a vie n'avait plus aucun sens. C'est la conclusion à laquelle j'en étais arrivé après des jours et des nuits de réflexion. Cela fait maintenant trois semaines qu'Ayden a disparu, et plus j'y pense plus je me dis qu'il ne reviendra jamais.. Il a certainement dû se faire attraper et à l'heure qu'il est, je ne suis pas certain qu'il soit encore à vie. Alors pourquoi moi, devrais-je continuer de vivre ? Après tout, il est né pour me protéger, personne d'autre que lui n'est capable de tenir ce rôle, alors à quoi bon. Je ne me sens pas de continuer à respirer s'il n'est pas là pour me surveiller et prendre soin de moi. Oui, au fil des années je suis devenu complètement accro à Ayden. Plus que ça, mon coeur bat pour lui, il bat lorsqu'il est à côté de moi. Depuis qu'il n'est plus là, mon coeur aussi est mort.

C'est assis, sur le toit, les pieds dans le vide, que je pense à tout cela. Il y a presque une heure, j'ai décidé de monter les escaliers des dortoirs, d'ouvrir la porte qui donne sur le toit et de m'y installer. Je pense que je ne redescendrais pas, ou en tout cas pas de façon correcte. J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune autre solution. Je l'ai attendu, j'ai espéré qu'il revienne, mais par ma faute il est sûrement déjà bien haut dans le ciel, et ça, je suis incapable de l'accepter.

Depuis que je suis revenu de Chine et que j'ai compris qu'Ayden était parti, je n'ai presque pas dormi. Je vis tel un robot, allant à l'université, rentrant au dortoir et restant allongé dans mon lit. Un homme remplace Ayden, c'est un chinois également, que mon père a envoyé. Il est grand, baraqué et bien plus vieux que moi. Il ne parle pas, ne bouge pas à part pour me suivre, j'ai presque parfois l'impression qu'il ne respire pas. Seulement, ses journées doivent malgré tout être fatigantes car il s'est endormi, et grâce à ça, j'ai pu quitter le dortoir sans qu'il ne s'en rende compte. Au fond, je suis désolé pour lui car si je saute, je ne sais pas ce qui lui arrivera à cet homme qui s'est endormi au lieu de me surveiller. Ayden lui, même la nuit, il ne dort que d'un oeil. Si je me lève, il se réveille aussitôt.

Je soupire une dernière fois et alors que mon regard est toujours dans le vide, je me mets debout sur le bord du toit. En bas personne ne doit me voir. Il fait nuit et même si la rue est animée, le toit n'est pas du tout éclairé, et de toute façon ils n'auraient pas idée de lever la tête en l'air. Bientôt, à cause de moi, ça sera le bazar en bas, en pleine nuit, je suis désolé... Alors que je m'apprête à lancer un de mes pieds dans le vide, en pensant une dernière fois à Ayden, j'entends la porte du toit claqué, une respiration très essoufflée se rapprocher rapidement de moi.

ombien d’heures, de jours, de semaines cela faisait que je me cachais de ses hommes en costumes, j’avais pu en avoir quelques-uns, mais ils revenaient toujours en masse, me pourchassant ou que j’aille, ma tête mise à prix, je n’avais aucun répit durant ses longues journées où ma seule motivation pour ne pas simplement foncer dans le tas quitte à que ce soit la dernière fois, c’était de « le » revoir. Je peux mourir pour lui, il le sait, tout le monde le sait, mais je ne laisserai pas la mort m’enlever s'il n’est pas en sécurité, pourquoi me tuer ? Pourquoi moi qui ne suis qu’un garde du corps, je ne suis pas le plus futé, mes seules compétences résidées dans mon talent au combat, dans mon art et mes stratagèmes d’attaque et de défense, ma seule qualité est de pouvoir le protéger, je ne laisserai personne mettre un terme à ce contrat, pas tant que nous ne l’avons pas décidé ensemble. J’ai réussi à trouver une maison, un abri où j’ai pu soigner un peu mes blessures, je me bats avec un sabre eux avec des armes à feu, mais peu importe combien de trou ils laissent dans ma chair, ça ne me fera pas stopper le combat. j’ai pu manger, me reposer et surtout penser pendant quelques jours. Caché, j’observais la lune, le ciel étoilé en essayant d’imaginer Jia Heng en faire de même, je ne suis pas romantique... Je ne connais rien à tous ses sentiments, mais il me les fait découvrir doucement, peu à peu je comprends. Maintenant tout ce que je veux c’est retourner à ses côtés, déterminé j’ai monté un plan, enroulant mes blessures dans des nouveaux bandage, un déguisement et un peu de chance, j’ai réussi malgré les gardes à passer les frontières, trouver une place dans un vol pour Tokyo quittant la Chine, cet endroit que je pensais être chez moi me semblait trop hostile pour un jour avoir envie d’y remettre les pieds, bien que j’y sois surement obligé, mais tout ça je ne préférai pas y penser.

Plusieurs heures plus tard.

Mon avion avait atterri, si j’en croyais la date, j’étais parti depuis plus de trois semaines, il faisait nuit et je mentirais si je disais ne pas être épuisé, mais je n’avais qu’une envie, qu’une obsession, rentrer à la maison, cette chambre est le seul endroit où je peux être avec lui sans se poser de questions, je veux le voir et le rassuré... Qu’a-t-il pensé, que lui a t-ont dit sur mon compte ? Comment va t-il ? A t-il pensé à moi comme je l’ai fait ? Mon cœur dit insensible bat la chamade, levant les yeux au ciel pour arrêter de me poser toutes ses questions, mon organe s’arrête, sans tarder alors que mes pas me pousse à grimper à toute allure les marches du bâtiment, deux par deux, trois par trois, j’augmente la cadence faisant abstraction de toutes les douleurs de mon corps, poussant la porte du toit, essoufflé, je fonce en direction du rebord pour l’attraper et le tirer vers moi, le plaquant au sol, ma casquette cachant la moitié de mon visage, la nuit s’occupant de faire le reste, je n’ai pas de mot, installé sur lui, il est là, je le touche, mais je n’arrive même pas à le regarder... Mon cœur me fait mal, ma respiration est rapide, ma gorge est nouée, j’ai l’impression d’avoir attendu ce moment depuis une éternité, seul son prénom réussit à franchir mes lèvres...

« Jia Heng... » Qu’était-il entrain de faire, que voulait-il faire ? Tant de question fuse dans mon esprit, je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas...

lusieurs fois il m'avait sauvé la vie. Cette fois encore, il avait tout fait pour me protéger mais il s'était fait attraper. Depuis le début il risquait sa vie pour sauver la mienne, je m'en était toujours un peu voulu... J'aurais préféré qu'il ait une vie toute à fait normal, qu'il ne me rencontre jamais et qu'il n'ait pas à me protéger. Un garçon comme lui ne méritait pas cela. D'un autre côté, si je n'avais pas rencontré Ayden, je ne connaîtrais pas tous ces sentiments qui se bousculent dans mon coeur depuis plusieurs années maintenant, tous ces sentiments que je découvre au fur et à mesure grâce à sa présence à mes côtés. Seulement, il n'est plus là. Je ne pense pas qu'il reviendra, cela fait déjà longtemps qu'il est parti. Je n'y crois plus.

Mes jambes se balancent dans le vide pendant plusieurs minutes, avant que je ne décide à me lever, restant debout sur le bord du toit. Les lumières de la ville donnent un paysage magnifique vu d'ici, un paysage que je n'avais jamais pris la peine de regarder avant. Un sourire s'affiche sur le bout de mes lèvres. Je vais sauter, je ne devrais pas avoir le temps de souffrir, et d'ici quelques minutes je retrouverai très certainement Ayden là-haut, dans le ciel. Je suis croyant et j'ai toujours su qu'il y avait un après. Peut-être pas un Paradis et un Enfer, mais il y a bien un autre endroit où tous ceux qui ont perdu la vie peuvent se retrouver, et vivres ensembles pour l'éternité. J'y ai toujours cru, et j'y crois encore plus depuis que je me tiens là, debout sur ce toit, et que je m'apprête à sauter. L'un de mes pieds se rapproche dangereusement du vide. J'y suis. « Ayden, attends-moi encore un peu. » Chuchotais-je en fermant les yeux alors qu'une larme roule le long de ma joue.

Soudain, alors que je pense avoir sauté, je me retrouve plaqué sur le sol. Pas celui du trottoir qui était sous mes pieds un instant plus tôt, mais bien celui du toit de l'immeuble. Mon dos me fait affreusement mal, la personne m'ayant attrapé pour me plaquer-là n'a pas été très délicate... Je grimace et avant que je n'ouvre les yeux, une voix murmure, en un souffle, mon prénom. Ayden ? Suis-je mort ? Je crois pourtant reconnaître sa voix... J'ouvre les yeux et mon souffle se coupe brusquement. Que fait-il là ? Est-ce que je commençais à devenir fou au point d'en avoir des hallucinations. Pourtant non, Ayden est bien là, sur moi, son corps contre le mien. Je ne vois pas bien son visage et pourtant je suis certain que c'est lui, même si je ne sais comment l'expliquer.

« Ayden... » La gorge nouée je retiens mes larmes qui ne demandent qu'à couler. « Que... que fais-tu là ? Ils ne t'ont pas... » Le mot "tué" est incapable de franchir mes lèvres. J'ai tellement cru qu'il était mort.

e ne savais pas dans quel état j’allais pouvoir retrouver Jia Heng, est-ce qu’il m’avait remplacé ? Contre son avis personnel son père avait-il déjà envoyé quelqu’un pour le protéger ? Je ne sais plus depuis combien de jours j’ai disparu, j’ai erré pour survivre loin de cet endroit de paix où j’aime me retrouver à ses côtés, dans cette guerre, cette chasse a l’homme où j’ai tout donné pour ne pas me faire tuer et pouvoir ne serais-ce que le revoir. Le Japon est devenu en peu de temps le pays dans lequel je veux vivre et rester avec Jia Heng, ici on est loin des obligations, des tensions on peut être seulement nous et vivre en étant sincère. Bien entendu je ne franchis pas mes limites, depuis toujours je sais où se trouve ma place et je ne veux pas m’imposer, au fond je suis encore le garde du corps du chinois, mais derrière ses apparences il a fait de moi un humain, amitié, amour, je découvre tout grâce à lui, même physiquement il m’a fait connaitre des choses que je ne soupçonne pas une seconde, plus que mon maitre il est devenu mon amant et l’unique personne dans ce monde pour qui je resterai vivant.

À peine de retour aux dortoirs je n’ai pas mis longtemps à remarquer cette silhouette à moitié dans le vide sur le toit, je ne me suis pas posé de questions, j’ai foncé en priant pour que ses idées morbides pouvant traverser mon esprit ne soient dû qu’à mon exagération, j’ai peur de ce que je pourrais découvrir... Souffre-t-il à ce point sans moi ? Est-ce que je me fais des idées ? Je voudrais lui crier que je suis là, je suis vivant, c’est les mots que j’ai tend de fois répétée en espérant que le vent les lui apporte, qu’il attende mon retour. Mon cœur bat si vite, si fort, je n’ai jamais ressenti ça, ses émotions mélangeant bonheur et peur, la joie de le revoir et l’appréhension de le perdre, tout est un chaos dans mes sentiments, mais la balance penche du bon côté quand je réussis à temps à l’attraper, le plaquant au sol en reprenant ma respiration. Effrayé, soulagé, je ne sais pas quoi dire, mes mots ne sortent pas, « je suis là »... est ce que je voudrai dire, mais seul son nom franchit la barrière de mes lèvres, caché derrière ma casquette, il ne met pas longtemps à me reconnaitre et mon organe vital ne fait que s’accélérer davantage dans des frissons incontrôlés, entendre sa voix de nouveau j’ai l’impression que j’ai attendue ça depuis une éternité... Ma tête ose s’écraser au creux de son épaule soulagé, soufflant fortement pour le montrer. Ma casquette tombe au sol, je me fiche bien qu’elle s’envole, pour l’instant je veux simplement profiter de cet instant, j’ai l’impression que je pourrais réellement pleurer, mais malheureusement je ne suis pas le plus doué pour montrer tout ce que je ressens, même si Jia Heng est l’exception capable de me rendre fragile et vulnérable comme fort et redoutable.

« Je suis là... » soufflais-je doucement avant de reprendre. « Je te retrouve enfin. » je ne sais pas ce que tout cela signifie, tout ce que j’ai vécu et pourquoi, mais maintenant il est là devant moi et cette fois quoiqu’il arrive je ne le laisserai plus jamais me quitter, jamais.

« Qu’est-ce que... Qu’est-ce que tu comptais faire, pourquoi ? » Je me redresse doucement en le surplombant de mon corps sans pour autant me relever, juste histoire de pouvoir le regarder.

ai du mal à comprendre ce qu'il se passe. J'ai du mal à comprendre qu'Ayden se trouve devant moi - ou plutôt sur moi - à cet instant. Je me demande toujours si je suis dans un rêve ou dans la réalité, j'étais tellement sûr qu'il avait disparu pour de bon. Pourtant, je sens sa tête se poser sur mon épaule, je sens tout le poids de son corps sur le mien, je sens son souffle dans le creux de mon cou lorsqu'il soupire. Il est bel et bien vivant, et il est bel et bien avec moi. Sans m'en rendre compte mes bras se resserrent autour de son cou et une larme roule le long de ma joue alors que je réalise qu'Ayden est vivant.

Je desserre légèrement mon étreinte et mon garde du corps se redresse légèrement. Sa casquette est tombée sur le sol, je peux voir son visage. Je grimace en voyant que celui-ci est légèrement abîmé. Je le croyais mort alors évidemment que, même s'il est vivant, son corps doit être totalement tuméfié, rien que son visage le montre. J'ai envie d'observer son corps sous toutes les coutures pour le détailler et soigner ses blessures, mais l'endroit n'est peut-être pas propice à ça. « Je... Je ne pouvais pas vivre loin de toi... » Je ne sais pas si cette raison était assez valable pour me jeter du haut de l'immeuble, mais pour moi ça l'était. Je ne pouvais pas vivre sans Ayden, sans cet être toujours à mes côtés qui me protégeait et ne laissait jamais rien m'arriver. De toute façon comment j'aurais pu survivre sans sa protection ? Avec cet ours idiot qui me servait de garde du corps depuis deux semaines, n'y pensons même pas, il n'avait même réalisé que j’avais quitté le dortoir, il devait encore dormir bien profondément en ronflant comme un porc... Si quelqu'un voulait m'atteindre il n'aurait jamais mis sa vie en danger pour moi, Ayden lui, il passait son temps à mettre sa vie en jeu pour protéger la mienne.

Je ne savais pas quoi dire. Ayden allait sûrement m'engueuler pour avoir osé penser que sauter du toit aurait arrangé les choses. Pour éviter ce genre de reproches, je me redressais soudainement, ne quittant pas mon garde du corps du regard. J'étais désormais assis sur le sol froid du toit de l'immeuble, Ayden sur mes genoux. Mes mains attrapèrent son visage délicatement et, doucement, je rapprochais mes lèvres des siennes avant qu'elles ne se touchent finalement. J'avais bien cru ne jamais avoir le bonheur de goûter de nouveau à la douceur de ces lèvres... Une larme coule de nouveau le long de ma joue, je voudrais que ce baiser dure éternellement Néanmoins je recule légèrement et observe son visage de plus près, mais mains toujours posées sur son visage. Mes doigts passent légèrement sur ses quelques égratignures, le contour de son oeil semble plus foncé aussi. Je soupire « Qu'est-ce qu'il t'on fait... » Ce n'est pas franchement une question que je lui pose, j'ai tout sauf envie de connaître les détails de ce qu'il s'est réellement passé. « Ayden je t'en supplie, ne fait plus jamais ça ! Ne pars pas lorsque je te dis de rester ici. »

Je lui avais pourtant dit mille fois de ne pas m'accompagner pour mon dernier voyage en Chine. Je ne craignais rien là-bas, d'autres hommes pouvaient me surveiller. Pour lui au contraire, c'était risqué de m'accompagner jusque là-bas. Certains hommes de ma famille en avaient après lui. Ils voulaient simplement le supprimer pour pouvoir m'atteindre plus facilement, cette fois-ci, j'avais bien cru qu'ils avaient réussi... Il s'était jeté dans la gueule du loup, il c'était réellement livré à eux. Je ne voulais pas que cela se reproduise, plus jamais il ne m'accompagnerait en Chine. Je ne mettrais plus jamais les pieds dans mon pays de toute façon, ça serait bien plus simple comme ça ! De toute façon, l'endroit dans lequel je voulais vivre désormais, c'était le Japon. C'est le pays qui avait vu naître mon amour débordant pour Ayden, c'est là que je voulais rester à ses côtés. Même si ici, comme ailleurs, nous avions énormément d'interdit lui comme moi, c'était tout de même là que nous étions les plus libres.

ia Heng sait mieux que personne a quel point je suis parfois désespérant, je ne vois pas les choses comme les autres, je ne comprends pas toujours les sentiments et j’arrive encore moins a les exprimer, pourtant a cet instant mon cœur sait comment faire face sans avoir besoin de mon consentement, je tremble...  L’idée qui me traverse l’esprit alors que je le voyais suspendu au dessus de ce mur m’a effrayé, il est rare que j’admette avoir peur c’est tabou dans mon métier, mais en toute honnêteté, j’ai jamais eu aussi peur que l’instant où les images ont défilé dans mon esprit au ralenti, le voyant tomber sans pouvoir le rattraper et même là, après être allongé sur lui, mon cœur bat contre ma poitrine dans un rythme effréné, mon visage caché il m’a très vite démasqué, ce n’était surement pas bien compliqué vu le lien qu’on partage, tout comme j’ai su que c’était lui en le voyant les yeux levées sur le toit.

Il est le seul, l’unique capable de me rendre plus humain, devant lui je baisse les armes et détruit les barrières, je peux lui montrer mes faiblesses car il est ma force, nous sommes unis sous un serment qu’on est les seuls à connaitre, aussi invisible que la marque qu’il a laissé dans mon corps, les émotions qu’il m’a apprit se réveille devant lui, ses bras m’entoure dans une chaleur qui m’avait manqué, il pourrait neigé et gelé sur ce toit que je m’en contenterai, mon regard lui fait maintenant face, mon état est déplorable après avoir survécu dans une guerre seul contre tous, mais je suis vivant et à mes yeux ces marques ne sont que des détails maintenant que je suis de nouveau a ses côtés. Je peux sentir l’émotion nous submerger autant lui que moi, le voir montrer ses faiblesses alors qu’il paraissait toujours si invulnérable me prouve une nouvel fois qu’on a dépasser tout les stades accepté, surpassant la limite autorisé, acceptant la réalité de nos sentiments. Si Jia Heng semble déjà avoir versé une larme, ces mots sont douloureux et en même temps n’est-ce pas une déclaration ? Pourtant je ne veux pas qu’il meurt par ma faute, ma poitrine est en feu et ma gorge nouée, je pince mes lèvres en tapant mon front contre son torse, cachant mon visage contre son vêtement, soufflant.

« Idiot... Je ne compte pas t’abandonner...  Abruti... Aie confiance en moi... Imbécile...»  On pourrait croire que je le sermonne et peut-être que c’est un peu le cas, mais mon ton est bas, léger et inquiet, comme si je retenais mes larmes en lâchant chacun de ses mots.  Le reflet de la peur ayant atteint mon âme, la peur de le perdre tout simplement. Un geste, du mouvement et nous voilà redressé, Jia Heng assis, je suis installé sur lui, nos regards se posant l’un sur l’autre, je le fixe les yeux brillant, retenant toujours mes sanglots de soulagement et de joie de pouvoir le revoir après m’être battu avec cette seule raison « le revoir ».  Un frisson me parcourt au touché de ses doigts sur ma peau et je ferme les yeux en sentant ses lèvres sur les miennes, ce n’est pas un rêve. Je suis son garde du corps et cela peut-importe les gens qui pourrait s’amuser a le contredire, pourtant avec lui, en privé, j’apprends à être Ayden tout simplement, l’homme amoureux de son maitre, emporter dans une relation interdite et devant qui je ne cesse d’évoluer. Mes larmes finissent par couler alors que je m’agrippe à lui solidement, il m’a manqué, je peux l’affirmer sans une once d’hésitation, Jia Heng m’a terriblement manqué.  Nos lèvres séparées je souris doucement en sentant sa main sur mon visage retracer mes blessures, le rassurant silencieusement, ce n’est rien.  Puis je hoche la tête de droite à gauche doucement pour répondre.

« Je refuse. Je m’en fiche qu’ils s’attaquent à moi, mais l’idée qu’il puisse t’atteindre me terrifie. » Les moments les plus heureux de ma vie se trouve ici, à Tokyo, notre chambre apaisante, notre petit chez nous où on peu agir sans craindre un coup d’état ou ne serais-ce que de s’enlacer.  « Je me bat pour toi, je vis pour toi, alors ne me laisse jamais derrière. » Prenant pour la première fois l’initiative d’encadrer son visage entre mes mains pour lui rendre son baiser, mais un geste brusque et je grimace pinçant sa lèvre, me retenant de montrer la douleur qui se réveil autour de mes blessures, j’ai un peu trop forcé en courant comme un fou, je peux surmonter n’importe quoi, mais a l’accumule je vais simplement finir par m’écrouler.

ans ma vie il n'y avait personne d'autre qu'Ayden, ça avait toujours été comme ça, bien avant que mes sentiments pour lui naissent. Je n'avais vécu qu'entouré de nos servants, de mes professeurs, de mes parents souvent absents et de toutes leurs relations, mais d'aucune personne de mon âge. D'aucun enfant, d'aucun camarade de jeu, d'aucun ami tout simplement. Et puis, un jour, Ayden était arrivé. Il ne parlait pas, il se contentait de faire le rôle qu'on lui avait attribué, soit me protéger. Seulement, malgré que rien ne semblait pouvoir nous lier ni nous rapprocher, le fait de l'avoir à mes côtés m'avait apaisé. Tout d'abord il m'avait sauvé une fois, alors que nous étions encore très jeunes, j'avais alors compris que ce rôle qu'il prenait tant à coeur, il en serait toujours ainsi pour lui. Il était là pour me protéger, mais il était également le seul à pouvoir me tenir compagnie. Depuis que nous étions partis au Japon, bien que je fréquente la Royal et donc que j'aurai pu me faire des amis ou tout du moins des connaissances, cela n'est pas arrivé. Je n'ai besoin de personne dans ma vie, de personne d'autres qu'Ayden en tout cas. Il me suffisait amplement et je ne voyais pas l'intérêt de passer du temps avec quelqu'un d'autre que lui. Mais alors, s'il disparaissait, s'il était tué par tous ceux qui en ont contre moi, que m'arriverait-il ? Car je n'avais personne d'autre.

Son torse était si prêt du mien que je le sentais battre à toute vitesse. Comment avait-il réussi à arriver si vite sur le toit ? Comment avait-il su que j'étais là ? Il m'avait sûrement vu du bas de l'immeuble. Si personne ne pouvait distinguer ne serait-ce qu'une silhouette percher sur le toit dans la pénombre, Ayden lui était capable de voir qu'il y avait quelqu'un, il était même certainement capable de me reconnaître. Bien sûr que j'avais confiance en lui, je n'avais d'ailleurs confiance en personne d'autre qu'en lui. Mais ces hommes auraient pu le tuer, il n'est pas invincible... Il n'était pas un homme comme les autres, mais il restait tout de même un être humain, par définition il était mortel, comme nous tous.

Ayden semblait apprécier ce baiser autant que moi. Seulement, j'aurais aimé qu'il dur bien plus longtemps, qu'il soit bien plus passionné et pourtant, le simple fait de poser mes lèvres contre les siennes me suffisait pour le moment. Je l'avais retrouvé, je m'étais assuré qu'il était bien présent face à moi et que je n'étais pas entrain d'halluciner. Maintenant il fallait que je me souci un peu plus de lui. Son visage tuméfié m'inquiétait, je n'osais même pas imaginer à quoi ressemblait son corps, cela me terrorisait. Comment pouvait-il se mettre en danger à ce point ? Il était né pour me sauver, je le savais, seulement je refusais qu'il meurt pour moi, je ne voulais pas qu'il aille jusque-là. Ayden n'était plus simplement mon garde du corps, nous avions franchi une étape tous les deux. S'il venait à disparaître je pourrai aussitôt avoir un nouveau garde du corps, mais mon amant ne reviendrait jamais.

Je soupirais. Le blondinet était têtu. Je me doutais bien qu'où que j'aille il me suivrait à la trace... « Je n'irai plus en Chine. » J'étais clair et décidé et rien ni personne ne pourrait me faire changer d'avis. Trop de personnes en avaient contre moi dans ce pays, et par conséquent contre Ayden. « On ne quittera plus le Japon, je n'en vois pas l'intérêt. » Ma carapace si solide fondait comme neige au soleil lorsqu'il s'agissait du jeune homme. Je n'étais plus le même, je n'étais plus le mec dur et froid comme je l'étais devant les autres. Même si je ne m'exprimais toujours que très peu par les mots, avec Ayden, les gestes prenaient facilement le dessus et sans crainte. Seulement, pour la première fois, mon garde du corps sembla vouloir prendre les devants et posa à son tour ses mains sur mon visage. Il grimaça. Nous étions dans une position tout sauf confortable et je n'y avais pas pensé avant, il devait souffrir. « Relève toi. » J'attendais qu'il se redresse et me relevais à mon tour. « On rentre. Tu dois être gelé, et il faut soigner tout ça. » Je parlais bien évidemment de toutes ses blessures. Je pourrais passer la nuit à veiller sur lui et soigner ses blessures. De toute façon je n'avais pas sommeil, je ne voulais rien faire d'autre que garder mes yeux sur lui maintenant que je l'avais retrouvé.. Cette nuit, les rôles seraient inversés. Mais avant tout, il y en avait un autre qu'il fallait virer de notre dortoir. Mon soi-disant nouveau garde du corps qui devait encore dormir bien profondément pour ne toujours pas avoir remarqué mon absence.

l y a des personnes qui sont surement destinées à suivre le même chemin, avant ma naissance on avait déjà choisi pour moi ce que serait mon futur, je n’ai jamais eu de liberté, enfant je passais mes journées à m’entrainer alors que les autres jouaient dans le parc du quartier, je me battais contre des adultes finissant à moitié mort ayant pour ordre de me relever. Alors oui, ma vie n’a pas été facile, c’est ce que diraient surement ceux qui entendraient mon histoire, ceux qui ne savent rien de moi, ceux qui croient que le destin est cruel. Moi, je suis heureux comme ça, je n’ai jamais pensé être maudis ou malchanceux et aujourd’hui encore moins. Les choses impossibles sont souvent celle qui nous tombe dessus sans nous y attendre, il y a quelques mois je ne connaissais rien aux sentiments amoureux, je ne savais même pas embrasser, mes lèvres n’avaient jamais été souillées et mon corps était seulement utilisé pour le combat. Pourtant aujourd’hui les choses ont pris une tournure où je me sens changé, petit à petit je réalise que si l’ombre ne peut vivre sans la lumière, alors la lumière ne pourra vivre sans l’ombre. C’est ce que Jia Heng vient de me prouver en souhaitant sauter du toit, lui qui a mes yeux brille de mille feux alors que je vis dans ses pas. Mon cœur tambourine davantage annonçant cette peur que je ne soupçonnais pas, le monde peut bien me juger, mais mon monde porte seulement son nom. Si je dois mourir, ce sera pour lui, si je dois vivre, ce sera aussi pour lui. Jia Heng est la définition d'Ayden, l’un n’ira jamais sans l’autre.

Je ne suis pas encore habitué à sentir nos lèvres liées, pour moi tout cela est nouveau, mais à cet instant je ne pense plus, je ne réfléchis plus, je suis juste heureux de le sentir si proche de moi que pour la première fois je brise un peu plus mes barrières en laissant éclater mes sanglots, s’il me demande de ne pas le suivre c’est peiné perdu, je désobéirai à cet ordre. Je suis né pour le protéger, quel est l’intérêt de le laisser s’en aller quand je reste derrière ? Cette pensée m’est insupportable, s’il devait lui arriver un truc alors que je ne serai pas là pour l’aider c’est comme si je signer mon arrêt de mort. Je le suivrai où qu’il aille, quoi qu'il fasse, aujourd’hui, demain ou dans dix ans je serai éternellement son ombre.

À ses mots je le fixe, même si mon expression ne le montre pas je suis surpris par cette décision. Je reste silencieux continuant de l’observer et sans vraiment savoir pourquoi j’étais à la fois soulagé et inquiet. Je n’arrivais pas à trouver les mots, mais j’étais heureux de pouvoir rester au Japon avec lui, ce pays qui a vu naitre officiellement l’évolution de notre relation, tout comme cette liberté que la Chine nous limité. Mais son père ne le laissera pas faire, bien que je me poste tel un bouclier devant ses choix, je sais d’avance que même si ce n’est pas demain, sa famille mettra tout en œuvre pour le rapatrier au pays.  Mais honnêtement je préférai pensé positivement et me dire qu’on avait le temps, des jours, des mois et des années à profiter avant qu’une nouvelle guerre éclate et je voulais passer ce temps à vivre à ses côtés, continuant de le protéger tout en étant à jamais son allié et.. son amant. À cette pensée un frison me parcourt, j’étais vraiment novice et je me demande si c’est ainsi qu’il nous voit, mais seul en Chine, il m’a donné la force de me battre, la force d’affronter une armée d’homme en solitaire pour pouvoir lui revenir, j’ai compris mes sentiments et que je sois autorisé ou non à l’aimer il était déjà trop tard pour que je puisse reculer.

Pour la première fois je fus celui qui prit l’initiative de l’embrasser, je ne pensais pas vraiment en être capable, mais je ne suis pas doué avec les mots tout comme Jia Heng au fond, on se ressemble pas mal. Cependant, mes blessures après avoir forcé comme un taré pour grimper se manifestent dans une douleur qui s’éveille, même si je peux la supporter elle est assez présente pour me faire grimacer. Mes blessures en feraient pleurer plus d’un, mais bien que je sois un humain, un mortel, j’ai été entrainer à supporter l’agonie des muscles de mon corps, mon mental est surement le secret, pourtant même si je suis un idiot, n’importe qui pourrait voir que sans soin et sans repos je ne tiendrai pas longtemps. À la demande de Jia Heng, je me redresse, le laissant en faire de même tout en le regardant toujours avec insistance sans vraiment m’en rendre compte.

« Je... Je peux m’en occuper. » Pour mes blessures, je n’avais pas vraiment envie qu’il voit toutes ses marques, même si je savais d’avance qu’il insisterait et que je me résignerai. Prenant tous deux le chemin de notre chambre en silence, descendant les marches une à une pour finalement arriver devant la porte de notre « chez nous » je n’avais pas de maison, une fois envoyé au service de la famille Li, ma famille et moi avons coupé les ponts, mon devoir était de vivre pour un autre et de ne pas ressentir de sentiments... En Chine bien qu’étant à moitié Chinois je me suis toujours senti comme un étranger, sauf avec Jia Heng. Puis le Japon, c’est ce Pays qui nous correspond et ce dortoir où nos noms sont marqués côte à côte. Un léger sourire sur les lèvres j’attends que Jia Heng pousse la poignée pour le suivre à l’intérieur ne me doutant pas qu’on devait avant tout virer mon « remplaçant ».

a n'avait pas été simple de m'avouer mes sentiments pour Ayden. Déjà, me rendre compte que j'avais de l'attirance pour un homme - soit une personne du même sexe que moi - avait été assez difficile. Au début je m'étais tout simple dit que c'était impossible, ensuite j'étais passé par la phase "c'est peut-être possible mais ce n'est qu'une passade". Après tout je ne connaissais personne d'autre que lui, je ne risquais donc pas d'être attiré par quelqu'un d'autre... Puis finalement mes sentiments avaient perduré et n'avaient fait que s'accroître de jour en jour. Finalement, j'avais fini par accepter. J'aimais Ayden bien plus que je ne l'aurais dû... Tellement que, aujourd'hui, j'aurais pu me jeter du haut du toit de l'immeuble pour lui.

Avant de poser mes lèvres sur les siennes, je n'ai pas réfléchi, rien ne m'a traversé l'esprit. J'en avais juste besoin, pour m'assurer que je l'avais retrouvé, qu'il était bel et bien en face de moi. Nous ne nous sommes pas souvent embrassé, ni câliné ou quoi que ce soit d'autre du genre. Nous avons simplement eu une relation sexuelle et ensuite, nous ne nous sommes rien dit sur notre "relation". Aujourd'hui, c'était bien différent. Je l'avais cru mort et j'avais voulu me tuer. J'avais besoin de me rassurer, de sentir son corps contre le mien, ses lèvres contre les miennes. J'avais aussi besoin de me prouver que ses sentiments étaient toujours présents, que je n'avais pas failli me jeter d'un immeuble pour lui pour rien.

Lorsque j'observe son visage de plus prêt et que je le vois si abîmé, je ne peux m'empêcher de tirer une grimace, comme si ses blessures me faisait mal, à moi. Je n'arrive pas à croire qu'il est dû se mettre dans de tels états, je n'arrive surtout pas à croire que ces personnes l'ai blessé ainsi... Il faut qu'il se repose, et je dois désormais veiller sur lui, sur sa santé. Je dois m'assurer qu'il se remette et je ferai tout pour. Après tout c'est de ma faute s’il s'est retrouvé dans un tel combat. Je dois réparer mes erreurs. Nous nous redressons donc et je l'entraîne vers la porte que j'avais précédemment prise pour venir sur le toit. Nous arriverions rapidement dans la cage d'escaliers et nous pourrions nous rendre jusqu'à ce qui nous servait de dortoir. Vu l'heure tardive nous ne nous ferions certainement pas remarquer. Tout le monde doit dormir, il y a cours demain, et il n'y a que des étudiants sérieux de la Royal dans notre immeuble. Je secouais la tête lorsqu'il me dit qu'il s'occuperait lui-même de ses blessures. Il en était clairement hors de question, je ne lui répondais même pas tellement cela me semblait évident. J'allais prendre soin de lui à partir de maintenant, que ça lui plaise ou non. En silence nous arrivons devant la porte de notre chambre. Je pose la main sur la poignée mais au lieu d'appuyer dessus et d'ouvrir la porte, je me retourne vers Ayden.

« Il y a... Quelqu'un d'autre à l'intérieur. » Je parle bien évidement de ce garde du corps inutile qui est censé me protéger le temps que mon paternel trouve une autre personne pour remplacer Ayden. Plus incompétent que lui, je ne sais pas si ça existe... Je pousse la porte et le trouve directement affalé sur une chaise, tout le haut de son corps étalé contre ce qui nous sert de table de cuisine, se soulevant doucement à chaque ronflement. Je fronce les sourcils et grimace tout en regardant Ayden. « Qu'est-ce qu'on doit faire de lui ? » Mon garde du corps retrouvé, je me doutais bien qu'il allait très vite s'occuper de lui et de la bonne manière. Je passerai un coup de fil demain à mon cher père, pour l'informer que mon seul et unique garde du corps était revenu, et que son ours en peluche était parti je ne sais où. Il en ferait bien ce qu'il voudrait plus tard.

La porte qui se referme derrière dans un bruit sourd le fait se réveiller en sursaut. Il se lève en une fraction de seconde et nous fait face, les bras croisés sur la poitrine, regardant Ayden de haut en bas. « C'est qui lui ? » demande-t-il. Je manque de lui rire au nez mais au lieu de ça je passe simplement à côté de lui, laissant Ayden s'occuper de son cas, et je me dirige vers notre petite cuisine pour y faire chauffer de l'eau.

ême si j’avais ressenti des sentiments avant pour Jia Heng je ne l’aurai jamais su, j’ai toujours été incapable de mettre des mots sur les choses que je ressentais, les sentiments je ne savais pas ce que c’était et aimer était à mes yeux un verbe complètement inconnu. Toute ma vie je savais qu’il avait une place imprenable, il était mon maitre et celui que je protégé envers et contre tout, même au point de me faire enlever à sa place ou de me prendre des coups, si je devais mourir je le ferai aussi pour lui, mais je n’avais pas cette notion, cette définition qui regrouper toutes mes pensées ou cette fidélité imparable. Là où j’ai vraiment commencé à comprendre c’est après avoir couché avec lui, je savais qu’il était important pour moi, mais je n’avais simplement pas conscience à quel point avant ça. Maintenant je sais que je l’aime, mes pensées ne sont plus celle d’un simple garde du corps, je veux toujours le protéger, mais je veux aussi égoïstement profiter de cette vie ici, isolé des devoirs et du rang de Jia Heng.

Nous n’avons pas vraiment de geste amoureux l’un envers l’autre, pourtant sur ce toit j’ai ressenti la peine, la joie, la peur, le soulagement, Jia Heng aurait pu sauter pour me rejoindre et ça, c’est une preuve bien plus forte que n’importe quel câlin, baiser ou mots qu’il pourrait faire ou prononcer. Mon cœur est encore agité, ses lèvres sur les miennes, je me sens revivre après ses trois semaines d’isolation, de combat, se survit. J’ai retrouvé cette place, celle où je me sens chez moi, là où je veux être en oubliant tout le reste, tant que je suis avec Jia Heng, c’est tout ce qui compte, car quoique je sois ou quoique je devienne pour lui prochainement, je suis et serai toujours son garde du corps. Mais à travers ce baiser on pouvait se rassurer mutuellement, je suis un idiot, je ne comprends pas grand-chose, mais je ne veux pas perdre Jia Heng, sous-tout les plans je veux rester à ses côtés tout le temps.

Mais à être trop proche il doit voir mes blessures, toutes ses marques que j’ai tenté de dissimuler, ses bleues sur mon visage, mon corps est encore plus affreux, les combats n’ont pas été doux et j’ai dû me battre pour ma vie, c’était la réalité, un véritable enfer sur terre ce genre de chose qu’on pense voir que dans les films d’action. Mais j’ai survécu et l’ombre est revenu auprès de sa lumière. Dans les escaliers quittant le toit pour retourner à notre chambre je ne manque pas de lui dire que je peux m’occuper de mes blessures, ne voulant pas qu’il me voie dans cet état, je ne veux pas lui imposer ça. Mais j’avais comme l’impression que Jia Heng n’était pas de cet avis, bien qu’il reste silencieux son regard en disait long sur ses intentions. Pourtant lorsqu’il est sur le point de rentrer il se retourne pour me dire que quelqu’un est à l’intérieur, je ne dis rien le fixant simplement.

La porte s’ouvre sur un homme affalé sur la chaise, je fronce les sourcils devant ce spectacle affligeant, il est censé être garde du corps et il a laissé Jia Heng seul sur le toit, si je n’étais pas arrivé, il serait mort a l’heure qu’il est et tout ça parce qu’une tierce personne n’est pas capable de faire son boulot. Honnêtement je ne me mets pas en colère facilement, mais là c’est différent, pourquoi avoir donné un garde du corps incompétent à son fils ? Quel est le but dans tout ça au juste ? Je l’observe se réveiller suite à un bruit sourd de la porte qui claque et sa question me semble déplacée, je soupire en jetant un œil à Jia Heng, m’approchant de cet homme pour lui mettre mon épée sous la gorge. C’est violent, mais je ne supporte pas les personnes qui ne prennent pas leur boulot au sérieux et surtout quand c’est de protéger « mon » Jia Heng.

« Qu’est-ce que tu fais ? » Je ne suis pas expressif, donc mon visage est neutre, paraissant surement froid, mais je lui dis simplement. « Je suis le garde du corps de Li Jia Heng, les hommes incompétents et en trop sont priés de s’en aller. » Il semble chercher une réponse auprès du blond, mais il se retrouve démuni d’excuse pour rester, s’enfuyant comme un lâche, je pose mon arme près de l’entrée où je l’ai pris, grimaçant en m’abaissant à cause des douleurs, soupirant plus ou moins fortement avant de m’adresser à Jia Heng, pendant que je retire ma veste.

« C’est frustrant... tu aurais pu... enfin il dormait pendant que tu aurais pu sauter du toit... » Oui, j’aurais préféré quelqu’un capable de le protéger pendant mon absence, mais au fond peut-être que ça veut simplement dire que je suis le seul méritant d’avoir cette place . Je le rejoins en ayant vu qu’il faisait chauffer de l’eau, demandant innocemment. « C’est pour moi ? » Ça paraît stupide comme question, mais il sait que je ne suis pas doué de toute façon pour les conversations donc...

e n'avais pas posé de questions à Ayden, il n'aurait pas franchement le choix. Je passerai toute la nuit s'il le faut à soigner ses blessures, mais je ferai en sorte que son corps et son visage ressemble de nouveau à ce qu'ils ressemblaient à la base. Les hématomes mettraient certainement un certain temps à partir, tout comme les égratignures qui resteraient encore quelques jours voir quelques semaines. Peut-être même que des cicatrices marqueront son corps à jamais. Seulement, je pouvais parier qu'Ayden n'avait encore rien fait pour accélérer la guérison et ni éviter certaines séquelles, comme désinfecter, appliquer de la pommade, faire des pansements. Il venait de revenir, il n'en avait certainement pas eu le temps.

Finalement nous arrivons devant la porte de notre petit "chez nous". Je suis heureux d'être de retour dans notre dortoir en compagnie d'Ayden, même s'il nous reste encore un intrus à faire sortir d'ici. Nous allons enfin pouvoir nous retrouver, je vais pouvoir passer la nuit en sentant la chaleur de son corps, en sachant qu'au moindre petit problème il sera là pour me protéger, ce que je ne pouvais plus ressentir depuis trois semaines, ce que je croyais ne plus jamais ressentir. Mon sois disant garde du corps sursaute à notre arrivée et n'est visiblement pas choqué de me voir entrer dans le dortoir alors qu'il ne m'en avait pas vu sortir. Il ne me pose même pas la question de l'endroit où je me trouvais, il agresse directement Ayden. Je l'ignore - après tout ce n'est pas avec moi qu'il a des choses à régler - pour me diriger vers notre petite kitchenette. Quant à Ayden, il ne laisse même pas une seconde de répit au garde du corps et lui pose son épée sous le coup. Je ne bronche pas. Je sais qu'il ne lui fera aucun mal, il est juste certainement très énervé et essaie de lui faire un peu peur. Meilleure façon de le faire fuir. De toute manière, si mon père le retrouve - parce que cela m'étonnerait fort qu'il revienne de lui-même en Chine - il lui fera certainement la peau. Ayden n'a pas besoin de se "salir les mains" et il le sait sûrement. L'homme ne tarde de toute façon pas à fuir et nous nous retrouvons une nouvelle fois seuls, tous les deux.

Je ne réponds pas à Ayden, le regard dans le vide alors que j'écoute le bruit de l'eau entrain de bouillir. Je ne sais pas comme j'aurai réagi si jamais j'étais monté au ciel et que je n'y aurai pas retrouvé Ayden. L'aurai-je supplié de mourir pour qu'il me rejoigne ? Malgré tout, l'aurait-il fait ? Heureusement qu'il était arrivé à temps et qu'il m'avait empêché de commettre l'irréparable. Je me retourne vers, plongeant mon regard dans le sien, sans une parole. Je le remercie simplement, je suis sûr qu'il le comprend. Finalement je souris, me moquant généralement « Non, c'est pour le voisin. » J'attrape une théière et y verse l'eau bouillante en faisant attention de ne pas me brûler. Je sors du thé d'un placard et le laisse infuser le temps que je pose de tasse sur la table. Un thé bien chaud nous fera certainement beaucoup de bien à l'un comme à l'autre, pour nous remettre de nos émotions en quelque sorte.

Je regarde Ayden une nouvelle fois, je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas quoi lui dire. Je meurs d'envie de le questionner à propos de ces trois dernières semaines, mais tout au fond de moi, je suis conscient que j'aurais du mal à entendre Ayden me raconter les atrocités qu'ils ont dû lui faire... « Comment es-tu revenu jusqu'ici ? » Lui demandais-je alors simplement, ainsi, il pourra me raconter ce qu'il veut, sans détails certainement.

es blessures ne me dérangeaient pas, du moins on peut dire que je n’étais pas une personne douillette, sinon ça se saurait. Je ne pleure pas pour une balle dans le corps ou même plusieurs, j’ai était pris en chasse pendant trois semaines, ses derniers jours on était comme vivre la vie d’un cerf que de nombreux chasseurs viennent abattre, courir, riposter, courir à nouveau en tentant au fur et à mesure de rétrécir le groupe de tête. Je n’ai pas été doux avec mes poursuivants, mais ils ne l’ont pas été avec moi. Mon corps doit être marqué un peu partout, je suis cassé en plusieurs morceaux et je sais que Jia Heng est celui le plus apte à me remettre d’aplomb, simplement être avec lui à déjà un effet de calmant sur mes blessures. Ça me rappelle lorsque j’ai étais enlevé à sa place, les coups que j’ai pris, je n’étais qu’un gosse, mais j’étais tellement heureux de pouvoir lui être utile, me dire que Jia Heng était en sécurité loin de cette cave où j’étais enfermé, c’est du passé aujourd’hui, mais ma façon de voir les choses est toujours la même... Je pourrais prendre autant de coups qu’on voudra me donner, tant qu’il sera en sécurité j’accepterai volontiers de me sacrifier. Mais cette fois ce n’est pas le cas, je n’étais pas là, je menais mon propre combat pour lui revenir, pendant qu’un homme se disant « garde du corps » n’est pas foutu de veiller comme il faut sur « mon » protégé. Lamentable.

Mais je ne perds pas de temps à faire déguerpir cet idiot dormant pénard sur la table pendant que le fils du Premier ministre aurait simplement pu sauter du toit et mourir sous sa négligence.  Je ne suis pas quelqu’un de violent gratuitement, mais quitte à lui montrer les choses clairement mon épée est surement la plus convaincante possible dans cette pièce, écrasée sous son coup, je me présente simplement alors que l’homme s’en va sans réclamer son dû, qu’avait il a réclamé de toute façon, il était surement ici par obligation et n’avait aucune envie de mettre sa vie en jeu pour un « gosse ». Mais au moins la chambre et de nouveau calme sous nos seules présences, je suis contente d’être revenu ici, cet endroit m’a manqué, j’ai cette impression agréable à être enfin « chez moi ». Cet endroit est le seul où je peux me sentir libre et Jia Heng me permet d’être plus qu’un simple garde du corps, que pourrais-je demander de plus, je pourrais dire que c’est notre petit paradis, loin des complots et de toutes ses histoires de pouvoir.

Par chance j’étais revenu à temps et je ne comptais plus le laisser et il devait oublier l’idée de m’abandonner derrière, je ne veux plus en être séparé, c’est une pensée égoïste, mais je la garde pour moi donc j’ai le droit de l’être n’est-ce pas . Je m’approche de lui en le voyant faire chauffer de l’eau, posant une de ces questions stupide qui forcément a droit à une réponse montrant bien que je suis un idiot et que je demande des choses trop évidentes. Je souris doucement un peu gêner par ma bêtise, mais, c’est la seule moye n que j’ai parfois de faire la conversation, poser des questions, observer, ce genre de chose.   M’installant à la table, remontant mon haut on peut déjà voir les marques sur mes avants bras, je n’y fais pas vraiment attention, ce sont comme des blessures de guerre. Le sang a séché dessus, je n’ai pas vraiment eu de médecin avec moi, je les ai soigné comme j’ai pu sans être vraiment raisonnable. J’ai la peau trouée sous les nombreux impacts des balles, ayant pu en retirer la moitié, je pense que je n’ai plus de plomb dans le corps, mais je n’ai pas reçu de soin digne de ce nom pour autant. J’attrape la tasse, c’est silencieux, mais ça nous ressemble assez au fond. Je pose mes mains autour du verre brulant, ça fait du bien, je laisse la fumé s’échappant du thé s’écraser sur mon visage. À sa question je lève les yeux vers Jia Heng en attendant un peu avant de répondre, qu’est-ce qu’il veut savoir, que dois-je dire ? Je ne sais pas vraiment ce qui est bon de raconter ou non.

« J’ai réussi à passer les frontières en me déguisant et en bandant mes blessures pour éviter que le sang ne me trahisse. Puis j’ai pu trouver une place dans un avion pour Tokyo, j’ai tenté plusieurs fois de m’échapper, mais je n’ai pas réussi avant-hier. » Je porte la tasse à mes lèvres, buvant une gorgée, sentant la chaleur passé en moi. « Mais le principal c’est que je sois revenu à temps, c’est la seule chose qui me permettait de me battre. » Je souris comme un idiot en buvant une nouvelle gorgée, un peu trop vite, grimaçant un peu sous la brulure que ça procure dans ma bouche, je suis un véritable abruti je vous jure.

e ne peux m'empêcher de penser au jour où, lorsque nous n'étions encore que des enfants, on avait tenté de m'enlever et que Ayden s'était fait passer pour moi. Ce jour-là, il avait été embarqué, enfermé dans un lieu sordide et torturé, à ma place. A cette époque-là je ne comprenais pas vraiment le sens de son sacrifice. Je continuais de vivre en toute sécurité dans la demeure familiale, je dormais bien la nuit, je mangeais bien et étudiais la journée, je n'avais juste plus l'ami que je m'étais récemment fait. C'est seulement lorsqu’Ayden était revenu que j'avais compris. Ce jour-là, il était arrivé un peu comme ce soir, blessé, le corps tuméfié, le visage gonflé. J'avais alors compris qu'il avait été battu durant ces quelques jours, j'avais aussi réalisé qu'il s'était en fait sacrifié pour moi, car son rôle en tant que garde du corps l'obligeait à agir de la sorte - malgré notre jeune âge à l'époque. Aujourd'hui, bien sûr, dès que j'étais revenu ici il y a trois semaines et que je ne l'y avait pas trouvé, j'avais compris. Je savais qu'il s'était sacrifié pour moi une seconde fois.

Je rigole légèrement à la remarque d'Ayden tout en finissant de préparer du thé. Une fois fait je m'installe, face à Ayden. Je grimace encore une fois lorsqu'il relève les manches de son haut, dévoilant ses bras et un tas de blessures supplémentaires. Je savais que son corps était en mauvaise état, mais je ne me doutais pas que c'était à ce point-là... Je ne dis rien, préférant boire une gorgée de thé puis fixer mon regard dans le sien. La prunelle de ses yeux est la seule chose qui ne parait pas blessé chez lui - bien que son regard en disait long sur sa fatigue - et le fixer m'empêchait de toutes les blessures.

J'hoche le menton une fois qu'il a fini de parler. Je ne souhaite pas en savoir plus, les détails non merci, j'en ai bien assez rien qu'en le regardant. Et puis après tout je m'en fiche, désormais il est là, face à moi, son regard ancré dans le mien, et nous partageons de nouveau le même ce silence. Ce silence que je ne pouvais plus supporter il y a encore une heure est redevenu réconfortant, comme il l'est à chaque fois qu'Ayden est présent à mes côtés. Certainement que lui, il n'oubliera pas de si vite ce qu'il a traversé - faut-il un jour qu'il l'oublie - mais je ne pouvais pas y faire grand-chose à part apaiser ses souffrances. D'ailleurs, je me lève et me dirige vers la salle de bain, après avoir farfouillé pendant quelques minutes dans divers placards et tiroirs, je reviens avec un gant de toilette humide, une serviette et un tube de pommade.

« Viens-là » Je me dirige vers le sofa et m'y installe, attendant qu'Ayden m'y rejoigne. Il n'y échappera pas. « Il serait peut-être préférable que tu ailles à l'hôpital demain. Je vais faire ce que je peux mais je ne suis pas médecin » Je n'ai même pas de désinfectant ni quoi que ce soit au dortoir à part cette pommade pour les contusions... Je pense que l'idée ne va pas plaire à Ayden mais je ne tiens pas à ce qu'il ait une infections dans quelques jours ou quoi que ce soit d'autre. Je nem'y connais pas franchement dans le domaine mais je sais que lorsqu'il s'agit de santé, la moindre petite chose peut être fatal. Ayden est un humain, différent des autres bien sûr, mais il reste humain. Ce qu’il a parfois tendance à oublier, je crois, dans le seul but encore une fois de me protéger. Parfois, je me dis que j’aurais tout simplement ne jamais l’avoir eu dans ma vie. Si ça n’avait pas été lui qui m’avait été attribué tout aurait été plus simple. J’aurais vécu une vie chiante, froide, sans n’avoir jamais aucun sentiment à part l’ennui profond, mais au moins, Ayden serait libre de vivre tranquillement. Lorsqu’il j’y pense, j’aurai mille fois préféré être dans cette situation. Pour lui.

Peut importe les épreuves qu’il faut surmonter, je le ferai que ce soit hier, aujourd’hui ou demain c’est pareil pour moi. Même si a l’heure actuel c’est bien plus sérieux que ça ne l’était auparavant, des sentiments que je ne soupçonnai pas ayant pris place dans notre relation, ces sentiments peuvent devenir ma faiblesse, mais ils seront aussi cette force de le protéger encore et toujours sans concessions. Seuls dans ce dortoir, ici c’est la place où je me sens le mieux, avec lui, pas de magouilles, pas de tension. Il me questionne et je réponds comme je peux sans entrer dans les détails, je me doute que Jia Heng ne veut pas en connaitre davantage sur les épreuves que j’ai surmonté, les attaques, mes blessures, comment, où et pourquoi n’est pas important. Tout ce qui l’est actuellement est que je suis de retour et qu’on est à nouveau ensemble.

Je bois la boisson chaude doucement et lentement en soufflant dessus, encadrant la tasse de mes mains pour me réchauffer, ça sera étrange de retrouver un lit après trois semaines loin du confort, mais j’en ai bien besoin, je vois le blond se lever pour se diriger vers la salle de bain, le suivant du regard avant de l’observer s’installer sur le canapé après m’avoir demandé de le rejoindre, je me doute qu’il veut nettoyer mes plaies, mais je n’aime pas l’idée qu’il voit mon corps dans cet état. Jia Heng est têtu et persuasif, je le sais qu’il ne va pas abandonner alors je me résigne en obéissant, me levant pour prendre place à ses côtés. Patientant une bonne minute avant de retirer mon haut laissant ainsi voir le bandage que j’ai faits, sale et en désordre, mais il a tenu mes plaies au moins, quant à l’hôpital...

« Ça va aller, si je vais là-bas je risque de t’apporter des ennuis, on va surement me questionner sur la provenance de mes blessures. » Oui je pensais aussi à ça, mais même si je suis un idiot j’ai conscience que j’ai une place à tenir et ça ne changera pas. « Je peux m’en occuper tout seul, ce n’est rien de grave. » Je crois qu’on n'a pas la même notion de ce mot, mais je ne compte pas mourir après avoir réussi à revenir de toute façon, la douleur et les plaies finiront par se refermer...

« C’est vraiment moche, mais c’est moins douloureux que ça n’y paraît. » Rajoutais-je surtout pour le rassurer alors que je levais le bandage. Certaines blessures avaient eu le temps de sécher, alors que d’autres étaient encore bien ouvertes, mais je suis résistant. De toute façon depuis que je suis petit et que je suis à son service j’ai toujours juré d’être son bouclier, son allié, son pilier et je suis fier d’avoir cette place, même si pour certain je suis juste un chien de garde, je ne regretterai jamais d’avoir été envoyé aux côtés de Jia Heng, je n’aurai jamais eu de vie « normale » alors quitte à servir quelqu’un, je pense que je suis tombé sur le meilleur des maitres et ça Jia Heng ne doit jamais en douter, je suis son garde du corps, son ami et son amant et j’espère le rester encore longtemps.

e remarque rapidement qu'Ayden n'est pas trop d'accord pour le fait que je nettoie ses blessures - le nombre de fois où il a dit que ça n'était pas grave depuis tout à l'heure me le fait clairement comprendre - mais à vrai dire je n'ai pas l'intention de lui laisse le choix, et il le sait certainement. Lorsque j'ai une idée en tête, je ne suis pas du genre à laisser tomber. C'est pourquoi mon garde du corps finit tout le même par se lever et me rejoindre sur le canapé, il met un certain temps avant de retirer son tee-shirt mais le fait finalement. Ayden à peine torse nu je frissonne. Voir son torse dans cet état- me refroidis légèrement. Il est entouré d'un bandage souillé de sang et de d'autres saletés. Je ne sais pas si c'est très efficace ou si au contraire ce bandage ne ferait qu'infecter ses plaies. Quittant le regard de son torse je le plonge dans les yeux d'Ayden. Les larmes me montent presque aux yeux mais je les refoule, ça n'est plus le moment d'être faible. Pourtant, je n'arrive pas à croire ce que je vois malgré que je m'y attendais, vu l'état de son visage entre autre.

Après une profonde inspiration je retire délicatement le bandage qui entoure son torse et le pause à mes pieds. Je prends le gant humide, encore tiède, et pose soigneusement ma main sur le bas ventre bien abîmé d'Ayden. Mon regard ne quitte pas le sien, d'une certaine façon j'essaie de m'assurer que je ne lui fait pas mal. Même s'il me dit le contraire et essaye de me rassurer je ne peux pas croire qu'il ne souffre pas. N'importe qui aurait mal... « C'est sûr que c'est vraiment pas beau... Je ne te fais pas trop mal ? » J'essaie d'être le plus doux et délicat possible mais pour tout vous avouer, je n'ai jamais fait ça de ma vie... Sur moi-même quelques fois, mais pour de petites égratignures bénignes, rien de plus.  Je ne suis pas maître en la matière, je préfère largement préparer un bon débat politique. Quoi que, ce n'est pas que je préfère cela, c'est juste que je suis plutôt bon dans le domaine.

Je continue de nettoyer quelques une des plaies, au fur et à mesure, prenant mon temps. La sensation de ma main touchant son torse - bien que freinée à cause du gant - fait battre mon coeur un peu plus vite et me donne légèrement chaud. J'essaie de me concentrer sur ce que j'ai à faire mais ma respiration s'accélère petit à petit, me donnant envie de lâcher ce gant et de poser mes lèvres sur celles d'Ayden. Je me mordille légèrement la lèvre, tentant de refouler mes envies. Son torse, bien que très abîmé, reste toujours aussi attirant à mes yeux avec ses muscles si bien dessinés.

Finalement je me lève, pose le gant sur la table et file me servir un verre d'eau. Cela me remettra un peu les idées en place je l'espère. « Le thé m'a donné un peu chaud » J'ai envie de me frapper dès lors que j'ai fermé la bouche. Le plus souvent, je ne suis pas un grand bavard et je préfère me taire, laissant mes pensées s'exprimer par les gestes, pourquoi ne suis-je pas capable de faire la même chose maintenant ? Pourquoi faut-il que je lâche des stupidités grosses comme le monde ?

l est normal que je ne veuille pas que Jia Heng voit mes blessures, ce n’est pas le genre d’image que j’aime voir refléter dans ses yeux, je ne suis peut-être qu’un idiot naïf qui a énormément à apprendre et qui a beaucoup de défaut, qui ne gère pas sa sociabilité ni quoi que ce soit d’autre en dehors de la baston et de sa protection au final, mais ses sentiments qu’il a injectés en moi, ses émotions dont je ne connaissais même pas l’existence avant qu’il ne m’en apprenne le sens, j’ai peut-être -un peu- grandi durant ses dernières semaines. L’horreur que j’ai vécue, un autre serait surement mort dix fois entre-temps, mais j’ai survécu, je me suis relevé et je suis revenu, ces marques, ce sang, ces cicatrices qui prendront vite une place a vie sur ma peau, ne sont rien comparé à ça. Je n’ai pas mal, ma souffrance a disparu dès l’instant où je l’ai revu, c’est moche et je n’aimerai pas qu’il me trouve repoussant, bien que ce ne soit pas vraiment le genre de pensée que je puisse avoir normalement, au fond je pense que ne pas savoir avec certitude ce qu’on est, où on va me fait me poser des questions, alors que je ne m’en suis surement jamais autant posé.

Mais même en tentant de convaincre Jia Heng de ne pas s’en occuper, que ça va aller, il insiste et ne me laisse pas vraiment le choix, je capitule en me rapprochant de lui et retirant mon haut pour qu’il aperçoit le bandage abimé, le sang séché et mes marques encore ouvertes, je peux voir dans son regard le choc d’une telle découverte et je pince mes lèvres, j’avais dit que ce n’était pas grand-chose, bien entendu j’ai conscience que ce n’est pas le cas, mais je ne vais pas mourir, je ne peux pas mourir de toute façon, il est impossible que je l’abandonne.  Sentant sa main tenant le gant humide passer sur ma peau libérée de son chiffon, je le regarde faire avant de poser mes iris dans les siennes sans les détourner, surement pour le rassurer aussi, il n’a pas besoin de s' inquiéter je vais bien. « Je suis solide, ne t’en fais pas pour moi. Tu ne me fais pas mal du tout. » Même si j’ai mal je préfère ne pas l’affoler davantage, mon rôle de garde du corps est aussi de ne pas l’inquiéter, je ne veux pas qu’il affiche ce genre d’expression à cause de moi...

Je peux sentir mon torse qui se relève sous la main de Jia Heng, le calme, nos regards, la situation bien qu'elle soit « grave » nous positionne dans une ambiance étrange, bien que je ne sois pas très doué pour lire ce genre de chose, on ne change pas facilement, voyant Jia Heng se lever, le suivant du regard sans bouger, avant de me redresser à mon tour et de m’approcher de lui, le regardant faire, l’écoutant aussi, avant de sourire.

« Le thé ? » Demandais-je simplement.« Ça va ? Est-ce que c’est ma faute ? » J’ai l’impression de ne pas être innocent dans son comportement.

« Désolé, si c’est la vue qui te met dans cet état je peux me rhabiller ! » Dis-je en attrapant mon haut rapidement, je suis parfois à côté de la plaque, mais je ne comprends pas forcément les choses, supposant juste ce qui me semble le plus probable.

ien qu'il plonge son regard dans le mien et qu'il m'affirme avec conviction qu'il n'a pas mal, j'ai du mal à le croire. Sa peau est encore à vif à certains endroits, même si j'évite de trop passer le gant à ces endroits ci justement. Je sais qu'il a mal, je sais qu'il veut juste me rassurer. Alors je n'en rajoute pas. S'il me croit rassuré c'est peut-être mieux.

La vue de son torse - et je ne le réalise seulement qu'après plusieurs minutes - me mets dans un certain état. Finalement, je n'ai pas eu l'occasion tant de fois que cela d'avoir une telle proximité avec son torse nul et je ne peux pas nier que cela me fait quelque chose. Mon coeur bat un peu plus vite, ma salive est un peu plus difficile à avaler, des sueurs froides me parcourent légèrement et mon regard commence à se détourner. Finalement je prends la décision de lâcher le gant, de me lever et d'aller me servir un verre d'eau. Ayden ne met pas longtemps à se rapprocher de moi, sans encore avoir remis son tee-shirt. L'excuse du thé semble d'abord marcher, ce qui me fait doucement sourire. Ayden est assez naïf au fond, tout ne lui parait pas toujours évident lorsque les choses ne sont pas clairement dites, et j'ai toujours trouvé ce côté de sa personnalité tellement adorable. Finalement, il réalise que c'est plutôt son torse qui doit être la cause de mon malaise et s'empresse de remettre de son tee-shirt, même si je ne suis pas certain qu’il ait bien compris que c’est bel et bien son torse - et non toutes les blessures qui le parsèment - qui est la cause de mon malaise. « Non... » Lançais-je avant de m'arrêter. Trop tard, il s'est rhabillé. Dommage la vue était plutôt agréable, quoi que les blessures en moins m’auraient évité de grimacer.

Mes joues reprennent peu à peu une couleur normal, et mon coeur se remet à battre au bon rythme. Quel idiot, je suis vraiment incapable de me contrôler... Après ça il est clair qu'Ayden refusera catégoriquement que je soigne de nouveau ses blessures... « Tu n'oublieras pas de mettre de la pommade toute à l'heure ? » J'étais parti pour le faire mais visiblement j'allais devoir le laisser se débrouiller. Je lui fais plutôt confiance, si je lui dis je suis certain qu'il le fera, pour me rassurer encore une fois. Car oui, cela me rassure de voir qu'il prend soin de lui et qu'il ne fait pas n'importe quoi avec son corps. Ce genre de blessures peuvent devenir tellement graves...

Alors que la situation ne s'y prête absolument pas, mon ventre se met soudainement à gargouiller. Je plaque violemment mes mains dessus dans le but de le faire taire et réalise soudainement que cela fait presque trois jours que je n'ai rien avalé mise à part du thé... Il est vraiment temps que je mange quelque chose, je sens mes forces diminuer de jour en jour et ça serait bien la meilleure qu'Ayden découvre ça alors que je lui dis de prendre soin de lui. « Est-ce que tu as faim ? » Je me dirige vers le frigo et l'ouvre seulement voilà, celui-ci n'est pas très fournit et je suis un affreux cuisinier de toute façon... Je le referme alors et me retourne vers Ayden. « Qu'est-ce qu'il te ferait plaisir de manger ? » Je suppose que lui non plus n'a pas eu de vrais repas depuis un bon bout de temps à cause de sa "captivité". J'aimerai qu'on commande quelque chose qui lui fasse plaisir. Ce soir, alors que j'ai retrouvé, j'ai plus qu'envie de lui faire plaisir comme jamais je ne l'ai ressenti.

es souffrances, les doutes, les craintes de Jia Heng ont toujours été les miennes, je ne suis pas très futé et même naïf quand il ne s’agit pas de faire preuve d’action, mais depuis qu’on est enfant, depuis qu’on se connaît mon devoir en tant que garde du corps était autant de le protéger que d’alléger ses pensées, je voulais le soutenir et plus encore avec les années, mais je ne veux pas que mes souffrances deviennent les siennes. Peut-être que c’est égoïste ou simplement étrange, mais je ne réalise pas encore que notre « relation » a réellement changé et cela radicalement, officieusement en tout cas. Je suis un idiot et ça ne peut pas changer si facilement, alors en tant que protecteur je veux le rassurer, continuer à lui montrer que je suis fiable, fort et qu’il peut compter sur moi. Est-ce présomptueux ? Je l’ignore. Ses marques sur ma peau s’en iront surement jamais, mais moi je vais guérir, mes douleurs deviendront souvenir, il faut juste du temps, tout simplement.

Pendant qu’il soigne mes plaies je me laisse faire non sans avoir longuement tenté de l'empêcher de s’en occuper, ce n’est pas beau à voir, c’est repoussant et rempli de sang, une personne normale se demanderait même s’il est possible de survivre devant tant de blessures encore fraiches, mais je ne vais pas laisser la mort m’emporter tant que je ne saurais pas Jia Heng en sécurité, je peux donner ma vie sans hésiter pour lui et je suis sûr qu’il le sait, mais je préfère passer le plus de temps possible à ses côtés, sans lui un manque énorme se créait dans ma poitrine comme si on avait fait un trou a la main sous cette douleur intense, plus encore que les balles reçues.

Le voyant soudainement se lever et partir je tente d’en comprendre les raisons sans vraiment avoir de certitude, je ne suis pas doué pour ça, mais bien qu'il me parle de thé je pense incessamment que c’est ma faute, mes blessures sont si moches qu’il a dû être mal à l’aise et je me sens juste idiot... Pinçant mes lèvres je me rhabille rapidement sans attendre, préférant ne pas le forcer à supporter cette vue plus longtemps. « Hum. » Répondis-je simplement à sa demande, je peux mettre de la pommade tout seul et si cela le rassure alors j’y penserai une fois isolé, il vaut mieux.

Au grognement soudain de son estomac je tourne mon regard vers lui, sans un mot, juste un léger sourire qui se dessine sur mes lèvres en comprenant qu’il avait faim, d’ailleurs depuis quand n’ai-je pas eu un repas équilibré ? Je me suis gavé de légume et de fruit que je pouvais trouver dans les arbres et les plantations. J’ai tué une poule aussi, mais me nourrir devenais difficile en étant poursuivi non stop. C’est donc un hochement de tête positif que j’aborde face à sa question. « Des ramen... » Je sais que ce n’est pas vraiment le plat le plus copieux, mais j’adore ça et j’ai l’impression de ne pas en avoir mangé depuis tellement longtemps. « Mais si tu veux autre chose je pourrais avaler n’importe quoi de toute façon. » Enfin si mon estomac le veut bien, il faut dire qu’en quelques semaines il a dû considérablement se rétrécir avec le peu que j’ai mangé. Prenant place à la table, ma main sur mon ventre, je lui demande après avoir réfléchi à un sujet pour pouvoir parler, bien que nous ne sommes pas de grands bavards, je veux en profiter et juste l’entendre pour cette fois, alors je fais l’effort de réfléchir un peu.

« Comment ça s’est passé a l’école, personne ne te n'a rien dit sur le fait que je n’étais pas avec toi ? » Quoiqu’il avait un nouveau garde du corps.

e n'étais pas encore très à l'aise avec mes sentiments. Après tout, qui, qui serait dans le même cas que moi, serait à l'aise ? Je n'avais jamais eu aucun sentiment pour personne, pas que je me l'étais empêché, juste que je n'en trouvais aucun intérêt. Je savais que mon paternel me forçais très certainement à me marier avec telle ou telle personne, et je l'avais toujours su. C'était donc inutile et dénué de sens de penser à l'amour dans de telles circonstances. Je ne voyais pas à quoi cela me servirait de "tomber amoureux" et de devoir me battre contre mon père pour épouser la femme que je veux. Même Tsubame, je n'avais eu aucun sentiment pour elle. Enfin si, des sentiments amicaux. A vrai dire je l'aimais bien cette fille, ça ne m'aurait pas dérangé de me marier avec elle à cette époque-là, mais je n'aurai probablement jamais ressenti d'amour pour elle. Seulement voilà, l'imprévu était arrivé. Je n'avais pas réussi à stopper mes sentiments et j'étais bel et bien "tombé amoureux" et pas de n'importe qui. D'un homme, une personne du même sexe que moi - assez troublant en soi même sans être homophobe - de mon garde du corps, l'homme qui n'avait aucun droit envers moi, seulement le devoir me protéger. Il y avait de quoi être déstabilisé. Je ne sais pas comment fonctionne une relation de ce genre-là entre deux êtres humains, et je pense qu'Ayden n'en sait pas plus que moi. C'est pour ça que nous vivons simplement, sans chercher à comprendre réellement ce qui nous arrive et en laissant faire les choses. C'est pour ça que son torse nu, à long terme, eu fini par me rendre mal à l'aise. Je m'en voulais de ne pas être plus "doué" si on peut le dire comme ça.

Mon excuse du thé ne sembla pas marcher, car Ayden se rhabilla bien vite, mais je fus rassuré qu'il ne comprenne pas vraiment le sens de mon mal aise. Je changeais alors subitement de sujet grâce aux gargouillements de mon ventre qui me sauvèrent la mise. Je n'y avais pas pensé avant et je m'en voulais, mais Ayden devait certainement avoir envie et besoin d'un bon repas. Je m'empressais donc de savoir ce qui lui faisait le plus envie, je voulais lui faire plaisir et le réconforter en quelque sorte. Même si j'allais très certainement seulement prendre mon téléphone pour commander le plat de ses désirs. « Oh des ramens ? Je crois qu'il nous en reste. » J'allais peut être faire la cuisine moi-même finalement. Quoi que, la cuisine est un bien grand mot car lorsque j'ouvre le placard, ce sont des sachets de ramen instantanées que je trouve. Ça fera certainement l'affaire, Ayden ne m'en voudra pas, je lui payerai un bon resto un peu plus tard s'il le souhaite. Lorsqu'il ce sera rétabli. « Ça te va ? » Lui fis-je en lui montrant les sachets.

Pendant que je prépare notre repas, Ayden qui n'est pourtant pas un grand bavard, se creuse visiblement les méninges pour me faire la conversation, ce qui me fait plutôt plaisir. Moi non plus je ne sais pas trop quoi dire. Et même si le silence n'a jamais été gênant ni pesant entre nous, ce soir, j'ai besoin d'entendre sa voix pour me rassurer et me prouver qu'il est bel et bien là. J'hausse les épaules « Pas grand mon ne me parle habituellement, ça n'a rien changé. » Les étudiants avaient très certainement remarqué l'absence de mon garde du corps habituel. Je le savais de par les regards insistants qu'ils me lançaient. Mais ils n'osaient certainement pas venir me le demander directement alors ils avaient dû commencer à répandre quelques rumeurs entre eux. Tout ça m'importe peu. De toute façon, j'étais dans un tel état depuis trois semaines que je n'avais même pas le coeur à faire attention aux remarques des autres, encore moins que d'habitude. « Ils vont sûrement se poser encore plus de questions quand ils vont te revoir, toutes leurs suppositions vont tomber à l'eau. »

n n'est pas forcément les meilleurs pour faire face à ce qui nous tombe dessus, je n’ai pas besoin de grand-chose au fond, je n’attends pas vraiment plus que ce que j’ai en ce moment, peut-être qu’une part de moi aimerait avoir des réponses, une façon de comprendre ce qui se passe et où l'on va, mais bien qu’ayant réalisé mes sentiments pour Jia Heng je suis un idiot, un novice sans expérience, je n’ai jamais aimé, je n’avais même jamais coucher avec quelqu’un avant lui, je suis son ombre existant seulement pour lui, seulement pour le protéger et le guider, suivre ses pas. Il est cette lumière qui me paraît si éblouissante que même dans le noir total je ne vois que lui, mon devoir a été dépassé par ma vision, par mon cœur qui se met à prendre des décisions, par des émotions remplies d’incompréhension, mais je peux attendre. Je sais que le moment venue on en parlera, je ne suis pas avide et je ne veux pas non plus être un poids pour lui, tout va rentrer dans l’ordre et on reprendra nos habitudes.

Je ne suis pas assez doué pour comprendre ce qui tracasse réellement Jia Heng, pour moi c’est là vu de mes blessures profonde et nombreuses, de cette horreur visuelle retraçant le cauchemar de ses dernières semaines. La nourriture est devenu un luxe là où je me trouvais, forcé de trouver un moyen de reprendre des forces par moi-même, mais revoir Jia Heng, pouvoir le toucher, l’entendre, le regarder m’a totalement fait oublier que j’avais faim. Du coup parler de nourriture me le fait rapidement mettre en avant, je propose des ramen, j’adore ça et c’est rapide à préparer alors je pense que c’est suffisant, je ne suis pas difficile de toute façon. Hochant la tête pour affirmer avec un léger sourire tentant de se manifester un peu plus. Je ne suis en effet pas un grand bavard, tout comme mon maitre au fond, mais je pense que ça m’a tellement manqué, de l’entendre, de parler avec lui, je le regarde en ayant encore du mal à me dire que je suis réellement rentré, j’ai rêvé de cet instant tellement de fois durant cette chasse dans laquelle j’étais l’animal que ça fait vraiment du bien d’y être arrivé enfin.

« C’est vrai, c’était une question idiote. » Je me sens bête, mais j’ai dit ce qui me passé par la tête, c’est difficile de trouver quoi dire quand on est habitué au silence. « Leurs suppositions ? » Je ne sais pas ce qu’ils pourraient ou auraient pu bien penser pendant mon absence, mais je pense que Rao sensei a surement dû s’inquiéter, tout comme Su Hwan, mais pour l’instant ça ne me traverse pas l’esprit.

« Désolé. » Mes excuses peuvent sortir de nulle part est paraitre totalement hors contexte, mais c’est la deuxième fois que je lui fais vivre ce genre de chose, disparaitre pour revenir, être blessé, torturé, pour le retrouver, mais à l’avenir ça peut de nouveau recommencer, pour le protéger je n’aurais pas de limite.

e fait qu'on ne me parle pas à l'université ne me dérange pas. Après tout c'est un peu moi qui le cherche, par mon comportement. Le fait qu'on parle dans mon dos, sur moi ou sur Ayden, je n'en ai pas grand-chose à faire non plus. Je n'ai pas l'intention de dicter aux gens ce qu'ils doivent faire ou non me concernant, ils vivent comme ils veulent, et s'ils veulent s'inventer des petites histoires pimentées sur ma vie, qu'ils le fassent. Je ne leur en porterai pas rigueur. Leurs suppositions ? Il y en a beaucoup de ce que j'ai entendu dire. « Des trucs basiques, mon père t'a viré, je t'ai viré, tu as démissionné pour retourner vivre en Amérique... » J'en passe et des meilleurs. J'avais aussi entendu certaines rumeurs pensant qu'Ayden s'était fait tuer. Étrangement ceux-là pensait exactement comme moi... Mais ça, je n'avais pas envie de le dire à Ayden, que certains le croyaient mort.

J'arrête de mélanger les ramens dans la casserole et lève mon regard vers celui d'Ayden, plongeant profondément mes yeux dans les siens. Pourquoi s'excuse-t-il ? C'est moi qui devrais m'excuser... C'est moi qui n'aurais pas dû partir en Chine, sachant pertinemment qu'il me suivrait. Ou alors j'aurais dû l'autoriser simplement à venir avec moi, s'il avait été proche de moi, personne ne s'en serait pris à lui... « Arrête » lui dis-je simplement. Je reviens vers lui et m'installe à ses côtés « Tu es là maintenant... ». Ces mots me paraissent étranges, ils sonnent comme un peu trop romantique à mon goût, ne correspondant ni à ma personnalités ni à celle d’Ayden. Pourtant, j’ai comme un besoin vital de les lui dire. Un besoin de lui faire comprendre qu’il m’a affreusement manqué et que je ne veux plus le lâcher maintenant qu’il est revenu. J’en viens presque même à espérer que je pourrais le garder auprès de moi cette nuit, de façon à ce que je puisse m’assurer qu’il est toujours bel et bien là, contre moi, que ce n’est pas un rêve.

Maintenant que je repense un peu plus aux semaines qui se sont écoulées sans mon garde du corps, je me souviens d'une certaine fille qui est venue me trouver à plusieurs reprises. Je ne l'avais jamais vu avant. Il me semble qu'elle est étudiante dans la section sport de la Royal. Je lève les yeux en l'air, fronçant les sourcils, cherchant tant bien que mal le nom qu'elle m'avait donné. « Ao... Aomine ? » Je n'étais pas trop sûr de moi « Ca te dit quelque chose ? ». Cette fille avait visiblement remarqué l'absence d'Ayden mais je ne savais pas qui elle était. Je ne l'avais jamais vu... Elle n'était pas trop sûre d'elle non plus la première fois qu'elle était venue me questionner, elle se souvenait avoir vu Ayden une ou deux fois avec moi, et pensait que je savais où elle était. Quoi qu'il en soit, il fallait qu'Ayden aille la voir, elle semblait inquiète.

Finalement je me relève et me dirige vers la casserole. Notre diner semble être prêt. Je mets un dessous de plat sur la table et pose la casserole dessus. Je sors deux bols, deux paires de baguettes et m'installe face à Ayden. « Itadakimasu ».

e ne suis pas spécialement curieux de savoir ce que les autres ont pu penser de mon absence, j’ai juste trouvé le premier sujet qui me semblait abordable, en fait il me semble que c’est ce dont les jeunes de notre âge aiment discuter, des choses banales, mais nous avons notre propre façon de voir les choses et des vivres, nous sommes différents de ceux qui nous entourent, autant par la vie que l’on mène que par la perception qu’on a de notre entourage et de la vie en elle-même, c’est étrange de se rendre compte de ce genre de détails aussi simplement qu’un bonjour. Je ne me pose jamais de question, j’obéis et je fais ce que j’ai à faire, voilà tout, mais aujourd’hui c’est différent, autant que notre relation j’ai l’impression de ressentir le besoin de parler avec Jia Heng, même si c’est peu, même si ce n’est pas tout le temps, je n’ai pas pu le voir, l’entendre, le protéger pendant des jours et des jours, loin de lui j’en ai ressenti le manque, le besoin et je veux simplement pouvoir le combler, le problème et que j’ignore de quelle manière. C’est nouveau pour moi de ressentir ça et j’ai l’impression de m’y prendre mal dès que je tente une approche ou de simplement par réussir à aller au bout, parce que 'est pas mon genre tout simplement et je dois creuser pour trouver le moyen de démêler toutes mes pensées.

Je ne réponds pas aux suppositions que les autres ont pu se faire sur mon absence, hochant simplement la tête avec cet air du « je vois » sans grand intérêt, je suppose que se faire des films et parler est propre à l’être humain, on ne peut pas leur en vouloir, mais il faut savoir que même si le Premier ministre m’avait viré je ne serai jamais parti, car de ma propre volonté de resterai toujours à ses côtés, autant pour le protéger que pour la seule et bonne raison qu’à mes yeux il n’y a pas d’autre place, pas d’autre endroit où je veux être.  Je m’excuse alors pour x et y, j’ai l’impression de devoir le faire, pour ce que je lui fais vivre, pour tout en fait. Ça m’est venue spontanément, alors voilà. Nos regards se heurtent et je ne le détourne pas, le fixant avec sérieux pour appuyer mes dires, je suis désolé, vraiment. Mais quand Jia Heng me demande d’arrêter je comprends qu’il n’a pas besoin de mes excuses, je le savais déjà, mais il doit le savoir, je ne veux plus garder ce qui se trame dans mon cœur, jusqu’à maintenant je pensé qu’il n’y avait aucun espoir pour moi d’un connaitre d'autres sentiments ou émotion que la loyauté, la serviabilité puis l’amitié, mais c’était avant. Je le regarde s’installer à mes côtés et souris doucement, légèrement a ses paroles. Hochant à nouveau la tête. « Hum. Et je ne compte plus partir. » Pas sans lui en tout cas, c’est terminé.

Quand il m’énonce le nom d'Eri je prends un air à peine surpris, en fait je me serais douté qu’elle vient demander après moi, je lui avais dit qu’on se ferait une sortie de nouveau et finalement j’ai disparu soudainement. « C’est... Aomine Eri, je l’ai connu avant de te servir, on était dans la même école en Amérique. » C’est étrange de parler d’une vie que Jia Heng n’a pas connue, j’ai l’impression d’être n à ses côtés, je ne renie pas mes premières années d’existence car c’est ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, mais j’ai réellement commencé à vivre grâce au chinois, depuis tant d’années qu’on est ensemble je pense que parfois j’oublie simplement que j’ai eu une période et une vie avant « Jiang Ayden le garde du corps de Li Jia Heng ».

« Elle a dû s’inquiéter de ne plus me voir nulle part. » Je souris, j’irais la voir plus tard, pour l’instant j’ai d’autres priorités, d’ailleurs Jia Heng se lève pour préparer les bols et les poser sur la table, j’en attrape un avec les baguettes : « Itadakimasu. » Je n’ai pas senti une bonne odeur comme celle-là depuis des semaines, ça réveille mes papilles et je commence à manger en dévorant l’assiette, ça fait du bien de manger... bon sang, n'avais pas réalisé que ça pouvait réellement manquer, manger c’est vraiment un luxe quand on est pris dans une chasse à l’homme, mais je vais me rattraper.

l avait plutôt intérêt à ne plus partir. Enfin à ne plus chercher à me suivre lorsque je lui demande de ne pas le faire. Quoi que, je pense que je ne lui demanderai plus jamais une telle chose, pour le coup j'avais été idiot. Lorsque j'avais quitté le Japon pour me rendre en Chine, au fond de moi je savais pertinemment qu'Ayden ne resterait pas gentiment dans notre dortoir à faire le ménage et la cuisine. C'est moi qui avais failli causer sa perte en fait... Je baisse le visage en soupirant doucement. Désormais, où que j'aille, il restera à mes côtés. Je me rattraperai comme je peux. Parce que c'est lui qui s'excuse, mais en vérité, ça serait plutôt à moi de m'excuser. Tout cela est arrivé par ma faute. Pourtant je ne dirais rien, m'excuser n'est pas vraiment mon genre mais plus que cela - parce que dire pardon à Ayden n'est pas ce qui me dérange - je ne veux pas qu'on continue de parler de ce sujet. Maintenant qu'il est revenu je veux profiter de lui à mille pour cent, et ce n'est pas en parlant des malheurs qui nous sont arrivés que cela va être possible. Bien sûr que je vais encore y penser pendant plusieurs jours, peut-être même pendant plusieurs années, sûrement. Mais ce soir, je vais essayer d'en faire abstraction. Je vais arrêter de broyer du noir car Ayden est revenu, il est avec moi, et ce soir, je suis tout à lui. Enfin... Façon de parler.

J'aborde un sujet qui me traverse alors l'esprit, allons savoir pourquoi. Cette jeune fille un peu excentrique qui ne me connais ni d'Eve ni d'Adam, qui n'a à ma connaissance aucun cours avec moi, était venue me trouver et me demander où était Ayden. Cela m'avait surpris, bien évidemment, comment cette fille que je n'avais jamais vue connaissait Ayden ? La vie de mon garde du corps et la mienne était liée, depuis que nous sommes enfants nous vivons ensembles, depuis que nous sommes enfants mes connaissances sont les siennes. Cela m'intrigue quelque peu lorsque j'y repense, mais sur le coup, j'avais été incapable de répondre à la jeune femme et j'avais tourné les talons. A ce moment je ne pensais qu'à une seule et unique chose, quelque chose que je ne pouvais pas prononcer à haute voix « Ayden est sans doute mort ». Il était hors de question que je révèle ça à cette Aomine, je ne voulais pas la choquer, et je ne connaissais même pas le lien qu'elle avait avec mon garde du corps.

« Ooh, je vois... » J'hoche doucement le menton, les yeux dans le vague. J'en oublierais presque que la vie d'Ayden ne se résume pas à ma vie, la vie de Li Jia Heng. Si c'est le cas depuis un certain nombre d'années, avant qu'il ne me rejoigne en Chine, il avait sa propre vie. Il vivait même sur un autre continent c'est pour vous dire. Mais cela n'avait pas duré longtemps dans sa vie, et à vrai dire, il ne m'en parle jamais. A voir comme il parle de cette Aomine Eri il semble plutôt bien la connaitre. Comment peut-il se souvenir d'elle si simplement alors que leur relation date d'il y a a peut prêt quinze ans ? « Tu... Tu l'as revu depuis ? » J'ai presque envie de me gifler à m'entendre parler comme ça. On dirait une ado pré-pubère jalouse. Cette affaire ne me concernait pas, elle était propre à Ayden, pour une fois qu'il avait quelque chose de propre à lui justement, je vais éviter de m'y introduire. Je secoue la tête de droite à gauche pour me sortir cette idée de la tête et vais chercher les ramens enfin cuits.

« Bon ça ne vaut sûrement pas le plat d'un chef étoilé mais ça remplira notre ventre » Et à voir le visage d'Ayden il semble apprécier les nouilles instantanées que je lui ai préparé et j'en suis rassuré. Un sourire apparaît sur mon visage. Je pose mes baguettes sur mon bol et le regarde simplement. Même si moi aussi j'ai faim, car je n'ai pas eu beaucoup d'appétit ces derniers jours, cela me réchauffe le coeur de regarder le jeune homme se régaler de la sorte. Ca suffirait presque à remplir mon estomac. « Tu peux tout manger si tu veux, je ferais autre chose après si tu as encore faim » Lui dis-je, un sourire bienveillant sur le visage.

e ne m’attendais pas à ce que Jia Heng me parle d'Eri, en même temps je ne lui ai pas raconté mes retrouvailles avec une ancienne connaissance, je ne pensais pas que c’était important, bien que j’apprécie beaucoup la jeune fille qui malgré mon comportement distant prend par peur, de plus elle m’a connu avant tout ça et je suppose que même en ayant coupé tout lien avec les premières années de ma vie, ça ne peut être effacé pour autant. Je me doute que d'autres se sont aussi posé la question, Su Hwan, mon professeur et d’autres connaissances que je me suis faites pendant mes heures de cours ou de club, mais pour moi le plus important c’est Jia Heng donc j’ai surtout demandé par sujet de conversation que par réelle préoccupation. Je le regard sans rien dire, juste le fixant par besoin, par envie, il faut un peu de temps pour que je réalise que je suis bien là avec lui, par moments j’ai l’impression que je vais entendre des coups de feu et que je dois courir pour sauver ma peau, j’ai peur que ce soit qu’un rêve comme j’ai pu en faire dans le peu de sommeil que j’ai réussi à avoir ces dernières semaines. Mes pensées sont interrompues par sa question et je hoche la tête. « Je l’ai croisé il y a quelques mois quand tu étais en conversation avec ton père, elle m’a tout de suite reconnu, il faut croire que je n’ai pas beaucoup changé. » Je ne suis pas doué pour lire la « jalousie » donc je réponds sans en tenir compte avec franchise, pour ses choses là je reste encore inculte et idiot, même si j’en ressentirais surement les mêmes effets si les rôles étaient inversés. Ça m’est d’ailleurs déjà arrivé.

Il ramène les ramen et je souris, les yeux brillant d’envie devant ce plat, qu’il soit étoilé ou non je m’en fiche complètement, Jia Heng les a préparés pour moi et j’adore ça alors... C’est parfait. Mangeant à peine la nourriture sous mes yeux, autant dire que mon ventre pleure de joie, j’ai l’impression de ne pas avoir mangé depuis une éternité et j’enfile les bouchées me régalant simplement avant de lever les yeux vers Jia Heng et de ralentir un peu, m’essuyant les lèvres. « Mange, ne t’inquiète pas pour moi. » C’est surement une chose difficile à faire après toute cette histoire, mais il a faim et je ne veux pas qu’il se prive pour mon estomac. « Tu as perdu du poids aussi, on doit se rattraper ensemble. » J’esquisse un léger sourire, je ne suis pas aveugle, si j’ai vécu l’enfer, Jia Heng n’a pas été épargner non plus et ça me fait mal autant que ça me rassure... C’est surement étrange, mais savoir que mon absence peut avoir un impact sur lui ça me soulage, bien que je doive me maudire pour ce genre de pensée, je devrais plutôt lui dire de ne jamais s’arrêter d’avancer même sans moi, mais j’ai peur au fond, peur d’être remplacé ou oublier par lui, après tout Jia Heng et mon seul réel pilier dans ce monde et ça ne risque pas de changer.

e n'avais jamais ressenti ce qu'on appelle la jalousie. Je ne savais pas vraiment ce que cela faisait, mais j'avais bien l'impression que ce petit pic que j'avais senti dans le fond de ma poitrine était bien ça. Seulement, je n'avais pas à être jaloux et je me trouvais complètement idiot d'y penser ne serait-ce qu'une seconde. Ayden aurait pu mourir pour moi, et il ne le ferait certainement pour personne d'autre, alors à quoi bon être jaloux ? Il faut croire que mes sentiments envers Ayden se développent de plus en plus. Ou alors est-ce peut-être simplement le fait qu'il me parle de cette jeune fille pour la première fois, et qu'il ne m'avait jamais parlé d'une fille avant. Enfin d'ailleurs, lui ne m'en a pas parlé, c'est moi qui ai abordé le sujet. Je finis donc simplement pas hocher doucement le menton, mettant fin à la conversation. Maintenant qu'il est revenu il pourrait recontacter cette fille pour la rassurer, au moins je lui ai passé le message.

Le voir manger ainsi me réchauffe réellement le coeur et me fait monter le sourire jusqu'aux oreilles. Je pose mes coudes sur la table et pose mon menton dans le creux de mes mains le regardant simplement. Cela fait plaisir de le voir ainsi. Ca a dû être tellement dur pour lui durant ces dernières semaines que maintenant qu'il est là, j'ai envie de tout lui apporter, tout lui offrir. Je pourrais bien me priver de nourriture ne serait-ce qu'un repas pour lui permettre de manger un peu plus. Avec tous les sacrifices qu'il a fait pour moi dernièrement, je peux bien en faire un petit pour lui. Seulement Ayden veut visiblement me voir manger lui aussi. Ai-je perdu du poids ? Je me regarde rapidement. Je ne m'en suis même pas rendu compte, mais c'est bien possible. Après tout depuis que j'étais revenu au Japon et que j'avais réalisé que mon garde du corps n'y était plus, l'inquiétude m'avait rongé l'esprit et coupé l'appétit. Je mangeais moins qu'un moineau jusqu'à ne plus être capable d'avaler la moindre chose depuis trois ou quatre jours. J'ai donc, en effet, sûrement perdu un peu de poids. Seulement, la seule chose qui m'a frappé c'est le visage creusé et tuméfié d'Ayden. Pourtant je lui souris et prends à mon tour quelques bouchées de ramens. C'est vrai que ça fait du bien... « Tu veux faire quoi après manger ? » Je ne savais pas encore vraiment comment nous allions bien pouvoir passer le reste de notre soirée maintenant que nous nous étions retrouvés. Je ne sais pas si Ayden allait préférer regarder un bon film ou simplement discuter - mais nous ne sommes pas de grands bavards - ou peut-être qu'il allait juste vouloir aller dormir, pour rattraper tout son sommeil en retard. Enfin, je parie plus sur le fait qu'avant de faire quoi que ce soit, il va vouloir prendre une bonne douche. « Si tu veux tu pourras aller prendre une douche le temps que je débarrasse »