Tenue. Minuit passé. Natsu n'arrivait pas à fermer l'oeil, tout ça parce que le lit qui se trouvait dans la même chambre que lui, était vide. Peut-être qu'il ne l'avait pas entendu rentrer, tout simplement ? Peut-être que cette fois il dormait tout simplement sur le canapé ou dans une autre chambre ? Vu combien ils s'étaient évités, ça serait plausible que Ryoma ne dorme pas dans la même pièce que lui. Et puis, le voulait-il simplement à ses côtés ? C'était pas un peu exagéré de le vouloir à ses côtés égoïstement alors qu'il lui avait sortit des propos blessants juste après s'être rendu compte qu'ils avaient couchés ensemble et à de nombreuses reprises. C'était étrange quand même de savoir que lui et Ryoma avait pu... il frissonna et se tourna dans son lit, se cachant sous la couette. Non, il ne valait mieux pas qu'il y pense, encore moins qu'il se remémore les images. La dernière fois qu'il y avait pensé, il avait ressentit une boule se former dans sa gorge et son ventre le taquiner. Non, il ne fallait pas qu'il y repense. Il sortit sa tête de sous la couverture et jeta un coup d'oeil à son portable. Une heure du matin... déjà une heure qui était passé sans qu'il ne s'en rende compte à penser à des tas de choses qui commençait à l'énerver et à lui donner chaud de colère. Il se redressa et se retira de sous la couette pour se lever, enfiler un jean et atteindre la porte de sa chambre. Il l'ouvrit le plus silencieusement possible et se mit à arpenter les couloirs pour vérifier chacune des chambres où dormait ses comparses pour se rendre compte que Ryoma n'était nul part. Encore de sortie ? Pourquoi avait-il besoin de sortir si tard ? Avec qui se trouvait-il ? Pourquoi ? Il ne pouvait pas simplement faire comme lui et dormir dans son propre lit plutôt que d'aller dans celui des autres ?

Il se rendit au salon et vérifia que le canapé était vide avant de s'y asseoir, poussant un profond soupir. Il n'avait rien à lui dire, Ryoma était un grand garçon et il n'était rien si ce n'est un ami. Pas son père, pas son petit copain, rien. Il n'aurait rien à lui dire sans que Ryoma ne le prenne mal. Et finalement, le signal le fit sursauter. Le bruit de la porte d'entrée le fit se lever et instinctivement, sans qu'il ne s'en rende compte, il était devant lui, à le regarder. Leur regard avait beau s'être capté, il ne trouva rien de mieux à dire qu'un : « Il t'en reste un peu là. » Ceci tout en se frottant le coin de la bouche. Il aurait aimé lui demander où il était, pourquoi il rentrait si tard, pourquoi il faisait ça surtout. Non, à la place il lui servit sur un plateau des propos assez cinglant, ceci accompagné d'un sourire plutôt mauvais. Il détourna le regard et fila jusqu'à la cuisine dont il alluma la lumière, s'éblouissant au passage.  « Que tu ailles à droite, à gauche passe encore mais respecte les autres et ne fait pas de bruit quand tu rentres. » Il ouvrit le frigo et se contenta de choisir une bière qu'il décapsula avant d'en boire une longue gorgée.

Il ne pouvait pas expliquer cette frustration qu'il ressentait. Il n'expliquait pas cette façon d'être autant en colère. Ryoma était libre de faire ce qu'il voulait, non ? Pourquoi aurait-il besoin de lui rendre des comptes ? Pourquoi aurait-il besoin de lui être fidèle alors qu'ils n'étaient en aucun cas un couple ? Pourquoi, à y réfléchir, Natsu ne désirait qu'une chose, que Ryoma arrête tout ça. Qu'il soit normal, comme avant, pas qu'il devienne une chose qui dégoûtait Natsu. Pire encore, il se sentait blessé. A chaque fois que Ryoma se laissait toucher, c'est le cœur de Natsu qui se détruisait peu à peu. Il fallait que ça change. Mais comment pourrait-il faire changer les choses ? Ils étaient trop en colère l'un contre l'autre pour trouver un arrangement. Et avaient-ils seulement envie de trouver un arrangement ?

TENUE ■ Depuis quelque temps j’avais juste besoin de m’éloigner, de prendre du recul, de me retrouver aussi je suppose. Chaque jour, chaque nuit, tout me paraissait de plus en plus difficile à affronter, les regards de Natsu, nos échanges inexistants, les membres du groupe qui me retrouver dans l’incompréhension de notre relation, j’étais aussi perdu que ce jour-là en Chine, après qu’il ait découvert la vérité j’aurais préféré qu’on trouve une solution, avoir même l’opportunité de lui expliquer mes raisons, mais cela ne m’était pas possible, aux yeux de Nat' je ne suis qu’une pute et honnêtement en être une, je m’en fiche complètement, mais dans cette maison, ce petit paradis pendant quelques heures j’étais heureux, heureux d’être tout simplement « la sienne » ou plus simplement « le sien ». Mais je l’ai déçu et il m’a déçu, les choses ne sont pas et ne seront surement plus jamais comme elles l’étaient, notre amitié peut-elle résister à cette histoire ? Je n’en ai pas la moindre idée ! À défaut de ne pas avoir « mon meilleur ami » à disposition, celui à qui je vais me plaindre dans ce genre de situation c’est Minh Hien. J’ai passé toute la journée dans sa chambre pour discuter et lui confier mes doutes, mes craintes et ma douleur. Puis j’ai trainé dans le quartier habituel... Mais même en croisant des personnes que je connaissais très bien ou en retrouvant des « amants » je n’arrive plus à coucher avec eux... Les mots de Natsu m’ont pris à la gorge, mais d’un autre côté pourquoi devrais-je arrêter ? Il ne m’aime pas, ne me touchera plus, alors que dois-je faire ? Assis sur un banc, la tête entre mes mains je réfléchis seul, glissant pour m’allonger sur les planches de bois libre, les yeux vaguant dans le ciel étoilé.

Je n’ai pas envie de rentrer, je me sens oppressé, frustré, agacé quand il est à mes côtés. Je ne veux pas que le groupe en récolte les frais, mes erreurs, nos erreurs ne doivent pas blesser Sho, Miyuki et Shun, il en est hors de question. C’est sur cette pensée que je me relève, soupirant résigner en quittant les lieux pour retourner à Shibuya, presque une heure du matin, j'ai pas mal trainé... A peine rentré et quelques pas abordés que mon regard rentre en collision avec celui du brun, mon ami, mon amant, qu’est-il aujourd’hui pour moi ? Je ne prononce aucun mot que les siens me glacent sur place... Je n’ai rien fait, pas ce soir en tout cas..., mais puisque c’est comme ça.

« Ah, je sais. C’était trop délicieux du coup j’en ai ramené pour le finir à la maison~ » si la méchanceté est gratuite, autant devenir salace et jouer le jeu étant pervers ce n'est pas difficile pour moi, cependant ma colère ne fera que grandir, mais ma peine et ma douleur avec. « Désolé, demain je rentrerai plus tard. » Je ne vais pas arranger les choses, mais je suis fatigué de son comportement, je fais ce que je veux, il s’en fiche complètement non ? Je ne représente rien à ses yeux qu’une erreur, alors il n’a qu’à tout simplement oublier... La lumière de la cuisine allumée je pose mes affaires au sol avant de rajouter : « Qu’est-ce que tu fais debout, je vais finir par croire que tu ne peux pas dormir sans moi tu sais~ » avant de prendre la direction de la chambre.

N’empêche-je plaisante, mais depuis toutes ses années... On se connaît depuis tellement longtemps, je n’aime pas ce qu’on est devenu ça me donne encore envie de pleurer, je joue le fort, le fier, mais j’ai qu’une envie c’est que ma colère s’apaise et pouvoir rire à nouveau avec Natsu... Si seulement c’était possible, un jour. Qui sait.

Tenue. Natsu avait beau le regarder, il ne le trouvait en rien écœurant malgré tout ce qu'il avait pu lui dire. Ce qui l’écœurait c'était d'imaginer d'autres mains le toucher. Des mains forcément sales qu'il ne voulait en aucun cas sur son meilleur ami. C'était comme si on le touchait également et ça pouvait facilement lui faire venir des haut-le-cœur. Si Natsu s'en fichait de ce que ryoma faisait, il ne réagirait pas ainsi mais trop idiot pour le reconnaître, il préférait se voiler la face plutôt qu'autre chose. Malgré tout, il restait pareil à lui-même et faisait semblant, cachant ses vrais ressentis derrière un mur de méchanceté. Et autant dire que l'un comme l'autre était sur le même pied d'égalité. Mais ce qu'il racontait était comme le provoquer et autant dire que Ryoma savait y faire dans ce genre de choses. « On est pas obligé de subir tes coucheries Ryo. Ai au moins l'aisance de faire ça discrètement. » Natsu claqua sa bière sur le plan de travail dans un geste un peu brusque. Il commençait à être agacer. Déjà qu'il l'était par toutes les pensées qu'il avait, autant dire qu'il était facile de le faire sortir de ses gongs. Il serra les dents en se mordant la lèvre au passage. Devrait-il lui en mettre une pour tout ce qu'il lui disait ? La violence n'arrange rien et Natsu n'était pas quelqu'un qui frappait facilement, il était plutôt du genre à encaisser jusqu'à ce qu'il ne puisse plus. Il était déjà au bout du rouleau.

Qu'il ne puisse pas dormir sans lui ? Il manqua de s'étouffer avec sa propre salive et reprit sa bière pour en boire pratiquement tout le contenu d'une seule traite. Qu'il aille se faire voire si ça le chantait. Il était bien tout seul et n'avait pas besoin d'un meilleur ami dans sa vie. Depuis quand c'étaient-ils perdus de vue après tout ? Depuis quand n'étaient-ils plus ce qu'ils avaient été ? Sans l'ombre d'un doute, c'était terminé entre eux. Il n'y avait plus d'amitié qui pouvait se faire. Mais maintenant, comment allait se dérouler la relation du groupe ? Comment pourraient-ils travailler ensemble sans que les autres n'en pâtissent ? Il n'y a rien qui puissent être fait ou être dit, c'était trop tard. Trop tard pour revenir en arrière et tout oublier. Le mal était fait et ils devront vivre avec ou séparer leur route... Non, impossible, Natsu ne pouvait pas se résoudre à ça. Il jeta négligemment sa bière à présent vide dans la poubelle et se rendit jusqu'à la chambre pour y trouver à nouveau Ryoma. Il ferma la porte derrière lui et tâcha de parler doucement, histoire que les autres ne soient pas réveiller par leur dispute. Parce que ça en serait une, sans aucun doute.

« T'es fier de toi ? T'as envie de quoi, de foutre le groupe en l'air ? » Il s'approcha de son ami, amant, peu importait et posa sa main sur son torse pour le pousser brutalement vers l'arrière, ce dernier tombant plutôt brutalement sur le matelas qui, heureusement, pu amortir sa chute. Il le fixa d'un regard qui était loin d'être bienveillant. « T'es devenu quelqu'un que je connais pas. Tu vas nous foutre tous dans la merde avec tes agissements. Imagine un peu qu'on te vois, que quelqu'un de mal intentionné prenne une vidéo ou des photos de toi et les diffuse à la presse, hein ? Quelle image tu vas nous donner, crétin ? » En vérité, ce n'était pas l'image du groupe qu'il voulait protéger. Même si le groupe lui tenait à cœur et qu'il ne voulait pas le voir voler en éclat, il y a autre chose qui lui tenait à cœur et qui lui faisait peur de perdre. C'était Ryoma, tout simplement. Natsu se pencha au dessus de lui, agrippa les mains du plus jeune et grimpa à califourchon sur son bassin, le tenant fermement de sorte à ce qu'il ne puisse pas se dérober. « Si tu tiens vraiment à être une pute, soit la mienne. Moi ou un autre, ça changera rien. J'suis sûr que tu terniras pas l'image du groupe. De plus, t'auras plus besoin de faire de réserve, hein ? » Ses doigts se resserrèrent davantage sur ses poignets qu'il tenait au dessus de sa tête. Il n'était pas saoul cette fois. Ou pas totalement, bien qu'il sentait l'alcool à plein nez et qu'il n'avait pas compté le nombre de boisson qu'il s'était enfilée avant de se coucher. Faut dire, il n'y a que ça qui arrivait à lui faire oublier un peu la torture qu'il s'infligeait dans son crâne. « T'as compris Ryoma ? T'es ma p'tite pute. Je t'interdis d'aller ailleurs. Chaque fois que te prendra l'idée de te faire sauter, c'est moi que tu viendras voir. Et si tu fais autrement, je tacherais de te le faire regretter. » Il lâcha son poignet et agrippa le t-shirt du maknae pour, dans un geste brusque, le déchirer et en tirer un lambeau qu'il entoura autour de ses poignets comme d'un lien. Perdait-il la tête ? Oui. Perdait-il la raison ? Oui. Au fond, lui non plus ne se reconnaissait plus. Il avait l'impression de ne plus être lui-même. Est-ce que Ryoma se rendait compte qu'il le faisait changer doucement ? Se rendait-il compte que Natsu aussi était blessé, détruit, au point de devenir quelqu'un qu'il n'aurait jamais souhaité être ?

TENUE ■ Que ce soit moi ou Natsu nous avons perdu gros dans cette histoire, où est-ce que ça a foiré ? Mon cœur est blessé, mon corps marqué, mon esprit torturé, que suis-je censé faire pour cesser d'être aussi pitoyable ? L’homme que j’aime, mon propre meilleur ami le juge, me voit comme une pute offrant son corps à des hommes gratuitement, mais derrière mes actions ne s’est-il pas une seule fois demandée ce qui m’avait poussé à agir ainsi ? Je sais, c’est moi qui en aie pris la décision tout seul, mais j’étais perdu, tout comme aujourd’hui... Je suis simplement un abruti incapable d’être assez fort pour tenir tête à mes envies ou mes pensées égarées. Aujourd’hui je n’ai rien fait, tout comme hier et avant-hier... Depuis que nous sommes rentré en fait je n’ai pas le cœur à coucher avec mes partenaires, mais pour Natsu mon retour tardif ne me laisse aucune chance de me défendre, je viens de revenir d’une partie de jambe en l’air et il me le fait payé par des mots crus et vexant. Cependant, si certain me prenne juste pour le maknae du groupe innocent et naïf, gentil et manipulable, ils ont tort. Je ne suis pas aussi con, pas aussi docile et encore moins une personne innocente. S’il m’attaque, je n’ai qu’à rentrer dans son jeu, répondant sans hésiter sur le même ton que le brun avait employé. Je n’avais même pas répondu à sa dernière phrase, me rendant directement dans la chambre, retirant ma veste pour me retrouver en haut manque courte légère, un long et lourd soupirent franchis mes lèvres, assis sur mon lit, je me demande comment les choses vont évoluer, c’est mal parti, mais nous ne sommes pas que des amis, si c’était le cas coupé les ponts seraient possible, mais en tant que groupe populaire, les tensions, les mauvais moments, nos prises de têtes, la dégradation de notre relation ne peut être rendue publique, devrons-nous faire semblant ? C’est notre boulot, mais y arriverons-nous sans éveiller aucun soupçon ?

Entendant la porte s’ouvrir seul mon regard se lève dans la direction de Natsu qui vient de rentrer, fermant la porte derrière lui. Me levant agacé par ses propos, pourquoi il me cherche encore... Je soupire pour montrer qu’il me saoule, mais ça ne le calme pas, au contraire il me pousse pour me faire tomber sur le lit sans douceur, écoutant ses paroles en lui lançant de mon côté un regard désapprobateur, presque froid devant sa brutalité injustifiée.

« Depuis le temps que je fais ça, personne ne m’a encore balancé ! De plus pourquoi tu t’en préoccupe autant, laisse-moi tranquille ! Je ne fais aucun tort au groupe, merde à la fin ! » Rouspétais-je, il m’énerve, il m’énerve tellement. « Tu veux que je quitte le groupe ? Tu veux quoi ? » Mes mains agrippées par celle de Natsu, je le fixe sans cligner des yeux, qu’est-ce qu’il a en tête, je n’arrive plus à le suivre. À califourchon sur moi je hausse un sourcil, essayant d’abord de me dégager de son emprise, résister, résister, je n’ai que ça en tête, je dois résister et lui faire face sans craquer. Mes gestes quel qu’ils soient se stoppèrent net... Comme si j’avais été mis sur la pause, regardant le brun en essayant de comprendre où était la blague, que je devienne sa pute ? Il a vraiment dit une chose pareil ? C’est impossible. « T’es idiot ou quoi ? Coucher avec moi était une erreur. Tu serais capable de le faire sans boire d’alcool ? Laisse-moi rire. Tu n’as que de la parole, tu n’assumes pas tes actes et maintenant tu veux que je devienne ta pute ? Haha...haha, non, vraiment, tu me fais rire Natsu. » Je n’arrive pas à le comprendre, honnêtement. A t-il encore bu ? À en croire son haleine ça ne fait aucun doute et je suis fatigué, même s’il semble pourtant lucide, pour qu’il propose ce genre de chose il ne doit pas avoir les idées claires. Je ne vais pas tomber dans son piège !

« Permet moi d’en douter, demain tu auras encore tout oublié, tu n’es plus aussi fiable que tu l’étais autrefois, au lieu de t’inquiéter de mon cul, occupes-toi de ton problème d’alcool, ça te permettra de ne pas avoir des trous de mémoires et faire des merdes que tu regretterais ensuite. » Je ne suis pas tendre, mais je suis déjà brisé au fond, alors au point où j’en suis. Cependant, mon t-shirt fut arraché et sous le coup de la surprise je pousse un petit son, qu’est-ce qu’il compte faire... Mes poignets attaché, je tente encore de m’en libérer.

« Natsu lâche-moi. Détache-moi bordel. » Est-il sérieux ? Il me rend perplexe, décidément le brun a le don de rendre les choses incompréhensibles et de me jeter dans un tourbillon de doute, verrais-je un jour la lumière jaillir à nouveau au bout du tunnel ?

Tenue. Ils avaient perdu gros. Qu'allaient-ils pouvoir trouver maintenant ? Une animosité semblait clairement s'être installée entre eux et ne semblait pas vouloir s'en aller. Leur esprit n'avait plus rien de paisible. Ils étaient littéralement torturé tout les deux. A vouloir trop en faire, ils avaient finis par se brûler. La tension sexuelle avait éclaté mais avec elle, leur amitié. Il n'y avait plus rien qui pouvait les définir. Ils étaient perdus. Perdu dans des limbes auxquels il ne pouvait rattacher aucun nom. C'était fichu, ils ne pourraient plus rien rattraper car il n'y avait plus rien entre eux qu'un abîme. Comment réussir à combler un trou aussi béant dans leur relation ? C'était fichu.

Pourtant, Natsu n'avait pas dans l'idée de tout abandonner. Il n'avait pas envie de tout voir voler en éclat. Il y avait autre chose. Il y avait quelque chose qui l'empêchait d'abandonner Ryoma, d'abandonner cette personne à qui il tenait malgré tout. Il savait que, tout au fond de son meilleur ami, c'était la même chose, il le ressentait, sans parvenir à mettre un nom sur ce sentiment qui l’oppressait. Il priait que tout s'arrête, que tout se calme, que tout redevienne à peu près comme avant sans trop laissé de traces. Il saurait recoller les morceaux, il s'en donnait le droit et le devoir. Ainsi, il se retrouva sur et au-dessus de Ryoma, le maintenant prisonnier, subissant autant de paroles douloureuses qu'il en avait lui-même balancé. « Ce que je veux, Ryoma ? Si tu savais ce que je voulais, tu finirais par être enfermé ici à ne plus pouvoir sortir. » Oui, cette idée lui était passé dans la tête et ne s'était pas délogée depuis. L'enfermer pour l'empêcher de se faire toucher ou l'empêcher de toucher à quiconque. L'empêcher de cotoyer Miyuki ou ceux avec qui il avait pu avoir une relation ne serait-ce que d'une nuit. Natsu finissait même par en être mauvais avec quiconque osait prononcer son nom. Il devenait complètement fou. Un petit rire lui échappa. Rire et sourire crispé bien entendu, rien qui pouvait être amusant. « Si tu me connaissais si bien, tu saurais qu'il n'y a que le vin et l'alcool fort qui peut me faire oublier. Je n'ai bu que de la bière aujourd'hui. Et si je n'avais pas un gamin devant moi, je n'aurais pas eu besoin de me saouler pour oublier. » Oui, il n'avait que de la bière dans le sang. Certes, l'alcool avait eu pour but de lui ôter tout raisonnement logique, c'était une totale désinhibition mais il était parfaitement conscient.

TENUE ■ Pourquoi Natsu ne pouvait-il pas simplement m’ignorer, ne pas me regarder, ne pas me juger, ne pas me parler... C’était dur et cruel, mais j’étais dans une position difficile, je l’aimais tant et pourtant je le détestais autant, pour cette douleur, cette situation, cette incompréhension, cette distance, cette « séparation ». J’étais coupable, mais je ne saisissais pas comment les choses avaient pu se dégrader a ce point. Dans cette chambre où l’ont à partager tellement de bons moments, des rires, des larmes, des doutes, des câlins, notre complicité avait simplement explosé en mile morceaux sans qu’on ne puisse l’empêcher, notre amitié avait suivi le même chemin et j’étais perdu, que voulait-il que je fasse ? Même ses paroles me semblent étranges, qui gagnerait-il à m’enfermer ici, qu’est-ce qui le dérange autant ? Je ne suis pas idiot, mais là je donne ma langue au chat.

Natsu devient de plus en plus difficile et je n’arrive pas à savoir ce qu’il attend de cette histoire. « Le gamin il t’emmerde. J’ai au moins le mérite de rester conscient en permanence. Tu es le seul qui décide de te saouler, ne rejette pas la faute sur moi pauvre abrutis. » Je ne lâche pas l’affaire, s’il voulait un affrontement alors je comptais bien le lui donner et lui tenir tête, mais Natsu changea de comportement, m’arrachant mon vêtement et m’attachant les poignets avec mon propre haut déchiré. Qu’est-ce qu’il faisait bon sang ! Je le fixe, le regard mauvais, me débâtant pour me sortir de son emprise peu rassurante tout en lui disant de me libérer, qu’est-ce qu’il se passe dans sa putain de tête, il perd la boule ma parole.

Tenue.

Tenue.

Tenue.

Tenue.

Tenue.

Mais il fallait quelque chose, un signe entre eux pour qu'ils sachent que l'un ou l'autre avait un besoin. Ce qui pourrait être marrant devant les autres qui, eux, ne comprendrait strictement rien. Excitant et malsain à la fois. « Tape trois coups quand tu en as envie. J'en ferais autant. » Imaginez un peu les CD à table et que l'un ou l'autre tape trois fois ses baguettes sur l'assiette ? Ça voulait tout dire pour eux mais rien pour les autres. Et il s'éclipserait ou bon leur chante pour faire leur petite affaire en espérant ne pas se faire surprendre. Finalement, il avait presque hâte d'être dans un moment comme celui-là pour faire connaître sa libido à son meilleur ami. Amant maintenant. Pute ? Comment devrait-il l'appeler ou y penser ? Il se pencha, attrapa le menton de Ryoma et força un baiser à se faire avant qu'il ne se relève, rejoignant son lit. Coucher à ses côtés ça serait un peu mal venu, non ? Il se laissa choir sur son matelas et disparut sous sa couette. Merde, Ryoma. J'aurais presque envie de reprendre depuis le début rien que pour calmer cette confusion mentale qui m'habite.