■ il a l'hippocampe comme animal préféré ■ il a un frère jumeau nommé arata ■ il a passé un peu plus d'un an dans une famille d'accueil en Amérique ■ il est allergique au citron et aux piqûres d'abeilles ■ la vue du sang ne le dérange pas ■ il rêvait de devenir magicien lorsqu'il était plus jeune et connaît plusieurs tours ■ il gère bien son stress ■ il dort peu la nuit ■ il peut être assez collant ■ il possède un lapin angora nommé cookie ■ il a une peur bleue des chevaux ■ il écrit à ses heures perdues ■ il est végétarien

J’ai vu le jour le onze novembre, il y a désormais vingt-trois ans. Ça n’est peut-être pas important, certains trouveront même cela banal, mais cette date représente également le jour où ma mère a donné la vie à mon jumeau. Arata. Il a toujours représenté énormément de choses pour moi. Nous étions le reflet de l’autre, littéralement. Des jumeaux miroirs, comme ils aimaient nous appeler. Ça m’amusait tellement. Il était né le premier, il était un peu plus grand, un peu plus fort, alors que j’étais plus chétif et bourré d’allergies contre lesquelles je ne pouvais rien. C’est encore le cas aujourd’hui, après tous les changements que notre famille a connu depuis le jour où nous avons poussé notre premier cri, à seulement quelques heures d’intervalle.

Nos parents sont un pilote de ligne et une hôtesse de l’air. Complémentaires, diront certains. Clichés, diront d’autres. C’est la vérité malgré tout. Ils nous ont toujours aimés et chéris, même s’ils n’ont pas pu être présent et nous voir grandir tout au long de notre enfance. Notre mère, Hana, a effectivement dû reprendre le travail assez tôt après son accouchement et, comme ils pouvaient avoir une nourrice pour nous prendre en charge, elle a sauté sur l’occasion.

Cela nous a permis de rester ensemble pendant des années, Arata et moi. Je l’ai grandir, évoluer, apprendre des choses en même temps que moi. J’ai commencé à m’identifier à lui. Jusqu’au jour où a eu lieu son accident. Directement, l’inquiétude s’est frayé un chemin dans mon existence, omniprésente, douloureuse. Elle restait tapie dans mon inconscient lorsque j’osais imaginer qu’elle avait disparu. Arata risquait de s’éteindre à tout moment, son cœur pouvait lâcher. Si j’avais depuis toujours été considéré comme le plus faible des deux, le plus fragile, c’est ce jour-là que les rôles de son inversés.

Une opération lui a permis de survivre. Sous réserve, cependant. Il y avait toujours un risque, une probabilité qu’un nouveau problème surgisse de nulle part. J’ai vécu avec cette crainte pendant de longues années sans jamais pouvoir m’en défaire.

Ce sombre épisode mis de côté, notre enfance s’est déroulée de la façon la plus banale qui soit. Arata et moi avons grandi, évolué, nous nous sommes enrichis, édifiés. J’ai commencé à me passionner pour le métier de chirurgien en me convainquant qu’un jour, moi aussi, je serais capable de prendre en charge le frère de quelqu’un et de lui sauver la vie. Et pendant ce temps, de son côté, il montait sur scène et gagnait en notoriété, tout en suivant nos conseils avisés. Il ne devait pas trop pousser, il devait être prudent. Plus que jamais. La musique, c’était tout ce qu’il avait.

Mais petit à petit, le temps nous a séparés. J’ai commencé à avoir du mal à supporter d’être sans cesse une personne coexistant avec une autre. Sans Arata, je me retrouvais incapable de faire quoi que ce soit et mon jumeau, même s’il n’en avait pas forcément conscience, m’inquiétait plus que de raison. J’ai dû prendre des décisions, à commencer par m’éloigner un peu du cocon familial dans lequel j’étais confortablement installé.  

C’est ainsi que j’ai commencé par vivre un peu à l’écart de ma propre famille, avant de partir en échange à l’étranger grâce à un programme. En Amérique, l’espace d’une année environ, après avoir raté une année. Le besoin de changer d’air se faisait ressentir, celui de rencontrer d’autres personnes, de faire autre chose. Je ne savais plus si être médecin était vraiment ma vocation, si quelque chose d’autre n’aurait pas été plus adéquat. Après réflexion, je peux dire que oui.

Une fois de retour au Japon, j’ai renouvelé mon inscription à la RPS afin de poursuivre mes études. Toujours en médecine. Toujours avec les mêmes motivations. C’est là que j’en suis aujourd’hui, quelques mois après la reprise des cours, de notre côté du globe. Plus en tant que frère d’Arata. Juste en tant qu’Akira.