ai la somme suffisante à cela. Je fais durer le plaisir de prendre le métro, c'est fou comme j'aime ça. Entre nous, je n'ai aucune envie d'être des heures dans les embouteillages quand je peux l'éviter et circuler plus rapidement. La voiture, c'est bien pour les longs trajets en dehors de la ville ou pour les voyages par exemple. Sinon, elle n'est pas utile dans la capitale. Pianotant sur le volant, je demandais la route à suivre à Jirô. Je n'allais pas lustré la même voie quand même.

La fontaine, je note. Donc, je fais les allées proches de la fontaine, d'accord! « La fontaine, okay! » Je n'en dis pas plus, tournant brusquement le volant pour faire bouger la machine vers la fontaine. Heureusement, les allées n'étaient pas des pistes d’atterrissage, sinon je deviendrais fou à l'allure où avance le bolide. Je peux même l'entendre laver le sol tellement il est bruyant et lent, mais je m'en accommode, attendant patiemment. Mon meilleur ami m'occupe la pensée, m'évitant de chanter ou d'écouter de la musique à la place, bien que je me passe de sa question ...

« Il est si peu discret que ça ? » Demandais-je à Jirô en grimaçant, bien heureux qu'il ne puisse mater ma tronche de désespéré. « C'est juste un pot de colle qui veut être mon ami. T'inquiète pas, il ne pourra jamais te remplacer~ » Phoenix est seulement un lycéen collant et sans gêne qui trouve le moyen d'être sur ma route quand je n'ai pas envie de l'avoir dans les pattes. Un importun, dirais-je. Continuant à avancer dans les allées jusqu'à la fontaine, je repris après avoir souffler discrètement. « Il se nomme Phoenix. Ce gamin connait rien à la vie et j'ai l'impression qu'il reste avec moi pour en apprendre plus... Tu crois que c'est une bonne chose ? » Je n'ai jamais eu peur pour Jirô, seulement parce que je connais mon meilleur ami et que je le sais prudent. Sauf que ce n'est pas le cas de Phoenix qui se réjouit d'un rien et n'a aucune limite à l'ouvrir. J'ai peur qu'un jour, il lâche une parole de trop... Peur. Ai-je vraiment pensé à ce sentiment en parlant de mon cadet ? Arrivé devant la fontaine, je fais demi-tour pour bien nettoyer. « Tu as rencontré quelqu'un dernièrement, toi ? » Puisqu'il demande pour Phoenix, autant que je sache à mon tour s'il a quelqu'un dans sa vie. Je suis curieux, j'aime savoir avec qui traîne mon meilleur ami.

Surprise! What did you expect ? - Tenue -

J ’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ma mère ainsi que celle de Berry. Elles nous ont élevés seules sans la moindre aide de leurs proches. Elles s’étaient soudées les coudes et ont réussi à franchir les obstacles ensembles. Ma mère a eu de la chance en trouvant un autre homme important dans sa vie et j’étais soulagé de voir qu’elle était aimée en tant femme et non en tant que mère. Bien sur, même sans l’apparition de son compagnon, j’aurai continué à prendre soin de ma mère, mais en tant que maman, il y avait des facettes qu’elle ne pouvait montrer à son enfant. Même si j’avais beau lui dire que j’étais grand, elle refusait de me montrer ses faiblesses. Alors savoir qu’elle avait quelqu’un avec qui partager ses soucis, j’étais content. Je ne disais pas que l’amour était quelque chose d’indispensable, mais ça me soulageait, en tant que fils, de voir sa mère aimée. Face à sa remarque, je fis une moue. Il venait de casser mon délire. C’est vrai qu’en tant que fille, qui aimerait quelqu’un qui conduirait un âne ? Heureusement pour moi, je ne voyais pas ma situation comme étant quelque chose à plaindre. Je ne me sentais pas honteux, il n’y avait pas de mal à être technicien de surface, ni à nettoyer des centres commerciaux. Bien sur, je savais que Berry ne me jugeait pas, il serait la dernière personne à le faire. Alors à part le fait de ne pas avoir continué ma blague, je ne l’avais pas « mal pris ». Ce fut sur un sourire que je quittai Berry. S’il pensait qu’il allait, pour autant, être tranquille, il se trompait. Je lui donner des écouteurs afin de faciliter notre communication par téléphone.

Après être arrivé à destination, j’appelai mon pilote de formule un. Avec le téléphone en mode haut parleur, le rire de Berry résonnait dans le hall. Les échos n’allaient pas très loin, mais c’était suffisant pour me faire rire. Qu’est ce qu’il avait un rire moqueur ! Mais son rire était vraiment communicatif. J’avais conscient d’être l’objet de ses moqueries mais je rigolais avec lui, comme un gamin qui suivait son grand frère dans ce qu’il faisait. En même temps, la réalité n’était pas loin, il était le frère avec qui j’ai grandis. «   Hé ! Raccroche pas ! » Même s’il ne me voyait pas, je fronçai mes sourcils, comme si j’étais inquiet qu’il le fasse. Je savais qu’il était capable de raccrocher mais qu’il me rappellerait dans les minutes qui suivaient. Quoique, peut être qu’après m’avoir demandé la direction, il aurait pu faire son petit ménage tranquillement. Tant pis, je voulais discuter avec lui, il écoutera sa musique une nouvelle fois.

J’émis quelques rires aux mots de Berry. Discret n’était effectivement pas le bon mot pour décrire le lycéen que j’avais vu. Mais il avait l’air très sympa et assez drôle. J’arrêtai quelques instants mes mouvement avant d’écouter la suite. «   Hummmm… » Un pot de colle qui voulait être son ami ? C’était une idée assez enfantine mais c’était mignon comme intention. Je repris mes mouvements de nettoyage. «  Et ben ! Il a  du flair ! Il a choisi un sacré modèle ! » Je marquai une pause. «   De ce que je vois, que ce soit une bonne ou une mauvaise chose, il n’est pas prêt de te lâcher. Alors à toi de faire en sorte de minimaliser les dégâts. » Je ne connaissais pas Phoenix mais je connaissais parfaitement Berry. Si lui même n’arrivait pas à se défaire de ce « pot de colle », le lycéen était extrêmement têtu. Ça me donnait assez envie de le rencontrer.

«   Tu me connais, je fais des rencontres tous les jours ! » Je rigolai assez fortement. Par contre, ces derniers temps, j’avais fait une rencontre particulièrement anodine.  «  Ce que je vais te dire, tu le dis pas à ma mère ok ? » J’attendis sa réponse avant de continuer. «   Il m’est arrivé un truc qu’il m’est jamais arrivé. Pendant que je nettoyais un immeuble, j’ai vu, à travers la terrasse, un serpent géant sur un homme. J’ai cru qu’il s’agissait d’un serpent qui était en train d’étouffer quelqu’un. J’ai défoncé la porte de son appart, démoli toute sa décoration avant de me rendre compte qu’il s’agissait en fait d’un animal domestique. Du coup, pour le dédommager, je fais le ménage chez lui pendant quelques temps. » J’arrêtai de nettoyer et soupirai un gros coup. Si seulement je n’avais fais que ça comme gaffe. «   Le pire dans tout ça, c’est que la voisine est venue avec une carabine et a tiré sur le serpent ! » Les événements étaient encore frais dans ma tête, et le resteront encore un bon moment.
 

TENUE ♝  Même quand je voudrais m'en débarrasser, Jirô trouve le moyen d'être toujours là, qu'il soit à des kilomètres ou à côté de moi. Les écouteurs en main, je comprends rapidement où il veut en venir, les plantant dans mes oreilles en attendant qu'il téléphone. évidement, je ne lui facilite pas la tâche en prenant mon temps, comme si j'étais trop occupé dans mon boulot. La conversation s'enchaîne aussitôt et je me marre d'une façon moqueuse contre mon ami, sans méchanceté. Faut dire que j'ai toujours aimé être un peu sournois avec lui, entre mauvaise blague et petite plaisanterie. Je ne comptais pas réellement raccrocher, mais l'entendre presque me supplier me donnait envie de le faire encore plus marcher. Malgré tout, je ne le fis pas et continuais ainsi de papoter avec lui, tout en conduisant ma formule 1 à travers les allées du supermarché. Ce n'était pas bien grand, mais fallait néanmoins un peu de patience à cette allure. J'ai la chance d'avoir Jirô à l'autre bout du fil, cela me donnait l'impression que le temps filait plus vite et que la machine n'était pas si lente. La musique serait barbante à force, alors qu'avec mon meilleur ami, c'est beaucoup plus intéressant.

Phoenix, j'ignore pourquoi on en vient à parler de ce garçon. Peut-être parce qu'il passe son temps à me coller ? Ou que le hasard nous pousse toujours l'un vers l'autre ? Ou que la chance n'est absolument pas de mon côté, aussi. Même Jirô a remarqué pour le lycéen, et je ne peux pas lui cacher son identité bien longtemps. Être mon ami n'est pas toujours une bonne chose, mais Phoenix est loin de se douter que cela est même très dangereux. Jirô le sait, mais j'évite d'impliquer mon meilleur ami dans mon "boulot", or Phoenix n'écoute rien tel un chiot indiscipliné. Sacré modèle, comme il dit. Je n'arrive pas à me réjouir face à cette idée, plutôt irrité que fière. Il ne sait pas dans quoi il s'engage surtout, moi non plus. Mon cadet ne sait pas lui-même si c'est une bonne ou mauvaise chose. « Tu sais comme moi que ce n'est pas une bonne chose pour lui. » Soufflais-je en secouant doucement la tête, consterné par mes pensées. Il va s'attirer des ennuies à me suivre, lui et son attitude bornée. Comment puis-je minimiser les dégâts avec une mule pareille ? « Ce gamin n'a peur de rien... Un jour il risque de mettre les pieds dans le mauvais plat, et là j'aurai du mal à minimiser. » Avouais-je, serrant le volant entre mes doigts. Ce Phoenix me donne du fil à retordre et inconsciemment, il m'inquiète.

Je préfère encore savoir ce qu'il en est de Jirô et de ses amis. Il n'a pas que moi, je m'en doute bien. L'entendre dire qu'il fait des rencontres tous les jours me fait sourire, même un peu rire. C'est vrai qu'il a une tête à vouloir être son pote, tellement il donne confiance au premier coup d'oeil. « Qu'est-ce tu as fait ? » Je suis plutôt suspicieux, qu'est-ce qu'il a bien pu faire pour que je n'en dise pas mot à sa mère ? « Ok, accouche! » Finalement, je suis plutôt impatient de savoir son histoire extraordinaire. Un serpent géant sur un homme ? Il a vu quel genre de film à la télé ? Son métier est limite dangereux s'il doit côtoyer des charmeurs de serpent. Je devrais peut-être lui demander d'arrêter ? Comme ça, à charge de revanche. « Tu vas me dire qu'un homme gardait un serpent gros comme ma jambe chez lui ? Et qu'à cause de toi, il s'est fait carabiner ? » Je ne devrais pas me moquer... Alors pourquoi je me retiens de rire ? D'accord, c'est méchant pour le pauvre serpent qui n'a rien demandé à personne.

« Le propriétaire n'a pas cherché à te tuer, au moins ? Dis-moi si quelqu'un t'embête, hein. » Non non, je n'irai pas chez lui pour le disséquer, je sais parler comme tout homme civiliser... Quoi que. Mais j'aime bien faire genre d'être sérieux alors qu'on sait parfaitement que nos problèmes sont les notre et qu'on ne demandera pas à l'autre d'intervenir tant que ça ne le concerne pas. évidement, j'irai défoncer le premier qui fait gratuitement du mal à mon meilleur ami, pas de quartier.

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M ême si je n’aimais pas le fait que Berry soit dans un clan, je savais qu’il se débrouillait assez bien. Enfin, il ne m’en parlait pratiquement jamais mais au moins, je l’apercevais de loin tous les jours, preuve qu’il était toujours là et qu’il ne s’était pas retrouvé coincé dans une sale affaire. J’avais conscience que c’était pour ma propre sécurité qu’il ne m’impliquait pas dans ses magouilles. C’était pour ne pas gâcher son intention que je n’insistai pas sur les détails de ses missions. C’était aussi pour éviter que je ne l’engueule car je n’arrivais vraiment pas à digérer son « boulot ». Mais ce n’était visiblement pas le cas pour Phoenix. Berry me demanda si c’était une bonne chose. Franchement, je ne savais pas. D’un côté, impliquer un lycéen dans des affaires louches, ce n’était vraiment pas une bonne chose à apprendre, mais d’un autre, ne pas devenir son ami à cause du gang, je trouvai ça dommage. Si un jour Berry voudrait me « chasser » à cause de ça, je ne le laisserai pas faire, et ce, même si je détestais, plus que tout, son métier. Je laissai un blanc après que les mots de Berry. «   Est ce que tu as tenté de l’arrêter ? Tu vas tout de même pas l’enfermer dans une cage pour pas qu’il te colle. » Ce Phoenix était vraiment un cas, voir à quel point mon meilleur ami pouvait peiner à trouver une solution me donnait envie de le rencontrer de façon plus officiel. «   Je crois que j’ai trouvé une solution à ton problème ! Si tu arrêtes de faire parti du clan, il n’y aura plus de soucis ! Ce ne sera ni dangereux pour lui, ni pour toi ! » J’essayai à nouveau de glisser cette idée dans la tête de Berry. Bien sur, je le voyais déjà me dire à quel point ce n’est pas si simple que ça et tout le bla bla qu’il me sortait habituellement. Cette fois ci, c’était mon tour d’employer le ton de la rigolade à propos de ce sujet.

Mon ainé préféra changer de sujet et de parler de moi. Question rencontre, je n’avais pas de problème. J’étais quelqu’un d’assez sociable et amical, je ne dirais pas que j’avais beaucoup d’amis, mais je parlais à tout type de personnes. Et même si j’avais fais d’assez belles rencontre, il n’y en avait effectivement une qui était vraiment unique en son genre. Mais avant de le lui raconter, je fis promettre à Berry de ne rien dire à ma mère, tel un gamin qui cachait une bêtise à sa maman. Même si c’était réellement le cas. Je pouvais entendre au son de la voix de Berry son impatience à écouter mon histoire. Bien que mon best ne le voyait pas, Je hochai la tête au parfait résumé de Berry. «  Oué c’est ça ! Un TRES gros serpent ! J’ai ramassé sa dépouille, et je peux t’assurer qu’il avait au moins ma taille ! J’ai halluciné en voyant la voisine avec son fusil, elle m’a vraiment fait froid dans le dos. » Voilà comment le serpent avait perdu sa vie. Le pauvre, il n’avait rien demandé, il faisait juste la sieste sur son propriétaire. J’espérais vraiment qu’avec cette affaire, on retirerait l’arme à la vieille dame. La fois dernière, on avait eu de la « chance » qu’elle avait réussi à toucher ce qu’elle visait, mais imaginons qu’elle avait raté, il y aurait d’autres victimes.

Je rigolais lorsque Berry décida de jouer au super grand frère. Ça ne se voyait pas comme ça, mais il était nettement plus doué que moi pour se défendre. Bon, j’avais de la force et j’étais avantagé par ma taille, mais c’était tout. Mon meilleur ami, en plus d’être intelligent, connaissait les arts martiaux. «   Franchement, j’ai vraiment cru qu’il allait me tuer, mais je suis tombé sur un homme super gentil. » Eime avait même fini par m’offrir à manger après tous ces événements. «  Mais puisque tu me le demandes, il y a vraiment quelqu’un qui m’embête… tout le temps même.  » Je me tus quelques instants. «   Il se moque souvent de moi…Et il se joue pas mal de ma tête aussi…C’est vraiment un méchant garçon ! » Je me retins de rire. «   Qu’est ce que je pourrai lui faire d’après toi ? » Le seul qui « m’embêtait » autant, ce n’était autre que Berry.

TENUE ♝  Jirô n'a jamais accepté mon boulot, ni ce clan, mais je le comprends parfaitement même si je ne peux rien changer à ça. C'est mon gagne pain, ma première rentrée d'argent quand j'en avais le plus besoin, je ne peux pas tout claquer comme ça maintenant que j'ai une place dans une bonne école et un petit boulot clean à côté. Non, ce serait trop précipité comme décision et je tiens beaucoup trop à certains membres pour me barrer. Peach est ma meilleure amie chez les Bakuto, Jae est un très bon ami et même si je ne peux m'en piffer d'autres, ça m'est égal. Jirô est mon meilleur ami, Phoenix un pot de colle, mais j'ai assez de place pour eux sans quitter mon autre famille. C'est trop compliqué et je sais d'avance qu'en parler avec lui reviendrait à envisager l'inenvisageable, donc ce serait une perte de temps pour nous deux. « Tu as déjà essayé d'arrêter une tornade, toi ? » Fis-je en soufflant dans le micro, une image de Phoenix la tornade en tête, pire que twister. L'enfermer dans une cage ? Je pourrais le faire pour le protéger de moi, mais pas sûr qu'il apprécie. « J'en sais rien, je pourrais le dégoûter à mort pour qu'il se trouve un autre pote ? » Ce serait méchant, Phoenix ne mérite pas un tel traitement. Jirô recommence avec le clan et je me retiens de lui raccrocher au nez, si j'insiste pour aller à contre-sens, il va encore insister, mais si j'approuve, il va s'en réjouir trop vite. Quitte à choisir, je préfère briser ses espoirs plus tard et l'entendre sourire maintenant. « Je verrais ça, Jirô. » Me contentais-je de dire doucement, sans montrer mon impatience et mon angoisse. Je sais qu'il ferait la fête le jour où je ne serais plus un Bakuto, mais il devra attendre avant que ce jour-là arrive.

Parfois, mon meilleur ami me fait réellement rire, même si je me retiens pour avoir son histoire et ne pas perdre de temps. Il me parle de sa dernière rencontre ou celle qui l'a le plus marqué récemment, mais aussi d'un serpent, d'une voisine avec un fusil et bref, quel bordel! J'en reviens pas qu'il vive autant d'aventure sans moi, ahlàlà. Mais je suis content qu'il s'ouvre à d'autre horizon que le miens, sans pour autant me mettre de côté et moi non plus. J'en résume rapidement son récit, un sourire au coin des lèvres. Un serpent quand même, ce n'est pas rien. « évite de te faire manger à l'avenir, ou tirer dessus. Elle s'est peut-être cru dans Indian Jones ou Koh Lanta ? » Non mais qui possède un fusille chez soi ? Même ma mère n'a pas d'arme pour se défendre alors qu'elle vit dans un quartier malfamé! Franchement, les gens m'étonnent de nos jours. « Il ne t'a pas demandé de le dédommager pour sa bestiole ? » Demandais-je à mon meilleur ami, une pointe d'hilarité dans la voix. Ce n'est pas tous les jours que l'on croise un serpent dans une résidence, j'aurai presque de la peine pour l'animal qui ne devait rien faire de mal. Au pire, il s'en rachètera un ou autre chose à la place.

Aussitôt, je joue le justicier protecteur en jurant la sécurité de mon best. C'est mon ami le plus cher, je ne veux pas que quelqu'un lui fasse du mal sans le défendre. Ou qu'on lui fasse du mal tout court, sans question de le défendre ou pas. Le premier qui touche à un seul cheveux de sa tête, je lui rase le crâne. Il a simplement cru, mais ça n'a pas été le cas, tant mieux! « Tu me rassures, j'étais prêt à descendre de mon bolide là. » J'exagère, je ne vais pas me pointer chez un gars que je ne connais pas pour lui casser la figure, voyons. Quoi que, je pourrais. Ah ? Quelqu'un l'embête ? Aussitôt je coupe le moteur de la machine -il va sûrement l'entendre- pour l'écouter attentivement, sans me douter de rien. « Dis-moi son nom, je vais lui toucher deux mots à ce merdeux! » Et dire que je m'emballe contre moi-même, Jirô se fout vraiment de ma tête, c'est lui le méchant Kôhai. Du coup, je me suis arrêté juste devant la fontaine, attendant une réponse de mon ami. « Pourquoi tu ne m'as pas dit plus tôt qu'on t'embêtait ? Aish! Je pourrais le noyer dans la fontaine! » Autant que je me jette de suite dans ce cas-là ... Punaise, quand je vais savoir, c'est Jirô que je vais balancer à la flotte, même si je suis plus petit que lui. Il ne perds rien pour attendre, ce débile! Juste le temps que je comprenne sa mauvaise blague et j'accours pour le trucider.

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I l aura beau à me répéter à quel point c’était difficile pour lui de quitter le clan, je ne voyais pas en quoi ça l’était. Ou peut être que je refusais de comprendre, car si c’était le cas ça prouverai qu’il avait raison. Or s’il avait raison, je ne pourrai plus le faire changer d’avis. Je voudrai être cette petite mouche qui finirait par l’avoir par usure. Je voudrai être le gars qui présentera la sortie pour lui. Je savais que c’était quelque chose dont il n’aimait pas parler mais au moins ça le faisait réfléchir à chaque fois que je mettais ça sur la table. Je ne laisserai pas s’en tirer si facilement. Ça faisait plusieurs années que je le barbe avec ça et j’étais prêt à continuer jusqu’à ce qu’il arrête. Je rigolai devant l’imitation de la tornade par Berry. Je voyais mal comment un lycéen pouvait être une catastrophe mais si mon Berry le comparait ainsi, c’est qu’il avait ses raisons. Je lui proposais, pour rigoler, de l’enfermer dans une cage,  sauf que mon meilleur ami eut une idée plus sadique. «  Baka ! Fais pas ça !  » Et il se disait être mon ainé ! Enfin, je rigolerai si ça aurait eu l’effet inverse de ce qu’il voulait, c’est à dire que Phoenix le trouverai encore plus cool qu’avant. Bien sur, je doutais que mon meilleur ami puisse être méchant pour aucune raison. Il allait me trouver énervant, mais je reparlai du clan. Entendre sa réponse me fit sourire. Il n’avait pas dit non, ce n’était pas un oui non plus, mais au moins il n’avait pas refusé.

En fait, je regrettais un peu de devoir se parler via le téléphone. J’aurai bien aimé voir sa tête au moment où je lui racontais mon incroyable histoire. Est ce qu’il était choqué par mon récit ? Est ce que ça le faisait rire ?  Je ne dirais pas que nos chemins étaient séparés depuis longtemps, mais nous avions tous les deux évolués de manière différente. Cependant, j’aimais raconter ce qu’il se passait dans ma vie à Berry. On était meilleur ami alors ces moments permettaient de montrer que nous étions toujours connectés ensembles. Si quelqu’un devrait écrire ma biographie, la personne la mieux placée serait Berry. Et puis, il comprenait les choses facilement, donc c’était agréable de parler avec lui de mes journées. «  Qui eut cru que mon métier pouvait être dangereux haha ! Apparement, elle aurait vraiment vécu dans la jungle.  » Je n’avais pas vraiment cherché à en savoir plus sur cette étrange dame, sur le coup, je ne pensais qu’à comment réparer mes erreurs. «  Non, juste faire le ménage chez lui. Tu crois que je devrais lui racheter un autre serpent ?  » En fait, cette idée me trottait dans la tête depuis un petit moment mais je ne savais pas si ce serait une bonne idée. Demander à mon ainé de ce qu’il en pensait m’aiderai dans ma décision. Mais un serpent devrait couter assez cher, mais je n’allais pas m’en plaindre puisque je n’avais déjà pas à payer pour les objets que j’avais cassé.

Berry me ferait toujours rire. Même s’il avait tendance à me taquiner, au final, c’était bien lui le grand frère.  J’applaudis devant sa réponse, mon best était génial ! Il était vraiment prêt à débarquer soudainement chez Eime pour lui cassez la figure ?! Heureusement que je n’avais pas de fierté mal placée, je n’avais pas vraiment honte que quelqu’un de plus petit que moi pouvait me défendre. Bien sur, je n’abuserai pas non plus de cette super protection. Devant cette aimable attention, j’eus une amusante idée. En énonçant mon problème, j’entendis le moteur qui se coupait de l’autre coté du fil. Je voulais tellement m’éclater de rire. Comme j’avais fini de nettoyer les vitres, je repris mon téléphone pour le mettre contre l’oreille. Je commençai à marcher pour rejoindre ma victime. Il me demanda le nom de mon malfaiteur. Berry prenait vraiment au sérieux toute cette histoire. Je mis ma main devant ma bouche pour ne pas me trahir. Je ne répondis pas, me contentant d’accélérer le pas. Devant mon absence de réponse, Berry me posa une deuxième question. Je le voyais au loin, il était devant la fontaine. «  C’est vrai ? Tu es devant la fontaine non ? Jette toi dedans alors ! » dis je avant d’éclater de rire. Je lui raccrochai au nez puis l’appelai en gueulant de la ou j’étais. Je fis des grands gestes pour qu’il me voit avant de lui mimer quelques choses. Je le  regardais d’abord avec un regard innocent. Je le désignai ensuite du doigt, puis la fontaine. J’imitai le mouvement de plonger dans l’eau. Avant d’articuler les mots sans qu’aucun son ne sorte. «  C’est    Toi    Qui  M’embêtes !  » Avant d’hocher vivement la tête.

TENUE ♝  N'a-t-il jamais vu de film mafieux de sa vie ? Même si le héro est super proche de son boss, ça n'empêche pas qu'il peut se faire buter en tentant de partir. Les clans, ce n'est pas de la rigolade. Je ne peux pas juste me pointer devant mon leader et déposer une lettre de démission comme dans un boulot banal. Non, c'est beaucoup plus complexe que cela. De toute façon, je n'ai pas l'envie d'arrêter dans l'immédiat, même si j'y songe de temps à autre. Ma mère reste ma principale motivation, tant que je ne serais pas sûr qu'elle est une vie magnifique jusqu'à la vie, alors je n'arrêterai pas. Jirô le sait, je fais ça pour elle, pour son confort, par pour une quelconque gloire ou une place dans ce monde de détraqué. Il a juste à savoir que ce n'est pas si simple comme projet et qu'il peut donc se le sortir de la tête. Autant que je peux oublier d'être débarrassé de cette sangsue que je nommerais de Phoenix. Ce gamin me colle aux baskets, c'est infernal. Une cage, ce serait trop gentil pour ce môme. Pourquoi ne pas lui faire peur ? Avec un peu de chance, il partira et se trouvera une autre bouée à qui s'accrocher, mais mon meilleur ami me dit de ne pas faire ça. Pourquoi ? Ce n'est qu'un gosse. « Pourquoi ? » Demandais-je simplement, comme pour lui dire de s'expliquer. Il a cinq minutes pour me faire une thèse sur le sujet, go ! Non sérieux, je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas le faire. Bon, il me saoul à toujours insister, du coup je laisse planer le suspense en étant vague. Peut-être qu'un jour je le ferais, mais là qu'il me lâche avec ça!

Choqué n'est pas vraiment le mot, plutôt sidéré, hébété, surpris ? Il y a tant de mot qui pourrait décrire mon état, mais pas au point d'être choqué. Le téléphone me permet de cacher mes émotions, de paraître moins étonné que je ne le suis vraiment, puis ce n'est pas tous les jours qu'on croise un serpent en ville. à sa place, j'aurai récupéré le cadavre pour l'examiner, mais Jirô n'a pas cette passion malsaine. Dommage, il aurait dû penser à moi. Son histoire était vraiment intéressante, je ne pouvais pas dire le contraire, j'aime bien écouter les récits de mon meilleur ami. Il me propulse dans un autre univers, dans son petit monde qui parfois m'échappe. Son métier dangereux ? Il me fait rire, franchement rire. à part tomber à cause d'un balais ou mettre le pied dans un seau, j'ignore où était le danger jusqu'à présent. « Mince, ce n'est pas de chance pour lui. » Dis-je à l'intention de son ... Client ? Ami ? Connaissance ? Qu'est-ce donc pour lui ? J'en sais rien, mais je préfère ne donner aucun adjectif à ce monsieur, juste « lui ». « Pose lui la question ? Avec ta chance, il t'emmènera choisir un nouveau serpent avec lui. » Je n'en serais pas étonné, puis mon meilleur ami fait des nouvelles rencontres comme ça. « Si tu veux lui faire un cadeau, offre lui une petite bestiole. » Du genre couleuvre, pas piton. Niveau dépense, il y  gagnerait et l'autre ne serait pas vraiment prit au dépourvu s'il a déjà nettoyé sa piaule.

Dans ces moments-là, je m'en fiche d'être l'aîné ou de la fierté qu'il peut avoir, c'est mon meilleur ami et je défoncerai la tronche du premier qui ose le toucher. Jirô le sait, mais il sait déjà beaucoup, beaucoup de chose. Je suis comme ça, j'aime savoir qu'il va bien et que personne ne l'embête. Sauf que ce fourbe se sert de ça contre moi, pour me faire marcher. Moi, je cours carrément. Je fonce tête la première jusqu'à mettre les deux pieds dans le plat, sans hésitation, sans crainte, sans doute. Il m'en faut tellement peu pour m'emporter, une histoire à dormir debout et je suis déjà au taquet, prêt à frapper s'il le faut. Moteur coupé, je fixe la fontaine sans vraiment la voir, questionnant mon meilleur ami qui garde le silence. Quoi ? Il a peur des représailles ? Qu'il ne s'inquiète pas, le mec va tellement être amoché qu'il n'osera même plus le regarder! Aish! Je pourrais cracher des flammes comme un dragon, gesticulant sur mon siège en essayant de capter la voix de Jirô. Pourquoi il ne réponds pas plus vite cet idiot ? Quand il parle de la fontaine, je ne peux m'empêcher de relever la tête pour voir. Effectivement, j'y suis. Que je me jette ? Attendez... L'enfoiré! Il éclate de rire et je retire l'un de mes écouteurs en grimaçant. Il s'est foutu de ma gueule! Je vire les écouteurs en me retenant de les jeter dans la flotte, râlant contre mon meilleur ami jusqu'à l'entendre et tourner ma tête vers lui, le regard noir et meurtrier. Il se moque encore avec ses grands gestes... Il va voir. Aussitôt je saute de l'appareil pour poser pied à terre, courant dans sa direction. Il a intérêt à prendre ses jambes à son cou avant que je ne parvienne à le rattraper et à me venger. Je suis peut-être petit mais je cours vite, très vite.