C’était la période des fêtes, le genre de moment que j’aurais pu manquer à cause du travail, il n’y a pas de repos pour les pilotes, encore moins durant ces instants où beaucoup de genre profite des vacances pour voyager ou rentrer chez eux. J’en ai rencontré beaucoup des passagers qui étaient impatients de retrouver leurs familles pour passer le Noël et le passage de la nouvelle année ensemble. Heureusement, j’ai une seconde de latence avant de m’envoler à nouveau, ça me laisse le temps de profiter de mes amis et de passer un peu de temps avec ma propre fratrie et mes parents. Je me suis juré que durant cette semaine j’irais sur la tombe de Noa et celle de ma mère, mais en vérité je ne m’en sens pas encore capable. Je voulais être capable de m’y rendre pour lui souhaiter un joyeux Noël, c’est la première fois qu’elle n’est pas avec moi en cette période et j’avoue que c’est vraiment compliqué dans ces moments un peu plus festifs de ne pas y penser. Ma mère… Je ne m’y suis pas rendu depuis des années, mais je me rends compte quel enfant égoïste je suis, je devrais avoir honte d’être ainsi. Poussant un soupire, j’ai terminé de me préparer pour sortir. Ce soir un de mes potes m’a invité à une soirée jeu et il se trouve que Raijû est invité aussi. Ce sont des gars de la boîte, mes amis et ceux de mon demi-frère se connaissent et donc on a été invité l’un et l’autre ce qui me rassure d’une certaine façon. C’est de plus en plus rare que je fasse des choses sans lui, on est devenu vraiment proche donc se réunir tous ensemble m’annoncent qu’on va surement passer une super soirée.

Sachant qu’on va au même endroit, j’ai attendu Raijû pour qu’on y aille ensemble, tant qu’à faire autant ne pas prendre la route séparément. C’est dans un quartier animé, mais on sera chez un des gars, il a un grand appartement, bien assez grand pour accueillir toute la bande sans qu’on ne soit tous les uns sur les autres, donc c’est parfait. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, mais j’ai apporté quelques boissons et des conneries à grignoter, c’est toujours bien de ne pas s’y rendre les mains vides et puis ça fait toujours plaisir. Arrivé devant l’immeuble, je souris à Raijû et passe le premier, grimpant au bon étage avant de frapper à la porte. « C’est nous ! » M’exclamais-je alors que mon ami ouvre, les autres gars sont déjà présents apparemment. Je pose les deux sacs que j’ai ramenés dans sa cuisine, tapant du poing au gars pour les saluer, avant de virer ma veste et de me caler au sol là où y a de la place. Ça fait plaisir de se rassembler comme ça.

Le point positif à être son propre patron, c'est que l'on peut prendre des vacances quand on le souhaite. C'est ce que j'ai fait pour la semaine de Noël et jour de l'an. Je me suis arrêté le 23 Décembre pour profiter de ma famille, acheter des cadeaux de dernière minute, aider ma mère avec la cuisine ou mon père avec la décoration. Je pense reprendre le 2 ou 3 Décembre, tout dépendra des événements à venir. Il n'y a aucune date de retour sur mon mot de fermeture, accroché à la porte de mon salon, juste que je ferme pour les fêtes et reviens l'année prochaine. Ainsi, j'ai pu souffler un peu et mettre mon travail, mes dessins, en pause. J'adore dessiner, faire de la peinture, du fusain, ces trucs-là, mais parfois ça fait du bien de tout lâcher pour autre chose. J'ai amené les enfants au parc, fais les courses avec ma mère, aidé mon père dans le jardin ou les frères et soeurs avec leurs devoirs. Bref, j'ai joué le vrai rôle de grand frère durant ces jours de congé. ça me fait penser que je devrais moi aussi me rendre sur la tombe de Noa, pour lui offrir un cadeau et laisser une pâtisserie. ça lui ferait sûrement plaisir là où elle se trouve. Je devrais en parler avec Hinata, pour qu'on y aille ensemble. Être seul dans un cimetière n'est pas amusant, ça ne l'est pas à la base mais ce sera sûrement plus supportable à deux. D'ailleurs, nous avons une soirée ensemble, invité par les mêmes potes en commun. Depuis que nous nous entendons mieux, lui et moi, j'apprécie ce genre de soirée ou de sortie à deux, bien que nous ne soyons pas seul cette fois. De toute façon, ce sont des amis, qu'est-ce qui pourrait bien se passer ? ça sera une soirée calme, un peu alcoolisé mais me connaissant, je prendrais qu'un verre pour accompagner.

Retrouvant Hinata, celui-ci m'attendait pour que l'on parte ensemble jusqu'au quartier où vit l'un des gars de la bande. C'est mieux d'être chez lui que dans un bar ou un club, plus personnel, et si jamais nous pourrons rester sur place. Aidant mon demi-frère à porter ses affaires, nous nous sommes rendu à l'adresse indiquée. L'immeuble est sympa, ça doit être cool de vivre dans ce genre d'endroit, mais même en venant ici, je ne ressens pas le besoin d'avoir ce style de vie. Je suis bien chez les parents, pour le moment. Hinata devant, je le laisse ouvrir la marche et le suis de près, arrivant enfin devant la porte. « Salut. » Fis-je après Hinata, une fois entrée à l'intérieur de l'appartement. Il y a déjà du monde sur place, nous sommes sûrement les derniers arrivés. Hinata est vachement relax avec les autres, tandis que je les salue de façon plus sérieuse. Enfin, je dis juste salut, quoi. M'installant au sol, je pousse un peu mon frère pour me placer à ses côtés. « Alors, c'est quoi le programme ? » C'est de la pure innocence, cette question. La plus part des gars ont déjà descendu une ou deux bouteilles de bière en notre absence... Et Hinata qui en a ramené davantage. Si moi je ne me bourre pas la gueule, eux le feront volontiers.

Avec mon job c’est rare que j’aie du temps pour des soirées, bien sûr mes potes organisent ça quand je suis dispo, mais il y a aussi pas mal d’occasion que j’ai loupée parce que j’étais dans les airs. Je ne regrette rien, j’aime ce que je fais et je continuerais ainsi, mais le fait de passer du temps avec eux et mon frère aussi, ça fait plaisir comme si ça recharger mes batteries à bloc d’une certaine manière. J’ignore ce qu’ils ont prévu pour ce soir, mais ça doit surement en valoir le détour, les idées folles c’est bien leurs genres. Assis au sol, Raijû me rejoins et je lui souris simplement, attendant qu’il y ait une réponse à sa question. « Déjà prenais à boire mecs. » Nous dit mon pote en nous ramenant deux bouteilles, puis en voyant une au centre de notre rassemblement. « Puis on va se faire un petit jeu de la bouteille ! Ça fait longtemps hein » Je le regarde et ris, je crois que la dernière fois que j’ai joué à ça j’étais au lycée. Posant mes yeux sur Raijû. « Tu as déjà joué j’imagine ? » Pas besoin d’expliquer le but. Normalement il y a plusieurs façons de jouer, le plus drôle c’est avec les cartes, une petite action ou vérité, faut vraiment être prêt à tout. Attrapant ma boisson, je la décapsule pour boire une gorgée le temps que tout le monde soit près de commencer, les cartes sont mélangées et mises au centre, l’un des gars fait tourner la bouteille alors que les mecs s’enthousiasment dessus, ils en ont déjà une bonne dose dans le sang ceux-là. Les cartes sont majoritairement « hots » donc on sait à quoi s’attendre pour les actions ou vérité. Le type sur qui la bouteille s’arrête choisie action tout contente, tirant sa carte qui lui dit. « Donne une grosse fessée à ton voisin de droite. » Tout le monde rit alors que le voisin en question se prend au jeu, c’est des fous ces mecs ! L’alcool aide à ne pas se prendre au sérieux, d’ailleurs je reprends une gorgée alors que l’action se déroule et que la bouteille repart à la chasse de la prochaine victime.  

Ce genre de soirée, j'en faisais beaucoup en étant étudiant, presque chaque soir. C'était la bonne époque, où nous nous prenions pas la tête avec un boulot et où les examens étaient notre seul préoccupation. Je me souviens de ces longues soirées à boire et à déconner, à oublier que nous avions des oraux ou des trucs dans le genre le lendemain ou deux jours après. C'était amusant, et dans un sens, j'espère revivre cela ce soir avec eux. Nous venons à peine d'arriver avec Hinata, et les autres sont déjà installé autour d'une table basse, à faire je ne sais quoi. L'un des potes d'Hinata nous ramène de quoi boire, surement de la bière. Je prends l'une des bouteilles et bois une gorgée, ouvrant les hostilités. Un jeu de la bouteille ? Je lâche un léger rire. « Je jouais à ça quand j'étais au lycée. » ça remonte ! Une fois à l'université, nous jouons plutôt à « je n'ai jamais » et ça se terminait en orgie d'alcool. Pour quoi me prend-t-il ? évidement que j'ai déjà joué et que je connais ce jeu, c'est culte. Le jeu commence dès l'instant où la bouteille tourne sur la table. Je la regarde faire le tour des gens présent, buvant en même temps de ma boisson. Quand elle s'arrête, la personne en question se lance dans une action et reçoit son « ordre ». Une grosse fessée à son voisin, heureusement que je ne suis pas à côté de lui. Faut se prendre au jeu, mais ils ont déjà une bonne dose d'alcool dans le sang pour en déconner ouvertement. La bouteille est relancé, elle tourne, tourne, et s'arrête sur quelqu'un. Vérité. « Qui as été ton pire coup au lit ? » Est la question qui tombe, suivi d'un nom que la moitié connait, sauf moi. Une fille de sa classe apparemment. Je souris, portant ma bouteille à mes lèvres. C'est à son tour de lancer la bouteille.  à peine alcoolisé, il saisit l'objet et le fait tourner en rigolant, jusqu'à ce que celle-ci se braque sur moi. Cet idiot sourit, m'interrogeant de son regard pétillant. « Action. » L'un comme l'autre, ce sera un piège. Soit je vais devoir taper du fessier, soit dire avec qui j'ai couché. Donc bon, ça revient à la même torture. « Envoie un sexto au premier numéro dans ton répertoire. » ça tombe mal, c'est Kaede. Que se passe-t-il si je refuse ? Aurais-je un gage ? Sortant mon portable, j'examine l'écran et mon répertoire. Je n'ai pas reparlé à Kaede depuis la dernière fois, je n'ai même pas encore effacé son numéro... Lâchant un soupir, je me mets à pianoter un message court mais chaud. Ce n'est pas mon genre, elle va vite se rendre compte du piège, sinon elle est stupide et j'aurai toute les occasions de la refroidir plus tard.

Il manque des filles pour ce genre de jeu, mais vu que c’est pour la déconne je pense que tout le monde s’en fiche. Faut savoir ne pas se prendre la tête et s’amuser, la vie est courte alors autant profiter de ces instants what the fuck qui resteront malgré tout de bons souvenirs à emporter avec soi, que ce soit honteux ou non, quelle importance. Les premières minutes de jeu nous lancent déjà dans l’action, ça faisait un moment que je n’avais pas participé à ce genre de soirée, entre mon job et la mort de Noa je me suis un peu isolé et je dois avouer que reprendre gout à la vie sans avoir des envies de « la rejoindre » ça fait du bien. Je ne suis pas d’un naturel suicidaire de toute manière, mais la tristesse, la peine peut facilement venir à bout du plus solide des gars. La fessée donnée, la bouteille est repartie pour s’arrêter sur un autre, la question fait rire tout le monde, mais la réponse un peu plus. Une fois que c’est dit, c’est reparti pour un tour. C’est un petit coup de pression quand même lorsque la bouteille tourne, on ne sait pas devant qui elle va s’arrêter, mais c’est assez drôle comme sentiment. Voilà que ça s’arrête sur mon frère, je souris en le regardant, me demandant ce qui va se passer, en plus je suis à côté de lui, alors bon et il a choisi une action. J’attends l’intitulé de la carte avec impatience et curiosité, ma canette de bière à la main. Un sexto ? Je me penche pour voir à qui est destiné le message. « Ah, tu l’as encore celle-là. » La remarque qui sort de bon cœur, mais elle m’a fait une déclaration et elle lui a parlé comme s’il était un moins que rien. Son tour fait, c’est à lui de relancer la bouteille. Je bois une gorgée et le temps de boire, elle s’est arrêté devant moi, je le remarque plus aux regards des gars qu’à la pointe dans ma direction. « Hum, vérité. » Je commence tranquille et je n’ai honte de rien donc bon. « Es-tu plutôt "peine à jouir" ou trop précoce ? » Je ris en secouant la tête, faisant exprès de réfléchir, mais la réponse me paraît simple pour ce coup-ci. « Je ne suis pas précoce ! » Donc forcément par élimination, je dirais l’autre. C’est quoi ces questions quand même, enfin je trouve que je m’en tire bien pour le premier tour. Relançant la bouteille, le jeu s’enchaine ainsi et l’alcool avec. 

La bouteille tourne, tourne et tourne encore. Nous ne savons jamais par avance sur qui elle va tomber. ça fait battre le coeur, de la voir tourner sur elle-même jusqu'à s'arrêter brusquement sur quelqu'un. La personne désignée doit, soit répondre sincèrement à une question, soit faire ce qu'on lui demande. en choisissant l'action. Je n'ai pas de préférence, tant que c'est amusant et que ça anime la soirée, je n'ai aucune raison de râler ou de ronchonner. Quand on me demande d'écrire un sexto à la première personne de mon répertoire, ça aurait pu être n'importe qui, même un membre de ma famille, mais il a fallut que ça tombe sur mon ex-copine. Kaede ne va rien comprendre, il serait temps que j'efface son numéro et passe définitivement à quelque chose d'autre. Ce n'est pas comme si je tenais cette fille dans mon coeur, surtout après ce qu'elle m'a fait et dit, devant Hinata. Se servir de moi pour atteindre mon demi-frère, c'est fourbe et mesquin. Le message envoyé, le gage se termine là et je retourne aussitôt au jeu. La bouteille est relancée et tourne à nouveau entre nous. Au commentaire de mon cadet, j'ai vaguement haussé des épaules en faisant une grimace qui voulait sûrement dire « bah ouais mais pas pour longtemps » ou « oups une erreur ». Enfin bref, je m'en fiche. Au prochain tour, l'objet pointe vers Hinata, qui choisi la vérité. La question est marrante, dans le genre gênante mais intéressante. Si il y avait des filles à cette table, sûrement qu'elles seraient curieuses de savoir les prouesses sexuelles du garçon, mais malheureusement nous sommes une table d'homme. Hinata n'est pas précoce qu'il dit, donc c'est le contraire. Je souris, lâchant d'une voix faussement moqueuse: « Intéressant à savoir. » Tout en délicatesse, et comme lui, ça vient du coeur. C'est repartie pour un tour, les questions et les actions s'enchainent, minute après minute, verre après verre. Les gars se marrent, ils boivent, ne savent plus ce qu'il raconte et rapidement ça dégénère un peu. La bouteille retombe sur moi et celui qui me demande est complètement à la ramasse. Pour la énième fois de la soirée, je choisis une action. « Embrasse la personne à coté de toi. » Droite ou gauche, c'est à mon bon vouloir. J'ai le choix entre un pote d'un pote ivre et mon demi-frère... Sans hésitation, je choisis Hinata. Ma main agrippe sa nuque et l'attire vers moi, posant mes lèvres sur les siennes dans un échange loin d'être innocent ou chaste, mais ce n'est pas vulgaire non plus.

Il y a vraiment de drôle de questions dans le lot, mais c’est amusant de ne pas se prendre la tête, même les gages sont surtout bon joueur, ici personne ne refuse ce qu’on demande c’est ça aussi qui est agréable. Aucun des mecs présents n’a peur du ridicule ou de faire des trucs débiles ou osés. Si c’était le cas, la partie perdrait évidemment de son charme et puis plus on boit, plus on va loin. J’ai répondu à la question, le jeu a repris et on a aussi bu plus d’alcool depuis notre arrivée, bien que je ne sois pas encore soûl et donc bien conscient de ce qui se déroule durant la partie contrairement à certain gars qui sont déjà mort. Je ne peux pas m’empêcher de rire face à certains gages qui se déroulent, jusqu’au prochain tour de mon demi-frère. Embrasser la personne à ses côtés ? Il a le choix entre moi et un autre des mecs présents et avec un coup dans le nez, honnêtement je pensais vraiment qu’il allait me choisir sans aucune prétention, surement parce qu’on se connaît bien mieux lui et moi. Je n’avais pas prévu que le baiser par contre soit aussi intense. Il aurait pu se contente d’un simple smack sans plus, pourtant l’échange n’est pas aussi innocent qu’il devrait l’être et j’ai même fermé les yeux en oubliant un instant qu’on était entouré par tous les autres qui avait leurs yeux sur nous. Ça m’a emporté l’espace d’une minute je ne sais où, mais loin, bien loin d’ici. Ça m’a troublé, vraiment. Assez pour que je perde mes repères et qu’il me faille au moins une bonne quinzaine de secondes pour revenir dans la partie, me raclant la gorge. Evidement ce ne serait pas drôle si cela s’arrêter là, la bouteille s’est stoppée sur moi et je choisis action. « Fais un suçon à la personne a ta droite. » Ma droite, donc c’est mon frère. Je ris et je ne suis pas le seul, après notre baiser, c’est la marque, qu’est-ce qui viendra ensuite ? Mais on ne peut pas refuser le sort, alors je dégage le cou de mon frère, me mettant à genoux face à lui. « Ça c’est pour le baiser. » Soufflais-je doucement en n’hésitant pas une seconde à plonger ma tête au creux de son cou et aspirer sa peau, sensuellement et en y mettant du mien, si je dois lui laisser une marque, elle sera difficile à disparaitre parce que je ne fais pas semblant.

La plus part des personnes ici présente sont ivres, ils s'amusent à ce jeu de bon coeur parce qu'ils sont saoules et ne font pas vraiment attention aux conséquences. Ils rigolent, se chamaillent gentiment, mais ça reste bon enfant malgré tout. De toute la flopée, je dois être l'un des rares à garder toute ma tête, à ne pas sentir les effets des bouteilles vidées et des verres ingurgités. Je supporte plutôt bien l'alcool, ça ne m'a jamais posé soucis dans la vie et je ne pense pas mourir d'un verre en trop ou d'un état second. La seconde personne toujours présente doit être Hinata, il n'a pas la tête du mec bourré ou à l'ouest, ce qui me rassure quand mon action tombe. Embrasser la personne à côté de moi, mon choix est vite fait, il n'y a pas deux personnes à mes côtés mais une seule. Ma main saisit la nuque de mon demi-frère et l'échange commence, mes lèvres se mouvant habillement sur les siennes. Au début je ne pensais pas mettre autant du mien, dans ma tête ce n'était qu'un baiser banal et simpliste, mais voilà que l'échange est plus intense que prévu. Hinata a fermé les yeux, moi aussi. Je me suis laissé emporté par l'élan de folie et ce goût d'alcool sur nos lippes. Le souffle court, je m'éloigne de lui en glissant une main gênée dans mes cheveux. Pourquoi était-ce si ... Bon ? Je n'ai pas les mots, mais je crois que c'est le plus proche de mon état actuel. La bouteille tourne à nouveau et tombe sur mon cadet, qui reçoit un nouveau gage des plus étranges. Un suçon. à la personne de droite. Donc moi. Le temps que l'information atteigne mon cerveau, Hinata est déjà dans mon cou. ça serait mentir de dire que je n'ai rien ressenti à ce moment-là, parce que le courant est passé si vite dans mon corps que j'ai cru en perdre le contrôle. Sa position, son geste, la chaleur qui se dégage de ce suçon... Chaque petit détail fait bouillir mon sang dans mes veines et ce n'est pas bon pour moi. Quand la marque est imprimée sur mon épiderme, je me sens étrangement mal à l'aise, presque mal. Mes yeux se posent sur lui, ils détaillent son visage et je me sens encore plus troublé. « Je dois aller aux toilettes. » Lâchais-je brusquement, toujours piégé dans mon malaise. Il m'a retourné. Hinata m'a complètement retourné avec ce suçon et ce baiser, bien que je sois le premier à avoir lancé les hostilités. Quittant ma place, je n'attends pas que quelqu'un proteste pour m'échapper du cercle et filer vers les toilettes, le coeur battant et le cerveau à l'envers.

Un baiser peut-il vraiment être ainsi ? L’échange s’est avéré vraiment différent de ce qu’on aurait pu croire, ce n’était qu’un gage et pourtant il s’est transformé en quelque chose de plus… grand ? Je ne saurais pas l’expliquer, je ne suis pas quelqu’un qu’on peut facilement troubler, loin du puceau qui ne connaît rien aux relations, les baisers, le sexe, je ne suis pas un novice au point où il est rare que je sois vraiment emballé quand je rencontre quelqu’un ou échange un baiser, ça me semble même banal ? Alors pourquoi cela n’a pas eu cet effet avec Raijû ? Ça m’a semblé tout sauf banal… Mon cœur l’a ressenti et ce trouble s’est imposé jusqu’à ce que je tente de le faire disparaitre en reprenant la partie. J’ignore si je suis le seul dans cet état, l’alcool y est surement pour quelque chose, c’est si simple de le croire. Mon gage concerne encore mon demi-frère, comme si le sort s’acharnait alors que je ne suis pas encore remis de l’échange précédent. Ce serait idiot de refuser ou d’ignorer mon défi le prenant comme une revanche sur le sien, ce que je n’hésite pas à lui souffler avant de plonger ma tête dans son cou. Pendant que j’aspire sa peau, je peux sentir son odeur et je n’abandonne pas de l’aspirer, la rougir jusqu’à ce qu’elle soit bien rouge et visible. Finalement, je suis satisfait de cette empreinte laissée, les autres me félicitent même en disant que c’est un suçon digne de ce nom, ça me fait sourire fièrement. Je détourne pourtant le regard de Raijû, j’ai beau jouer les fier, je suis un peu embarrassé, c’est un jeu, un simple jeu et demain tout aura été oublié, je ne veux pas être bêtement troublé ou me prendre la tête, alors je dois me focaliser sur la partie et non sur mon frère. Sa voix me fait pourtant tourner la tête vers lui, aux toilettes ? Tout le monde lui fait signe d’y aller, mais il s’est déjà levé pour partir. Étrangement j’ai la sensation que c’est ma faute, suis-je allais trop loin ? Ces questions demeure et je me lève à mon tour pour le rejoindre, ça pourrait paraître suspect, mais les mecs sont tous bourrés et n’iraient pas imaginer de truc aussi tordu entre moi et lui, nous sommes frères après tout. Poussant la porte de la salle de bain, je le trouve face au lavabo. « Ça ne va pas ? » Je l’interroge en espérant qu’il me dise que si, que tout va bien et que je n’ai pas à m’inquiéter. « Elle va partir tu sais… » Je parle de la marque, croyant bêtement que c’est ce qui l’a mis dans cet état.

Ceux qui me racontent leurs histoires d'amour m'explique que ce n'est jamais facile ou évident de réaliser ses sentiments, de les dévoiler au grand jour ou tout simplement de les accepter. Ils me disent qu'au début ce n'est pas ça, ce n'est pas comme le coup de foudre dans les films. ça n'a même rien à voir avec les films, c'est juste différent, étrange et oppressant à la fois. Franchement je ne l'aurai jamais cru si je ne l'avais pas ressenti en embrassant mon demi-frère. C'est vraiment opprimant comme sensation, agréable et désopilante à la fois. J'ai envie de recommencer, c'est une réalité qui m'a sauté aux yeux dès l'instant où nos lèvres se sont séparé... Et je ne l'assume pas vraiment. Pas du tout même. Je ne peux pas voir Hinata autrement que mon demi-frère, le fils de mon beau-père. En même temps, nous ne sommes pas lié par le sang et je ne pense pas être attiré par les hommes... Alors quoi ? Où est le problème ? Je ne sais pas. Je ne saurais dire ce qui ne va pas avec moi, avec ce baiser ou avec ce suçon qu'il vient à peine de me faire. Mon coeur est retourné, il a fait un bon d'une quinzaine de mètre avant de retomber à plat dans un bruit fracassant. Merde. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je me sens bizarre... Le jeu devait reprendre, mais pas pour moi. Moi, je sens surtout la peau de mon cou brûler comme si il avait déposé un fer bouillant contre mon épiderme. Ce n'est qu'une petite marque de rien du tout, j'ai toutes les explications du monde pour me protéger, mais néanmoins je ne suis plus très à l'aise dans cette position. Fuir reste ma seule option, je me lève et quitte la bande pour m'éloigner vers les toilettes. Il me faut de l'eau et une bonne claque dans la gueule. Le visage humide, je le relève et l'observe dans le miroir, quand Hinata débarque dans la pièce. « ça va, c'est rien. » Répondis-je trop rapidement en posant ma main sur la marque rouge et visible comme un feu stop. « Pourquoi m'as-tu suivi ? » C'est censé être mon problème, pas le sien. Je suis le seul à me sentir aussi troublé, à ne pas comprendre ce qu'il m'arrive... Alors pourquoi diable est-il ici lui aussi ?

Je n’ai pas conscience de ce qui arrive à Raijû, comment il se sent ou les questions qu’il peut se poser, sauf que… je me les pose moi aussi. Si nous n’étions pas focalisés sur le fait que rien de tout cela n’est normal, peut-être qu’on l’aurait remarqué, ce baiser n’était pas innocent, les sentiments à travers cet échange se sont transmis comme si on avait allumé une mèche qui nous reliait et où le feu se serait propagé dans une explosion imprévue. J’ai le cœur lourd, je doute et se trouble me fait peur, j’ignore d’où il vient ni pourquoi je le ressens ainsi. Fuir est la meilleure solution, se trouver des excuses pour ne pas se laisser tenter par un nouvel échange, un nouveau baiser auquel j’aurais répondu sans tarder. Cette folie, je pense être le seul à la ressentir, alors pourquoi lorsque je le vois s’en aller ainsi, prétextant un tour aux toilettes mon cœur se serre davantage et mon désir de le suivre s’impose à moi, avant même de le réaliser je me suis levé pour le rejoindre, c’était comme logique pour moi. Une décision prise par instinct et non en réfléchissant. Une fois dans la même pièce que lui je l’interroge et sa réponse ne se fait pas attendre. Bien qu’il me dise ce que je voulais entendre ça ne me semble pas sincère, j’ai presque l’impression a travers ses mots qu’il me « rejette » d’une certaine façon ou veux me garder à l’écart. « Je… » Pourquoi ? Comme je l’ai dit ce fut un acte instinctif, je n’ai pas de réponse claire, si ce n’est que : « Tu es parti si vite, j’ai eu la sensation que ça n’allait pas et que c’était ma faute. » Je souffle en me passant la main dans les cheveux. « Est-ce que c’est le cas ? » Demandais-je en ancrant mon regard dans le sien à travers le miroir. J'ignore ce que je veux entendre, mais de mon côté je ne comprends pas ce qui m’arrive, c’est frustrant lorsqu’une chose pareil vous retourne entièrement sans prévenir.

La situation n'a rien de normale, elle n'est pas normale. Rien n'est normal dans tout ce qui vient de se passer et je pense que c'est seulement ma propre réflexion. Les autres ont vu dans notre baiser un amusement, un pari à relever, rien de plus. Quant à moi, j'ai surtout senti des sentiments nouveaux et bizarres, comme si ils n'étaient pas à leur place. Quand j'étais à côté de Kaede, quand nous étions ensemble dans un semblant de couple, il n'y avait pas autant d'émotion, de coeur qui palpite ou de sensation de tomber dans le vide, d'un tabouret, d'une hauteur vertigineuse. Hinata m'a fait entrevoir quelque chose de nouveau, d'incompréhensible et d'effrayant. L'inconnu perturbe, l'inconnu nous fait fuir et c'est pour cela que je suis parti si vite aux toilettes. Je n'aurai pas cru qu'il m'aurait suivi, ni qu'il chercherait à me comprendre, parce que je ne me comprends pas moi-même. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans ma tête ou avec mon corps. ça arrive, c'est tout. Ma façon de lui répondre est assez brutale, comme si je ne voulais pas engager la conversation ou me rendre à l'évidence qu'il y a un truc de pas normal entre nous. Du moins, je le ressens ainsi. Je ne me sens plus aussi à l'aise avec mon demi-frère que les fois précédentes. « En quoi ça serait de ta faute ? » Demandais-je, sceptique et toujours un peu à l'écart. Qu'a-t-il à se reprocher ? Il ne devrait même pas penser à ça. « Est-ce que j'ai l'air de fuir ? » Si il me répond oui, alors je ne serais que dire pour ma défense. Je n'ai aucun mensonge en tête et je déteste mentir ou passer pour un hypocrite. J'ai toujours été sincère, pourquoi ne le suis-je pas avec lui ? Quittant le miroir des yeux, je fais finalement face à Hinata, une main sur le lavabo comme pour me tenir bien droit sur mes deux jambes. Je ne dois pas flancher, ni m'enfuir à nouveau. Je suis un homme, je dois affronter le problème en face tel un guerrier... Sauf que cette bataille me semble bien plus compliqué que prévu.  

Pourquoi ça se passe ainsi ? Je ne me suis jamais intéressé aux garçons, pas dans ce sens-là en tout cas… Raiju est mon frère, la personne de qui je suis le plus proche depuis la mort de ma sœur, il a été présent pour moi, je l’adore vraiment. C’est un fait. Sauf que là ce n’est pas ce genre de sentiment, moi aussi je suis comme lui, sauf que l’un comme l’autre nous ignorons ce qui se passe dans notre tête mutuellement. Je n’ai jamais était aussi troublé, mon cœur bat encore rien qu’en regardant ses lèvres, bien que je tente d’être discret dans mes coups d’œil furtif, je veux surtout savoir s’il va bien, je me sens bêtement coupable de son comportement. Ai-je tort ? Est-ce que je me fais des idées pour cacher le fait que je suis dans cet état ? Je peux mettre ça sur le coup de l’alcool pour tourner la page, si je venais à craquer je pourrais trouver une excuse, c’est ce qui me traverse bêtement l’esprit quand il me parle, bien que les réponses ne soient pas claires, je tente vainement de dire quelque chose, d’expliquer mon ressenti. « Tu as dû m’embrasser et je t’ai marqué, peut-être est-ce là ma faute. » S’il a trouvé ça dégoutant parce que je suis son frère ou que sais-je. À sa prochaine question je hoche la tête. « J’ignore ce que tu fuis, mais oui. » Je ne suis pas du genre à mentir moi aussi, s’il me le demande je réponds ce que je ressens, même si je peux me tromper. Je n’aime pas cette tension entre nous, je n’aime pas avoir l’impression qu’il me rejette, je n’aime pas ce sentiment étrange que tout a subitement changé. Je n’aime vraiment pas ça… Et en même temps… Je ne peux pas résister. Entrant entièrement dans la pièce, je ferme derrière moi et viens me mettre face à lui. « Ou alors je suis à côté de la plaque ? » Je prends un risque en émettant cette hypothèse, essayant de lire dans ses yeux ce qui s’y passe avant de dévier mon regard sur la marque rouge dans son cou, elle est si imposante, comme si j’avais écrit en gros « il est à moi » je n’ai jamais fait un suçon pareil, mais là encore je me suis laissé emporter. Tout comme je pourrais le faire à nouveau à cet instant si je n’avais pas un minimum de contrôle.

L'épisode avec Noa nous a beaucoup rapproché, lui et moi, c'est une évidence non négligeable. ça n'a pas toujours été le grand amour entre nous, j'ai enterré cette histoire de conflit depuis longtemps et je suis convaincu que nous nous entendons à merveille désormais. Dans ce cas où est le problème ? Pourquoi d'un coup je me sens comme si Hinata était une menace et que je ne devrais pas le laisser aller plus loin. Mettre des barrières n'est pas la meilleure solution, mais être trop sincère non plus. Je ne sais pas quoi faire, surtout quand je ne comprends pas. Si je disais les choses à plat, telle qu'elles le sont, il pourrait mal le prendre ou se moquer. Je ne veux ni l'un, ni l'autre. Si tourner la page était aussi simple, nous l'aurions déjà fait quand la bouteille s'est remise à tourner, mais aucun de nous deux n'est parvenu à prendre sur soi. Nous ne serions pas enfermé ici, sinon. Quant à savoir à qui revient la faute, je ne pense pas qu'il soit plus coupable que je ne le suis. « Ce n'est pas de ta faute... Sinon ça serait aussi de la mienne. » Pour le baiser, pour avoir commencé sur cette voie dangereuse. Hinata n'a rien à se reprocher, il a joué le jeu comme j'aurai dû le faire, sans y mettre un quelconque sentiment. Donc, ma fuite n'est pas discrète. « Tu ignores, mais tu te reproche quelque chose. » C'est un paradoxe. Il s'en veut pour un truc qui m'a fait fuir, mais maintenant il ne sait pas pourquoi je fuis. Il devrait le savoir ou s'en douter un minimum. La porte fermée, nous pouvons nous faire face sans être dérangé. Je le regarde dans les yeux, tandis qu'il continue de m'interroger. « à côté de quelle plaque ? » Il a vu juste pour la plus part des choses. Enfin, oui et non. Il sent qu'un truc cloche, mais il n'en connait pas la raison. Son regard dévie et je sens ses yeux dans mon cou, sur sa marque. « Tu n'es pas allé de mains mortes. » Fis-je remarquer, me moquant de lui. Ce n'était qu'une vengeance à mon baiser, puisque moi aussi je ne suis pas allé avec le dos de la cuillère. « Tu vas me prendre pour un fou, mais l'espace d'une seconde, j'en aurais oublié ce foutu jeu pour t'embrasser à nouveau. » Quand je dis que je suis sincère, ce n'est pas une bêtise. Je le pense vraiment et je ne vois pas pourquoi je devrais m'en cacher... Et si ça peut m'aider à comprendre mon problème, alors je peux très bien le dire.

Si on s’amuse à se rejeter la faute on ne s’en sortira pas, seulement il faut bien avouer que si nous n’avions pas gouté a ce fruit défendu nous n’en serions pas là. Ses lèvres sur les miennes ne devaient être qu’un jeu, mais aucun de nous ne l’a pris ainsi, ce n’est pas seulement lui, mais moi aussi. En me laissant emportant dans le baiser, en y répondant avec autant d’ardeurs et de plaisir, je me suis pris au piège dans ses sentiments incompréhensibles et pourtant si fort. Est-ce qu’on peut vraiment faire marche arrière ? Je ne sais plus où j’en suis, je ne comprends pas, mais je sais que ce qui s’est passé n’est pas normal, ce n’est pas une chose qu’on peut mettre de côté et oublier, je doute que lui comme moi pouvons avancer sans y faire face. C’est cette folie, cette réalité qui nous donne envie de fuir. En fermant cette porte pour nous mettre dans cette intimité désirée, j’aimerais obtenir des réponses, espérant secrètement qu’elles se complètent aux miennes. Je l’observe, puis cette marque, à ses mots je souris en revenant poser mon regard dans le sien. « Je t’avais prévenu, c’était ma revanche. Puis je ne fais jamais les choses à moitié. » Je garde ce ton amusé, bien que ce soit un échange sérieux, nous avons besoin de comprendre et pour ça faut peut-être arrêter de se prendre la tête avec des questions sans réponses. « Un jeu ? Quel jeu ? » Mon cœur bat bien trop vite, savoir qu’il désire m’embrasser à nouveau suffit à ce que je prenne cette initiative. « Oublie-le alors. »  Et embrasse-moi, c’est ce que j’allais dire, mais plutôt que de lui faire cette requête complètement dingue, je pose ma main sur le lavabo et rapproche lentement mon visage du sien, comme si je commettais un péché et que le savais pertinemment, je suis complètement fou ce n'est vraiment pas logique, mais il suffit que mes lèvres épousent les siennes pour que toutes mes questions disparaissent, ce simple contact chasse mes sentiments coupables pour me transporter assurément dans cette nouvelle bulle où rien d’autre ne compte que l’instant présent.

Jamais dans ma vie je ne me suis pris la tête pour quoi que ce soit, les choses me paraissaient toujours évidente ou facile à résoudre. J'ai enchaîné des tonnes de boulot, sans me formaliser sur la perte de l'un ou le gain de l'autre. ça coulait de source dans tout ce que je faisais ou entreprenais, même avec Kaede, c'était aussi clair que de l'eau. Elle ne m'aimait pas ? Tant pis. Elle voulait Hinata ? ça ne me concernait plus. Alors pourquoi est-ce si compliqué avec lui ? Il n'est pas aussi ardue qu'une lettre de motivation à écrire ou une relation à lâcher. Il a été une épine dans mon pied durant des années, mais aujourd'hui c'est mon meilleur allier. Jusqu'à où notre lien va-t-il changer ? Jusqu'à où va-t-il devenir mon partenaire de vie ? C'est mon frère, mon frère d'alliance, pourtant il n'a rien de très familial pour le coup. Il pourrait être n'importe qui, mais pas mon demi-frère. Ce lien semble se ternir au fil de notre conversation comme si ce n'était pas ce que nous voulions. Ce baiser, que ce soit un jeu ou non, a révélé un point important dans notre relation. Il a fait battre mon coeur, monter l'adrénaline et exploser plusieurs de mes neurones. Si nous n'étions pas entouré d'autant de monde, je crois bien que son suçon aurait achevé ma raison. Maintenant que je lui fais face, je n'ai plus aucune raison de le fuir ou de me chercher des excuses bidons. « Tu aurais peut-être dû réfléchir à deux fois. » Avant de réaliser une telle vengeance. Non pas parce que la marque est trop voyante, mais parce qu'elle a failli me faire perdre mon sang-froid. Dans un sens, elle a réussi à l'entamer. « La bouteille, idiot. » Ce jeu-là, quel autre ? Nous jouons à la bouteille quand c'est arrivé. Sauf que là, nous ne jouons plus à ce jeu stupide. L'oublier ? Que dois-je en penser ? Sa réponse est surprenante et, à la fois, elle est presque naturelle. Hinata n'ajoute rien de verbal à cet échange, il se rapproche simplement de moi pour coller ses lèvres aux miennes et terminer sa phrase. Ce jeu, je l'ai déjà oublié dès l'instant où j'ai couché mes doutes comme un jeu de carte. Emporté par l'élan, je ramène ma main dans sa nuque et prolonge le baiser, mordillant sa lèvre inférieure pour faire glisser ma langue entre ses lippes et chercher la sienne. C'est comme un désir inavoué, comme une requête silencieuse. L'embrasser est la dernière chose à laquelle je pensais aujourd'hui, mais ça sera la première que je réclamerais à nouveau.

J’ai l’impression que nous n’arrêtons plus d’évoluer ensemble, d’ennemi juré nous avons finalement réussi à devenir allié, de vrais frères, il est l’épaule sur qui je m’appuie quand mon moral est dans les chaussettes, celui vers qui je me tourne quand je cherche des réponses, il est celui en qui j’ai le plus confiance et en qui je crois plus que quiconque. Son ex avait osé le blessé et je n’ai pas hésité à dire que je préférais sortir avec lui qu’avec elle, jamais je n’aurais cru qu’une telle situation pouvait vraiment se réaliser. Jamais je n’ai pensé que je pourrais embrasser Raijû et aimer ça au point d’en redemander. Je suis perdu, complètement. Seulement ce n’est pas fuyant ou en ne faisant pas face à ces sentiments aussi fous soit-il qu’on va réussir à les surmonter. Si nous ne crevons pas cet abcès on finira par laisser cette tension, cette pression nous séparer petit à cause d’un malaise qui pourrait être évité. Je ne pense plus avec ma tête, mais avec mon cœur. C’est beaucoup plus simple ainsi pour assumer cette réalité et le pousser à parler. « Pourquoi ça ? » Je l’interroge en quête de réponse. Désormais il n’y a plus de jeu, plus de bouteille. Ses paroles sont suffisantes pour que je saute le pas et accepte mon désir de l’embrasser à nouveau. Le gout de ses lèvres, leurs touchers, je prends le temps de ressentir toutes ces choses à l’abri des regards indiscrets. Raiju répond à cet échange et sa main dans ma nuque ou ses dents mordillant ma lèvre me rendent plus insatiable jouant avec sa langue comme si tout ça était naturel, il suffit de ça pour que je me sens subitement plus léger, glissant ma main dans son cou, mon esprit se vide tandis que je peux entendre battre mon cœur dans mes tempes. « C’est de la folie… » Soufflais-je contre ses lèvres avant de me les accaparer de nouveau comme un besoin vital.

Je n'aurai jamais cru jusqu'à ce jour que quelques mots lâchés sur un coup de tête se réalisent et deviennent vrai. Hinata n'a pas été tendre avec mon ex, il l'a envoyé bouler avec toute la délicatesse en sa possession, disant qu'il serait cent fois mieux avec moi qu'avec elle. Est-ce que ce genre de « déclaration » a ouvert une brèche en moi ? Je me souviens l'avoir taquiné un moment, juste après être rentré à la maison, mais depuis plus rien. Plus rien jusqu'à ce soir, où je l'ai embrassé furieusement et qu'il m'a marqué dans le cou, un beau suçon bien visible et qui picote toujours. Je ne sais pas ce qu'il me passe par la tête, mais ça s'est enchaîné si vite que je me suis égaré entre deux scènes, perdant le fil de la raison et agissant inconsciemment envers mon demi-frère. Quoi que, non, je sais parfaitement ce que je fais et ce que je souhaite. Ce baiser n'est pas une erreur, il n'est pas fait au hasard, il m'apporte même plusieurs réponses à des tonnes de doute qui sévissent en moi. Hinata ne me rend pas indifférent, il n'est pas seulement mon demi-frère par alliance. Il est quelqu'un que j'apprécie énormément et que je veux protéger en permanence. J'ai été là quand Noa est morte, j'ai toujours été à ces côtés depuis des années, mais ça paraît plus évident à présent. Je ne cherche pas à l'éviter, plus maintenant du moins, plus depuis que je saisis le sens de ces battements de coeur ou de cette tension qui le comprime quand nous sommes proches. « Pour ne pas me faire craquer. » C'est évident, il a failli me chauffer devant les autres et je me serais senti bien bête si je ne m'étais pas contrôlé un minimum. Hinata est le prochain à amorcer un baiser, il se lance et colle nos lèvres ensemble dans un échange fusionnel et plus torride que la fois précédente. Je peux sentir sa langue se glisser contre la mienne, la chaleur de ses lippes chauffant et gonflant ses jumelles. Sa main dans ma cou est comme une incitation à continuer, à aller plus loin. De la folie ? Il n'a encore rien vu. Je profite de la suite pour glisser mes mains sur sa taille et inverser les rôles, le soulevant de manière à ce qu'il soit assis sur le bord du lavabo et moi entre ses jambes. Heureusement que l'installation est solide et spacieuse, sinon nous aurons fait quelques dégâts. Pour autant je n'arrête pas de dévorer ses lippes, une main toujours sur sa hanche et l'autre se tenant au bord du mobilier. Cela dure jusqu'à manquer de souffle et séparer ma bouche de la sienne, pour reprendre ma respiration et regarder son visage aussi coloré que le mien. « Tu pourrais vraiment me choisir à une fille ? » ça vient de nul part, comme la fois avec Kaede.

Le faire craquer ? Je ne saurais dire pourquoi, mais cette optique-là me plaît, je ne devrais pourtant pas jouer avec le feu, pourquoi subitement la situation à virer ainsi, c’est à ne rien y comprendre. Malgré tous les battements dans ma poitrine, mon désir de le suivre ici ou d’avoir des réponses n’est en aucun cas du à un jeu quelconque, c’est conscient que je prends la décision de m’aventurer sur ce terrain, bien que ce soit l’inconnu et peut-être même un piège, je crois que ce serait de ne pas agir, de ne pas accepter l’attirance soudaine et les émotions ressenties qui serait ma plus grande erreur. Je me sens à fois intriguée et paumée, Raijû est un membre de ma famille depuis des années, c’est la première fois que je le vois différemment, ce baiser m’a ouvert les yeux et fait réalisé que ce jeu entre nous, cette manie de se taquiner sur le fait que je suis plus beau que ses conquêtes ou que je préfèrerais sortir avec lui qu’une fille comme son ex… Tout ça c’était peut-être des signes insoupçonnés de cette attirance qu’on était incapable de voir, de ressentir. Pourtant, à ce moment-là, je n’ai aucune hésitation à me rapprocher de lui pour sceller mes lèvres aux siennes, il pourrait me repousser, me dire que je suis fou, que l’alcool est coupable de nos actes, j’aurais pu essuyer toutes les excuses au monde, mais dès l’instant où nos lèvres s’épousent et où ça devient plus fort, plus torride, cherchant et jouant avec sa langue sans pudeur, juste à la recherche de ce frisson qui nous unit, cette chaleur, ce plaisir à travers cet échange. En effet, c’est complètement de la folie. Ses mains sur ma taille je le laisse me soulever pour poser mes fesses contre le lavabo sans pour autant quitter sa bouche, mes bras autour de ses épaules, mes mains frôlent la peau de son cou, si le souffle ne manquer pas on aurait pu continuer ainsi longtemps, mais j’ai l’impression que tout l'air de mes poumons a été aspiré. Les lèvres rouges et gonflées, le regard dans le sien, sa question met un peu de temps à monter au cerveau, mais quand c’est fait, je le détaille en silence. Je ne suis jamais sorti avec un homme, je n’ai même jamais pensé à ça jusqu’à maintenant, sauf que je serais hypocrite de dire « non » quand je me sens ainsi avec lui. « Je t’avais dit que tu finirais par craquer pour moi. » Le taquinais-je avec un sourire amusé et tendre à la fois. « Je suis complètement perdu. » Dis-je en venant caresser son visage naturellement avec mon pouce. « J’étais sérieux l’autre jour et je le suis aujourd’hui, mais es-tu capable de me choisir ? »

Toutes les choses qu'il m'a dites pour me défendre face à Kaede sont peut-être la raison de ce changement soudain dans ma vision de notre relation. Nous nous sommes toujours cherché ou chamaillé, à se chipoter pour rien ou à savoir qui est le véritable aîné de la famille. Peu à peu nous nous sommes rapprochés l'un de l'autre pour finalement être comme des bons potes, des meilleurs amis, mais là encore notre lien semble évoluer jusqu'à être étrange et incontrôlable. Ce baiser, ce suçon, il ne m'en faut pas plus pour sentir mon coeur battre et pour créer une brèche dans ma poitrine. Je ne suis pas aveugle, je vois bien que mon demi-frère n'est pas moche et qu'il plait autant par son physique que son caractère. C'est juste que ma conscience ne s'en est pas pleinement rendu compte ou qu'elle s'en fichait un peu de l'apparence d'Hinata, parce qu'elle n'avait aucune raison de s'attarder dessus. Qu'est-ce qui a changé ? Subitement je me sens faible face à mon cadet, comme si j'étais incapable de résister à ses charmes ou de me raisonner plus convenablement. Dès l'instant où nos lèvres se touchent et s'épousent, j'oublie le moindre de mes doutes et m'abandonne à cette sensation de légèreté, de bien-être subtile et à cette douce chaleur qui m'envahit de seconde en seconde jusqu'à devenir un brasier ardent. C'est la première fois que je ressens ce genre d'émotion, ce pique d'excitation et ce besoin d'agir même si ce n'est pas raisonnable. Dans le feu de l'action, j'inverse nos positions et soulève Hinata du sol pour le déposer sur le rebord du lavabo, ne quittant ses lippes qu'une fois l'air épuisé. Nos iris se croisent et nos regards se bloquent l'un dans l'autre, comme subjugué par cette couleur profonde et chocolaté. Craquer pour lui ? « Aucune modestie. » Soufflais-je en secouant doucement la tête, aussi amusé que lui. « Moi aussi... » Je suis perdu, dans l'incompréhension la plus totale au monde. C'est la première fois que je regarde un homme de cette manière, auparavant je m'intéressais qu'aux filles, bien que je n'ai jamais eu de relation sérieuse. « Pourquoi ne serais-je pas capable de le faire ? » Demandais-je en frottant discrètement ma joue contre son pouce. Pourquoi serait-ce difficile ou impossible ? Parce qu'il est un homme ? Parce que nous sommes deux hommes ? Parce que nous étions hétéro tous les deux avant de s'embrasser comme des fous ? J'aimerai le comprendre moi aussi, mais je ne doute pas de mon propre coeur. Si celui-ci bat furieusement pour une personne comme il ne l'a jamais fait auparavant, alors ce n'est pas une plaisanterie.

Je ne devrais me sentir ainsi, je ne ressens pourtant aucune réticence à embrasser Raijû ni même à sentir ses mains sur moi, comme lorsqu’il m’a soulevé sur le lavabo, ce sont des actions qui laissent transparaitre une forme de désir, tout comme l’échange qui s’ensuit, notre baiser n’a rien d’innocent et il est rempli de sentiments qui se mélangent, d’émotions fortes, de choses incompréhensible, mais vrai. Je suis en train de succomber à mon demi-frère comme si c’était une évidence, ça en est tellement fou que l’on n’arrive même pas à en douter. Du moins je suis entièrement conscient de ce que je fais, si je venais à dire que c’est sur le coup de l’alcool ou juste sur le « moment » je mentirais. Les réactions de mon cœur ne mentent pas, même si c’est illogique ou complètement dingue, après tout je suis hétéro… Je ne me suis jamais intéressé à un homme, je n’aurais jamais cru pouvoir voir Raijû comme un potentiel amant, mais la vérité est que plusieurs choses prennent de leurs sens quand on se remémore notre relation. Nous n’étions pas seulement frère, on a souvent parler de gout, je l’ai taquiné en disant qu’il ne trouverait pas plus « beau » que moi, j’ai pris sa défense contre son ex sans craindre de dire que je le choisirais lui, me fichant des rumeurs ou de ce que cela pouvait engendrer. Même là je ne manque pas de modestie en disant qu’il craquerait pour moi, j’ai toujours eu confiance en moi niveau physique, mais je ne suis pas du genre narcissique pour autant, disons que j’en plaisante souvent, surtout avec Raijû apparemment. « Mais tu ne nies pas. » Il parle de modestie, mais s’il ne dit pas le contraire c’est que j’ai frappé dans le mile. Je ne cache pas le fait que je sois perdu me doutant que lui aussi, qui ne le serait pas dans notre situation, tout soit confus, on se lance peut-être dans une relation qui finira par tout détruire, au fond on ne sait pas vraiment ce qu’on fait ou ce qui nous attend, mais est-ce important ? Je ne veux pas fuir quelque chose d’aussi fort, on vient seulement de terminer notre baiser que j’ai envie de recommencer, alors je suis prêt à foncer et voir où ça mènera. « Je pourrais te sortir plusieurs raisons. » Commençais-je en continuant de caresser sa joue. « La première est que je suis un homme et ton demi-frère. » ce n’est pas à prendre à la légère. « Je ne suis pas aussi doué que toi en cuisine ni en tâche ménagère, c’est dramatique que tu fasses plus femme que moi non ? » Je me moque clairement là, mais c’est plus facile de prendre les choses avec légèreté, même si c’est sérieux. « Tu n’as pas peur de foncer dans un mur avec moi ? » Mes questions peuvent sembler bêtes ou inutiles à cet instant, je me sens presque idiot de les poser, mais quelque part j’aimerais entendre qu’il est prêt à tenter le coup malgré tout. « Dépêche-toi de répondre parce que je crève d'envie de t'embrasser à nouveau là. » Au moins il est prévenu de mon intention.

Dans ma vie je me suis rarement voilé la face pour telle ou telle raison. Quand ma mère s'est remariée avec le père d'Hinata, j'ai eu beaucoup de mal à accepter la situation et mon demi-frère. J'en avais plus après lui qu'après sa soeur, ce qui était étrange en soi. Avec le temps, je me suis fait à l'idée d'avoir cette famille-là et de veiller sur eux, autant les parents que mes frères et soeurs. Aujourd'hui je ne suis pas déçu d'être celui que je suis, mais ce n'est pas qu'une question d'être frère... Plus maintenant. Pas quand je l'embrasse de la sorte en mettant bien plus de sentiment que je ne pourrais le croire moi-même. Avant qu'il ne prenne ma défense contre Kaede, je ne voyais pas mon demi-frère comme une potentielle attirance, ni comme quelqu'un pour qui je pourrais craquer, mais l'évidence est là. Il a suffit d'un baiser pour m'ouvrir les yeux, pour me faire réaliser que ce n'était pas aussi simple qu'être frère. ça ne fait pas longtemps que j'apprécie Hinata comme quelqu'un de ma famille, comme un proche et voilà que notre lien évolue à nouveau. ça se fait rapidement, sans qu'on ne puisse le saisir ou le comprendre. Que sommes-nous l'un pour l'autre ? C'est difficile de répondre à cette question alors que ça vient à peine d'arriver. Dans combien de temps pourrais-je mettre des mots sur cette situation ? Je n'aime pas être dans le flou, ni me prendre la tête. J'aime quand c'est clair et précis, quand je ne suis pas perdu ou agacé. Pourquoi nier ? Qu'est-ce que je dois nier ? Il n'y a rien à nier. Je ne suis pas du genre à me mentir à moi-même ou à m'échapper sous le coup de la pression. Si je dois dire un truc, je le dirais sans détour. Ce que nous réserve l'avenir dépend de nous, de ce que nous voulons ou pouvons apporter à l'autre. Si Hinata ne se sent pas capable de partager ce sentiment avec moi, je n'insisterai pas. C'est donnant-donnant, chacun donne de soi-même à l'autre, mais s'il ne parvient pas à le faire, alors autant ne rien faire. Quand le personne comprend ça, alors tout devient plus simple, plus facile. Plusieurs raisons ? Je l'écoute faire sa petite liste avec un regard attentif. à la seconde, je fronce les sourcils, une expression offusquée sur le visage. Comment ça je fais femme ? « Tu veux que je te montre si je fais femme ? » Le menaçais-je sans aucune violence. Un mur ? Je hausse les épaules, une mine plus sereine. « Par quoi devrais-je commencer ? » Me moquais-je en retour, après tant de question. « Que nous soyons deux hommes est une chose, mais nous ne partageons pas le même sang. » Pour commencer, je n'ai rien contre les gays. « Ensuite, je suis juste l'homme parfait, rien à voir avec un côté féminin. » Qu'il se sorte ça de la tête avant que je lui prouve lequel des deux est le plus masculin, viril ou costaud. « Et si je commençais à céder à mes peurs, je ne vivrais plus. » Je pense avoir répondu à toutes ses questions, aussi clairement que possible. « Maintenant embrasse-moi. »

Si j’étais du genre à fuir est-ce que je resterais dans cette position avec lui, est-ce que je le laisserais me coller, m’embrasser ou encore est-ce que je poserais mes mains sur lui ainsi ? On peut croire que je suis du genre à ne pas être sérieux, mais c’est une fausse image, c’est vrai que je n’ai jamais pensé à avoir une relation avec un homme, mais je ne suis pas le seul pas vrai ? Lui non plus après tout et pourtant on se laisse transporter dans cette fouge, cette ambiance sans tenter de trouver d’échappatoire, au contraire on parle et je pose mes questions en cherchant des réponses qui effaceront tout doute qui pourrait s’immiscer. J’arrive même à me moquer de lui en parlant de ses talents ménagers comparés aux miens qui laissent à désirer. Évidement, je ne compte pas changer, même si notre relation elle, prend une tournure qu’aucun de nous deux n’avait vue venir. « Aurais-je touché un point sensible ? » Je souris narquoisement en me disant tout de même que c’est étrange, l’entendre dire ce genre de chose, me regarder ainsi, tout est soudain, ça s’est fait sans qu’on ne voit rien arrivé, après un baiser nos cœurs se sont connectés et maintenant on ne gère plus rien. Je lui lance un regard lourd de sens quand il se moque suite à mes interrogations, sentant l’ironie dans sa voix. Nous sommes deux hommes oui, c’est vrai que nous n’avons pas le même sang, mais aux yeux de la société nous sommes frères, on porte le même nom de famille, nos parents sont mariés, nous avons des frères et sœurs en commun, lui et moi somme liés. Même si notre histoire débutait ou venait à se briser, on ne pourrait pas couper les ponts, parce qu’on est frères, du moins d’un point de vue légal et officiel. Je n’ai rien contre les gays non plus cela dit, sinon je ne laisserais pas sous-entendre que je suis prêt à tenter l’aventure avec lui, mais il y a une différence entre ne rien avoir contre eux et en devenir nous-mêmes non ? Je ne suis pas une fille, il n’en est pas une non plus, même si on ne parle pas ouvertement de ce sujet, sexuellement on risque de rencontrer un petit souci. Un son se rapprochant d’un rire moqueur s’échappe de mes lèvres de façon incontrôlée quand il se traite lui-même d’homme parfait. « Aucune modestie hein ? » C’est ce qu’il m’a balancé quelques minutes plus tôt. « Tu as si peur que je te vois comme ma femme ? » Je lui tire la langue, le provocant un peu plus. Quant au fait de ne pas céder à ses peurs, je garde mon esquisse. « Donc tu as peur ? » N’est-ce pas ce qu’il sous-entend ? En tout cas il a raison, on devrait juste vivre ce qu’on vit, c’est nouveau et fou, mais vrai j’en ai la conviction et je sais ce que je ressens. Mon cœur loupe un nouveau battement quand il surenchérit sur mon désir en me disant de l’embrasser, ne me faisant pas prier pour le tirer contre moi et chopper ses lèvres sans aucune hésitation. L’échange devient immédiatement chaud et avide, les émotions qui se transmette, qu’on ressent l’un et l’autre n’a pas de sexe. C’est fort et imposant, le genre de sentiment auquel on veut s’abandonner sans résister.

Chaque chose que nous faisons part d'une première expérience. La première fois où nous avons bu un verre avec des amis, nous nous sommes jamais dit auparavant que nous pouvons ou devons le faire. Quand on a aimé pour la première fois une fille de notre école, quand on regardé un film interdit au mineur ou que l'on a désobéit à nos parents. Ce sont des choses que l'on a fait une première fois, avant de le refaire ou de ne plus jamais le refaire. Aimer un homme en étant soi-même un homme est étrange, ce n'est pas habituel ni bien vue par les autres, mais et alors ? Fais-je me sentir honteux d'embrasser ou de désirer mon demi-frère ? Ce n'est pas le cas, j'assume ce que je ressens pour lui, ce que je veux en le tenant ainsi proche de moi. C'est la première fois que j'éprouve ce genre de sentiment pour un garçon, pour quelqu'un de mon sexe, mais ça ne me semble pas effrayant ou inhumain. Si je dois brûler en enfer pour ressentir cela, alors j'irai me consumer dans les champs du châtiment. ça m'est égal, rien ne peut me faire regretter. Faire le ménage et la cuisine ne fait pas de moi une femme, ni un homme efféminé. Hinata est vraiment un idiot pour penser de la sorte. Je le réprimande à ma façon, en contrant ses paroles. Un point sensible ? Je roule des yeux pour désapprouver, il n'a rien touché du tout. Il a juste déverrouillé quelque chose en moi, une chose que je ne pensais pas possible auparavant. Kaede n'avait pas réussi, aucune fille n'était parvenu à ce résultat... Seulement mon demi-frère. Je pourrais lui faire une dissertation sur ce que nous ressentons tous les deux, sur les inconvénients et les fausses excuses. Je n'aime pas les hommes, je suis uniquement attiré par lui. Nuance. Frère ou pas, ça ne change rien pour moi. Nous sommes liés par un contrat de mariage, par nos parents, mais c'est tout. ça ne fait pas tout pour moi. Hinata cherche à soulever une quelconque féminité chez moi, mais je le contre-dit en avançant mon côté d'homme parfait. Il se moque, mais je m'en fiche. « Oh, je suis très modeste au contraire. » Je fais un jeu de sourcil provocant, amusé par la situation dans laquelle nous nous trouvons. Peur ? Je l'ai dit, la peur gâche la vie. Je n'ai pas peur de comment il me voit, c'est sa vision et je ne pourrais sûrement pas le lui retirer de la tête. « Je suis humain comme tout le monde. N'as-tu pas peur toi aussi ? » Je ne dis pas de quoi j'ai peur, mais j'éprouve aussi ce sentiment. En vérité, la peur dont je parle se ressent sur l'instant. Quand il y a un accident, un bruit suspect, quelque chose d'incontrôlable. Je n'ai pas de phobie particulière, pour la peur est soudaine et ingérable, elle n'a pas de lien véritable avec quelque chose en particulier comme ceux terrorisés par les araignées ou les fantômes. « Je n'ai pas peur que tu me vois comme une fille, ni d'aimer un homme, ni de le désirer. » Suite à cette belle tirade, je lui ordonne presque de m'embrasser, déguisé sous une suggestion. Hinata ne perd pas une seconde pour reprendre mes lèvres en otage, entamant un nouvel échange auquel je ne manque pas de répondre. Est-ce terrifiant ou absurde ? Ce baiser est-il horrible ou inapproprié ? Allons-nous arrêté parce que les autres le regardent d'un oeil mauvais ? C'est à lui de me dire s'il préfère vivre dans les yeux des gens qui nous entourent ou dans ceux l'un de l'autre. Personnellement, je suis capable de ne voir que lui, personne d'autre.

Je ne fais pas vraiment de fixation sur le fait qu’il fasse plus femme ou non, je cherche juste à le taquiner, quelque part on se lance tous les deux sur une route inconnue et faut bien se préparer aux « obstacles » qu’on pourrait rencontrer si on choisit de suivre nos sentiments et de partir sur cette folle attirance qui nous est tombée dessus et nous rend fébriles et faibles. Quelque part je pense que mes questions sont plus pour être rassuré de ses réponses que parce que j’ai le moindre doute ou la moindre peur sur ce que je vais décider, car au fond de moi le choix est déjà fait. Je suis obligé de me moquer de lui quand il agit sans modestie, tout comme il le soulève souvent me concernant, faut croire que nous ne sommes pas si différents lui et moi. Moins en tout cas qu’on pourrait le penser. À sa réponse et son jeu de sourcil je lui donne une petite tape, secouant la tête à sa question en haussant les épaules. « Pas maintenant. » Là, rien ne me fait peur. On pourrait être surpris par les autres ou jugé, ça ne m’inquiète pas plus que ça parce que justement, il monopolise mon champ de vision et mes désirs, ne laissant aucune place au reste. « Je ne te vois pas comme une fille. » Rectifiais-je quand même avec un sourire, je ne veux pas heurter sa virilité. « Aimer un homme et le désirer ? » Je ris en m’approchant de lui, soufflant avant de l’embrasser. « Moi non plus. » Je n’en ai pas peur. Nos lèvres se retrouvent avec plaisir, telles deux âmes-sœurs ou deux aimants qui s’attire et se cherche. Je ne me pose pas de question sur ce baiser, j’en profite simplement pleinement, pour moi c’est un sentiment qui me remplis positivement, je n’ai pas ressenti ça depuis longtemps. Il n’y a rien de terrifiant, rien d’horrible, ceux qui voient là une mauvaise chose c’est leur problème. J’ai perdu beaucoup de choses dans ma vie, j’ai souvent fui plutôt que d’accepter la situation, surtout quand mon père s’est remarié… Désormais je ne fuirais pas face à mes sentiments, je suis grand, plus conscient de ce que je veux vraiment. La seule chose sur laquelle je pense qu’on sera d’accord c’est : « Faudra se la jouer discret à la maison. » Je ris  proche de ses lèvres, l’enlaçant toujours rien qu’en imaginant déjà nos « magouilles » mais avec nos parents et frère et sœur faudra mettre nos sentiments de côté, autant éviter de lancer ce genre de bombe sur la famille pour l’instant.