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 Un lit pour deux | Mitsuo

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Anonymous
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Ce message a été posté Dim 31 Mai - 20:44

Un lit pour deux


Cette chambre me paraissait vraiment immense maintenant que ma meilleure amie l'avait quittée. Elle ne m'avait de toute façon été d'aucun secours la nuit où… Un frisson désagréable remonta le long de mon échine. D'un geste machinal, je remontai la couette jusqu'à mon nez, comme si le souvenir de Minh Hien pouvait l'attirer ici de nouveau. Mon coeur battait à tout rompre. Cela faisait quelques temps que je me sentais particulièrement vulnérable. Mon regard se posa, hésitant, sur la porte. Je n'arriverais de toute façon pas à fermer l'oeil si je restais ici. Alors, lentement, précautionneusement, prudemment, je me glissai hors de mon lit. J'attrapai aussitôt la peluche violette et la serrai contre moi. Mon corps était tendu pendant que j'avançais vers la porte de ma chambre. Je craignais qu'elle ne s'ouvrît à tout moment, qu'elle laisse apparaître celui que je fuyais si ardemment. C'était comme si depuis qu'il avait pénétré ici, il avait le pouvoir de revenir quand ça le chantait.

Enfin. J'étais dans le couloir. A cette heure de la nuit, le dortoir était désert. Sur la pointe des pieds, je parcourus la distance qui me séparait de la cage d'escaliers. Néanmoins, je me stoppai soudainement. Mes mains tremblantes écartèrent l'ours en peluche de mon torse et je l'observai longuement dans l'obscurité. J'avais le droit de retrouver les bras rassurants de Ying. Il ne m'avait jamais dit le contraire, il m'avait toujours laissé dormir avec lui. Pourtant quelque chose me retenait de sortir de mon dortoir. Ying était d'accord mais moi… Moi j'en avais besoin. Besoin, mais plus envie. Je fermai les yeux à m'en fendre les paupières pour chasser de mon esprit les mots que le chinois y avait entassé en vrac. Je lui faisais une confiance aveugle et lui… Lui essayait de me convaincre que tout était normal. Si ce qu'avait fait Minh Hien était normal, alors pourquoi me sentais-je aussi mal ? Pourquoi n'arrivais-je plus à dormir dans mon lit, à déambuler dans l'école sans prendre d'abord la peine de m'assurer qu'il n'y serait pas ? J'avais depuis longtemps accepté l'idée que je n'étais pas normal. Pourtant, ces derniers temps, les sentiments que j'éprouvais me semblaient légitimes. Si Ying ne le comprenait pas, pire, s'il essayait de me convaincre du contraire, alors il n'était pas mon ami. Je n'en savais rien… J'étais totalement perdu devant cette porte que je ne me résolvais pas à pousser.

Mon regard passa alors sur celles, fermées elles aussi, de mes camarades. Je n'avais pas d'affinités avec eux. Ils me faisaient peur pour la plupart. Cette pensée provoqua un déclic dans ma tête. C'était ce dont j'avais besoin : quelqu'un d'effrayant. En y réfléchissant bien, je ne tardai pas à trouver lequel me tétanisait le plus. La boule au ventre, j'approchai de la chambre de Mitsuo. A vrai dire, ce n'était pas le plus terrifiant à mes yeux. Mais quand les autres étaient là, il avait cet air froid qui me glaçait le sang – c'était le cas de le dire. C'était le genre de choses qui me laissait penser que personne n'oserait se frotter à lui. En tout cas, moi, je ne tenterais pas. Ma main crispée frappa deux petits coups contre le battant et puis mes doigts tremblants abaissèrent la poignée. « M-Mitsuo ? » Ma voix était faible, étouffée. Il devait dormir. Mais j'avais besoin d'essayer. Si je ne dormais pas ici, j'allais devoir monter dans la chambre de Ying et ça… « Mitsuo ? » J'avais parlé un peu plus fort, mais aussi plus plaintivement, en mettant un pied dans la chambre endormie. « Mitsuo, il faut que… que tu te réveilles. » Et moi je devais me calmer. J'étais au bord de la crise d'angoisse, les larmes me montaient aux yeux et j'avais la désagréable sensation que quelqu'un, derrière moi, me regardait. Aussi, j'entrai d'un coup dans la chambre et refermai vivement derrière moi, provoquant plus de bruit que je ne l'aurais voulu.



Anonymous
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Ce message a été posté Lun 1 Juin - 14:06

Un lit pour deux


Mitsuo balança son sac de cours dans un coin de sa chambre, non sans avoir claqué la porte derrière lui. Il n’avait pas passé une journée particulièrement bonne, mais elle aurait pu être pire. C’était dire à quel point les cours et les professeurs avaient une influence sur le moral du lycéen. Et les énergumènes de sa classe, tous plus immatures les uns que les autres alors qu’ils sont supposés être les plus âgés, n’arrangeaient en rien les choses. Mitsuo était fatigué de sa journée, il n’avait même pas envie de manger ce soir. Alors, il prit juste une douche rapide pour se débarrasser de la crasse qu’il avait accumulé durant cette journée ennuyante. Il n’était que 18h30 lorsqu’il sortit de sa salle de bain, et pourtant il enfila un caleçon et un bas de jogging et se coucha dans son lit. Il n’était d’humeur à rien, si ce n’était écouter de la musique jusqu’au lendemain matin. Tout en grognant, il se laissa glisser hors du lit, jusqu’à pouvoir attendre de ses grands bras son sac, et en extraire ses écouteurs accrochés à son iPod. Il s’installa de nouveau confortablement dans son lit après avoir mis sa musique en route, positionné en étoile, et il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour sombrer au pays des rêves. Mitsuo, un gros dormeur ? Pour sûr. Et Dieu seul sait à quel point il n’aime pas être dérangé lorsqu’il dort.

Il aurait espéré passer une bonne nuit de sommeil, afin de récupérer de sa journée passée, et d’être prêt pour affronter celle qui allait venir. L’une des pires journées de la semaine. Mais le destin, ou plutôt un dénommé Park Suhwan, en avait décidé autrement. Mitsuo n’avait d’abord pas été dérangé par le son de sa porte qui s’ouvrait, ou la faible voix du garçonnet qui l’appelait dans le noir. À vrai dire, il était encore en train de dormir profondément, et ces sons n’avaient même pas atteint son cerveau. Mais à la deuxième fois que Suhwan l’appela, il sentit comme une gêne à l’intérieur de son sommeil. Comme le matin, lorsqu’il sait que son réveil va sonner, ou que les autres font un peu trop de bruit dès le matin dans la pièce commune. Il grogna, ne souhaitant aucunement être réveillé. Mais la voix près de lui se fit plus forte, plus longue, comme si on cherchait à lui parler, à lui dire quelque chose. Mitsuo se retourna contre le mur, geignant dans son sommeil, enfin, semi-sommeil à présent. Il n’était qu’à moitié conscient, il ne savait plus réellement distinguer la réalité du fictif. La voix qu’il entendait était-elle bien réelle ou n’était-ce qu’une imagination ? Et alors qu’il s’apprêtait à se rendormir pour de bon, le bruit de la porte se refermant brusquement le réveilla en sursaut. Il se redressa, assis en tailleur sur son lit, les yeux encore fermés. Pas un bruit n’émanait de sa chambre. Il avait surement dû rêver, ou bien c’était une autre porte qui avait claqué. Cependant, dans le silence complet, il entendit le son d’une respiration rapide. Il n’était pas du genre à paniquer, alors il tendit juste son bras vers l’interrupteur et alluma la lampe de chevet, toujours les yeux fermés. Il attendit que ces derniers s’habituent pour finalement les ouvrir peu à peu. « Suhwan ? » Mitsuo se frotta les yeux, s’assurant qu’il n’avait pas rêvé, et reporta son attention sur le petit être tremblotant. « Qu’est-ce que tu fais ici ? T’as du t’tromper d’chambre, mon gars, c’est la mienne là, si t’avais pas remarqué. » La voix de Mitsuo est sèche, comme d’habitude, ou peut-être un peu plus, étant donné qu’il venait de le réveiller en pleine nuit.



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Ce message a été posté Lun 1 Juin - 18:58

Un lit pour deux


Après le bruit sec qu'avec provoqué la porte, je m'étais figé, le dos contre le battant qui m'assurait de rester debout. Je peinais à respirer mais j'entendais distinctement chaque son produit par le froissement des draps. Mistuo devait s'être réveillé à présent. Et maintenant que cette éventualité se concrétisait, mon seul désir était de fuir. Il ne m'avait, certes, jamais rien fait, mais son attitude, son regard, sa voix me terrorisaient. C'était comme s'il eût rêvé que je disparusse à jamais de son champ de vision. Plus que d'affronter mon camarade, la possibilité qu'il me mît dehors me faisait plus peur encore.

Lorsque la lumière s'alluma, je lâchai la peluche que je tenais encore à la main. Je ne voulais plus m'accrocher avec tant de ferveur à quelque chose qui me rappelait Ying. J'avais décidé de me détacher de lui et entrer dans cette chambre avait été mon premier pas ; lâcher cette peluche était le deuxième. Mais maintenant que je n'avais plus rien à serrer contre moi, je me sentais encore plus mal. Aussi, alors que Mitsuo s'adressait à moi, je me laissai glisser contre la porte jusqu'à pouvoir enlacer mes jambes de mes deux bras. Ainsi, je contrôlais déjà mieux mon souffle. Je tentai un regard hésitant et timide vers celui que je venais de réveiller, le laissant me faire remarquer que je n'étais pas dans ma chambre.  « Je… Je sais... » C'était exactement ce ton-là qui me glaçait le sang. Mais si j'arrivais à gagner la protection de Mitsuo, personne ne viendrait m'embêter cette nuit ; personne n'oserait venir me faire du mal ici. J'en étais intimement persuadé. Il me fallut tout de même un moment pour me remettre de mes émotions. Je ne voulais pas que le jeune homme s'impatientât, mais je ne pouvais pas non plus lui laisser voir mes larmes. J'avais déjà bien trop honte de le déranger pour ce qui lui semblerait si peu.

Totalement recroquevillé sur moi-même, je n'étais plus qu'une boule d'angoisse. Je n'avais pas osé m'approcher du lit du jeune homme sans permission. Mon front rejoignit mes genoux et j'appliquai du mieux que je pus les conseils de mon entourage. Me concentrer sur ma respiration, inspirer profondément, prendre mon temps pour expirer… Surtout, chasser les pensées négatives et me retirer quelques instants dans ce monde connu de moi seul. Je sentais la chaleur entourer mon corps quand j'imaginais les bras rassurants d'Ayden autour de moi. Ayden me manquait… Pensée négative. Ayden était là, tout près de moi. Il me berçait tout doucement dans ses bras et je sentais son souffle me chatouiller la nuque. J'étais bien, là, dans ses bras, au chaud et en sécurité. J'aurais voulu ne jamais avoir à m'en détacher. Il me fallut bien deux minutes complètes pour trouver un semblant de normalité dans mon rythme respiratoire. Un record. Quand ce fut le cas, je relevai la tête, espérant m'attirer les bonnes grâces de mon camarade. « S'il-te-plaît… Je ne peux pas dormir dans ma chambre. J'ai... » Non, je ne lui avouerai pas ma peur. J'avais déjà bien trop honte d'être là. « Est-ce que je peux dormir ici ? » Ma voix était assez basse mais parfaitement audible. Mes grands yeux détaillaient à présent le visage de Mitsuo, désireux d'y trouver un brin de compassion. Après tout, j'avais récemment eu de bonnes expériences relationnelles. Je ne devais pas me laisser submerger par les sentiments que me laissaient les mauvaises. Peut-être serait-il également trop fatigué pour poser des questions auxquelles je ne voudrais pas répondre. J'avais juste besoin de dormir dans une chambre habitée. La mienne était terriblement vide et hostile.  



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Ce message a été posté Ven 5 Juin - 21:16

Un lit pour deux


Mitsuo avait été étonné de voir Suhwan dans sa chambre. Ce petit homme presque deux fois plus petit que lui, qui n’osait jamais lever le regard vers lui lorsqu’ils se trouvaient dans la même pièce. Et maintenant, voilà qu’il était dans sa chambre, le faisant face, l’appelant. Jamais Mitsuo ne se serait douté qu’une telle chose arriverait. Le plus petit semblait l’éviter comme la peste, alors qu’il vienne l’approcher comme ça, c’était quelque chose ! Mais bien que Mitsuo était encore en plein réveil, les yeux à moitié ouverts, se les frottant par moment, il put bien voir le corps du petit Suhwan se tendre, sûrement encore plus qu’il ne l’était. Il l’avait aperçut se laisser tomber contre la porte, s’accroupissant au sol. Mitsuo n’était pas un sans cœur, mais il ne savait vraiment pas comment agir face à cette soudaine apparition dans sa chambre, et surtout face à Suhwan. Il ne comprenait même pas ce qu’il venait faire ici, et dans le fond, il était toujours un peu remonté qu’il soit venu le réveiller, bien que minuit ne soit certainement pas encore passé.

Les doigts de Mitsuo tapaient contre la couette, attendant la suite des évènements. Suhwan restait là, recroquevillé sur le sol, à l’opposé du lit. S’il venait là, c’était bien pour une raison, et Mitsuo commençait sérieusement à s’impatienter. Il savait que le plus petit n’était pas quelqu’un qui parlait facilement, mais il espérait tout de même qu’il fasse vite, il voulait retourner dormir. Alors, au bout de quelques secondes, lorsqu’il se rendit compte que Suhwan ne parlerait pas tout de suite, il se recoucha sur le dos, passant ses bras derrière sa tête. Mais il ne pouvait pas dormir, le simple son de la respiration de Suhwan l’en empêchait. Il avait l’air mal, et il s’en voulait un peu de le laisser comme ça. Mais que pouvait-il bien faire ? Ce n’est pas comme s’ils étaient proches après tout. Ils ne se parlaient presque pas, à part peut-être un bonjour le matin, et encore.

Mitsuo haussa un sourcil lorsqu’il entendit la voix du plus petit résonner dans la pièce. Il s’était enfin décidé. Lentement, il se tourna sur le flan gauche, dans sa direction. Il s’appuya sur son avant-bras, se redressant légèrement et toisant Suhwan du regard. « Elle est si horrible que ça, ta chambre, pour que tu veuilles venir dormir dans la mienne ? » Mitsuo le regarda encore quelques secondes, puis se laissa tomber dans son lit, soupirant fortement. Il roula sur le côté, se laissant tomber du lit. Assez difficilement, il se mit sur ses jambes et s’approcha de Suhwan, le surplombant d’au moins deux têtes de plus. « Ne bouge pas, ne va pas sur mon lit, ne touches pas à mes affaires. Je reviens. » Étant fatigué et encore endormi, un petit côté effrayant ressortait de son intonation et de son regard. Il prit alors Suhwan par les épaules, et sans grande difficulté, il le décala de deux pas vers la droite. Il ouvrit la porte et s’engouffra dans le couloir, le laissant seul dans sa chambre.

Mitsuo n’avait pas pu se résoudre à le laisser retourner dans sa chambre. Il avait l’air vraiment mal, et dans le fond, il était un peu peiné pour ce jeune homme. Il ressemblait à une petite poupée de porcelaine dont tout le monde devait prendre soin, ou sinon elle se casserait en milles morceaux. Mais il avait beau accepté qu’il dorme dans sa chambre, il était hors de question qu’il le laisse partager son lit, d’autant plus que c’était un lit pour une personne. Il était donc parti dans la chambre du plus petit, y chercher le matelas, l’oreiller et la couverture, les ramenant dans sa chambre. Il les avait laissé tomber sur le sol, provoquant un bruit sourd. Il referma la porte de la chambre et désigna ce qu’il venait d’amener au lycéen. « Voilà, dors maintenant. » Mitsuo retourna presqu’en courant dans son lit, plongeant sous les couvertures et s’y calant pour dormir. « Ah, et j’aime pas qu’on me réveille pour un rien, j’suis encore plus de mauvaise humeur. » Ce n’était pas une menace, juste un conseil. Il ne considérait pas vraiment ce qu’il venait de se passer comme rien, puisque si le plus petit était venu jusque dans sa chambre, ce ne devait pas être pour rien.



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Ce message a été posté Sam 6 Juin - 2:53

Un lit pour deux


Pendant que je me calmais, Mitsuo s'était recouché. Je le remarquai en levant la tête. Mais il ne s'était pas rendormi – ou alors il avait vraiment le réveil facile soudainement – parce qu'il s'était redressé pendant que je parlais. C'était vraiment très étrange de se sentir à la fois aussi en sécurité et totalement menacé. Ce jeune homme me faisait vraiment peur. Surtout quand il me regardait ainsi. A sa question, je ne pus qu'acquiescer, pendant une bonne minute. Je devais ressembler à ces petits chiens en plastique à l'arrière des voitures, dont la tête bringuebalait aux aléas de la route.

Comme Mitsuo se levait, je fis de même, prêt à m'enfuir aussi vite que j'étais venu s'il m'y obligeait. Même s'il me le demandait gentiment. Pourtant, je restais vraiment persuadé d'avoir eu une super idée. Je me sentais vraiment minuscule devant lui. Pas minuscule comme quand j'étais dans les bras de Ying ou d'Ayden ; plutôt minuscule comme devant ces personnes qui s'amusaient à me faire du mal. Mitsuo faisait peur, mais il ne me ferait pas de mal… hein ? Ses mots me soulagèrent autant qu'ils me surprirent. Je ne devais pas bouger ? De nouveau, j'acquiesçai, plus légèrement cette fois. Il revenait. Il revenait. Moi, je n'avais qu'à attendre sans bouger et sans rien toucher derrière cette porte. Je reculai un peu contre le mur, n'osant même pas regarder les affaires que Mitsuo m'avait demandé de ne pas toucher. J'étais curieux de nature, mais je ne me mêlais jamais de ce qui ne me regardait pas. J'avais fixé mes yeux sur mes mains, qui tripotaient nerveusement mon haut de pyjama. Il revenait. Moi, je n'avais qu'à attendre. D'ailleurs, la porte se rouvrit.

Je me poussai un peu plus pour le laisser passer avec des bouts de mon lit. Je me serais contenté d'un petit coin de la chambre, ou de la chaise de bureau, mais Mitsuo avait eu la gentillesse de penser à mon confort. C'était sûrement idiot, mais quand on était moi, on ne pouvait qu'être touché. Même en entendant le ton sec que le jeune homme utilisait encore. Je me faisais sûrement des idées, mais j'avais eu l'impression que mon camarade m'appréciait, contrairement aux autres membres du dortoir. Il ne me malmenait pas et ne cherchait pas non plus à tout prix à envahir mon espace. Sans ça, je ne me serais jamais permis de faire irruption dans sa chambre, même si ma vie en dépendait. Alors je me couchai comme il me l'avait ordonné, laissant la peluche que j'avais amenée avec moi là où elle était tombée. Je n'en avais pas besoin. J'avais très bien dormi sans avant. Néanmoins, l'oreiller ne servit pas à soutenir ma tête, mais bien à serrer quelque chose dans mes bras. Soucieux de ne pas déranger Mitsuo plus longtemps, je tendis la main et éteignis la lumière. Ainsi, il pouvait se rendormir tranquillement. Mais avant qu'il ne le fît, je murmurai, assez fort pour qu'il entendît : « Merci beaucoup Mitsuo. » Sans lui, je ne savais vraiment pas où j'aurais atterri. Je devais me reposer, essayer de dormir un peu. Ici, j'étais en sécurité. Répéter cette phrase me rassurait et m'empêchait de penser. Si bien que je finis par trouver le sommeil, apaisé.

***

Cela faisait quelques nuits que je venais trouver refuge dans cette chambre. Le premier jour, j'avais été assez mal à l'aise en rangeant mon matelas sous le lit de mon hôte. Mais c'était ma façon de lui dire que je ne me sentais pas encore capable de délaisser un endroit devenu sécurisant en si peu de temps. Le soir-même, j'étais revenu me coucher là et je m'étais endormi avant qu'il eût pu dire quoi que ce fût. Depuis, je ne lui avais pas demandé son avis. Peut-être m'étais-je tout bonnement habitué au caractère du jeune homme, mais je le sentais plus enclin à m'héberger à présent. Nous n'avions pas parlé des raisons de mon déménagement. Etait-ce nécessaire ? Si j'en parlais, alors je céderais certainement à des émotions que je ne voulais plus vivre. Je savais que j'allais devoir affronter Minh Hien tôt ou tard, n'était-ce que pour récupérer la veste de mon uniforme.

Quand il rentra dans sa chambre ce soir-là, Mitsuo ne me trouva pas sur mon matelas comme à l'accoutumée. Je m'étais replié sur moi-même dans un coin de la chambre. J'avais pris soin de choisir un endroit libre de ses affaires, afin de respecter la consigne qu'il m'avait donnée la première nuit. Mon souffle était court. La nouvelle que je venais d'apprendre aurait du me réjouir, au lieu de ça, je culpabilisais dans mon coin. J'avais essayé de m'allonger et de m'endormir pour ne pas déranger Mitsuo, seulement les draps m'étouffaient et la position ne me convenait pas. J'avais besoin de m'isoler sans pour autant trouver l'endroit approprié pour le faire.

Je levai les yeux vers lui en l'entendant entrer et puis je les détournai. J'avais honte de me montrer ainsi devant lui. J'avais parfaitement conscience qu'il avait d'autres chats à fouetter. Après tout, nous n'étions pas amis. Il avait été assez généreux pour m'offrir un peu d'espace et de sécurité mais ça s'arrêtait là. Alors je repris mes exercices de respiration, qui ne rencontraient pas un franc succès...



Anonymous
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Ce message a été posté Sam 6 Juin - 11:56

Un lit pour deux


Mitsuo répertoriait les personnes en trois catégories. Ceux avec qui il était proche, avec qui il se montrait tel qu’il était réellement, un jeune homme joyeux et rieur, abandonnant son côté sérieux. Il y avait ceux qu’il ne pouvait pas blairer, qu’il n’arrivait pas du tout à supporter, ceux à qui il n’avait vraiment aucune envie de parler, ou bien il devenait vraiment méchant et vulgaire envers eux. Et puis, il y avait ceux qui n’avaient absolument aucune importance pour Mitsuo. Comme pour tout le monde, vous me direz, il y a des personnes dont on s’en fiche éperdument. Mais Suhwan n’appartenait à aucune de ces catégories. Mitsuo ne savait pas où le ranger, il ne savait pas s’il avait envie de devenir ami avec Suhwan, si celui-ci l’énervait, ou s’il s’en foutait de lui. À vrai dire, il ne s’en foutait pas. Encore moins depuis que celui-ci était venu lui demander de l’aide, l’implorant de dormir dans sa chambre. Mitsuo aurait très bien pu refuser, comme il l’aurait fait avec n’importe quelle personne avec qui il n’a pas de lien. Mais devant le petit être fragile qu’était Suhwan, il n’avait pas pu refusé et il l’avait installé dans sa chambre. Mitsuo n’avait pas cherché à savoir plus loin, il n’avait pas voulu savoir pourquoi le plus jeune était si effrayé de dormir seul dans sa chambre. C’était le problème de Suhwan, et réservé comme il l’était, il se dit que cela ne servirait à rien de lui poser la question ou de le forcer à répondre. S’il voulait lui en parler, il parlerait de lui-même.

Depuis cette fameuse nuit où Mitsuo avait accepté que Suhwan dorme dans sa chambre, où il était allé lui chercher son matelas pour éviter qu’il dorme à même le sol ou pire, dans son lit, Suhwan n’était pas retourné une seule fois dans sa chambre pour dormir. Le matin, il rangeait ses affaires sous le lit de Mitsuo, évitant de les laisser en plein milieu du passage. Et le soir, il les ressortait, s’y installant pour s’endormir directement, ne dérangeant pas Mitsuo comme ce dernier l’avait demandé.  Parfois, Mitsuo lui souhaitait un « bonne nuit », parfois il l’ignorait simplement. C’était devenu une routine, en à peine quelques jours. Suhwan ne venait dans sa chambre que pour dormir, et il repartait le matin alors que le réveil de Mitsuo sonnait. Le danseur n’avait jamais rien dit quant aux agissements de Suhwan. Après tout, il ne sentait pas de le renvoyer dans sa chambre, et tant qu’il ne le dérangeait pas, il n’en voyait pas la raison. Et puis, il avait finit par s’habituer à la présence du petit brun à côté de lui, à attendre sa respiration alors qu’il s’endormait ; s’en était presque devenue une berceuse aux oreilles de Mitsuo. Mais malgré tout ceci, très peu de mots étaient échangés entre les deux lycéens. Ils étaient presque encore comme des étrangers envers l’autre. Mitsuo n’avait pas changé de comportement, il ne se montrait pas plus proche du plus jeune, et celui-ci agissait habituellement. Après tout, ils n’étaient pas réellement proches. Ils partageaient juste la même chambre.

Mitsuo était rentré un peu plus tard que d’habitude au dortoir ce soir là. Il avait passé son temps libre à marcher dans les rues de la capitale, son casque sur les oreilles, effectuant quelques pas de danse par-ci par-là. Les petites heures qu’il avait passé en ville avaient été bénéfiques, puisqu’il était rentré au dortoir complétement détendu et de bonne humeur, si bien que même en entendant les deux jeunes filles parlaient, il n’en avait pas eu marre. Et quiconque avait l’habitude de son visage froid pouvait y voir un faible changement. Il ne souriait pas, mais ses traits étaient bien plus détendus. Et il fredonnait. C’était dans cet état-là qu’il était rentré dans la chambre, balançant son sac à côté de son bureau. Il avait toujours son casque sur les oreilles, et il s’était mis à danser au milieu de la chambre. Il n’avait tout d’abord pas remarqué la petite masse sombre qui gisait dans un coin de sa chambre, mais en remarquant que le lit de Suhwan était sorti, il s’était arrêté de bouger, et avait arrêté sa musique. Cependant, quelque chose l’interpella. Suhwan n’était pas dans le lit. Il posa alors son casque et son téléphone sur son bureau, et alluma la lampe au plafond, illuminant toute la pièce.

Suhwan était recroquevillé dans un coin de la chambre, ses jambes contre lui, le souffle court. On aurait dit que son corps tremblait, pris de spasmes. Mitsuo sentit un pincement au corps à cette vision. Il se revoyait, une ou deux années en arrière, lorsqu’il se recroquevillé comme ça après que sa mère l’ait encore frappé, empestant l’alcool. Mais il ne savait pas quoi faire. Il aurait voulu aller voir Suhwan, le réconfortant, mais il n’était pas vraiment un expert en la matière. Il commença à se changer, enlevant le haut de son uniforme pour le troquer contre un tee-shirt, laissant apercevoir son torse nu et quelques cicatrices qui le couvraient. Il n’était pas gêné de se changer devant le lycéen, celui-ci ne le regardait même probablement pas. Il prenait tout son temps, pesant le pour et le contre. Il n’avait pas envie de se retrouver au plein milieu de la chambre, ne faisant rien, avec un petit être qui n’était véritablement pas bien dans sa peau à deux mètres de lui. Une fois changé, il s’approcha, hésitant, de Suhwan. Il s’accroupit devant lui, posant doucement une main sur son genou. Il resta pendant de longues secondes dans cette position, ne sachant quoi dire. « Hey. » Bon, c’était déjà un début. Et puis, sa voix n’était pas aussi froide qu’avant, il essayait d’y faire passer un minimum de compassion. Il ne pouvait pas lui demander si ça n’allait pas, ça se voyait très clairement, et il passerait pour un débile maladroit. « Le sol doit pas être très confortable. » Quelle belle remarque, Mitsuo, vraiment. Mais il n’avait rien trouvé de mieux à dire. « Hé, respire. Ça va aller. » La respiration de Suhwan semblait être rapide, comme s’il était paniqué. Peut-être que c’était ça, peut-être qu’il faisait une crise de panique. « Tu veux, hum… t’as besoin de quelque chose ? »



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Ce message a été posté Sam 6 Juin - 20:50

Un lit pour deux


Mitsuo avait l'air content. Peut-être même était-il heureux. L'entendre fredonner et le voir danser me culpabilisaient encore plus. J'en avais marre d'être ainsi, vraiment marre. J'aurais voulu être comme tous les autres qui savaient gérer leurs émotions et cacher leurs sentiments quand le moment était mal choisi. Je n'arrivais pas à faire ça. J'étais même plutôt du genre à céder totalement à la panique. Alors, dans mon coin, je faisais de mon mieux pour cacher ma détresse et me calmer.

Ayden était revenu. C'était une bonne, une excellente nouvelle. Seulement, je culpabilisais d'avoir été triste plutôt qu'inquiet. J'étais un égoïste. Mon imagination débordante me causait du tort. Je regrettais tellement de choses à présent… Je n'aurais jamais du perdre confiance en lui. Il était mon meilleur ami mais je n'avais rien compris. Je croyais que quelque chose, comme un lien particulier, nous unissait. A présent, je prenais conscience que l'imaginer me serrer contre lui à chaque fois que j'allais mal ne faisait pas de moi un bon ami. C'était même tout l'inverse. Je passais mon temps à prendre tout ce que les gens pouvaient me donner mais, moi, je ne donnais rien. Ayden m'avait offert son temps, son affection et son histoire. J'avais inventé une suite et même une fin à cette dernière. La conclusion de mon écrit était amère ; l'éditeur m'avait obligé à la corriger. Alors je lui avais donné une jolie fin, tout de même empreinte du message que j'avais voulu faire passer. Le livre allait être publié et Ayden me détesterait de ne pas l'avoir attendu pour le faire. J'avais naïvement cru que son amour était passé avant moi quand il courrait un grave danger. Quel genre d'ami ferait ça ?

Un petit sursaut me sortit de mes pensées. Je relevai timidement mes grands yeux sur le jeune homme qui s'était accroupi devant moi. Je n'arrivais pas à cacher la crainte qu'il m'inspirait. Pourtant, je l'avais attendu. Dire le contraire aurait été mentir. Si je n'avais vraiment pas voulu qu'il me vît ainsi, je serais allé ailleurs. A présent, je n'avais que lui. J'avais perdu Ayden – j'en étais persuadé – et je fuyais Ying comme la peste. Sans parler de Minh Hien, qui me laissait totalement désemparé. Seul Mistuo était là mais je ne savais pas comment demander son aide autrement qu'en laissant mes angoisses s'exprimer. Sa voix était plus douce que d'habitude. C'était la première fois qu'il se souciait aussi ouvertement de moi. Avais-je le droit de monopoliser son attention quelques minutes ? Plus personne ne me prendrait dans ses bras alors je devais trouver un autre moyen de me sentir mieux.

Si on prenait un peu de recul, malgré lui, Mitsuo avait été là dernièrement, dans des moments assez difficiles pour moi. Il n'avait rien fait car je ne lui avais rien demandé. Je trouvais que me laisser accès à sa chambre était déjà beaucoup. Pour lui, nous ne faisions sûrement que partager un dortoir et dormir dans la même pièce. Pour moi, il était devenu primordial. Ma respiration se calait sur la sienne quand je me réveillais en pleine nuit ; je l'écoutais respirer, je l'imitais, je me calmais, et puis je me rendormais. Parfois, il me souhaitait une bonne nuit et j'avais du mal à cacher mon sourire. Mitsuo était une présence rassurante, malgré sa taille et le ton qu'il employait la plupart du temps.

« Tu veux, hum… t'as besoin de quelque chose ? » Oui, j'avais besoin de réponses. Ça, c'était sûrement quelque chose qu'il pouvait faire sans trop d'effort. J'avais fait des recherches, vraiment beaucoup de recherches. Au final, toutes mes lectures n'avaient servi qu'à m'embrouiller un peu plus. « C'est quoi un… couple ? Comment on fait quand on est en couple ? » J'avais eu mes parents pour me montrer l'exemple ; mais eux étaient mariés, habitaient ensemble, avaient un enfant ; c'était différent. J'avais aussi lu plein de choses sur les couples. Mais souvent il s'agissait d'hétérosexualité et personne ne donnait de principes généraux. Je ne me retrouvais en rien dans ce que j'avais lu. Alors je continuais de fuir Minh Hien au lieu d'aller réclamer les réponses de sa bouche. Je l'avais cru quand il avait dit qu'il viendrait, qu'il m'aiderait à me sentir en sécurité dans ma chambre la nuit. Il n'en avait rien fait. Je ne comprenais pas, je ne comprenais plus rien. Et, par-dessus tout, je n'avais  aucune idée de la façon dont je devais me comporter avec lui.

Alors je gardais mes grands yeux braqués sur Mitsuo, espérant de toutes mes forces qu'il pût me donner quelques réponses. Mon cerveau aurait du souffrir du manque d'oxygène et cesser de me harceler de pensées, mais il faisait tout l'inverse.



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Ce message a été posté Sam 13 Juin - 9:27

Un lit pour deux


Mitsuo n’avait jamais - ou que trop rarement - tenu le rôle de réconfortant. Il était toujours celui qu’on prenait dans ses bras, dont on chassait les doutes et essuyait les larmes. Il n’était jamais celui qui disait des mots réconfortants, capable de bander les blessures du cœur. C’était toujours Daeho qui s’occupait de lui, jamais l’inverse. Alors, il avait eu une petite hésitation en voyant son camarade de chambre ainsi roulé en boule dans un coin de la pièce. Ce n’avait pas tant été une question de limite à respecter entre eux deux, bien que cela n’aurait pas dérangé Mitsuo de s’en tenir à un camarade de chambre qui ne vient que pour dormir. C’était plus ce qu’il fallait qui faisait hésiter le japonais. Quels mots devait-il employer, quels mots ne pouvait-il pas dire ? Quels gestes faire ? Il avait fini par juste poser sa main sur son genou, lui faisant lever les yeux vers lui. Il avait essayé de prendre une voix douce. En posant cette question, il s’était attendu à ce que Suhwan lui demande d’apporter quelque chose, un verre d’eau ou quelque chose de personnel qui arriverait à le calmer. Il s’était même attendu à ce qu’il lui demande un câlin. Alors, il fut un peu surpris lorsqu’il entendit sa question. Sans enlever sa main du genou de Suhwan, il s’assit en tailler au sol.

Il prit une grande inspiration. Il n’avait pas d’expérience en matière de couple et de personnes qui s’aiment. « Un couple.. » Suhwan était donc en couple ? S’il posait cette question, c’est qu’il devait l’être, ou alors il allait l’être ? Alors, pourquoi venir à lui et pas à celui qu’il aimait ? Mitsuo haussa les épaules. « J’en sais rien, j’ai jamais été en couple. » Mitsuo se gratta le dessus de la tête, légèrement gêné. Il n’apportait aucune aide à Suhwan. Alors, il se racla la gorge. « Mais, un couple, c’est composé de deux personnes qui s’aiment. Je pense pas qu’il y ait une manière particulière de se comporter lorsqu’on est en couple. Mis à part embrasser cette personne, lui tenir la main, être un peu plus proche. » Il avait fermé les yeux, réfléchissant à toute vitesse aux paroles qu’il pouvait dire. « Il n’y a aucun comportement à adopter lorsqu’on est couple, juste être soi. N’est-ce pas pour ça que l’autre personne tombe amoureux en premier ? » Mitsuo avait ouvert les yeux, les plongeant dans ceux de Suhwan. Il espérait qu’il lui avait donné les réponses qu’il souhaitait. Il posa son autre main sur le second genou du petit lycéen, et se pencha un peu plus vers lui. « Tu es amoureux, Suhwan ? C’est pour ça que tu ne vas pas bien ? Et que tu dors dans ma chambre ? » Mitsuo ne lui avait jamais demandé pourquoi il n’arrivait pas à dormir dans sa chambre, il avait respecté sa vie privée. Mais maintenant que c’était devenu son rôle de le réconfortant, maintenant que cela faisait plusieurs nuits qu’ils dormaient ensemble, Mitsuo avait estimé qu’il avait peut-être le droit de savoir.



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Ce message a été posté Dim 14 Juin - 15:58

Un lit pour deux


Je me sentais affreusement seul ces derniers temps. Les seuls que j'avais laissé m'approcher, je les fuyais à présent, me sentant trop coupable ou trop mal pour les solliciter. J'avais bien Minh Hien, du moins c'était ce que je pensais. Mais maintenant, je regrettais de m'être donné à lui. J'avais cru que nous étions ensemble, qu'il ferait ce qu'il avait dit, qu'il serait content même. Mais ce que lui avais offert le satisfaisait apparemment assez puisqu'il ne cherchait plus à me voir. Au fond, je savais bien que c'était entièrement de ma faute. Si j'avais été capable de parler avec lui plutôt que de m'enfuir, je ne serais pas dans cette situation maintenant.

Aujourd'hui, il y avait Mitsuo. Peut-être ne partagions-nous rien d'autre qu'une chambre, pourtant j'avais appris à lui faire confiance au fil des jours. Ici, il ne m'était rien arrivé. Personne n'était venu m'importuner pendant la nuit, Mitsuo ne m'avait pas non plus fait de mal et je ne faisais presque jamais de cauchemar. Alors, même si nous n'avions pas échangé grand-chose, je lui faisais suffisamment confiance pour me tourner vers lui dans un moment pareil. Parce que, de toute façon, je ne savais plus à qui demander ce genre de choses.
Lorsqu'il m'avoua n'avoir jamais été en couple, une drôle de chose se produisit en moi. J'étais à la fois soulagé et plus paniqué encore. Si lui n'avait jamais eu d'amoureux, alors je me sentais un peu plus normal ; mais qui allait me répondre alors ? Je savais que je devrais demander ce genre de choses au principal intéressé, mais j'avais bien trop honte pour le faire. Si Minh Hien se moquait de moi, alors je savais que je le vivrais vraiment très mal.

Embrasser, tenir la main, être un peu plus proche. J'enregistrais ça, rougissant légèrement. Ce genre de choses me mettait mal à l'aise. Devais-je faire ça devant tout le monde ? Je m'en sentais tout à fait incapable. Je n'avais pas envie que l'école entière sût ce que Minh Hien et moi vivions. C'était notre secret, je voulais que ce fût notre secret.
Etre moi-même me paraissait inconcevable en revanche. Je ne voulais pas qu'il me vît tel que j'étais. Avec lui, je me sentais différent. Je voulais que cela restât ainsi. Mais je ne pouvais pas l'expliquer à Mitsuo. D'ailleurs, ce dernier me prit de court. Mon souffle s'était calmé, ma concentration occultant la panique. Je devais écouter attentivement et retenir les mots de mon camarade. Sinon cela ne servait à rien qu'il me conseillât. Mais l'idée même qu'il pût penser que j'étais amoureux me surprenait réellement. « Uh ? Non ! Non ! » Non, ce n'était pas la raison qui me poussait à demander de l'aide. Je baissai les yeux afin de cacher les larmes qui menaçaient de dégringoler de mes joues à la simple évocation de ces souvenirs. Je modulai ma voix également, afin que lui seul pût entendre ce que je lui confiais. « Tout le monde peut venir dans ma chambre… et me faire du mal. Je n'ai plus personne… pour me tenir compagnie, alors… pardon. » Je me sentais coupable de lui avouer cela. Dit ainsi, on aurait pu croire qu'il n'était qu'un substitut, alors que c'était loin de la vérité. « Personne n'ose se frotter à toi… alors ici je suis en sécurité, non ? » Je relevai des yeux craintifs sur le visage de Mitsuo. J'avais peur qu'il se méprît et se mît en colère. Au moins j'avais été sincère. Je n'étais pas entré dans les détails, ce n'était pas nécessaire, en tout cas je l'espérais. Je ne pouvais pas lui dire que Minh Hien était un mystère pour moi, qu'il m'attirait autant qu'il m'avait blessé.



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Ce message a été posté Sam 27 Juin - 17:02

Un lit pour deux


Comment était-on supposé répondre à une question si on ne savait pas la réponse ? Mitsuo n’avait jamais eu de relation amoureuse. À vrai dire, il n’avait pas beaucoup de relations tout simplement. Alors, il n’était certainement pas le meilleur placé pour répondre à Suhwan. Cependant, il avait essayé, avec ses mots à lui. Avec ce qu’il avait appris au court de sa vie, sur le fait d’aimer quelqu’un, sur la manière d’être avec lui. Il n’était pas celui qui avait la plus douce relation, la plus aimante relation avec des personnes qui avaient dit l’aimer. Le jeune lycéen était quelqu’un de fragile, alors autant lui donner les côtés positifs, et le rassurer. C’était ce dont il semblait avoir besoin le plus en ce moment. Et ça semblait plus ou moins fonctionner, Suhwan s’était peu à peu calmé, sa respiration se faisait plus douce, moins hachée.

Mitsuo regretta un petit peu d’avoir posé la question, le lycéen s’était à nouveau mis à paniquer, comme si Mitsuo venait de toucher une corde sensible. Il n’insista pas plus là-dessus, à vrai dire ce n’était pas son problème. Et Mitsuo était loin d’être quelqu’un de curieux, bien que la raison pour laquelle Suhwan dormait dans sa chambre l’intriguait. Mitsuo vit Suhwan baisser la tête, tel un signe de faiblesse, et il ressentit une pointe de culpabilité mais également d’énervement. Il avait fini par s’attacher quelque peu à son colocataire, et il ne supportait pas que ce dernier soit aussi faible, telle une victime. Pas étonnant qu’il ait peur de tout. Mitsuo avait deviné que Suhwan souffrait d’un gros manque de confiance en soi, et ça l’énervait qu’il ne fasse rien pour y remédier, qu’il se laisse aller, sans vouloir changer. Mitsuo détestait les victimes, les personnes qui se renfermaient sur leurs sorts, pleurant sur leurs vies mais ne changeant rien. Peut-être parce qu’il l’était également dans le fond, qu’il détestait ces personnes-là.

Il avait failli se lever avant qu’il n’entende la maigre voix de Suhwan résonner dans la pièce. Il l’écouta parler, sans l’interrompre. La colère avait un peu pris place sur le semblant de compassion et de pitié qu’il avait ressenti en voyant le jeune homme blotti dans un coin. Pas étonnant qu’il n’ait plus personne, à agir de cette manière. À avoir aucune confiance en soi, on doit soûler les personnes autour. Pas étonnant que celles-ci s’en aillent. Mitsuo se mordit l’intérieur de la joue. Ses pensées étaient un peu brutales envers le jeune lycéen, et ce n’était vraiment pas la peine qu’elles sortent de sa bouche. Et voilà qu’il se faisait encore passer pour la victime. Mitsuo se leva, s’étirant les jambes et le dos, faisant toujours face à un petit Suhwan accroupi dans le coin, les yeux larmoyants levés vers lui. « Je suppose. » Les paroles de Suhwan l’avaient un peu fait passer pour un héros, ou pour un monstre que personne n’osait approcher, suivant l’approche qu’on prenait.

Mitsuo se dirigea vers son lit, s’asseyant dessus et s’appuyant conte le mur derrière. Il observa un instant Suhwan, sans rien dire. Le silence régnait dans la chambre. Il pesait le pour et le contre. Pour. Après tout, Suhwan n’était pas méchant, ce n’était certainement pas de sa faute s’il n’avait aucune confiance en lui. Il avait surement vécu des choses dans sa vie pour finir de cette manière. Bien que Mitsuo ressentait une certaine colère envers lui pour laisser la vie le contrôler, il savait qu’être tout seul n’incitait aucunement à affronter les difficultés. Alors, peut-être qu’un peu de réconfort, même de Mitsuo, lui ferait du bien. Pour, Mitsuo jouait l’ange. Contre. Mitsuo n’avait rien demandé, il n’avait jamais demandé à ce que le lycéen vienne le rejoindre dans sa chambre, demandant de l’aide. Qu’est-ce que Mitsuo en avait à faire des problèmes de confiance et de cœur de ce lycéen. Il n’était pas une bonne fée. Il avait bien d’autres problèmes dans sa vie pour s’intéresser à ceux de Suhwan. Rien que le fait qu’il dorme dans sa chambre était déjà beaucoup. Contre, Mitsuo jouait le démon.

Finalement, il tapota la place à côté de lui sur le lit. « Allez viens, ça doit t’tuer d’rester dans cette position dans un coin. T’es pas puni à c’que j’sache. » Mitsuo détourna le regard, se concentrant sur son téléphone qu’il venait d’extraire de sa poche. Au bout de plusieurs secondes à jongler entre diverses applications sans réellement trouver quelque chose à faire, il tourna le regard vers Suhwan. Une seule question lui brûlait les lèvres, ça devait bien être l’une des premières fois où il était un peu curieux. « On est déjà venu dans ta chambre te faire du mal, Suhwan ? »



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Ce message a été posté Dim 28 Juin - 20:38

Un lit pour deux


J'avais conscience que Mitsuo ne me devait rien, qu'il était là parce qu'il y était contraint. Personne ne laissait quelqu'un, dans un coin de sa propre chambre, désemparé. N'était-ce que pour avoir la paix, le jeune homme était bien forcé de me parler un peu. J'avais conscience de tout ça, mais j'avais envie de croire que s'il était assis devant moi à attendre des réponses, c'était parce qu'au fond il m'appréciait un peu. Je ne pouvais pas être totalement seul. C'était impossible. Ou alors je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. Je n'avais jamais cherché la compagnie et maintenant que j'en avais un peu, je la fuyais, tout simplement. C'était de ma faute, c'était sûr et certain. Sauf que j'avais lu une fois qu'il valait mieux être seul que mal accompagné. C'était le choix que j'avais fait. Pouvais-je espérer me lier d'amitié avec Mitsuo ? Jusqu'ici, il avait toujours été gentil avec moi. Seulement je n'avais aucune idée de ce que je devais dire ou faire pour gagner son affection. D'ailleurs, j'avais le désagréable sentiment de l'avoir blessé. Au moins, je ne le trompais pas ; je détestais le mensonge alors j'étais cohérent dans mon honnêteté. Certes, cela pouvait être mal interprété, mais je m'en fichais un peu. Je faisais de mon mieux.

Si j'étais entré la première fois dans sa chambre pour de mauvaises raisons, j'y étais retourné avec envie. Trouver quelqu'un d'assez gentil et compréhensif me faisait du bien. Je me sentais en sécurité à côté de son lit.
Mais s'il avait semblé concerné par mon mal être, il s'en désintéressait totalement maintenant. Je l'avais regardé rejoindre son lit. Il me regardait encore, ce qui ne me mettait pas très à l'aise. Est-ce que je devais repartir ? Peut-être que c'était la meilleure chose à faire finalement. J'avais passé une nuit horrible dans la chambre d'à côté, tout ça parce que Minh Hien avait dit qu'il viendrait. Tout ça parce qu'il ne voulait pas que je dormisse ailleurs que dans mon lit. J'avais essayé mais, au final, ça n'avait servi à rien. J'avais été assez bête pour penser que nous étions ensemble et qu'il ferait ce qu'il avait dit. Maintenant je savais que c'était faux. Pourtant, je persistais, je m'accrochais, comme il l'avait fait.

Perdu dans mes pensées, je tournai la tête vers Mitsuo quand il m'invita à le rejoindre sur son lit. La surprise devait se lire sur mon visage. Je ne me fis pas prier pour me lever, en profitant pour essuyer avec ma manche les dernières traces de mes larmes. Mais je vins lentement près de lui, timidement même. Quand mon dos rencontra le mur, je ramenai mes jambes contre mon torse, les entourant de mes bras. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas simplement assis à côté de quelqu'un. Si ça dérangeait Mitsuo, alors je ne parlerais pas. Cela ne me dérangeait pas. Juste sentir sa présence me suffisait. D'ailleurs, je fixai mon regard sur le mur d'en face et me perdis dans mes pensées, jusqu'au moment où il me posa cette question. Si j'avais retrouvé un brin de sérénité, je me trouvais bien embêté à présent. Je n'avais jamais parlé de ça à personne, même si j'avais essayé. L'enthousiasme de Ying m'avait fait très mal. Alors j'hésitais. Sa question, même si elle était fermée, appelait forcément des explications. Sans entrer dans les détails, je pouvais bien faire ça pour lui qui me permettait de trouver un peu de paix. « Oui... » Je baissai les yeux, juste pour échapper au regard de Mitsuo. « Je crois qu'il ne voulait pas vraiment me faire de mal… Mais il l'a fait. Ce n'est pas de lui dont j'ai peur quand je vais me coucher. En fait, je n'avais jamais pensé que quelqu'un pourrait venir comme ça, en pleine nuit. Alors maintenant que je suis tout seul dans ma chambre, j'ai peur que quelqu'un d'autre puisse entrer. » Je relevai mes grands yeux sur mon camarade. Ma voix était calme, presque posée. Même si je n'avais pas réglé le problème, en parler à quelqu'un me faisait du bien. J'ignorais ce que Mitsuo savait à mon sujet. Il y avait des gens, dans cette école, qui n'étaient pas bienveillants. J'avais peur d'eux ; j'avais peur que me malmener la journée ne leur suffît plus, qu'il ressentissent le besoin de me brutaliser la nuit aussi. « Est-ce que je peux encore dormir là ce soir ? Demain… Demain, j'arrêterai de venir, c'est promis. » Je me pinçai légèrement les lèvres, appréhendant un peu sa réponse. Si je continuais de venir, nous allions finir par avoir des ennuis. Je connaissais très mal Minh Hien, mais je commençais à anticiper son caractère lunatique...



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Ce message a été posté Dim 5 Juil - 17:20

Un lit pour deux


Regardant le lycéen maigrichon s’assoir à côté de lui, Mitsuo repensa à ses paroles. Personne n’osait se frotter à lui. Était-il si terrifiant que ça ? Et même si Mitsuo s’en fichait pas mal de ce que les gens pouvaient penser sur lui, et que cela l’arrangeait que personne ne vienne le faire chier, dans le fond de son cœur, la peine prenait un peu plus de place. Certes, il était loin d’être quelqu’un de chaleureux, de souriant, de bavard. Il n’était pas comme tous ces clowns qui amusent la galerie, qui ont des milliers d’histoires à raconter, qui ont cette capacité à faire naître des sourires sur les visages aux alentours. Il était grand, et à la carrure imposante. Alors, peut-être que cette réputation était finalement justifiée. Les rumeurs sur les quelques cicatrices de son corps n’aidaient pas non plus. Encore heureux que personne ne sache ses années passées ; sa réputation aurait vraiment eu lieu d’être. Et tout ceci était vrai, et lui était utile ; pas qu’il souhaitait rester seul, mais il trouvait les gens –plus précisément les lycéens– insupportables, ils lui donnaient des maux de crâne horribles. Pourtant, de manière incompréhensible, il se sentait peiné que les gens s’en tiennent à ces réputations pour catégoriser les gens et ainsi savoir qui fréquenter ou non. Contradictoires sentiments, il se sentait seul par moment alors qu’il ne désirait pas la compagnie des autres.

Mitsuo ne prenait pas le lycéen en pitié. Il ne savait pas exactement ce qu’il ressentait à propos de lui, peut-être de la peine, surtout de la colère. Il l’énervait à se morfondre dans son rôle de victime sans paraître vouloir en sortir. Comme si ce rôle misérable lui convenait au final, ou alors était-il trop timide pour manifester son désagrément ? Mitsuo porta son regard sur le mur en face de lui, le fixant sans réellement le voir. Faire du mal, heurter, briser les gens sans réellement le vouloir. Oh, il connaissait cette sensation. Pour l’avoir subi, et l’avoir vécu. Alors peut-être que dans le fond, il prenait en pitié ce pauvre garçon. Et son agresseur –si on pouvait l’appeler de cette manière– aussi. « Et qui d’autre pourrait entrer dans ta chambre et vouloir te faire du mal ? » Mitsuo avait dit cette phrase en ouvrant à peine la bouche, sentant la fatigue monter progressivement. Réconforter une personne, se confronter à ses problèmes qui ne sont qu’une réflexion des siens, c’était épuisant finalement. « Il t’a fait quoi ce mec, il t’a frappé ? » Mitsuo tourna rapidement le regard vers Suhwan, puis haussa les épaules. Le lycéen n’avait pas à répondre, après tout ce n’était pas les affaires de Mitsuo. « Quel con s’emmerderait à se lever la nuit pour aller brutaliser un gosse ? » dit-il dans un murmure, plus pour lui-même. « Ils peuvent pas se contenter de dormir comme tout le monde, c’est précieux le sommeil. » Et sur ce, il bailla à s’en décrocher la machoire.

À la question de Suhwan, Mitsuo tourna vivement la tête, sans trop réellement savoir pourquoi d’ailleurs. Il analysa le plus petit ; recroquevillé sur lui-même, les jambes repliées contre son torse, se mordant la lèvre de gêne. On aurait presque pu l’identifier à un petit chiot battu et abandonné. Et il se revit, lui, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Il se rappelait se tordre de cette manière, essayant de se faire le plus petit possible, souhaitant oublier les gestes de sa mère, les mots durs employés à son égard, le regard méprisant et vide à la fois. Et Mitsuo souffla d’exaspération, il ne supportait pas revoir cette image de lui, faible et meurtri sans le savoir. Et voir Suhwan ainsi ne faisait que l’agacer davantage, et il le prenait encore plus en pitié. Il se passa la main dans les cheveux, puis se leva et alla éteindre la lumière, avant de rejoindre à nouveau son lit d’où Suhwan n’avait pas bougé. Il ébouriffa ses cheveux et d’une pression sur l’épaule, il l’allongea sur son lit. Mitsuo avait que peu dormi avec d’autres personnes dans le même lit, et pourtant, l’idée de partager son lit avec Suhwan ne le dérangeait pas plus que ça. Il avait de plus en plus l’impression de se revoir, quelques années auparavant. Et lui, avait eu quelqu’un pour le relever. Il ne savait rien des fréquentations de Suhwan, de ses amis, de ses ennemis, mais instinctivement, il ne pouvait pas rester là à rien faire. Suhwan était bien venu demander de l’aide, même implicitement, non ? Et Mitsuo n’était pas un sans cœur. « J’espère que tu bouges pas trop dans ton sommeil. » Et sur ce, il s’allongea à côté de lui, plaçant ses mains sous sa nuque, fixant le plafond. Il soupira. « Et puis tu sais, je m’y suis habitué, à avoir un colocataire. » Et si la lumière était encore allumée, on aurait pu voir un fin sourire sur le visage de Mitsuo.



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Ce message a été posté Lun 6 Juil - 18:00

Un lit pour deux


N'importe quelle personne, de l'extérieur, avec un minimum de recul, aurait noté ma maladresse. Ma gestuelle laissait, certes, penser que me lier d'amitié avec Mitsuo ne m'aurait pas déplu, mais mes mots, ma réserve étaient un obstacle que j'avais du mal à surmonter. J'avais envie de me livrer totalement au jeune homme parce que je lui faisais confiance, seulement une petite voix en moi me disait de rester sur mes gardes. N'étais-je pas déjà allé trop vite par le passé ? J'étais tellement content que quelqu'un prît du temps pour m'écouter que j'avais tendance à faire fi des protocoles. On ne parlait pas de ce qui ressemblait à une agression sexuelle à une personne que nous connaissions à peine. Mais on n'était pas obligé de donner les raisons d'une rencontre quand la suite avait changé la donne. J'aurais du dire à Mitsuo que je l'appréciais, au lieu de ça j'avais répondu à sa question sans sortir du cadre, comme me le dictait ma spontanéité. A présent, je le regrettais. Je n'en avais pas vraiment conscience… C'était mon ressenti, plus que ma raison, qui me poussait à rectifier mon erreur.

J'avais parlé de Minh Hien sans prononcer son nom et je m'en étais tenu aux faits sans entrer dans les détails. Il était inutile que Mitsuo sût que j'étais en train de m'amouracher de ce garçon, que nous étions même ensemble à présent – du moins je le pensais. Je vivais assez mal mon homosexualité sans avoir besoin de mettre toute l'école au courant. Après tout, je ne savais pas quelle serait sa réaction si je le lui confiais. J'estimais que ce que nous ne savions pas ne pouvait faire de mal à personne. Je ne voulais pas surprendre un regard dégoûté sur son visage. « Il y a des gens qui ne m'aiment pas beaucoup... » Entre ceux qui me prenaient simplement pour un bouc émissaire, ceux qui étaient jaloux de mes fréquentations passées et ceux qui avaient eu vent de mon attirance pour les hommes, j'avais de quoi avoir peur. Ils m'avaient prouvé maintes fois à quel point ils pouvaient aller loin. J'avais bien essayé de les décourager, mais je ne faisais clairement pas le poids face à eux. Alors je me réfugiais auprès de ceux qui pouvaient me protéger, comme Mitsuo. Je regrettais ceux qui avaient commencé à m'apprendre et ceux qui m'avaient donné un peu plus d'assurance. Maintenant qu'ils étaient partis, j'avais l'impression de repartir à zéro. Je supportais de moins en moins ma faiblesse.

La suite, je la vécus avec appréhension. Mitsuo me demandait-il réellement ce que Minh Hien m'avait fait ? Je cherchais une réponse qui fût la moins choquante possible, quand je réalisai qu'il n'en attendait en fait pas vraiment. Il parlait sans trop s'adresser à moi, ce qui me rassura un peu. J'étais bien de son avis… Le sommeil, c'était précieux. C'était bien la raison qui me poussait à investir sa chambre. J'avais déjà testé l'insomnie, qui ne donnait vraiment rien de bon. J'avais, comme tout le monde, besoin de dormir. Alors j'essayais de me faire tout petit pour ne pas déranger mon camarade qui avait déjà la gentillesse de m'accueillir.

J'attendis qu'il eût fini de bâiller pour lui demander une place pour la nuit. Mon coeur se serra en évoquant le fait que je ne viendrais plus après ça. Pourrais-je quand même continuer de le voir ? Nous n'étions pas très bavard, ni l'un ni l'autre, alors il ne verrait certainement aucun intérêt à me garder dans son cercle d'amis. Nous nous croiserions certainement dans les couloirs et au dortoir, mais ça s'arrêterait là. Sauf, peut-être, si je rectifiais le tir…
Mon camarade souffla, ce qui me peina légèrement. Etait-il agacé par ma présence ? Oui, il devait en avoir marre de m'avoir dans les pattes chaque soir. Cela se comprenait. J'étais un solitaire qui n'aurait absolument pas supporté qu'un inconnu s'invitât dans ma chambre. Je m'apprêtai à me lever mais il fut plus rapide. Je le suivis du regard, jusqu'à ce que la lumière s'éteignît. Dans l'obscurité, je le distinguais à peine tandis qu'il revenait sur le lit. J'inclinai légèrement la tête en sentant sa main dans mes cheveux. Et puis je me retrouvai allongé sur le matelas. Machinalement, je collai mon dos au mur et me fis tout petit pour laisser de la place à Mitsuo. Le lit n'était pas très grand.

J'avais envie de le remercier. Je me sentais tellement reconnaissant pour tout ce qu'il faisait pour moi. Savoir que c'était peut-être la dernière fois qu'il m'adressait la parole me fendait le coeur. Il parlait si gentiment aussi… « Au début, je suis venu parce que je pensais que personne n'oserait venir me faire du mal ici. Mais je suis revenu parce que je n'avasi pas envie de dormir ailleurs... » J'avais chuchoté ça pour ne pas le déranger. Je ne pouvais pas lui dire que je voulais que nous fussions amis. Il aurait certainement trouvé ça bizarre étant donné que, comme il l'avait dit, nous n'étions que des colocataires temporaires. Je ne savais rien de lui et il ne savait pas grand-chose de moi. Mais il appréciait ma présence, autant que j'appréciais la sienne. C'était ce que j'avais compris. Quand nous dormions dans cette chambre, nous n'étions pas seuls. Ce n'était pas grand-chose, mais pour moi c'était déjà beaucoup. « Bonne nuit Mitsuo. » J'esquissai un léger sourire et le regardai sans vraiment le voir. Je laissai passer quelques minutes, afin que le silence s'installât, et puis je dis encore, tout bas : « Merci. »

C'était la dernière fois que je dormais ici, je m'y étais engagé. Ce que je ne saurais que le lendemain, c'était que j'aurais du me résoudre à quitter la chaleur de sa chambre bien plus tôt.



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