La vie, c’est de la merde et puis on crève. Autant en profiter non ? J’ai l’âge d’être étudiante et pourtant je peux faire ce que je veux de ma vie. Pas de devoirs, pas d’examens, pas de stress y’a point s. Et pourtant, je suis bien la seule à en profiter j’ai l’impression en arrivant chez ce cher Ryu qui est de plus en plus dépressif. Mince. Je trouve quelqu’un de sympa avec qui jouer et qui n’est pas un rival officiel et que je peux battre facilement, et il faut qu’il déprime. Mais j’ai un plan, je vais le sauver et on pourra continuer à jouer tranquillement, parce que franchement, gagner contre un œuf suicidaire c’est pas mon kiffe. Dans une main, un pack de bière sans alcool, coincé sous mon bras l’intégrale de Game of Thrones, une manette arrive à tenir quelque part et dans mon autre main des jeux vidéo et ma NES 64 chérie et très largement underrated. On dirait un déménagement. Mince il a l’air surpris. « Beh ? Je peux entrer ? » Je réfléchis, « T’as pas reçu mon message ? Ce soir c’est fun party Ryu et t’es le special guest ! J’ai même pris des bières sans alcool parce que je suis quelqu’un de compréhensif et qui fait attention à tout blablabla » J’entre en le poussant légèrement sur le passage et laisse tomber la moitié volontairement sur la table basse, après avoir bougé quelques affaire du pied. Ca pue la clope, une peluche de dragon moche est tombée par terre. Je scan, pas de bouteilles d’alcool on dirait. Ai-je précisé en avoir bue une ou deux avant de venir ? J’allais pas en prendre devant lui. Et puis, moi, j’ai pas un problème avec ça. La dernière fois que j’ai bu ça devait être à mon anniversaire d’abord. Alors pourquoi maintenant ? On verra plus tard les questions. Déjà, les vraies, devrais-je me reconvertir en équilibriste ? Je regarde mon portable, « Ah, j’ai pas appuyé sur envoyé. » Ce qui explique sa mine surprise. Triste de me voir. Peut-être est-t-il triste de savoir qu’il va se prendre une raclée.
Peut-être que migrer sur la lune serait une bonne idée. Ou alors partir pour Illusiopolis, mais je doute fortement d’être capable de supporter la présence des sans-cœurs et des similis. Je pourrais aussi rester ici et continuer à préparer les consignes de travaux que je dois donner aux idiots qui me servent d’élèves, comme je le fais depuis ce matin. Ouais, limite. Je soupire un peu, mais juste un peu, assez pour qu’Arisu relève la tête et me regarde de ses grands yeux dorés. Ouais, bon. Et quelqu’un frappe à ma porte, parce que je peux pas être tranquille, évidemment. Yun Hua est encore sortie, je sais pas trop ce qu’elle fait quand elle s’en va. Des trucs de Yun Hua, sans doute, hein. Mais surprise ! on vient me voir.
« Oui ? »
Écoutez, j’ai rien contre Dam Bi, mais j’ai pas pu m’empêcher de la regarder comme un alien pendant un instant. Genre c’est plus fort que moi.
« Tu m’as tout l’air de faire attention. »
Oui, j’ai ri. Je me suis un peu moqué. Bon je me suis moins moqué quand elle a décidé de faire tomber des trucs, mais c’est pas bien grave. Je souris un peu. Qu’est-ce qu’elle fout là ? Mon regard se pose sur mon téléphone : rien. Mais elle réagit avant que j’aie le temps de dire quelque chose.
« Tout s’explique ! » Je ris un peu, je ricane plutôt.« T’es pas un peu pétée par hasard ? »
Juste un peu ? Bon en vrai c’est pas qu’elle a l’air pétée, mais elle a l’air assez enjouée. Euphémisme. Je vous précise que c’est totalement le contraire de moi ? Eh ouais, si on oublie l’ambiance de Noël de cet appart – puisque, rappelez-vous, on l’a décoré- je suis pas forcément le lutin joyeux auquel on pourrait s’attendre. Certes, je suis petit. Mais bon. On s’en fout.
« Quoi d’neuf ? Tu bossais pas ? Tu sais que la bière sans alcool c’est un sacrilège, au moins ? »
J’vais pas lui raconter ma vie hein. Enfin, j’crois.
Voilà, on fait des efforts, et voilà comme on est remerciée. Connard. Je comptais me retenir de l’exploser à la première manche mais il va morfler grave, c’est tout. Parce que j’ai quand même relevé son ricannement d’oie sauvage, je suis pas conne, c’est pas parce que j’ai 0,2 degré d’alcool dans le sang que j’arrive pas à le voir. Roh, puis, c’est la fête et c’est un rabat joie. Je mets un doigts sur ma bouche légérement maladroitement et légèrement exagéré, « chhhhhhhhhhhut, c’est uun szecreit » et fait semblant de tituber sinon c’est pas drôle. Est-ce que me voir ainsi va lui remonter le moral ? Je ne sais pas mais je me sacrifie. Et pourquoi je fais ça ? Parce que je suis trop bonne.
« Ehm. 1. Je ferme la bibliothèque quand je veux mon petit, ils ont trop besoin de moi pour me virer. 2. C’est les vacances en fait 3. J’ai pas fait mes 5h de jeux que me demande de faire mon manager par jour alors faut que je rattrape ça 4. J’ai envie de gagner 5. Moi je suis pas une alcoolique anonyme » j’ai mes mains posées sur mes hanches tout en contemplant sa télé et les divers branchements qui sont faits avant de regretter légerement ma dernière phrase et de me retourner vers lui, « Et fais pas ta chochotte, pleure pas parce que t’as besoin de boire cette merde dégueulasse, tout le monde a ses failles. » c’était un peu beau, « merde » c’est un peu moins beau. « bon on commence par quoi en vrai ? » ah et comment je sais que Ryû devrait s’inscrire aux AA ? Tout le monde le sait. Mais je le juge pas, non, et si certains sont un peu trop protecteur de notre error 404 nationale, moi je suis là pour remettre les choses à leur place. Et pas méchamment hein ! J’espère qu’il l’a compris et va pas m’en vouloir quand même ? Enfin, je suis pas du genre à revenir sur quelque chose que j’ai dit. Enfin, je suis quand même en train de venir chez quelqu’un et l’insulter un peu. Je lui parlerais plus tard de mon plan pour devenir milliardaire et qu’il m’apprenne à programmer et je lui donnerais genre 2% de royalties ou une connerie dans le genre. Mais plus tard.
Bon, au cas où quand même parce que je suis quelqu’un de bien il paraît, « oppa » mes mains posées autour de mon visage telle une fleur qui va éclore, « je vais t’exploser la gueule » attendez, non, « je veux dire, bbuing bbuing je suis kawaii fait pas la tête »
Bien sûr, je ne vais pas faire de commentaire sur son commentaire. Ça fait deux fois commentaires. Quoi ? On dit des commentaux ? OK. La référence on l’oublie aussi, hein, ça vaut mieux. Je me retiens de dire quelque chose à propos des alcooliques anonymes. Mais c’est bien parce que c’est Dambi, hein, j’ai pas envie de m’attirer des ennuis avec les gens que j’apprécie, ça serait con. En plus, ça fait tellement longtemps que ça ne m’est plus arrivé, dis donc.
« Très drôle, vraiment. » Monsieur rabat-joie est de bonne humeur, dites-moi. « J’sais pas, comme tu veux. »
Ok, alors la bonne humeur est de la partie pour moi aujourd’hui. Enfin, c’est un peu plus le cas quand je la vois faire l’idiote. Ouais ouais, bbuing bbuing, comme elle dit. N’empêche que j’ai souri, con comme je suis.
« Bbuing Bbuing, on verra, oui. »
Aucunes limites par ici. Je souris encore un peu, mais je crois que j’essaie de faire croire que j’fais la gueule, en vrai. Et je continue à jouer l’imbécile, en plus. Je me mords la lèvre pour pas rire, imaginez l’exploit, et pour être vraiment sérieux, j’essaie de regarder les différents jeux qu’elle a apporté. Et je soupire un peu.
« J’te préviens, j’ai plus joué depuis un moment. » Une créature squatte la télévision. Et Kingdom Hearts, malheur. « Mais ça va aller, j’garde espoir. Un peu. »
Évidemment, on essaie toujours de garder espoir, d’être le héros, tout ça. Bon, et si on branchait sa console ? On pousse le chat qui essaie d’avoir de l’amour. Ouais, la femelle a gros bide est pas là, ohlala, quel dommage quoi. Et le monsieur il va jouer à la console avec une autre madame. Ohlala. Miaou. Miaou. Ça va quoi, c’est pas comme si j’avais branché ma fiche dans son port usb quoi. Je soupire un peu, encore.
« Voilà, ça au moins c’est fait. Tu veux commencer par quoi, toi? »
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