TENUE - Il aura beau à me répéter la même chose, ça ne changera rien pour moi. Mes peurs restent présentes et je n’ai aucun moyen de les dissiper. Ça doit être facile pour lui puisqu’il n’a aucune idée de ce que je ressens. Si notre leader tournait cette émission, je n’aurai certainement pas si peur que ça. Je crains qu’il parte lui aussi mais je serai heureux pour lui. Je ne peux pas l’empêcher de partir car s’il part c’est pour la plus belle des raisons. Mais c’est différent pour Shun. Je n’ai pas l’esprit assez ouvert pour lui souhaiter de trouver son bonheur ailleurs car j’espère secrètement qu’il le trouve avec moi. C’est complètement débile car il ne voit que de l’amitié entre nous et ça ne changera surement jamais. Et de son point de vu, je passe pour une personne peu raisonnée. Je ne sais même pas ce que je m’attends à vouloir discuter avec lui. Je devrais me montrer mature et prendre à la rigolade ce qu’il dit mais je n’y arrive pas. S’il savait pourquoi je ne pouvais pas en rire, je suis persuadé qu’il n’en rigolerait pas non plus. Enfin, je ne me laisse pas mener par le bout du nez et aboutit à une pseudo menace. S’il ramène Emiko à la maison, je le prendrai comme un avis d’expulsion. Je lui avais plus ou moins dit que je ne l’aimais pas donc c’est soit elle ou moi. Extrême ? C’est le mot. Mais ça il devait le savoir, ce n’est pas notre premier jour de rencontre. Si je me sens « menacé », j’agis avant que ça ne retombe sur moi. Tout ça me prend la tête alors que je ne devrais pas. Je m’empresse de partir mais je m’arrête subitement, le surprenant au passage. Je lui lance un regard mauvais. Cet idiot me prend pour son congénère depuis le début. « Je t’ai dit que c’était pas drôle. Même les blagues de Natsu sont meilleures que les tiennes. » C’était gratuit, Natsu ne me remercie pas. Mais ses mots arrivent tout de même à me rassurer. Je vais lui faire confiance, enfin, je n’ai pas d’autre choix il faut l’avouer. Je fais une moue, lèvres légèrement ressortie et en v inversé, comme pour lui montrer que je ne suis qu’à moitié satisfait par sa réponse. Mais au final, c’était plus pour la forme que le fond. Il vient m’ébouriffer les cheveux. Je ne peux contenir un sourire naissant bien que j’essaye de le cacher. Je me recoiffe aussitôt sa main dégagée de ma tête. « Ne va pas croire que je voudrai te chasser. » Mais vu comment il a abusé de ma crainte, je pense qu’il doit en avoir plus ou moins conscience. « Bon alors, tu vas m’aider à choisir cette pomme ou non ?  » Je le regarde avec un sourire amusé.

TENUE - J’ai toujours été quelqu’un qui n’aimait pas tourner autour du pot. Si j’avais rencontré Shun dans d’autres circonstances, j’aurai surement fait le premier pas et lui montré qu’il me plaisait, qu’il soit hétéro ou pas. Je l’aurai fait sans peur car je n’ai rien à perdre si ce n’est que mon égo. Mais là, j’avais trop à perdre. Je ne veux pas risquer notre amitié, notre groupe, notre carrière parce que je ressens des sentiments envers lui. Déjà qu’il ne me voit que de l’amitié dans notre relation, il me voit surtout en tant qu’homme. C’est pour ça que cette situation me frustre. Il a fallu que j’aime mon meilleur ami hétéro qui n’a aucune idée de la raison de mes états d’âmes. Il me taquine avec Emiko mais comme je ne suis pas patient, je m’énerve assez vite. Il ne pourra s’en vouloir qu’à lui-même si jamais je venais à me taper. Enfin, par forcément le taper mais lui faire une crasse dans les minutes qui suivent. Heureusement pour lui, il met les choses au clair. Et après on dit que je suis rancunier. « Ses blagues sont peut être meilleures que les tiennes mais je ne veux que toi. » Il n’y a que Ryoma qui pourrait aimer cet idiot qui est encore plus bête que mon idiot – Shun. Si j’ai parlé de changement de meilleur ami, c’était parce qu’il avait voulu que j’aille voir Ryoma à la place. Il ne comprend pas que j’ai besoin de lui. D’ailleurs, mes précédents mots viennent de me remonter jusqu’au cerveau et je baisse immédiatement la tête pour cacher mon visage. C’est trop embarrassant alors j’espère qu’il n’a rien remarqué. Au moins, il aura compris qu’Emiko ou n’importe quelle fille ne doit venir dans notre appartement. Il me décoiffe et je râle en apparence. « Mon avis a toujours été le même. » Enfin, peut être pas à ses yeux mais pour moi c’était « clair ». Avec l’esprit plus tranquille, je peux maintenant dire que je préfère les pommes rouges aux vertes. Je fais une petite moue mais je ne le désapprouve pas. D’habitude, je garde mon professionnalisme, j’ai juste un tout petit peu perdu mon contrôle tout à l’heure. « Le tournage est bien terminé hein ?  » Que je ne passe pas pour une diva capricieuse.