Ah l'hôpital encore une fois, c'est inévitable et ça va finir par lui enlever toute sa bonne humeur. L'hôpital est sa kryptonite, l'hôpital est sa prison dorée. Le sang s'est arrêté de couler, encore une fois ils sont parvenus à stopper tout ça assez rapidement. Mais ça reste douloureux quand même ; sentir progressivement la mort arriver et ne pas pouvoir faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Elle déteste cette chambre froide avec ces fausses touches de couleur histoire de "réchauffer" un peu, mettre un peu de "joie" dans la pièce. Elle ne sait pas qui s'est occupé du design mais il ne connait rien à la bonne humeur, il ne connait rien à la joie de vivre. Elle échange des SMS avec son ami qui était parti histoire de se changer lui aussi. Ne vient t-il pas de la traiter de boule de graisse ? Elle regarde l'écran de son portable avec une expression légèrement choquée, réprime un faible sourire avant de poser son portable sur le côté. Elle cède cela dit à la tentation et le reprend pour répondre à son SMS.
Elle n'a rien mangé et il est presque dix-huit heures. La nourriture de l'hôpital est toujours aussi mauvaise, rien de nouveau ici, elle n'a plus aucun espoir de manger quoi que ce soit venant de leurs cuisine. Non, elle attendra, mourra sans doute de faim en essayant, mais ne tombera pas malade. La porte s'ouvre, un faible sourire se dessine sur ses lèvres mais s'estompe légèrement en voyant que ce n'est que l'infirmière qui vient lui demander si tout va bien. Elle lui répond cela dit avec le sourire jusqu'à ce que la porte se ferme et qu'elle ne pousse un long soupir. C'est peut être au bout d'une heure qu'elle entend la porte s'ouvrir à nouveau et elle lance alors ;
Mei - Si tu savais comme je suis contente de te voir... Sa voix est légèrement cassée.
Elle parle de la nourriture ou d'Andrew ? La main de la jeune femme lui indique de s'asseoir sur le bord du lit tandis qu'un autre soupir s'échappe de ses lèvres et qu'elle ajoute avec une mine faussement triste ;
Mei - Prend un fauteuil roulant et emmène moi sur le toit s'il te plait... J'étouffe ici particulièrement...
Et sans vraiment attendre de confirmation de monsieur Kwon, elle se penche légèrement pour attraper son pull et l'enfiler. Elle ajuste doucement celui-ci avant de passer une couverture autour de sa taille pour cacher sa tenue d'hôpital et lance alors en posant ses mains sur ses hanches ;
Mei - Je suis prête à filer d'ici... Elle tape doucement du pied avant d'ajouter Aller, ne t'inquiète pas, ils ne vont pas repasser avant un long moment de toutes façons.
À peine rentré chez lui pour se changer qu'il reçoit un message de Mei. La pauvre doit s'ennuyer comme trois rats morts à l'hôpital. Apparemment, y aller a l'air d'être quelque chose de plus ou moins récurrent pour elle, alors ça doit être encore plus pesant. Le garçon prend une rapide douche, parce qu'il a trop transpiré -elle l'a fait tellement stresser aussi-, puis il s'habille rapidement avant de sortir de son appartement et d'aller au mc donald's le plus proche. Selon les messages de Mei, la bouffe de l'hôpital est à gerber, enfin elle l'a pas dit comme ça exactement, mais c'est ce qu'il a compris, donc en bon pote qu'il est, il s'est proposé de lui ramener un petit quelque chose. Trop gentil Andrew. Il en profite pour se prendre un menu maxi best of aussi, parce que bon, il commence à avoir faim aussi. Avec un cheeseburger en plus, il sait qu'il sera pas callé sinon. Puis il reprend le métro pour aller retrouver Mei.
Il rentre dans l'hosto et demande la chambre de sa pote. La femme à l'accueil regarde son sac de mc do d'un oeil louche, mais il lui fait un de ses regards suppliants. Même sa mère peut pas résister à ceux là, alors elle ne dit rien et lui indique le chemin. Il se dépêche, parce qu'elle doit l'attendre depuis un moment, toute seule dans sa chambre vachement glauque. Il toque même pas et ouvre la porte, tout content. Tout content, mais quand même un peu triste de la voir comme ça. Il s'assoit à ses côtés et montre le sachet, en faisant un grand sourire. « Ça devrait te remonter le moral ça. »
Il lui obéit sans rien dire et prend le fauteuil roulant au bout de la pièce. Faut pas le mettre en possession de ces engins là aussi, il n'a qu'une envie c'est faire la course maintenant. « On peut faire la course avec ça ? » qu'il demande d'ailleurs, avec un air innocent. C'est un vrai gosse Andrew, faut pas l'oublier. En tout cas, il s'approche d'elle avec le bidule entre les mains. Et comme il est gentil et qu'il se doute qu'elle est complètement à côté de ses pompes, la pauvre, il décide de la porter -mais doucement hein, pas comme un sac- et de la poser dans le fauteuil roulant. Ça aussi, c'est une première. Puis il pose le sac avec la bouffe sur les genoux de Mei.
Heureusement qu'il y a un ascenceur qui mène sur le toit, quand même, il pense en y arrivant. « Dis donc, t'es lourde à porter boule de graisse. » qu'il dit, en riant doucement.
Elle ne peut pas s'empêcher de rire quand il parle de faire la course avec la chaise roulante. Elle ne l'avait pas vu venir alors que c'est tellement son genre de poser ces questions là. L'ambiance est déjà mieux que tout à l'heure, Mei n'est pas faite pour rester seule dans une pièce aussi déprimante. Après avoir enroulé la couverture autour de sa taille elle s'apprête à rejoindre le siège mais ne sent plus vraiment le sol sous ses pieds. La jeune femme sursaute légèrement sur le coup de la surprise avant de rapidement ajouter ;
Mei - Y-yah je peux En comprenant qu'il ne la lâchera pas avant d'avoir atteint le point B, elle fini par dire plus bas d'un ton inaudible marcher toute seule...
Mei n'a pas peur de grand chose dans la vie, et la hauteur ne fait pas parti de la liste. Mais il faut simplement la prévenir. Elle inspire doucement quand elle entend à nouveau ce surnom puis, alors qu'ils se retrouvent à attendre l'ascenseur, elle lui fait signe d'approcher, comme si elle voulait lui dire quelque chose d'important. Mais au lieu de ça, elle lui tire simplement l'oreille tout en ajoutant ;
Mei - Je ne t'ai pas demandé de me porter, et puis si je suis une boule de graisse, toi qu'est-ce que tu es hm ? hm ?
Mei a du mal à lever la main sur les gens en général, mais pour le cas d'Andrew, c'est tellement facile, c'est comme s'il le demandait indirectement. Elle le lâche finalement quand ils entrent dans l'ascenceur. Il faut encore monter des escaliers avant d'atteindre le toit. Elle monte les escaliers avec précaution avant de pouvoir apercevoir le ciel légèrement orangé. Un faible sourire se dessine sur ses lèvres, elle ne se lassera jamais de la couleur du ciel. Elle frissonne légèrement à cause du vent frais et passe alors la couverture sur ses épaules avant de s'asseoir. Elle sort du gel antibactérien avant d'en appliquer un peu sur ses mains et doucement les agiter pour finalement en passer au jeune homme puis entamer son menu ;
Mei - Définitivement meilleur que le repas de l'hôpital~ Qui voudrait faire un régime après avoir mangé ça ? Moi, je ne peux pas, elle dit faiblement amusée
Andrew aime bien embêter Mei, ne serait-ce qu'un petit peu. Qui aime bien châtie bien, dit-on souvent. Et puis ce qu'il aime chez elle, c'est qu'elle ne se laisse pas faire et trouve toujours quelque chose à lui répondre. « Moi je suis un homme au physique d'athlète. » répond-il tout à fait sérieusement, ce qui est faux, bien entendu. Plus loin il se trouve d'une salle de sport, mieux il se porte. L'exercice physique, à part pour faire des conneries, très peu pour lui. Il est une larve, point final.
Il aime bien les toits. C'est bizarre comme phrase, mais c'est vrai. De là-haut on peut voir la ville comme si elle était minuscule, et personne ne se rend compte que quelqu'un l'observe. C'est un endroit tranquille où l'on ne risque pas d'être dérangé, juste ce qu'il aime. Voilà qu'il devient poétique maintenant. Il prend le gel antibactérien qu'elle lui tend pour en mettre lui aussi sur ses mains et lui rend. Mei est déjà en train de manger, alors qu'à peine deux secondes s'étaient écoulées. Il se retient de ricaner. « T'as pas mangé depuis deux jours, c'est pas possible ? » il demande, même s'il sait que c'est faux. Ce qu'il aime chez Mei aussi, c'est qu'elle mange autant que lui et qu'elle s'en fout de ce que les autres peuvent en penser.
Il goûte à son hamburger et c'est limite s'il ne lâche pas un soupir de satisfaction. Pourtant c'est pas la meilleure bouffe au monde, mais ça lui rappelle les Etats-Unis. Il fronce les sourcils avant de dire « Un régime ? Pourquoi tu voudrais faire un régime de toute façon, t'en as pas besoin. » Il fourre des frites dans sa bouche après ça, trop affamé pour dire quoi que ce soit pour le moment. Estomac sans fond. Si ça se trouve, il a vraiment un trou à l'estomac et c'est un problème sérieux qui mériterait d'être traité. Ou alors il a juste tout le temps faim. C'est possible aussi.
Il finit de manger son menu en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. C'est pas pour rien que sa mère le surnomme l'aspirateur à chaque repas. Andrew regarde Mei, et il hésite à reparler de ce qui s'est passé chez lui. Peut-être qu'elle n'aime pas en parler et qu'il ne devrait pas lui rappeler l'incident, mais il est curieux. Alors il s'éclaircit la gorge et demande. « Mei, qu'est-ce qu'il s'est passé exactement dans la salle de bain chez moi ? » il la regarde dans les yeux et se souvient de la panique qu'il avait ressenti à ce moment là. Première fois de sa vie. « Je me trompe si je devine que c'était pas la première fois ? » Il se mord presque la lèvre, de peur d'en demander trop et qu'elle s'enferme dans un silence total. Après tout, elle a le droit. « Enfin si tu veux pas en parler, je comprends. On fait comme si j'avais rien dit et je te pique des frites comme si de rien n'était. » il ajoute avec un petit sourire.
La jeune femme aime bien trainer avec Andrew, elle ne ressent aucune pression particulière à propos de sa santé ou quoi que ce soit. Ou sauf peut être à propos de son poids mais elle sait très bien qu'il plaisante à propos de tout ça. Quand il n'y a pas d'inquiétude l'air est tellement moins lourd et elle se sent tellement libre. Elle éclate de rire tout en lançant ;
Mei - Quel athlète ? Et quel physique ? Elle fait mine de chercher du regard quelque chose de simmilaire autour d'elle pour l'embêter puis fini par dire en tapotant son épaule Ah, ne dis pas des choses pareilles Andy, on connait tous les deux la vérité la vraie.
Lui ramener des hamburgers dans un endroit pareil, c'est vraiment un geste qu'un estomac sur patte ne pourra jamais oublier. Elle hoche doucement la tête et prend le temps de finir avant de lui expliquer ;
Mei - Je n'ai pas mangé grand chose en effet, ça se voit tant que ça ? Elle marque une pause avant d'ajouter dans un rire Non~ J'aime beaucoup trop manger pour commencer un régime. Puis de toutes façon, tu sais, si je commence, je ne tiendrai pas la journée. Elle rit doucement avant de secouer doucement la tête Non, les régimes c'est juste no-no.
Si ce n'était pas clair avant cet épisode... C'est dingue, il suffit d'une question une seule pour que son sourire s'estompe légèrement et qu'elle regarde partout sauf lui. S'il avait commencé avec ça, honnêtement, ça lui aurait sans doute coupé la faim. Maintenant elle est tellement nerveuse qu'elle ne sait pas comment commencer. Des secondes s'écoulent avant qu'elle ne se tourne vers lui en tailleurs et qu'elle lance d'un ton hésitant ;
Mei - An-Andy... Hm... Je ne sais pas comment faire ça alors dis moi simplement stop si tu ne veux pas savoir la suite. Tu ne voudras probablement pas d'ailleurs, je... Ce n'est pas quelque chose de très joyeux à entendre et... Je suis en train de plomber l'ambiance en quelques sortes...
Elle passe nerveusement la main dans ses cheveux avec un sourire qui se voudrait réconfortant.
Mei - Je... Je suis au Japon depuis que j'ai douze ans parce que mes parents ne supportaient plus de me voir malade sans pouvoir faire quoi que ce soit... Les médecins ont aussi essayé mais depuis que je suis petite, je ne suis pas à cent pour cent en pleine forme et je fais des rechutes qui se caractérisent par ces saignement du nez assez abondant... Um... Les médecins ont dit qu'éventuellement, je passerai la barre des dix-sept ans de justesse mais que je ne serai probablement pas là pour fêter mes dix-huit ans... Donc... Donc maintenant je...
Il aime bien la voir sourire aussi, surtout si c'est grâce à lui. Il en faut peu pour la satisfaire, parce que rien qu'avec un macdo, on dirait que c'est noël pour elle. Remarque, il aurait autant apprécié si Mei lui avait fait la même chose. Ça doit être ça, le soutien entre grosses larves. Andrew se demande comment il faisait dans sa vie, avant de la rencontrer. Et d'ailleurs, comment ils en étaient arrivés là, tous les deux. L'amitié, c'est quelque chose de bien étrange, quand on y pense. Étrange, mais tellement bien. « C'est juste de la torture les régimes de toute façon. Ça devrait être interdit par la loi. » dit-il en hochant la tête. Paroles de sage, bien entendu.
Il a encore dit un truc qu'il ne fallait pas. Ça lui arrive souvent, mais en général il s'en fout pas mal. Sauf que là, il voit le visage de Mei s'assombrir et regrette tout de suite sa curiosité mal placée. Parce que l'ambiance est retombée comme un soufflé, et que surtout, c'est pas ses affaires. Peut-être que même, il a tout intérêt à ne pas entendre les explications qu'elle a à lui donner. Mais il est con, et un peu innocent quand il s'agit de choses comme ça, alors il ne peut pas s'empêcher de vouloir savoir. Bien mal lui en prend. Il voit que c'est difficile pour elle d'en parler. Ça doit être sacrément grave.
Andrew écoute, sans rien dire parce que ça serait malpoli, et que de toute façon il ne trouve rien à ajouter. Il en a presque le souffle coupé, le pauvre. Naïf, il avait espéré que tout ça n'était pas si grave. Du genre, juste impressionnant mais pas dangereux pour la santé de son amie. Trop con, oui. Il la regarde dans les yeux, toujours en se mordant la lèvre de plus en plus fort pendant qu'elle raconte tout. Il trifouille ses mains, alors qu'elle lui dit qu'elle n'a pas de famille ici.
Sa bouche forme un "o" alors qu'elle ne finit pas sa phrase, et une boule vient se loger dans sa gorge, un truc bien pesant. Des mots réconfortants se forment dans sa tête, mais aucun ne passe la barrière de sa bouche. Alors presque inconsciemment il se rapproche d'elle et l'entoure de ses bras. Comme ça. C'est la seule chose qu'il trouve à faire, alors qu'elle vient de lui annoncer qu'elle va sûrement mourir, dans un futur plus ou moins récent. Jamais il n'avait ressenti ça, comme tristesse. « C'est... C'est pas possible, hein ? » qu'il demande, comme si elle allait lui dire qu'il avait mal compris. « Du genre t'es en train de me faire une blague et je suis filmé par une caméra cachée ? C'est pas drôle. » Il baisse la tête pour la regarder de nouveau, même s'il sait déjà que c'est la vérité. Andrew déglutit lentement, s'efforçant de faire disparaître la boule, qui est toujours là. « T'as pas intérêt à partir. Je vais faire comment sans ma petite Mei moi si t'es plus là ? » Partir. Ouai c'est un bon mot ça, comme si un jour elle allait seulement faire un long voyage, le tour du monde, et juste ne plus revenir. Merde, sa dernière phrase lui parait tellement conne. C'est elle qui est malade et lui qui a besoin d'elle ? T'es con Andrew, vraiment. « Je... je suis désolé, j'aurais pas du te forcer à parler de ça. » ajoute-t'il, honteux.
C'est étrange de parler de ça avec lui ; ils ne sont pratiquement jamais sérieux tous les deux et maintenant l'ambiance devient tellement différente. La jeune femme sent ses bras autour de ses épaules et presque comme un réflèxe, elle répond à cette étreinte silencieusement. Elle ne peut pas s'empêcher de s'inquiéter du fait qu'il s'inquiète. Parce que vous savez, depuis que ses parents l'ont envoyés ici, la jeune femme a vraiment peur d'être laissée pour compte, oubliée, comme ça sans prévenir. Elle a peur des personnes qui disparaissent sans un mot, même si elle ne le dit pas, alors elle tente d'être le moins encombrante possible.
Elle sent sa gorge se serrer légèrement tandis qu'elle essaie de garder son calme. Inspire profondément et si silencieusement qu'on croirait qu'elle a jusqu'à la peur de respirer. Elle regarde la couleur du ciel et ne dit rien pendant un moment, laissant Andrew parler et combler le silence. Elle a toujours autant peur vous savez, elle n'a pas envie de partir comme il le dit si bien, peu importe à quel point le temps passe, elle n'est pas prête pour tout ça. Elle resserre alors juste l'étreinte en guise de réponse puis fini par lui répondre d'un ton qui se voudrait joyeux ;
Mei - Ei~ Tu vas encore devoir me supporter elle dit avec un faible rire avant d'ajouter On ne se débarrasse pas de la fille de Jeju aussi facilement après tout. Elle s'écarte légèrement pour le regarder puis tire doucement sa joue avant d'ajouter Aigo... Tellement moche, arrête de faire cette tête Andouille ! Tu vas avoir des... Tu vas avoir des rides avant l'heure elle dit finalement dans un chuchotement presque.
Sa voix se brise sur la dernière phrase et elle balaie les larmes de son visage rapidement en secouant doucement la tête pour lui signifier que ce n'est rien. Malgré tout, elle sent bien sa gorge se serrer et elle n'ose pas le regarder dans les yeux, s'excuse à plusieures reprises. Elle ajoute alors toujours dans un chuchotement ;
Il n'a pas l'habitude d'être aussi sérieux. Et quand il dit pas l'habitude, c'est encore un euphémisme. Andrew est l'incarnation même du gars qui s'en fout et qui hausse les épaules à tout bout de champ. Il faut dire aussi qu'il n'a jamais eu de raison de s'inquiéter, n'ayant jamais connu la dure réalité de la vie. Jusque là, il vivait dans un monde complètement à part, où tout le monde était heureux et en bonne santé. Crac. Ça c'est la fissure qui vient de se former dans son monde idéal. Parce qu'il a cru que Mei était bien, que toute sa vie ressemblait à un chemin bordé de fleurs qui sentent bon. Déjà pour la comparaison un peu merdique, on repassera, mais il se demande comment il a fait pour être aussi con et vraiment croire que tout va pour le mieux dans la vie de tout le monde, juste parce que la sienne n'est pas difficile. Le sens des réalités lui manque cruellement, mais là il vient de se prendre vingt années d'innocence dans la face. Pas une minute il n'aurait pu imaginer que ça puisse arriver à quelqu'un, et encore moins Mei. Mei, sa copine qui le fait rire et qui semble toujours heureuse. Il essaye de lui sourire, parce qu'elle semble si forte, et qu'elle tente de ne pas gâcher l'atmosphère, mais il a du mal. Pour la première fois de sa vie, ses lèvres forment plutôt un rictus forcé au lieu d'un vrai sourire. « Comme si j'avais envie de me débarasser de toi. En plus je pourrais même pas, t'es un vrai pot de colle. » Il essaye de faire de l'humour, mais le coeur n'y est pas vraiment. Mais au moins, il essaye. Sauf que ça se voit, et qu'il en sait pas bien jouer la comédie. Il continue sur le même ton, quand même. « M'en fout je ferais des injections de botox. »
Il ne pleure pas. Pas encore, tout du moins. Il a envie de la serrer encore plus fort dans ses bras, de pas la lâcher jusqu'à ce que tout aille mieux, comme si son corps de grand dadais pouvait la protéger de tout ça. Il ne s'imagine pas perdre un de ses amis comme ça. Pas quand c'est Mei, et que tout ce qu'elle mérite c'est une longue vie heureuse, possiblement à manger tous les trucs de fast-food du monde. Mais là, il est impuissant, et qu'est-ce qu'on peut bien dire à quelqu'un de malade, alors qu'on ne l'est pas soi-même ? « Tu... tu vas pas partir. » Il sent le flot de paroles arrivées, incontrôlable parce qu'il ne contrôle pas sa bouche à ce moment même. « T'as pas intérêt à partir parce que je te jure que je te fais la gueule jusqu'à l'éternité si tu pars avant moi. » qu'est-ce qu'il raconte ? Mais Andrew ferme ton clapet cinq minutes, dis quelque chose de plus intelligent et réconfortant au lieu de faire l'égoïste. « Et je déconne pas je suis du genre rancunier. » il fronce les sourcils, parce qu'il sait qu'il déblatère n'importe quoi. Respire un coup. Remet tes idées au clair. Calme toi. Depuis quand t'es du genre à paniquer toi ? « Tu vas pas partir. T'es forte, regarde t'as déjà passé le cap des dix huit ans. Tu vas voir, tu vas vivre vieille jusqu'à au moins cent ans. » Il la regarde dans les en esquissant une tentative de sourire. Parce que, au final Andrew sera toujours Andrew, et il a besoin de dire une connerie. « De toute façon, j'ai parlé à dieu, jésus, puis tous les autres là. Ils veulent pas de toi, apparemment t'es trop chiante pour t'en aller maintenant. »
Une ambiance tellement différente de d'habitude qu'elle n'aime pas est en train de se former autour d'eux et elle ne peut rien faire pour éviter tout ça. Il faut croire qu'elle en avait trop garder pour elle toute seule et qu'Andrew est là au mauvais endroit au mauvais moment ? Elle se pince doucement la lèvre inférieure sans un mot et tente de prendre sur elle mais c'est plus difficile que prévu. Les bras du jeune homme lui apportent un certain réconfort mine de rien. Et elle ne peut pas s'empêcher de s'en vouloir de lui faire subir tout ça. Alors intérieurement, elle se dit que ça suffit et qu'elle doit se calmer maintenant.
Il n'a pas tors, elle est toujours là alors qu'ils disaient qu'elle n'aurait pas la possibilité d'être là pour ses dix-huit ans. Mais le temps qui s'écoule est quelque chose qui l'angoisse mais qui en même temps la rend tellement heureuse. Elle a peur de ne pas pouvoir se réveiller demain. Elle ferait tout pour que les jours qu'elle a devant elle s'allongent d'avantage jusqu'à ce qu'elle en ait marre d'être là, ce qui revient à dire jamais. Elle étouffe du mieux qu'elle peut quelques sanglots mais ne cesse de l'écouter et ses paroles parviennent finalement à lui arracher un faible rire.
Mei - Tu es tellement gentil... Elle dit dans un souffle, d'un ton à peine audible J'ai vraiment de la chance de connaître une personne comme toi, et je suis tellement désolée... elle dit en balayant doucement ses larmes
Elle l'attire à nouveau vers lui pour se réfugier dans ses bras et passe sa main dans son dos avant d'ajouter ;
Mei - Je ne pleure pas parce que je suis triste, je suis tellement contente d'être restée assez longtemps pour avoir des souvenirs avec toi un faible rire s'échappe de ses lèvres Peut être que c'est la définition même d'imbécile heureux, mais ça n'a pas d'importance... Elle hoche doucement la tête Il ne faut pas que tu sois triste pour moi toi aussi... Elle secoue doucement la tête Aujourd'hui encore, grâce à toi j'ai passé une bonne journée alors, tout ça ne doit pas t'empêcher de faire comme d'habitude... Tu as compris ? Elle demande en s'écartant pour pincer doucement la joue du jeune homme
Gentil ? C'est la première fois qu'on utilise un mot comme ça pour le décrire. Chiant, con, drôle, irrécupérable, d'accord, mais gentil ? Ça fait plaisir à entendre, et il ne peut s'empêcher de sourire. C'est pour ça qu'il apprécie Mei. Elle est la première à lui dire ça. Il en oublierait presque la situation, et tout ce qu'elle vient de lui avouer. Quoi que, quelque chose comme ça n'est pas facile à oublier, alors pas de risque. « Tu dis n'importe quoi. » répond le garçon en souriant. Depuis quand c'est avoir de la chance que de connaître Andrew ? « C'est moi qui suis chanceux plutôt. » un petit peu niais, mais il ne sait pas quoi répondre d'autre. Jamais bon avec les mots.
Elle vient de nouveau dans ses bras, alors il ressert son étreinte. Si elle le demande, il ne va pas dire non, c'est que ça doit lui faire du bien. Honnêtement, à lui aussi. Même s'il essaye de blaguer un peu, ce qu'elle lui a annoncé n'est pas une nouvelle qui se digère facilement. De penser qu'elle a vécu toute sa vie avec ça, c'en est presque affreux. Il ne dit rien, mais pense qu'elle est forte d'avoir enduré tout ça avec le sourire. À sa place, il n'aurait pas pu.
Il renifle -très sexy tout ça- pour ne pas pleurer. Parce que tout ce qu'elle vient de lui dire, il n'a pas l'impression de le mériter, c'est même lui qui devrait lui dire ça, pas elle. Mais il la laisse, il ne sait pas quoi répondre, il se sent con. Pourquoi c'est lui qu'elle complimente ? Alors qu'Andrew n'a rien fait, à part être Andrew. Merde, le voilà trop émotif maintenant. Il a fait quoi pour qu'elle soit heureuse de l'avoir connu ? Mei s'écarte et il la regarde. Il la fixe, de peur qu'elle ne s'en aille en un clin d'oeil. « Je... je sais pas quoi dire. » Il prend sa respiration, essayant désespérément de trouver les mots. Puis il lève les yeux au ciel, c'est con c'est seulement maintenant que les larmes montent et qu'il essaye de les arrêter. Il serre les poings. « Comment tu veux que je ne sois pas triste ? » Il expire. Chiale pas Andrew, chiale pas. « Maintenant que je t'ai connu, c'est plus possible de m'imaginer une vie sans toi. » mais t'es con Andrew, ça fait réplique de drama, t'as cru que tu passais à la télé ? Il baisse les yeux, pour la regarder de nouveau. Ses yeux qui d'ailleurs, sont rouges et humides, mais non non, aucune larme n'a coulé pour l'instant, il essaye de se rassurer. « T'es la fille la plus cool de la terre Mei, bien sûr que je suis triste pour toi. » Il comprend pas le karma, et se sent presque énervé contre les dieux, les forces surnaturelles ou il ne sait quoi, pour avoir fait une connerie pareille.
Mei n'a pas l'habitude de montrer des sentiments comme la tristesse devant les gens. D'habitude elle le cache plutôt bien mais juste quelques secondes d'inatention avant de se rendre compte qu'elle était plus triste qu'elle ne le pensait. Elle qui pourtant est du genre à penser que de toutes façons, il y a pire qu'elle en ce monde. Il y a toujours pire et elle n'est pas la plus malheureuse. Mais l'espace d'un instant, juste se mettre en condition et se dire que d'un moment à un autre elle devrait dire au revoir à tout ce monde, ça l'a légèrement cassée. Se réfugier dans ses bras lui apporte un certain réconfort assez difficile à expliquer. Andrew a lui tout seul est une source de réconfort, il raconte des bêtises et fais l'andouille et la fait rire et elle ne peut pas se passer de ça.
Alors le voir dans cet état lui aussi c'est assez... Vous imaginez ? Deux personnes à la joie contagieuse dans un état pareil ? Mei le regarde et voit bien qu'il a du mal à digérer l'information. Il n'y a rien qu'elle puisse dire qui puisse le réconforter. Elle pourrait mentir de lui dire qu'elle ne partira pas. Mais ce n'est qu'un mensonge qui serait douloureux à un moment donné, un mensonge pour lequel il lui en voudrai par la suite. Il ne faut pas qu'il pleure, parce que s'il pleure Mei pleure aussi forcément. Et tout ça ce n'est pas bon du tout. Les paroles d'Andrew lui réchauffent le coeur et elle parvient à sourire faiblement.
Mei - Tu sais c'est bien la première fois qu'on me dis ça... Elle marque une pause et relève les yeux vers le jeune homme avant de se redresser et le prendre dans ses bras. Wah... Pourquoi il y a autant de poussière ici hm ? Tu risque d'avoir mal aux yeux, viens là. Elle appuie doucement ses coudes au niveau de ses épaules et passe doucement la main dans les cheveux du jeune homme pour les caresser distraitement tout en ajoutant Dis Andrew, tu aimes les chiens ? Oui ? J'aimerais pouvoir adopter un animal de compagnie mais il n'y en a aucun qui puisse suivre mon rythme de vie et j'ai peur qu'il se sente seul. Et d'une seconde à une autre, elle change de sujet Tu sais, maintenant que j'ai le titre de la fille la plus cool sur Terre, pour le garder il va falloir qu'on fasse des tas de trucs ensemble, qu'on aille dans d'autres villes, qu'on fasse du stop, qu'on aille à la plage de Miyakojima, tu en as déjà entendu parlé ? Non ? Elle balaie discrètement les larmes de sa main libre tout en continuant d'un ton calme On a plein de places à visiter et encore plein de nourriture à tester, est-ce que tu as oublié ? On a pas le temps d'être triste, t'auras pas le temps d'être triste d'accord...
Elle s'écarte légèrement avant d'ajouter en tendant l'oreille
Mei - Moh ? Comment ? Je ne t'entend pas très bien, qu'est-ce que tu as dit ? Elle le regarde quelques secondes avant de revenir pincer doucement sa joue tout en ajoutant Aigoo tellement gentil histoire de l'embêter bien évidemment
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