Combien de temps j'ai quitté RPS? Plus d'un an? Je ne sais pas exactement. Mais je sais que ça fait longtemps que j'ai des nouvelles de mes anciens camarades de RPS par mon meilleur ami. Je n'ai rien dit sur pourquoi je n'ai pas voulu garder contact avec eux. Des fois je regrette d'avoir fait ce choix....Mais je me dis que c'était le mieux à faire. il y a déjà assez de mon meilleur ami pour subir ce que je deviens petit à petit. Mais il y a beaucoup de personnes que je regrette d'avoir coupé contact. Par exemple Eri. Cette fille, c'est presque un ange. Sympathique toujours, souriante, amicale et farceuse. Oui il y a quand même une petite partie démoniaque en elle, surtout quand c'est pour effrayer mon meilleur ami avec des histoires d'horreur. Oui ma pire connerie c'est d'avoir coupé contact avec elle. C'est la vie j'y peux si j'ai voulu couper presque tout contact. Après le décès de mon frère j'avais besoin de prendre du recul et de fuir un peu.

Je sortais enfin du café après une longue journée de boulot. Je ne sais pas si c'était à cause des beaux jours, mais la clientèle était nombreuse aujourd'hui. Bizarrement aujourd'hui, je n'étais pas de mauvaise humeur ou d'humeur morose. Peut être que c'est dû à la drogue que j'ai prise hier... Je devrais faire plus attention à ca aussi. même si je n'en prends pas beaucoup et peu souvent je commence à sentir une légère dépendance. ça m'inquiète...

Je préfère oublier cela et rentrer tranquillement chez moi. Je n'avais pas envie de prendre les transports en commun, marcher me fera du bien. A cette heure-ci il y a un peu moins de piétons dans les rues, c'était le début de la soirée. En traversant une rue je vois au loin une jeune femme me regarder bizarrement. J'ai un truc au visage ou quoi? Je ne sais pas pourquoi, mais même qu'elle soit à une grande distance j'ai l'impression de la connaître. Plus je m'approchais plus ce doute grandissait. Je m'arrête à quelque mètre, les yeux rivé sur cette personne. Je savais bien qu'elle me disait quelques choses...mais de là à la revoir par hasard. Plus d'un an que je ne l'ai pas revu, et pourtant elle n'a pas changé. Mais maintenant je ne sais pas comment me comporter face à elle.

-Eri ? C'est bien toi ?

Je sortais de la piscine, luttant pour garder les yeux ouverts et rejoindre mon arrêt de bus. Il faisait encore grand jour et pourtant, nous sommes le soir, mais en été les jours sont bien plus longs. Remarque, c'est pas plus mal, ça me file le cafard de sortir de la piscine en hiver, quand il fait noir et froid. Quoi qu'il en soit, je n'ai qu'une envie, rejoindre mon lit au plus vite. Je suis épuisée. La préparation pour les JO se fait de plus en plus intense, et pour cause, je décolle pour Rio la semaine prochaine... Les entraînements sont vraiment difficile et j'ai l'impression que mon entraîneur me fait payer le fait d'avoir quitté subitement le pays, un mois plutôt, quand Seiki m'a kidnappé pour m'emmener avec lui aux Etats-Unis. J'ai beau lui répéter qu'on m'a mise de force dans l'avion - ce n'est qu'à moitié vrai - il n'y a rien à faire il s'acharne contre moi. Il m'énerve un peu parce que ce n'est pas parce que j'étais à l'autre bout du monde que j'ai pris des vacances... J'ai pris soin de contacter mon ancien entraîneur, toujours en Amérique, et je passais mes journée à la piscine pendant que Seiki faisait le tour des entreprise pour chercher un stage. Il veut juste me le faire payer, de toute façon mon entraîneur est un sadique !

Lorsque j'arrive à l'arrêt de bus je soupire en remarquant que j'ai loupé celui censé me ramener aux dortoirs de la Royal... Je décide d'attendre le prochain, qui ne me déposera pas si prêt des dortoirs que l'autre mais tant pis, je marcherai. Finalement, j'arrive dans Shibuya et traîne des pieds, le dortoir me parait si loin, moi qui suis pourtant une grande sportive et qui fait de longues distances en course, je suis incapable d'aligner trois pas l'un devant l'autre ce soir. Soudain, mon regard est attiré par un visage, visage appartenant à un jeune homme qui se dirige en ma direction. Je fronce les sourcils, est-ce la fatigue ? Nan, je ne crois pas, il me semble bien le reconnaître. Je penche la tête sur le côté, ralentis le pas et attends que le jeune homme en question soit assez prêt de moi pour l'entendre me demander « Eri ? C'est bien toi ? ». J'ouvre de grands yeux, soudainement totalement éveillée « Iruma ? Qu'est-ce que tu fais là ?! ». Mon ton est légèrement froid et plein de reproches, et pour cause...

Aie.... Cela fait peut-être un an que je n'ai plus gardé contact avec Eri et malgré cette année sans nouvelle, je sais reconnaitre quand elle est en colère. Même si elle ne le montre pas, ça se ressent dans sa voix. Je ne sais pas ce que je peux faire maintenant. Je savais que ce jour allait arriver , mais je ne pensais pas que cela arriverait rapidement. Je ne peux pas fuir, si je le fais, je sais que la prochaine fois ça va être pire. Je lui devais des explications et même si mon meilleur ami lui donnait de mes nouvelles, ce n'était pas suffisant.

-Salut Eri...Tu n'as pas changé.... Et bien... Je bosse dans un café....

Je me sens mal à l'aise, je ne savais pas quoi faire. Je lui ai déjà assez fait de mal comme ca. J'ai le ventre noué par le stress et la peur. J'ai envie de vomir d'un coup. Je me pose doucement au mur pour me calmer avant de regarder Eri. Elle avait besoin de réponse. Je lui montre le café en face et lui fait signe de me suivre c'est mieux de se poser, pour parler de ca. Par chance, il y a peu de monde en fin de journée. Par ou commencer? Même là je me sens mal. Eri est une fille adorable et plein de vie, mais je sais qu'elle serait capable de m'en mettre une pour être parti subitement, coupant tout contact et lui laissant des nouvelles de mon meilleur ami. Je me gratte la nuque et la regarde. Aller Iru, il faut le faire...

-Je sais que tu m'en veux, tu me le pardonnera pas facilement et je comprends parfaitement... Et avant de tout de dire.... Je veux que tu me dise tout ce que tu as sur le coeur. Car je sais que je t'ai profondément décue....

Si j'avais pu me poser sur le banc d'un arrêt de bus et dormir là telle une clocharde, je l'aurai certainement fait. Heureusement, j'avais un peu d'amour propre pour moi et je n'allais certainement pas me risquer à salir ou abîmer mon tout nouveau survêtement addidas. Malgré tout j'essaie de marcher droit devant moi, bien que la fatigue me guette et que ma tête commence légèrement à tourner. J'ai l'impression d'avoir bu je ne sais combien de bouteille de soju alors que j'ai juste nagé non stop pendant des heures. Au final c'est presque la même chose. Et c'est à cause de cette famille que je ne suis pas sûre de reconnaître la personne qui s'approche de moi, jusqu'à ce que j'entende le son de sa voix et que ma crainte se confirme. Oui ma crainte, on peut utiliser ce terme. C'est la première fois que je me retrouve face à Iruma, depuis un an, depuis le jour où il est parti sans se retourner et sans plus jamais me donner de signe de vie. La seule chose qui me permettait de savoir qu'il était vraiment vivant, c'est grâce à son meilleur ami. Première fois depuis un an, je ne sais pas du tout comment je vais réagir.

Je grimace. J'écoute à peine sa réponse lorsqu'il me salue. Et le suis automatiquement sans rien dire. J'aurai aimé l'ignorer et rentrer chez moi, me glisser sous ma couette, seulement en an je ne l'avais jamais revu, qui sait quant est-ce que je le reverrai maintenant. Finalement il prend aussitôt la parole. « Qu'est-ce que tu cherches à justifier au juste ? ». Je suis encore froide dans ma façon de parler mais la manière dont il prend les choses m'agace. Il commence directement à me parler comme s'il n'avait jamais voulu que tout ça arrive. Sauf que c'est lui qui a disparu, pas moi. « Je savais juste pas que les amis pouvaient disparaître si facilement sans que ça ne leur pose problème. »