TENUE ★ Le séjour à New York s'était passé sans encombre avec Raijû, de quoi revenir avec des souvenirs en commun qu’on aurait surement jamais cru partager. Plusieurs jours étaient passés peut-être même quelques semaines déjà, je m’étais même fait une nouvelle couleur de cheveux en ayant eu assez du brun, je change souvent et n’importe quand donc ce n’est pas surprenant. Ce qui est plus étrange, c’est que je n’ai pas pu profiter de ma petite sœur, elle est surement entrain de profiter de ses vacances quelque part, sale ingrate qui ne me donne aucune nouvelle, je déteste quand ça grandit et oublie tout pour vivre leur vie. Une chose est sûre, ça se passe beaucoup mieux à la maison, les parents ont été heureux des cadeaux autant que les frères et sœurs, puis avec Raijû on discute et ne s’ignore plus en se tapant dessus, une grande évolution qui semble durer malgré les inquiétudes passées. J’étais sorti faire un tour, avec ce beau temps je n'avais pas envie de rester à la maison, donc j’ai rejoint quelques amis, on a bu un verre et mangé quelque chose au snack du coin, quand je suis rentrée il n’y avait personne. Tout le monde était sortie, surement à la plage pour les plus petits et les grands... qui sait. Montant a l’étage, je décide de poser le cadeau de Noa dans sa chambre, à force j’allais l’égarer à le garder dans la mienne et au moins elle ne le louperai pas quand elle rentrerait, mais bien que je ne sois pas un grand frère fouineur, laissant une grande liberté à sa petite soeur bien que prêt à la stalker pour la protéger, je fus attiré par une lettre mise en évidence comme si elle ne demandait qu’à être lu. J’hésite, mais le cachet de l’hôpital est inscrit dessus et je ne peux pas ignorer l’état de santé de ma cadette, lisant les quelques mots adressés à des examens qui ne semblent pas être les premiers je lâche le papier soudainement en ayant plus aucune réaction. J’ai mal lu ? Je secoue la tête avant de la ramasser pour relire et c’est le vide complet qui s’installe dans mon esprit. Je note le numéro du docteur sur un bout de papier, avant de m’empresser de retourner dans ma chambre, attrapant mon portable, les mains tremblantes, je galère à composer le numéro, mon corps entier est en train de me lâcher, m’assaillant sur le lit, je soupire, souffle et respire en attendant que quelqu’un réponde au bout du fil. Après une conversation de trente minutes à sens unique, elle se termine. Je n’ai pas prononcé un seul mot, tout ce que j’ai compris c’est que ma petite sœur était condamnée. Et que je l’ignorais. Les bras tombant sur mes cuisses, tenant à peine mon portable entre mes mains, je suis resté ainsi durant des heures, en fait j’ignore même combien de temps j’ai été ainsi figé, comme si j’étais sans vie, aucune réaction, rien. Le soleil avait quitté le ciel, me retrouvant dans le noir, je n’entendis personne entrer, personne me parler, déconnecté du monde j’étais seul dans les abysses, n’acceptant pas ce que j’avais entendu, ne comprenant pas, des larmes finissent par couler sur mes joues sans pour autant que je ne réagisse, même si quelqu’un entrée, je ne suis pas certain de l’entendre et le remarquer...

TENUE ★ De ce week-end à New-York, j'en ai gardé que des bons souvenirs. Grâce à ces deux jours, Hinata et moi avions complètement enterré la hache de guerre pour s'aventurer sur un nouveau terrain. Ce n'est peut-être pas encore l'amour fou, ni le lien fraternel auquel on s'attend, mais c'est mieux que rien. Un certains temps s'est écoulés depuis notre séjour et la vie a reprit son cours. Chacun est retourné à son boulot, chacun à continuer ce qu'il faisait avant de partir. Je suis retourné au club gérer l'entrée des jeunes, refusant quelques cas qui ne sont pas autorisés à mettre les pieds dans une boite de nuit. J'ai rouvert les portes de mon salon, accumulant les clients qui désiraient se faire tatouer, utilisant des tonnes d'heures à dessiner, à modéliser, à créer. ça n'a jamais été aussi dure qu'après être revenu de voyage, même si je déteste l'avion. Mon client de cette après-midi voulait un guerrier chinois sur l'intégralité du bras et autant dire que la première partie a duré longtemps, trop longtemps. Passer cinq à six heures sur la même personne, les yeux rivés sur les traits que je trace et imprime dans sa peau est fatiguant. Ce sera mon dernier client de la journée, quand celui-ci est parti, j'ai décidé de fermer la boutique et de rentrer chez moi. Je n'en peux plus, j'ai besoin de me reposer un peu avant de reprendre la même journée demain. Ce n'est pas mon tour de garde ce soir, donc je peux me coucher plus tôt et dormir plus longtemps. Prenant ma voiture, j'emprunte le chemin jusqu'à la maison et gare le véhicule devant, sur le trottoir. C'est calme, à croire que personne n'est rentré. J'appel, mais personne ne me répond. Retirant mes chaussures, je réceptionne mes rongeurs qui me courent dessus, grimpant le long de mes jambes jusqu'à atteindre mes épaules où ils s'agglutinent tous les deux dessus. « Bah alors ? Vous êtes seuls ? » Demandais-je à Ghost et Summer, bien qu'ils ne puissent me répondre. Du moins, c'est ce que je croyais, parce qu'à peine ai-je posé ma question qu'ils quittent mon épaule pour courir dans la maison, prenant les escaliers. Donc, je dois comprendre qu'il y a quelqu'un ici mais qu'il n'a pas voulu me répondre. Fourrageant dans mes cheveux, je suis les bêtes jusqu'à l'étage, celle-ci tournant en rond devant la porte d'Hinata. Saleté. Je ne tape pas, ouvrant brusquement le battant sans prévenir. « Tu pourrais me répondre quand j- » Il pleure ? Je me suis arrêté dans mes réprimandes pour le regarder, hébété. Pourquoi il pleure ? « Ce n'est pas la peine de chialer... Je n'allais pas vraiment te disputer, hein. » Je me sens coupable, même si je n'ai rien fait de grave. Ma fouine et ma belette profitent que la porte soit ouverte pour filer vers lui, cherchant sûrement un peu d'attention ou à lui remonter le moral. « Qu'est-ce qu'il y a ? On dirait que tu as été viré de l'aéroport. » Même cela sera dix fois mieux que la vérité dont j'ignore encore l'existence.

TENUE ★ À cet instant mon monde s’est réellement arrêté de tourner, il s’est simplement effondré m’écrasant entièrement dans la pénombre, sentant cet enfer me recouvrir sans que je ne puisse réagir. Tellement de questions m’ont traversé l’esprit, pourquoi Noa ne m’en avait elle pas parlé ? Comptait elle mourir seul loin de moi sans jamais me tenir au courant ? Pourquoi était-elle malade ? Pourquoi les médecins ne m’avaient rien dit aussi, je suis son frère et il y a papa... Puis toute la famille, depuis quand le sait-elle ? Comment de temps lui reste-t-il ? J’avais tellement d’interrogation sans réponse, le docteur m’avait dit l’essentiel et demandé de passé si j’avais d’autres questions, mais... Je n’avais pas la force de bouger, je savais Noa condamné et je ne pouvais rien faire, absolument rien. Quoiqu’il arrive j’allais perdre ma petite sœur comme j’ai perdu ma mère, elle allait disparaitre sans rien, sans mot, juste du jour au lendemain et je me sentais tellement oppressé, ma poitrine était en feu, je n’entendis pas du tout la voix de Raijû, ni de personne d’autre d’ailleurs. Même quand il rentre dans ma chambre mon esprit est ailleurs, silencieux, tout autour plus rien ne semble exciter. Les larmes coulent doucement, puis quand ma réalité revient me frapper, remarquant enfin la présence de mon demi-frère ce sont des flots qui se déversent alors que j’ai l’impression de suffoquer sous la nouvelle qui après des heures ne veut pas passer, la douleur et la peur, l’incompréhension et la colère, je suis rempli de tant de sentiments que ça en devient le bordel. Je n’ai pas le cœur à plaisanter avec Raijû, anéanti je n’arrive même pas à prononcer une phrase. Plaquant mes mains contre mon visage, je ne sais pas quoi faire, c’est un cauchemar, pourquoi faut-il qu’on me l’enlève elle aussi....

TENUE ★ C'est la première fois que je vois mon demi-frère dans cet état, c'est surtout la première fois que je le vois pleurer sans se cacher, sans vouloir échapper à mes yeux ou à mes plaisanteries. Il ne réagit pas quand je parle, il ne fait rien quand je m'approche de lui, c'est à peine s'il m'a remarqué depuis tout à l'heure. Quel genre de mauvaise nouvelle a-t-il pu apprendre pour pleurer des litres de larme ? Ma période de rébellion est loin maintenant, je peux m'inquiéter pour lui sans devoir trouver une excuse débile à mon comportement. Sauf qu'il ne répond à rien, et je commence à croire qu'il a perdu la parole. « Je ne lis pas encore dans les pensées. » Bon, ça il s'en doute, mais c'est pour dire que je ne peux pas comprendre sans qu'il ne me répondes. Doit bien y avoir un indice quelque part, autour de lui, comme sur un lieu de crime. Tournant ma tête de gauche à droite, je fouille de mes yeux son matelas et tombe sur ce petit bout de papier où est noté un numéro sans nom. « Qui est-ce ? » S'il ne répond pas directement à ma question, je ne me gênerais pas pour appeler la personne qui détient ce numéro, quitte à parler avec pour savoir ce qui arrive à Hinata. « J'ai été un connard avec toi par le passé mais je croyais qu'on avait enterré la hache de guerre ? Tu peux au moins me dire pourquoi ça ne va pas ? Un ami ? Le travail ? Ton père ? Ma Mère ? Les frères ou les soeurs ? Dis moi. » Je ne peux pas le deviner, faut qu'il comprenne ça.

TENUE ★ Je sais bien que Raijû ne peut comprendre cette situation, tout ce qui se déroule sous ses yeux doit lui paraître incompréhensible, mais qu’il se rassure ça l’est pour moi aussi. Toutes personnes qui me connaît saurait sans mal que je ne suis pas du genre à pleurer pour rien, surtout pas à me mettre dans un état pareil que celui dans lequel je suis à cet instant, perdu et sans vie. Devrais-je compter sur mon demi-frère ? Me confier à lui . Est-ce que je peux lui dire ? Je ne sais plus où j’en suis, je n’arrive pas à penser ou à me calmer. Je libère mon visage trempé par les larmes de mes mains que j’avais plaquées dessus pour regarder ce papier qu’il tient, ce numéro... Il me bombarde de questions et croisant son regard, bien que flou à cause du voile transparent embuant mes iris. « Un docteur... » Commençais-je ne pas répondre pour ce qui est du numéro, pinçant mes lèvres comme si ce fut une réponse difficile, les larmes coulent toujours bien que je tente de le calmer pour pouvoir lui donner d’autres réponses, mais c’est dur de le dire, car si je le mettent au courant tout deviendra soudainement plus réel, bien que je ne puisse renier cette vérité. Malgré toute l’envie que j’ai de le faire. La hache de guerre est enterrée, j’ai juste besoin d’un allié pour pas m’empêcher de sombrer, car là je vais perdre pied. Raijû est le seul capable de le faire, je dois lui faire confiance, je lui ferai confiance. Peu importe notre passé, ce n’est plus d’actualité et face aux problèmes actuels cela n’a plus d’importance. « Elle... Elle va... » Je ne veux pas dire ce mot. « Je ne sais pas quoi faire, comment suis-je supposé vivre sans ma sœur. » Ma voix est faible et désespéré, mais bien assez claire pour que Raijû m’entende et me comprenne à travers mes sanglots.

TENUE ★ Je n'ai pas l'habitude non plus de le voir pleurer ou se mettre dans un état pareil sans connaitre la raison. Hinata est toujours fort et hautain avec moi, comme si nous n'étions même pas de la même famille, ce qui est presque le cas puisque nous n'avons aucun lien de sang, mais à l'heure où je lui parle, je m'inquiète pour lui. Trouvant un bout de papier avec un numéro, je demande à qui ça peut bien être. Un docteur ? Sa réponse me donne un frisson, ne m'attendant pas à une telle chose. « Quoi ? Tu es malade ? » Demandais-je, ne réalisant pas qu'il puisse être atteint d'une quelconque maladie, mais je ne me doute pas non plus que ça concerne Noa, et non lui. Il ne cesse de pleurer, mon intervention ne calmant rien à son gros chagrin. En même temps, je ne peux pas faire des miracles. C'est à lui de me parler, de me dire ce qu'il ne va pas et après je pourrais l'aider ou le consoler. C'est une première, mais y a toujours un début à tout. Elle ? C'est difficile à savoir de qui il parle mais je ne le coupe pas dans son élan, puisqu'il est parti pour parler. Sa soeur. Noa. Pourquoi veut-il vivre sans sa soeur... Le numéro du docteur. Le puzzle se met doucement en place dans ma tête et l'image devient plus clair. « Noa est malade ? » C'est dure de prendre des pincettes dans ce genre de situation, mais je cherche vraiment à comprendre. Les sourcils légèrement froncés, je met de l'ordre dans ma tête avant d'ouvrir à nouveau la bouche. « Explique-moi. Je sais que c'est sûrement difficile pour toi, mais je suis à présent là pour t'aider. » Je n'aurai jamais dit une telle chose quelques semaines auparavant, mais je dois prendre mon rôle d'aîné en main et venir au secours de mon petit frère. « Allons dans la cuisine, les autres ne sont pas encore rentrés. » Autant s'asseoir à la table de la cuisine, autour d'une boisson. Personne ne le verra pleurer, si ce n'est moi mais c'est déjà trop tard pour se cacher, de toute façon.

TENUE ★ C’est surement la première fois que je me retrouve aussi démuni, totalement incapable de réagir à ce qui m’entoure, même mon demi-frère semble absent alors que mes larmes coulent et mon cœur se vide de son sang pour être desséché et inexistant. Je suis perdu, complètement perdu, j’ignore ce que je suis censé faire, ce que je dois dire ou comment réagir ou agir devant cette nouvelle que je n’étais pas prêt à entendre, en même temps comment aurais-je l’être, Noa est ma petite sœur... Je suis censé la protéger, elle est mon rayon de soleil, ma précieuse, la seule pour qui je serais prêt à tout, en tant que grand frère n’est-ce pas là mon rôle ? Pourtant je ne suis pas capable de l’aider cette fois, pas capable de la sauver, au lieu de ça je chiale comme un bébé galérant à prononcer le moindre mot, la moindre explication à Raijû, jamais je n’aurais pensé que ce serait lui qui soit à mes côtés aujourd’hui... Depuis qu’on a enterré la hache de guerre faut croire qu’on est plus proche qu’on ne l’aurait cru. Tout ce que je peux faire d’abord c’est le mettre sur la piste en lui disant que c’est le numéro d’un docteur. Pas la peine qui l’appelle, je l’ai déjà fait et j’ai tous les détails... Encore les mots et les phrases de son diagnostic sans appel qu’il m’a balancé alors que je restais muet. Hochant la tête de droite à fauche légèrement, ce n’est pas moi qui suis malade, même si je donnerais tout pour prendre sa place.  Je confirme ses nouvelles paroles d'un mouvement de la tête et d’un nouveau flot de larmes, écrasant mes mains sur mon visage, j’aimerais ne pas être si faible devant lui, mais je n’ai pas le cœur à jouer les forts ou faire semblant dans cette situation, je suis quelqu’un d’authentique, mes émotions suivent mes sentiments et là, ma tristesse, ma colère, mon incompréhension, tout se mélange en me laissant vide et anéanti. Déglutissant, je chope un morceau de son t-shirt dans l’élan avant qu’il ne s’éloigne, ravalant ma salive, je bloque, mais dans mes sanglots je... « Elle... va mourir Raijû... » A peine les mots prononcés avec difficultés j’agrippe avec ma main libre mon propre vêtement au niveau du cœur comme si on me l’arraché. « Je... Qu’est-ce que je... Je ne sais pas quoi faire. » Qu’il m’aide, j’ai besoin d’une solution, d’une réponse...

TENUE ★ Hinata n'a jamais montré une telle faiblesse face à moi, même si c'est le fait de pleurer soit tout à fait humain et normal. J'ignore juste pourquoi il pleure, pourquoi il va mal. C'est tout naturellement que je tente d'en savoir plus, même s'il a du mal à parler ou à se concentrer sur ma présence, à croire qu'il est complètement absent. Ce n'est pas la peine de le secouer, il paraît suffisamment perturbé comme ça pour rajouter une couche. Ce n'est pas pour autant que je vais attendre trois siècles qu'il se décide à parler, je l'incite simplement à reprendre son calme et à m'expliquer la situation, pour pouvoir l'aider ensuite. Nous ne sommes plus en guerre, alors dans ce cas, je peux être un allié. J'apprends donc que c'est le numéro d'un docteur, mais ça ne me dit pas pour qui, ni pour quoi. Creuser reste ma seule option, jusqu'à découvrir quelque chose d'important. Ce n'est pas lui, ça me rassure un peu, même si l'ignorance me fait douter. Si ce n'est pas lui, qui est-ce ? Un personnage féminin, puisqu'il dit « elle » mais je ne connais pas énormément de monde qui pourrait se rattacher à ce pronom ou qui soit autant important à ses yeux. ça ne peut être que sa soeur, avant les autres. J'ai raison et cela me contrarie davantage. Faut faire quelque chose. Quoi, je ne sais pas encore, mais il ne peut pas rester là à pleurer durant des heures, sauf que quand je veux bouger, Hinata me retient. Ce n'est pas tant ce que je voulais entendre, mais c'est inévitable. « Hinata... » Qu'est-ce que je dois dire ? C'est la première fois que je suis confronté à ce genre de situation. Je n'ai pas perdu un parent, ni un ami. Je ne connais pas ce sentiment de voir mourir une personne qu'on aime, bien que Noa soit ma soeur à moi aussi. Reposant mes fesses sur le lit, ma main se dépose sur la sienne pour la décrocher de son vêtement et la tenir entre mes doigts de manière à le réconforter, même si c'est impossible de le consoler. « Je suis là. » C'est la seule chose que je peux lui dire, avec un léger sourire rassurant. S'il doit pleurer ou s'énerver, je serais là. « Calme-toi, Hinata. Je ne pourrais pas en savoir plus si tu ne peux pas parler correctement. » Il y a forcément une solution, un moyen de l'aider... Noa ne peut pas mourir comme ça, impossible, impensable.

TENUE ★ Je ne sais clairement pas quoi faire, même en ayant Raijû à mes côtés en l’écoutant, l’entendant me questionner, je n’ai aucune idée de ce que je suis censé dire, comment agir, démuni du moindre indice pouvoir m’éclairait sur cette bombe qui vient de tomber sans que je n’y sois préparé. Puis combien de temps a-t-elle ? Comptait-elle me le cacher jusqu’à la fin et disparaitre sans me le dire ? Je ne comprends rien, est-ce que le docteur a pu se tromper ? Est-ce que je suis dans un cauchemar ? Je ne sais rien, je ne sais absolument plus ce que je dois croire ou qu’est-ce que je dois faire, c’est le chaos total. Pleurer et me maudire d’être faible et inutile semble la seule dont je sois capable, Raijû veut qu’on aille parler dans la cuisine, mais qu’est-ce que ça change, la fatalité, la réalité, elle est là et ne changera pas d’une pièce à l’autre, je le rattrape comme pour m’accrocher à quelque chose et disant ses mots qui me pèsent j’ai besoin que ce frère que j’ai renié toutes ses années m’aide. J’ai déjà perdu ma mère je ne sais pas si je supporterai de la perdre aussi, seul je n’y arriverai pas. Quand il se rassoie, je renifle sous le flot que je n’arrive pas à stopper, l’entendre dire qu’il est là me fait davantage craquer, car j’ai l’impression de toucher le fond. Je ne sais pas si je suis capable de me calmer, je n’ai jamais pleuré comme ça, même petit je n’ai jamais senti ce sentiment comme si le monde s’abattait sur moi, une fois déjà c’était douloureux, mais j’ai réussi à avancer, mais là... Noa est celle que je voulais protéger le plus, si elle n’est plus avec moi je n’aurais personne. Même si nous sommes une famille nombreuse, elle est mon passé, mon sang. Je tente d’essuyer mes larmes avec ma main libre, mais ses dernières ne cessent de se reformer et de coulé, me laissant les yeux rouges, frappant ma poitrine pour essayer de me reprendre, je respire pour être capable de parler normalement à mon demi-frère. « Le docteur... J’ai trouvé le numéro dans la chambre de Noa, il m’a expliqué qu’elle ét... » Je soupire, inspire et reprend. « était condamnée... Il m’a parlé, parlé, mais je ne sais plus... » Je n’écoutais qu’à moitié a la fin, déjà fixé sur la situation critique. Je serre la main qu’il tient et le regarde. « Qu’est-ce qu’on va faire Raijû ? » je lance le drapeau blanc, incapable de réfléchir seul ou de résonner sur la situation sans m’écrouler sous la douleur et la peur.

TENUE ★ Je ne suis pas dans mon élément face à quelqu'un qui pleure et se sent mal. Je n'ai jamais été très fort pour réconforter quelqu'un, à part en le traînant dehors pour se changer les idées, mais quand il s'agit d'un décès ou d'une assez grosse mauvaise nouvelle, je me sens autant démuni qu'eux. C'est la même chose avec Hinata. J'ai compris que Noa allait mal, que cela le faisait souffrir et que quoi que je fasse, ça ne l'aidera pas à arranger le problème. Dois-je évoquer le fait que je crois que tout ce qui doit arriver, arrivera. ça ne lui remontera sûrement pas le moral et au final, il restera triste, anéanti, vide. La peine se transmet rapidement d'un individu à l'autre, ce n'est pas de la pitié, ni de la compassion, mais de la tristesse. J'ai l'impression de ressentir les émotions de mon demi-frère, mais être incapable de l'aider me rend davantage affligé. Condamnée. C'est un mot très dure à entendre et j'ignore si je réalise à quel point c'est douloureux pour tout le monde, pour Noa, pour lui, mais aussi pour moi. ça risque de l'être pour leur père, pour ma mère, pour nos frères et nos soeurs qui sont capable de comprendre. On ? Il me demande à moi ce qu'on va faire ensemble ? Le temps que je percute complètement, mes mains ont déjà attrapés ses épaules pour le ramener contre lui et enrouler mes bras autour de lui pour l'étreindre étroitement à l'intérieur de ceux-ci. Les mots ne suffiront pas à l'aider, ni à sauver Noa et j'ai bien peur qu'il nous soit incapable de réaliser un tel miracle. « Parlons avec Noa. » Dis-je subitement proche de son oreille, mon menton déposé contre son épaule. « Mettons carte sur table avec elle. » Si elle est vraiment condamnée, il ne faut surtout pas qu'il se braque contre elle, qui lui en veuille de n'avoir rien dit et de le regretter plus tard. Si on ne peut la sauver, on doit au moins savoir rendre les dernières années qui lui restent à vivre encore plus magnifique et inoubliable que les précédentes. ça ne sert à rien de se voiler la face si le combat est perdu d'avance, autant faire en sorte que la fin soit plus abordable.

TENUE ★ On n'est pas confronté à une mauvaise nouvelle tous les jours et heureusement d’ailleurs ! Parce que sinon il n’y aurait aucun intérêt à vivre. Je devrais m’estimer chanceux à ne pas avoir perdu beaucoup de personnes, d’avoir vu mourir les gens que j’aime, mais ma mère fut un coup dur et je ne suis pas sûr de m’en être réellement remis un jour, ma haine envers mon demi-frère et sa mère étaient aussi dues à ce manque d’acceptation, cette impression qu’ils prenaient sa place et je ne voulait pas le voir, oublier ma mère... Maintenant que j’ai réussi à tourner la page et à faire un pas en avant vers cette famille, c’est ma sœur cadette qu’on veut m’enlever et j’ignore si mes épaules seront assez solide pour le supporter. Mon cœur me semble si douloureux que je ne sais pas quoi faire, réclamant l’aide de Raijû, celui que je voulais fuir au final et celui dont j’ai besoin aujourd’hui... Je ne peux pas affronter cette nouvelle seul, je ne peux pas y faire face et je ne peux pas en parler à mon père et aux autres... voir tout le monde s’effondrer serait dramatique, mais que puis-je faire alors ? Que pouvons-nous faire... Nous sommes les ainés, mais je me sens complètement démunie. Sans réaliser je me retrouve entouré des bras de mon frère et cette étreinte me rassure autant que me fait exploser, pleurant sur son épaule, je ne pleure que rarement, j’ai de nombreuses larmes en stock et elle s’échappe dans ses sanglots qui m’anéantissent de seconde en seconde. Serrant les dents j’articule un « hum » pour approuver sa proposition. Je dois me calmer, ne pas me mettre à pleurer devant elle, je dois réussir à accepter ses explications et la réalité pour ne pas l’affligé davantage, mais pour l’instant je n’en suis pas capable, il me faut le temps d’évacuer tout ça. Ce que je suis en train de faire face à mon demi-frère. Sans retenue et sans honte, j’affiche mes plus grandes faiblesses. C’est dur... « désolé... laisse... cinq minutes. » Pendant ses quelques instants je vais verser tout ce que j’ai, hurler ma peine, mais après... je relèverai la tête, juste qu’il reste là. Il y a quelques mois cette proximité aurait été impossible, lui demander de l’aide ne me serait même pas venu à l’idée, mais aujourd’hui ça me semble juste nécessaire et vital.

TENUE ★ Les études de psychologie ne m'ont jamais attirés, sûrement parce que je suis un piètre réconforteur et que rassurer les gens n'est pas dans mes capacités. Ou alors, je suis bien trop cru pour les aider à surmonter le chagrin d'une mauvaise nouvelle. Pourtant, vois Hinata dans cet état après des années à côtoyer un garçon fier et hautain, ça fait mal quelque part. Il n'a jamais été faible, il n'a jamais pleuré devant moi, il n'a jamais été comme ça devant nous tous, sa nouvelle famille qu'il a eut autant de mal que moi à accepter. Nous avons été longtemps en froid, lui et moi, mais aujourd'hui je ne veux pas l'abandonner et le laisser seul dans sa peine. Peut-être ne suis-je pas le meilleur frère -ou demi frère- qu'il soit, peut-être que je ne suis pas non plus le meilleur pour remonter le moral aux gens, mais le simple fait de rester à côté de lui prouve que je ne suis pas indifférent. à force de chercher des solutions, je ne trouve que des soucis, des questions, mais aucune réponse. à la fin, je me contente d'agir comme un grand frère, le prenant simplement dans mes bras pour le garder contre moi et le laisser vider son sac, ses larmes, toute la tristesse qu'il a gardé durant les années. Le mieux, ce serait d'abord de parler avec sa soeur, pour comprendre, pour savoir pourquoi elle n'a rien dit, si elle comptait le faire un jour ou l'autre ou si c'était pas prévu du tout. Je sais que ça pourrait blesser davantage Hinata, mais je serais là aussi pour discuter avec Noa et calmer le jeu, si jamais ça dévie. « Prends ton temps. » Fis-je en tapotant son dos, d'une manière assez maladroite quand même. S'il veut hurler, qu'il hurle. S'il veut se défouler, qu'il tape. S'il a besoin de pleurer encore, qu'il pleures jusqu'à ne plus pouvoir. Je ne bougerai pas de là tant qu'il ne décidera pas de se relever et d'affronter sa soeur, sa maladie, cette réalité qui pourrait lui briser définitivement le coeur.

TENUE ★ Demain sûrement que ça ira mieux, que je pourrais affronter la réalité sans avoir à verser un litre de larmes, mais même si je pleure rarement quand je le fais ce n’est jamais pour rien. Je me sens seul, abandonné, démuni, pauvre, comme si on m’arrachait tout d’un seul coup. J’ai réussi à avoir une vie dont je suis fier, heureux dans mon métier et acceptant ma famille après toutes ses années pourquoi finalement ? Perde celle que je voulais le plus voir heureuse et rendre fière en tant que grand frère... C’est trop douloureux et insupportable. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais heureusement que Raijû est là... Son soutien me permet d’avoir une épaule sur qui pleurer et à cet instant j’en ai vraiment besoin, quelqu’un d’assez fort pour peser plus lourd sur la balance et me dire quoi faire et comment agir, car seul je ne ferai rien de réfléchi ou de bénéfique pour moi ou pour Noa. Sentir les bras de mon demi-frère m’entourait suffit à me fait craquer un peu plus, la situation est réelle, sérieuse et je dois évacuer ce qui me peine pour être capable de l’affronter. Raijû l’a compris et me laisse exploser, versant des sanglots, j’ignorais que je pouvais pleurer autant, comme quoi la faiblesse est humaine et a cet ainsi même si je devrais me sentir humilier de me montrer ainsi, j’en ressens simplement le besoin.  Je m’agrippe à mon frère comme si c’était la bouée capable de me permettre de garder la tête hors de l’eau, m’écrasant contre lui dans cette débauche qui pourrait s’avérer permanente, je sais que je dois me relever, arrêter de pleurer, de haïr le monde entier, mais là je n’ai pas cette force, épuisé par mes larmes interminables, par ma colère qui implose en me bouffant de l’intérieur, je renifle en essayant avec peine de me calmer. Les minutes passent et je relâche la pression en desserrant mon emprise sur Raijû, les yeux rouges et le visage trempé par les larmes, je dois être horrible et gonflé, impossible que j’affronte Noa dans cet état... « Qu’est-ce que je dois lui dire... ? » Est-ce que je lui avoue tout savoir ou tente de la faire avouer ? Je ne sais pas vraiment comment m’y prendre.

TENUE ★ Quand sa mère est morte, je n'étais pas là pour l'aider ou le réconforter, et même si je l'avais connu à cette époque, sûrement que je n'aurai rien fait à cause de notre relation tumultueuse. Pourtant, en sachant que Noa est mourante, je ne peux abandonner mon demi-frère et lui dire de se débrouiller seul, sans moi. Qu'importe s'il est mon frère, mon demi-frère, un ami, une connaissance ou un inconnu, je ne pourrais pas le laisser comme ça sans agir. Plus il pleure, et plus je me sens raccroché à lui. L'enlacer est la seule façon de lui exprimer ce que je ressens, la seule manière de lui dire que je suis là et qu'il peut compter sur moi en toute circonstance. Qu'il pleure sur mon épaule, ça ne me dérange pas qu'il mouille mon haut. Frottant simplement son dos, je lui laisse le temps de vider son réserve de larme et de se calmer un maximum pour parler davantage et mettre certaines choses au clair. Il ne peut pas rester comme ça, il ne peut pas laisser couler les choses non plus. Il doit tenir debout pour Noa, même si elle est gravement malade, il ne doit pas baisser les bras et donner une image négative à sa soeur. Elle doit avoir le sourire jusqu'au bout, même si c'est dans dix ans ou dans quelques jours. En se détachant de moi, je peux voir le visage d'Hinata, ses yeux et son nez rouge, la fatigue sur son visage. Ce n'est pas beau à voir mais qu'est-ce que j'en ai à faire de ça. « Tu ne dois pas être trop direct avec elle, faut qu'elle est assez confiance pour te l'avouer d'elle-même. Tente de prendre des nouvelles d'elle et incite si tu vois qu'elle ne compte pas parler de ça. » Je ne suis pas psychologue, comme je l'ai dit l'autre fois avec Rukia, je ne peux que donner mon avis mais je ne juge en aucun cas. Tapotant ses épaules, je lui souris. « Tu dois rester fort pour elle, tu le sais ? Si tu montres que ça ne va pas, Noa sera triste. » Si c'était mon petit frère à la place de Noa, je ferais tout pour qu'il soit heureux et découvre ce qu'il n'a jamais eu le temps de voir. Faut qu'il profite d'elle, même si c'est dure à se l'avouer. « Je ne peux pas te dire que ça ira pour elle, qu'elle pourra guérir... Ce serait des paroles vides, des mensonges, des idéaux qui te décevront le jour où tout dégringolera. Hinata, même si tu dois voir la vérité en face, ce n'est pas pour autant que tu dois en déprimer ou voir la situation comme un malheur. » Enfin, si c'est malheureux pour eux, pour nous tous, mais c'est une chose qu'on ne pouvait éviter. « Tout ce qui doit arriver, arrivera. ça ne veut pas dire que tu ne peux rien faire pour lui rendre la vie meilleure ou l'aimer autant qu'avant. »  

TENUE ★ Je n’ai jamais eu l’habitude de compter sur quelqu’un, je fais tout en solo, je ne parle pas de mes « soucis » à ma famille, je parle même très peu de moi, même si dernièrement Raijû et moi on a su délier les langues, mais normalement j’affronte les épreuves sans impliquer personne. Sauf que là c’est difficile, je sais que je n’y arriverai pas seul et je n’arrive pas à le cacher devant mon frère, de toute manière mes larmes et ma détresse n’a besoin d’aucun mot. Cette faiblesse je ne peux l’isolé, la faire disparaitre, m’appuyant sur les épaules de mon ainé pour calmer mes pensées et savoir au final où j’en suis, ce que je dois faire aussi. Je finis par le regarder demandant conseil, qu’est-ce qu’il ferait à ma place ? « Je sais... Je ne le montrerai pas, mais j’ai peur d’y faire face. » L’entendre m’en parler d’elle-même, l’entendre dire qu’elle est condamnée, je suis terrifié à cette idée. Les paroles de Raijû sont vraies, mais en même temps comment ne pourrais-je pas voir cela comme un malheur ? Cette situation est loin d’être acceptable, ce n’est pas une mince histoire dont je peux tourner la page et oublier, il m’est impossible de voir le bon côté dans cette affaire, je tremble à l’idée de ressentir ce vide si elle disparaît, c’est ma petite sœur et je n’ai... personne d’autre. « Je dois donner le change c’est ça ? » Paraître normal et « bien » devant elle, puis m’effondrer une fois seul ? Je ne vois pas d’autre solution, heureusement que je peux être « fort » mentalement, mais j’ignore si je le serais assez cette fois. « J’aurais préféré que ce soit moi... » C’est bête, mais si je pouvais lui donner ma vie je le ferai. Même si c’est la chose la plus précieuse au monde, je déteste l’idée de rester derrière et d’être abandonné encore une fois. Soupirant en essayant de ne pas me remettre à chialer, je me lève du lit. « Merci, ça va aller. » Non, c’est faux, mais je ne vais pas passer la journée ici. Je me claque le visage avec les paumes et souffle bruyamment. Pour l’instant nous sommes les seuls au courant et ça doit rester comme ça jusqu’à ce que la situation s’éclaire.

TENUE ★ Même si je ne partage pas mon sang avec Noa, ça reste ma petite soeur de coeur, par alliance. La fille de mon beau-père, la soeur de mon demi-frère, un membre de ma nouvelle famille. Je suis triste à l'idée qu'elle soit malade et très certainement en danger, mais nous n'avons pas le même caractère ou la même façon de penser avec Hinata. Pleurer n'est pas facile pour moi, bien que je ressentes les émotions comme tout le monde, je me contiens beaucoup mieux que lui, au point de ne pas savoir si je suis réellement effondré ou juste attristé. Il ne pourra pas dissimuler son mal bien longtemps, pas face à Noa, mais il peut faire du mieux qu'il peut. « Donne autant que tu peux. » Ce n'est pas tant de se forcer ou de vouloir passer pour quelqu'un d'autre, mais plutôt de savoir de quoi il est capable. S'il ne peut pas se retenir, alors ce n'est pas grave. « Ce n'est pas ce qu'elle voudrait entendre. » Noa ne voudrait sûrement pas qu'il donne sa vie pour elle et qu'il échange sa place avec la sienne. Il y a des choses qui sont impossibles, mais je ne souhaite pas le malheur d'Hinata au détriment de sa petite soeur. Il tente de se reprendre, disant que ça va aller, se claquant les joues pour se remettre d'aplomb mais je me doute que ça ne changera pas pour autant la situation. « Sortons boire un verre ? » ça pourrait lui changer les idées et ça l'éviterait de rester enfermer ici, dans cette chambre. « Tu pourras me parler de ton boulot, tout ça. » Dis-je avec un mouvement de la main, pour englober le tout. ça nous videra la tête et nous fera penser à autre chose.  Je me lève aussi du lit, m'étirant longuement. « Tu me conseilleras pour mon prochain travail, être videur devient lassant. » J'ai fait mon temps dans la boite, serait temps que je dépose mon tablier et me trouve autre chose, mais quoi, je l'ignore.

TENUE ★ Je ne pleure pas souvent non plus et m’effondrer encore moins, mais il y a des situations où je suis incapable de me contenir, j’en suis surement le premier surpris de me montrer si faible, mais quand il s’agit d’une chose aussi grave il m’est dur de faire face sans montrer mes émotions et Noa est surement la seule personne à me rendre vulnérable. En tout cas parler avec Raijû m’a tout de même fait du bien, avoir une personne au courant capable de m’écouter c’est tout ce dont j’ai besoin à cet instant et jamais je n’aurais pensé que cela puisse être mon demi-frère, sincèrement. Je me doute que Noa ne voudrait pas que je sois à sa place, mais comment pourrais-je penser autrement alors que je pourrais survivre à ma sœur. C’est difficile. Je tente de me reprendre en me claquant le visage, je ne veux pas continuer à chouiner et pleurer dans les bras de l’ainé, je dois faire face et c’est comme ça malheureusement, même si c’est inattendu et compliqué. « Bonne idée. » Je pense que j’en ai besoin, autant de boire que de quitter la maison où de ne pas être seul, ça me changera les idées. « Vraiment ? » Il est curieux à propos de mon boulot et « tout ça » ? Je souris doucement, malgré la douleur et la peur, je suis capable de me reprendre, j’aurais l’occasion de m’écrouler plus tard. « Merci de faire semblant de t’y intéresser pour me changer les idées. » Je ne suis pas dupe, mais ça me va parfaitement, parler d'autres choses avec lui est ce dont j’ai envie. « Je vais me laver la figure. » Sinon je risque de faire fuir les gens dans cet état. « Tu comptes démissionner ? Je pensais que tatoueur te suffisait. » Lançais-je alors que je me dirige dans la salle de main pour me noyer la tête sous l’eau. Soupirant je prends deux minutes pour moi avant de le retrouver pour y aller, on dirait qu'on n'a pas mal de choses à rattraper l'un sur l'autre, il serait temps de réellement apprendre à connaitre mon « frère ».

TENUE ★ Je pense qu'on a tous à un moment de notre vie, un craquage total, à grand renfort de larme, de coeur brisé et de petit coup de dépression. ça arrive à tout le monde, la vie n'est pas un long fleuve tranquille mais faut savoir gérer la barque sur laquelle nous voguons pour ne pas couler et être emporté par le courant. On rencontre des aides sur ce fleuve, Hinata peut compter désormais sur moi pour l'aider à ne pas s'écrouler. Il n'est pas seul, c'est ça que je veux lui faire comprendre à travers mon étreinte et mes paroles. Si un jour ça va mal pour moi, je me dis qu'il sera là pour me rendre la pareille. Cette histoire nous rapproche, c'est un grand malheur mais celui-ci ressert nos liens malgré tout. Noa ne voudrait pas que son frère meurt à sa place, autant que si j'étais moi-même malade, je ne voudrais pas que mes frères prennent ma maladie. Cas contraire, je penserais sûrement la même chose que lui, tout en sachant que c'est impossible d'échanger les rôles. Nous sommes humains, pas magiciens. Je lui propose de sortir boire, ainsi que parler boulot pour se changer les idées. ça ne paye pas d'mine, mais c'est mieux que rester enfermer là. « Vraiment. » Je crains l'avion, j'ai même horreur de ce moyen de transport, mais je suis curieux sur son métier, sur lui. Sa réplique me fait sourire et je me permet un petit coup dans son épaule. « Je ne fais pas semblant, je voudrais vraiment savoir combien de passager tu as effrayé durant tes vols. » Plaisantais-je de bon coeur. Adossé à la porte de la salle de bain, je soupire pour première réponse. « J'adore mon métier de tatoueur, mais j'aime bien avoir un second boulot à côté, sauf que celui-ci m'ennuie rapidement. » C'est ça mon défaut. Mon second métier me permet d'aimer le premier à pleins temps, mais du coup je me lasse du secondaire trop vite. Prenant les devants, je l'attends dans le couloir. « Je pourrais tenter une formation de mécanicien ? Ou dans la menuiserie ? Pourquoi pas la cuisine ? » Il y a tellement de chose à faire dans cette ville, avec les enfants ou les personnes âgés, dans un commerce, une boulangerie, un chantier. J'aime toucher à tout, savoir comment se passe un métier, apprendre, découvrir, me faire ma propre idée, mon propre opinion. « Je suis curieux, c'est tout. » Dis-je de manière évasive. « Tu n'as jamais voulu tester autre chose que voler dans un gros engin ? »

TENUE ★ J’ai cette impression que notre guerre qui a duré des années a totalement disparu, comme si elle n’avait pas existé et c’est étrange après tout ce temps à se taper dessus et à se renier de me dire que je peux compter sur lui. Pourtant je sais que c’est vrai et que Raijû est le seul capable actuellement de me faire reprendre conscience et surtout de m’empêcher de fermer les yeux et de ne voir que la douleur et la souffrance me ronger. Parler boulot ou même de n’importe quoi ça me changera les idées, puis j’ai bien envie de boire quelques verres aussi, de quoi décompresser et penser à autres choses surtout. Je ne sais pas s’il s’intéresse vraiment à mon métier, mais malgré tout je suis contente que ce soit juste pour me faire plaisir ou par réelle curiosité, peu importe, j’aime ce que je fais et j’aime le partager et je suis sûr que c’est aussi son cas. Il confirme pourtant que ça l’intéresse vraiment et je souris sincèrement sans rien répondre. Riant même à sa nouvelle remarque. « Seulement toi ? » Plaisantais-je à mon tour alors que je suis déjà sur le chemin de la salle de bain, faisant couler l’eau pour me rincer, je me suis presque fait peur en regardant dans le reflet du miroir avec mes yeux rouges et gonflés. « Je ne connais pas tes passions en dehors du tatouage, mais je veux bien t’aider à te décider. » Dis-je la serviette contre le visage pour m’essuyer, étouffant un peu mes mots. Levant le regard vers lui je hausse les épaules pour lui répondre. « Hum, si j’avais le temps d’avoir un autre boulot surement que je bosserais dans un fastfood pour pouvoir y manger à volonté. » J’y ai passé tellement de temps alors que je fuyais la maison et les repas de famille. « Mais j’aime trop voler pour ça. » C’est ce qui me fait vibrer, me sentir libre et me fait sourire en permanence, cette liberté je ne la troquerais pour rien au monde. « On y va ? » Maintenant que j’ai réussi à me calmer, autant en profiter avant que je ne me fasse rattraper par la réalité.

TENUE ★ Quand on aime quelque chose, on veut forcément le partager avec quelqu'un d'autre. Quand je me fais un tatouage, je voudrais que la terre entière le sache et le voit. ça doit être pareil pour Hinata avec son métier de pilote. Sûrement a-t-il envie de dire aux gens qu'il a déjà voyagé dans plusieurs pays, qu'il sait faire décoller un énorme engin qui fait peur ou qu'il sait parler dans un certains nombres de langue. Que ça m'intéresse ou pas, je sais que ça lui ferait plaisir de m'en parler, de penser à autre chose qu'à sa soeur. J'ai peur de prendre l'avion, même après ma dernière expérience avec lui, je serais éternellement stressé à l'idée de voler dans les airs à bord d'un truc si lourd, mais ce n'est pas pourtant que je vais faire le sourd avec mon demi-frère et ne pas écouter ses mésaventures. Seulement moi ? Non, je ne crois pas, mais qui ça préoccupe au final. Un haussement d'épaule et je lui fais comprendre que j'en sais trop rien. Le temps qu'il se rince le visage, je discute toujours. « Je ne peux pas dire que je suis passionné par beaucoup de chose en dehors de ça. » Ce sont juste des passe-temps, rien qui n'égale les tatouages. Je voudrais bien savoir ce qu'il ferait en dehors de son boulot de pilote et je suis légèrement étonné de sa réponse. Bosser dans un fastfood ? Ce n'est pas négligeable, ça reste un boulot comme un autre. « Une boulangerie, ça serait bien pour se goinfrer de gâteau. » Et de pain aussi, parce que c'est un truc super bon ! Rien que pour ça, j'aime les français. Hinata préfère ses avions à un bon hamburger, c'est compréhensible. Je ne pourrais pas abandonner mon salon, qu'importe l'offre. Un hochement de tête et je lui montre la route à suivre jusqu'à la porte. Pas besoin de voiture, nous irons à pied jusqu'au premier bar du coin. Y a de quoi fait pas loin, comme ça même si on boit à ne plus savoir ce qu'on raconte, on pourra rentrer sans causer de danger. « C'est moi qui offre. » Dis-je en ouvrant la porte d'entrée, attendant qu'il sorte pour refermer derrière nous et prendre le chemin jusqu'au portail qui mène à la route.

TENUE ★ On pense la même chose et c’est surement la plus logique. Qui n’aime pas parler des choses qu’il aime ? C’est comme lorsqu’on a une copine on est fier et on veux la montrer en disant « elle est moi » enfin c’est ce que j’ai ressenti au début de ma relation avec mon ex, au bout de huit moi on a simplement dit stop, je suis trop passionné pour finalement garder la cadence avec les filles, je suis souvent absent, plus en tout cas que je ne pourrais leur accorder de temps, c’est l’inconvénient de mon travail pour une relation sérieuse et en même temps je ne suis pas plus concerné dans l’histoire. Préférant 100 fois mener ma vie dans les nuages qu’avoir une vie monotone avec une personne incapable de me comprendre ou d’accepter ses « contraintes ». Finalement même si c’est une journée dure et éprouvante sentimentalement et moralement, je peux faire « connaissance » avec mon demi-frère, nous avons encore des choses à apprendre ou même simplement discuter sans réel but, de toute manière si on se met à boire je vais vite tenter d’oublier en me saoulant la gueule au final. « Un ours dans une boulangerie, c’est mignon. » Je souris en le taquinant un peu, de toute manière en dehors de la bouffe je vois pas dans quoi j’aurais aimé bosser sans le pilotage. Une fois prêt je propose qu’on y aille et le regarde face à son offre. « Quelle générosité. » Ce n’est pas un reproche au contraire, même si c’est bizarre de le voir aussi « gentil » alors qu’on a passé des années à se renier, je ne veux pas m’arrêter à ce passé qui nous a freinés, j’ai réalisé que j’ai besoin de ses épaules pour tenir et il a dû le comprendre, maintenant on est dans le même bateau et va falloir s’y faire. Marchant vers le bar le plus proche je laisse Raijû entrer le premier pour le suivre de près. « On prend une table ou on se met au comptoir ? » La première proposition me semble la meilleure mais je le laisse choisir.

TENUE ★ Nous sommes tous pareils, quand un truc nous plait, on veut que tout le monde le sache. Que ça intéresse ou pas, dans le fond on s'en fiche tant qu'on est content de le dire. Hinata n'a pas l'air d'aimer les tatouages, pourtant j'ai toujours le sourire quand je parle de ça avec lui, du moins pour les rares fois où j'ai pu en discuter avec lui. à l'avenir, je voudrais qu'il ne soit pas réticent à ce sujet et s'intéresse un peu plus à mes dessins que moi à sa voyage. Un échange de bon procéder, je trouve. Un ours dans une boulangerie. ça pourrait me vexer comme comparaison, mais au contraire, je trouve ça marrant. En dessin, ça rendrait super bien ! Je garde l'idée. La bouffe est sûrement le point culminant de beaucoup de monde. En dehors du fait que c'est beaucoup plus exigent qu'un autre métier, à cause des dates de péremption ou des conditions d'utilisation comme la température, ces trucs-là. Bref, on a beaucoup de chose à se dire tous les deux, pas seulement sur nos métiers. Je l'invite donc à boire, prenant la note à mon nom. « Eh oui, je peux être généreux moi aussi. » Un vrai Winnie l'ourson prêt à partager son pot de miel pour rendre le sourire à son ami. En vérité, je ne suis pas méchant, sauf quand j'ai eu une dent contre Hinata et son père. En dehors de cette période et de cette excuse, je suis aussi doux qu'un agneau. Quittant la maison, je prends le chemin vers le premier bar du coin et entre en premier, saluant les employés que je rencontre ou remarque de loin. Je viens souvent ici, quand j'ai du temps libre. « Au comptoir, ça fait plus bonhomme. » Plaisantais-je en me dirigeant vers le comptoir, prenant place sur l'une des chaises hautes. Comme quoi, nous pensons à l'inverse l'un de l'autre. « Alors, qu'est-ce que tu veux boire ? Vodka ? Champagne ? Tequila ? Vin ? Cocktail ? » Y a beaucoup plus de choix mais j'énumère ce que j'ai l'habitude de boire en soirée. La Vodka reste ma boisson alcoolisée préférée, avec la bière.

TENUE ★ Je ne lui ai toujours pas dit que je ne détestais pas les tatouages, en vrai sans son métier j’en aurais déjà sur ma peau, mais parce que je suis trop fier j’ai préféré cacher ça sous une réticence et un dégout pour ses choses-là. Pourtant qu’il m’a « dessiné » l’aigle l’autre fois je n’ai rien dit qui aurait pu lui faire entendre que j’aimais ou non ce qu’il faisait. Il est peut-être encore tôt pour tout déballer, on a tellement de choses à se dire pour rattraper ses années de bêtises, je sais que même dans le futur on risque encore de se prendre la tête pour rien, surement par habitude, mais au final si on s’ouvre l’un à l’autre et se comprend réellement davantage nous aurons tous deux à y gagner et en ce moment, en cet instant, il est surement le mieux placer pour savoir que j’ai besoin de lui plus que quiconque, n’ayant pas d’autre épaule sur laquelle me reposer en ses heures difficiles et ses jours tristes à venir. Ce soir je vais tout oublier, boire et ne pas me rappeler cette souffrance, jusqu’à ce que demain n’arrive et me l’a rappelle. Je m’accorde du répit avant de pleurer, m’énerver, haïr le monde entier et faire face à cette dure réalité. Arrivé sur place je lui demande où on se met, je pensais plus à nous installer sur une table pour pouvoir me saouler et déblatérer toutes les bêtises qui me viendraient à l’esprit, mais encore une fois on pense différemment et ça me fait simplement rire. « Qui dit que je veux faire bonhomme ? » Le taquinais-je alors qu’au final je m’en fiche, le suivant au comptoir, où qu’ont de toute façon ça me va, puis les verres seront servis plus rapidement finalement, c’est une bonne chose. « Une vodka. » Je ne bois pas souvent de l’alcool, mais c’est ce qui me tente le plus dans ces moments-là. Je le laisse prendre les commandes au barman. « Alors, tu t’es faits un autre tatouage depuis New York ? »

TENUE ★ Je ne peux pas dire que je sois le meilleur des demi-frères, vu notre situation précédente à toujours se chamailler ou se détester comme deux mâles dominants dans une seule meute. Je devrais être un ours solitaire et lui, un aigle libre, pourtant on n'a été que des loups, des lions, durant des années. à présent, je peux reprendre mon rôle de grand-frère, autant pour lui que pour les autres. Je ne suis ni méchant, ni égoïste, ça ne colle pas à mon caractère. Alors pouvoir être moi avec Hinata est une chose, peut-être nouvelle, mais pas déplaisante pour autant. Il va vite se rendre compte que je pense d'abord aux autres avant moi-même, et que je suis prêt à tout sacrifier pour eux, pour ma famille et notamment mes proches amis. Maintenant que je compte être à ses côtés, qu'importe pour quoi, pour qui, nous pouvons prendre du bon temps ensemble tel deux frères, ce qu'on aurait dû faire depuis le début. Si Hinata veut se saouler, autant rester proche des boissons et pouvoir se resservir plus rapidement. « Que veux-tu être, alors ? » Une femmelette ? Je ne doute pas des attirances ou des préférences de mon frangin, il fait ce qu'il veut de sa vie. Accoudé au comptoir, j'attends qu'il se décide pour commander deux vodka, dont une mélangé à du sirop de menthe. Le barman acquiesce et s'occupe de vite préparer nos boissons, pendant qu'on parle. « Non, pas depuis le dernier. » Pour l'instant, je ne prévois rien, mais dès que l'idée sera là, je le ferais. « Et toi ? Quand compte-tu passer le pas ? » Pourquoi ne veut-il pas tester un tatouage ? Je pourrais lui faire sans problème, puis l'aigle lui allait très bien. « Je n'ai jamais compris pourquoi tu critiquais mon travail. Est-ce seulement parce que c'était mes dessins ou que ça venait de moi ? Pourtant j'ai beaucoup d'avis positif sur ce que je fais. » Je peux sérieusement lui demander, avant qu'il ne soit bourré. Le barman dépose nos verres sur le comptoir et je récupère celui avec le liquide vert, posant l'autre vers Hinata. Je suis curieux de savoir ces choses qui nous faisait défaut par le passé, comme nos crises de colère, nos méchantes paroles échangées, nos regards noirs, tout ça.

TENUE ★ C’est étrange de se sentir bien avec la personne qu’on a le plus détester durant des années, c’est complètement contradictoire, mais le fait est que c’est ce qui se passe et tous les deux ont finalement enterré la hache de guerre pour laisser place à une période de paix bien méritée. Par contre on a une manie de ne pas penser la même chose ou de se contredire, mais c’est surtout assez marrant de s’adapter l’un à l’autre, bien que je sois obligé de répondre à ses commentaires. Soupirant quand il me demande ce que je veux être en le fixant un instant. « Je suis un mignon. » Ricanant en ayant tout de suite en tête les dessins animés, je fais un aegyo en ajoutant : « Banana ! » Je délire total, mais je pense que j’en ai besoin pour dire des conneries et avoir ce genre de chose qui me vient à l’esprit. J’ai dû voir les films avec les petits et ça reste en tête ses choses là ! « Je pensais que tu en faisais au moins un toutes les semaines. » Le taquinais-je. « Moi ? Jamais. » Mensonge. Mais je suis pris de court par sa question, il me demande comme si ça m’intéressait et le pire c’est que c’est vrai. « On peut boire avant que je réponde ? » Je souris en attrapant mon verre à peine posé devant moi pour en boire une gorgée, ça me brule de boire autant d’un coup, je ne suis pas un grand buveur soyons honnête, mais aujourd’hui je brise un peu tout sans me restreindre à des limites. « Je n’ai pas critiqué ton travail l’autre jour. » Dis-je en tournant mon regard sur lui tout en m’amusant avec mon verre posé sur le comptoir. « Que ce soit l’ours ou l’aigle, j’ai trouvé ça cool, mais je sais à quel point c’est agaçant de voir quelqu’un dénigrer ce qu’on aime et tous les moyens étaient bons pour que je puisse t’énerver donc c’était un moyen comme un autre de te chercher. » Soupirant, on a fait des choses vraiment puéril, mais je ne peux pas regretter, même si c’est stupide c’est parce qu’on a passé toutes ses années à se haïr et se chercher qu’on peut avancer aujourd’hui. Attrapant de nouveau mon verre pour une nouvelle descente.