Réfléchis. Cette boîte doit bien être quelque part… Les mains plongées dans son large sac, Aileen tentait en vain de remettre la main sur les biscuits qu’elle avait si précautionneusement préparés avant d’abandonner l’appartement cet après-midi-là. Introuvables. Heureusement, paniquer n’était pas vraiment dans ses habitudes. Elle avait dû les laisser sur le plan de travail avant d’abandonner la cuisine, qu’avait-elle pu faire d’autre ? Elle était pourtant certaine de les avoir emmenés avec elle. Il fallait absolument qu’elle les retrouve. Maintenant.
Lorsqu’elle se redressa, un soupir échappa à ses lèvres tandis qu’elle coinçait quelques mèches de cheveux derrière son oreille. Il fallait qu’elle essaie de se rappeler du dernier moment où elle avait vu cette satanée boîte. Compte tenu des problèmes qu’elle aurait pu causer, c’était même impératif. Elle décida d’y réfléchir en rejoignant tranquillement la bibliothèque où elle comptait passer les prochaines heures. Tranquillement, sans se presser. Elle n’en avait pas besoin, elle était totalement innocente.
Elle franchit tranquillement la porte du bâtiment, s’engouffrant à l’intérieure en même temps que quelques autres étudiants, s’installa tranquillement à une table et sortit sa trousse ainsi que le cahier où elle prenait ses notes. C’est alors que le souvenir la frappa. Elle se rappelait ces gestes. C’était ça ! Elle l’avait oubliée lors de son dernier laboratoire ! Oh non. Son regard passa discrètement sur les personnes qui l’entouraient alors qu’elle remettait en place le matériel qu’elle venait de sortir et rebroussait chemin, son sourire habituel sur le visage.
Il fallait qu’elle y retourne. Maintenant. Avec un peu de chance, personne ne l’avait remarquée, cette boîte.
Sans courir, elle fit rapidement le trajet inverse de celui qui l’avait menée à la bibliothèque, afin rejoindre le laboratoire qu’elle avait quitté quelques minutes plus tôt. Personne ? Si, il y avait quelqu’un. Les dents de l’étudiante se serrèrent légèrement quand elle le constata. Bon, elle l’avait déjà vu. L’air de rien, elle s’approcha de la place où elle se trouvait un peu plus tôt, fronçant les sourcils en constatant que son bien n’y était pas.
« Hey, t’aurais pas vu … » Là. Elle se sentit blêmir sous sa couche de fond de teint. « Oh, merde. » La boîte était ouverte. Pleine de gâteaux, mais ouverte. Non, non. Elle se saisit vivement du récipient, essayant de compter mentalement les éléments qu’elle contenait. « T’en as mangé ? »
Oui, ça pouvait faire quelque chose. Non, elle n’était pas généreuse lorsqu’il s’agissait de ce genre de nourriture. La nourriture qu’elle préparait pour son petit ami, et pas pour n’importe quel camarade de classe qui aurait eu la brillante idée de tomber sur la boîte qu’elle avait emmenée avec elle.Calme, Aileen, rien ne disait qu’il y avait vraiment touché.
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Ce message a été posté Ven 20 Mai - 23:10
can't touch this♡ aileen & satoshi
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Il avait faim. Oui, non, pire, Satoshi mourait littéralement de faim. Après avoir vidé son frigo au matin pour réunir savamment tout les produits qu'il y trouvait afin que ses frères aient de quoi déjeuner. Le problème, c'est qu'une fois terminé, il n'y avait plus rien pour lui et il n'avait pas assez d'argent pour s'acheter de quoi manger. Prétextant qu'il tiendra sans problème jusqu'au soir, la faim s'était tristement faite sentir... Une seconde après qu'il ait fermé la porte de l'appartement. Cet idiot devait se manifester quand on ne lui demandait pas son avis, comme s'il savait d'avance qu'il ne sera pas nourrit et qu'il jugeait important que quelqu'un le fasse.
Ses cours furent suivis avec néanmoins toujours autant d'assiduité. Il ne devait pas se planter, il ne devait pas rater le moindre examen, c'était crucial. Tenter des études quand on a pas le moindre sous était ambitieux, il le savait, s'il voulait espérer garder sa bourse, il devait toujours obtenir de meilleurs résultats, il n'avait pas le choix. Satoshi était parfaitement conscient de tout ça. Il prit ses notes avec assiduité, sans réellement faire attention à ce qui se passait autour de lui jusqu'à la fin du cour.
Pour ne pas être confronté aux autres qui mangeaient, il s'enferma dans le laboratoire pour travailler encore un peu quand son regard croisa le sien. Il était beau, si beau, il donnait l'impression d'avoir tant à lui donner. Satoshi regarda autour de lui. Ils étaient seuls, mais il n'osait pas, il n'avait pas le droit. Et si quelqu'un entrait ? Les lèvres du Coréen se pincèrent et il se leva, avançant lentement vers lui, son sourire élargissant ses lèvres une fois qu'il l'eut en main. C'était des gâteaux. Il fit le signe de la croix pour remercier Dieu qui était de son côté, pour une fois.
Délicatement, il ouvrit la boite, humant le doux parfum qui s'en dégageait. Ils avaient l'air tellement bons. Il vérifia encore une fois que personne ne le voyait avant de doucement l'approcher de ses lèvres, sursautant en entendant la porte s'ouvrir, il se stoppa net, n'osant plus le manger. Sa bouche s'ouvrit un peu en la regardant. Elle lui parlait. Il devait répondre un truc. Elle était si belle. Il avait envie de sauter par la fenêtre comme ça, on en parle plus. Surtout quand elle remarqua les gâteaux. C'était à elle. Il savait bien que Dieu n'était pas de son côté. Ce bâtard de Dieu qui le trahissait une fois encore.
« Je... Non... Oui j'en ai mangé... Enfin non... Peut-être et... » Mais non t'en as pas mangé, dis-le, arrête d'être con, fais un truc. « Tiens, reprends les, enfin, ils sont bons. Ils ont l'air. Oui, voilà, tu vois. »
Satoshi se leva, s'éloignant un peu d'elle, il ne pouvait pas se tenir plus droit et avoir l'air moins ridicule, il le savait. Il essayait de trouver quoi dire, quoi faire, mais il ne voyait qu'une solution, pousser la fille et courir vite, loin, au Pérou.
☆ ☆ ♥ ♪ + La simple vision de cette boîte entre les mains d’un garçon de sa classe suffit à donner la nausée à Aileen. C’était mauvais, très mauvais, et s’il avait eu la mauvaise idée de goûter à l’un de ces gâteaux, elle ne donnait pas cher de sa peau. Certes, elle dramatisait, elle savait que la dose qu’elle administrait quotidiennement à Ayano n’était pas suffisante à le tuer, mais le fait qu’elle souhaite en finir avec son petit ami ne justifiait en rien qu’elle laisse un camarade s’intoxiquer bêtement, pas vrai ? Elle n’avait pas réfléchi deux secondes avant de se saisir de son bien, comptant mentalement les éléments qu’il contenait, bien qu’elle ne parvienne pas à se rappeler exactement du nombre de gâteaux qu’elle y avait placés.
Habituellement, l’étudiante se montrait terriblement calme. Elle ne s’intéressait pas à ce qu’il se passait autour d’elle, aux ragots qu’on rapportait, ou du moins pas plus que quelques secondes ; mais ici, c’était vraiment différent, on risquait de s’attirer des ennuis par sa faute, et ce n’était pas parce qu’elle avait des tendances destructrices qu’elle voulait voir ce type crever à cause de sa cuisine. En plus, il avait l’air un peu perdu… Il en avait peut-être déjà mangé et elle avait trop forcé sur la dose ? Qu’il ne s’évanouisse pas là, tout de suite, elle n’était pas prête à le rattraper. Elle roula doucement des yeux devant une telle confusion, lui désignant la boîte une nouvelle fois.
« Bon, t’en as mangé, oui ou non ? » Allez, c’était pas difficile comme question quand même. « Je dois le savoir. »
Oui, c’était important. Il allait falloir qu’elle trouve une excuse pour laquelle c’était important. Elle pouvait lui inventer qu’elle avait mis un médicament dedans afin de se soigner ? Ce n’était pas totalement faux, dans un sens ; c’était un médicament dont elle se servait pour guérir son existence de la pire maladie qui soit : son petit ami. Le pauvre ne captait pas ce qu’il se passait et commençait doucement à voir sa santé décliner, mais au vu de ses pratiques, qui aurait pu penser que c’était à cause d’elle ? Elle se contentait de sagement l’observer en s’occupant de lui.
Elle referma la boîte après quelques secondes pour la remettre dans son sac, attendant toujours la réponse de l’autre étudiant. Les personnes de sa classe ne l’avaient jamais dérangée et elle appréciait même une grande partie d’entre eux. Le seul problème, c’était Ayano, alors elle ne tenait pas à ce que ce garçon, aussi confus soit-il, se retrouve malade parce qu’elle avait osé oublier ses biscuits dans une salle de cours. Dieu merci, ce n’était pas un enfant qui l’avait trouvé ; elle s’en serait voulu toute sa vie.
« C’est quoi ton nom ? » Demanda-t-elle finalement, penchant légèrement la tête sur le côté.
Oui parce que ça, aux dernières nouvelles, il ne risquait pas de l’avoir oublié ; sauf si elle avait à faire à un véritable roi de la bêtise, mais il ne pouvait pas être à la fois con et étudiant en médecine… Quoique, plus rien ne la surprenait depuis qu’elle était avec l’autre idiot.
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Elle était si belle, et les filles trop belles, ça lui faisait clairement peur. Parfois, il regrettait de ne pas être gay, il aurait l'air moins con dans ce genre de situation. Bon, avec la chance qu'il avait, il aurait sans doute peur des mecs trop beaux, et il aurait eu l'air con aussi. C'est triste, ce destin, de passer pour un con quoiqu'il arrive. Il aimerait se lever, se planter devant elle, être charismatique en lui disant que non, qu'il n'en avait pas mangé mais qu'il voulait en manger et qu'elle ferait mieux de lui en donner, mais non. Il allait se contenter de bégayer, de dire n'importe quoi, de prier pour qu'on vienne faire un attentat dans l'université pour le sauver. Mais comme toujours, rien ne se passait comme il le voulait et ça lui faisait beaucoup de peine.
Non, Satoshi n'en avait pas mangé, et il le savait très bien, enfin, il crevait encre la dalle, c'était une preuve suffisante, mais elle l'impressionnait un peu trop. Elle avait un visage si rond, si mignon, et des jambes si longues. Oh, trop longue. Enfin, pas assez. Une femme n'a jamais des jambes assez longues. Et elle était grande pour une fille. Il était encore bien plus grand qu'elle ! Mais en même temps, il n'avait jamais rencontré une fille aussi grande que lui, ou de sa taille, il était plutôt fier d'être si grand, ça lui donnait presque un air imposant. Mais pour le moment, il devait juste répondre à une question très simple, une question à laquelle même Hideyoshi aurait la réponse.
« Ben en fait... Il me semble... Enfin, il me semble que genre... » Que quoi, bordel, dis le, tu le sais très bien, tu le sais parfaitement. « Arrête de me regarder comme ça, s'il te plait. » Ou il allait mourir de suite. Et il ne pouvait pas mourir, il avait deux enfants à charge. Bon, Kwan Sun était presque majeur et Hideyoshi l'était depuis peu en Corée du Sud, mais voilà, des enfants quand même. « Non, j'en ai pas mangé, je crois pas. »
Comment ça tu crois pas ? « Enfin je suis sûr. » Voilà, mieux. « Peut-être... » Le con. Pourtant, on notait qu'il faisait vraiment de son mieux et qu'il y mettait tout son petit cœur de Coréen pour tenir la route. Il n'y avait vraiment qu'avec ses frères qu'il avait l'air un peu près normal ? En même temps, s'il était aussi mal à l'aise avec eux, ça le ferait moyen. Il devait se comporter en adulte responsable, être ferme, autoritaire. Comment il faisait ? Il devrait prendre des cours avec lui même.
« Je m'appelle Jin Hwan... Attends... » Non, Satoshi, non. Officiellement, ça fait déjà quatre ans que ce prénom ne figure plus sur ta carte d'identité. La panique, se souvenir de son prénom. Tous le monde l'appelait comme ça, allez, même ses frère. La seule personne à l'appelé ainsi est parti depuis longtemps. « Non, non, pas Jin Hwan, plus maintenant, non. Heu... Satoshi. Moon Satoshi. Voilà, c'est ça. Moon Satoshi. Moon, c'est coréen, je viens de Corée du Sud, de Séoul. C'est vraiment une ville sympa. Aussi bien que Tokyo, enfin c'est pas pareil. Tu vois. Non tu dois pas voir mais... » Qu'on vienne le sauver, là, maintenant. Il commençait à raconter n'importe quoi, son taux d'anxiété avait dépassé le quota journalier qu'il s'autorisait et c'était la panique. « Et toi ? On est dans la même promo, je sais pas si tu sais, je t'ai déjà vu, mais je sais pas ton nom, enfin, j'aurais pu cherché, mais ça aurait été bizarre, et j'y ai pas pensé du coup... »
Du coup, tu pourrais la fermer ? Son regard se posa sur la fenêtre. Non, Satoshi, non, tu ne dois pas sauter. Tu as deux frères qui ont besoin de toi. Si ces cons étaient moins cons, justement, peut-être qu'il pourrait se suicider en paix. Bordel, on est vraiment libre de rien dans ce monde.
☆ ☆ ♥ ♪ + Désespérée, elle était profondément désespérée. Elle se sentait comme le jour où Ayano avait eu la bonne idée de jeter sa culture de moisissure parce qu’il trouvait qu’elle était là depuis trop longtemps. Tristesse. Cet homme n’avait aucune patience et préférait respirer les champignons plutôt que les cultiver. Or, la culture, c’était important ! Enfin, là, ce qu’elle trouvait crucial, c’était obtenir la vérité de la part de son camarade qui, pour son plus grand malheur, n’était pas très coopératif.
Croisant les bras sous sa poitrine en l’observant longuement, dans l’espoir d’une réponse un peu plus cohérente, elle fut un peu plus triste encore. Qu’essayait-il d’accomplir ? Était-elle soudainement devenue Conan ? Elle réprima difficilement un soupir, il lui faisait tellement de peine. À sa demande, elle détourna les yeux, avec un peu de chance, il n’allait pas continuer à raconter des conneries et lui donner la véritable réponse à sa question ? Elle commençait sérieusement à envisager l’idée de le laisser là, qu’il en ait mangé ou non, de toute façon. Mais non, c’était mal. Pas les camarades.
« Si je te dis qu’ils étaient périmés d’un mois, tu te décideras, oui ou merde ? »
Ce n’était pas exactement ce qu’il se passait, mais elle ne pouvait pas lui dire. Ses bras retombèrent mollement sur ses côtés en un geste de désespoir. Il était vraiment futur médecin ? C’était pas une blague ? Cette fois, elle le laissa s’enfuir, ce soupir, en l’observant d’un œil profondément préoccupé. Il le faisait exprès ? Ok, il lui avait demandé de ne pas la regarder, mais cela commençait vraiment à devenir pénible. C’était peut-être de sa faute, elle n’avait pas à oublier des biscuits nocifs dans une salle de classe, mais il y avait quand même des limites à la lenteur et là, là, il avait un bon niveau. Très bon.
Jin Hwan ? Ça ne sonnait pas très japonais. Pas qu’elle soit raciste, mais elle était toujours interpelée lorsqu’elle rencontrait des étudiants étrangers, un peu comme cette fille avec qui elle discutait souvent de maquillage. Il y en avait quand même pas mal dans le coin. Mais visiblement, ce type n’avait pas fini de la désespérer et lui arracha un froncement de sourcil en changeant d’avis. Sur son propre prénom ? Elle voulait bien être patiente, mais il ne fallait pas non plus se payer sa tête. C’était quoi son problème ?
« Ok. » Bon, elle aurait pu être plus bavarde, mais elle était choquée. Elle posa un index contre sa tempe en essayant de savoir si ce type était bien réel. « Dis-moi, Jin Hwan, Satoshi ou qu’en sais-je, t’as des problèmes de mémoire ? » Elle ne put retenir un ricanement. « Non parce que ça sert à rien que je te donne mon prénom si tu l’oublies deux secondes après. »
Il l’amusait, son sourire ne manqua pas de la trahir à ce niveau et, après un moment, elle se redressa pour croiser les bras et hausser les épaules, refermant tranquillement son sac.
« C’est Shibata Aileen, mais c’est pas important. »
Qu’est-ce qui l’était, de toute façon ? Savoir s’il avait mangé des biscuits ou non. Ça ne lui serait jamais venu à l’idée de toucher à de la nourriture qu’elle ne connaissait mais elle ne savait pas s’il... Oh. Elle s’approcha de lui après un instant et saisit sa mâchoire fermement.
« Ouvre la bouche. »
Elle menait l’enquête, puisque la victime ne semblait pas coopérer. Fronçant les sourcils, elle attendit sagement qu’il s’exécute, histoire de pouvoir obtenir la vérité, enfin, comme il semblait terriblement confus. Cette histoire de biscuit risquait de la faire passer pour une fille bizarre, mais elle s’en moquait totalement. Elle le lâcha un instant à peine après l’avoir attrapé, haussant les épaules.
« Ou bien non, oublie. Ça regarde que toi si tu voles la nourriture des autres. »
Il allait avoir mal au ventre, peut-être mourir. Bon, pas mourir, elle n’était pas assez bête pour mettre une dose mortelle de son produit dans quelques biscuits, et quelque part, elle s’en félicitait.
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Un sursaut le prit quand elle lu parla si agressivement. Oui ou merde ? Oh, si rude. Il cligna plusieurs fois des yeux en la regardant, sa main contre son torse. Il n'avait pas peur, elle ne lui faisait pas peur. Bon, vraiment pas. Il n'était pas stupide, il savait qu'il était plus fort qu'elle, même si Satoshi la trouvait bizarre, à s'exciter autant pour ces biscuits. Ce n'était pas comme s'il n'en restait plus. Avec Hideyoshi, il voyait bien ce que ça faisait, une addiction trop fort à de la nourriture, mais lui, il pleurait, ça passait mieux. Il avait l'impression qu'elle allait le fracasser s'il ne lui disait pas. Et ça la rendait d'autant plus bizarre, d'ailleurs. Ses sourcils se froncèrent un peu en regardant la jeune femme
« Pourquoi ça t'énerve autant ? C'est bizarre. »
Satoshi lui lança un regard suspicieux, tentant de comprendre, de déceler la vériter, mais non, il ne voyait pas. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi elle était comme ça ? Ces biscuits, peut-être qu'elle les avait préparé pour quelqu'un de spécial, et qu'elle ne voulait pas qu'un autre les mange ? Son petit-ami peut-être. Satoshi n'avait jamais compris ces trucs, ces machins de couple. Ce n'était pas pour lui. Il n'était pas très romantique, ou quand il essayait, il finissait par foutre le feu ou tuer quelque chose. Non, définitivement, ce n'était pas pour lui.
« Satoshi. » Pas Jin Hwan, il lui avait dit qu'il s'était trompé. Le con, il s'était trompé sur son prénom. Il pourrait lui expliquer toute l'histoire mais il doutait qu'elle ait envie de l'entendre ou qu'elle trouverait ça passionnant. Ça ne l'était pas, rien de ce qu'il avait à raconté ne l'était. C'est pour ça qu'il ne racontait jamais rien. Il laissait Totoro lui parler de ses mille amantes imaginaires, Mei parler de capote et de cul, mais lui, il n'avait jamais rien à dire. Il ne connaissait pas le goût des capotes et il n'avait pas d'amante. Même pas imaginaire. Putain.
Des problèmes de mémoire ? Satoshi secoua doucement la tête. Non, elle était très bonne, sa mémoire. Il se souvenait de beaucoup de choses, presque de tout. Il arrivait encore à se souvenir de sa mère, de quelques bribes de sa vie avec elle alors qu'il avait moins de cinq ans et ce n'était pas donné à tous le monde. Il avait donc, logiquement, plutôt une bonne mémoire. Mais il doutait qu'Aileen ait vraiment la moindre compassion pour lui concernant ça. Parce que oui, Aileen, c'était son prénom. Et il trouvait ça bizarrement beau.
Pas aussi beau que lorsqu'elle saisit sa mâchoire. Elle était près, tellement près. Ça le perturbait. Elle était vraiment belle, aussi. Trop belle. Pourquoi est-ce qu'on la laissait en liberté comme ça ? Elle avait le droit ? Non, sans doute pas. Qu'on l'arrête. Respirant une fois qu'elle l'eut relâché, il s'écarta un peu.
« Pourquoi, y avait quoi dans ces biscuits ? Enfin, je comprends pas pourquoi c'est si grave. Que j'en ai mangé ou pas. Et pourquoi tu te promènerais avec une boite de biscuits périmés ? Ça a pas de sens. »
Sherlock Moon à l'attaque. Et il allait se calmer un peu. Beaucoup. Vraiment. Définitivement.
☆ ☆ ♥ ♪ + Ce type était vraiment bizarre. Plus elle le regardait, plus elle se demandait s’il était vraiment réel ou si ce n’était qu’un élément superflu créé par son imagination en cet instant de profond stress. Heureusement, son cerveau lui rappela rapidement que les biscuits ne volaient pas encore seuls dans les airs et que, non, ce n’était pas possible qu’un esprit ait réussi à déplacer la boîte. Ou peut-être que si ? Sans chercher plus loin, elle continua à l’observer alors qu’il arborait son air suspicieux.
« Ça n’a rien de bizarre. C’est normal de ne pas aimer que les autres touchent à nos affaires. »
Cela ne justifiait pas qu’elle agresse ce pauvre bougre, mais c’était devenu le cadet de ses soucis au moment même où elle l’avait vu en possession de ses précieux biscuits. Dieux, ce qu’elle aurait aimé qu’il ne soit qu’un indésirable, comme Ayano ; elle aurait pu le laisser crever après avoir avalé ces pièges sucrés, sans ressentir aucun remords. Mais n’en ressentait-elle vraiment aucun ? Elle-même n’était plus certaine de ce qu’elle pensait lorsqu’elle confectionnait ces petites douceurs toxiques, elle n’avait plus l’esprit clair depuis bien longtemps, de toute façon. De sa faute à lui.
Aileen avait toujours été un peu bizarre, mais les choses avaient empiré depuis qu’elle était venue emménager à Tokyo avec Ayano. Elle avait touché à des substances qu’elle n’aurait certainement pas imaginées, avait senti sa propre santé se dégrader peu à peu, à commencer par son poids, et elle n’avait plus été capable de sortir sans maquillage, sans faire des efforts afin de ne pas laisser paraître une seule des marques qu’il lui laissait. N’était-elle pas dans un cas de légitime défense ? Il faudrait qu’elle se renseigne, histoire de pouvoir se préparer, juste au cas où.
Pour l’heure, quel que soit son prénom, elle s’en moquait bien. Il aurait encore pu s’appeler Paul que ça n’aurait strictement rien changé à son existence. En plus, s’il ne s’inquiétait pas plus que cela pour sa propre mémoire, ça n’était pas son problème, pas vrai ? Ce qui l’était un peu plus, en revanche, c’était les gâteaux, et quand elle comprit qu’elle avait été un peu trop réactive à ce sujet, Aileen observa l’autre étudiant sans savoir quoi faire.
Ce qu’il y avait dans les biscuits ? Pourquoi elle se baladerait avec des biscuits périmés ? Un faible ricanement échappa aux lèvres de la métis alors qu’elle passait une main dans ses cheveux pour les remettre en place.
« Des médicaments assez forts. » C’était tout ce qu’elle avait trouvé, sur le moment, mais ça devait faire l’affaire. « Mon petit ami est très malade et refuse de les prendre, alors m’y prends autrement. »
Elle croisa les bras et haussa les épaules avec nonchalance avant de reposer les yeux sur Satoshi, espérant que son cher camarade mordrait à l’hameçon. Le mensonge était si gros, si improbable. Reste qu’avec une dose inappropriée de médicaments, il pouvait avoir des problèmes, raison pour laquelle elle devait le protéger et l’empêcher de manger ces biscuits. Il fallait juste prier pour qu’il y croie maintenant. Prier fort.
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Cette fille, il la trouvait bizarre. Et franchement, que le chef du gang des weirdos vous trouve bizarre, c'était que quelque chose clochait vraiment. Aileen était si belle, et elle sentait tellement bon,il se demandait si c'était tout à fait possible d'atteindre ce stade de perfection physique. Il en était profondément troublé, son regard posé sur elle, il essayait de comprendre ce qu'elle avait, ce qui la poussait à réagir aussi excessivement.
Parce que non, elle pouvait lui faire croire ce qu'elle voulait, certes c'était légitime de ne pas aimer que quelqu'un touche à ses affaires, pas de réagir comme elle l'avait fait. S'il ne s'agissait que de cela, elle n'aurait pas demandé s'il en avait mangé, elle n'aurait pas essayé de savoir d'elle-même. Sherlock Moon, encore en action. Il voyait bien que la situation n'était pas ordinaire, et sans doute que ça l'intriguait un peu trop.
Son regard ne la quittait pas quand elle commença à rire, fasciné comme jamais, il essayait de comprendre. Des médicaments pour son petit-ami? Dans des gâteaux ? Ses sourcils se froncèrent, peu convaincu. Et on pouvait souvent faire gober n'importe quoi à Satoshi, là, il avait juste du mal à vraiment trouver ça cohérent.
« Il a quoi comme maladie pour refuser de prendre ses médicaments ? » En général, c'était les médicaments de psychiatrie qu'on refusait de prendre pour les effets secondaires. « Je sais pas si c'est très légal. »
Est-ce que ça ne revenait pas à droguer une personne à son ainsu ? Vraiment, Satoshi, toi tu veux faire une leçon de morale à quelqu'un ? Genre vraiment ?
« Et t'es au moins sûre que tu peux les cuirs ? Parfois, ça perd son efficacité. » Les médicaments qu'il donnait parfois à Hideyoshi pour l’assommer, par exemple, cuit, ça n'avait plus le moindre effet.
La conversation était bizarre, cette fille aussi, pourtant, il continuait de la regarder avec ce même air intrigué. Est-ce qu'elle lui mentait ? Il en avait l'impression mais en même temps, il avait toujours de mauvaises impressions.
☆ ☆ ♥ ♪ + Les médicaments, ne c’était pas la meilleure idée qu’Aileen avait pu avoir de sa vie. Il y en avait tellement, des choses à dire à propos de ces biscuits ! Ils pouvaient être périmés, préparés avec un fort allergène (mais une fois encore, comment aurait-elle pu justifier ça devant ce garçon ?) ou rempli d’une substance nocive… Ah, elle ne pouvait décemment pas révéler la vérité à l’un de ses camarades de classe, elle aurait dû se débarrasser de lui ensuite et faire passer ça pour un accident. Enfin, si elle avait osé. Avec sa chance, l’autre l’aurait simplement raconté à une autorité supérieure et elle aurait fini en taule. Cette simple idée lui donna un frisson.
Pendant quelques secondes, l’étudiante garda les yeux rivés sur le visage de son interlocuteur, espérant qu’il tomberait dans le panneau et la croirait, qu’il avalerait l’énorme couleuvre qu’elle tentait de faire passer pour une saucisse. En vain. Elle le comprit en entendant sa question, mais s’efforça de ne rien laisser paraître, gardant son sourire habituel aux lèvres alors que ses yeux se plissaient doucement et que sa risette s’étirait un peu plus. Elle garderait le silence.
« T’as l’air affamé, Satoshi. Je t’offre quelque chose ? Je veux dire, autre chose que ça. » S’enquit-elle en tapotant innocemment le sac où elle venait de ranger son bien et en remettant la lanière sur son épaule. Faire diversion était le meilleur moyen d’éviter des problèmes avec un camarade de classe. « On pourrait aller au restaurant de la fac ? Il paraît que le choix d’aujourd’hui est intéressant. »
Parfois, elle s’étonnait elle-même d’être un si bon actrice. Enfin, c’était relatif. D’une main paresseuse, elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, laissant échapper un soupir alors qu’elle regardait son camarade, attendant avec impatience qu’il lui réponde et accepte son invitation si généreuse. Il fallait qu’il morde à l’hameçon et cesse de se poser des questions ridicules qui pouvaient lui attirer des ennuis, à lui ou à elle. Sans perdre son sourire, elle croisa les bras sous sa poitrine.
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Cette fille ne lui inspirait pas vraiment confiance, sans qu'il ne sache pourquoi. Oh, si, il savait pourquoi. Parce qu'elle avait cette réaction bizarre pour quelques biscuits. Ce n'était pas normal, ce n'était pas ordinaire. Pourtant, il ne remarquait jamais rien, Satoshi était toujours le dernier au courant de tout, il ne remarquait jamais rien alors c'était que pour une fois, c'était vraiment flagrant, autant que cette fille l'impressionne, ça l'intriguait. Il fallait qu'il comprenne mais, il n'arrivait pas à réfléchir quand elle le regardait avec ses yeux là. Il attendait sa réponse, il attendait une réaction, des explications. Mais il était un peu trop ambitieux.
L'air affamé ? Oui. Rien que de l'entendre dire, il sentit son ventre gargouillé un peu. Il crevait la dalle, littéralement, depuis ce matin. Elle changeait de sujet, il le voyait bien. Mais il mourrait de faim. Mais il ne pouvait pas laisser quelqu'un lui payer à manger comme s'il était un SDF... Bien sûr qu'il pouvait, bon sang, évidemment qu'il pouvait.
« Oui, enfin... Je sais pas trop... »
Si tu sais. Tu as faim. Et ta paie est toujours pas arrivé. Il n'avait pas envie qu'on paie pour lui, même si parfois, il pouvait bien l'accepter, comme quand il sortait avec Ryoma ou Yuto, qu'ils paient les verres, oui. Pas pour les choses élémentaires. S'il commençait à trop vivre au dépend des autres, il savait que ça n'ira pas. Tant qu'il le pouvait, il voulait pouvoir vivre de ses propres moyens, avec les bourses qu'ils obtenaient et son emploi. C'était important, mais en même temps, il n'était pas stupide, il savait que ce n'était pas suffisant la plupart du temps.
« D'accord. Si tu dis que c'est bon... »
Intéressant. Si c'était intéressant, c'est que c'était bon. Du moins, il essayait de s'en convaincre ainsi. Il sourit à Aileen, avançant timidement vers la porte. Les gâteaux, ça ne lui sortait pas de la tête, mais il pourra toujours en reparler en ayant mangé. Il sera plus apte à réfléchir.
« Bon, là, j'ai pas d'argent, mais quand j'en aurai, je te paierai à manger aussi, d'accord ? »
Parce que ça le mettait encore un peu beaucoup mal à l'aise. Il avançait dans les couloirs, se tenant de faire une petite danse random pour fêter le repas à venir, mais il allait se tenir. Tant qu'Aileen était là. Il se tourna furtivement vers elle, souriant un peu. Il fallait qu'il survive. Jusqu'après avoir mangé. Puis il avisera. Voilà.
☆ ☆ ♥ ♪ + À mesure qu’elle semblait reprendre le contrôle de la situation, Aileen retrouva son calme habituel et se contenta de proposer des choses, comme elle le faisait souvent. Aller prendre un repas au restaurant universitaire était totalement anodin, elle ne s’en faisait pas. Ce qui l’avait profondément inquiété n’était plus, ou du moins plus pour l’instant. Un sourire satisfait étira les lèvres légèrement maquillées de l’étudiante en médecin alors qu’elle attendait une réponse de la part de son camarade. Qu’il accepte ou pas ne changeait pas grand-chose pour elle, au final : il fallait simplement qu’il arrête de se poser des questions au sujet de cette histoire de biscuits.
« C’est comme tu veux, moi ça change rien. »
Bon, elle allait juste garder un peu plus d’argent pour elle, s’il ne venait pas. Elle conserva le sourire amusé qu’elle avait depuis quelques secondes et attendit qu’il se décide avant de quitter la pièce, tenant précieusement le sac qui pendait à son épaule, comme si l’on avait pu essayer d’y fouiller pour récupérer ce qu’elle y avait rangé. Il ne faudrait surtout pas qu’elle perde du temps lorsqu’elle irait les offrir à Ayano. Elle ne voulait d’un autre accident du genre de celui qui était arrivé à l’instant.
« Pas de problème ~ Mais au pire c’est pas grave, tu sais ? On va pas commencer à faire des comptes. »
Qu’est-ce qu’elle s’en moquait, de l’argent. Elle avait une bourse, d’autres problèmes bien plus sérieux que savoir si elle allait manger le lendemain. Parfois, elle se demandait simplement si elle allait encore partir en cours, vivre, tout simplement. Ayano avait parfois un comportement tellement bizarre qu’elle se demandait s’il n’allait pas essayer de s’en prendre à elle. Dire qu’elle l’avait aimé pendant si longtemps. Maintenant, elle voulait simplement le voir mort. Le pire, c’était qu’elle ne s’en voulait même pas. Elle le voyait déjà tousser comme un idiot, parfois, et ça l’arrangeait bien. Le jour où il partirait, elle serait libre. Enfin, presque.
Tandis qu’ils se dirigeaient vers le restaurant de l’université, Aileen ne prononça pas un mot, se contentant d’avancer. Elle n’avait pas grand-chose à dire sur l’instant et lui demander pour quelle raison il s’était attardé en classe n’aurait rien fait de plus que les ramener au sujet qu’elle essayait d’éviter. Là, elle s’approcha de l’endroit où se trouvaient les différents plats et sourit à son camarade.
« Choisis tout ce que tu veux, allez. »
Elle se saisit elle-même d’un plateau et commença à le charger calmement, sans se gêner pour autant. Elle n’était pas là pour se prendre la tête et se demander si passer pour une grande mangeuse était grave. Pour une fois, elle avait faim. Vraiment faim. Le stress, sans doute.
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Cette fille était tellement étrange, Satoshi devrait s'en méfier, au vu de la réaction excessive qu'elle venait d'avoir. Pour autant, il ne chercha pas à la fuir, non. Elle lui proposait de lui payer à manger et ça pourrait être Voldemort devant lui qu'il irait sans problème avec lui s'il lui proposait un petit fish & chips. Parce qu'il avait littéralement l'impression de ne pas avoir mangé depuis des jours. Et les bourses qui avaient du retard et sa paie qui n'arrivait que dans quelques jours. Il ne savat pas comment il allait faire, il s'en voulait de devoir passer par Aileen, une fille folle qui avait sûrement mis du cyanure dans ses biscuits.
Silencieusement, l'étudiant avança jusqu'à la cafétéria, observant Aileen sans oser faire la conversation. Elle l'impressionnait un peu sans qu'il ne sache exactement pourquoi, ni comment faire pour avoir l'air un peu moins bête devant elle. Pas commencer à faire des comptes. Il fronça un peu les sourcils. Pour lui, c'était vraiment très important. Satoshi ne voulait dépendre de personne, il ne voulait pas vraiment qu'on l'aide, il voulait s'en sortir tout seul. C'était comme ça qu'il fonctionnait depuis toujours, ne compter que sur lui-même. Même s'il se doutait bien que ce n'était pas toujours possible, il n'avait pas envie de changer.
« Non, non, c'est bon, je te rendrai la pareille. J'y tiens, tu sais ? »
Non, elle ne savait pas. Maintenant elle savait. Du mieux qu'il put, il tenta de lui sourire naturellement, prenant un plateau avant de regarder autour de lui. Son estomac se tordait et il essaya de le rassurer en lui disant qu'il aura bientôt quelque chose pour le remplir grâce à cette fille un peu psychopathe. Héroïne du jour, vraiment.
« Tout ce que je veux, vraiment ? »
Même si ses yeux brillaient d'émerveillement, il doutait qu'il allait dévaliser tous le buffet, même s'il en avait clairement envie. Il avait envie de tout prendre, de tout dévorer mais il se contenta de quelques plats, qui le tentaient le plus, et il se fit la petite folie du jour: un dessert. Souriant, absolument satisfait, il rejoignit Aileen, la remerciant plusieurs fois après qu'elle eut payé. Est-ce qu'ils allaient mangé ensemble ? Il avait envie de rester avec elle. Mais peut-être qu'elle, elle préférait manger seul. Il l'observa encore avant de se décider à la suivre, s'installant à la même table qu'elle.
« Merci encore, pour le repas. » Il sourit, prenant ses baguettes en tentant de maîtriser sa joie. « Ça a l'air délicieux, je sais pas par quoi commencer. » Surtout, se tenir de manger comme un morfale. « Tu paies souvent à manger aux gens pour acheter leur silence ? » Attrapant une croquette de légume, il commença par ça, manquant de mourir tant c'était bon. « Il y avait quoi dans les biscuits ? Tu veux toujours pas me dire ? »
Pourquoi est-ce qu'il insistait ? Il pouvait, non ? Elle n'allait pas lui confisquer sa nourriture ? Il mangea un peu plus vite, comme s'il craignait qu'elle le fasse. Ce serait quand même extrêmement cruel.
☆ ☆ ♥ ♪ +De manière générale, Aileen n’était pas une personne particulièrement remarquable en termes de sympathie. Elle était souriante lorsqu’il le fallait, mais elle était généralement grossière et se souciait peu des autres. En vérité, elle avait plus important à penser : à cause de Ayano et de son comportement irrespectueux, à cause des saloperies qu’il lui avait déjà fait prendre et de la façon dont il la traitait. Qui aurait souhaité s’intéresser au bien-être des autres, dans de telles circonstances ? Elle se contentait de regarder les jours passer sans s’intéresser plus que ça à leurs vies. De toute façon, une fois sortis de cette université, ils se lanceraient dans une petite compétition ridicule afin de savoir qui était le meilleur médecin. À quoi bon ? Reste que traîner avec eux ne la dérangeait pas, au contraire. Ça lui permettait de se sentir un peu plus normale.
« Comme tu veux ! »
Elle haussa les épaules et continua son chemin sans chercher à argumenter plus longtemps. Ça ne changeait rien pour elle, alors pourquoi aurait-elle dû ? L’argent était le cadet de ces soucis, ces derniers temps, et elle n’avait pas envie de commencer à compter. S’il décidait de revenir vers elle pour lui payer à bouffer, c’était tant mieux, sinon elle survivrait. Ce n’est pas comme si elle en était à dépendre des autres à ce niveau : son père l’aidait encore et elle recevait une bourse assez conséquente, compte tenu de ses notes en médecine, suffisamment pour que les dépenses d’Ayano ne la ruinent pas totalement. Elle se moquait du reste. Une fois sur place, elle haussa un peu un sourcil et dévisagea Satoshi malgré elle. Il était sérieux ?
« Oui ? » Ça lui semblait évident. C’était quoi son problème, au juste ? « Vas-y petit canari, tu es maître de ton destin. »
Un geste théâtral de la main plus tard, elle se saisit d’un plateau et commença à le couvrir de mets, décidée à remplir son estomac qui criait famine. Elle ne savait pas si elle parviendrait à le terminer, mais ce n’était pas grave. À croire que rien n’était grave à ses yeux et que le je-m’en-foutisme était devenu un de ses traits de caractère principaux. S’impatientant un peu, elle avança dans la file afin d’atteindre la caisse pour payer son plateau, oubliant presque la présence de Satoshi. En fait, elle ne s’en rappela qu’au moment où elle le vit arriver. Il fallait vraiment qu’elle empêche Ayano de lui donner des choses bizarres avant que sa mémoire n’en prenne un sérieux coup. Elle décida de ne rien dire et la laissa s’installer à sa table, posant son sac sur la chaise voisine.
« De rien, c’est normal. » Il avait l’air affamé, elle avait besoin d’une diversion. N’était-ce pas évident ? Il se posait des questions… bizarres, vraiment. Qu’il mange, c’est tout, pas besoin d’en faire une cérémonie ! Ou alors était-ce elle qui était profondément blasée ? Tous les mets avaient le même goût pour elle. Un goût amer. « De la farine, des œufs, du sucre et du chocolat… »
Portant son regard sur le restaurant, elle porta un peu de nourriture à ses lèvres, le mâchant tranquillement en espérant qu’il comprenne qu’elle n’avait aucune envie de discuter de tout ça avec lui, et surtout pas dans un lieu public comme celui-ci.
☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪ + Petit canari ? Satoshi grimaça au surnom avant de se forcer à sourire et hocher la tête. Elle lui payait à manger, alors il allait être sage et gentil avec elle. Cette fille était bizarre, Satoshi en avait l'intime conviction. Quelque chose en elle lui plaisait pour ça. Oui, elle était bizarre, elle avait l'air un peu glauque sans trop savoir pourquoi et ça lui plaisait. Il avait toujours été attiré par les filles un peu bizarre, hors du commun, et par elle, il l'était forcément comme elle était à part. Même si Aileen lui faisait un peu peur à sembler cacher quelque chose avec ces biscuits. Il avait envie de savoir. Pire, il avait besoin de savoir mais il ne pouvait pas insister de trop.
Alors un soupir quitta ses lèvres. La recette, oui. Elle mentait, c'était évident, le Coréen savait qu'il manquait quelque chose. Ou plusieurs choses, même. « C'est vraiment ce que t'as mis dedans ? » Ses yeux clignèrent un peu en la dévisageant. « Même pas un peu de beurre ? » Ou de quelque chose d'encore plus bizarre ?
Mangeant en silence, il essaya de réfléchir, sans oser réellement la regarder. Il tournait ça dans tout les sens mais ça ne voulait pas se lier, il ne comprenait pas. Mais elle lui avait payé à manger alors il n'allait pas chouiner trop longtemps, ce serait déplacé. Terminant son repas, il posa les baguettes en bois au coin de son assiette.
« Merci encore, pour le repas. » Doucement, il s'inclina devant elle pour appuyer les remerciements. Il lui en était vraiment reconnaissant. « Tu avais raison, le choix était intéressant aujourd'hui. » Un léger sourire orna ses lèvres, il essaya de ne pas avoir l'air trop nerveux. « Je vais te laisser maintenant... Au revoir ! On se reverra, d'accord ? »
Son sourire s'agrandit un peu. Oui, forcément, il étudiaient la même chose, c'était logique de se revoir. Et il devait lui payer à manger aussi. Sans réellement prêter attention à sa réaction, il tourna les talons pour quitter la cafétéria après avoir posé son plateau. Qu'est-ce qu'il avait, à la fin, dans ces gâteaux ?
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☆ ☆ Totoro totoro, totoro totoro ♪