Ils avaient tout du parfait petit couple, à l'exception du statut officiel. Ses collègues n'hésitaient d'ailleurs pas à le charrier là-dessus. De sorte que, une fois sur le parking, lorsqu'ils croisèrent l'infirmière du lycée, celle-ci leva les pouces comme pour les féliciter de quelque chose ou les encourager. Tae Hoon secoua la tête et d'un signe de la main lui réclama d'arrêter de faire l'idiote. Il ouvrit la porte du côté passager de sa Hyundai ix35 -son unique investissement puisqu'il vivait en location- et laissa Mi Ran s'installer. Il salua tout de même l'infirmière qui rentrait elle aussi chez elle, avant de prendre place aux côtés de son amie. Il n'était pas rare de les voir quitter le campus ensemble et si ça ne le perturbait pas que ses collèges en soient témoins, cela pouvait vite devenir gênant quand des élèves les surprenaient. Il mit le contact et s'éclaircit ensuite la gorge tout en manœuvrant pour quitter la place de parking. « J'ai pas besoin de te prévenir que ce n'est pas rangé, si ? » Si au début Tae Hoon avait fait de son mieux pour ne pas l'effrayer il n'avait à ce jour plus aucune gêne à la faire entrer dans son antre de célibataire bordélique. Comme un adolescent pris en faute, il leva une main innocente. « Promis je vais ranger... un jour. » Avant de rire doucement et de se concentrer pour de bon sur la route.

Il l'accueillit ainsi, après cette longue journée de boulot, dans sa garçonnière après lui avoir très gentiment réclamé un bon repas fait maison. Tae Hoon savait se débrouiller et cuisiner quelques petits plats mais cela ne valait pas les talents de Mi Ran. « Je t'avais prévenu. » Glissa-t-il avec une petite grimace lorsqu'il la laissa passer la première. Comme d'habitude, le clic-clac n'était pas ouvert et son gros plaid traînait dessus avec ses oreillers. Tae Hoon prenait rarement la peine de le mettre en 'mode lit' trop feignant pour ça. Il ne le faisait que lorsque Mi Ran restait dormir. La table basse en face de son canapé-lit était envahi par des fringues et des bouquins. Sur le bar de sa petite cuisine ouverte se trouvaient les restes de son petit déjeuner : tasse vide, bol, assiette, il n'avait rien nettoyé. Hormis le désordre ambiant, ce n'était pas sale. Il détestait juste ranger. « Je dois ranger un peu ? » Demanda-t-il avec innocence en se grattant la nuque. Il jeta un coup d’œil à son appartement et soupira. Ce n'était vraiment pas une façon d'accueillir la fille de ses rêves. « Commence à faire à manger, femme ! Je m'occupe du ménage comme un grand garçon que je suis. » Il prit rapidement ses distances pour éviter que la colère de Mi Ran ne s'abatte sur lui. Il débarrassa ainsi le bar, ramassa ses fringues sales et remit tout simplement un peu d'ordre. Il déplia le clic-clac et fit le lit avec des draps propres. Comme ça, on aurait pu croire qu'il avait les idées mal placées mais de toutes les fois où Mi Ran avait dormi chez lui, il n'avait jamais rien tenté. Il jeta d'ailleurs un coup d’œil à celle-ci alors qu'il bataillait avec sa couette. Attendait-elle de lui qu'il franchisse les limites ? Sentait-elle aussi cette frustration à chaque fois qu'ils se quittaient le lendemain matin ? Il secoua la tête pour chasser toutes ces pensées qui parasitaient son esprit.

Après le rangement, Tae Hoon se faufila derrière elle. Il passa ses mains sur ses hanches et entrelaça ses doigts sur le ventre de la jeune femme. Il n'arrivait juste pas à garder ses distances lorsque personne ne pouvait les déranger. Il cala son menton sur le sommet de sa petite tête. « Qu'est-ce que tu me prépares de délicieusement bon, petit femme ? » Il sentait qu'il devrait arrêter ça au risque de se prendre des coups. Et il avait hésité à ajouter un possessif devant pour adoucir la chose, ou juste parce qu'il aurait aimé le dire mais l’ambiguïté qui entourait leur relation ne le permettait pas réellement. « Une bière ? » Sans plus attendre, il se détacha d'elle pour sortir deux bières du petit frigo et lui tendit la sienne après l'avoir décapsulé. Il s'installa en face d'elle sur un des tabourets du petit bar. « Tu sais que t'es bonne à marier ? » Lâcha-t-il sans crier gare. Mais à marier avec qui hein ? Gros malin. Il songea un instant qu'à trop la faire attendre il risquait de la perdre. A tout moment on pouvait la lui voler. Il avala plusieurs grandes gorgées pour évacuer cette angoisse.

Aucun doute là-dessus. Le désordre ambiant de son appartement prouvait non seulement l'absence d'une femme qui éventuellement passerait derrière lui pour ramasser ses affaires mais cela démontrait aussi qu'il n'y accueillait pas ses conquêtes. Conquêtes inexistantes. Il n'avait fréquenté personne depuis son arrivée au Japon. Peut être deux ou trois histoires d'un soir ici et là mais Mi Ran était bien la seule femme qu'il acceptait chez lui. Et accessoirement la seule qui l'intéressait depuis qu'il l'avait retrouvé. Mais comme il ne pouvait pas rater une occasion de provoquer l'étudiante ou de la rendre jalouse, il en profita. « Qu'est-ce que t'en sais ? Ce désordre est peut être dû à une nuit mouvementée. » Il lui tira la langue avant de pouffer de rire. Il n'arrivait vraiment pas à s'arrêter et ne connaissait pas les limites. Il ne se demandait même pas s'il la blessait à sans cesse appuyer là où justement ça devait faire mal. Cela partait, certes, d'un sentiment bon enfant mais à force peut être que ça allait finir par heurter la jeune femme.
Comme si elle était chez elle, Mi Ran trouva sa place derrière les fourneaux tandis que Tae Hoon remit un peu d'ordre dans son appartement. Il n'avait qu'à ranger ce qui traînait et s'était accumulé ces dernières semaines. De temps en temps, il s'arrêtait pour la contempler. Il se surprenait à rêver d'eux, à la vouloir chez lui plus souvent, tout le temps en fait. Il s'imaginait bien se réveiller aux délicieuses odeurs d'un petit déjeuner préparé avec amour par ses petits doigts. « J'espère que tu fais ça bien, femme ! » Il tapota l'oreiller encore une fois avant de la rejoindre.

« Je suis un homme, moi ce que je cuisine de mieux c'est les pizzas tu sais. J'ai qu'à composer un numéro et elles sont prêtes. » Il mima le geste tout en faisant un peu l'andouille et lui pinça ensuite la joue. S'il était presque magnétiquement attiré vers elle à chaque fois, il ne restait jamais proche très longtemps. Il sentait toujours les battements de son cœur s'affoler comme une sonnette d'alarme et il prenait la fuite aussitôt. Il se servit des bières comme excuse cette fois et accessoirement ça allait l'aider à garder la tête froide. Il s'installa sur un tabouret avec la sienne et posa son coude sur le bar afin de poser sa tête dans le creux de sa main.

Pour retenir un son qui marquerait son mécontentement face à sa réponse, il se mordit l'intérieur de la joue juste avant de faire claquer sa langue contre son palais. « Moi ? » Répondit-il le plus sérieusement du monde mais sans la regarder pour autant. Il fixait sa bière, bien trop lâche pour affronter le regard de Mi Ran. Il se mit néanmoins ensuite à rire. Incapable de se dévoiler, incapable de garder son sérieux. « Je plaisante, je ne veux pas être un homme battu. » Il se retourna pour regarder lui aussi le lit puis pivota à nouveau vers elle et haussa les épaules. N'était-ce pas comme ça à chaque fois ? Elle restait toujours. Ou bien était-ce lui qui ne la laissait pas partir ? Peut être les deux ? Tae Hoon aimait pouvoir la serrer contre lui en tout cas même s'il avait toujours bien du mal à retenir ses pulsions dans ces moments là. Ses amis se demandaient à la fois comment il faisait mais surtout ce qu'il attendait. Lui-même l'ignorait. Pourquoi n'arrivait-il pas à se laisser aller ? « Comme si tu n'y avais pas pensé en acceptant de venir me préparer à manger. Qui de nous deux a les idées mal placées du coup ? » Un petit sourire en coin indiquait que ce détail lui faisait plaisir autant qu'il ne l'amusait. Il avala plus de la moitié de sa bière en une fois puis se leva. « J'ai le temps de me doucher ? Oui, j'ai le temps. » Décida-t-il tout seul. Il glissa sa main dans la nuque de Mi Ran pour l'attirer et déposer un baiser sur sa joue avant de filer.

Tae Hoon récupéra des vêtements plus confortables : un jogging et un t-shirt, puis fila dans la salle de bain. Cinq minutes plus tard il en ressortait les cheveux encore humides et la serviette autour des épaules. Il retrouva sa bière qu'il termina et commença à mettre la table ou plutôt le bar puisqu'il n'avait pas de place pour une table et des chaises dans ce minuscule appartement. « Hm, je t'ai pas dit. Je pense acheter un appartement. » Il remplit leurs assiettes avec le délicieux repas que leur avait concocté Mi Ran. « Je ne risque pas de rentrer en Corée alors autant m'installer correctement. » Il y avait Yeo Joon ici mais il y avait surtout Mi Ran. Si les choses venaient à mal se passer avec son frère il ne comptait pas partir. Il ne pourrait pas partir de toute façon. Il ouvrit un placard, en sortir deux verres à vin et ouvrit une bouteille de rouge pour les remplir. Il prit place à ses côtés et lui ébouriffa les cheveux. « Merciiiiii Mi Ran ~ » Chantonna-t-il ravi d'avoir droit à un vrai et bon repas.

Depuis que sa route avait recroisé celle de Mi Ran, autant dire que Tae Hoon percevait certaines choses comme totalement évidentes. D'abord, il était persuadé que leur retrouvaille ne pouvait pas être un simple signe du hasard. Retrouver son premier amour qu'on a rencontré lors de vacances en France au Japon, faut bien avouer que c'est plutôt puissant et incroyable non ? Le fait qu'ils soient célibataires au même moment l'était aussi. Et ne parlons pas du fait que, pendant toutes ces longues années, Tae Hoon s'était avéré incapable de développer des sentiments pour une autre personne. Il s'agissait donc bien d'un coup du destin et il n'avait nul doute là-dessus. Autre chose dont il était sur, il voulait l'épouser. Il ne se voyait avec personne d'autre. Il n'imaginait même plus sa vie sans elle. Alors sa réponse était très sérieuse. Sauf que, bien sur, il ne le montrait pas. Il ne se sentait pas l'assumer. Il se trouvait bien lâche d'ailleurs. Faut dire aussi qu'il n'avait jamais eu à dévoiler ses sentiments à quelqu'un. De toutes ses relations passées, il n'avait jamais eu besoin de faire le premier pas. Il ne pensait pas que cela serait aussi intimidant. Alors il gardait tout pour lui. Se dévoiler était difficile pour lui. Il préférait faire l'imbécile. « Terriiiiblement violente ! Y a que moi qui pourrais et voudrais bien te supporter. » Parfois, il fallait lire entre les lignes pour déchiffrer son cœur. Comme à chaque fois, au milieu de ses provocations et de ses moqueries, on pouvait trouver une part de vérité. Mais peut être que ce jeu là devenait dangereux. À trop s'enfoncer là-dedans, Tae Hoon n'arrivait pas à en sortir et à être sérieux avec elle. Ce n'était pourtant pas l'envie ou les occasions qui manquaient.

« Aich, vraiment dommage. » Il prit un air terriblement affligé et déçu en se donnant un coup sur la poitrine pour mimer qu'elle l'avait frappé en plein cœur. Mais il se redressa brusquement en réalisant tout le sens de ce que Mi Ran venait dire, comment ça pas assez désespérée ? « Yah ! Qu'est-ce que tu veux dire ? » Il pointa un doigt menaçant dans sa direction et fronça les sourcils. « Je suis un trèèèèès bon coup. Je t'assure que tu rates quelque chose ! » Et pas modeste pour un sou en plus. Tae Hoon était un homme. Avec des besoins et des envies d'homme. A chaque fois que Mi Ran dormait dans ses bras il devait se faire violence pour ne rien laisser paraître de tout ça. C'était pire que de la torture. Plus que d'être amoureux de ce petit bout de femme, elle l'attirait aussi. Il la désirait. Puis, réalisant ce qu'il venait de lui dire, il se mordit doucement la lèvre. Gêné par la situation, il décida de fuir non sans voler un dernier baiser à sa belle. La douche allait le calmer un peu.

Il revint quelques minutes plus tard, délicatement parfumé à la vanille grâce à son gel douche et les cheveux encore trempés. Un grand sourire d'imbécile heureux s'afficha sur son visage alors que Mi Ran le réprimandait tout en lui séchant les cheveux. Tae Hoon la trouvait adorable dans ces moments là. Ne pouvait-elle pas venir lui essuyer la tête tous les jours ? Non ? Vraiment pas. Il attrapa ses mains pour qu'elle arrête et lui colla un énième baiser sur la joue. Il ne ratait aucune occasion pour ça. « Allez, à table. » Il mit les assiettes et servit le repas que Mi Ran avait préparé avec amour -du moins c'est ce qu'il espérait-. Il ouvrit également une bouteille de vin alors qu'il lui annonçait son désir d'acheter un appartement.

« Non, j'ai pas encore regardé. Il faut que je passe à la banque avant pour voir ce que je peux faire comme prêt. En tout cas, j'ai besoin d'un truc plus grand. J'en peux plus de ce placard. » Même s'il avait passé de délicieuses soirées en compagnie de Mi Ran entre ces murs, il aimerait réellement l'accueillir dans un endroit qui correspondrait plus à sa situation. Après tout, Tae Hoon n'était plus un étudiant. Il avait un boulot stable, bientôt vingt-cinq ans, il fallait qu'il se bouge un peu.

Il goûta enfin au plat de son amie et cela ravit ses papilles. Si bien qu'il leva ses deux pouces, la bouche encore pleine, pour féliciter Mi Ran. « C'est trop booon ~ Je vais t'engager comme cuisinière. C'est possible tu crois ? » Oh oui, il s'imaginait bien une petite Mi Ran derrière les fourneaux tous les jours à lui préparer des bons petits plats. Il amena son verre de vin à ses lèvres et en avala une petite gorgée tout en regardant du coin de l’œil Mi Ran s'enthousiasmer bien plus que lui à l'idée de son investissement. « Tu feras les visites avec moi ? » N'allaient-ils pas avoir l'air d'un couple qui emménage ensemble ? Enfin, faudrait plutôt se demander quand est-ce qu'il n'avait l'air d'un petit couple exactement. « Mais si jamais tu vois des trucs cools, dis-moi. Ça pourrait m'aider. » Ajouta-t-il pour la sauver de son malaise évident. Il tapota aussi gentiment sa petite tête avant de continuer à manger.

Rassasiés, les verres vidés, les assiettes aussi, Tae Hoon se leva pour débarrasser mais avant il fit un détour par sa penderie pour sortir un t-shirt qu'il allait prêter à Mi Ran pour la nuit. Là encore, c'était devenu une habitude. Il aimait bien la voir dedans en plus. Même si cela réveillait toujours considérablement son désir. « Va te changer, je m'occupe de la vaisselle. » Puisque la belle demoiselle avait fait la cuisine il pouvait bien la faire. Assiettes, casseroles, couverts, verres, tout y passa. Il songea tout de même qu'il ferait mieux d'investir dans un lave-vaisselle pour son prochain appartement. Après quoi, il se jeta sur son lit. Il attrapa la télécommande pour allumer la télé et releva légèrement son t-shirt pour tapoter son ventre qui semblait ravi du repas auquel il avait eu droit. « Tu as cours demain ? » Lui demanda-t-il histoire de savoir s'il pouvait se permettre de l'empêcher de dormir ou bien s'il allait devoir être sage. Enfin sage, tout était relatif avec Tae Hoon à ce niveau.

En fait, c'était un peu comme si Mi Ran vivait avec lui. Elle dormait plusieurs fois par semaine chez lui. Elle lui cuisinait de bons petits plats le soir. Un aperçu de la vie à deux ? En tout cas, ça lui donnait envie de voir le reste. Tae Hoon avait toujours vécu seul. Aucune de ses relations ne s'était suffisamment développé pour arriver jusqu'au stade de la cohabitation. Mais quand il regardait Mi Ran, il savait que c'était ce qu'il voulait. Vivre avec elle, être avec tout le temps, être à elle. Alors il lui tendit une énième perche. « En nature ? » Il leva un sourcil et un sourire malicieux habilla ses lèvres. Pourtant, jamais, ni l'un ni l'autre, ne saisissait réellement ces occasions. Ils se renvoyaient la balle, ça oui et même à chaque fois, mais ça n'allait pas plus loin que ça. Mais un jour, il pourra peut être réellement récompenser ses talents de cuisinière ainsi. Le jour où, enfin, il se décidera à dépasser cette limite débile dont il ignorait même pourquoi elle existait. Sauf que, rapidement, comme à chaque fois, ils changeaient de sujet de discussion. Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre.

« Aucun talent ? Je me débrouille seul depuis deux ans et j'm'en sors super bien. Mon placard est pas si désagréable non? » L'appartement de Tae Hoon était certes minuscule mais aussi très chaleureux. Tout était dans les des tons très masculin: bleu profond, anthracite et bois. Un mur entier était rempli de ses photos -une de ses grandes passions-. Un autre était recouvert de deux ou trois affiches. Sa penderie était presque rangée et une grande bibliothèque était pleine de livres. D'accord, il restait tout juste de la place pour son clic clac, une table basse et un meuble avec une télé mais ce n'était tout de même pas si mal. Tae Hoon s'y sentait bien, un peu à l'étroit, mais c'était chez lui. « Puis mon clic clac est plutôt confortable non ? Faudra faire les magasins pour m'aider à trouver un lit encore plus cool. » Décidément, il n'en ratait pas une aujourd'hui. Il lui ébouriffa les cheveux avant de se lever pour la fournir en t-shirt. Après quoi, il s'occupa de la vaisselle ce qui lui permit de se vider un peu l'esprit.

Chaque nuit que Mi Ran passait ici mettait à l'épreuve ses pauvres nerfs. Résister. Un mot qui résonnait dans sa tête. Pourquoi devait-il résister d'ailleurs ? Pourquoi s'infligeait-il ça ? Tae Hoon ne savait plus. Cela faisait tellement longtemps maintenant. Il avait comme un blocage. Une appréhension. Il avait peur de quelque chose mais ignorait totalement de quoi. Il tenta de rester concentré sur ce qu'il se passait à l'écran mais du coin de l’œil zieuta quand même son amie. Ses jambes. Putain ses jambes. Son regard remonta un peu. Sa poitrine. Mon Dieu. Il ravala sa salive et passa sa main sur son visage. Il fallait qu'il se calme et tout de suite. Mais Mi Ran ne semblait pas disposer à l'aider. Il fixa, légèrement sous pression, son index qui chatouillait sa peau.
Sagement, comme une poupée de chiffon, il étend son bras puis le referme autour des épaules de Mi Ran. La deuxième partie de leurs soirées était toujours la plus compliquée à gérer pour Tae Hoon qui ne restait qu'un pauvre homme comme les autres, avec des désirs, des envies et des pulsions à retenir. Son cœur s'affolait toujours et battait beaucoup plus fort lorsqu'il se retrouvait allongé avec la belle coréenne dans ses bras. Il se demandait si elle l'avait déjà remarqué. Il espérait que non. « Si tu savais. » Répondit-il sérieusement, sans quitter des yeux la jeune femme qui regardait la télévision. Ah oui, si elle savait tout ce qui lui passait par la tête dans ces moments là. Jamais rien de bien catholique.

Tae Hoon cala son menton contre le sommet de sa petite tête et poussa un long soupir. Machinalement, il commença à jouer avec les cheveux de l'étudiante. Il les peignait ou les enroulait autour de ses doigts bien peu intéressé par l'émission qu'il avait pourtant sélectionné. Il ne regardait jamais la télé quand elle était là. Un tas de choses défilaient dans son esprit. Beaucoup trop pour qu'il puisse y mettre de l'ordre. Il n'arrivait juste plus tellement à réfléchir ou à penser à autre chose qu'à Mi Ran. Toute son attention était tournée vers elle -et puis vers ses belles jambes nues totalement offertes à sa vue aussi-. « Tu n'as pas froid comme ça ? J'ai toujours chaud alors je met pas le chauffage très fort. » Il chercha sa main pour s'assurer lui-même qu'elle n'avait pas trop froid et fut rassuré de ne pas les sentir ses doigts totalement frigorifiés par rapport aux siens. Il ne la relâcha d'ailleurs pas tout de suite, emmêlant leurs doigts ensemble, avant de se remettre gentiment à jouer avec ses cheveux.
Qu'est-ce qu'il donnerait pas pour avoir une pointe de courage, une montée d'adrénaline suffisante qui le pousserait à agir. Cette tension entre eux à chaque fois était si palpable. Il résistait alors même qu'il se permettait de jouer avec le feu. Ainsi, ses doigts se mirent bientôt à frôler sa gorge. Ils se faufilèrent dans sa nuque puis à nouveau ses cheveux. Détour après ça par son visage ; ses joues, ses pommettes, son nez, sa bouche. Il se mordit la lèvre. « C'est de plus en plus difficile tu sais. » Il n'osait même pas la regarder dans les yeux. Puis il n’arrivait juste pas à arrêter de fixer ses lèvres. Son index en dessina à nouveau le contour. Il finit par sagement -ou presque- poser sa main sur sa hanche. Vilaine main qui ne voulait pas rester en place. Alors elle descendit sur sa cuisse. Il n'avait toujours pas levé les yeux. De toute manière, si vraiment il faisait quelque chose de mal, il savait qu'elle n'hésiterait pas à le lui faire comprendre. Peut être que c'était juste la nuit de trop. Sa paume caressa sa peau et passa sous le t-shirt pour remonter le long de sa colonne vertébrale. Il ne réalisait pas totalement ce qu'il était en train de faire mais il venait ainsi de dévoiler en grande partie le corps de son amie qu'il admirait plus ou moins discrètement. « Et ça devient même trop difficile. » Tout doucement il rapprocha son visage du sien. Quelques millimètres à peine les tenait encore éloigner de ce qui pourrait être leur premier baiser depuis leur retrouvaille.

Riiiing. Riiiiing. Tae Hoon grogna. Quel imbécile osait sonner à cette heure ? Bon, il n'était pas tellement tard mais c'était loin d'être le bon moment. Il tira sur le t-shirt que portait Mi Ran pour recouvrir à nouveau convenablement son corps et se leva. Il allait ouvrir mais fit demi-tour juste avant pour lancer son plaid sur la demoiselle histoire de vraiment la mettre à l'abri des regards. Il entrouvrit la porte et réceptionna le courrier qui lui était destiné que le facteur avait déposé dans la boîte aux lettres du voisin par erreur. Il referma la porte en poussant un long et profond soupir. Planté à nouveau devant le lit, il se massa la nuque. Merci le voisin quoi. Il y était presque. Il manquait tellement pas grand chose. Il venait de lui faire perdre tous ses moyens en plus. « T-tu veux un café ? Un cacao ? Je t'ai même pas proposé avant. » Si avant c'était tendu entre eux, maintenant qu'est-ce que c'était ? Puis clairement, il était plus que gêné parce qu'il avait fait ou plus exactement par ce qu'il avait essayé de faire.

Pour deux ce n'est pas pratique. Le visage de Tae Hoon se fendit en un sourire si rayonnant qu'il aurait pu éblouir un aveugle. Il analysa cette phrase, se la répéta en boucle et même l'enregistra dans un coin de sa mémoire. Une petite étincelle s'alluma dans son regard alors qu'il l'écoutait décrire le lit dont elle rêvait. Bien sur, il s'imagina d'abord des choses peu catholiques puis finalement pouffa de rire en la voyant s'emballer de la sorte. Il trouvait ça terriblement mignon. Inconsciemment, elle venait de faire des plans sur la comète comme s'ils étaient un tout, ce qui touchait Tae Hoon. Il tapota sa petite tête gentiment en essayant de ne pas partir dans un fou rire. « Bon, on en essayera plusieurs alors. » Phrase lourde de sous-entendus encore une fois, et qui fut accompagner d'un regard malicieux. Ils n'avaient même pas pu essayer de la façon dont il faisait allusion son clic clac. Même s'il aspirait depuis longtemps maintenant à corriger ce détail. Il y pensait à chaque fois que Mi Ran restait dormir chez lui en fait. Il se demandait vraiment comment il avait fait pour se retenir tout ce temps. Il n'avait jamais dérapé, jamais rien tenté ni laissé paraître jusqu'à ce jour. Le jour de la première faiblesse.  

A deux doigts de franchir la dernière limite. Sa paume découvrant et caressant sa peau. Son souffle mêlé au sien. Puis les battements de son cœur si puissants qu'il sentait sa cage thoracique défaillir. Jamais il n'avait été aussi proche. Pas de retour en arrière possible. Ou bien si en fait. La sonnette éclata leur cocon et les sépara gâchant le moment. Il s'était senti prêt cette fois. Prêt à agir, à provoquer, à bousculer les choses. Ce maudit voisin. N'aurait-il pas tout simplement pu mettre l'enveloppe dans la bonne boîte aux lettres ? Il le maudissait. D'ailleurs, il lui claqua presque la porte au nez. Il balança l'enveloppe sur la table basse avec les autres. « Putain, c'est une heure pour sonner chez les gens ça ? » Sa langue claqua sur son palais. Ce ton sec montrait combien l’événement le contrariait. Ses sourcils étaient froncés. Il se détendit néanmoins grâce aux remarques adorables de Mi Ran. Un petit sourire remplaça sa moue boudeuse. « Tu n'as pas de quoi être jalouse, vraiment pas. » Mais peut être ne s'en rendait-elle pas compte ? Tae Hoon n'avait pas l'habitude de rester seul aussi longtemps. Cela surprenait même sa mère. Il attendait Mi Ran alors qu'elle l'attendait lui donc en fait, qu'attendaient-ils exactement ?

Pour masquer sa gêne, il lui proposa une boisson chaude. Il réalisa alors qu'il s'était trouvé à deux doigts de la déshabiller. Qu'avait-elle pensé ? Il ne voulait pas qu'elle lui prête de mauvaises intentions. Tae Hoon crevait, certes, d'envie de lui faire l'amour mais plus que de la désirer il avait de réels sentiments pour elle. Voilà ce qu'elle devait comprendre. Sentir ses bras autour de son corps lui arracha un petit soupir de bien être. Il posa ses mains sur les siennes et ferma les yeux. Cela le relaxa instantanément et éloigna ses angoisses. Pourquoi était-ce si difficile ? Il n'arrivait ni à lui parler, ni à faire le premier pas. Elle le bloquait totalement. Pourtant, il n'avait normalement aucun problème avec les femmes. Il était passé pro dans l'art de la séduction. Oui mais voilà, draguer une nana dans un bar c'est une chose, avouer ses sentiments en était une autre. « Un cappuccino alors, je vais te faire ça. » Souffla-t-il un peu déçu. Mais il ne bougea pas. Pas plus qu'elle en tout cas. Puis elle prononça ce qui ressemblait de façon étrange à un feu vert pour Tae Hoon. Mauvais timing. Elle était donc bien comme lui. Elle aussi n'attendait plus que ça.

« Il m'a juste interrompu. » Il marqua une pause et pivota pour se retrouver face à elle. Il s'approcha un peu plus. Après avoir remis les cheveux de la coréenne en arrière, il garda ses mains sur ses joues. « Est-ce que je peux continuer ? » Quelle question mec, tu vois pas qu'elle attend que ça ? Qu'elle t'envoie mille signales à la seconde ? Il chercha pourtant la réponse dans son regard, pas très sur de lui et encore moins de ce qu'il allait faire. Il posa, avec toute la délicatesse du monde, ses lèvres contre les siennes. Rien de plus d'abord. Gamins, ils s'étaient fait de petits bisous mais cela allait être leur premier véritable baiser. Il l'embrassa, enfin, frissonnant littéralement de la tête aux pieds à cet échange. Peut être était-il un peu maladroit ou hésitant, il ressemblait presque à un adolescent. Il se sentait comme tel en tout cas. Mi Ran le déstabilisait totalement. Ce baiser lui retournait la tête et le cœur surtout.

Il y mit fin quelques secondes, juste le temps de lui dire : « Tu n'auras pas ton cappuccino à la noix. » et, plus franchement cette fois, recommença à jouer avec ses lèvres. Il pinçait tantôt celle du haut, tantôt celle du bas. Puis il brisa la distance entre leurs corps en passant ses mains dans son dos de manière à la serrer un peu plus contre lui. Il n'y avait pas plus grisant comme sensation. Il avait attendu ça si longtemps. L'embrasser lui décrocher le cœur. Il battait si vite. Il n'allait jamais être rassasié de ses lèvres, de son corps, d'elle. Comment avait-il fait pour tenir jusqu'à maintenant ? Il soupira quand leur baiser se termina et son front se colla au sien. « T'attendais quoi pauvre idiote ? » Lui demanda-t-il en la regardant droit dans les yeux. Oui, pourquoi n'avoir saisi aucune perche ? Et lui alors ? Pauvre idiot au même titre. Un rire lui échappa et il cacha son visage dans le cou de Mi Ran alors qu'il rougissait comme une pauvre vierge. Nan mais, ridicule. C'était gênant.

Il finit par se détacher d'elle et leva les mains comme un coupable pris sur le fait avant de s’asseoir sur le bord du lit. Il tendit son bras pour la tirer en douceur par le poignet. Tae Hoon secoua la tête en pouffant encore de rire, visiblement tout ça le rendait euphorique. « Mais y a pas idée aussi d'avoir des jambes pareilles. » Comme il n'arrivait toujours pas à se confier, il disait ce qu'il lui passait par la tête. Il se mordit la lèvre et leva le visage vers Mi Ran qui se tenait debout devant lui. Cette fois, sans gêne, il posa ses mains sur ses cuisses et remonta jusqu'à sa taille comme ça. « Tu le faisais exprès hm ? Te balader comme ça devant moi, te coller à moi, dormir avec moi. » Il avait résisté deux ans, accumulant une quantité de frustration des plus importantes. Il était temps de tout évacuer.

Cela ne ressemblait pas à ce qu'il connaissait. Cela ne lui ressemblait même pas. Si peu d'assurance. Ses doigts tremblaient sur les joues de Mi Ran. Ses lèvres hésitaient à caresser les siennes. Il ressentait la même sensation que lors de son premier baiser. Est-ce que c'était ça l'amour ? Pendant des années, Tae Hoon l'avait cherché enchaînant les relations. Mais jamais il n'avait pu retrouvé ce même frisson que celui que Mi Ran lui avait offert en France, celui qu'elle lui offrait à nouveau. Elle tenait son cœur en otage depuis douze ans. Il semblait aussi qu'il ne le récupérerait pas. Cela l'effrayait un peu. Bien moins insouciant, il comprenait l'engagement que cela représentait. Il réalisait aussi les risques qu'il prenait. Celui de la faire souffrir ou de souffrir, le manque, la jalousie, les disputes. Le chemin pour arriver jusqu'ici avait déjà été long. Il savait pourtant que ce n'était que le début. Il était aussi sur de son choix. Il voulait que Mi Ran soit cette personne, la seule capable de le rendre heureux ou de le détruire. Celle qu'il désirait avoir à ses côtés jusqu'à la fin et pour l'aider à traverser toutes les épreuves. De la même manière, il avait envie d'être là pour elle, de la soutenir, de l'aimer, de la chérir. Et tout ça se bousculait dans sa tête créant un mélange étrange d'excitation mais aussi d'appréhension. Même si, pour le moment, l'excitation le gagnait plus qu'autre chose.

Il la contempla quelques secondes. On pouvait lire dans ses yeux tout l'amour qu'il lui portait. Vous savez, ce regard si intense d'homme amoureux. « Je suis navré, j'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. » Il plaisantait encore. Signe aussi que cela n'allait pas altérer leur complicité mais sans aucun doute la renforcer. Enfin, là tout de suite, il avait deux ans à rattraper. Si bien qu'il se jeta très rapidement sur ses lèvres une seconde fois. Un baiser plus fiévreux que le précédent. Témoin d'un amour débordant, d'un désir puissant et d'une trop grande frustration accumulée après tous ces mois d'attente. Son cœur battait à une telle vitesse. Il ne se souvenait pas avoir un jour ressenti ça. Cela le perturbait même un peu. Il se demandait comment c'était possible d'aimer autant quelqu'un et en même temps de l'avoir fait attendre aussi longtemps.

Cette situation le rendait euphorique. Il allait se décrocher la mâchoire à sourire comme ça. Vraiment, il avait la sensation d'être un adolescent à nouveau. C'est tout l'effet que Mi Ran lui faisait. Il se mordit doucement la lèvre l'air un peu coupable. « Je suis désolé de t'avoir fait attendre. » Il déposa un tendre baiser sur son front. « Tu ne m'en veux pas trop ? » Lui demanda-t-il alors qu'il l’entraînait à nouveau vers son lit. Leur lit ? Mi Ran dormait si souvent ici que c'était presque le sien aussi. Et parmi toutes ces fois, il avait attendu aujourd'hui pour oser franchir la limite. Heureusement tout de même qu'elle avait remis le sujet sur le tapis parce que sinon il serait vraiment parti lui faire un cappuccino en pauvre lâche.

Cela lui paraissait si surréel qu'il ne faisait que la toucher du bout des doigts. Ses cuisses, ses hanches, sa taille, remontant ainsi le t-shirt qu'il lui avait prêté pour la nuit. Il ne se gêna pas cette fois pour la dévorer du regard. Il posa finalement ses mains sur ses hanches lorsqu'il la laissa s'installer sur lui. L'une d'elle se nicha dans la nuque de Mi Ran comme pour l'empêcher d'arrêter leur baiser enflammé. Vraiment, il se détestait d'avoir attendu. Il aimait déjà trop ça. Elle l'ensorcelait. Mais en même temps, s'ils n'avaient pas fait preuve d'autant de patience, cette intensité ne serait peut être pas là. Il lui sourit, à la fois amusé et attendri. « Tu sais ce que moi je t'interdis ? » Il souffla sur ses lèvres, l'embrassa avec une lenteur calculée de façon à la provoquer. « De quitter ce lit. » Il se laissa sagement tomber en arrière, passa ses mains sur ses cuisses et s'empara aussitôt une nouvelle fois de ses lèvres avec volupté.

Il découvrit un peu plus son corps. Ses mains le parcouraient avides de l'apprivoiser. Son dos, ses hanches, son ventre, ses omoplates puis plus bas, beaucoup plus bas, ses fesses. « J'attendais que tu me sautes dessus. » Lui répondit-il taquin. Il nicha son nez derrière son oreille, la frôla de ses lèvres puis descendit dans son cou. « T'imagines pas que ça a été facile de tenir jusque là. J'ai pas l'habitude. » Ah ça, vraiment, il n'avait jamais autant attendu pour une femme. Mais Mi Ran, ce n'était pas juste une femme parmi d'autres. C'était la femme. Il déposa quelques délicats baisers et tira un peu sur le col de son haut pour s'attaquer à sa clavicule. « C'était de la torture. » Il l'attrapa par la taille et brusquement la fit basculer, inversant les rôles. Il se tenait au-dessus d'elle, appuyé sur son avant-bras à côté de sa tête. Un sourire fendit son visage. Il caressa sa joue, passa son pouce sur ses lèvres. Il pouvait enfin la toucher, enfin l'embrasser. C'était étrange mais tellement excitant à la fois. Il la bouffait littéralement du regard. Il n'avait plus à se cacher pour le faire.

Tae Hoon leva un sourcil face à cette nouvelle provocation. Cette petite n'avait peur de rien. Même pas de menacer un homme en lui disant qu'il ne sortirait pas indemne après deux longues années d'attente, de retenue, de frustration. L'infirmier fonctionnait comme tous les autres. Il ne s'était pas passé une nuit sans qu'il laisse son esprit vagabonder, et parfois il avait eu du mal à lui cacher. Les filles, chanceuses, n'avaient pas ce problème là. Et combien de fois n'avait-il pas pu trouvé le sommeil à cause d'elle ? Autant il adorait la serrer contre lui, autant il s'était mordu les doigts regrettant à chaque fois de ne rien avoir tenté. Il l'admirait dormir paisiblement dans ses bras songeant à tout ce qu'ils auraient pu faire avant qu'elle ne s'endorme. Puis qu'elle soit couverte à chaque fois d'un de ses pauvres t-shirts l'avait mis à rude épreuve. Ce manque de quelque chose que pourtant ils ne découvraient qu'à présent. Un cercle vicieux de provocations et de tentations qui s'étaient joués de leurs désirs, envies et sentiments. Si bien que maintenant qu'il pouvait enfin la toucher, enfin l'embrasser, il sentait que son cœur allait exploser d'un moment à l'autre. C'était si fort comme sensation. Indescriptible avec les mots. Tout son corps vibrait pour elle. Aimanté et attiré par le sien telle la chose la plus naturelle au monde. Personne ne pouvait ni ne devait les déranger. Ils n'entendraient pas. Plus que jamais, ils allaient s'enfermer dans leur bulle, une belle débordante d'amour.

Il rit doucement contre ses lèvres en se laissant tomber en arrière avant de rendre son baiser. Il se sentait si léger. Léger comme une plume. On venait d'ôter un poids de ses épaules, de le libérer de ses chaînes. Enfin, il pouvait faire ce qu'il rêvait de faire à chaque fois qu'elle avait dormi chez lui. Leurs mains dessinaient le corps de l'autre, en apprenaient les formes, les points sensibles. Il lui reprocha gentiment de ne pas avoir cédé la première. Sa réponse l'amusa car elle ressemblait à la sienne. Il ne savait pas non plus pourquoi il avait attendu, ce qu'il avait attendu mais il s'était imaginé craquer un nombre incalculable de fois. Mais il ne pensait pas que cela arriverait ce soir. Il avait esquissé une approche de nombreuses fois et si Mi Ran ne lui avait pas retendu la perche alors peut être qu'il ne se serait rien passé. Il lui aurait juste servi son cappuccino à la con et encaissé un nouveau lot de frustration. Oh, mais ne dit-on pas qu'être frustré rend malade ? Il était temps qu'enfin il relâche tout ça. Sa bouche près de son oreille, il lui chuchota chaudement. « Tu sais que, dans ma tête, je t'ai déjà déshabillé des centaines de fois. » Ses fantasmes faisant ainsi écho à celles de la demoiselle. Il découvrait enfin l'objet de ses désirs, le sujet de ses rêves peu catholiques. Il la voulait tellement et depuis si longtemps. Alors il entama une douce descente dans son cou et n'oublia aucun centimètre carré. Ses lèvres pinçaient sa peau. Il la frôlait à d'autres moments du bout de la langue. Son sourire s'agrandit au délicat son qui parvint jusqu'à ses oreilles. Alors il recommença du début, remonta un peu et redescendit, couvrant son cou de baisers papillons, juste pour avoir le plaisir de l'entendre encore.

Et puis en une seconde, il la fit basculer pour inverser les positions. Il l'admira de longues minutes pour ancrer l'image de ce moment dans son esprit. Pas question d'oublier ce sourire et ces yeux là. Elle lui appartenait. Il voulait que ça ne soit que pour lui. Il retraça le contour de ses lèvres avec son index. « C'est à moi. » Affirma-t-il en parlant d'elle, de la manière dont elle lui souriait mais aussi de comment elle le regardait. Il se laissa emporter par le baiser qu'elle initia et passa sa main derrière sa nuque. L'impatience, l'envie, cela lui brûlait les lèvres. Ses petites mains sur son corps provoquaient des espèces de décharges électriques. Des frissons qui lui donnaient chaud. Il se pinça les lèvres en réalisant qu'elle entreprenait de le débarrasser de son t-shirt et l'y aida en se redressant un peu pour pouvoir le faire passer par ses bras. Il se replaça sagement au-dessus d'elle. Délicatement, il se mit à jouer avec ses cheveux jusqu'à ce qu'elle se mette à parler. À la fois gêné et amusé, il rit en venant cacher son visage dans son cou. Il avait l'air d'un adolescent. Comme s'il ne s'était jamais mis nu devant une femme. Venant de Mi Ran, cela n'avait simplement pas la même valeur. Il était juste content de lui plaire. Et heureusement qu'il lui plaisait. Il demanda : « Tu en doutais ? » pour rentrer dans son jeu et frotta doucement le bout de son nez au sien. Il ne se souvenait pas avoir été aussi tendre avec une autre. Des envies contradictoires se mélangeaient. Une part de lui rêvait de la déshabiller tout de suite -et même de lui arracher ses vêtements-, l'autre avait envie de la couvrir d'amour et d'attentions.

Lui, savait exactement -ou presque- ce qui se cachait sous ce t-shirt. Oui, il était déjà passé devant la salle de bain quand elle se changeait juste pour y jeter un coup d’œil et puis il avait pu admirer ses longues jambes tellement de fois. Il l'embrassa du bout des lèvres, jouant un peu, avant d'approfondir et de se tenter par un baiser plus fiévreux. Sa langue glissa jusqu'à la sienne, la caressa, joua avec elle. Sa main, qui ne soutenait pas son poids pour empêcher qu'il ne l'écrase, s'aventura sur son corps. Elle suivit la courbe de sa taille jusqu'à sa hanche puis caressa sa cuisse du bout des doigts avant de remonter dessiner des cercles sur son ventre plat. Puis il passa alors une jambe de l'autre côté de son bassin, à genoux au-dessus de celui-ci et la tira par les bras pour qu'elle se redresse. Il emprisonna son visage entre ses mains pour lui voler un baiser au passage avant de se décider enfin à lui enlever le t-shirt qui était le sien. Sans gêne cette fois, son regard trouva immédiatement sa poitrine encore couverte pour son plus grand regret. Inutile de préciser que cette simple vue le déconcentra une fraction de secondes et chatouilla un tantinet son bas ventre. Il leva les yeux vers elle. « Si j'avais vu ça avant, peut être que j'aurais craqué plus tôt tu sais. Tu n'as jamais pensé à te balader en sous-vêtements devant moi ? » Il se mordit encore la lèvre. Sa main caressa avec envie sa poitrine à travers le tissus puis se logea dans sa nuque. En douceur, il accompagna la descente jusqu'à ce qu'elle soit à nouveau allongé sous lui. Beaucoup plus baladeuse, sa main passa entre ses cuisses, sur ses seins puis dans le bas de son dos. Il glissa habilement ses doigts sous l'élastique du sous-vêtement parasite et lui refusa pendant ce temps tout baiser. Il reculait à chaque fois qu'elle approchait ses lèvres, s'en amusant. Il jouait encore.

Son organe vital tambourinait avec une telle violence dans sa poitrine. Il se déchaînait, comme affolé par les événements. Se laissait enfin aller après deux longues années de retenue. Ce corps, amoureux, jouissait de cette nouvelle liberté. Tant d'attente, pourquoi en fait ? Simplement parce que son esprit vagabondait ailleurs ? Peut être qu'autre chose se cachait encore derrière ce temps où, jouant, hésitant, doutant, il s'était tenu à distance de Mi Ran. Il la découvrait enfin. Il se sentait jeunot, revivait sa première fois d'une certaine manière. Le désir brûlant de toujours plus s'approprier l'étudiante, la peur dissimulée de la décevoir, de ne pas être à la hauteur. Fébrile sous ses caresses. Fiévreux dans son regard. Il peinait presque à réaliser que les barrières n'existaient plus. La sensation d'être en coton, d'être dans un rêve, le surplombait. Mais il n'y avait rien de plus réel que cet instant. Voilà longtemps que cette pulsion de vie ne l'avait pas envahi. Vivant dans ses bras. Il la contemplait comme si elle était la septième du monde. Sa merveille à lui. Son trésor. Comment avait-elle fait pour être aussi patiente ? N'avait-elle pas eu, quelques fois, l'envie de le secouer, de lui dire 'je suis là' ? Pas qu'il ne la voyait pas. Au contraire. Juste qu'avant elle, il n'était jamais tombé amoureux, n'avait jamais senti ce frisson si effrayant et si grisant en même temps. Lorsqu'il en avait pris conscience, une certitude s'était imposé à lui. S'il avançait, s'il exécutait le premier pas alors il se jetait à corps perdu dans l'inconnu. Une longue chute dans le vide, de l'adrénaline pure et dure. Il osait seulement maintenant. Prêt ? Pas totalement. Mais lassé d'attendre. Et crainte de la perdre. Il la voulait. Elle lui appartenait. Alors, il hocha doucement la tête avec un fin et tendre sourire aux lèvres. « Je crois que j'ai ce vilain défaut. J'espère que tu me pardonneras. » Impossible de compter toutes les crises de jalousie qu'elle avait déjà subi alors même qu'il n'aurait rien dû lui dire, qu'il ne disposait d'aucun droit. Les disputes suivant ces scènes les poussaient l'un vers l'autre, les réunissaient dans un aveu indirect. Maintenant, Mi Ran n'avait qu'à bien se tenir. Il n'allait plus avoir aucune raison de tenter de garder son calme. La réponse de la belle brune lui parut satisfaisante et il répondit donc langoureusement à son baiser.

Cela semblait si naturel. Leurs corps paraissaient en parfaite osmose. Aucun contre-temps. Aucune maladresse. Comme s'ils se connaissaient déjà. Ils s'apprivoisaient avec souplesse. Leurs contacts électriques et pourtant si prudes encore, les animaient de frissons incontrôlables, leur arrachaient de chauds soupirs. Toute cette frustration accumulée se tenait responsable de leur fébrilité. Malgré tout, Tae Hoon essayait de garder une assurance suffisante. Celle d'un jeune homme de vingt-quatre capable de mener la danse et d'apprivoiser sa partenaire. Cela s'avéra moins évident une fois qu'il la débarrassa de son t-shirt. Il malmena sa lèvre détaillant son corps pendant qu'une partie typiquement masculine du sien se réveillait. Il leva les yeux et croisa son regard, amusé mais aussi attendri par son aveu. « Tu as donc gagné. Avec l'aide de tes jolies jambes tout de même. » Unique partie de son corps qu'il avait pu admirer lors de chaque nuit que Mi Ran avait passé dans son lit. Il rapprocha ses lèvres des siennes, frissonna légèrement en sentant son souffle se mêler au sien. « Quel homme aurait résisté en te voyant comme ça ? Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tenir. » Ses mains exercèrent une légère pression sur sa poitrine, il frôla du bout des doigts le dessus puis à nouveau la dentelle. « Un si mignon emballage en plus. Que je vais adorer enlever. » Il la rallongea avec délicatesse. Pour faire plus ample connaissance avec ses formes, il les explora sensuellement. Ses hanches, son ventre plat, ses cuisses, ses fesses. Tae Hoon trouvait sa peau si douce, plus douce que toutes les autres. Joueur, il lui refusa l'accès à ses lèvres. Son accusation le fit rire. Il nicha son visage dans son cou, le goûta de sa langue, en pinça tendrement la peau. Puis il remonta jusqu'à son oreille dont il mordilla le lobe. « Pardon. » Il se fichait un peu d'elle. Nullement confus de la provoquer ainsi. Cela se retourna brusquement contre lui. L'information ne monta d'ailleurs au cerveau que tardivement puisqu'il ouvrit grand les yeux en sentant sa bouche contre la sienne. Il ne perdit néanmoins pas le nord et posa ses mains sur ses fesses. Arrêter de faire les enfants ? Pourquoi ? Cela leur allait si bien. Il se mord la lèvre en la sentant s'en prendre à son cou, souffle bruyamment parce que tous ses muscles se contractèrent puis se relâchèrent lorsqu'elle s'arrêta. Un suçon ? Vraiment ? Un petit rire lui échappa. « Un homme pris est encore plus attirant. » Il était pris, pas vrai ? Cette nuit annonçait leur début hein ? Ils ne pouvaient pas en parler maintenant car guidés par leurs pulsions uniquement. La raison se taisait et laissait toute la place au reste.

Il se dressa sur ses avant-bras et passa sa main dans la chevelure sombre de la belle Mi Ran. Tout frissonnant sous ses baisers, il bascula même la tête en arrière et plaqua sa main sur sa bouche pour ne pas rire. Euphorique, excité. Ils continuaient à se chercher. Chaque nouvelle minute comme un supplice. Il se languissait de la faire sienne. Il ne pensait plus qu'à ça. Tae Hoon l'aida habilement à lui ôter son pantalon en relevant son bassin. Impatient de retrouver la douceur de ses lèvres, il sourit en la voyant s'approcher puis lève un sourcil lorsqu'il saisit la vengeance. Il la défie du regard et décida de ne pas céder. Lentement, il se redressa et grâce à ses mains sur ses fesses la colla un maximum à son corps. Son menton entre ses seins, il effleura son menton avec sa bouche. Ses mains remontèrent dans son dos. À l'aide de trois doigts il dégrafa son soutien-gorge. Il fit tomber une bretelle, puis l'autre, et le posa de côté. Il redessina les rondeurs de sa poitrine avec ses indexes, caressa avec ses pouces ses boutons rosés. Sans lâcher son regard, sans baisser les yeux une seule seconde. Mais n'y tenant plus, il tendit le cou pour pouvoir l'embrasser. Une danse sensuelle entre leurs langues s'initia et lui coupa le souffle. Il cala une main dans son dos et se laissa tomber en arrière l'emportant avec lui. Un courant électrique lui hérissa les poils au contact de sa poitrine contre son torse, un petit soupir quitta ses lèvres. Une de ses mains massait l'un de ses seins pendant que l'autre, furtive, se faufila dans sa culotte. D'un doigté expert, il la caressa et analysa dès lors chacune de ses réactions. Il voulait être capable de lui procurer plus de plaisir que les autres et détecter ses faiblesses. Préférait-elle lorsqu'il restait en surface ? Aimait-elle qu'il insère un doigt parfois ? L'autre main se logea dans sa nuque pour approfondir encore leur baiser mais bientôt il y mit fin juste pour savourer les délicieux sons qu'elle laissait échapper et dont il était le responsable.