Je suis la rancune à l'état pur ; je sais ce n'est pas quelque chose dont on devrait se douter mais j'ai du mal avec les choses comme le pardon, tout ça me reste en travers de la gorge ; ce goût amer, la déception, la colère, la frustration, le fait de ne pas pouvoir effacer pour tout recommencer. Ironique. Dans un sens c'est ironique tout ça, c'est moi qui m'amusait avec le coeur des autres. L'arroseur arrosé. Honnêtement depuis le début je n'ai jamais vu ça comme un jeu avec Jae Woo, il n'y avait rien de plus limpide que mes sentiments pour lui, rien de plus réel. C'est comme s'il avait soufflé sur un château de carte qui avait toute une signification pour moi. Plus rien d'une minute à l'autre. Heure du décès, septembre 2015. Laissée pour morte. Je ne vais pas raconter tout ça de façon romantique, le fait d'avoir le coeur brisé a été quelque chose de difficile à vivre pour moi, ça m'a dévasté. J'en ai voulu à tout le monde et je me suis éloignée de tout pour me rapprocher de l'alcool, de l'excès...
Je marche dans les rues de Bunkyo, enfonçant mes poings dans ma veste en cuir qui ne me tient pas chaud. Revenir à Tokyo, même si ça fait quelques semaines maintenant est un peu étrange pour moi. J'ai l'impression que mon esprit est resté à Murano et que malgré tout mon corps est ici. Il a suffit que je revienne pour que je repense à Jae Woo. L'Italie me l'a enlevé de la tête, le fait de revoir mon père que je n'avais pas vu depuis l'année dernière aussi. J'ai le coeur qui se serre quand je pense aux séparations à l'aéroport, alors j'essaie de ne plus y penser, et alors je pense sans le vouloir à Jae Woo. Les souvenirs attaquent mon cerveau quand je me retrouve seule ou quand quelques détails chez quelqu'un, quelque chose me rappellent son existence. Est-ce qu'il est heureux maintenant ? Non, ça n'a plus aucune importance. Je m'en fiche. Du moins j'essaie de me persuader que je me fiche de tout ça mais honnêtement, je ne sais pas ce qui a changé en quelques mois. Je n'ai pas l'impression d'être devenue plus forte mentalement et évite les couloirs où il est susceptible d'apparaître de peur de craquer.
Je salue des connaissances au beau milieu de la rue, "tu veux boire du verre ? On ne s'est pas vu depuis si longtemps". Pas tellement le choix, je me retrouve embarquée dans tout ça alors que tout ce que je voulais c'était retrouver cet appartement chauffé. Shôji doit probablement encore déserter les lieux et dormir dans les dortoirs de l'hôpital, mais peu importe. Je me sens bien même seule ces derniers jours, j'ai besoin d'un peu de calme c'est tout, même si le calme ne colle pas forcément avec moi. Je me retrouve à rire faiblement à leurs blagues, et finalement être entraînée dans cette longue et amusante conversation. Puis alors mon regard balaie la pièce et mon sourire s'efface doucement quand je croise le regard de la personne que j'essayais tellement d'éviter. Je repose mon attention sur cette connaissance qui me parlais et sourit faiblement mais je ne me sens pas bien pour être honnête. Puis au bout d'une minute, je me lève ;
Mai - Je vais fumer une clope, je reviens...
Je pousse la porte d'entrée en verre et puis presse le pas jusqu'à me retrouver vers les bancs. J'allume une cigarette assez maladroitement et tire une longue latte avant de laisser ce nuage de nicotine s'échapper de mes lèvres. Je regarde distraitement les voitures défiler et je me sens soudainement mal mais prend sur moi, mord légèrement ma lèvre inférieure et m'enfonce dans un silence presque apaisant. Salaud... Tu avais l'air un peu trop heureux à mes yeux...
OUTFITCela doit bien faire plus d'une demie-heure que je marche dans les rues de Tokyo à la recherche d'un salon de coiffure, et je finis par me demander si je ne me suis pas trompé de quartier encore une fois. Puis je me les pèle sérieusement en plus de ça, c'est ridicule. Mais honnêtement je ne sais pas ce qu'il m'a pris de sortir si peu couvert. Il ne fait pas chaud en ce moment, je devrais savoir qu'un pauvre pull n'arriverait pas à me couvrir. Je dois avoir l'air d'un idiot totalement perdu, mes mains enfoncées dans mes manches que je tente de réchauffer en les frottant l'une contre l'autre tout en soufflant dessus. Toute cette "souffrance" endurée pour une simple coupe de cheveux. Mais j'en ai bien besoin aussi, ma frange commence vraiment à me tomber sur les yeux et même si ça ne me dérangeait pas avant, elle me gêne de plus en plus maintenant. Ça me rappelle d'ailleurs que je ne suis pas allé chez le coiffeur depuis quelques mois. La dernière fois c'était à la fin de l'été il me semble, juste avant de... Me séparer de Mai. Bordel, je m'en étais bien sorti jusque là pour ne pas trop penser à elle, et voilà qu'elle me revient en tête pour une raison débile. Dire que je n'étais déjà pas de très bonne humeur à cause de cette histoire de salon introuvable, mais alors là j'ai carrément perdu le sourire. Et l'ironie dans toute cette histoire, c'est que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si je suis dans cet état. J'ai bien conscience d'avoir tout gâché en la quittant, et pas un jour ne passe sans que je m'en morde les doigts. Cette fille était tout pour moi, tout. Et puis du jour au lendemain, tout s'est écroulé. Par ma faute, parce que je pensais bien faire. Et là j'ai plus envie de rien faire du tout. Voilà pourquoi je me retrouve finalement dans un bar à commander un Coca. Et franchement, qui peut bien commander un stupide soda dans un bar ? Je ne peux pas m'empêcher de sourire de ma propre bêtise tout en sirotant mon verre dans mon coin, puis je balaie rapidement l'endroit du regard, jusqu'à ce que je croise celui d'une personne que je ne m'attendais absolument pas à voir ici : Mai. Décidément, c'est ma journée aujourd'hui. Depuis quand est-elle là d'abord ? Je ne me souviens pas l'avoir aperçue en entrant. Quoi qu'il en soit, elle semble m'avoir vu aussi puisqu'elle ne tarde pas à quitter le bar, et je ne sais même pas pourquoi je la suis, mais je le fais. Peut-être qu'au fond de moi, je me dis qu'on peut... Qu'on peut quoi ? Parler, sans doute. Oui, ce serait un bon début. Je finis par la rejoindre près des bancs et lorsque mes yeux se posent à nouveau sur elle, j'ai l'impression de la retrouver comme je l'ai laissée : avec cet air mutin et innocent à la fois, qui me plaisait tant. Sauf qu'elle ne sourit pas cette fois. Et tout en m'installant à côté d'elle comme si de rien n'était, je repense à son sourire et à quel point il me manque. Pas besoin de me racler la gorge pour me manifester, je sais qu'elle m'a vue arriver. Alors je balance la première chose qui me vient à l'esprit, en essayant de ne pas paraître trop brutal ou trop froid. « Tu t'es toujours pas arrêtée de fumer à c'que j'vois. »
J'ai l'impression de me noyer alors que tout allait bien, comme quoi en quelques secondes tout peut dérailler. Peut être que tout ça n'est pas réel et que je commence à perdre la tête. Je voudrais croire que tout ça n'est pas réel mais il fait tellement froid ici et j'ai l'impression que mes jambes vont me lâcher si je ne m'assied pas tout de suite. Respire Mai, ce n'est pas le moment d'oublier de respirer. D'un regard vide, je regarde les voitures traverser en me disant que je ferais peut être mieux de partir moi aussi. Partir sans m'arrêter. Je n'ai plus rien à faire ici puisqu'il est ici pas vrai ? Comme finalement, je n'avais pas ma place en sa compagnie en présence de Kyann. Il faut que j'arrête de ressasser toutes ces choses maintenant que c'est fini. Je regarde toujours distraitement ces voitures défiler pourtant je sais que c'est lui qui vient s'asseoir ici, sur le banc. Ne me demandez pas comment je sais. Je sais c'est tout. Il me parle si famillièrement, je devrais peut être lui rappeler comment tout ça s'est terminé. Ou que c'est terminé justement.
Je tire longuement sur ma cigarette. Je ne me sens pas mieux mais si je me concentre totalement sur lui alors peut être que je perdrais mon calme. Je ne sais pas, j'ai l'impression de ne plus me connaître quand je suis avec lui. Je laisse un nuage blanc s'échapper de mes lèvres et alors je décide d'ignorer son affirmation pour lancer ;
Mai - Comment est-ce que tu vas ? Je marque une pause et hoche doucement la tête avant de dire calmement d'un ton presque inaudible Tu as l'air d'aller bien.
Je l'avoue, j'ai souhaité qu'il perde l'appétit sans moi, qu'il soit au plus mal, qu'il regrette, qu'il s'en morde les doigts. Je lui en ai voulu et maintenant je ne sais plus. Je suis toujours en colère mais je pense qu'il serait mieux que je garde tout ça pour moi. Je regarde le sol et maintient cette distance entre nous en m'écartant. Je crois... Je crois que je n'aurais pas arrêté de fumer pour lui. J'aurais pu faire beaucoup je choses c'est vrai, mais arrêter de fumer aurait été trop dur.
OUTFITRepenser au passé me paraît inévitable maintenant que j'y fais plus ou moins face à présent, et j'ai même envie de rire d'un ton sarcastique parce que Mai est en effet celle qui représente mon passé, que je le veuille ou non. Et elle se trouve là, sous mes yeux, à quelques centimètres de moi sur ce foutu banc et je ne sais pas quoi faire. Il m'arrive encore de penser à notre histoire de temps en temps, lorsque je suis seul dans ma chambre et que je me mets à ressasser les vieux souvenirs pas si vieux que ça. Et quelques questions me viennent alors en tête. Est-ce que je regrette que ce soit fini avec Mai ? Je n'en sais rien, j'ai jamais vraiment su comment répondre à cette question... Mais est-ce que j'aurais pu m'en prendre autrement avec elle ? Probablement. Mais j'ai beau me dire toutes ces choses, ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? En revanche, affirmer que je suis pleinement heureux depuis la rupture serait fortement exagéré, même si je pense avoir pris la bonne décision. La vie continue de suivre son cours, les jours passent et se ressemblent, et puis je suis plus ou moins resté le même alors les gens n'y voient que du feu. Oui mais voilà, je ne peux pas empêcher ces souvenirs de refaire surface par moments et il m'arrive souvent de me demander ce que fait Mai au même moment dans la journée. Est-ce qu'elle est en bonne santé ? Est-ce qu'elle est bien entourée ? Est-ce qu'elle est heureuse ? Et à la voir sur ce banc, sa cigarette à la main et le regard vide fixant la route, je ne sais pas. Cette image d'elle m'est familière, mais pourtant le ton de sa voix ne m'indique rien qui puisse penser que ça ne va pas, ou que ça va. Je ne sais pas. « Euh... Ça peut aller. » Je finis par répondre alors que je ne suis sûr de rien. Et le fait qu'elle ne me regarde pas me fait quelque chose, c'est déstabilisant, gênant, énervant. Sans m'en rendre compte, je commence d'ailleurs à tirer assez nerveusement sur les manches de mon pull, tandis que je réfléchis à une manière de briser cette glace qui s'est bâtie entre nous. Elle est distante et c'est ma faute, je ne peux pas le nier même si ça m'énerve. A quoi je m'attendais, sérieusement ? Elle n'allait certainement pas me sauter dans les bras en me revoyant. « Et toi, comment est-ce tu vas ? » Je n'ai rien trouvé de mieux, mais je suis curieux de connaître la réponse et je veux qu'elle me rassure. Car même si c'est terminé entre nous, je ne l'ai pas oubliée. Je ne pourrais jamais l'oublier. Et ces derniers temps lorsque je pense au passé, c'est à elle que je pense. Je veux qu'elle soit bien, qu'elle aille bien, sans moi. Parce que je sais qu'il n'y a pas si longtemps que ça, j'étais celui qui lui faisait du bien. « Regarde-moi, Mai. » Mon ton est calme, à peine audible, et cette phrase sonne limite comme une question. Comme si je lui demandais de poser les yeux sur moi car j'en ai besoin. S'il te plaît.
Le pardon et moi ce sont deux choses qui s'accordent difficilement. Je n'ai même pas essayé, je me perdrais dans le processus. Il en faut de la chance pour tomber sur le meilleur ami de votre ex sérieusement. J'ai eu cette impression d'être maudite quand j'ai su. Mais ça ne m'a pas empêcher de tomber amoureuse la tête la première. Je pensais que ça ne nous empêcherais pas de vivre. J'ai eu de l'espoir et puis tout a disparu. C'est toujours dur de laisser partir les personnes qui représentaient tout. Plus on s'accroche et plus les séparations deviennent douloureuses. J'ai pris la stupide décision de m'attacher malgré moi. Il représentait tout, aujourd'hui encore j'ai du mal à mettre tout ça au passé. Je ne suis même pas fichue de le regarder.
Quand il dit que ça peut aller, je me contente de hocher doucement la tête sans rien ajouter. Soudainement, les mots me manquent alors que je me souviens avoir été capable de parler comme jamais on ne m'avait vu avec lui. Dans mon silence, j'essaie de tuer la nostalgie qui s'installe et qui n'a rien à faire ici de toutes façon. Je laisse un autre nuage de nicotine s'échapper de mes lèvres, celui-ci un peu plus fin. Il fait froid et tout ce à quoi je peux penser c'est filer dans le premier taxi et fuir comme une lâche parce que je ne me sens pas prête de parler avec lui. Quand il me retourne la question, je demeure silencieuse et mon regard reste fixé sur la route.
Peut être trop longtemps sans doute car il se remet à me parler. Il se remet à me demander l'impossible. Un faible rire nerveux à peine audible s'échappe de mes lèvres alors que je secoue doucement la tête ;
Mai - Dis moi simplement ce que tu veux entendre Jae Woo, la vraie version, ou la version où tout est beau et parfait... Comme tu sais pour moi c'est très facile. Je marque une pause avant d'ajouter dans un murmure Et puis qu'est-ce que ça peut bien te faire que j'aille bien ou que j'aille mal, tu ne t'es pas posé la-
Je passe ma main libre sur mon visage alors qu'un soupir silencieux s'échappe de mes lèvres. Je fini par doucement secouer la tête avant de dire
Mai - Non...Je ferai mieux d'y aller...
Je commence donc à me lever tout en prenant soin d'éviter son regard, sinon c'est fini.
OUTFITAvec ces quelques mots, Mai vient de me clouer le bec. Littéralement. Je suis figé sur place, incapable d'en placer une ou de faire quoi que ce soit. Sur le moment, je ne remarque même pas qu'elle n'a pas terminé sa dernière phrase, alors que je tente d'assimiler ce qu'elle vient de me dire. Ses mots font mal, et pas qu'un peu, pourtant ils sont en partie vrais. Mai a toujours été forte pour modifier ses propos de façon à ce qu'on n'y voit que du feu, alors qu'en réalité ça ne va pas. Mais aujourd'hui, je n'en ai que faire de la version où tout est beau et tout parfait. Je veux connaître la vérité, je veux savoir si Mai va bien. Sur ce point-là elle a tort mais je n'arrive pas à le lui dire pour la rassurer, les mots me manquent. Je constate également qu'elle ne me regarde toujours pas et ça aussi ça fait mal. Mais alors que le silence s'est de nouveau installé, je la vois se lever du banc après avoir marmonné quelques mots et c'est le moment que je choisis pour me ressaisir et intervenir. « T'en vas pas. » Ma main attrape son avant-bras dans la foulée et je me lève à mon tour pour lui faire face. Comment a-t-on fait pour en arriver à ce stade ? Elle ne peut même plus me regarder dans les yeux, pourquoi ? Comment ? Ça ne peut pas se terminer de cette manière, ça ne devait pas se finir comme ça. Je sais que c'est moi le responsable et je m'en veux tous les jours, mais non. Je n'ai pas signé pour ça, pour qu'on s'ignore, pour qu'on s'éloigne ou pour qu'on s'oublie. La perspective que ce soit la dernière fois qu'on se voit me traverse l'esprit et je grimace intérieurement, avant de secouer la tête pour chasser ces pensées de ma tête. Ça n'arrivera pas, je refuse. « Peut-être que... C'est le moment pour parler. Je sais pas exactement de quoi mais... Merde, Mai, t'es même pas fichue de me regarder dans les yeux! » Je soupire en fermant un instant les miens pour me masser la tempe, tandis que je me trouve toujours face à elle, dans cette rue et dans ce froid. Mais ce n'est pas bien grave parce qu'à ce moment, tout ce qui compte c'est Mai. Peut-être que cette rencontre n'est pas le fruit du hasard et que c'est le destin qui a voulu qu'on se revoit ? J'y crois au destin, je me dis que tout vient à point à qui sait attendre et quelques fois dans la vie, des choses arrivent parce que c'était prévu. C'était le destin. « Tu m'manques. J'sais pas comment te le dire autrement, donc voilà, j'le balance comme ça. Tu m'manques, et... J'veux pas qu'on arrête de se voir, ou qu'on s'ignore à tel point que c'est impossible pour nous de se retrouver au même endroit. On peut pas passer d'un extrême à l'autre comme ça, je peux pas. » J'expire une nouvelle fois, soulagé d'avoir enfin pu lui dire ces mots.
J’ai l’impression que plus je reste ici et plus je perds de bon sens. J’aimerais dire que tout ça ne me concerne plus mais rien n’a changé ici. Quand je ne suis pas à ses côtés ça va mais quand il est là c’est fini. C’est juste fini. Je sens sa main autour de mon poignet et tout semble s’arrêter d’une certaine façon ; parce que je n’arrive pas à me concentrer sur autre chose. Je n’entends plus la musique s’échapper du bar, je n’entends les voitures circuler et tout ce qu’il y a autour. Simplement j’écoute ce qu’il a à me dire. Je passe doucement ma main libre sur mon visage, incapable de me libérer de celle qu’il a attrapé de toute façon. « Respire Mai » me dit une voix dans ma tête, je sens que je suis déjà en train de me perdre alors qu’il vient juste de commencer. Sans pouvoir retirer ma main couvrant une partie de mon visage, j’inspire profondément mais je ne me rend pas compte tout de suite des larmes qui coulent le long de mon visage ;
Mai – C’est toi qui est parti Jae Woo, je murmure d’un ton à peine audible C’est toi qui… Espèce d'égoïste de...
« Allons Mai, toi qui disait être plus forte que ça ». J’entends les reproches venir de très loin. Je sais que je ne suis pas du genre à pleurer comme ça. Je déteste ça, pleurer, être vulnérable. Je secoue doucement la tête et rajoute ;
Mai – Lâche moi s’il te plait, je me suis assez tournée en ridicule pour le reste de la fin de l’année je crois.
Il faut que l’un repousse l’autre pour que je puisse partir pour de bon et retrouver mon état normal. Jamais auparavant je ne me souviens avoir pleuré devant Jae Woo, de « l’officialisation » de notre couple à la rupture. Je ne pleure simplement pas, c’est ce que je me suis mise à penser avant de me retrouver dans cet état misérable. Je pense que c'est fini et je me retrouve à ne plus être capable de faire taire ces sanglots pourtant à peine audible.
OUTFITNon non non non non... Merde, ce n'est pas du tout ce que je voulais. Voir Mai pleurer, savoir que j'en suis la cause, ne rien pouvoir faire pour l'arrêter... Parce qu'on sait tous les deux qu'elle n'a pas tort dans ce qu'elle me dit. C'est dur à réaliser pour moi parce que ma fierté en prend un coup, mais c'est la vérité. J'ai été plus ou moins égoïste en prenant la décision de rompre avec elle, mais je pensais bien faire sur le moment. Et même si me prendre tous ces mots dans la gueule me fait un peu mal maintenant, je la laisse faire sans rien dire sans détourner mon regard de sa personne. Je n'arrive plus à trouver mes propres mots tout simplement, à ce stade-là je pense que ça ne servirait à rien de lui balancer de bonnes paroles pour la rassurer et je ne me rends pas compte que je la tiens toujours par le poignet, jusqu'à ce qu'elle m'ordonne d'une petite voix de la lâcher. Ce que je fais, à contre-cœur. Ce n'est pas vrai, tu ne t'es pas tournée en ridicule, je suis là, pardon Mai, pardon. J'aurais pu lui dire tout ça et la prendre dans mes bras, passer ma main dans ses longs cheveux bruns et déposer un baiser sur sa tempe en la tenant par la taille. J'aurais pu, oui. Mais parce que je suis un idiot fini, je la laisse s'en aller et m'abandonner dans cette rue quasi déserte. Je suis incapable de faire le moindre mouvement pendant de longues minutes et je me contente de la regarder s'éloigner sous mes yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision. Tu as l'air d'aller bien, me disait-elle tout à l'heure. Non, ça ne va pas. Je ne vais pas bien sans toi, Mai.
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