TENUE ■ Habituellement je ne serai pas celui qui demanderai à coller nos corps pour se réchauffer, mais la situation me pousse dans des extrémités que je regretterai surement plus tard, enfin pour le moment ma priorité était de trouver un peu de chaleur, de pouvoir arrêter de trembler comme une feuille, ce n'est pas très viril ... Puis j’aime pas du tout me montrer faible, c’est une hantise aussi grande que celle de laisser paraître mon secret, mais je ne réussit pas à être assez fort dans certaines situations, poussant les gens à prendre « soin » de moi, je me sens nul, mais c’est comme ça. Alors forcément que je suis surpris quand il m’écrase sous son corps, se collant à moi, sentant nos torses s’épouser, il fait office de couverture, mais il est tellement proche que je tremble, même si grâce au froid cela n’éveillera aucun soupçon, cette proximité affole mon cœur, est-ce la peur ? Ou sa ressemblance avec Wolf ? Ou... autre chose ? Je ne sais pas vraiment ce que je ressens, mélanger entre mon appréhension et des émotions inconnues. Le sentant s’écraser encore plus alors que je viens de lui faire une remarque lancer pour en quelque sorte me rassurer n’arrange pas mon cas, en plus l’entendre rire... Bordel cette situation n'est pas normale, c’est surement le temps et notre journée ensemble qui me met dans cet état.

« C’est bizarre dis comme ça... » J’aggrave mon cas, mais tout le monde, Wolfram le premier disait que je jouais toujours avec le feu et je le sais. Je suis un cas irrécupérable, jouant et jouant encore avant de prendre mes jambes à mon cou. « Si... Tu pèses ton poids pumba. » Je le taquine, souriant sincèrement alors que mes mains vague un peu sans savoir quoi en faire... « Et toi, ça doit être inconfortable dans cette position non ? » je pense au fond qu’en dehors du plan physique, nous le sommes tous les deux... Le point positif c’est qu’il me tient vraiment chaud, c’est agréable. Nos iris se croisent et mon cœur recommence à jouer du tam-tam en puissance... A ses mots je jette mon regard vers l’extérieur.

« En même temps qu’est-ce que tu crains vraiment ? » J’étais sincère, ce mec est incroyable, je lui souris en le regardant de nouveau. « Tu ne dois pas être humain. » Je lui tire la langue amusé, oubliant un instant qu’on est toujours collé l’un à l’autre et qu’on n’est pas près de se séparer.

TENUE ■ Instinct de survie. Si j'ai décidé de me coller à lui d'une manière peu raisonnable et assez brusque, c'est uniquement pour le tenir au chaud et servir de couverture. Je n'ai aucune mauvaise intention en tête et il le saurait s'il pouvait lire dans mes pensées. à quoi je pense ? à la chaleur de sa peau qui est toujours aussi froide, aux tremblements de son corps qui ne cessent de s'intensifier, au fait qu'il puisse reprendre meilleure contenance grâce à mon aide. Je ne pense qu'à cela, rien d'autre. Je n'ai pas idée qu'il puisse ressentir quoi que ce soit par ma faute, qu'il s'agite ou éprouve un profond malaise face à mes gestes. Je crois bien faire, voilà tout. Qu'est-ce que je pourrais bien tenter contre lui ? à ses mots, je m'écrase davantage contre son corps pour le taquiner, mais je ne fais rien d'autre qui pourrait le mettre mal à l'aise. Bizarre ? « En quoi est-ce bizarre ? » Demandais-je en haussant un sourcil, curieux de savoir le fond de sa pensée. C'est bizarre de vouloir lui tenir chaud ? C'est ça qui le dérange en fin de compte ? Je ne comprends pas qu'il puisse réagir de la sorte ou même dire ce genre de truc qui m'échappe. Je n'ai rien fait de déplacé, pourtant.

ça m'aurait étonné, tiens donc. « Désolé, je penserai à faire un régime en rentrant. » Je me montre ironique, souriant à mon tour sans le lâcher des yeux. Inconfortable ? Je ris sans m'y attendre. « Tu es plutôt confortable, je suis bien là. » Je vais encore le déranger avec mes phrases bidons mais je détourne rapidement mon attention de lui, observant l'extérieur. C'est étrange parce que je peux sentir son coeur battre rapidement par moment, sans savoir pourquoi. Si je pose la question,  il va me prendre pour un fou... Autant que je le garde pour moi et que je fasse mine de ne rien ressentir.

« Je ne sais pas. » Avouais-je aussitôt, sans réfléchir. Je n'ai pas peur des choses comme le vide, le noir, les insectes ou le danger... Alors de quoi ai-je réellement peur ?  Encore une fois, je me met à rire en le regardant, amusé par ses propos. « Je n'ai pas le sang doré, je ne peux pas être un dieu. » Et je ricane à nouveau, de bonne humeur. De quoi ai-je peur ? C'est une question qui ne m'a jamais effleuré l'esprit jusqu'à présent. Sûrement parce que je n'ai jamais eu peur de quoi que ce soit jusqu'à aujourd'hui. London éveille le doute en moi, c'est une première.

TENUE ■ Il y a des choses que je serai capable de ressentir sans pouvoir les expliquer, peut-être au fond que ce n’est pas la situation qui est bizarre, mais bel et bien moi. Je le sais déjà, pourtant le fait d’accepter de le sentir se coller contre moi est un effort que les gens ne peuvent pas comprendre, un combat solitaire entre moi et ma conscience, mes idées folles qui me poussent à imaginer le « pire » dans chaque geste osé, voir des mouvements déplacés ou il essaie simplement de m’aider. En effet, je suis le plus bizarre et je m’en rends compte... Ne disant rien à sa question à part hocher la tête en guise d’abandon sur le sujet, à quoi bon m’enfoncer dans des visions que je suis le seul capable de remarquer. Quand il parle de son poids autant dire que j’en profite pour remettre sur le tapis cette histoire de timon et pumba, vous n’avez qu’à imaginer une seconde le pauvre petit suricate se faire ratatiner par un bon gros phacochère et vous aurez la réponse. Là je ne peux que rire face à mon imagination, c’est glauque, mais tellement productif, j’aime nos surnoms, je pense à les adopter prochainement officiellement d’ailleurs. « Je te le conseille, un peu de gras en moins et ça sera déjà ça de gagner, au moins tu n'as pas les poils encombrant~ » Je délire totalement, mais c’est mieux que de me prendre la tête avec des questions sans réponses. Profitant d’être parti dans mon « monde » pour rendre tout ça plus amusant.

« N’y prends pas trop gout, je n'ai pas envie d’être mangé par le loup. » J’arrive à plaisanter sur ça, rien ne va plus je crois que la pluie m’a retourné le cerveau... Dissimulant les battements de mon cœur comme je peux sans pouvoir y arriver réellement. Par chance il ne relève pas mon état instable et anormal avec ses habituelles questions dû à sa curiosité, une aubaine pour moi, gardant l’espoir de pouvoir tenir jusqu’à la fin sans me mettre dans une situation embarrassante et gênante.

« Je m’en doutais. » Je ne connais pas Loukas depuis une éternité, mais de ce que j’ai pu voir il est un peu le gars qui ne craint rien, je me demande s’il a vraiment une peur, une appréhension, une phobie... Il est fort et peu importe si je ne le dis pas avec des mots, je n’en pense pas moins, j’envie sa nonchalance et son « courage » à toute épreuve. « De quelle couleur est donc ton sang ? » Je souris avec ma bouille adorable, je suis sincèrement amusé par notre actuelle conversation, me détendant un peu de minute en oubliant la position de nos corps assez troublante. Mais la chaleur me gagne, il est la couverture dont j’avais besoin pour chasser le froid s’écrasant sur ma peau au point que je serais presque tenté de m’y blottir davantage.

« Tu penses que ça va durer encore longtemps ? » Levant les yeux vers la sortie voyant que ça ne semble pas prêt de s’arrêter, je me demande combien de temps on sera coincé dans cette grotte.

TENUE ■ J'abandonne. Il m'est impossible de savoir pourquoi la situation lui semble bizarre tandis que je la trouve tout à fait normale. Pour cette fois-ci, je laisse tomber et me préoccupe plus de mon poids. Plaisanterie ou non, il en revient à mon physique légèrement plus costaud que le siens. C'est sûr qu'en étant une brindille comme lui, faut pas s'étonner de croiser des grosses branches. M'enfin bon, je lui promet de faire un régime et d'être un mince porc à l'avenir. C'est amusant, mine de rien. « Qui sait ? Tu n'es pas aller voir jusque là ~ » D'un mouvement rapide, je hausse mes sourcils à plusieurs reprises. Je suis bête, mais il va sûrement comprendre que je blague, puis j'ajoute avec un petit rire suffisant. « Faut bien des poignées d'amour pour atteindre les portes du paradis. » Zéro crédibilité, mais n'est-ce pas une belle phrase pour tous ces gens qui se pensent gros ou qu'ils le sont ? N'empêche, il paraît moins crispé que la minute suivante et j'en déduis que mon corps tient réellement chaud ou que j'ai su lui changer les idée.

Loup ? « Je ne suis pas un loup. » Assurais-je avec un sourire malicieux, un sourire de renard. Même si je le remarque, ma curiosité est rangée dans un coin de ma conscience en mode veille. J'ai déjà vu tellement d'expression chez ce jeune homme quand j'ouvre ma bouche que j'ai su me faire une raison pour la garder fermée. Un jour, London se confiera à moi sans que je n'ai à lui courir après. Cette pensée me motive et me permet d'être plutôt calme, alors que ce n'est pas un trait de caractère chez moi. Disons qu'il a de la chance d'être tombé sur un gars sympa, compatissant et qui connaît ses limites. Après, pas sûr que ce soit réellement une chance d'être mon ami.

Il s'en doutait. J'ignore pourquoi mais je m'en sens vexé. Sûrement parce qu'il a vu juste avec quelques mots. Je n'ai peur de rien, ou sinon je ne l'ai pas encore découvert. à force de braver le danger, de côtoyer les pires sensations, j'ai dû oublier ce que cela fait d'avoir la boule au ventre, la crainte dans les yeux. « Bleu ? » Ce serait trop beau si je répondais juste, non ? Il doit se douter que je fais l'imbécile mais moi, ça me fait rire. Comme lui, j'en oublie notre position et le fait qu'il tombe encore des tonnes d'eau dehors. ça devient long, mine de rien. J'ai connu des jours meilleurs, ou peut-être pire en fait...

« J'en sais rien ? J'aurai dû consulter la météo avant de partir à l'aventure. » Un soupir et je regarde une nouvelle fois dehors. « J'ai été bloqué sous la neige une fois. » Je lâche ça d'une façon sereine comme si c'était normal. Est-ce réellement normal ? « Je crois bien que c'est la première fois où j'ai réellement eu peur de quelque chose... » Mais quoi ? La neige teintée de rouge ? Mon corps caché sous des tonnes de poudreuse ? Ma vision floutée par les flocons ? La mort ? J'en sais rien.

TENUE ■ « Jusqu’où ? » Non parce que je l’ai vu torse nu et en short, niveau poil il est plutôt raisonnable pour un phacochère, mais remarquant que ma question pourrait encore une fois être mal interprété, je me traite mentalement d’idiot avant de rajouter. « Non oublie, garde donc tes poils où qu'ils soient.» Je ris doucement devant cette conversation des plus étranges et pourtant j’ai l’impression d’être « normal » enfin, je suis normal, mais pas sur le plan relationnel de la chose, du coup pouvoir faire quelques allusions et en rire ce n'est pas tous les jours que ça m’arrive, bien que je sois un petit démon aimant les jeux dangereux j’ai mes limites. « Vous vous la jouez poète monsieur Serizawa, quelle surprise ! » J’aime bien l’embêter, prenant un ton cérémonieux pour appuyer mes dires. L’entendre dire qu’il n’est pas un loup me fit sourire, j’en ai connu un avec le même visage, lui en était un... Loukas est... bizarre. Je ne peux pas le décrire, il est apaisant, marrant, idiot, on se ressemble assez sur certain point et puis il est doué et n’a peur de rien. Au final tout ce que je peux lui souffler devant cette remarque contrée c’est : « Je n’aime pas les loups de toute façon. » Avant qu’il ne cherche à jouer encore une fois les curieux en me demandant pourquoi, j’intercepte en prenant un faux air attristé et balancer. « Il a mangé mère-grand. » Autant dire tout de suite que je me retiens de rire, pinçant mes lèvres fortement avant de lâcher prise, je ne serais jamais fait pour le théâtre, incapable de jouer le jeu plus de deux minutes, mais au moins j’ai sorti ma connerie, ah~ finalement son corps contre moi ne me dérange plus ou plutôt je n’y pense plus à force d’échanger des mots, parler et rire, quoiqu'il me soit difficile de soulever ma poitrine sous les secousses dû a mes amusement avec son poids écrasé sur moi.

« Sérieux ? » Je fais genre de le croire en attrapant sa main et le mordant pour faire apparaitre un goute du sang... « Menteur. » Je lui tire la langue, s'il est fou je ne suis pas en reste, la situation en joue surement beaucoup. Mais finalement je reviens sur la météo, je me demande si cela va durer longtemps, ce n’est pas que rester avec Loukas me dérange, mais si on tombe en panne de sujets pour converser, la gêne et mon malaise risque de revenir taper à la porte et je ne veux pas vraiment me remettre à trembler devant lui après avoir été réchauffé. « On ne pouvait pas prévoir. » Mais quand il reprit la parole, je pose mon regard dans le sien un peu plus sérieux, même complètement sérieux sans une once de sourire ou de plaisanterie pouvant s’afficher sur les traits de mon visage. « De quoi... ? » C’est vrai qu’est-ce qui lui a vraiment fait peur à ce moment-là. Je pourrais dire quelque chose d’anormal à mon tour, mais... Je n’ai pas envie de parler de moi. « Tu aurais pu mourir, comment tu t’en est sorti ? » J’étais curieux, il m’a dit que je pouvais l’être à son sujet n’est-ce pas ? « Tu m’as surpris à dire ça d’un coup, maintenant tu n’as pas le choix que de répondre à mes questions. » Dis-je un léger sourire, je me rends compte qu’être ami avec lui risque de m’inquiéter à l’avenir, il est tellement fou que les situations dangereuses vont surement s’enchainer.

TENUE ■ « Laisse tomber. » Je préfère ne pas trop creuser, lui-même doit penser la même chose quand il me dit d'oublier. Avec plaisir, pensais-je en fermant ma bouche pour ne rien surenchérir. ça risque d'aller super loin comme sujet de conversation et je ne tiens pas à divulguer les endroits secrets où peuvent pousser mes poils, si j'en ai réellement autant. Mine de rien, ça me fait bien rire de parler d'un tel truc sans gêne, bien que je ne sois jamais gêné sur un quelconque sujet. Je prend des airs faussement hautains à sa phrase, faisant genre d'être un célèbre poète à qui la popularité lui est monté à la tête. « Que croyez-vous, monsieur Wakabayashi ? » Puis je me met à rire de moi-même. Je ne suis pas un loup. J'ignore pourquoi il pense cela, mais je contre aussitôt à la négatif. Devrais-je lui dire que mon second prénom est fox ? J'aime bien laisser le doute planer quelques instants. « Pourtant c'est magnifique un loup. » Il doit avoir ses raisons, je ne peux pas l'en dissuader pour autant. Ah! ça peut répondre aux questions que je me pose. « Effectivement, il n'a jamais le bon rôle. » Pauvre loup, lui qui est vénéré dans les légendes indiennes. Au moins, London rigole et s'amuse, oubliant sûrement la situation dans laquelle nous nous trouvons. Outre le fait que je sois allongé sur lui pour garder la température élevée, il tombe toujours des cordes à l'extérieur. ça ferait presque peur de voir ces éclairs strier le ciel sombre et s'abattre sur les arbres alentours avec fracas et bruit assourdissant. Je n'en tiens pas rigueur personnellement, tant que je ne suis pas la cible de la foudre.

Sérieux ? Le temps que je capte sa question, je sens sa morsure dans ma soeur et lâche une plainte surprise. « Espèce de cannibale! » M'offusquais-je en récupérant ma main, les sourcils froncés. Il m'a mordu pour voir la couleur de mon sang, quel fou! Je la secoue doucement pour faire passer le pique de douleur, me fichant pas mal de la goutte cramoisie qui coule sur ma peau mâte. Prévoir est une chose que, justement, je ne prévois jamais. Casse-cou dans l'âme, je fonce toujours tête baissée sans me soucier du reste. Qu'il neige ou qu'il vente, je m'en contre-fiche quand il s'agit d'affronter le danger et partir à l'aventure. Sauf que là, je n'ai pas prévu d'être avec quelqu'un,  ni même que celui-ci puisse être effrayé ou prit de court par un tel orage. ça me rappel des souvenirs, quand je vivais encore chez mes grands parents. Est-il choqué par mon aveux ? Je ne disais pas ça pour l'inquiéter ou le faire peur, loin de là. Ce n'est pas très rassurant non plus, d'ailleurs. Mourir, ouais j'aurais vraiment pu. « Ils m'ont retrouvés ? Les sauveteurs ont des chiens fait pour ça.  » En fait, je ne peux pas réellement expliqué comment ils ont fait, même si j'ai tenu à moitié conscient jusqu'à l'arrivée des secours. Je dois donc lui répondre, obligation de London. « Je faisais beaucoup de hors-piste à l'époque, tout seul. ça ne m'a pas aidé quand je suis tombé de cette falaise en emportant un gros paquet de neige. » Je souris bêtement comme si cela pouvait être un excellent souvenir, alors qu'être ensevelis sous la  neige, proche de la mort, m'a fait totalement peur. « Mes grands-parents m'ont dit qu'ils s'étaient inquiétés en ne me voyant pas revenir à la tombée de la nuit. Je suis fou, mais raisonnable avec les horaires. C'était la condition chez nous, alors quand je ne suis pas rentré, ils ont appelés les secours. » D'après leur histoire, parce que je n'en sais pas plus à ce sujet. « J'ai eu la chance d'être costaud et d'avoir une couche de graisse pour tenir des heures sous la neige! » ça me fait rire, alors que je ne devrais pas m'amuser d'un tel récit. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, comme dit ma grand-mère.

TENUE ■ Dire des bêtises semble monnaie courante entre nous et plus ça va, plus ça empire, il me pousse à exprimer des choses qui seraient habituellement incapables pour moi, d’ailleurs même cette position ne devrait pas être supportable, mais il rend les choses difficiles plus simples à accepter, détendant l’atmosphère j’en oublie mes pensées et passe outre le fait que je pourrais le repousser violemment d’un instant à l’autre si j’en ressentais le besoin. Mais pour l’instant je me moque de lui tout simplement et de son côté poète sorti d’on ne sait où, riant facilement devant mes propos et les siens, sans répondre quoi que ce soit, hochant simplement la tête de droite à gauche devant cette situation ridiculement amusante. Mais le moment où il parle de loup pourrait me remettre mal à l’aise, son visage est vraiment proche et je ne veux pas être à nouveau piégé entre les griffes acérées d’un loup affamé, lui m’assure ne pas en être et ça me rassure, mais je ne peux que sourire discrètement à sa remarque avant de tourner la chose de manière à ne pas éveiller sa curiosité, il est moins curieux en ce moment, je devrai en profiter avant qu’il ne revienne me poser des questions heurtant mon passé et ma crainte me mettant dans l’incapacité de lui répondre en toute honnêteté.

« En effet. » Mais la seconde d’après je suis en train de le mordre pour apercevoir son sang, bleu qu’il disait, quel menteur ! Bon ce n’est pas comme si je ne le savais pas déjà, mais... agir ainsi doit me faire passer pour un fou et j’en suis fier. « pff, fallait pas mentir~ » Je lui tire la langue l’air de dire que c’était sa faute, mais tout amusement se calme rapidement devant son aveu, je dois avouer que vu sa folie il a dû en vivre des choses et risquer sa vie à de nombreuses reprises, je ne peux le trouver complètement fou et en même temps admiré son tempérament, il a failli mourir et il en parle normalement, qu’est-ce qu’il penserait si je disais que c’était aussi mon cas ? Ma sœur a tenté de me noyer dans mon propre élément, pourtant je n’ai jamais fui l’eau comme la plupart des gens vivant cette expérience, mais je n’ai jamais pu en parler, elle est mon sang et la jalousie m’a mis a l’écart de ma famille, là-bas j’ai l’impression d’être un étranger, ils en oublient même mon anniversaire, je suis comme le vilain petit canard destiné à devenir une star de la natation pour faire la fierté de mon père... Et après ? L’écoutant attentivement sur le coup, le regardant, fixant son regard alors que j’imagine chaque scène. « Au moins tu es vivant~ Pumba est résistant. » Je lui souris, mais je suis vraiment content qu’il s’en soit sorti, même si je ne le connaissais pas à cette époque aujourd’hui c’est différent, c’est mon ami.

« Tu n’as jamais hésité à reprendre derrière ? Tu as failli mourir, tu n’as eu aucun blocage toi aussi ? » Un tonnerre retenti proche de nous et me fait sursauter, closant automatiquement mes paupières sur le coup de la surprise... Ne prenant même pas en compte que j'avais balancé une infos susceptible de pouvoir l'intéresser. « Oh putain... » C’est flippant même en étant à l’abri. « J’ai l’impression qu’on va passer la nuit ici Pumba. »

TENUE ■ Ce gamin a dû être indigène dans une autre vie, ceux qui bouffent les malheureux touristes en manque de sensation forte. Il vient quand même de me mordre fortement la main pour s'assurer que mon sang était bleu, pour finalement se rendre compte qu'il est rouge. Il s'en doutait d'avance, mais fallait qu'il trouve une solution pour m'embêter et me rendre la monnaie de ma pièce. Je me retrouve avec une trace de dent sur la main, vestige d'une morsure de requin. Ce gars n'est pas un gentil dauphin à mes yeux, mais plus un mastodonte carnivore des mers. « Techniquement, ce n'était pas un mensonge. » Puisque personne n'a le sang bleu, il devrait le savoir non ? Donc, je n'ai pas vraiment mentit puisque ça n'existe pas. Outre la philosophie et la complexité de mes hypothèses, je tourne la conversation sur un autre terrain. London sait déjà que j'aime le danger, que je suis complètement dingue pour tenter des expériences à couper le souffle, comme une partie de mon corps. Je n'ai pas peur de frôler l'accident, je ne pense pas aux risques que j'encours à jouer avec le feu. Pourtant, ça m'a déjà porté préjudice par le passé, quand je vivais dans cette station de ski chez mes grands-parents. J'en parle naturellement, comme quelqu'un qui aurait pu voir une baleine nager proche de lui ou un quelconque animal rare. Sans crainte, mais plus avec admiration. J'ai seulement eu peur sur le coup, après avoir réalisé où j'en étais, mais aujourd'hui cela ne me fait plus rien, tel un lointain souvenir qui s'efface progressivement.

En parlant, les souvenirs me reviennent par image, comme des flashs. Je peux lui raconter mon histoire en détail, la revivre en détail même si à mes yeux, je me souviens que du bruit des chiens reniflant au-dessus de ma tête ou les secouristes hurlant autour de moi. Mon point de vue est flou, mais je me rappel des paroles de mes grand-parents quand ils m'ont tout racontés à mon réveil. « Heureusement, qu'est-ce que tu aurais fait sans moi ? » Je pouffe d'amusement, mes yeux ancrés dans les siens. à ce moment, aucun ne connaissait l'existence de l'autre et ça n'aurait jamais pu arriver si j'étais mort ce jour-là. Coup du destin ? Pur hasard ? J'en sais trop rien, mais c'est une bonne chose que je sois toujours là.

Toi aussi ? Moi aussi ? Il parle de lui ? Le coup de tonnerre a dû brouiller son cerveau, puisqu'il ne cherche pas à se reprendre. Pour ma part, je n'ai pas bougé, fixant mon camarade d'une manière insistante. Il vient de me balancer un truc sans même s'en rendre compte. « Ce serait bien de pouvoir dormir alors. » Même si ça paraît impossible avec ce temps de chien. Il est quelle heure, d'abord ? Mon portable doit être trempé dans ma poche, j'aurai dû le laisser dans la tente. « J'ai repris le snowboard dès la fin de ma rééducation, comme si je n'étais jamais tombé. » Parce que je suis totalement cinglé et que je n'ai pas voulu me laisser abattre pour si peu. Être vivant est une preuve qui me pousse à ne pas baisser les bras, ni abandonner ma passion. « Tu as déjà eu un blocage, toi ? » Demandais-je prudemment pour  ne pas qu'il se braque, évitant de lui poser la question fatidique... à savoir s'il a déjà failli mourir aussi. « Tu as dit « toi aussi » en me posant la question. Est-ce que ... Tu as vécu une chose similaire ? » Au pire des cas, il fera encore genre de mentir ou d'avoir mal interprété ses mots. Je le verrais presque venir, tellement ça me semble évident.

TENUE ■ Les conneries n’ont pas de limite, bien sur que je savais qu’il n’avait pas le sang bleu, mais j’ai eu envie de le mordre, une pulsion un peu sadique faut bien l’avouer, surtout que j’y ai mis la force pour le faire saigner, c’est assez cruel quand on y pense, mais il supporte la douleur c’est déjà une bonne chose non ? Enfin la suite est tout de même sur un ton plus sérieux et je l’écoute vraiment d’un air attentif, mine de rien ça m’intéresse vraiment, pas seulement le fait qu’il ait frôlé la mort, mais son histoire, ses aventures, il est fan du danger et moi je suis resté dans mon monde sous-marin toute ma vie, je n’ai pas vraiment dévié du chemin et je pense qu’une part de moi envie sa folie. Je ne suis pas vraiment un mec très carré et fermé aux nouvelles choses, je n’en ai seulement jamais eu l’opportunité bien trop occupée à m’entrainer pour gagner les championnats, ma vie jusqu’à maintenant se résume à nager, nager et monter sur les podiums, faire la fierté de mon père et rendre jaloux ma sœur, mon frère ? Je ne sais plus trop au fond ce qu’ils pensent de moi en tant que dernier de la fratrie. Bref, dans son malheur je suis quand même heureux qu’il ait survécu, d’un point de vue actuel, souriant à sa réponse, en le traitant une nouvelle fois d’idiot en cognant doucement ma tête sur le sol en regardant l’extérieur...

« Avec toi sur moi, impossible que je dorme idiot. » Balançais-je naturellement, alors que je n’avais toujours pas repris ma phrase ayant lancé une petite bombe que je m’apprêtais à voir Loukas tenter de désamorcer ou au contraire de la faire péter. Je repose mon regard sur lui bien que je vienne de flipper sur un coup de tonnerre bien trop proche, le fixant naturellement, il est vraiment dingue, mais le fait qu’il ne s’arrête pas malgré la peur qu’il a dû ressentir montre la force de son esprit, sa force mentale. Je reste silencieux un peu perdu dans mes pensées alors qu’il me pose une question à laquelle je m’attendais, enfin j’avais bien remarqué que j’avais lâché une info et je ne l’avais pas rectifié, il n’allait pas passer à côté, du coup je continue de le regarder en souriant, hochant la tête de gauche à droite, écoutant sa nouvelle remarque.

« Tu m’as parlé de toi, j’ai l’impression de ne pas pouvoir te mentir cette fois. » Je ne peux pas vraiment lui dire tous les détails, mais ça n’a rien à voir avec ma phobie ou le secret que je tente de garder à tout prix, du coup j’y vais franco en étant honnête, le surprenant surement. « J’ai failli me noyer. Mais l’eau ne m’a jamais fait peur donc je n’ai pas eu de problème à y retourner une fois le choc passé. » Le choc d’avoir failli mourir de la main de ma sœur, sachant que je sais nager comme un poisson je n’aurais jamais pu me noyer tout seul dans une piscine. « On est un peu des rescapés de nos passions~ » rajoutais-je en riant un peu.

TENUE ■ Ma vie a toujours été rythmé ainsi, entre danger et folie. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai souvent été blessé pour mes bêtises à répétition. Des chutes dans les escaliers, des coups dans les meubles, des pertes d'équilibre sur ma planche sans savoir bien nager. Bref, une porte ouverte aux urgences et aux frayeurs, bien que je ne sois pas le plus effrayé de tous. Mes parents me faisaient souvent la morale, avant de se séparer et de moins s'inquiéter pour moi. Ma mère n'est même pas venu me voir quand j'ai eu mon accident, elle m'a appelé à mon réveil en jurant de passer, mais le temps est passé sans voir une seule fois son visage. J'ai dû faire une croix sur mes déceptions depuis une éternité, comme si rien venant d'eux n'étaient importants. Il m'importe peu de savoir si tout va bien pour elle, si elle a correctement fait sa vie ou si vivre avec mon père la dérange. Lui, il a su se rattraper, se racheter au près de moi. Ce n'est pas tellement le sujet de conversation, mais je pense de temps en temps à eux, sans raison. Retracer le passé me ramène à ces souvenirs avec mes géniteurs, des images qui me semblent bien futile aujourd'hui. à croire que je sois sans coeur, voguant de bateau en bateau, sans penser à ma terre natale.

« Tu veux inverser les places ? » Demandais-je sans faire attention à mes propres paroles. S'il veut être au dessus, ça ne me dérange pas. Ou se mettre de côté alors ? Je réfléchis trop pour rien, mais le fait qu'il ne puisse pas dormir pourrait presque me déranger. Finalement, on reprend le sujet de base sur mon incident. J'ai repris le snowboard peu de temps après, une fois remit sur pied. ça ne m'a jamais arrêté, même une jambe en moins, je trouverai toujours le moyen d'assouvir ce désir malsain du danger. La vie serait triste sinon, non ? Il peut bien dire que je suis fou, il serait surpris de voir que ceci n'est rien comparé aux restes. Les idiots n'ont jamais peur. Son « toi aussi » m'a mit la puce à l'oreille et je fais mon curieux pour en apprendre un peu plus sur lui. Peut-il encore mentir ou détourner le sujet comme si de rien n'était ? Pour une fois, London ne me laisse pas sans réponse ou avec une impression de gêne face à son possible détournement d'attention. Il se donne la peine d'être honnête et ça me fait plaisir, bien plus qu'il ne l'imagine.

Cette fois ? J'ouvre la bouche, un sourire taquin se dessinant en coin. « Tu m'as déjà menti ? » Je vais jouer sur les mots avec lui, à force. Un dauphin qui a faillit se noyer ? C'est une nouvelle ça, bien choquante même. « Tu dis que je suis fou, mais tu en tiens une couche aussi. » Fou n'est pas vraiment le mot adéquate pour notre cas, plutôt persévérant et courageux. Quand on aime, on abandonne pas. « Un autre point commun, on dirait. » Je dis ça comme si cela pouvait changer quelque chose à notre relation. Nous nous ressemblons sur plusieurs points, c'est amusant. Mes oreilles à l'afflux, j'écoute le tonnerre se faire moins fréquent, la foudre tombant plus loin. « On dirait que l'orage s'éloigne, le plus gros est passé à mon avis. » Tant mieux, une fois la pluie terminée, on pourra bouger à nouveau.

TENUE ■ Le danger est quelque chose que je suis prêt à affronter, je ne sais pas encore à quel point je peux être courageux ou à défaut un vrai peureux, mais quand je nage je sais une chose, je me fiche des risques, je donne tout pour aller le plus vite quitte à ne pas respirer un temps-record pour atteindre le bout en premier, je suis un fou de natation, l’eau est mon élément, le reste m’est encore inconnu, mais avec un gars comme Loukas j’ai l’impression d’en apprendre davantage à chaque fois, ile me parle de ses expériences et aujourd’hui de ce jour où il aurait pu y rester, nous sommes encore jeunes et surement qu’on devra encore affronter des moments difficiles et risqués, de mon côté je ne laisserai plus ma sœur tenter de me noyer ou qui que ce soit d'autres d'ailleurs, mais je ne serai jamais à l’abri du danger, car si l’océan et mon allié, demain elle pourrait m’emporter sans que je ne sache pourquoi, j’ai confiance en mes capacités, mais je ne suis pas un surhomme capable d’écraser et surpasser les éléments de ce monde. La nature sera toujours plus forte et n’importe quel idiot devrait le savoir. Quand il me demande si je veux échanger les places, mon regard le fixe l’air de dire « tu es sérieux ? » Je ne pense pas avoir aussi chaud si je me retrouvais en haut... Du coup je réponds simplement. « Non, merci je suis très bien en dessous. » De toute façon ça ne changerait rien, je serais toujours incapable de dormir, cette position en elle-même est ce qui me gêne et pourtant c’est moins flagrant qu’auparavant, mes séances avec Raylai n’ont certes pas diminué ma peur, mais si on rajoute les moments avec Wolf, peut-être que je deviens un peu plus fort devant ma phobie, je ne pense pas la vaincre un jour, mais supporter ne serais qu’avoir quelqu’un sur moi, nos torses collés et rester ainsi pendant de longues minutes, c’est déjà une victoire pour moi.

Finalement je finis par parler un peu trop et je me fais avoir sur mes propres mots, pourtant quand il me questionne je ne pense pas vraiment à lui mentir ou à rester muet, bien que je ne compte pas lui en parler, le fait qu’il m’en ai dit plus sur lui me pousse aussi à me dévoiler, je ne donne pas les détails, les gardant pour plus tard -enfin ça je l’ignore encore à cet instant- mais je peux bien lui dire que j’ai frôlé la mort également. « Qui sait ? » Je ne vais pas mentir en disant « non » mais un petit sourire taquin sur les lèvres ça passe toujours mieux. À la base je suis honnête, mes seuls mensonges cachent mon secret ou en tout cas ont un rapport avec, du coup je mens par obligation, nécessité sur le domaine que je dois à tout prix garder privé. « Tu trouves ? » Je lui tire la langue, avant de fermer les yeux un peu pensifs, il a surement raison. Gardant mes paupières closent je lâche. « On en a déjà pas mal~ » mais ce n’est pas un reproche, juste une constatation. « Mais c’est pour ça que Timon et pumba forment la meilleure équipe non ? » Dis-je en le regardant dans les yeux. À ses nouveaux mots je regarde à l’extérieur, soulager d’entendre ça et mes mains se posent sur son torse pour basculer et rouler pour me retrouver sur lui malgré moi, or c’est dans un léger sourire que j’y fais abstraction en lâchant. « Alors on va pouvoir rentrer~ » heureusement que la grotte était ouverte sinon je me serai fait piéger avec cette histoire de claustrophobie, mais une fois dans la tente, faudra que je joue le jeu~

TENUE ■ Monsieur est un petit joueur, à ce que je vois. Il râle de ne pouvoir dormir en étant sous moi, dans cette position-là, mais quand je propose de changer, il refuse. Je fais la moue en lui rendant un regard similaire, faussement vexé. Il devra garder les yeux ouverts alors, sans se plaindre sinon je l'étouffe sous mon poids. Ce genre de réplique est étrange, comme un arrière goût de sous-entendu, mais je ne dirais rien. J'hoche simplement la tête, sans persister. S'il est bien en dessous, qu'est-ce que je peux y faire ? Tant mieux, dans un sens. Même si j'ignore tout de sa phobie, du fait qu'il ne supporte pas cette proximité en réalité. Qu'est-ce que ça aurait changé à mon choix ? Rien du tout. Il a froid, je fais au mieux pour le réchauffer, voilà tout. Je ne vais pas m'attarder sur une peur pour le laisser mourir de froid ou tomber maladroitement et bêtement malade. Au moins ainsi, il ne risque pas de chopper un truc. Quoi que, en tant qu'ami, je pourrais toujours veiller sur lui et jouer l'infirmière de service, ça ne me dérange pas. On est pas encore là, de toute façon. Nous sommes même très loin de tout en étant ici, et ce n'est pas plus mal. La discussion se fait plus facilement, surtout pour London qui parle de trop et en dévoile sûrement plus qu'il ne voudrait le dire. Mourir, ça donne des bons sujets de conversation mine de rien. Tout les deux, on a déjà eu des expériences effrayantes, mais pas au point de nous arrêter dans notre élan. Nous sommes fous, complètement dérangés, mais on assume quoi qu'on dise ou quoi qu'on pense. C'est ça, être pleinement humain.

Qui sait ? Dois-je en déduire qu'il m'a déjà menti auparavant ? Je ne peux pas lui en vouloir, on se connait à peine et cela depuis trop peu pour être aussi franc. Il n'y a que moi qui parle sans secret, parce que je n'ai absolument rien à cacher. Chacun est ce qu'il est, non ? Si London m'a déjà menti, il doit bien avoir une raison, mais je ne vais pas lui coller un procès au cul pour si peu. Je m'en fiche dans le fond, tant cela ne pourri pas notre amitié. Je l'apprécie London, je ne voudrais pas tout gâcher pour des histoires de mensonge. « Plutôt ouais, tu dois avoir un grain aussi. » Dis-je pour l'embêter, un sourire amusé aux lèvres. Nous sommes fous, pourquoi se mentir ou le cacher ? ça fait un moment que j'ai assumé ma part de folie et d'idiotie, il devrait faire de même. Il n'est pas content d'avoir autant de point commun avec quelqu'un ? Je le regarde en attendant, sans savoir quoi au juste. Un sourire fendit mon visage et je ris doucement à sa remarque. « Ouais, pas faux. » Donc,  nous sommes la meilleure équipe. Belle constatation, sur une bonne note qui s'annonce, l'orage s'éloigne de nous. Cela semble ravir London qui échange nos positions malgré lui et je me retrouve au sol, la tête appuyée par terre. « Bientôt~ Le temps de savoir où aller, parce que j'ignore totalement où nous sommes. » On va mettre des heures à retrouver le camp, surtout que le chemin doit être fragilisé après le violent orage. Sans trop réfléchir, mes mains frôlent sur jambes, se posant sur ses cuisses pour le tapoter délicatement. « Tu n'as plus froid ? »

TENUE ■ Je ne veux pas voir dans notre conversation le côté déplacé de nos phrases, honnêtement je suis déjà bien ennuyé à l’idée de craquer à tout moment devant mes pensées qui pourraient se réveiller d’une minute à l’autre, me faisant constater que je ne pourrais en supporter davantage, pour l’instant je veux simplement profiter de la chaleur de son corps collé au mien et même si les propos qu’ont tient sont étranges ou que ça peut avoir une connotation sex... sexuelle, je ferme les yeux sur tout ça et par chance il ne le relève pas non plus de son côté, je peux donc souffler et arrêter de voir le « mal » partout. Ayant tous deux frôlés la mort on peut dire que nous sommes fous, on le vit bien et cela ne nous a pas arrêtés, repartant à l’assaut du monde à peine relevé. Mais pour les mensonges je ne veux pas que cela nous pèse, je ne peux pas lui affirmer n’avoir jamais menti tout comme je ne peux lui avouer les raisons de mes mensonges, il devra donc se contenter d’une réponse évasive laissant planer le doute sur ce qui est vrai ou non. Je lui tire la langue à son affirmation. « Tant qu’on a un grain ensemble ça me convient~ » Être fou tout seul ça risquerai d’être vite ennuyeux, mais à deux c’est tellement mieux, puis il faut avouer que nous avons quand même pas mal de points communs, une bonne chose pour notre relation, l’amitié qu’on partage peut se compléter avec nos expériences passées et nos caractères parfois similaires.

L’image qui me vient est celle que porte nos récents surnoms, timon et pumba. La belle Équipe qui même en se mettant dans des situations catastrophiques arrive toujours à s’en sortir, ils sont idiots et timbré, tout ce qu’on pourrait définir sur nos personnalités. « Héhé, soit fier, tu es le plus célèbre des phacochères mon ami ! » Je lui tire la langue amusé alors que l’orage se calme à l’extérieur, je suis rassuré car on pourra rentrer, mais c’est vrai aussi que le chemin pris jusqu’ici fut long, il va falloir le retrouver sans tomber, la tempête a dû laisser ses marques, tout comme les éboulements, la boue et tout le reste qui pourrait s’avérer dangereux. Mais on ne peut pas non plus rester là pas vrai ? J’ai entre-temps échangé les positions me retrouvant sur lui, prenant sur moi encore une fois pour éviter les idées bizarres, c’est à cause de Raylai, enfin... pas vraiment « à cause » mais je me suis forcé à faire un entrainement à ses côtés afin d’arriver à regarder des ... films pour surmonter ma phobie, bien que ce ne fût pas un grand succès mon esprit à tendance à se rappeler de certaines visions qui me paralysent et c’est plus fort que moi. « En effet. » Dis-je dans un sourire approbateur. Mais un frisson me parcourt en sentant ses mains sur mes jambes, plus précisément sur mes cuisses, tremblant presque immédiatement devant cette sensation inhabituelle, je me relève subitement en me tapant la tête sur le plafond de la grotte. « Aoutch ! » Ce fut un geste trop brusque pour moi... Je sais que c’était innocent, mais je ne peux pas agir contre les réticences de mon corps à accepter certains gestes, ce fut trop soudain pour que je sois capable de le supporter. « Elle n'était pas si basse quand on est arrivé non ? » Bien sûr London, bien sûr... « Non, ça va, merci d’avoir joué la bouillotte humaine, je t’offrirai quelque chose à boire pour la peine. » Je le taquine, détendant l’atmosphère pour éloigner ce petit incident qui risque de me peser... Je ne veux pas encore qu’on se pose des questions sur moi, je ne veux pas que Loukas me trouve bizarre, mais qu’est-ce que je peux contre ça ? Après tout quoi que je fasse, ça fait partie de moi.

TENUE ■ Nous sommes fous, il l'avoue aussi même si c'est mieux d'être fou à deux. Plutôt, être fou « ensemble ». à nous écouter, ça pourrait passer pour une déclaration mais je ne le prend pas ainsi, même si c'est plutôt étrange à entendre et à analyser. Je retiens simplement le fait que cela est mieux à deux, plutôt que tout seul. J'acquiesce d'un mouvement de tête et d'un sourire, comme si c'était évident et vrai. Avant, j'étais fou tout seul, mais ça c'était avant. Nous nous ressemblons beaucoup, c'est sûrement cela qui pousse notre relation à être aussi fusionnelle et facile. Nous partageons quasiment les mêmes passons, même si les miennes sont poussées à l’extrême. Nous partageons les mêmes point de vue, autant que nous nous entendons sur divers sujets. Je pourrais dire que notre amitié n'est plus à l'étape de la fragilité et qu'on pourrait presque battre les records de confiance. Du moins, je le crois. Parce que j'ignore bien des choses sur lui, le fait qu'il ne soit pas claustrophobe mais qu'il a peur des relations sexuelles, qu'il a vécu des choses désagréables avec son ex et que celui-ci me ressemble. Bref, à mes yeux, je ne suis pas dans le faux et même sur la bonne voix, alors que je n'ai pas découvert toute les zones d'ombre chez London.

à force de nous comparer à timon et pumba, je vais vraiment finir par me comporter comme un porc ou avoir l'impression d'être comme tel. Au moins, nous sommes une belle équipe -bien qu'elle soit de bras cassés- et j'approuve le fait d'être le plus célèbre des phacochères. « Je suis fier, autant que tu pourrais l'être aussi. » C'est stupide mais j'en ris quand même, idiot jusqu'au bout. La tempête à l'extérieur se calme et je le fais remarquer à London qui est d'accord avec moi. Bientôt, nous pourrons reprendre la route, en espérant pouvoir retrouver notre chemin sans se perdre. L'orage a dû fragiliser les environs et rendre la route complètement changée et dangereuse. Je ne tiens pas à précipiter London dans les embrouilles... Il serait peut-être mieux d'attendre là que des gens nous cherches, même si ce n'est pas dans mes préférences. à présent allongé par terre, je souffle de fatigue en regardant son corps au dessus du miens. ça change de la vision que j'avais précédemment avec lui, quand j'étais encore au-dessus de lui. Est-ce qu'il va bien ? Je voudrais m'en assurer, déposant mes mains sur ses cuisses pour le questionner. Je ne m'attendais pas à ce qu'il réagisse aussi brusquement et se redresser d'un bond en se cognant la tête au plafond. Un sourcil relevé, je le regarde avec perplexité en me redressant sur les coudes. « Si, mais tu n'as pas dû le voir en te jetant au sol à peine arrivé. » Et je lui trouve une excuse en plus. Il répond quand même à ma question et je souris malgré moi et mes questions. « Tant mieux, ça me rassure. Ce ne sera pas de refus, tiens. » Même si j'ignore quand est-ce qu'on pourra boire un truc ensemble. étirant mon corps, je sens mes articulations craquer et se détendre en fonction de mes mouvements pour décrisper mes membres. Un soupir et je cherche mon t-shirt encore humide, je le mettrais plus tard. « Par contre, moi, je pourrais dormir profondément. » Dis-je en rigolant et en me rallongeant, les bras pliés sous ma tête en guise d'oreiller. De toute façon, nous devons encore attendre avant de partir à la recherche du camp. « Relaxe-toi, on ne part pas de suite. » Sinon il va prendre racine.

TENUE ■ Si on devait compter le nombre de nos phrases à double sens on risquerait d’être fatigué avant d’arriver au bout, mais pour le coup ça reste innocent donc même si on les remarque tous les deux, aucune de nous ne les relèvera et c’est tant mieux. En tout cas cette histoire de timon et pumba semble nous poursuivre depuis le début de la journée et ça risque de continuer, je suis têtu quand je trouve quelque chose de fun, certes l’appeler ainsi n’est peut-être pas très glamour, cool et ça pourrait passer aux yeux de certain comme une insulte, mais pas entre nous. J’aime leur équipe et on en forme une belle aussi, donc n’est-ce pas parfait ainsi ? Enfin l’orage se calme et dans un élan je change nos positions, choses qui sans le savoir vont m’arracher une réaction que j’aurais bien voulu éviter d’avoir en sa présence. Ses mains sur mes cuisses sont le déclencheur, je sais que ce n’est « rien » c’est juste un geste amical, mais je n’ai pas pu contrôler mon corps qui s’est relevé dans un geste brusque, affolé et à moitié apeuré, j’arrive à forcer mon expression pour rester calme, mais je me maudis de toujours devoir faire face à ça, je maudis cette phobie de me gâcher la vie, c’est toujours pareil, même quand il n’y a rien de grave aux yeux des autres, au mien ça devient ingérable. Heureusement la douleur sur ma tête après m’être tapé sur le plafond me permet de ne pas m’éterniser sur ma réaction et de changer de sujet l’air de rien.

« Sérieux ? » Je ris pour cacher ma gêne, je me sens tellement nul, mais j’ai l’habitude à force. L’observant tout en continuant de me frotter la tête, il semble à l’aise et plutôt tranquille. « Fais-toi plaisir si tu veux dormir, mais si on se fait attaquer par une bête sauvage je t’abandonne sur place et tu finiras en porc grillé! » Je lui tire la langue le taquinant, il devrait savoir que même si je suis égoïste, je ne la laisserai pas, à ses mots je m’allonge de nouveau au sol à côté de lui, prenant la même position, en lâchant le regars rivé sur le haut de la grotte. « Quoique, maintenant je peux dormir aussi~ on finira de manger tous les deux dans notre sommeil, soudons-nous les coudes pumba ! » Je ris tel un gamin, avant de fermer les yeux. « En tout cas il commence bien ce camping. »

TENUE ■ Notre entente vient de s'ébranler l'espace de quelques secondes sous un malheureux geste de ma part que je ne voulais pas si abrupte pour l'effrayer et le faire sursauter. Pourquoi réagit-il ainsi, d'ailleurs ? Je ne voulais pas faire à mal en le touchant discrètement pour m'assurer qu'il aille bien. L'entendre se cogner la tête et se plaindre me rend curieux. Pourquoi s'emporter de la sorte ? Je ne comptais rien lui faire... C'est mon ami, après tout. Qu'aurais-je en tête à part des attentions affectives et innocentes ? London est une source de mystère que je ne préfère pas révéler maintenant. Il m'apporte des question mais très peu de question, bien que je ne cherche pas à aller obtenir de suite. ça attendra, pensais-je en le regardant en silence. Il a l'air d'aller bien, malgré le coup violent sur sa tête. Je me suis inquiété en le voyant sauter comme  un lapin, apeuré par je ne sais quoi ou pour je ne sais quelle raison. Mes interrogations ne seront sûrement pas la bienvenue, je laisse courir pour cette fois-ci. Quant au plafond, il n'a jamais été haut. Il n'a pas non plus bouger pendant les longues minutes qu'on a passés ensemble, à se réchauffer allongés l'un sur l'autre. Quand je lui dis, cela semble le surprendre. Sérieux, il a toujours été bas, mais peut-être qu'il n'a pas remarqué à cause de sa précipitation à vouloir se recroqueviller sur lui-même pour un brin de chaleur inexistante.

Je passe outre, histoire de ne pas l'ennuyer avec mes questions imprévus et qui font mouche. Je ne décolle pas du sol, me rallongeant confortablement dessus, les bras sous la tête comme si j'étais dans mon lit. à la cool, tout roule raoul. « J'avais oublié ô combien tu étais sympathique. Timon n'abandonnerait jamais son ami, tu sais ? » Je souris en lui demandant, ouvrant seulement un yeux pour l'observer avec malice. Finalement, London me rejoint par terre et j'ai l'opportunité de le regarder avec mes yeux orbes, observant son visage avec un rictus en coin. Il n'est pas aller bien loin, bête sauvage ou pas. Puis, il se résigne à m'abandonner, jouant encore de la plaisanterie. « Dors, il risque d'être calé avec moi. Aucune chance qu'il te bouffe, t'en fais pas pour ça. » Plaisantais-je en lâchant un pouffement amusé. « Tu l'as dit... Je ne pensais pas autant m'amuser en venant ici. C'est cool. » Mes paupières se referment et je souffle de bien-être, la respiration de plus en plus lente et régulière. J'ai soudainement sommeil, épuisé par notre parcours sauvage à travers la tempête. Tant pis si je me fais manger, j'ai besoin de dormir un peu... Juste une petite heure, le temps de récupérer des forces et que la pluie s'en aille avec l'orage.

TENUE ■ Je sais que ma réaction fait susciter des questions dans l’esprit de Loukas, à sa place que je m’en poserai surement et je ne comprendrai rien à son comportement. Mais malgré ça je ne peux lui donner aucune réponse, je ne peux pas lui expliquer les raisons de cet écartement, de ce bon me forçant à m’éloigner subitement de lui. S'il venait à me demander, je ne pourrais pas être honnête, trouvant une excuse pour l’inciter à tourner la page, même si cela serait flagrant, mes secrets ne peuvent pas être dévoilés. Mais même si ma tête me fait mal sur le coup, je ne veux pas m’attarder sur cet épisode gênant et perturbant. Je lui souris devant son envie de dormir, le narguant sur le fait que je serai fortement capable de l’abandonner là aux bêtes sauvages. « Je suis une évolution plus intelligente de timon~ » Je lui tire la langue devant ma bêtise, avant de finalement m’allonger à ses côtés. Fatigué par cette journée, je suis bien installé sur le sol, même si c’est moins confortable qu’un lit douillé on devra faire avec. Je tourne ma tête dans sa direction pour le regarder, croisant ses iris en l’écoutant parler.

« C’est vrai que tu es un porc consistant alors que je suis un simple cure-dent~ » Je ris doucement avant de reposer mes yeux sur le plafond, les closant doucement. « En effet. » Je pense qu’on a tous les deux besoins de sommeil, voyant que Loukas est déjà entrain de s’en aller vers Morphée, je souris en me tournant pour le regarder, observant son visage endormi sans vraiment penser à mon geste, il lui ressemble vraiment et pourtant... Il est aussi si différent. Avant de m’en rendre compte je quittai la réalité pour quelques heures au pays des songes, en espérant ne pas être réellement pris en chasse par un animal affamé.