TENUE ⇝ Au plus grand étonnement de mon manager, j'avais dis oui directement. Pour bien vérifier, monsieur Tadashi avait prit mon script pour tourner les pages une à une, lâchant des commentaires surprenants comme quoi j'étais devenu raisonnable. Pas une trace de stylo sur les feuilles notés du scénario. J'avais jeté le miens à la poubelle après ma discussion avec mon partenaire sur mes exigences et mon professionnalisme. Bon d'accord, ce n'était pas vraiment tourné dans ce sens mais là était le plus gros de l'histoire, de mon changement. Du coup, j'ai photocopié le tas de paperasse pour rendre celui à Eizan tout en feuilletant le miens. Le récit n'était pas si mauvais en lui-même, bien que le truc tourne autour d'une histoire entre deux potes qui se retrouvent chez l'un à jouer sur une console, pour finalement déraper et coucher ensemble au sol. Mot pour mot, je ne suis pas encore sûr de respecter le déroulement du scénario, m'imaginant entrain de tacler Eizan par terre pour l'attraper sauvage et... Ah non, pas de baiser. Il est bien noter que je dois l'embrasser comme si je pouvais avoir le béguin pour lui. Un béguin inavoué et, merde ce n'est pas possible. Je referme le script en râlant dans mon coin, me retenant d'hurler après mon manager pour faire tout changer à nouveau. Je dois tenter, c'est un peu une promesse que j'ai faite à mon partenaire, même si je ne lui dois rien.

« Naizen, tu es sûr que ça va ? » Mes yeux se portent sur monsieur Tadashi, un sourire prenant rapidement place sur mon visage. « Oui, tout va bien. » Mentis-je au mieux, en pleine prise de tête avec le document entre mes mains. J'ai prévenu ce Satow, aucun bisou tel quel soit. Du coup, je ramène mon attention vers les paroles et souffle discrètement. « Tu vas bientôt devoir y aller, ils t'attendent en studio d'enregistrement. » Le feu vert, je referme mon manuscrit et l'embarque avec moi, réajustant correctement mon tee-shirt avant de filer dans les couloirs de l'agence. La fameuse salle est à l'étage de dessus, prenant l'ascenseur pour rejoindre le lieu de rendez-vous imposé par les metteurs en scène. Je toque deux fois à la porte, histoire de signaler ma présence, puis j'ouvre sans attendre une réponse. Ils sont déjà quasiment tous là, pensant que j'aime me faire surnommer « désiré ». Rapide coup d'oeil avec la bande, aucun ne remarque un trait rouge sur mes copies, ce qui les amènent à tous sourire comme des biens heureux.

« Ah, Satow. » M'exclamais-je en remarquant mon partenaire, m'approchant de lui. à croire que nous nous sommes jamais prit la tête à notre première rencontre, comme si nous étions les meilleurs amis du monde. Mes lèvres s'étirent doucement dans un sourire, mes iris posées sur lui. « Tu es prêt ? » Simple question de formalité mais j'entends déjà les autres murmurer comme quoi ils ont trouvés une perle, un garçon capable d'adoucir le monstre Kanzaki. Ma réputation n'est plus à refaire depuis que je bosse ici. Dès les premiers mois de mon embauche, ils ont su que je serais un cas à part, puis un cas désespérant, mais aujourd'hui, ils auront affaire à un cas extraordinaire. Le temps de parler avec Eizan, les cameramans ajustent leurs affaires et se positionnent dans la pièce aménagée en salon, avec une télé, une console, un canapé et même une table basse. Je regarde le tout avec un sourire en coin, sentant une main se poser sur mon épaule. « Faites comme chez vous, les jeunes. » Quelle belle ironie, mais je prend les devants en entrant dans la partie où se déroule le film, retirant mes chaussures pour les laisser en dehors. Pour un scénario amitié chez son pote, faudrait vraiment se mettre à l'aise, quitte à marcher pied nu.

TENUE ⇝ Je suis vraiment tombé sur un phénomène, il fallait bien l’avouer, ce gars avait une façon de voir les choses bien différentes de tous les partenaires que j’ai pu avoir tout au long de ma jeune carrière. Mais je le trouvais malgré tout intéressant, il avait accepté de suivre le script, certes je ne sais pas vraiment pour quelles raisons il avait jeter le sien sur lequel il avait pris la peine de gribouiller toutes ses marques au stylo rouge, mais le principal était qu’il l’ait fait, le reste m’importait peu ou pas du tout, au fond c'était d'ordre professionnel et non personnel.

Le grand jour était arrivé et comme d’habitude j’avais rapidement appris le script par cœur, le matin je m’étais déjà mis en condition, généralement avant un tournage je dors beaucoup pour ne pas manquer de force durant le boulot, il fallait un corps endurant et résistant et surtout quand parfois on se retrouvé à enchainer les scènes. Autant dire que fallait assurer, donc j’avais ma petite routine, mon petit repas, mon sport matinal et puis un bon bain relaxant, j’ai l’impression d’être un vieux à parler de cette façon, mais j’aime me détendre tranquillement. Mon téléphone posé sur le rebord de ma baignoire, il se mit à sonner et je répondis sans tarder, encore perdu dans mes bulles de savon.

« Oui Mizuno'san, qu’est-ce qu’il y a ? » Mon manager avait toujours tendance à me téléphoner pour savoir si j’étais en forme et en condition, prêt pour le tournage, puis s'assurer que je n’étais pas malade ou fatigué ou si je n’avais aucun souci quelconque. Le corps d’un acteur porno et très important, j’ai appris à en prendre soin avec le temps, je n’aime pas faire les choses à moitié voilà tout. « Je t’attendrai dans le studio, tu peux te débrouiller pour venir ?» Je souris, il sait très bien que ‘j’habite à quelques minutes seulement de l’agence, je n’avais pas besoin qu’il vienne me chercher avec sa voiture pour m’y escorter, je suis un grand garçon. Affirmant donc que je pouvais me déplacer sans son aide, je raccroche en regardant l’heure, elle défile malgré tout.

Habillé, je quitte mon appartement et je me retrouve très vite sur place, grimpant à l’étage pour rejoindre l’équipe qui s’occupera du tournage, je m’incline pour les saluer, rejoignant très vite mon manager, apparemment mon partenaire n’est pas encore présent. Le caméraman en profite pour venir me parler des angles où seraient posés les cadrans, de façon a ne rien manquer, ils rapprocheront les caméras, évitant tout miroir dans le salon pouvant trahir leur présence, c’était toujours minutieux et au pire des cas s'étaient repris au montage si un souci venait à s’incruster dans la vidéo. Il n’y avait rien d’amateur, tout était très pris au sérieux, l’équipe entière participer au film, même si Kanzaki et moi en étions les vedettes. On me proposa de relire le script, mais j’avais déjà imprimé tout ce que je devais dans mon esprit, mes mots, mes paroles, mes « réactions » ou mes actions, tout était approximativement écrit et je devais oublier mes préférences où tout ce qui m’était personnel, c’est un personnage que j’allais devoir interpréter, je devais garder toujours ça en mémoire même si je perdrais la tête sous le plaisir à venir. Je visualisais déjà la pièce d'un rapide regard du temps que Kanzaki ne se manifeste pas, deux amis qui couchent ensemble, un scénario loin d’être innovant, mais qui marche bien souvent, puis de cette façon le fait de ne pas échanger de baiser ne serait pas choquant, moins en tout cas que si nos personnages étaient des amants fous amoureux.

La porte du studio s’ouvre sur mon partenaire et son manager, je lui souris en le voyant me rejoindre, on devait mettre de côté nos différents où tout ce qui aurait pu se passer, même si intérieurement je garder nos provocations comme d’actualité. « Toujours. » Répondis-je sans manière quelconque, juste une expression sereine et amicale, pas la peine d’exagéré non plus, je n’écoutais même pas les messes basses du staff, je n’avais aucune prétention à « gérer » ce garçon, ni même l’adoucir, je ne faisais uniquement mon boulot, voilà tout.

Faire comme chez nous était plutôt facile, vu la situation. Je laisse Kanzaki prendre les devants avant de le suivre dans « notre » salon, on devait pendant les premières minutes du film jouer à un jeu vidéo, ce qui en soi n’est pas difficile vu qu’on doit simplement faire semblant... Assis devant la télé, mon épaule collée à celle de Naizen, je le regarde avant d’entendre que la première prise allait commencer, de toute façon une fois le signal donné on n'allait pas s’arrêter, ce n’est pas le genre de prises qu’on peut faire en plusieurs fois, ça serait stupide n’est-ce pas ?

Le signal lancé, j’oubliais déjà tout ce qui m’entourait, plus rien n’exister, je rentrais entièrement dans la peau de celui qui allait coucher avec son ami, du coup tapotant et m'excitant sur les touches de la manette en prenant mes aises, je débute en suivant le script.

« AAAAH, je suis mort... Tu aurais pu me laisser gagner au moins une partie ! » Oui mon rôle n'était pas vraiment doué dans les jeux vidéo, soupirant en faisant genre de bouder, un véritable mauvais joueur.

TENUE ⇝ Quand certains se mettent en condition pour préparer un bon film, moi je ne fais rien pour aider à ma santé. Combien de cigarette ai-je fumé depuis ce début de journée ? La première a été ce matin en me levant et en buvant mon café. La seconde, quand j'ai quitté mon appartement pour prendre ma voiture et me rendre à l'agence. La troisième, je l'ai fumé en lisant encore mon script puis les deux autres ont suivis durant cette même lecture. J'ai voulu en consommer une dernière avant de partir de la pièce, mais Tadashi m'a forcé la main en disant que cela ne serait pas approprié et que « bon dieu » je pue la nicotine à trois kilomètres. C'est toujours un soucis avec lui, il déteste quand je touche à ces merdes et il déteste encore plus l'odeur qui reste sur mes vêtements. Pour lui faire plaisir, j'ai secoué mon t-shirt en le vaporisant de parfum, mais pas sûr que cela soit un bon mélange. Au mieux, l'odeur de cigarette froide était largement plus simple que ce mélange ragoûtant qui me donne déjà envie d'être nu. De toute façon, je ne garderais pas cette tenue bien longtemps. Au mieux, je la vire dès les premières minutes du tournage pour en gagner une autre à la fin.

Arrivé au studio d'enregistrement, je lance un rapide coup d'oeil aux gens présents, m'inclinant par respect pour les saluer sans vraiment m'attarder. Je m'en fiche s'ils vont bien, mais ils le savent déjà tous en voyant mon air indifférent et ma façon de chercher quelqu'un. La seule personne qui puisse avoir de l'intérêt dans l'immédiat, c'est bien mon partenaire. Est-ce qu'il va bien ? Je n'ai même pas posé la question, jugeant à sa fraîche allure qu'il est en forme. J'ignore ce qu'il fait avant de venir, son petit rituel ridicule et ses manières calculées et inintéressantes. Nous n'avons pas le même mode de vie, si Eizan profite d'un nouveau tournage pour dormir une nuit complète, manger correctement et se prélasser dans un bain, moi ce n'est pas le cas. Je ne dors pas plus que d'habitude, je ne mange pas autant ni mieux qu'à l'accoutume, je prend qu'une douche même si elle dure trois ans et je fume. Mei m'a déjà fait la morale comme quoi ce n'est pas bien pour la santé, mais j'ai simplement répondu que de nous deux, c'était elle la plus proche de mourir, pas moi. Toujours aussi sympathique, je sais.

Qu'importe Mei ou les personnes dans ce studio, je prend conscience seulement de Eizan pour savoir s'il est prêt, rien d'autre. Oubliant notre conflit de la dernière fois ou le fait qu'on ne soit pas réellement en bonne entente. Quant au reste, je m'en fiche. Ils peuvent bien parler dans mon dos, continuer à casser du sucre dessus, ça ne me fait ni chaud ni froid. J'ai appris à vivre avec tout ça, renfermé dans ma bulle insonore. Du coup, à part Eizan, je ne vois personne d'autre ici. Le metteur en scène s'approche et nous pousse à faire comme chez nous, avec un jeu de mot bien pourri que je ne préfère même pas relever. Je suis donc le premier à fouler le salon monté de toute pièce pour ce film. Vu la décoration, pas étonnant qu'ils changent le plus souvent, c'est moche à souhait. 'Fin, on s'en fiche du mobilier, je prend simplement place au sol, face à l'écran plat dédier à ce début de scène.

Eizan me rejoint, collant son épaule à la mienne et  je fais un gros effort pour ne pas sourire ou lâcher une remarque déplaisante, prenant l'une des manettes en main quand ils donnent le signal. Les jeux-vidéos, ce n'est pas mon trip, mais d'après le scénario je suis celui qui joue le mieux dans l'histoire. Est-ce que Eizan sait y jouer en dehors de son rôle ? Parce que franchement, je gagne la partie parce qu'il fait exprès de perdre... Sinon, je ne saurais même pas guider mon personnage. Dans le fond, on s'en fiche de la partie de mario, le plus important reste la suite. Quand mon partenaire perds lamentablement en lâchant une réplique à s'en tordre de rire. Pour ma part, je me serais rouler par terre tellement c'est nul, mais bon. Son jeu d'acteur n'est pas mauvais, c'est juste le script qui n'est pas génial. Quand je pense que j'aurai pu le refaire à ma façon, sans tout ça.

« Ce n'est pas ma faute si tu es nul! » Balançais-je en riant exagérément, dans le rôle d'un gars qui rit pour rien, apparemment. Un mauvais joueur contre un pote moqueur. C'est sans modestie que je fanfaronne deux secondes, le torse bombé avant de tourner mon visage vers lui, un sourire énigmatique sur le visage. « On pourrait... Si tu veux... Jouer à un autre jeu ? » Ma voix perd de son enthousiasme pour devenir plus lente et sensuelle, à la limite de la provocation. Mes pupilles en disent long sur mes intentions, mais je ne dois pas attendre une quelconque réponse de sa part, juste saisir sa manette pour la faire glisser plus loin dans la pièce. Le truc c'est ça, couper mon camarade dans son élan pour le prendre de court. Il est censé jouer la surprise, ne pas comprendre de suite pendant que je le pousse légèrement vers le sol, histoire qu'il s'allonge.

« Hmm ~ Pas sûr que tu sois gagnant là aussi. » Soufflais-je à son oreille après m'être assis sur lui, mes mains se baladant doucement sur son tee-shirt, partant du torse pour descendre sur son ventre. Quel jeu! Une partie de jambe en l'air, quoi. C'est marrant quand je pense qu'il ne pourra pas gagner là non plus, puisque je suis le dominant.

TENUE ⇝ À mes yeux les scènes de nos films sont différentes de celle qu’on peut avoir en privés, quand les caméras ne sont pas là, on est libre de faire ce qu’on veut, de s’arrêter quand on veut, de recommencer aussi, qu’on soit fatiguée, sale, épuisé, affamé, bref, tout ça importe peur ! Mais être un acteur à plusieurs obligations, des gens nous regardent, j’aime ce que je fais, mais j’aime le faire bien, j’ai toujours été ainsi, petit déjà quand j’étais isolé, je continuer de bosser bien que je sois un surdoué, je ne m’arrête jamais en route, parce que je veux toujours que les choses soient le plus proche de la perfection, me satisfaire moi-même avant de satisfaire les autres, c’est ainsi que j’ai changé mon point de vue, si avant je voulais voir les yeux briller de mes parents, aujourd’hui, je veux juste briller à ma façon. Ne plus agir pour les autres, ne plus tenter de répondre à leurs attentes, mon rituel avant les films, c’est des geste « banales », un petit déjeuner, un bon dodo, un bon bain, je ne voulais pas arriver sur le plateau les cernes aux yeux et baillant toutes les cinq minutes, la moindre faille pouvait ruiner le tournage, n’est-ce pas normal d’être un minimum préparer à l’affronter ? Ayant vu un peu le genre de gars qu’est Naizen, je suis presque sûr qu’il vient les mains dans les poches en mode penaud et ça me fait doucement sourire tellement ça lui correspond bien, on ne se connaît pas vraiment et pourtant on a pu cerner des choses l’un sur l’autre en seulement quelques minutes.

Dans le studio, je pense qu’on se met en condition pour se mettre dans la peau des personnages, je ne me pose plus de questions, je ne cherche pas à savoir si j’ai l’air ridicule ou non en suivant les paroles du script, je fais mon boulot, les films pornographiques sont souvent « surjoués » au niveau des paroles, même si Naizen les avait enlevé ce serait un film ennuyant, car malgré tout il faut un dialogue et c’est pourquoi je ne retouche jamais rien, je me fiche que les textes ne soient pas très rechercher, au fond une fois dans l’action tout le reste sera oublié, ce qui importe vraiment ce ne sont pas les mots qu’on prononce, mais la partie de jambe en l’air qu’on est sur le point de leur offrir.

TENUE ⇝ Mon boulot n'a jamais été une prise de tête à mes yeux. Les actions superflu pour être en forme ne m'était pas tellement utile, à dire vrai. Un bon café avec une cigarette, une douche à la température de la saison et j'étais prêt pour tourner un film quitte à y passer la journée dessus. Chacun ses petites habitudes, et nous n'avons sûrement pas les mêmes. Quand j'y songe, lui et moi sommes un peu comme le ying et yang. Nous sommes des inverses, des opposés, pourtant nous faisons avec sans trop rechigner. Comment faire autrement quand nous sommes partenaires sur un tournage ? Ce n'est pas comme dans un film classique où il y a des tonnes d'acteur et où l'entente n'est pas tellement importante, là nous sommes que deux. Si nous étions en mauvais terme, sûrement que notre relation déteindrait dans nos scènes. Je n'ai rien contre Eizan, comme il ne doit rien avoir contre moi. Finalement, j'aborde une réplique du film que j'avais barré dans mon script, la trouvant tellement nulle alors qu'elle colle à merveille pour mon personnage. Nous surjouons, bien que cela soit amusant dans le fond. Je ne prends jamais la peine de m'attarder sur le déroulement de l'action, sûrement que je trouve ça lassant de perdre dix minutes de film à parler ou faire une intro stupide dans le genre "jouer à jeu vidéo", néanmoins je le fais quand même. Ce n'est pas le plus intéressant, mais nous y venons doucement au fur et à mesure que l'histoire avance, sans trop se presser pour autant.

TENUE ⇝