Assis proche de la fenêtre, le lycéen prenait les derniers rayons du soleil, annonce d'une fin de journée bien méritée. Comme à chaque fois, une nouvelle demande de sortie groupée fut annoncée en pleine classe afin d'ameuter un maximum de personnes dans leur périple et s'amuser au grès de leurs envies. Ils en oubliaient l'absence d'une carte d'identité avec un âge proche de la majorité, les règles indémodables pour la protection des mineurs, le tapage nocturne, les risques courant d'un manque de sommeil sur la santé. Heureusement qu'en ce vendredi après midi, les deux jours de week end leur permettrait d'arriver en pleine forme le lundi matin, au cours de mathématique d'un professeur peu commode. Et en parlant de professeur, son cours venait tout juste de se clôturer par une pile d'exercices à réaliser durant le week end avec pour mission de les compléter; De plus, en début de cours, il se permettrait de choisir au hasard les noms de ses victimes et leurs demanderont leur copie. Une angoisse supplémentaire pour le blondinet, qui peinait déjà à reprendre le niveau dans cette matière barbare et incompréhensible. Tant pis, comme pratiquement à chaque fois, son nom se retrouverait en bas de liste des élèves de la classe, s'affichant alors comme le meilleur des mauvais. Mais où était donc sa petite cuillère en bois en guise de trophée ? Rien ne l'ennuyait plus que de devoir travailler jour après jour, durant des heures afin de rattraper le niveau "normal" des lycéens de son âgée, alors que le fossé restait conséquent. Il ne maudirait jamais assez son bourreau de l'avoir privé de son savoir, d'une vie normale comme tout adolescent, des rencontres. Mais plus que ces broutilles, il regrettait amèrement d'avoir perdu la trace de son meilleur ami d'enfance qui fut son levier mental durant toutes ses années enfermées et rester en vie. Il l'avait fait, il s'en était sortit indemne, loin de ce cagibis qui lui servait de chambre. Une expérience qui fut toutefois traumatisante. Encore aujourd'hui, il le payait par de nombreux cauchemars, une peur accrues des endroits clos - sa claustrophobie - et la facilité de dormir uniquement si une lumière restait allumée. Tous des contrecoups de son expérience qualifiait ainsi par le psychothérapeute, qui encore aujourd'hui, le suivait chaque semaine et l'aider à reprendre pieds dans un monde qui lui semblait étranger.

Son visage restait souriant comme à son habitude. Sans doute son coeur qui lui réclamait un rayon de soleil dans l'obscurité, un signe extérieur pour prouver aux autres qu'il était heureux d'être présent. Pourtant, il ne l'était pas tant que ca. L'un de ses camarades vint à sa rencontre. Ses bras s'étaient positionnés sur le dessus de son bureau, fixant Linh Dan avec insistance et l'idée que cette fois il parviendrait à le convaincre de les suivre dans un nouveau bar au centre ville. "Allez viens Linh Dan. Ca va être marrant. Il faut savoir décompresser de temps en temps. Tu ne viens jamais à croire que tu refuses de faire quoique ce soit avec nous. Alleeeeez." Même son regard adorable n'aura pas réussit à le convaincre de sauter le pas. Il avait mieux à faire comme lire, apprendre, réviser, s’entraîner par de nombreux exercices puis dormir afin de recommencer le lendemain matin. Une routine qui devenait évidente sans vraiment l'être. Une routine qui pourtant prenait tout son sens lorsque les morceaux du puzzle étaient associés. Sans parler de la présence d'un certain Kwan Ewon Bak, camarade de classe également à ceci près qu'il portait exactement le même nom que son meilleur ami d'enfance. Celui qui compta le plus à ses yeux. Autant dire qu'il souhaitait prendre ses distances avec cet étranger plutôt que de faire un amalgame déplacer entre lui et le meilleur des meilleurs. Pire encore, celui-ci pourrait finir par effacer le souvenirs encore ancré dans sa mémoire qu'il se refusait à perdre. "J'ai d'autre projet désolé. Ce sera pour une prochaine fois." Un peu plus loin, un groupe de quatre personnes rirent de bon coeur en voyant l'air dépiter de leur ami. Son pari venait tout juste de tomber à l'eau, persuadé qu'il réussirait à le convaincre de les suivre. Ce serait sans doute pour une autre fois si le temps le lui permettait.

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Les heures s'étaient écoulées, laissant la place à l'obscurité de la nuit dans la rue adjacente au dortoir. Loin des feux des projecteurs, de l'alcool ou de la musique trop forte, le blondinet continuait à étudier. Les heures ne faisaient que passer l'une après l'autre sans lui demander son avis. Les exercices également se multipliaient à grande vitesse avant que sa main ne faiblisse. A force de tenir son crayon, son index commençait à s'étirer un peu trop fortement, l'obligeant à prendre une pause qu'il n'avait pas prévu dans son programme. Ses parents adoptifs le poussaient à gagner du terrains. le temps dévouait à ses études, lui permettraient plus tard de reprendre une vie logique au même niveau que les autres. Un mal pour un bien. Ses traits commençaient à tirer fortement. Sous ses yeux, se dessinait une ligne bleutée ainsi qu'une peau creusée par la fatigue latente. Un simple coup d'œil à son réveil le ramena à la réalité. Deux heures du matin ? Déjà ? Ses paupières se plissèrent légèrement pour s'assurer de la véracité de cette information plutôt que l'objet d'une hallucination mais cette deuxième tentative se solda une nouvelle fois par la même valeur. Forcé de constater l'heure tardive, ses bras se levèrent au dessus de sa tête afin de s'étirer de tout son long, paumes en direction du plafond. Ses lèvres de délièrent afin de laisser un bâillement forcer le chemin vers la sortie. Son corps finit par se lever de la chaise pour glisser sur son lit. Il en profita pour échanger ses vêtements du jour contre un tee shirt et un short pour dormir. Il glissa ses main dans sa chevelure pour y enlever l'élastique qui tenait, de façon uniforme, sa chevelure blonde mi longue. Et alors qu'il utilisait les dernières traces de motivation pour fermer ses livres d'exercices et éteindre les lumières de sa chambre, sauf une, un bruit dans le couloir du dortoir le fit sursauter. A croire qu'à une heure pareille, il restait encore quelques fous éveillés. La question restait. Fallait il se déplacer pour constater les dégâts ? Ou bien s'installer confortablement dans son lit pour s'endormir ? Finalement, après deux minutes de réflexion, il préféra tout de même s'assurer que personne n'était blessé dans le couloir. Il glissa alors son visage dans l'entrebâillement de la porte tout en cherchant du regard l'objet du bruit entendu. Il ne mit pas bien longtemps pour le localiser.

TENUE ⎐ Pour beaucoup aujourd’hui est un vendredi comme un autre, les cours terminés le weekend annoncé, les fêtes programmées, une journée comme on en voyait et verrait tout au long de notre scolarité. Mais dans ma tête se trouvait une horloge, un tic tac incessant me rappelant simplement qu’à mes yeux c’était différent. Pas besoin d’ouvrir mon agenda, ni d’appeler mes parents, pas besoin de regarder sur internet ou de vérifier la date  dans les journaux du passé, non... Je n’avais pas besoin de tout ça, mes souvenirs étaient suffisants et cette journée prononcée officiellement ces huit années de séparation. Mon regard passé à travers mes camarades, ils étaient simplement invisible, tout ce que je pouvais voir était le ciel à travers la vitre ouverte. Il faisait beau ce jour-là aussi, il y a 2920 jours, 70080 heures et 4204800 minutes que j’ai perdu de vue Shaka. Mon meilleur ami est surement mort depuis longtemps, mais je me souviens encore de son sourire, même si son visage est flouté par le temps. Son regard me semble faussé par mon imagination, aujourd’hui encore il me manque tellement. C'est une journée que j’aimerais revivre dans le temps, la revivre pour pouvoir prendre sa place, la revivre pour l’empêcher d’être enlevé et la revivre pour pouvoir simplement le revoir... Un fort soupire s’échappe oubliant l’endroit où je me trouvais attirant les regards curieux de mes camarades et de mon professeur, d’un geste de la main je m’excuse simplement pour cette interruption.

La fin des cours est sur le point d’être annoncé, la sonnerie devrait bientôt se mettre à sonner, tout le monde est impatient de pouvoir quitter l’établissement, en groupe ou solo, chacun a ses projets, pour ma part des amis m’ont proposé de passer du temps avec eux, mais j’ai dû refuser, je bosse après les cours promettant de les rejoindre plus tard s’il fréquente la boîte où je travail en cachant bien entendu mon âge, comme nombreux d’entre nous. D’un pas rapide je quitte la salle, non sans me retourner en entendant des rires, le blondinet a encore refusé de les accompagner ? Un fin sourire s’installe sur mon visage, ce mec est étrange, mais il semble attiser la curiosité et donne envie de s’en rapprocher, pour une raison que j’ignore il me donne l’impression de m’éviter, mais je me fais surement des idées. Regardant ma montre, je ne m’attarde pas une seconde de plus, la ponctualité est mon point fort, je sais que j’arriverai à l’heure, mais je ne prends aucun risque à trainer des pieds. Mon patron me félicite fièrement de mon assiduité et de mon implication dans le boulot, c’est rare venant des lycéens de nos jours, d’après ses dires bien sûr. Pour moi, bosser me permet d’occuper mes pensées, de vider mon esprit et ne pas me tourmenter, les heures défilent et il est déjà temps de fermer. Je me change dans les vestiaires troquant mon bleu contre une tenue habillée afin de me rendre à la boîte où l'ont m'attendait.

Encore une fois il me reste plus de trois heures avant de prendre mon service, rejoignant mes potes à leurs tables, je les vois tous à moitié bourré et sans vraiment m’en rendre compte, toutes ses pensées accumulées au long de la journée me donne envie de décompresser, buvant un verre, puis deux, enchainant les commandes, j’en oublie mon job. Mais mon responsable m’a remarqué, voyant que je n’étais pas en état de travailler il me donne mon jour de congé, me laissant profiter de ma soirée avec mes amis, mais voilà, encore une fois l’heure tourne. Fatigué, je choisis de quitter la boîte aux alentours d’une heure et demie...  Ne marchant pas vraiment droit sur le trottoir me ramenant aux dortoirs, je lève les yeux au ciel, pourquoi ai-je encore si mal après toutes ces années ? Quand serais-je réellement capable de tourner la page, le serais-je vraiment un jour ?
« SHAKAAAAAAAA ! » Criais-je comme un fou dans le parc devant l’établissement, m’accroupissant en passant mes mains dans mes cheveux. Les années soignent, le temps peut tout arranger ? Il semblerait que je sois cette exception à la règle. Soufflant fortement, je fais demi-tour, arrivant dans les couloirs, je vois de plus en plus floue, j’ai mal au crâne, le changement de température me donne chaud, aaah~ je n'aurai pas du boire autant... Je finis par me cogner contre le mur devant ma chambre, me laissant glisser au sol, les yeux fermés, je suis conscient, juste épuisé.

J’entends du mouvement, la porte s’entrouvre, mais je ne bouge pas, avant de finalement laisser une paupière se soulever, apercevant le blondinet, un petit rire filtre mes lèvres, pourquoi me semble-t-il si familier, ses cheveux détachés, son regard... Je le fixe comme si les secondes c’étaient arrêtées, aujourd’hui est un jour particulier, mais il le sera encore dans 365 jours et 730 jours, ça le sera toujours... Parce que je n’oublierai jamais... Mes yeux se fermant emporter par cette fatigue pesante, une larme coula sur ma joue alors qu'un simple prénom tel un murmure emporté par le vent...

« Sha-ka »

Un bruit sourd raviva l'énergie qui lui restait sans avoir vraiment d'autres choix que de glisser hors de son lit pour comprendre l'origine de ce son. Armé seulement de ses bras en forme de brindilles et habillé simplement d'un tee shirt et d'un short, Linh Dan, finit par entrouvrir la porte de sa chambre tout en passant son visage dans cet espace pour observer le couloir sur lequel donnait sa chambre mais dans l'ombre, tout lui semblait indescriptible. Il crut apercevoir une forme au loin, sans pouvoir l'identifier. L'anxiété montait petit à petit par des signes qui ne trompaient pas. S'il s'agissait d'un voleur, que pouvait il bien faire contre lui. Ce n'était pas un bagarreur; Il ne prenait pas non plus de cours de self défense en dehors des cours puisqu'il n'en avait pas le temps. Son dernier espoir se trouvait dans son téléphone portable, qu'il alla recueillir sur le dessus de son bureau au cas où, il aurait à appeler les forces de police à l'aide. Ses sens restaient en ébullition, incapable de calmer son rythme cardiaque qui s'était accéléré au point d'entendre ses propre battements. Doucement, ses pieds glissèrent sur le paquet en bois synthétique, sans faire le moindre bruit pour se rapproche de cette chose inconnue, quand ses paupières finirent par s'habituer à l'obscurité de la nuit. Aussitôt cette forme inconnue prit tout son sens, tout comme le visage dont il pouvait clairement apercevoir les détails. Aussitôt, ses épaules se relâchèrent tout comme ses lèvres dont s'était échappées un soupir de soulagement. Ce n'était que lui.

"Qu'est ce que ..."

Le reste de sa question mourut dans le fond de sa gorge alors qu'un mot fut prononcé dans sa direction. Shaka. Ses gestes stoppèrent en une fraction de seconde alors que ses yeux le fixaient avec une intensité mesurée, alimentés par un nuage d'eau salée qui restait en retenu derrière la barrière qu'était sa paupière. Qu'avait il dit ? En un instant il pensa avoir comprit son nom de naissance, celui utilisé par ses parents, ses proches, son meilleur ami. Et cette larme qui coulait le long de ce visage masculin le surprit à l'émouvoir. Non ce ne pouvait pas être lui ? Il l'aurait reconnu dès le première regard. Il ne serait pas passé à côté d'une telle révélation. Alors pourquoi aujourd'hui, parmi tous les jours de l'année, il fallait que ca tombe aujourd'hui, la date anniversaire de son enlèvement. La date qu'il ne pourrait sans doute jamais oublier pour lui avoir prit tout ceux qui comptaient le plus à ses yeux. Et sans doute la date à laquelle son coeur s'était stoppé. Ca ne pouvait qu'être une coïncidence rien de plus. peut être parlait il de son chien, d'une ex ou d'un ex vu sa collection de conquête. Et s'il était aussi bien au courant de cet afflux de personne étrangère dans le dortoir c'était tout simplement parce qu'il les entendait au petit matin, s'éclipser en douce. Son visage bougea de droite à gauche, doucement puis plus rapidement pour se réveiller faute de pouvoir rembobiner la scène qui l'avait secoué. Son corps se rapprocha d'avantage d'Ewon Bak. L'odeur alcoolisé prenait le dessus sur tout autre parfum porté. Par automatisme, ses narine furent boucher à l'aide de deux de ses doigts tout en balayant devant son nez de l'autre main pour évacuer cette senteur désagréable.

"Waow mais tu as bu combien de verre pour en arriver là ? "

Il n'attendait pas particulièrement de réponse de sa part ou plutôt n'en espérait pas vu son état actuel. Sans plus tarder, il s'accroupit à ses côtés pour réduire la distance qui les séparait un peu plus tout en prenant son bras le plus proche pour le passer derrière son cou et le récupérer de son autre main. Il serra fortement cette paume pour être sur de pouvoir le tenir sans jamais le lâcher, au risque de le blesser. Dans son coeur, le doute restait intacte. Pourquoi son nom fut il lancé ? Pourquoi ce fut dit sur un ton désespéré ? Et la raison de cette larme ? Tout comme son identité qu'il portait ? Ca ne pouvait pas être lui, si loin de la Corée du sud, si loin de leur ville natale. Il ne pouvait pas être si près de lui et n'avoir jamais compris ? Toutes ces questions revenaient sans cesse pour trouver une réponse acceptable.

"Si tu n'y voir pas d'inconvénient, je vais t'aider à te mettre debout et te conduire dans ta chambre. mais je vais avoir besoin d'un coup de main de ta part. C'est ça, où je m'empare de tes mains et te tire comme un vulgaire sac de légumes, sur le sol."

Un micro sourire finit par apparaître avant de se faner aussi vite qu'il était arrivé. Son camarade de classe n'était pas lui, ca ne pouvait pas être lui.

TENUE ⎐ Le sol semblait froid, alors que mon corps lui semblait brulant, je détestais boire à me mettre dans un état déplorable, en fait je n’étais pas un grand buveur de toute façon, je préférais de loin évaporer ma tristesse et le manque dans les plaisirs charnels, mais aujourd’hui c’était le genre de jour que peu importe le nombre de mes conquêtes, je n’aurais rien ressenti d’autre que cette douleur dans ma poitrine. Ce trou à vif laisser quand on m’a arraché ma lumière. Cette veilleuse qui vous rassure la nuit tombée, cette chaleur qui vous enlace quand vous êtes blessé. Je n’avais plus rien de tout ça à part un vide énorme, la lune pouvait éclairait le ciel assombri, cet espoir qu’elle apportait avec elle me semblait s’éloigner avec les années et aujourd’hui il ne restait que cette obscurité pesante. Dire son prénom, le criait en espérant une réponse, laisser le son de ma voix être emporté jusqu’à l’endroit où il se trouvait, je voulais qu’il sache simplement que je ne l’ai jamais oublié. Mon repère s'est brisé avec lui et si je vis chaque jour en profitant de chaque instant, c’est pour me rapprocher doucement de ce paradis où je pensais qu’il était.

Le monde continue de tourner, même s’il n’est pas à mes côtés je continue d’avancer, mais les « anniversaires » sont les plus douloureux jours que je dois affronter. J’étais bien parti pour rester ainsi écrouler au sol, mais même dans la nuit, les fenêtres laissaient entrer des rayons de lumière, comme si la lune s'était rapprochée, je pouvais voir son visage, même ses cheveux blonds détachés me semblaient si familiers, la fatigue me faisait divaguer, l’alcool aussi surement, mais même si aux yeux des gens je faisais pitié, à mes yeux cet état était justifié et la cause s'était échappée de mes lèvres dans un doux murmure attristé. Shaka. Je l’appelais simplement comme ça. Je n’avais pas senti cette larme montée avant qu’elle ne glisse sur ma joue, mais elle était la preuve de la peine dominant secrètement mon cœur. Le silence pesant domine un moment la pièce alors que mes yeux s’étaient clos, je pourrais simplement m’endormir ici, n’ayant ni l’envie ni la force de bouger. Mais de nouveau du mouvement autour de moi, entendant alors sa voix me questionné, automatiquement un sourire idiot s’afficha sur mes lèvres. Tentant de lever le bras pour afficher mes doigts, c’était difficile de réfléchir quand mon cerveau semble totalement déconnecté de la réalité, mais j’affiche plusieurs doigts sans vraiment savoir ce que je montre, avant de lâcher prise et de juste répondre.

« Hahuuuf, pleins. » Je pourrais rire bêtement, mais je ne savais pas trop ce que je faisais au fond, laissant juste le blondinet me guider, mon bras porté autour de son cou je n’avais pas vraiment de raison de refuser son aide.

« Aye sire ! » Je tente de me relever pour l’aider, mais mes jambes glisses ramenant tout mon poids au sol, riant de mon incapacité à réellement lui faciliter la tâche. Je devrais m’excuser... Demain, quand le soleil sera levé. Posant le regard sur lui, ma voix peu séduisante à cause de mon état se manifesta de nouveau.

« Attend, je peux y... » Je ramène mes genoux jusqu'à mon torse, m’appuyant sur le blond, poussant en avant pour me redresser. « arriver ! » je suis carrément déchiré ma parole... Je le laisse ouvrir la porte de ma chambre, mes yeux à moitié fermés, je les ouvre à peine me donnant l’impression que mon lit était très éloigné, grimaçant devant cette fausse constatation, je traine un peu du pied... lâchant tout mon poids sur les appuis du blondinet. Mon corps s’amusant à basculer, avant, arrière, droite, gauche... une véritable machine à bascule justement. Levant mon index vers mon coloc d’un air faussement menaçant.

« Ahunfahun... » très compréhensif, mais là, mon cerveau cherchait son prénom. « Ihdan ? ‘Tention, ça bouge. » Désespérant... Totalement désespérant, vivement demain pour retrouver un peu de crédibilité....

L'odeur d'éthanol piquait fortement ses narines sans lui laisser le choix de pouvoir se protéger. Ses mains étaient déjà prises et utilisées pour supporter le poids de son colocataires qui  n'y mettait pas du siens. Il semblait perdu entre l'exaspération et l'idée de laisser dormir dans le couloir, dans le froid, avec ses vêtements du soir afin qu'il comprenne la leçon. Mais il eut cependant des scrupules à le laisser seul sans moyen de communication vers le monde extérieure. Car non, les sons qui finissaient par s'échapper ne ressemblaient à aucun mot de sa langue natale. A croire que l'alcool lui grilla les neurones tout comme la mâchoire. Sa tâche ne faisait que se compliquer d'avantage puisque son équilibre n'était pas au beau fixe. Le blondinet eut bien du mal à ouvrir la porte de cette chambre accolée et à le guider à l'intérieur. De plus, à chaque pas réalisé, un autre se faisait en arrière. Il était ingérable ! Sans parler du son de sa voix qui finirait certainement par réveiller tous les membre de cette colocation. Il fallait empêcher ce drame d'arriver au plus vite. L'une de ses mains se libéra pour se plaquer contre les lèvres d'Ewon Bak et l'obliger à se taire. De toute façon, toutes ses élucubrations ne l'intéressaient pas. Il voulait simplement le déposer, l'aider à se déshabiller pour dormir plus confortablement avant de retourner dans sa propre chambre. Ce n'était pas si compliqué comme plan, enfin en théorie.

"Shhhh"

Fut le seul son qu'il rétorqua à la suite des autres messages. Il n'allait pas y passer la nuit. Ni une ni deux, ses pas reprirent le rythme imposé pour emmener leur deux carcasses auprès du lit simple. Il ne prenait pas le temps d'observer les alentours, ni même la décoration. Après tout, il s'agissait de sa première visite et ne comptait pas y revenir de si tôt. Linh Dan poussa son colocataire afin que son corps tombe sur le dessus du matelas. Il put ainsi s'accroupir au sol et commencer à délasser ses chaussures. Rien de bien compliquer jusque là. Il s'empara par la suite de ses dernières et les délogea de leur emplacement pour les jeter un peu plus loin. Ses mains se positionnèrent sur ses chevilles pour les remonter sur le dessus du lit et l'installer confortablement. Sauf qu'il aurait sans doute des chances de tomber malade s'il restait habillé de la sorte. Et alors qu'il se rapprochait de sa veste, le lycéen eut un instant de doute; Entre les rumeurs sur sa sexualité et les informations qui circulaient sur toutes les conquêtes qu'il collectionnait, si une personne venait à ses observer, il n'en fallait pas moins pour créer une nouveauté improbable à écrire sur le net.

"Tu sais qu'après cette nuit, tu me devras un sacré service."

Finalement, il continua son geste pour le dégager de sa veste, le séparer d'objets superflus comme sa ceinture, son collier, son bracelet. Le pantalon allait bientôt rejoindre les autres pièces de tissus sur le sol mais il finit par abandonner l'idée un peu trop entreprenante à son goût. Seul le premier bouton fut délogé de sa position et sa fermeture éclair à demi descendu, rien de plus Sans vraiment comprendre pourquoi, ses mains se levèrent, coudes pliés, paume montrées comme s'il se sentait coupable d'avoir participer à ce type de contact. Idiot non ? Toutes les étapes s'enchainaient doucement mais surement. Faute de pouvoir utiliser un drap puisqu'il était trop lourd pour ses petits muscles à déplacer, il positionna au dessus de lui une couverture, sans doute trop chaude et encombrante mais ce fut la seule chose utile qu'il trouva à porté de main.

"Avec ça tu vas pouvoir dormir comme un bébé."

Des mots à peine soufflés pour lui permettre de se reposer au plus vite. Ses talons se seraient bien tournés vers la porte afin de s'échapper de cette pièce inconnue qui le mettait mal à l'aise mais deux formes familières attira son attention; Ses yeux se plissèrent une nouvelle fois mais face à l'obscurité, il préféra allumer la petite lumière qui se trouvait au niveau du bureau pour vérifier ses doutes; Et alors que le rayon lumineux fut dirigé en direction de deux peluches, son visage pâlit rapidement sous le souvenir encore brulant de leur signification. La forme et les couleurs étaient indélébiles dans son esprit torturé tout comme l'ancienneté visible des deux jouets. Par réflexe, il s'empara des deux peluches pour les observer sous tous les angles comme s'il espérait y trouver une trace quelconque d'un indice qui le mènerait vers une autre conclusion. Ce n'était pas un rêve si ? Il voyait bien de ses yeux, son ancienne peluche en sa possession, l'identique reproduction de celle de son meilleur ami. Le même qu'il n'avait pas réussi à retrouver en Corée à son retour à la vie réel. Pourquoi ? Pourquoi l'avait il en sa possession. Si avoir un nom identique ne suffisait pas, sans parler de ce prénom qui lui échappa aux mêmes sonorité que le sien, ajouté à cela deux antiquités avec une valeur sentimentale forte. Il contenait difficilement  les émotions qui s'emparaient de lui, perdu entre les possibilités et les vérités qui pourtant le guidaient fortement sur le même chemin. Il n'en fallut pas plus à Linh Dan pour se précipiter à côté du lit et récupérer le bras, normalement marqué d'une cicatrice, vestige d'une bataille perdue face à un chien. L'inspiration fut longue alors qu'il tournait son bras vers l'extérieur. Celle ci fut bloquée au moment du jugement finale, le lâchant par réflexe,  pour positionner ses deux mains sur son visage. Les larmes roulèrent sur ses joues. Ses lèvres tremblaient par la surprise alors que ses jambes avaient bien du mal à supporter le poids de son corps, vacillantes sous cette vérité. C'était lui. C'était lui vraiment lui. ses genoux se laissèrent guider jusqu'au sol. Entre le poids des années de batailles intérieures pour survivre à son bourreau, sa séparation avec lui, injuste et cruelle et l'absence de visages familiers à son retour, toutes ses épreuves se levèrent d'une seule masse pour ne laisser qu'un adolescent heureux de le voir en bonne santé - à ceci près qu'il cuvait ses nombreux verres de la soirée. Si l'histoire laissa une cicatrice dans son coeur à cette date, il réussissait également à ajouter ses retrouvailles avec son meilleur ami d'enfance, celui qui comptait le plus à ses yeux, sa bouffée d'oxygène pur. Il s'en voulait tellement de ne pas avoir comprit tout de suite, d'avoir perdu un temps précieux depuis son arrivée et fut presque tenté de le serrer fortement dans ses bras tout en refusant de le lâcher mais il prit rapidement conscience qu'aujourd'hui, leur mode de vie était différent. Qu'ils avaient grandit séparément l'un de l'autre. Il ne connaissait plus rien de ses passions, de ses activités, de ses amis, ni même s'il avait trouvé un meilleur ami de remplacement, des personnes qui comptaient fortement à ses yeux. Et s'il se faisait rejeter ? L'idée même de le rayer de sa vie lui était impossible... Et avant même qu'il ne s'en rende compte, son visage s'était déposé sur le rebord du lit, ses paupières fermées pour l'emporter au pays des rêves.

TENUE ⎐ Se déconnecter de la réalité n’était pas toujours un bienfait. Dans ces mirages que mes souvenirs se mettaient à créer, Shaka se trouvait près de moi, il me suffisait de tendre la main pour l’attraper, le regarder et me souvenir de son regard, son sourire. Mes rêves ne faisaient au final que me torturait davantage, je revivais parfois ce jour en le faisant se passer comme je l’aurais désiré, j’avais déjà vécu cette scène en étant celui qui se faisait enlevé, je l’avais aussi vécu en l’ayant sauvé. Comment un gamin de huit aurait pu l’aider, j’y avais cru, j’avais espéré, mais je n’y arrivais que dans ses songes irréels où on peut rendre les conclusions plus belles. Je tente de garder les yeux ouverts, mais autant dire que c’est totalement peine perdue tandis que je suis écroulé sur le lit, la tête contre le matelas, je suis comme une marionnette entre les mains du blond, il fait ce qu’il veut de moi, je n’ai ni la force, ni même l’envie de résister, je sens ses mains me dévêtir, le frôlement de mes vêtements sur ma peau, le son des boutons qui se défont, mais ma tête est douloureuse et je finis simplement par fermer mes paupières pour laisser Morphée me kidnappait dans ces illusions qui finiront un jour par m’achever. Grâce à cette présence familière si proche de moi, je me sens doucement apaisé sans savoir pourquoi. Je ne sais pas ce qui se passe alors que je suis bercé loin de la réalité, mais sans que je ne puisse le deviner, en quelques minutes l’atmosphère venait de changer...

***

Mes paupières s’ouvrent, il fait encore nuit dehors, mais la pièce est éclairée par la veilleuse posée sur mon bureau, je n’ai pas besoin de glisser mon regard sur le réveil, je savais très bien quelle heure il était, comme tous les jours depuis des années ce rituel n’allait pas changer, éteignant le bouton avant la sonnerie d’un geste maladroit, j’ai mal au crâne, mal au cœur, je suis épuisé et mes membres me semblent si lourd... Mon bras couvrant mon front je le laisse tomber le long de mon corps jusqu’à frôler quelque chose, sans bouger mes yeux s’écarquillent doucement, alors que je baisse le regard dans sa direction, ma main se lève pour tapoter plus près jusqu’à sentir ses cheveux, mes doigts frôlant des mèches, la fine lumière dans la pièce me permet de voir sa silhouette et de reconnaitre mon voisin de chambre... Qu’est-ce qu’il fait là ? Je me tourne pour me mettre sur ma hanche gauche et le regarder de plus près, ses yeux fermes, il a vraiment se côté efféminé qui le rends charmant... sa peau semble douce et ses cils... le blond lui va bien. Je ne sais pas pourquoi je me mets à le détailler, mais je le trouve étrangement mignon, oubliant totalement que je n’avais toujours pas la réponse à ma question. Ah, je suis encore dans les vapes, j’ai vraiment trop bu cette nuit... Je finis par m’assoir sur le rebord du lit, ma tête entre mes paumes, je réfléchis essayant de me rappeler ce qu’il s'est passé, mais je ne suis pas vraiment en état de faire quoi que ce soit à par tenter de supprimer cette gueule de bois. Je souffle bruyamment, surveillant que mon geste n’avait pas réveillé le blondinet, me relevant, mon pantalon déboutonné glisse légèrement sur mes cuisses alors que mes jambes ayant du mal à me porter tremblent doucement... J’ai vraiment pas du tout récupéré, c’est le mauvais côté de ma ponctualité qui se fiche de savoir si mon corps est épuisé. J’attrape ce qui m’avait servi de couverture durant ses heures de repos pour la poser sur son dos, finalement même s'il semble ne pas m’apprécier, il m’a aidé et je devrais le remercier comme il fallait pour ce geste attentionné. Un simple sourire, je me dirige vers la salle de bain, allumant la lumière, m’explosant les yeux au passage, faisant couler l’eau tandis que mes mains s’appuyer sur mon lavabo, j’avais une tronche minable... Je soupire, cette journée est passée... Mais c’est toujours aussi douloureux, mon regard fixant le miroir, le son de l’eau coulant à flots, je pince mes lèvres alors que mon front vient s’écraser doucement sur la vitre froide devant moi.

« Reprends toi Bak... » Murmurais-je pour me motiver à ne pas laisser ses sentiments me torturer. Passant d’un geste soudain la tête sous l’eau froide, je faisais disparaitre les traces de ma peine, l’eau est comme le temps, elle peut effacer durant un instant les preuves, mais ça ne dure jamais définitivement.

Arrêtant le robinet, mes cheveux dégoulinant, je lève mon haut pour me retrouver torse nu, sans prendre la peine de m’essuyer, je reviens dans la pièce principale encore sombre, m’arrêtant devant la lampe, cette petite lumière qui empêche pourtant l’obscurité de dominer. Le fin sourire qui venait de se dessiner disparut lentement quand mes yeux se posèrent sur les deux peluches, elles semblaient avoir étaient déplacé... Depuis que je les ai, ça fait presque sept ans qu’elles sont réunies, toujours propres, toujours intactes, je les remets en place, les observant simplement... A l’époque où nous les avions échangés je n’aurais jamais pensé qu’elles deviendraient mes trésors, quand j’ai récupéré la sienne, l’odeur de mon meilleur ami s’y trouver encore...

Éteignant sans tarder la lumière, je reviens près de celui qui se trouvait dans une position qui me semblait peu confortable, tenant plus solidement sur mes pieds, je décide de le porter pour le poser sur le matelas, c’est la moindre des choses... M’installant à ses côtés, je me contente simplement de le regarder... Ce gars est apaisant, il me suffit de l’observer pour calmer le temps d’un instant la douleur dans mon cœur, me servant de mon bras comme d’oreiller, je vais simplement le regarder en attendant qu’il daigne se réveiller.

Le sommeil l'a gagné sans qu'il ne puisse retenir la fermeture de ses paupières. Ses souvenirs remontaient à la surface, aussi facilement que des bulles dans une eau gazeuse, pour lui rappeler à quel point sa vie précédente lui manquait. Apprécié, aimé, utile et surtout protégé des évènements de la vie réelle. Cette sensation était étrange tant elle lui semblait anormalement proche, à saisir du bout des doigts depuis qu'il savait pour lui. Ce fut donc une tâche facile de se laisser porté par les songes le temps de quelques heures, reposant ses sens, son corps épuisé par les nombreuses heures de révisions, exténué par l'approche par surprise d'émotions positives juste en appréciant la présence de ces deux peluches dans une chambre étudiante. Deux petites boules de poils qui portaient tellement de valeur dans son coeur ... Les rayons du soleil commencèrent à titiller ses cils, amusé par ce jeu du chat et de la souris. La fatigue continuait pourtant de le porter ailleurs, jusqu'à ce que finalement, ses paupières ne s'ouvrent lentement mais surement. Ses yeux bruns restèrent fixé sur l'environnement qui se présentait à lui. Ce n'était ni cette chambre qui n'était pas la sienne, ni sa position initiale modifiée qui l'interpella mais le visage de ce lycéen qui lui semblait auparavant insipide et qui prenait pourtant une toute autre ampleur. Pourquoi ne l'avait il pas reconnu avant ? Ses lèvres s'étirèrent lentement, ses yeux brillaient de le revoir, au bord des larmes jusqu'à ce qu'une idée sensée ne finisse par se glisser dans son esprit et lui rappeler qu'ils n'étaient plus les enfants de huit ans qui s'amusaient en toute quiétude dans le parc. Qu'ils n'étaient plus les deux parties d'un même ensemble, incapable de se séparer lors des cours, des pauses, des week end. Et plus que tout, il se refusait de se voir de façon pathétique, troquer cette expression par de la pitié ou pire encore, de la culpabilité.

Son visage reprit une teinte neutre, délaissant son sourire avant d'observer les alentours. Cette position n'était pas la sienne. Comment son corps fut-il déplacé sur le dessus du lit ? Depuis combien de temps dormait il ? D'ailleurs ce n'était pas un oreiller qui se positionnait sous sa chevelure blonde mais un bras qui n'était pas le siens. Son buste se releva d'un bond incapable de retenir son son regard perdu à plusieurs endroits de la pièce, incapable de se calmer. "Dé... désolé.. je ..j'ai dormi longtemps ? " Le mode panique était enclenché tant la honte le prenait. Rien n'aurait réussit à stopper sa recherche d'une heure correcte, horloge, montre, réveil peu importait l'outil. Il cherchait sa réponse des yeux avant de voir six heures douze affiché sur l'horloge numérique présente non loin du lit. Il était encore tôt, l'ensemble de la colocation devait encore dormir à cette heure pourtant, il se sentait déjà idiot de ne pas s'être enfui dans sa chambre une fois Ewon placé correctement sur son lit, placé dans un environnement familier plutôt que dans un couloir froid et peu avenant. Sil écoutait cette voix qui criait à l'intérieur, il s'enfuirait rapidement en courant vers la porte pour se cacher, très loin, persuadé qu'il serait mis à découvert comme le jouet à l'intérieur d'un kinder. Mais une autre voix l'implorait de rester dans cette pièce pour réapprendre à le connaitre, ses hobbies, son plat favoris, son film préféré, la couleur qu'il portait le plus souvent, ses amis, sa relation avec ses parents ou encore les secrets partager avec les personnes de confiance. Ses lèvres brulaient d'envies de les lui poser sans jamais y parvenir. Plutôt que d'aborder des sujets étrangement personnels entre deux "étrangers", ses doigts finirent par recoiffer rapidement sa crinière, mèche devant ses yeux pour dissimuler un maximum son visage tout en ayant la possibilité de voir sans être déranger. Quoiqu'il laissa échapper un léger cri en voyant l'absence de port de tee shirt. Aussitôt il chercha un morceau de tissus, n'importe quoi mais rien à disposition. Son index se tendit alors dans sa direction pour le lui faire comprendre en montant de bas en haut alors que son autre main vint se poser sur ses yeux. "Tee shirt, tee shirt ou n'importe quoi mais quelque chose." C'était sans doute une réaction disproportionnée compte tenu des circonstances mais il avait l'image d'un enfant de huit ans, mélangé à l'image d'un individu presque adulte. Une fusion qui n'allait pas tout à fait ensemble. Quoiqu'il en soit, il commençait à voir l'inquiétude montre crescendo, après tout, son taux d'alcoolémie était si élevé hier soir, qu'il retrouva son camarade de classe dans une position désavantageuse. Alors oubliant ce tee shirt, il finit par positionner sa paume contre son front. Le sien faisait office de comparatif. "C'est bon pas de fièvre mais tu devrais avoir un gros mal de crâne. J'ai de l'aspirine dans ma chambre, je peux aller en cherché."

TENUE ⎐ À cet instant j’ignorai tout de ce qu’il se passait réellement autour de moi, de cette présence rassurante à mes côtés, pour moi c’était simplement dû au fait qu’il était ce genre de personne, que le fait qu’il ressemblait à ce souvenir du passé était la cause de ce sentiment apaisant et réconfortant qui doucement me submergé. La fatigue et les évènements devaient aussi aider à ce que j’y trouve là un besoin de sécurité, peux importe si c’est passager, peu importe si c’est mon imagination, j’avais simplement envie le temps d’un instant, de quelques heures ou de quelques minutes seulement de profiter de cette présence et de ne pas me retrouver errant seul dans l’obscurité. Depuis que je suis réveillé, je n’ai fait que le regarder, observant les traits endormis de son visage, ses cheveux dorés et cette beauté efféminée, il semble certes ne pas m’apprécier et parfois il me donne le sentiment d’être inabordable, pourtant là, je ne vois qu’un garçon innocent et mignon, à cette pensée un sourire se figea sur mes lèvres, Linh Đan hein ? Ma tête est douloureuse à cause de cette cuite de la veille, mais étant de nouveau sobre je pouvais supporter cette douleur, bien que je commence à avoir faim, mon ventre grogne un peu plus accompagné par quelques crampes d’estomac, mais je ne voulais pas bouger et risquer de le réveiller, surtout que j’imaginais déjà ses traits se durcir et sa silhouette disparaitre hors de ma chambre dès ses paupières ouvertes.

Finalement je le sens sur le point de sortir de ses songes, bougeant sur mon bras, je souris sans le quitter des yeux suivant chaque instant, chaque étape de son réveil, amusé de m’imaginer l’observer depuis plus d’une heure sans même avoir trouvé le temps de m’ennuyer. Après un état des lieux il réagit rapidement, il semble un peu paniqué et je retiens un rire de s’échapper devant se comportement. Je hoche simplement la tête alors qu’il cherche l’heure.

« Tu devais être fatigué toi aussi, désolé pour t’avoir impliqué dans tout ça. » Car après tout c’était ce que j’avais fais, il c’était occupé de moi parce que je n’avais pas su gérer, une journée dans l’année me donne l’impression d’étouffer, c’est sans cesse la même chose, le même manque, les mêmes douleurs. Une journée dans l’année où j’ai l’impression de crever tout simplement, parce que quoi que je fasse, Shaka ne reviendra pas. Je chasse ses pensées pour éviter de montrer cette détresse douloureuse sur mon visage, pour me redresser sur le lit, assis en face de lui. Je le regarde s’agiter de nouveau, écarquillant les yeux doucement en me demandant ce qu’il faisait, il semblait chercher quelque chose avec insistance... « euh. » Je suis ce que son index pointe et je rassemble les morceaux du puzzle avec sa main cachant ses yeux, pouffant simplement avant d’entendre ses mots.

« Quoi, tu n’as jamais vu un torse nu ? » Dis ainsi ça pouvait sembler ridicule vu que nous sommes tous deux des hommes, mais par égard pour sa pudeur, je pourrais surement faire un effort, mais avant de me lever pour chercher de quoi me mettre sur le dos, je sens sa main se poser sur mon front, je ne m’y attendais pas, mais ce n’est pas mon front qui est chaud, plutôt sa main qui semble chaleureuse, ce gosse, enfin... ce gars plutôt est vraiment étrange finalement.

« Ne t’inquiète pas, ça va aller, je l’ai bien mérité celle-là. » Je parle bien sûr de la migraine. Attrapant son poignet pour le retirer doucement sans pour autant le lâcher, ancrant mon regard dans le sien. « J’ai dû avoir l’air pitoyable, même si ça ressemble à une excuse, je ne me soule pas tous les jours, mais merci de m’avoir aidé, je pensais que tu me détestais, peut-être que je me suis trompé. » Un sourire amical, je me relève quittant mon lit pour attraper un t-shirt posé sur ma commode, l’enfilant rapidement, je me tourne vers lui. « Il y a un moyen pour chasser ma gueule de bois aussi... Ma... » J’allais finir ma phrase quand un énorme bruit remplit la pièce, mon estomac semblait avoir décidé de parler à ma place, riant un peu gêné, je repris. « Manger ? »

Le monde prit le temps de changer sans lui demander son avis, évoluant au grès des saisons. Les fleurs se développaient, multipliaient leur nombre, nourrissaient les insectes avant de s'éteindre, un beau jour ayant donner la plus belle partie d'elle même. Il était temps de se refermer. Cette sensation, étrange, lui rappelait son enfance, joyeuse, amusante et confiante puis le trouble et enfin l'extinction petit à petit. Si ce n'était ses études, le lycéens ne s'intéressait à rien d'autre pas même à ses camarades de classe. Ses semblables ressemblaient à des extra terrestres dont il ne comprenait le fonctionnement, incapable de réagir comme il le souhaitait. Seulement ce sourire qui nourrissait son visage d'un teint radieux et approchable, sous couvert d'une âme beaucoup moins sympathique. La donne changeait cependant depuis qu'il avait découvert l'identité d'Ewon Bak la veille. Un choque de taille pour son petit coeur qui ne s'attendait réellement pas à le revoir un jour en chair et en os. C'était inespéré...

Son visage observait celui qui s'amusait de sa réaction disproportionnée mais honnêtement, il n'arrivait plus à contenir ses pensées, souvent censurées pour être certain de ne pas attirer l'attention ni les questions embarrassantes. Le voilà qui paniquait de voir la musculature d'un autre homme qui ne ressemblait pas à la sienne. Ses paupières se refermèrent automatiquement face à la honte qu'il ressentait mais que pouvait il y  faire ? Il n'avait pas encore digérer son identité ni même réussi à faire une transition correcte de sa silhouette de huit ans à celle d'un lycéen de dix sept ans. Pourtant, ils eurent déjà l'occasion de se changer dans les vestiaires du gymnase, avant et après le cours de sport. "Bien sur que j'en ai déjà vu mais " ce n'est pas la même chose avec toi ? Non il ne pouvait pas décemment lui révéler ce genre d'information qui porterait surement à confusion et là tout de suite, il n'était pas question de laisser une porte ouverte à une liste de questions potentielles à poser suite à sa réponse "Je préfère ne pas regarder c'est personnel." Une réponse qui n'avait pas grand sens mais qui restait correcte à ses yeux. Des mots qui furent cependant arrêtés lorsqu'il sentit son poignet pris au piège pour bloquer toute sortie possible de la pièce. Sa main tentait de se libérer doucement. Ses yeux dans les siens, il se sentit pris d'un malaise inexplicable. Son coeur s'était simplement serré d'entendre la fin de sa phrase. Un sens tout à fait approprié puisque depuis son arrivée, il l'évitait comme la peste dès qu'il en avait l'occasion."Ne t'excuse pas." Son visage s'était tourné sur les côté alors que ses doigts serraient plus fortement les draps du lit car il le savait, cet état fut occasionné par sa faute. Il en était le seul responsable. "Ah! je ne t'ai jamais détesté c'est juste que je ne suis pas doué pour me faire des amis." Ce qui n'était pas faux en soit. Comment se faire des amis lorsque ses activités extra scolaires se résumaient à faire des devoirs, exercices et lecture en solitaire ?

Un bruit sourd prit place dans la pièce, en provenance d'un ventre affamé. Le lycéen se mit à rire en l'entendant, incapable de se retenir. A croire qu'un loup ou bien un ours avait pris place à l'intérieur et réclamait son dût. Puisque l'invitation de partager un petit déjeuné venait de lui être proposé, il n'allait tout de même pas refuser l'invitation. "Oui mais seulement si tu me laisse t'aider."Linh Dan se laissa glisser jusqu'au rebord du lit. Lorsque ses pieds touchèrent le sol, sa silhouette se mit debout encore groggy du faible nombre d'heures de sommeil qu'il obtint cette nuit. Ses bras se tendirent vers le plafond tout en balançant son corps de droite à gauche pour s'étirer, les pieds toujours fixe sur le sol. "Mais je préviens d'avance, je ne suis pas le plus adroit avec les ustensile. D'ailleurs ca m'aiderait de connaître tes gouts" Comment placer subtilement une première question personnelle pour réapprendre à le connaitre. Linh Dan restait toujours torturé entre l'idée de tout lui avouer ou de conserver le secret. Plus il y pensait plus sa voix intérieure lui réclamait le silence le plus complet vu son état d'hier soir, il redoutait une rechute plus importante. Pour ses bras réclamait le serrer contre lui pour se réconforter dans l'idée qu'il ne l'avait pas perdu. Toutes ses sensations conflictuels lui rendaient la décision impossible. Il finit par se rapprocher de lui tout en lui donnant un coup d'épaule pour l'inviter à sortir de la chambre pour gagner la pièce commune au dortoir. La pièce, souvent bondé par la présence de ses colocataires, restait vide à cette heure de la journée. De quoi lui donner le sourire car une part de lui réclamait un peu de temps en tête à tête avec lui. "Céréales ? Miso soupe ? riz ?"Sans attendre une réponse, il chercha un verre dans l'un des placards et y ajouta de l'eau. Il le tendit ensuite au lycéen avec un sourire sur son visage. "D'abord le mal en point doit s'hydrater."

TENUE ⎐ Il était mignon à s’affoler pour si peu, je n’avais pas imaginé jusque-là pouvoir un jour être témoin de cette réaction et de ces expressions qu’il affichait alors qu’il me donnait toujours l’impression d’être plutôt maitre de lui derrière ses sourires. Mais j’aimais ce que je voyais, même si je ne comprenais pas forcément en quoi ça le gênait, si encore j’avais une poitrine et... Je comprendrais, bien que je chasse très vite cette idée totalement absurde de mon esprit. Finalement sa raison me laisse perplexe, je le fixe peu convaincu, pourtant je n’insiste pas, tout le monde a le droit d’agir comme il le souhaite, si me voir torse nu le dérange je ne vais pas le forcer à regarder, même si je pense être plutôt pas mal, m’enfin. Je finis par attraper cette main en tenant son poignet, le regard pour d’une certaine manière me justifier, bien que cela ne soit pas le but initial, pourtant j’avais réellement une raison pour être aussi minable, cette raison je la garde prisonnière dans mon cœur, aucun traitement, aucun docteur ne pourrait soigner le mal qui me ronge, le manque que je retrouve dans mes songes, cette douleur avec laquelle je cohabite depuis des années ne disparaîtra jamais, à mes yeux elle est la preuve que Shaka est là et a bien existé, même si le temps veut me faire oublier, je ne le laisserai jamais emporter mes souvenirs, que ce soit dans le passé ou dans l’avenir, Shaka aura toujours cette place en moi.

Laissant mes pensées solitaire et nostalgique de côté je prenais un tissu pour m’habiller, tandis qu’un doux sourire amical se dessine sur mes lèvres lorsque je l’entend répondre à mes doutes concernant ses sentiments à mon égard, rassuré je pensais réellement qu’il me détestait, après tout je dois être facilement haï étant donné mon comportement. Je ne suis pas méchant, mais mon côté quelquefois insouciant, dragueur et nonchalant a tendance à me mener à des endroits que je préférerais éviter.

Mon ventre choisit présentement ce moment pour se manifester, s’il avait pu tenir quelques minutes de plus je n’aurai pas eu à affronter cette gêne occasionnée devant le bruit assourdissant qui venait de raisonner, mais que pouvais-je y faire si mon estomac était impatient et moi affamé. Puis au moins il rit, bien que ça puisse être pris comme une forme de moquerie, ça reste une situation amusante avant d’être embarrassante. Je hoche la tête a sa condition.

« Pas de problème, ça ira plus vite à deux. » Comme disait mon père le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, bien que tout le monde dort encore, nous on était prêt à se préparer un bon petit déjeune digne de ce nom. Ouvrant la porte de la chambre, je réfléchis un instant à sa demande. « Mes goûts sont assez simples, bien que j’adore le pain ! » Oui c’est un peu hors contexte, quoique... « J’aurais dû en acheter, aah. Bon tant pis, j’irais après. » Il me faut ma baguette par jour, c’est vital. J’allume la lumière, les autres ne sont pas prêts de se lever, chaque matin je suis le premier debout et quoi que je fasse, personne ne sort de la chambre avant un moment, on avait donc encore du temps à passer en « privé ». Je tente de faire un choix entre ses propositions, mais avant d'avoir le temps de répondre il tend un verre d’eau dans ma direction. Je regarde sa main puis croisent son regard et son sourire en acceptant, le vidant d’une seule gorgée. « J’ai l’air si mal en point ? » C’est logique après une telle cuite, mais bon, j’étais serein. Riant doucement, je pose le verre sur l’évier. « Mais merci. » Un petit clin d’œil amical, je fouille dans les placards pour tenter de me décider... « Hum. Tu préfères quoi ? Je serai plus tenté par les céréales, mais ce n’est peut-être pas assez consistant pour mon estomac. » Attrapant une casserole je regarde Lin Dan. « On part sur du riz ? Tu t’occupes de ça et je fais les accompagnements ou inversement, tu préfères quoi ? » On s’adressait à peine la parole hier et aujourd’hui on cuisine et se parle naturellement... Les journées passent, mais ne se ressemblent pas et ce genre d’évolution ne me déplaît pas.

Partager le petit déjeuner un matin, alors qu'ils n'étaient que tous les deux dans la pièce ressemblait à une histoire improbable. Surtout qu'à la base, Linh Dan s'arrangeait toujours pour éviter celui qui invitait un nouveau visage toutes les semaines dans le dortoir. Il ne devait pas être le seul à s'en faire la remarque néanmoins chacun vivait sa vie comme il l'entendait. Simplement il devait être trop jeune pour jouer à ce jeux dangereux. Son instinct lui dictait d'être agréable au moins en apparence, ce qu'il faisait sans avoir à se forcer. Son premier geste fut d'offrir un verre d'eau puisqu'après avoir ingurgité trop d'alcool, le corps se desséchait rapidement. Les effets néfastes se visualisaient rapidement par un mal de crâne incontrôlable, la gorge sèche et le manque de réflexe. Ce n'était sans doutes pas les seuls effets secondaires mais il ne connaissait que ceux là ce qui n'était pas si mal. "Tu veux la vérité ou ?" Car au final il était prêt à dire que l'information se lisait facilement sur son front mais n'osa pas rentrer dans ce petit jeu. Il se sentait encore mal à l'aise, de peu d'être lu comme dans un livre ouvert ou de donner une expression qu'il utilisait usuellement lorsqu'ils étaient enfants. Ce qui rendrait les choses plus compliquées. Il utilisait donc toute son énergie à réfléchir à chaque phrase qu'il prononçait pour éviter tout dérapage incontrôlé. "La prochaine fois, limite la consommation d'alcool si tu ne veux pas finir par dormir dans le couloir."

Côté petit déjeuner, le blondinet préférait la mode japonaise plus facile et rapide à préparer puisqu'il s'agissait d'un bon de riz et d'un bol de soupe miso qui se faisait généralement en grand volume. Mes ses goûts se changeaient en fonction de ce qu'il trouvait sous la main pour le matin sans avoir à passer une demi heure devant les fourneaux. D'ailleurs, il manqua de s'étouffer lorsqu'une casserole lui fut tendue en guise de récipient pour faire chauffer le riz. Ses yeux s'étaient écarquillés en grand avant de se fermer alors que des gouttelettes d'eau salées coulaient au coin de ses yeux. Il n'était pas triste, au contraire mais l'action était tellement innocente qu'il ne sut quoi répondre. Si bien qu'il attrapa la casserole pour la ranger à son coin d'origine. Son index pointa ensuite une machine au coin de la cuisine commune appelé "autocuiseur de riz". Il suffisait de mettre de l'eau dans le réceptacle prévu à cet effet, avant d'ajouter la bonne dose de riz. Les étapes furent suivies à la lettre, le réceptacle en plastique, rempli d'eau du robinet, les grains de riz déposés dans le compartiment adéquate et le bouton "start" enclenché. "Pour le riz c'est bon. Nous avons vingt minutes devant nous pour préparer le reste."

Ce qui s'apparentait à un temps plus que large vu qu'ils étaient deux en cuisine pour préparer le reste. S'ils mettaient la main à la pâte, ils réussiraient à en faire suffisamment pour les autres marmottes. Il n'avait cependant pas répondu à une question précédente. "Je préfère les petits déjeuner japonais. Ca tiens au corps et me permet de résister jusqu'à midi. C'est également moins long à préparer. Et donc tu es un mangeur de pain ? Comme les français ? Tu as vécu la bas peut être ?" Un de ses sourcils s'arqua aussitôt même si de plus en plus de japonais en consommait régulièrement, pour preuve du développement des boulangeries dans la capitale."Tu t'occupes d'aller chercher du pain et je prépare le reste du petit déjeuner. Ca te va ? Sauf si tu as peur de te faire empoisonner ? C'est un risque à prendre" et non des moindre. Il ne se débrouillait pas si mal que ca mais d'habitude il cuisinait pour lui alors même si les début furent ratés, ca n'avait pas d'importance, seul son propre estomac encaissait le coup. Au programme, bol de riz, soupe miso, algue, omelette japonaise et s'il lui reste un peu de temps et du thé vert. Un beau challenge en perspective.

TENUE ⎐ Je ris simplement en cachant mon visage avec la paume de ma main, la hochant lentement pour souffler sans le regarder. « Si tu dis ça, c’est que c’est pire que je le pensais. » Je me doute qu’après avoir bu, autre que mon énorme mal de crâne que j’essaie de surmonter par habitude, mon corps en afficher les séquelles. J’avais bien trop bu et je pourrais surement le regretter pourtant je ne le ferai jamais, boire n’est pas une bonne chose et il est rare que je me laisse emporter dans ce visse, mais ça m’avait permis le temps de quelques heures de ne pas penser à cette journée du passé. Puis un nouveau jour est arrivé, bien que le soleil ne soit pas encore levé, les huit ans étaient maintenant officiels et cela ne me faisait pas me sentir mieux pour autant. À sa prévention j’ose le regarder simplement avant de m’adosser au meuble l’air calme et serein.

« Je te l’ai dit, je ne bois pas tous les jours, il y a juste des exceptions. Mais t’inquiète pas, la prochaine fois j’essayerai de rentrer de manière plus discrète et de finir dans mon lit direct ! » Pour le petit déjeune r il faut croire que je suis du genre à faire les choses à l’ancienne... élevé à la dur, on n'a pas d’autocuiseur chez moi, mais je vois bien a son expression que ça l’a surpris et qu’il se moque surement de moi là tout de suite ! Mais... C’est bien aussi les casseroles, enfin je vais éviter de disserter sur le sujet et me contenter de faire comme il l’a proposé. Je hoche la tête pour approuver et j’en profite pour me servir un autre verre d’eau, ma gorge était encore sèche et piquante... Pas très agréable surtout pour parler ou avaler. Une fois terminé je le rince et le pose sur l’évier avant de rejoindre mon camarade à la table, l’écoutant parler et me questionner je souris gentiment.

« Tu n’as pas tort, même si je reste fidèle aux plats coréens, je n’ai jamais vécu en France, mais j’adore le pain. » Je m’étire dans un bâillement mérité avant de rire à sa remarque. « J’ai l’estomac résistant je pense, au pire j’attendrai que tu manges en premier pour être sûr qu’il n’y a pas de danger. » Je tire la langue amusé, avant de me diriger dans ma chambre pour attraper une veste et mon casque.

« J’y vais en scooter ça devrait être rapide, je risque d’avoir faim en revenant~ » Façon de dire « dépêche-toi de tout préparer » héhé. Un salut de la main automatique, j’enfile mes chaussures et quitte le dortoir, marchant dans le couloir désert à cette heure-ci. Il m’a fallu cinq minutes pour arriver à l’emplacement de mon deux roues, je me donne deux claques par sécurité et démarre en mettant ma protection. Quelques minutes plus tard j’arrive devant ma boulangerie préférée. Ils me connaissent ici, client régulier ça paye. Tapant la discute un instant, je finis par prendre mes baguettes et quelques gâteaux et viennoiseries, j’aime les personnes qui proposent des « produits » étrangers. Donnant l’argent, je retourne au dortoir tranquillement, le sachet dans une main et le pain dans l’autre, je pousse la porte pour la refermer avec le pied.

« C’est moi ! » Sans déconner... Je pose tout sur le meuble du salon le temps d’aller jeter la veste sur mon lit. « Alors tu as tout préparé, le riz devrait être prêt non ? » Moi impatient ? Noon, juste mon ventre qui se meurt assurément. M’installant à une des nombreuses places libres, j’attrape la bouteille d’eau pour boire plusieurs gorgées, complètement assoiffé, décidément. « Ah, tu as fais du thé ? » Ça c’était une bonne idée. « En tout cas, ça à l’air mangeable » le taquinais-je alors en le regardant d’un air peu innocent.

Ca le rassurait d'entendre que boire de façon disproportionnée n'était pas dans ses habitudes. L'alcool s'avérait une drogue et un poison radical pour le corps. Et il n'était pas question de le laisser s'enliser dans ce genre de problème. Puisque l'expression qu'il portait sur son visage semblait sérieuse, il ne posa pas plus de questions sur le sujet et fini par discuter de petits déjeuner. Qui n'aimait pas manger ? Le petit déjeuner restait le repas le plus important de la journée alors la débuter sur une fausse note n'était pas envisageable. Pas de séjour à Paris ? Un petit sourire glissa sur ses lèvres avec malice lorsque le mot "coréen" arriva dans la discussion. Il était difficile d'oublier ses racines, le parfum des différents plats préparés par sa mère et le goût unique d'une recette transmise de génération en génération. Linh Dan n'avait pas eu l'occasion d'en apprendre les rouages. Un secret de famille perdu dans l'oubli mais il s'occupait très bien du thé. Et pour cause, son père lui réclamait souvent de lui en servir une pour se relaxer après une journée de travail bien remplies. Ravi de pouvoir aider sa mère qui multipliaient les tâches de la maison, il trouva là un moyen de se rendre utile. "Un petit déjeuner coréen hein ? Ce matin ce sera plutôt un mélange français, japonais car je ne sais préparer que les plats japonais rien de plus." Il lui tira la langue en guise de réponse à ce même geste. "Et je peux goûter ma propre cuisine, je suis immunisé depuis longtemps." Longtemps, longtemps, ca ne faisait qu'un an que l'adolescent se mettait véritablement à apprendre à cuisiner de peur de se retrouver seul sans savoir comment cuir du riz en colocation et finir comme un sac d'os affamé non par manque de moyen mais plutôt par incompétence.

Puisque le champ semblait être libre après un claquement de porte qui signifiait un départ vers l'extérieur, le blondinet ouvrit la porte du réfrigérateur à la recherche des ingrédients dont il avait besoin. Des oeufs, des tomates, aubergines, tofu, algue, sauce soja, de quoi lui permettre de réaliser tous ces petits plats en un temps record ou presque. L'oeuf fut cuit dans le vinaigre, l'omelette à la japonaise, tournée avec des baguettes, l'eau mit à bouillir avec différentes feuilles de thé et un petit ingrédient secret - le citron pour amener de la fraicheur - et les légumes découpées puis cuit dans une autre poêle pour les faire fondre comme neige au soleil. Au final, il n'avait toujours pas terminé que son colocataire était de retour les bras bien chargé. Visiblement ce ne fut pas pour lui déplaire car ravi de le voir, il se tourna pour se retrouver dos visible et sourire comme jamais de pouvoir partager ce type de routine avec lui. "Tu pensais inviter du monde avec tout ce que tu as pris ?" Son nez se fronça, incapable de répliquer ce qu'il mourrait pourtant d'envie de lui dire - je ne te suffis pas ? mais là encore sans donner le contexte, la phrase aurait pris une autre tournure. "Le riz est prêt, les autres plats également et plus que deux minutes pour le thé."Ses sourcils se froncèrent aussitôt au vu du commentaire sur le résultat de son dur labeur. Il fit semblant de placer ses mains autour de son cou mimant un étranglement qui serait mérité. "si tu ne veux pas en manger, ca en fera plus pour moi" et sur ces paroles, Linh Dan s'empara de plusieurs bols qu'il alla installer sur la table. Il réapparut une nouvelle fois en cuisine pour récupérer des baguettes, deux grands bols pour le thé vert, et le riz partagé en deux portions à peu près identiques qu'il déposa avec les autres. "Est ce que tu peux rapporter la théière ? " enfin il l'espérait. Ce serait bien la première fois depuis des années qu'il en raterait un. Il se comporterait presque comme une mère poule ... non mais certainement pas. Son visage se secoua dans tous les sens pour faire partir cette idée saugrenue. Ses mains se joignirent, baguettes enfermées entre les deux paumes avant que ses paupières ne se ferment et son visage ne se baisse "Itadakimasu " Il était temps d'attaque non ? Sauf qu'il manquait surement quelque chose ? Mais oui de quoi agrémenter le pain non ? Il n'était vraiment pas doué pour les petits déjeuner occidentaux. Baguette positionnée comme il le fallait, il engloutit - et c'était peu dire - son bol de riz en un temps record. "Cha fait comhien de tomps que tu vis au japo ?" une phrase dire en mâchant des grain de riz qui signifiait "ca fait combien de temps que tu vis au Japon ?"

TENUE ⎐ « Ne t’inquiète pas je m’en contenterai sans problème » après tout je suis habitué à manger des petits déjeuné japonais maintenant, depuis que mes parents ont quitté la Corée après l’enlèvement de mon ami je suis presque comme un poisson dans l’eau ici, ça me manque souvent et je n’oublie pas qui je suis ni d’où je viens, mais j’ai passé presque huit ans au Japon, les marques sont venues rapidement depuis, même si les débuts furent difficiles. Puis y a pas à dire les repas asiatiques sont bien consistants où qu’on soit ce qui arrange pas mal quand on est des adolescents encore en pleine croissance, c’est ce que les parents s’amusent souvent à rabâcher, enfin... Peut-être pas les miens, il faut dire que mon père a parfois tendance à oublier que je n’ai que dix-sept ans. Je l’embête un peu, mais au fond je ne suis pas difficile en nourriture et mon estomac est plutôt solide donc je ne vais pas mourir empoisonné haha, ce serait le comble quand même ! En guise de réponse j’avais simplement gardé mon sourire, avant de quitter le dortoir pour aller chercher le pain. J’avoue que je suis partie dans un état limite, j’ai dormi, mais j’ai encore cette tenace gueule de bois, pourtant j’ai roulé sans peine jusqu’à la boulangerie où j’ai acheté le pain et d’autres gourmandises en option, surement un peu trop, mais c’est l’habitude. Revenant à notre chambre assez rapidement, le temps de faire un aller-retour. Lin Dan semblait préparer quelque chose quand je suis rentré, mais le repas semblait prêt, ça tombe bien mon estomac affamé n’hésite pas à s’imposer. À la question du blond je regarde le sac que j’avais rapporté.

« Ah, j’en ai pris trop tu crois ? Je mange beaucoup, je ne peux pas résister quand je vais là-bas, mais on peut très bien manger tout ça à deux ! D’habitude je me les tombe tout seul~ » Normal quoi, je n’avais même pas pensé à partager avec les autres membres du dortoir, mais je suis généreux donc ça ne me dérangerait pas non plus qu’ils se servent, je ne vais pas pleurer pour quelques viennoiseries en moins. « Je ne savais pas que tu savais faire le thé, en fait je ne sais pas grand-chose faut bien l’avouer. Mais s’il est bon je pourrais te demander de m’en faire plus souvent ! » C’est bon et reposant, puis j’aime l’odeur que ça dégage me rappelant certaine arômes du passé. Je n’oublie pas de faire une petite remarque sur la nourriture exposée sur la table, sentant déjà ses mains m’étrangler, riant simplement devant cette adorable réaction. « Ahaha je plaisante et je ne compte pas te laisser tout manger, puis si je mange pas je vais mourir de toute façon, alors~ » Je lui tire la langue, faisant passer un nouveau message, mais au fond je ne peux pas nier qu’il a géré, découvrant une nouvelle facette de sa personnalité.

Je le regarde s’éloigner pour poser les bols et à sa demande je ramène la théière jusqu’à lui en la posant sur la table. Assis à une place en face de Lin Dan je suis le mouvement pour joindre mes mains répétant à mon tour « Itadakimasu ! » impatient de commencer, cassant rapidement mes baguettes en deux pour prendre une grosse portion de riz dans ma bouche, mâchant comme un affamé avant de soupirer, ça fait du bien ! Mais le blond n’était pas en reste et son bol descendit aussi vite que le mien, des grains sur le coin de ma bouche tel un morfale, je l’écoute en essayant de déchiffrer ses mots, avalant ce que ma bouche contenait pour répondre.

« Un peu plus de Sept ans. Presque huit en fait. » Je n’aimais pas vraiment parler de cette période vue les causes qui avaient poussé ma famille à déménager, mais je n’étais pas fermé face à mon passé, je ne veux pas cacher Shaka dans un coin pour l’oublier, même si ça restait un sujet qui m’était personnel et encore difficile à aborder, au fond j’espère peut-être encore qu’il soit vivant quelque part et non pas seulement dans ma mémoire.

« Et toi, tu sembles passer beaucoup de temps à étudier, d’ailleurs tu n’aimes pas vraiment sortir je me trompe ? Je te vois toujours repousser les invitations de nos camarades quand ils te proposent de les rejoindre. » C’est vrai que je ne l’avais jamais vu accepté jusque-là, mais il devait surement avoir ses raisons, on en a tous après tout.

De la nourriture, il y en avait à foison. A croire que les deux lycéens avaient pour but d'inviter tous leurs colocataires voir l'étage entier mais puisqu'ils avaient faim, que leurs os étaient en pleine croissance, il leur fallait bien de quoi rendre leur estomac silencieux pour au moins quatre bonnes heures. Le repas suivant n'allait pas débuter avant midi et plus encore. "Tu manges autant ?" La révélation sur la quantité de nourriture qu'il pouvait ingurgiter le surpris. Et il mettait où toutes ces calories en puissance ? Le Japon était réputé pour ses petits déjeuner copieux mais sain pour la santé. Il comportait les vitamines et autres nutriments nécessaires dans la journée. D'ailleurs, son ventre commençait à réclamer fortement son dû et il n'allait pas se remplir tout seul. Après avoir installé la table pour pouvoir enfin manger le petit déjeuner, Linh Dan observa quelques minutes les différents plats qu'il venait de cuisiner. Certain d'entre eux comportait des traces de sur cuisson plus communément appelées, cramé. Mais souvent retourné du bon côté, les condiments paraissaient comestibles. "Si tu aimes le thé, je pourrais éventuellement en refaire seulement si tu fais le petit déjeuner" et oui, à charge de revanche. Pas question cette fois ci d'aller au plus simple en achetant de quoi manger copieusement à la boulangerie la plus proche. Il préférait le fait maison qui lui manquait un peu. Et ca ne faisait pas une année qu'il vivait en cohabitation avec ces parfaits étrangers...enfin sauf un. Quoiqu'il semblait différent d'une certaine manière.

Bien installé sur sa chaise, le blondinet n'attendit pas le top départ pour gober son bol de riz. Il fit pratiquement de même avec l'omelette japonaise. Ce qui ne l'empêchait pas pour autant de poser des questions à celui qui lui faisait face. L'idée de venir au Japon n'était pas mauvaise, c'était plutôt le pourquoi et à quelle période qui lui échappait. Peu commode lorsqu'il posa sa question, la bouche pleine, il espérait entendre une année ou deux pas plus. Cependant, le chiffre qui lui fut donné arrêta net ses baguettes. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre que son départ fut réalisé juste après son enlèvement. "Presque huit ans hein?" Sa question, à peine audible fut soufflé comme pour se parler à lui même. Ses baguettes furent soumise à plus de force et finirent par céder sous la surprise de son détenteur. "Ah.. ce que je peux être maladroit parfois. Je vais en rechercher d'autres" Sa silhouette se leva de table, affichant un faible sourire sur ses lèvres avant de lui tourner le dos pour se rendre dans la cuisine à la recherche d'un nouveau moyen pour continuer son alimentation. Au final, la faim l'avait quitté comme l'envie de poursuivre ce genre de question. Finalement, le tiroir du haut fut ouvert pour en récupérer une autre paire de baguette. Il tapota ses joues pour se donner du peps et du courage. "Allez Linh Dan", avant de reprendre le chemin de sa place. "Je serais encore plus efficace avec celles ci. Tu disais ? Ah oui les invitations." Il était certain que de sortir ne faisait pas partie de ses habitudes, il préférait simplement étudier pour pouvoir ensuite vivre une vie normale sans avoir à trimer tout le reste de sa vie pour rattraper son retard. "Je ne suis pas très à l'aise avec beaucoup de personnes. Je me sens vite étouffé. Je manque d'air et c'est la crise. Je suis claustrophobie. Ce n'est pas une maladie incurable c'est juste que pour éviter que des crises se déclenche, je préfère être seul tu vois ?" Les paroles avaient du sens bien qu'il ne comprenait pas très bien pourquoi il lui révélait cette partie de son caractère, sa phobie, celle qui dérange souvent par son incompréhension. Linh Dan avait surtout confiance en Ewon Bak. "Vu mes notes j'ai besoin d'étudier, beaucoup étudier si je veux réussir les examens d'entrée à l'université. Tu ne penses jamais à la suite de tes études ? Ce que tu aimerais faire plus tard ?" Si une potions de jeunesse éternelle pouvait exister, Linh Dan l'avalerait peu importait les conséquences. Grandir faisait peur, devenir adulte encore plus.

TENUE ⎐ « Je suis en pleine croissance ! » Dis-je pour ma défense, mais il est vrai que j’aime manger, surtout les bonnes choses cela va de soi. Je pourrais me gaver des produits de cette boulangerie en longueur de journée, parfois je fais le chemin juste pour acheter un petit truc à me mettre sous la dent alors que j’ai de quoi à disposition, je ne suis pas difficile juste légèrement gourmand. Installé à notre table prêt a tout dévorer je n’allais pas relever les petits endroits de sur cuissons, le cramer n’allait pas nous tuer et j’étais déjà sur le point de planter mes baguettes dans chaque petite assiette pour gouter à tout ce qu’il avait préparé, n’oubliant pas de parler du thé. Je suis plus boisson gazeuse, mais le soir ou pendant les repas un thé bien préparer c’était vraiment le top, autant le gout que la douce odeur, passant doucement dans tout l’organisme pour faire un bien fou et apaiser doucement, on dirait un vieux quand je pense ainsi, mais qui n’aime pas le thé, sérieux ?

« Ok, mais s'il y a plus de « cramer » que dans tes plats faudra pas te plaindre ! » Je lui fais un clin d’œil amical, puis j’aimais cuisiner les choses à l’ancienne, donc il faudra qu’il me laisse faire comme j’en avais l’habitude s'il espérait que son estomac mange un repas comestible. Commençant tranquillement à manger, hier encore je n’aurais pas imaginé partager mon petit déjeuner avec Linh Dan. Un sourire devant cette pensée quand finalement il me questionne sur la durée de mon séjour au Japon, le temps passe vite malheureusement et parfois j’ai l’impression d’y avoir presque toujours vécu, les années en Corée furent les plus belles de mon existence grâce à la présence de Shaka, mais les choses ont changé, depuis que j’ai quitté mon pays natal, je reste pourtant accroché à l’idée d’un jour y retourner, de revoir ce parc et nos amis du passé, nos maisons l’une en face de l’autre, les rues qu’ont arpentées chaque jour en s’arrêtant parfois à l’épicerie du coin qui nous donner des bonbons, on était des enfants inséparables et chaque jour étaient agréables. Un sourire nostalgique prend place sur mon visage sans que je ne le remarque, cette période me manquera toujours peu importent les années passées, c’est comme une vie « inachevée » quelque chose que je ne pourrais jamais terminer et qui restera toujours en suspens.

Le bruit de baguettes qui cassent me surprend et je lève le regard vers mon colocataire pour sourire à cette « maladresse » je ne faisais pas le rapprochement avec ce que je venais de lui avouer car pour moi la vérité était encore dissimulée. Hochant doucement la tête, je le laisse se lever en continuant de manger plusieurs bouchées. Finalement il revient et répond à mes questions à son tour, je me demandais encore pourquoi il refusait chaque invitation n’acceptant jamais les mains qu’on lui tendait pour se lier d’amitié, mais plus je l’écoutais et plus j’étais surpris qu’il se dévoile ainsi, tout en étant touché aussi.

« Tu t’es retrouvé enfermé ? » Je remarque que ma question était peut-être trop indiscrète, soudaine et personnel, mais c’est souvent ce qui arrive aux personnes atteintes de cette phobie et bizarrement je pense encore à Shaka... Qu’a t-il subit quand on l’a enlevé, que lui ont-ils fait ? Mon cœur se serre à chaque pensée, chaque année j’espère pouvoir surmonter toutes ses questions et tourner cette page pour ne plus m’en poser, mais un simple élément me remémore les faits, je suis prisonnier moi aussi, prisonnier dans le temps, prisonnier du passé et personne ne semble capable de m’en délivrer, je peux vivre sans y penser, mais jamais je n’oublierais. « Désolé, tu n’as pas besoin de répondre, tu m’en as déjà dit assez. » Je lui offre un sourire amical, je ne veux pas le forcer ou le mettre mal à l’aise avec ma curiosité mal placée. « Tu semble à l’aise avec moi. » Dis-je un sourire rassuré. « Je pourrais t’aider si tu veux, je me débrouille pas mal, donc si tu as besoin d’aide demande-moi. » Je ne suis pas un génie ni un intello, mais ma vie « organisé » fait que je me suis toujours débrouillé pour garder un bon niveau dans tout ce que j’entreprends, même si j’ai souvent détesté les méthodes draconiennes de mon père, ça a fait de moi ce que je suis. D’ailleurs il me pose une bonne question et automatiquement je réponds. « Je voulais entrer dans l’armée ! » Je pose mon regard dans le sien, quittant mes baguettes sur la table pour me tourner un peu plus vers lui. « Mon père est général et j’ai vécu toute ma vie dans cette dynamique. Mais je préfère une vie plus « simple » un métier modeste et une famille tranquille. » J’étais un gars sans grosses ambitions au final, j’aime beaucoup de choses, je suis doué dans plusieurs domaines, mais je n’aime pas m’en vanter, préférant garder les pieds sur terre, après tout qui sait de quoi demain sera fait ?

La proposition du thé se finissait par celle d'un petit déjeuner offert fait maison qu'il n'était pas question de partager avec d'autres pic-assiettes alias ses autres colocataires. Ce serait son moment à lui et rien de plus surtout qu'il était à présent persuadé qu'un repas coréen lui serait servit plus que japonais ou français d'ailleurs. Ce retour en enfance serait accueillit les bras ouverts par un lycéen qui restait souvent scotcher des années en arrière dans sa tête, comme une bande passante qui ne cessait de tourner en boucle pour lui rappeler toutes les péripéties qui se succédèrent dans sa vie. Un mal pour un bien puisqu'il persistait de très bons moments qu'il souhaitait retenir le plus longtemps possible à défaut de pouvoir regarder les photographies qui lui prouvaient la véracités de ses propres images. "Ce n'est pas grave, je mangerais quand même." Ce n'était pas faute de penser à sa santé mais il n'allait tout de même pas laisser cette chance s'échapper. Quoique la suite de la conversation glissa sur le terrain en pente raide qu'il aurait sans doute était préférable d'éluder et pourtant, Linh Dan choisit d'y répondre le plus sincèrement possible vu qu'il connaissait très bien la cause de ses refus et ce n'était pas son aversion pour le genre humain qui le motivait mais plutôt sa phobie, encore ancrée dans sa personnalité. Il travaillait d'ailleurs sur le sujet avec son thérapeute, afin de progresser et retrouver une vie à peu près normal comme tous les jeunes de son âge. Mais les phobies ne se guérissaient pas si vite. les médicaments n'auraient aucun effet sur ce mal. Il ne lui restait plus qu'à prendre son mal en patience.

Ou presque. Visiblement son explication venait tout juste d'ouvrir une porte qui aurait dû être refermé. A sa remarque sur l'enfermement, Linh Dan resta stoïque et silencieux à la recherche d'une cause probable sans pour autant avoir à mentir. Il se refusait à être cet ami de l'ombre menteur à l'extérieur, honnête à l'intérieur. Il ne voulait pas lui réserver le même traitement que les autres jeunes de leur âge, enfin plus maintenant puisqu'il connaissait son identité, plus que son nom et son prénom. Faute d'avoir une réponse convenable, son visage fit un signe du haut vers le bas pour acquiescer et changer de sujet de conversation. Un plus joyeux bien évidemment. "Je ne suis pas ... si à l'aise que ca. J'essaie juste d'apprendre à te connaître" Ou plutôt de réapprendre à le connaître que ce soit dans les petits détails de la vie quotidienne, ses chansons favorites, ses plats habituels, son style vestimentaire, le nombre d'amis qui l'entourait, si ses parents allaient toujours bien même s'il était évident qu'il ne les voyait pas si souvent que ca sauf qu'il refusait catégoriquement de le voir l'aider sans ses devoirs. Si bien qu'à la suite d'une inspiration, ses mains se posèrent violemment sur la table accompagné d'un "NON!" sec et froid qui furent tamisé par une expression fuyante et des excuses en bonnes et dues formes. "Désolé je ne voulais pas ... C'est juste mon combat." La crainte de le voir fouiner dans ses affaires ne l'aidait pas à accepter l'idée d'une aide sur ses devoirs, ni même le fait de devoir expliquer pourquoi il reprenait trois années en arrière, les différentes matières qu'il balayait. De plus, par habitude, les élèves possédaient deux, trois, quatre matières maximum qui les attiraient vers le bas tant l'incompréhension était présente mais dans son cas à lui, toutes les matières sauf une était touchée. De quoi attiser les questions pointilleuses qui finiraient par mettre à mal son identité.

"Oh l'armée ?" Il sentit son regard poser sur le siens sans s'en détacher affichant un sourire amicale en écoutant son ton passionné. Il semblait toujours  porté sur l'armée quoique sa perspective d'avenir le surprenait. Une vie simple, une famille. De nombreuses personnes pensaient déjà au mariage dès leur plus jeune âge, dans l'espoir de fonder une famille rapidement pour coller au code japonais. Les femmes restaient le plus souvent au foyer pour s'occuper des enfants tendis que les hommes travaillaient tous les jours dans l'idée de rapporter de quoi nourrir et avoir un toit pour toute sa tribu. Un rêve dont il ne partageait pas les valeurs mais qu'il pouvait comprendre sans que ca ne lui demande de réels efforts. "Tu as un père général ? Ca n'est pas trop stricte ? Les règles à suivre ? J'ai vu un reportage où les soldats sont conditionnés à plier leurs vêtements dans un sens, faire leur lit, gérer le nettoyage et à courir quarante kilomètres par jour. Je n'y survivrais pas alors quand je pense au service militaire obligatoire avant trente ans." Il n'en oubliait pas les règles liés à sa nationalité. Il avait encore le temps d'y penser. Par contre pour le sujet "famille", il aurait apprécier conserver la sienne mais n'était pas le plus malheureux au monde dans sa nouvelle. Ils étaient juste, encore des étranger à ses yeux mêmes deux années après. "Et alors combien d'enfants ? de chats ? de poissons rouge ? en perspective." Glissa t'il amusé par l'idée même de penser à tous ces détails avant d'avoir la moindre visibilité sur l'avenir.  

TENUE ⎐ « Bien je te prends aux mots alors ! » Un sourire satisfait, je profite de ce repas qu’on partage pour tenter d’en savoir plus lui, une part de moi était curieuse à son propos, même si je ne pourrais jamais être proche de quelqu’un comme je l’ai été de Shaka, c’était impossible, personne n’arriverait à détrôner sa place, que ce soit dans mes souvenirs ou dans mon cœur, il en détient une grande partie bien qu’il ne le saura jamais, puis finalement il me parle d’une phobie tout en m’expliquant les raisons qui le poussent à rester à l’écart, seul et a donc refusé les invitations qu’il reçoit quotidiennement ou presque. J’ai l’impression qu’il est à l’aise avec moi, même si j’ai quand même posé une question qui a dû le mettre mal à l’aise, mais son geste de la tête me suffit et je ne veux pas l’emmener plus loin sur ce terrain glissant. Je veux le connaitre, mais ma curiosité n’est pas présente au point de le forcer à me détailler chacune de ses pensées ou ce genre de choses déplacé. Il m’avoue en clair que c’est son envie de me connaitre qui lui permet de communiqué avec moi, je ne sais pas pourquoi il voudrait en savoir plus sur moi alors que jusque-là on ne s'est pas adressé la parole, puis il m'avait semblait qu'il ne m’apprécier pas surement à cause des filles que j’ai ramenées ici ? Qu'est-ce qui a changé entre hier et aujourd'hui?  Je ne sais pas...

« Je suis content que tu veut en savoir plus sur moi, même si je ne pense pas être très intéressant. Mais si tu as des questions hésite pas à me les poser, j’y répondre aux mesures du possible pour satisfaire ta curiosité ~ » La conversation en étais venu à ses devoirs et c’est sans arrière-pensée que j’ai proposé mon aide, je ne m’attendais pas à ce qu’il tape sur la table et rejette mon « offre » aussi violemment, me surprenant par la même occasion, mes yeux le fixant essayant de comprendre un minimum ce qui se passe. « P... Pas de problème, désolé je ne voulais pas t’énerver ou te forcer à accepter mon aide, promis je ne le ferais plus ! » Dis-je en lui offrant un sourire rassurant, je n’allais pas m’arrêter à ça, il devait avoir ses raisons et si c’est son combat, alors je n’ai aucun droit de m’immiscer dedans.

Je lui parle alors de l’armée, je ne cache pas que j’adore ça, de toute façon dans ma chambre s'est rempli de choses prouvant mes passions, même s’il n’a pas dû y faire attention, j’ai beaucoup de livre, de statuettes, même de vêtement à l’effigie de l’armée, j’ai aussi des maquettes d'avion, je suis un passionné ! Des tas de choses concernant les tsunamis sur mon ordi, j’aime des choses qui sortent un peu du commun, mais ça fait ce que je suis.

« Je pense qu’aux yeux de mon père je suis plus un de ses soldats que son fils, mais je suis habitué depuis le temps, ça a toujours été ainsi. » Après tout je ne pouvais trouver du réconfort et de l’affection que dans les bras de Shaka à l’époque. Même si j’ai grandi depuis. « J’ai suivi un entrainement militaire, c’est pour ça d’ailleurs que je suis assez organisé, presque maniaque, ce n’est pas par choix, plus par habitude. Si jamais tu as besoin de moi, je suis levé tous les jours avant 5 heures, c’est ma routine, donc n’hésite pas à venir dans ma chambre si jamais. » Un autre sourire amical, je le tenais simplement informé, je n’avais aucune arrière-pensée quelconque. « Tu as encore le temps avec le service militaire, puis nous avons le même âge, si l’occasion se présente on ira ensemble, je ne sais pas de quoi est fait le futur, mais si tout va bien tu pourras compter sur moi~ » Je pouvais paraître un peu trop amical, mais j’étais juste... gentil au fond et puis il me donnait envie de le soutenir, il n’y avait aucun mal dedans pas vrai ?

« Je ne sais pas, tout ce que je veux c’est une vie tranquille, peut-être suis-je fainéant. Mais j’aimerai lever le pied tout simplement. On verra ce que le destin me réserve ! Et toi qu’est-ce que tu me racontes ? »

La culpabilité d'avoir était aussi brusque le prenait tout à coup alors qu'il venait tout juste d'obtenir une réponse positive pour satisfaire sa curiosité et avoir le droit de poser des questions à son sujet. Mais il n'était pas question de le laisser s'immiscer dans la partie encore sombre de sa vie, celle de devoir combler les années dont il fut privé par un psychopathe. Il ne voulait pas se montrer sous son mauvais jour mais sa réaction s'avérait disproportionnée si bien que son visage s'inclina pour s'excuser. C'était le minimum requis dans pareille situation mais que dire de plus ? Car aujourd'hui, il espérait ne pas faire de boulette sur son passage ni créé un fossé encore plus grand entre eux; Au contraire, il espérait le diminuer autant que possible tant sa présence à Tokyo lui faisait plaisir. Il le retrouvait enfin, son double, son frère siamois, celui avec qui il passait le plus claire de son temps lorsqu'ils étaient enfants. C'était son centre d'intérêt préféré. Pas besoin de réfléchir durant des heures sur des activités après l'école puisqu'ils s'organisaient toujours des activités au pieds levé. C'était cette alchimie qu'il espérait retrouver. "Non non je me suis emporté trop vite. Désolé." Un sujet rapidement expédié pour être remplacé par un autre. Visiblement sa vie n'avait pas beaucoup changé et ce fut un sourire compatissant qui lui fut offert dès la première remarque sur ce père, souvent absent, autoritaire, lié à son éducation militaire et pourtant il arrivait toujours à être prévenant, même en face d'un étranger ...

Linh Dan se retenait fortement de le serrer dans ses bras, de pouvoir lui offrir un peu de réconfort, comme il avait l'habitude de le faire. Au lieu de ça, son regard restait ancré dans le sien tout en buvant toutes ses paroles pour en apprendre toujours plus à son sujet. Il était donc réveillé si tôt que ca ? Cette simple donnée eut pour conséquence un plissement de nez rapide. "Pour la santé, c'est important d'avoir un minimum de sept heures de sommeil par nuit." Ce n'était surement pas sa place de dire ce type de remarque, aussi, il ajouta. "C'est noté. Si jamais je fais de nuits blanches ou me réveil tôt, je passerais par ici." Et ce n'était pas une promesse en l'air. Tant pis si ce fut dit par sympathie, il le prendrait au mot.... il semblait vraiment trop gentil envers ses semblables, un peu trop face à quelqu'un dont il ne connaissait que le nom ce qui l'inquiétait forcément. Si aider les autres devenat un hobbies, de nombreuses personnes malveillantes pourraient profiter de cette gentillesse pour le rouler dans la farine. Aucun mot de protestation ne fut dit mais il n'en pensait pas moins. Son visage se contenta d'acquiescer à sa proposition de réaliser leur service militaire ensemble. Le lycéen l'espérait tellement qu'un large sourire s'afficha sur son visage et ses yeux brillaient déjà de pouvoir partager ensemble cette expérience. "Vivre au jour le jour ?" Il tentait de comprendre pourquoi il voulait juste lever le pieds et ne pas avoir de projet en vu.

"J'aimerais finir mon livre en moins de huit mois afin qu'il soit commercialisé dans un an. C'est juste que j'aime l'écriture, ca me permet de m'évader." Un livre autobiographique sans que son nom n'apparaisse pour relater de son expérience sur l'enlèvement et la peur qui en découle. Il n'était pas le seul à avoir vécu cette expérience traumatisante dans le monde et trouvait l'idée de coucher toutes sa douleur sur des feuilles de papier plus efficace que ses séances chez le psychologue. "Mais je n'ai pas de réel projet. J'aimerais juste que le temps s'arrête pour ne jamais grandir et à avoir à gérer des problèmes d'adulte."Car être adulte se résumait à prendre des responsabilités sans avoir jamais de reconnaissance de tout le travail réalisé, d'avoir des factures à payer, plus aucune aide sur qui compter et finalement, les couples finissaient par se séparer ou quitter ce monde affreux. Afin de changer l'atmosphère qui semblai pesante à la suite de son honnêteté, il tendit son bras gauche pour lui montrer l'un des deux tatouages présents sur son corps. "Les tatouages sont indélébiles et esthétiques. J'aimerais en faire beaucoup d'autres dans les années à venir même si mes parents n'acceptent pas que ces choses soient présents sur mon corps" Ses parents adoptifs avaient en horreur les tatouages puisqu'ils les assimilaient à l'appartenance d'un gang ou à l'image d'un fils en phase de rébellion qui cherche à faire du mal à ses proches. S'il l'avait voulut, Linh Dan aurait été désagréable jusqu'à ce qu'ils le laisse dans un foyer pour jeune le temps d'atteindre la majorité.

TENUE ⎐ On ne connaît pas les gens, on ne peut pas savoir ce qu’ils ont vécu, pourquoi ils ont parfois un comportement disproportionné et des réactions surprenantes. Je ne peux pas en vouloir à ces personnes, au fond j’ai mes propres fantômes, mon propre passé, un passé dont je ne pourrais jamais me délier, la vie est comme ça, elle nous donne du bonheur et des malheurs. Je ne peux pas comprendre et d’un côté je ne veux pas le questionner, ce sont ses propres choix, si un jour une personne veut me parler je serais là pour écouter, mais en cas contraire je resterai muet. De toute façon quoi qu'on fasse je ne me rapprocherai jamais d’une personne autant que je l’étais de mon meilleur ami, la souffrance de l’avoir perdu est encore accrochée profondément en moi et je ne veux plus jamais ressentir ça, de toute façon... Dans mon cœur il n’y a plus assez de place pour un « remplaçant ». Parfois je me demande pourquoi... Pourquoi est-ce qu’il laisse un vide aussi fort, nous étions jeunes, de simples enfants. Alors pourquoi après toutes ses années je ne peux pas m’en libérer ? Peut-être qu’au fond je suis le seul à ne pas le souhaiter, que si je le voulais je pourrais le laisser s’en aller, mais une grosse partie de moi ne l’accepte pas tout simplement. Dans tous les cas je ne lui en veux pas pour son « rejet » face à ma proposition de l’aider, par habitude j’aime me rendre utile au besoin, c’est comme ça que je suis, je ne veux pas ressembler à mon père et devenir un gars froid et distant avec les gens, je suis simplement avenant. Secouant la tête en souriant, l’air de dire « il n’y a pas de problème t’inquiète pas. » Pas la peine de s’attarder sur le sujet qui doit surement le mettre mal à l’aise.

Finalement on parle un peu de moi et de mes habitudes, de mon éducation, je n’ai pas honte d’en parler c’est simplement un mode de vie comme un autre et j’ai l’habitude depuis le temps, ça a toujours été comme ça et je doute que cela change un jour. Je souris à sa remarque. « Mon mécanisme doit rejeter ce qui est bon pour la santé, mais regarde-moi, je me débrouille plutôt bien malgré ça. » Je parle de la santé bien entendu. De toute façon il est difficile de changer des habitudes ont vit avec et parfois ça nous poursuit toute notre vie, j’imagine un instant le vieux papy que je serais dans quelques années qui ouvrira ses yeux à 4h59 et rien que cette pensée me fait rire tout seul, mais c’est vrai que je m’étonne parfois moi-même, je n’ai jamais eu aucun retard, cette horloge implantée dans ma tête est persistante. « Je t’en prie. » Je ne plaisante pas, s'il veut venir me voir tôt, je l’accueillerai avec plaisir, mine de rien ça pourrait rapidement devenir notre quotidien, un petit déjeuner à deux avant que les autres se lèvent, mais une part de moi craint peut-être cette future proximité. Linh Dan me semble familier et je me surprends à lui parler aussi comme si je le connaissais, c’est perturbant sans que j’en comprenne les raisons, jusque-là il était simplement mon coloc, c’est à peine si un « bonjour » était échangé quand on se croisait et là... Mais mon naturel reprend le dessus dans ses instants, contrairement aux apparences je suis simplement sympathique, mais pas naïf. Même si cela n’en donne pas l’air je suis quelqu’un de méfiant, avec ce qui s’est passé dans le passé c’est normal... Mais je sais de qui je dois me méfier ou non, ce gars en face de moi n’a rien de dangereux et puis il m’a aidé aussi.

« Ouep, vivre au jour le jour. Même si on fait des projets on ne sait jamais si on arrivera à les concrétiser, la vie est traitre. C’est pour ça que je ne sais pas encore ce que je ferai ou serai dans quelques années. » Je veux juste vivre tranquillement, même une certaine routine me conviendrait. Mais qui sait ce que l’avenir me réserve après tout.

« Wow, tu veux devenir écrivains ? En tout cas c’est un bon projet, dis-moi quand tu l’auras terminé je le lirais, j’adore lire même si ça ne se voit pas forcément » J’aime beaucoup d’activités et de choses qui surprendraient mes camarades, mais je ne vois pas l’utilité d’en parler quand les personnes ne connaissent pas tout simplement. « Tu as le syndrome de Peter pan ? » Dis-je en souriant gentiment. J’ai perdu confiance en les adultes moi aussi, même si je ne le dirais pas. Aucun d’eux n’a su me ramener Shaka. Aucun d’eux ne l’a retrouvé. Mon père n’a pas aidé, les policiers qu’ont-ils fait ? Je ne l’oublierai jamais, huit ans sont passés et personne ne l’a trouvé, personne. Mon visage s’assombrit sans que je ne m’en rende compte et l’atmosphère en deviens un peu pesante, mais il me tend son bras pour me montrer un tatouage, l’écoutant simplement en l’observant, un sourire doux se dessine sur mes lèvres alors que je pose mon index sur le « dessin » en question. « Il représente quoi ? » Un peu curieux de savoir s’ils avaient une signification ou non, c’est souvent le cas.

Le sommeil agissait sur le comportement des êtres humains que ce soit sur leur organisme qui réclamait un nombre suffisant de repos afin de réparer les tissus endommager et les bobos de surface ou la peau qui noircissait sous les yeux, faute d'un repos réparateur. Il n'allait pas non plus lui faire un sermon sur la manière dont il devait se comporter dans la vie de tous les jours mais le simple fait de savoir qu'un réveil biologique s'était immiscé dans son esprit et le réveillait chaque jour à la même heure, suffisait à l'inquiéter. Ce n'était pas une réaction anodine. Son visage restait neutre sans l'ombre d'un nuage gris au dessus de sa tête et pourtant, intérieurement, son sang ne faisait qu'un tour à chaque révélation. Le lycéen ne pouvait s'en prendre qu'à lui même puisqu'il posait les questions. Les réponses suivaient par politesse ou par gentillesse. "Oui tu as l'air sportif." Pour le moment, il n'en ressentait surement pas les effets dévastateurs vu l'âge mais pourrait le gagner rapidement. Serait ce un effet secondaire de sa disparition ? Une question qui revenait mais qui finissait toujours par se taire; Ce serait prétentieux de croire que son enlèvement avait laissé ce type de marque sur son meilleur ami. Ah. Encore cette envie grandissante de le serrer fortement dans ses bras pour lui apporter quelques secondes de réconfort mais d'un inconnu à un autre, la réaction ne serait sans doute pas celle qu'il avait en tête. Aussi, ses mains restèrent blottis dans les poches avant de son short afin d'éviter tout geste malencontreux.

C'était tellement étrange de le voir d'aussi près, de pouvoir revoir son sourire appréciable sur ce visage angélique. Un poids s'était échappé de son corps hier soir suite à la découverte de son identité et pourtant, une grande part de vérité n'avait pas encore été dévoilée. Il restait muet, autant que son cœur le lui recommandait afin de pouvoir conserver cette proximité. Les amnésiques retrouvaient une vie paisible sans les faits marquants de leur passé qui détruisaient ensuite l'opinion agréables qu'ils avaient d'eux même. Et son image ? Quel reflet se retrouverait dans ses yeux bruns qui lui faisaient face ? Quelle expression aurait il ? De la joie ? De la peine ? Du dégoût ? La peur de ne pas être à la hauteur des espérance prenait le plie sur la rationalité. Le blondinet n'avait pas de projet réel pour la suite de sa vie, pas d'idée vraiment précise des choix qu'il devrait faire pour son avenir puisqu'il restait en deuxième année de lycée avec des notes plutôt médiocre. "C'est vrai qu'on ne sait jamais ce qu'il peut arriver du jour au lendemain." Des paroles qui glissèrent facilement au cours de la conversation avec que cette dernière ne change pour sa passion de l'écriture. "Je ne suis pas sur que ca pourrait te plaire mais je ne vais pas refuser un lecteur." S'il pouvait d'ailleurs préférer un autre genre que son autobiographie masqué sous des noms et des péripéties légèrement modifiées, le lycéen serait sans doute plus serein. L'ambiance par contre, s’alourdit fortement, laissant un silence planer dans la pièce aussi inconfortable qu'un matelas à ressorts. Inquiet, son regard se posa sur lui l'air fautif d'avoir sans doute mal répondu à sa question sans savoir comment détendre l'atmosphère mais un dessin serait sans doute une aide précieuse. "C'est une horloge abimée par le temps, un peu comme la vie". La petite aiguille s'était arrêtée sur le chiffre huit et la plus grande entre le un et le deux sur la position six minutes. Pour en décrypter le sens, il fallait en connaître le porteur. Le huit représentait ses huit ans, âge à laquelle sa vie s'était arrêtée, perdu dans un espace temps inconnu, ne laissant qu'une coquille vide errante sur son passage. Les six minutes devaient être assimilées à la plus petite aiguille pour former 8+6 ou plus précisément 20+06 soit deux milles six, l'année de sa disparition qui représentait également la dernière fois où il vit ses parents en vie ainsi que son meilleur ami. Plus fort que prison break pour les messages masqué non ? Une chaine entourait son bras tout en accrochant cette fameuse horloge pour indiquer la prison dans laquelle il vivait chaque jour. "Je l'ai trouvé joli sur le catalogue." Sauf qu'il l'avait surtout créé à partir de plusieurs croquis présent afin d'avoir la représentation souhaitée. " Tu n'as jamais pensé à faire un tatouage ? C'est bien une des seules marques indélébile voulu".

La conversation n'allait pas dans le bon sens. Il était censé être celui qui posait les questions sans avoir à répondre, à glisser d'une conversation à une autre comme il en avait tellement l'habitude afin d'éviter les révélations sur sa vie passée et présente. "J'ai l'air plus cool avec un tatouage non ? C'est comme la citronnelle, ca a tendance à jouer les anti moustiques." Linh Dan pourrait s'arrêter là dans la discussion, reprendre un morceau de légume grillé entre ses dents et regarder les autres portes des chambres pour savoir sir les premiers levés, sortiraient bientôt de leurs chambres. Mais une autre question le tracassait. Avait il été remplacé par un autre ? "Ton meilleur ami n'a jamais mi les pieds dans le dortoir ?" ou peut être que si, parmi tous ces visages qui se succédaient dans sa chambre. .

TENUE ⎐ Shaka serait le seul capable de me faire avancer, dans ce temps qui s’est arrêté et qui a créé celui que je suis, je n’ai pas honte de l’homme que je suis devenu, même si je joue un peu trop avec les relations et que je laisse souvent une image de moi salie et typique d’un mauvais garçon, de par mon style ou mes fréquentations. Mais au fond peut-être suis-je simplement encore ce garçon, cet enfant pleurant dans le noir, seul et apeuré recherchant les bras de celui qui est arrivait à me réconforter, cet ange qui m’a sauvé. Celui qui représentait famille et amitié, j’étais lié à lui et je n’avais jamais vu ma vie sans qu’il soit avec moi, enfant on avait des projets, on s’impatienter même de grandir, je me demandais ce que l'ont deviendrait et finalement tout ça c’est arrêté. Les bras de Shaka ne m’entoureront plus jamais, tout a disparu avec lui, laissant une coquille que je remplis en vivant ma vie en évitant les regrets... Vivre à fond pour ne pas regarde derrière, mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire. Même en étant entouré, je suis seul. J’ai des potes, mais pas d’ « amis ».

Enfin bon, le sommeil est important en effet, mais je ne peux pas aller contre le mécanisme de ma vie, bien qu’elle ne soit pas visible à l’œil nu j’ai une horloge interne, une horloge qui n’a pas besoin de pile pour fonctionner et me condamne à la supporter sans pouvoir rien y changer. Finalement je garde tout de même la forme, je ne suis surement pas le pire dans cette situation et je suis encore jeune, ça aide à supporter se rythme. Puis on continue de parler, se découvrant davantage, après quelque temps à avoir partagé notre dortoir je suppose que ce n’est pas une mauvaise chose. Comme il venait de le rappeler à son tour, il y a des situations dont on ne peut pas se rendre compte sans les avoir vécus. À notre âge dire « qui sait ce qui peut arriver » il faut avoir un certain passé pour partager ses doutes, on devrait juste être nonchalant et ne jamais se poser de questions, mais le monde est cruel et après certaines expériences il est impossible de s’en détacher. Si je revenais à cette époque, à ce jour-là dans le parc, encore une fois. Pas une seule seconde j’aurais pensée à ce qui allait arriver, pour moi qui n’étais qu’un gosse, un enfant innocent comme Shaka, ces choses-là ne pouvaient pas se produire... Aujourd’hui quand je regarde des séries, tombant sur une télé allumée et un genre policier et que le thème est l’enlèvement, je trouve ça déplacé. La réalité n’est pas une fiction et souvent ça fini toujours bien... Mais mon cœur tremble et mes nerfs peuvent lâcher, simplement parce que je ne saurais jamais ce qui lui ait arrivé après cette journée. Rien que d’y penser ça me rend malade, je suis un adolescent maintenant, j’ai conscience des horreurs qu’il a pu vivre et a la simple idée de ce qu’il a dû surmonter j’ai envie de raser le monde pour tuer l’enfoiré qui l’a enlevé. Mais je reste calme et je prends sur moi, parce que je ne peux rien faire.

« Tu pourras toujours me faire un résumé ? Puis je suis assez curieux en fait. » Finalement après un instant assez « lourd » dans l’ambiance il me montre son tatouage et comme je le disais je suis curieux, donc je le questionne sur ce que cela représente, l’écoutant tout en observant le dessins. « Une horloge abimée par le temps hein ? » Un air un peu perdu, je me dis que c’est le genre de signification qui correspondrait parfaitement à ma situation. Ce gars est surprenant, ça en est presque troublant. Mais à sa phrase suivante, je lève les yeux vers lui. « Donc ce n’est pas personnel ? » C’est surement rassurant qu’il n’y ait pas une signification lourde de sens dessous, mais j’avoue que c’est un beau tatouage, un tatouage qui aura surement toujours la même signification dans le temps justement.

« Non pas vraiment. Je me dis que je porte bien assez de marque en moi. » Un peu évasif, je me rends compte que je risque de plomber l’ambiance et souriant je montre mon bras avec ma cicatrice du passé. « Puis les cicatrices c’est comme des tatouages ! Ça ne disparaît pas non plus. » J’élargis mon sourire, même si c’est douloureux, cette blessure étant lié à Shaka, mais je suis fort et j’aime ce passé, je suis fier de cette cicatrice et même si une part de moi et bloqué à cette époque j’ai avancé avec les années, je continue encore d’avancer.

Crack.

Mon sourire semble figé et j’avoue que sa question me surprends, comment peut-il juste taper dans le mile ? Je veux dire on ne parle pas de meilleur ami comme ça pas vrai ? Ça fait mal. Je me lève de ma place pour faire style de fouiller dans le frigo, tentant de me calmer, serrant les poings, c’est dur de faire face à la réalité parfois, mais je le dois. Inspirant et soufflant un bon coup, je prends une bouteille d’eau en enchainant quelques gorgées, je dois répondre. C’est vrai, je dois le faire, mais je n’ai pas besoin de détailler. Me tournant en affichant un léger sourire aux mesures du possible, je reprends ma place. « Non, mon meilleur ami est loin d’ici. » Le penser est une chose, le dire en est une autre. « Pourquoi tu me demandes ça ? » Il faut dire que cette question était un peu hors contexte et... ça m’intrigue.

Les tatouages possédaient leur propre signification, difficile de ne pas s'identifier derrière leur beau graphisme. Les aiguilles perçaient la peau laissant une trace pigmentées avant que la plaie ne cicatrise pour un rendu final indémodable. Seulement ces marques semblaient être assimilées à la racailles, le bas de l'échelle alimentaire par excellence parce que des racailles jouaient les gros dure en recouvrant leur corps de dessin dont ils n'avaient sans doute, jamais compris le sens. Dans le cas du lycéen, il reconnaissait qu'une balade à la plage pourrait en faire reculer plus d'un à la simple vu de ses deux dessins mais il n'en restait pas moins fier de les porter. Seulement comment répondre à sa question sans mentir ni éveiller une autre question latente ? Linh Dan préféra l'évincer d'un sourire qui n'avait aucune signification supplémentaire si ce n'était de changer de sujet de façon efficace. Bien sur que les tatouages possédaient leurs propres significations comme les bleu sur le corps d'un être battus, les cicatrices laissés par les obstacles rencontrés sur sa route. D'un regard extérieur ce n'était qu'une figure esthétique peinte à vie sur un corps humain rien de plus et tant mieux si la signification restait telle que.

Le blondinet préférait connaître son avis sur les tatouages jusqu'à savoir s'il souhaitait en posséder un. Sa réponse semblait mélancolique, attiré par les blessures du passé qu'il pouvait estimer sans parvenir au bon résultat. D'ailleurs à la simple vue de la cicatrice sur son bras, ses yeux se baissèrent pour la détailler, plus facilement que la veille. Celle qu'il avait engendré sans le vouloir et ce garde du corps qui l'avait protégé du terrible molosse était bel et bien en un seul morceau. " Les cicatrices hein ? Et quelle est son histoire à celle ci ?" Parce qu'il la connaissait par coeur, parce qu'il l'avait vécu lorsqu'il était enfant, aucun sursaut ne fut fait à la vue de cette marque. Son visage marquait une expression neutre. Néanmoins, sans même s'en rendre compte son index vint balayer la marque en la frôlant de haut en bas d'un air pensif. Son geste finit cependant par se stopper lorsqu'un regain de conscience le rappela à l'ordre sur son geste un peu trop proche pour un parfait inconnu. "Désolé, je voulais juste savoir si c'était une blessure profonde ou superficiel". Pas terrible comme excuse mais il n'avait rien trouvé de mieux à dire sur le moment pour justifier son geste. Et visiblement la question de "meilleur ami" venait d'ouvrir une plaie. Il l'avait compris simplement par ses gestes, son départ de sa place et l'impression que ca lui laissait. Au final, il avait l'impression de le voir inchangé, réagissant toujours de la même façon qu'autrefois parce qu'à chaque fois qu'il semblait contrarié, il tentait de noyer le poisson mais il subsister un signe qui ne trompait pas. Sauf que ce même piège qu'il espérait lui avoir tendu, revint comme un boomerang dans sa direction. La suite logique de la conversation n'était pas des plus fluide. Face à sa bêtise, Linh Dan resta immobile un instant pour lui laisser le temps de réfléchir à sa réponse en essayant de ne pas s'engouffrer jusqu'au bout dans des explications bancales. Plus il se rapprocherait de la vérité, plus son histoire tiendrait la route.

"Tout le monde a un meilleur ami. J'étais juste curieux de savoir qui ca pouvait bien être de ton côté ? parce que je n'arrive pas à te cerner, je pourrais ainsi réclamer quelques détails amusant que tu n'oses pas dévoiler mais s'il est loin, ca n'arrivera pas." Loin comme loin en corée du sud, comme perdu dans une pièce sans fenêtre après un enlèvement ? Au final, il sentait que la conversation prenait un tournant radical qu'il aurait sans doute préférait ralentir plutôt que de l'accélérer. D'ailleurs, en tant que colocataire, il l'avait vu plusieurs fois en bonne compagnie et plusieurs fois c'était encore un doux euphémisme. "Tu sais qu'inviter autant de personnes différentes dans le dortoir ca porte à confusion ?" ah sa côte de popularité risquait de continuer la chute libre vu que ses questions ne portaient sur aucune partie amusante mais plutôt des faits dont il aimerait des réponses sans doute posés trop brusquement. Après tout, il n'était plus habitué à faire la conversation sur la durée.  "Ou tu peux ne pas répondre à mes questions si je vais trop loin" idiot, c'était comme tendre la perche à une absence de réponse et laisser plané la réponse éventuelle qui pourrait lui être donnée.

TENUE ⎐ Je ne sais pas dans quoi je m’embarque à parler de mes cicatrices quand il me montre son tatouage, mais contrairement à l’ancre qu’on dépose dans la peau, cette marque sur mon bras est « vivante » ses souvenirs sont ancrés comme si je revivais parfois la scène, je sais que si Shaka était là, ce serait une simple cicatrice sans importance, mais tout ce qui est lié à lui sont devenue avec les années mes trésors, ce sont des choses qui me permettront de ne jamais oublié, même si je devais être atteint d’une perte de mémoire, je suis sûr qu’un simple regard et je comprendrais, c’est fou je sais et surement totalement insensé, mais à mes yeux c’est la réalité. Il me questionne sur son histoire et au fond je n’ai pas envie de mentir, je peux lui raconter sans entrer dans les détails, de toute façon qu’il le sache ou non ça ne changera pas sa vie. Prêt à lui répondre, je sens son index retracer la marque en question, l’observant simplement, jusqu’à ce qu’il s’excuse, m’arrachant un nouveau sourire, hochant la tête pour lui faire comprendre que ce n’était pas un problème. Finalement, je finis par prendre la parole.

« C’est une cicatrice qui remonte quand j’étais encore enfant, je me suis fait mordre par un gros chien en jouant les durs haha, nous étions deux et je voulais le protéger alors je n’ai pas hésité à foncer tête baisser contre le molosse ! » Je souris d’un air nostalgique, en parler à voix haute est différent de se remémorer les souvenirs, mon cœur s’est légèrement accéléré. En parlant de meilleur ami le voilà qu’il me pose une question qui me laisse sans voix, mon cœur s’est arrêté net cette fois, pas qu’il soit en tort, juste que c’est un sujet qui est difficile à aborder sans que cela ne soit douloureux, j’ai surmonté tout ça, j’ai avancé durant toutes ces années, mais mon meilleur ami n’est pas là, il ne le sera jamais. C’est cela qui me pousse à me calmer un peu en « fuyant » pour reprendre un minimum de contenance, buvant a la bouteille dans le frigo, je souffle pour revenir et répondre naturellement. Mais je suis curieux de savoir pourquoi il aborde un tel sujet aussi soudainement.

« Tout le monde ? Alors qui est ton meilleur ami, tu en as un ici ? » Je souris gentiment, curieux à mon tour. « Ça n’arrivera pas en effet, mais j’essaierai de satisfaire ta curiosité au mieux, t’inquiète pas. » Je reprends mon petit déjeuner alors que Linh Dan me surprend encore avec sa nouvelle interrogation, je le regarde et rigole simplement.

« À confusion ? Comment ça ? J’avoue que je ne suis pas sérieux dans ce domaine et on me prends souvent pour un salaud, mais mettons ça sur le fait que... j’aime le sexe ? » Je ris à nouveau devant cet aveu qui est loin d'être la réelle raison dans cette histoire, mais en même temps je ne vais pas lui dire que je couche pour « oublier » et me changer les idées, ça n’a aucun sens. « Je t’ai dit que je satisferais ta curiosité alors posent toutes les questions que tu voudras, puis ce n’est pas vraiment comme si cela n’était pas voyant aux yeux de tous. » Je ne me cache pas vraiment, au contraire, donc ça me paraît normal qu’il se pose des questions.

« Je pensais vraiment que tu m’évitais pour ça au début, genre le fait que je ne sois pas un homme fréquentable etc. »

Le souvenir semblait encore vivant dans sa mémoire, celle de deux enfants en train de passer dans la rue avant qu'un chien hargneux, ne casse sa laisse et se mette à courser les deux enfants. Son rythme cardiaque s'était accéléré et ses doigts recroquevillaient devant ce souvenir qui lui rappelait à quelle point sa vie d'avant lui manquait, celle qu'il méritait, celle qui l'avait forgé lorsqu'il était enfant. Mais un fin sourire s'était placé sur ses lèvres, heureux de savoir qu'il n'avait pas oublié la raison de cette marque sur son bras, qu'il conservait une certaine place dans sa mémoire sans pour autant avoir la certitude d'avoir gardé la même "position" dans son entourage. Alors les questions furent pousser en ce sens, pour savoir, pour obtenir l'impossible pour espérer connaître la vérité derrière ces sourires qui parfois, étaient ternis par un visage plus sombre. Sauf qu'en connaissance la réponse, il n'aurait toujours le courage de couper court à la mascarade et lui donner son identité. Linh Dan comprenait qu'il jouait à un jeu dangereux qui ne s'arrêterait que lorsqu'il déménagerait dans un autre pays ou lorsque son identité serait révélé. Pour le moment, seule la police de sa ville natale fut mise au courant de son retour à la vie réelle avec bien sur, les services de polices secrètes qui mirent hors d'état de nuire le coupable. Il subsistait néanmoins le risque de le voir un jour sortir de prison faut d'une condamnation à la prison à vie. Rien n'était certain sauf qu'il se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres de cette ville. Ses yeux se levèrent légèrement dans sa direction pour répondre à son interrogation. "Oui tout le monde à bien un ami particulier enfin je crois. " Car rien n'était sur à deux cent pour cent et au final, il ne s'intéressait pas vraiment à ses semblables, une seule et unique personne comptait à ses yeux et il était déjà heureux de pouvoir lui parler à nouveau, revoir les traits de son visages, en apprendre plus sur son compte. "J'ai ... un meilleur ami ici et il le restera à vie."

A ses yeux, personne ne pourrait reprendre sa place puisqu'elle était prise. Tant pis si les années les avaient éloignés l'un de l'autre. Tant pis si leurs projets les éloigneraient avec le temps. Il se contenterait des années au lycée et des années d'études universitaire à RPS pour partager et le comprendre au mieux. Ce serait suffisant, enfin non mais il s'en contenterait puisque ces nouveaux souvenirs deviendraient ses nouveaux trésors. Et visiblement il en apprenait beaucoup ce matin. Ses joues se mirent à rougir suite à cet aveux qu'il n'avait pas vu venir. La plupart des lycéens perdaient leur innocence durant leur première et deuxième année mais il n'existait pas beaucoup d'adolescents qui collectionnaient les conquêtes à seulement dix sept ans."Ah ? je vois ok ok je ne poserais plus la question. " et maintenant, à chaque fois qu'il verrait un nouveau visage entrer dans cette chambre au fond du couloir, il allait surement angoisser. Hu ? Il se surprenait à penser de la sorte. Ce n'était pas s'il s'agissait d'un sujet tabou de nos jours mais ca lui semblait tellement ... abstrait. "Non ce n'était vraiment pas pour cette raison mais mieux vaut tirer un trait sur le sujet et repartir du bon pieds ?" Comment noyer le poisson avant même d'avoir répondu à sa question. Ce n'était pas très fairplay de sa part puisque toutes ses questions trouvaient réponse alors que Linh Dan tentait d'évincer celle qui pourrait lui porter préjudice. D'ailleurs en parlant de questions, il en avait beaucoup d'autres mais avant de les poser, il préféra terminer son petit déjeuné avant qu'il ne prenne froid pour pouvoir remplir son estomac comme il le fallait. Ses baguettes bougèrent rapidement d'un bol à un autre pour se servir avant d’engloutir son thé refroidit pour en guise de rafraichissement finale. Un crissement de porte se fit alors entendre laissant entrapercevoir un autre de leur colocataire déjà réveiller mais dont les yeux semblaient rester encore clos. Il était donc l'heure que les marmottes se réveillent ce qui signifiait la fin de leur entrevue "privé". Un léger air boudeur apparut quelques secondes sur son visage avant de disparaitre par un sourire dont les rouages étaient maitrisé, depuis le temps qu'il utilisé cette tactique pour feindre sa bonne humeur constante. "Hey. Si tu veux il reste de quoi manger dans la cuisine." Même si à la base c'était leur petit déjeuner. Le lycéen finit par attraper les bols vide en face de lui et se lever de sa chase, tout en les embarquant avec lui pour les délaisser dans l'évier. "La suite de notre discussion va être reporté à plus tard." Ce qui ne l'enchantait pas vraiment mais après autant d'année éloigné de lui, il pouvait bien attendre quelques jours avant d'avoir de nouveau l'occasion de pouvoir entamer une discussion avec lui. "Je retourne travailler. " Et sans même attendre de réponse, le lycéen s'éclipsa dans sa chambre, fermée à double tour une fois la porte passée.