Il avait souvent entendu parler des hôtesses japonaises. Le genre de femme à être hyper polie, passive et qui faisait de tout pour que le client se sente à l’aise. Il n’était jamais allé dans ce genre de club. Il fallait dire qu’avec sa popularité, il n’en ressentait même pas le besoin. Il pouvait avoir qui il voulait, quand il le voulait. C’est avec réticence qu’il fut obligé de suivre ses collègues dans cet endroit bien étrange dont il ne comprenait pas l’utilité. A quoi bon dépenser son argent dans une activité qui ne lui permettrait même pas de se défouler au lit plus tard ? Limite si ses compagnons ne le traînaient pas par le bras. Il se fit transporter par leur poids, fatigué de résister à un contre quatre et entra avec eux dans le club. Ses camarades prirent une table au milieu de la salle et commandèrent de quoi boire et grignoter. Masaomi prit le menu entre ses mains, ses yeux s’arrondirent à la vue des prix. Rien n’était donné. Il se demanda s’il pouvait se reconvertir en gérant de club à la dernière minute. Il n’osa même pas imaginer tout l’argent que devait gagner le propriétaire chaque soir.

Des filles s’invitèrent à leur table et commencèrent à mener des sujets de conversation. L’une d’elle s’assit à côté de lui, se collant à son bras. Ses yeux se dirigèrent vers son décolleté. Il ne pensait pas qu’une japonaise puisse dépasser le bonnet C. Il lui sourit et commença à lui parler comme si de rien n’était. Il était ennuyé d’être fini dans un endroit pareil alors qu’il aurait pu rentrer aux dortoirs et lire un bon livre, allongé avec une tasse de thé sur son lit. La lumière colorée de la salle commençait à lui donner le mal de tête. Il n’aimait pas du tout l’ambiance de l’endroit qui était bondé et qui commençait de plus en plus à sentir l’alcool et la cigarette. L’odeur de la nicotine lui donnait envie d’en sortir une mais il se reteint. Il en avait déjà fumé trois et n’avais pas envie de briser sa promesse. Il se leva de la table et dit à ses collègues qu’il allait se rincer le visage aux toilettes. Ces derniers ne manquèrent pas de sortir des remarques déplacées et remplis de sous-entendus. Il demanda à une hôtesse où étaient les WC, celles-ci lui montra le chemin en pointant du doigt un couloir qui, à première vue, ne semblait mener nulle part.

Slalomant entre les différentes tables, il bouscula sans s’en rendre compte une jeune fille portant un plateau de cocktails, qu’elle renversa sur un client. Il se retourna à l’entente des injures de l’homme, qui se leva et tenta de lui attraper le bras. Masaomi regarda la scène à quelques mètres, se frottant les yeux à cause de la fumée qui commençait à lui irriter les pupilles. Ce n’était qu’en entendant la voix de la jeune fille qu’il eut le déclic : la serveuse était Kat. Ne sentant plus ses yeux brûler, il se précipita vers eux et lui agrippa le bras. « Putain mais qu’est-ce que tu fous ici ?! » Il entoura la taille de la jeune fille avec son bras et en profita pour donner un coup de pieds au client mécontent, puis se mit à courir vers la sortie. « Celle-là c’est vraiment la dernière. » souffla-t-il en sortant dans la rue. Il paiera l'addition plus tard.

De toutes les personnes qu’il connaissait. De toutes celles dont il soupçonnait des activités pas nettes, notamment des mannequins qui travaillent avec lui, Kat était la dernière personne qu’il imaginait passer du temps dans ce genre d’endroit. Travaillait-elle ici souvent ? Depuis combien de temps ? Il la regarda droit dans les yeux. Elle n’aimait pas ce club, il le voyait, il le sentait. Sûrement elle avait des responsabilités qui l’ont contrainte à venir. Après tout, quelle personne saine d’esprit aurait eu l’initiative de travailler là, entouré de beaufs ? Même lui, en tant que client, en étant resté une bonne demi-heure, ce sentait gêné par tout ce monde et tous ces hommes qui abusaient de leur statut de client. Il ne supportait pas l’idée qu’un rustre puisse poser la main sur elle. Il était le seul qui en avait le droit. Lui, et uniquement lui, pouvait jouer avec elle et la toucher. Il fronça encore plus les sourcils à sa question. Rhétorique certes, mais qui voulait tout dire. Elle non plus n’aimait pas le trouver ici. Il a été emmené de force par ses camarades et ne pouvait refuser par pur politesse. Et puis, s’il n’était pas venu, il n’aurait jamais su qu’elle faisait ce genre de boulot malsain. C’était sûrement un signe du destin. Il se devait de changer la situation. Il allait la sortir de là, comme ça il allait être le seul à pouvoir s’amuser d’elle et profiter de tout ce qu’elle avait encore à lui offrir. « Toi non, mais moi si. » répondit-il sèchement. Il allait prendre l’excuse de la boîte de nuit pour l’obliger à arrêter le job d’hôtesse. Le moment où elle l’avait couvert en face du videur malgré son nez en sang, et qu’elle espérait recevoir une seconde faveur de sa part. Il allait partir voir son boss et le convaincre de la laisser partir. Masaomi pouvait être très persuasive quand il le voulait.

A peine eut-il le temps d’enregistrer la phrase de la jeune fille qu’il la vit s’éloigner d’elle. Pourquoi paraissait-elle aussi dépitée ? Il la rattrapa et lui empoigna la main avant qu’elle ne franchisse la porte. « Tu n’es pas obligée d'y retourner. » Il regarda un moment autour d’eux puis la tira en arrière pour l’éloigner de l’entrée. « Tu n’y retourneras pas. » Il enleva sa veste, la lui posa sur ses épaules et d’un geste de l’index, il lui dit de rester ici. « Attends ici. » C’était la dernière celle-là. Jamais il ne laissera un de ses jouets se faire abîmer par des inconnus. Il commençait vraiment à s’impatienter. Il devait aller voir le gérant et lui dire deux mots. Elle ne pouvait recevoir d’ordres de personne à part lui. Il tira fermement la porte du bâtiment et entra d’un pas décidé. Il s’en fichait du pourquoi du comment. Elle avait sa vie et ses raisons pour travailler dans ce genre d’endroit. Tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle arrête, et de suite. Cette situation l’avait réveillé d’un coup de sa torpeur de début de soirée et le poussa à demander à des hôtesses où se trouvait le boss. Il ne montra aucune once d’hostilité en le leur demandant et avait même menti en ajoutant qu’il voulait le féliciter pour avoir construit un ‘coin aussi agréable rempli de jolies filles’. On l’envoya chez le barman qui le conduit à une salle privée dont la porte était plutôt imposante. Deux gardes se trouvaient à chaque côté de l’ouverture et le regardaient sans trahir aucune émotion. Le barman leur expliqua la situation et laissèrent entrer Masaomi qui remercia le jeune homme. « Bon je te laisse. J’ai du boulot moi. » lui dit ce dernier en le saluant d’un revers de la main. Une fois entré et la porte refermée, il vit un homme qui devait avoir à peu près le double de son âge, assis sur un fauteuil. Le cigare à la bouche, il lui adressa un sourire amical et l’invita à s’asseoir à ses côtés. « Alors comme ça on est devenu fan dès la première visite ? » blagua le vieux. L’italien lui rendit son sourire et se permis de s’asseoir en face de lui, la main tapotant délicatement le couteau suisse attaché à sa ceinture sous son pull.

Assit en face du vieil homme, il se mit à lui poser différentes questions à propos de l’histoire du club et comment pouvait-il tenir tête à la concurrence. M. Hasegawa ne semblait pas bien musclé, il pouvait facilement lui tenir tête dans un combat en corps à corps. Par contre, il restait perplexe en ce qui concernait les deux bodybuildés dans le couloir. Le jeune homme se rendit vite compte qu’il ne pouvait pas faire grand-chose seul, en territoire hostile. D’un coup d’œil, il remarqua différents objets lourds pouvant servir de projectiles en cas de bagarre. Maintenant qu’il se trouvait dans le bureau du gérant et que sa fureur d’il y a quelques minutes était passé, il prit en compte une autre stratégie ; faire parler l’argent à la place des poings. Il entendit la porte s’ouvrir derrière lui et vit son interlocuteur sourire en invitant la personne à venir auprès d’eux. C’était Kat. Il suivit du regard la jeune fille et serra les poings à la vue de la main d’Hasagawa se poser sur sa hanche. L’italien invita la blonde à s’asseoir sur ses genoux d’un geste de la main juste après la brève présentation. De toute manière elle n’avait pas le choix, son patron était là et faire les rebelles ne mènerait à rien. « Ice ? » lui chuchota-t-il à l’oreille en enroulant ses bras autour d’elle, en signe d’appartenance. Le vieux avait dit qu’elle était revenue. Serait-elle endettée ? Ou alors il lui avait fait du chantage ? Une fois qu’on entrait dans ce cercle vicieux, il était presque impossible d’en sortir.

Tout en calant son menton au creux de son cou, il ajouta : « J’aime beaucoup Ice. Serait-il possible de vous l’acheter ? » Si il le payait pour la laisser partir, non seulement il n’aura plus besoin de travailler dans un endroit aussi malsain, mais en plus, il allait pouvoir encore plus profiter d’elle sans qu’elle puisse réellement le repousser. Certes il allait la rendre libre mais ce ne serait qu’une illusion. Sa cage n’aurait fait que s’élargir entre les mains du jeune homme. Le visage légèrement ridé d’Hasegawa laissa place à de la surprise. « Comment ça me l’acheter ? » Il secoua doucement la tête. « Elle reste ici, elle a une dette à payer. » Masaomi était décidé à lui tenir tête, surtout que maintenant qu’elle était dans la salle, il ne voulait pas risquer de la blesser. Heureusement que son compte en banque était à deux doigts d’exploser grâce à tout ce qu’il gagnait, en euros qui plus est. « Je vous paye cette dette avec intérêts. » répondit-il de but en blanc. Il lui sourit en lui faisant bien comprendre qu’il ne flanchera pas. Il allait lui acheter la quasi-totalité de la liberté de Kat et se l’approprier.

Profiter ? Bien sûr qu’il allait en profiter. Ce n’était pas tous les jours qu’il pouvait la contrôler à sa guise, bien qu’il en ait envie. Il savait bien qu’elle n’aimait pas son patron. Qui aimerait un homme qui force les femmes à devenir hôtesses ? Il doutait fortement que Kat puisse être atteinte du syndrome de Stockholm. Tout en discutant du prix avec Hasegawa, il sourit aux commentaires de la jeune fille. Il gagnait sa vie en euros et même un milliard de yen en moins sur son compte banque ne se verrait pas. « Avec intérêts.. ? » répéta le vieux, soudainement à l’écoute d’une quelconque proposition. L’italien hocha positivement la tête en ignorant le deuxième propos de Kat. Comment pouvait-il la laisser gérer ça toute seule ? Ne voyait-elle donc pas qu’elle n’allait jamais pouvoir s’en sortir ? Si elle était si débrouillarde, elle n’aurait jamais fait la bêtise de voler du fric qu’elle n’allait jamais pouvoir rembourser d’elle-même. C’était ridicule. Les femmes au fond étaient toutes pareilles : attirées par l’argent et imprudentes. Apparemment, elle s’était cru la plus maligne et n’avait pas pensé aux conséquences. « Donne moi un prix et je paye. » Il voulait en finir, et vite. Il voyait bien qu’il avait caressé le chien dans le bon sens des poils. Le japonais lui adressa un sourire tout en regardant du coin de l’œil son hôtesse. Il ne s’attendait pas à ce qu’une fille pouvait avoir autant de valeur, sûrement. « 14 millions de yens, les intérêts y sont inclus. » répondit-il. Masaomi poussa légèrement Kat et se leva en claquant des mains, content du marché. Il était soulagé du prix, lui qui pensait pire. Il sortit un carné de chèques de sa poche arrière et lui demanda un stylo. Tout en se posant le papier sur le bureau et en écrivant, ils se mirent à blaguer. « Sur place ou à emporter ? » demanda Hasegawa. « A emporter. » répondit l’étudiant en pouffant. Une fois le chèque complété et adressé au nom du club et la lui tandis et se serrèrent la main. « Non remboursable, ni échangeable. » fit le patron. Ils rirent tous les deux de bon cœur, chacun satisfait de sa soirée.

Masaomi se dirigea vers la blonde et la prit par la main. « Maintenant tu n’auras plus à y retourner. » et la traina derrière lui jusqu’à la porte de sorti du bureau. Il salua amicalement le boss –ce dernier ne manquant pas de lui rappeler qu’il est le bienvenu dans son club et qu’il était devenu un membre vip, et marcha le long du couloir sans lâcher Kat. Il n’avait pas envie de connaître les détailles de son histoire farfelue et encore moins ses motivations personnelles. Tout ce qu’il savait –et voulait savoir- était que maintenant elle n’avait plus de dettes et qu’il pouvait en faire ce qu’il voulait. Il remarqua sa veste sur le bar et alla la chercher. « Alors comme ça on est devenu membre vip ? » demanda le barman. Le brun hocha la tête, étonné de constater que les nouvelles vont vite ici. A peine eut-il le temps de quitter le bureau, que tout le monde était au courant. Ne voulant pas rester plus longtemps dans cet endroit qui lui donnait le tournis, il partit vers la sortie. Il n’avait pas lâché Kat et encore moins desserré sa prise durant tout le trajet. Il s’en fichait de laisser tomber ses collègues en pleins milieu de soirée.

Toujours en train de se plaindre. Quand est-ce qu’elle allait enfin la fermer et être reconnaissante ? Un coup il est trop brutal avec les autres, un coup il lui fait mal… Les femmes sont toutes pareilles à la fin. Toujours à parler pour rien et à faire du bruit. Il sentait l’interrogatoire arriver. Pourquoi autant gaspiller sa salive alors qu’un merci était plus simple, et moins fatiguant, pour les deux ? Il savait qu’il lui avait enlevé une grosse épine du pied en payant sa dette. Après tout, personne ne pouvait vivre paisiblement avec une épée de Damoclès, valant 14 millions de yens, sur la tête. Surtout quand le seul moyen d’y arriver était; ou de tomber dans du trafic pas net, ou alors de finir hôtesse dans un club étrange. Quoi que, il n’y avait pas vraiment de différence entre les deux. La jeune fille se déroba au milieu de la rue. L’interrogatoire allait commencer. Il se sentit bombarder de tous les côtés. Que des questions inutiles. « Depuis quand j’écoute ce que tu me dis de faire ? » Elle devait se douter qu’il faisait ce que bon lui semblait tout le temps. Même s’il était sous contrat, il n’avait jamais réellement fait ce qu’elle lui demandait. Il en avait envie et donc il l’avait fait, point barre. Pourquoi se casser la tête ? Maintenant elle lui appartenait, et c’était le plus important.

Il roula des yeux, un sourire au coin des lèvres. Elle ne posait pas les questions qu’il fallait. S’il était à sa place, il ne penserait pas à ça. Evidemment qu’il lui avait menti, il n’allait tout de même pas dévoiler sa vie à une inconnue. Du moins, il ne lui avait pas totalement menti, vu qu’il ne traînait plus dans des histoires louches depuis son arrivée au Japon. Ca, ajouté à son statut de riche, faisait qu’il pouvait même acheter une île à lui tout seul. « Je travaille, c’est tout. » C’est vrai. Depuis petit il avait eu l’habitude d’enchaîner les petits boulots. Des plus pouilleux aux plus prestigieux. Son statut de noble lui laissait accès à n’importe quel métier. Son père l’avait habitué à toujours travailler dur pour s’acheter ce qu’il voulait. Il n’a jamais été pourri gâté. « T’as fini maintenant ? » Il lui reprit la main. « Je veux t’emmener loin d’ici. » Il avait l’intention de la raccompagner chez elle et éviter qu’un autre épisode du genre ne se reproduise. Il trouvait ça étrange qu’elle veuille en savoir plus sur lui. Ses questions lui déplaisaient mais sa curiosité l’amusait d’une certaine manière. Il avait envie de la taquiner un peu plus en ne lui dévoilant que la surface de l’iceberg. C’est vrai qu’elle ne savait rien de lui. « Tu veux me connaître huh ? Je t’intrigue c’est ça ? » plaisanta-t-il en reprenant sa marche rapide. Il s’arrêta en face d’un Love Hotel, une idée lui était venu à l’esprit. Il se tourna vers la blonde et lui caressa la joue. « Tu peux mieux me connaître autrement tu sais ? »

Son argent, il l’avait gagné en travaillant. Après, peu importait de quel boulot il s’agissait. Il l’avait gagné lui-même. Il n’allait pas nier que plus de la moitié était de l’argent sale qui a été blanchit. Il ne pouvait rien y faire si la thaïlandaise ne le croyait pas. Tout en continuant de la taquiner il vit un Love Hotel. Il savait que Kat n’aimait pas ce genre de blague aux sous-entendus malsains mais il aimait la voir énervée. Et puis, comme ça il pouvait voir à quel point il pouvait pousser les limites de l’acceptable. « Bein c’est drôle écoute. » avouta-t-il en se frottant la main. Elle ne supportait vraiment pas ce genre de chose. Pourquoi prenait-elle tout ce qu’il disait ou faisait au premier degré ? Avait-il l’air sérieux en le disant ? Lui qui pensait que ses blagues étaient faciles à comprendre. Ou alors, elle ne voulait juste pas jouer le jeu. Il savait qu’il pouvait être lourd par moment, mais plus elle allait lui résister et plus il allait insister. « C’est méchant. » murmura-t-il, les joues gonflées. Elle disait ça alors qu’il y avait à peine quelques jours, elle avait réagit positivement à ses contactes physiques. De toute manière, il n’avait pas spécialement envie de coucher avec elle, sinon elle aurait déjà fini dans son lit, dès le premier soir même. Elle valait mieux que ça. Elle valait la peine d’être taquinée et utilisée différemment. Il lui prit sa main et l’enfouit sous son pull, la forçant à toucher ses abdominaux. « Tu le penses vraiment quand tu dis ça ? » Il la lâcha en se frottant le ventre, un léger rire sortant de sa bouche. Il était bien le seul à rire de ses blagues salaces et de son humour à faire rougir même les filles les plus dévergondées.

Ca y est. Elle commençait à redevenir complexée. Il roula les yeux en soupirant. Décidemment, son humour était incompatible avec le caractère de la blonde. Il en avait vraiment marre de lui expliquer ce qu’il pensait d’elle pour qu’à chaque fois elle ne le croit qu’à moitié. Il prit une profonde inspiration en attendant qu’elle finisse son speech de petite fille incomprise par le monde qui pense que tous les hommes soient pareils. Une fois sa complainte terminée, il adopta la même posture qu’elle ; il recula d’un pas et croisa ses bras. « Ecoute moi bien, ce sera la dernière fois. » Commença-t-il, plongeant son regard dans le sien. Elle pouvait le fusiller du regard autant de fois qu’elle le voulait, il s’en fichait complètement. « Je ne te prends pas pour une fille facile, sinon tu serais déjà fini depuis longtemps dans mon lit et je ne t’aurai plus jamais revu ensuite. » Il leva sa main suivit de chaque doigts pour illustrer ses propos. « Primo : je peux avoir qui je veux, quand je veux. Si j’avais envie de me vider les couilles, j’aurai choisi une fille plus bonne que toi. » Il dévisagea la jeune fille de haut en bas pour bien lui faire comprendre qu’il préférait les européennes qui avaient des formes et qui étaient moins maigres. « Deuxio : je m’en fous complètement de ton ex-boulot en tant qu’hôtesse, je sais que ça ne reflète pas qui tu es. Et tertio : arrête de prendre au premier degré mes approches. Je sais que j’ai un humour douteux mais il n’y a pas d’arrière pensées. » Il porta sa main à son front et lui affligea une pichenette. « Je suis le genre de gars qui peut te rouler une pelle maintenant sans rien ressentir et l’oublier le lendemain. Alors ne te tracasse pas trop la tête ok ? » Il finit par porter sa main à ses cheveux et les ébouriffa. Sa coiffure toute bien entretenue l’agaçait.

Provoquer Masaomi était la dernière chose à faire. Plongeant son regard dans le sien, il prit entre ses mains les poings de la jeune fille qui tiraient sur son col, un léger sourire amer dessiné sur ses lèvres. Elle recula en même temps que lui quelques secondes plus tard, ayant compris qu’il ne fallait pas trop tenter le diable. Son comportement l’avait légèrement irrité. De quel droit se comportait-elle de la sorte avec lui ? Qu’avait-elle à prouver ? Il tapota son col du bout des doigts sans la quitter des yeux, l’écoutant en silence. « Sans moi tu serais encore là bas à servir des vieux pas nets soupçonnés de pédophilie. » rétorqua-t-il en un souffle. Il n’était pas près de digérer son comportement décalé à son égard. Il allait la faire payer plus tard. Suite à sa demande, il lui reprit la main par réflex et regarda autour de lui. Sa maison ne devait pas être très loin. Ils seront là bas en moins de cinq minutes. « On va prendre cette ruelle et on débouchera juste en face de chez toi… » murmura-t-il en montrant du menton une allée éclairée par quelques lampadaires. Les rues étaient presque désertes à cette heure ci.

Il se mit à marcher sans s’arrêter, prenant brusquement des tournants plus ou moins serrés. Certaines ruelles n’étaient pas commodes du tout et faisaient froid dans le dos. On pouvait facilement imaginer une scène d’homicide ou de viole dans ce genre d’endroit. Il ne serait pas du tout étonné s’ils tombaient sur un cadavre ou un clodo à moitié mort d’overdose dans un coin juste à côté d’une poubelle. Après quelques minutes de marche, ils débouchèrent sur la rue où vivait Kat. « Voilà, juste en face de chez toi. » annonça-t-il, pas peu fier d’avoir eu raison. Il avait tenté la chance en prenant des rues qu’il ne connaissait pas du tout. Il laissa la jeune fille en face de la porte d’entrée puis tourna les talons et fit quelques pas avant de se rappeler l’affront qu’il avait subit il y avait à peine quelques minutes. Il avait failli oublier cette scène. Il se retourna, attrapa le bras de la jeune fille et la plaqua violemment contre le mur. Il se devait de lui rappeler qui était le plus fort des deux, qui avait le pouvoir. Il prit le menton de la jeune fille de sa main et la força à lui faire face. Il ne laissera plus jamais passer un comportement pareil. Ses lèvres se rapprochèrent des siennes avant de combler le vide qui les séparait. Il n’y mettait pas tout son entrain, mais juste le nécessaire pour lui couper le souffle. Sa respiration restait calme et fluide tandis que sa langue faisait tout le travaille. Les quelques secondes qu’avait duré le baiser semblaient une éternité. Quand il le jugea nécessaire, il s’arrêta et sépara ses lèvres de celles de la thaïlandaise, avant de la fixer d’un air morose. « Ne me provoque plus jamais. » A ces mots, il se redressa et reprit le chemin du retour. Encore plus agacé qu’avant.

Tout en marchant le long de la rue au sens inverse, il entendit la complainte de la jeune fille derrière lui. S’il avait envie de lui ordonner quoi que ce soit, il allait le faire. La personne qui allait lui empêcher d’agir comme bon lui semblait n’était pas encore née. Elle n’avait toujours pas compris que des deux, c’était lui le plus fort. Et son sale caractère n’aidait pas. La jeune fille l’arrêta et commença à lui déblatérer une vague de mots inutiles qui commençaient à le fatiguer. Finalement, elle aussi arrivait à lui pomper son énergie vitale quand elle le voulait. Il leva un sourcil à son propos, le prenant au premier degré. Peut-être était-il las ou alors juste pressé de partir, le fait était que son humour avait disparu aussi vite que son humeur avait l’habitude de changer. « Non. Je n’avais pas pensé à ça. Je l’ai fais juste comme ça, parce que tu semblais le vouloir. » Et aussi parce qu’elle avait eu le culot de le mettre à l’épreuve. Mais ça, il lui avait déjà dit une fois la tâche accomplie. Il soupira une énième fois intérieurement, elle ne semblait pas vouloir s’arrêter. Toujours à se plaindre pour des futilités. « C’était juste un baiser, où est le problème ? » il se lécha les babines, les yeux levés au ciel, l’air pensif. « Pourtant, moi, ça ne m’a pas tant gêné, c’était sympa. » Il avait l’habitude de ce genre de chose, et Kat n’était pas spécialement douée. Il haussa les épaules après avoir conclu qu’il allait oublier cet épisode au bout de quelques jours. Ce n’était pas un baiser inoubliable après tout. « D’accord, si tu veux. Tant que tu ne me refais pas un coup du même genre. » C’était de sa faute, et uniquement la sienne si elle s’était faite embrasser. Au moins maintenant elle allait éviter de parler sans réfléchir.

Il désigna la porte d’entrée de l’immeuble de son menton. « Vas-y rentre chez toi. Il se fait tard. » Il lui tapota la tête vite fait avant de partir pour de bon. Le pas légèrement plus rapide que la première fois, ne voulant pas que la blonde n’ait encore à se plaindre ou ne l’empêche de retourner aux dortoirs.